Évolutions des calendriers démographiques et répartition des tâches domestiques
p. 76-85
Résumé
La répartition des tâches domestiques entre conjoints apparaît plus équilibrée pour les nouvelles générations, avec des nuances selon le type de tâche considéré. Ces changements semblent peu liés à l’évolution des calendriers résidentiels et familiaux, pourtant forte, mais davantage à des changements de normes et de comportements.
Texte intégral
1Au sein des couples, le partage des tâches domestiques reste inégal, notamment pour les tâches les plus routinières. En France, comme dans l’ensemble des pays développés, on observe néanmoins au fil des décennies un certain rapprochement de la participation des hommes et des femmes, principalement porté par une réduction du temps consacré par ces dernières aux tâches domestiques (Pailhé et al., 2021). Les évolutions vers moins de déséquilibre genré dans leur répartition sont liées à la poursuite de la montée de l’activité féminine, la progression du niveau d’instruction et une plus grande externalisation de la production domestique (Champagne et al., 2015). Mais c’est surtout le changement de normes qui semble prépondérant.
2Les normes égalitaires progressent chez les jeunes au fil des générations dans de nombreux pays (Knight & Brinton, 2017 ; Pepin & Cotter, 2018). Qu’en est-il de leurs pratiques dans la sphère privée ? En France, les nouvelles générations sont-elles plus égalitaires concernant le partage des tâches domestiques ? Pour répondre à ces questions, nous comparons la répartition des tâches domestiques entre conjoints de deux générations de jeunes à partir des enquêtes Génération du Céreq : celle ayant terminé ses études initiales en 1998 et celle les ayant achevées en 2010. La division du travail domestique est observée sept ans après leur sortie du système éducatif, soit en 2005 et 2017. Trois tâches différentes, selon leur niveau de routine et de réalisation à l’intérieur ou à l’extérieur du domicile, sont considérées, le ménage, les courses et la cuisine.
3Le contexte dans lequel ces générations ont fait leur entrée dans la vie adulte a beaucoup changé. Du côté de la scolarité et de l’emploi tout d’abord : la participation des femmes au marché du travail s’est encore accrue, le niveau de formation initiale des jeunes femmes a rattrapé puis dépassé celui des jeunes hommes et la ségrégation éducative s’est réduite. Les écarts salariaux et de recours au temps partiel dans les toutes premières années de vie active ont diminué (Couppié, Dupray, Épiphane & Mora, 2018). Les années 2000 ont aussi été marquées par des décisions politiques qui ont pu jouer sur la division des rôles entre conjoints : instauration du congé de paternité en 2002, réformes des prestations indemnisant le congé parental1 ou lois sur l’égalité professionnelle. Des évolutions démographiques ont aussi été observées : les calendriers d’entrée dans la vie professionnelle et familiale ont été retardés - le départ du domicile parental, la mise en couple et la naissance du premier enfant sont plus tardifs (Beaujouan & Sobotka, 2019 ; Robert & Sulzer, 2020 ; Rault & Régnier-Loilier, 2015), les gardes partagées se sont développées. Enfin, ceux qui vivent en couple sept années après la fin des études ont des caractéristiques bien particulières, qui peuvent jouer sur la façon dont le travail domestique est distribué et qui ont pu évoluer entre les deux générations étudiées.
4Qui sont les couples les plus égalitaires / inégalitaires ? Qu’est-ce qui joue le plus dans la répartition des tâches domestiques entre conjoints : le niveau de diplôme et le parcours professionnel ou la trajectoire conjugale (temps passé en couple, célibataire, fait d’avoir un enfant…) ? À quoi tiennent les évolutions observées entre les deux générations, à des changements de structure (en matière de diplôme et d’évolutions des calendriers d’entrée dans la vie adulte) ou des changements de normes et de comportements ? Nous étudierons l’effet de ces évolutions démographiques sur la répartition des tâches une fois en couple.
#1 – Questions démographiques et de partage des tâches domestiques
L’étude des calendriers démographiques d’entrée dans la vie adulte (accès à l’autonomie résidentielle, mise en couple et parentalité) dans les enquêtes Génération est complexe. En effet, ce n’est pas une génération d’année de naissance qui est interrogée, mais une cohorte sortie au même moment du système éducatif, quel que soit son âge de fin d’études. Les plus diplômés sont donc observés à un âge plus avancé que les moins diplômés et on ne connaît la situation résidentielle des individus qu’à partir de leur sortie des études. En conséquence, les âges médians à la première mise en couple observés sont élevés et délicats à interpréter.
Pour rendre comparables les enquêtes Génération 1998 et 2010 à sept ans (vague où les questions sur la répartition des tâches domestiques au sein du couple sont posées), les pondérations fournies par le Céreq ont été utilisées. Pour la Génération 1998, des données de l’enquête à 10 ans ont aussi été mobilisées pour compléter des informations manquantes de l’enquête à sept ans quand cela était possible (notamment concernant la date de naissance du deuxième enfant).
L’analyse porte sur le champ des hommes et femmes en couple qui ne résident pas chez leurs parents. Il était demandé dans l’enquête qui en règle générale s’occupe le plus souvent de passer l’aspirateur (ou le balai), de préparer le repas du soir et de faire les courses alimentaires, avec comme modalités de réponse vous, votre conjoint, vous ou votre conjoint indifféremment, quelqu’un d’autre. Ces modalités ont été recodées en trois catégories en fonction du sexe du répondant et en supposant qu’il s’agit de couples hétérosexuels (l’information sur le sexe du conjoint n’étant pas disponible dans l’enquête) : le plus souvent l’homme / le plus souvent la femme / aucun plus que l’autre. Lorsque ces tâches sont externalisées, nous avons considéré qu’hommes et femmes contribuaient autant.
Un report des étapes d’entrée dans la vie adulte
5La comparaison des calendriers d’entrée dans la vie adulte des générations ayant achevé leurs études en 1998 et en 2010 montre des changements de faible ampleur concernant l’âge de fin d’études et la durée d’accès au premier emploi : l’âge de fin d’études est stable pour les femmes entre les deux générations et a un peu baissé pour les hommes, il est un peu plus élevé pour les premières. La durée moyenne d’accès au premier emploi s’est un peu allongée (de quelques mois) pour les hommes et est un peu plus longue que pour les femmes pour la Génération 2010.
6Du côté des calendriers résidentiels et familiaux, les évolutions sont en revanche beaucoup plus marquées. La proportion de jeunes jamais partis de chez leurs parents sept ans après la fin des études a augmenté, les processus de décohabitation sont plus longs (Robert & Sulzer, 2020) et l’âge médian à la première mise en couple s’est accru. Surtout, on observe une baisse importante de la proportion de jeunes parents sept ans après la fin des études et un report de la première maternité.
7Les différences de genre sont persistantes : les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à être en couple dès la fin de leurs études (Couppié & Épiphane, 2021) voire déjà pendant leurs études (Rault & Régnier-Loilier, 2015), leur âge médian de première mise en couple est en conséquence inférieur à celui des hommes, leur âge au premier enfant également.
8Enfin, les plus diplômés sont surreprésentés parmi les personnes en couple, pour la Génération 1998 et plus encore pour la Génération 2010. C’est particulièrement vrai chez les hommes diplômés du supérieur pour la Génération 2010 : 35 % des hommes en couple sept ans après la fin des études ont un diplôme supérieur ou égal à un bac+3 alors que ces diplômés représentent 23 % de l’ensemble des hommes de cette génération. Les enfants de cadres sont également surreprésentés parmi les jeunes en couple, mais dans une moindre proportion. Cette surreprésentation des diplômés dans les couples est surtout à relier à la structure particulière de l’enquête Génération qui interroge les jeunes sept ans après la fin de leurs études initiales, et donc à des âges différenciés selon la durée de leur formation initiale (#1 — Questions démographiques). Les diplômés du supérieur sont par construction interrogés à des âges plus élevés que les moins diplômés ; or la mise en couple et l’accès à l’autonomie résidentielle sont croissants avec l’âge. Ils ont par ailleurs des parcours d’insertion sur le marché du travail moins heurtés, dont on sait qu’ils facilitent la mise en couple, notamment pour les hommes.
9Ces évolutions observées dans les calendriers démographiques d’entrée dans la vie adulte ont divers facteurs explicatifs. Les changements de normes, l’affirmation accrue de l’autonomie individuelle, l’évolution du système de genre et la sécularisation ont conduit à une vie plus indépendante et à un report des événements les moins réversibles, comme avoir des enfants (Billari & Liefbroer, 2010). Les transformations structurelles des modèles éducatifs, des contextes du marché du travail et des conditions de travail et de vie sont également des facteurs importants du report de l’entrée dans l’âge adulte (Billari, 2004 ; Blossfeld et al., 2005). La conjoncture économique, l’instabilité accrue de l’emploi et l’augmentation du coût de la vie sont aussi des causes majeures du report de la décohabitation (Portela & Dezenaire, 2014).
10Ces tendances peuvent influencer la répartition des tâches domestiques entre les conjoints. Les femmes qui retardent leur maternité cumulent plus d’années d’études et de carrière professionnelle, avec pour conséquence un impact moindre de la maternité sur leur carrière (Beaujouan & Sobotka, 2019), et donc un déséquilibre moins marqué avec la carrière de leur conjoint pouvant jouer sur leur investissement et leur pouvoir de négociation dans la sphère domestique. Comme on l’a vu, les couples de la Génération 2010 observés sept ans après la fin de leurs études sont encore plus diplômés que ceux de la Génération 1998, or l’équilibre de la répartition des tâches domestiques est très lié au niveau de diplôme. La répartition des tâches domestiques au sein des couples s’équilibre-t-elle pour la Génération 2010 ? Dans quelle mesure l’évolution des calendriers d’entrée dans la vie adulte intervient-elle dans les tendances observées ?
Une répartition des tâches domestiques plus équilibrée au fil des générations
11Dans la Génération 2010, le partage des tâches domestiques reste inégalitaire dans la majorité des couples sept ans après la fin des études : dans plus de 4 couples sur 10, les trois tâches domestiques considérées sont principalement réalisées par les jeunes femmes. La répartition est égalitaire dans environ un tiers des couples, avec des différences selon les tâches. Les courses sont plus également réparties (dans 44 % des couples), que le ménage (38 %) ou la cuisine quotidienne (27 %) (Graphiques 1 et 2). Au fil des Générations, les situations égalitaires sont plus nombreuses. Pour la Génération 1998, ces proportions ne sont en effet que de respectivement 34 %, 23 % et 17 %, soit 10 à 15 points de moins que 12 ans plus tard. Les situations où les femmes s’occupent le plus souvent des tâches sont moins fréquentes dans la Génération 2010, tandis que celles où l’homme est plus investi que sa compagne restent stables, cela concerne environ 15 % des couples pour le ménage et les courses, 22 % des couples pour la préparation des repas.
Graphique 1. Répartition des tâches domestiques dans le couple selon le diplôme de la femme et la Génération de sortie d’études (ménage et courses)
Champ : jeunes en couple 7 ans après la fin des études.
Source : Enquêtes Génération 1998 et 2010, interrogations à 7 ans, Céreq.
Graphique 2. Répartition des tâches domestiques dans le couple selon le diplôme de la femme et la Génération de sortie d’études (cuisine)
Lecture : dans les couples de la Génération 2010 où la femme est titulaire d’un diplôme de niveau bac+3 ou plus, l’homme fait le plus souvent la cuisine dans 23 % des cas, la femme dans 49 % des cas et la répartition est équilibrée dans 28 % des cas.
Champ : jeunes en couple 7 ans après la fin des études.
Source : enquêtes Génération 1998 et 2010, interrogations à 7 ans, Céreq.
Facteurs liés à la répartition des tâches domestiques et à leur évolution
12Le capital scolaire des jeunes femmes participe à un partage plus égalitaire du travail domestique, mais pas systématiquement selon les tâches considérées (Graphique 1). Dans les couples, plus les femmes sont diplômées, plus les hommes participent au ménage. Quand les femmes ont au moins un diplôme de niveau bac+3, les couples dans lesquels le partage est égalitaire sont ainsi plus nombreux que ceux où la femme fait le plus souvent le ménage. Cette observation doit être nuancée en tenant compte du fait que le ménage est une tâche domestique plus souvent externalisée que d’autres tâches, notamment dans les couples de diplômés. Les différences selon le niveau de diplôme des femmes sont bien moindres concernant la préparation des repas quotidiens. Certes la proportion de couples dans lesquels l’homme cuisine le plus souvent augmente avec le niveau de diplôme de la femme (pour atteindre près de 25 % des couples), mais, quel que soit leur diplôme, elles cuisinent plus souvent que leur conjoint dans la moitié des couples. Les courses sont quant à elles plus souvent réalisées autant par les femmes que les hommes dans les couples où les femmes sont les moins diplômées, alors qu’elles sont plus souvent réalisées soit par les hommes soit par les femmes lorsque ces dernières sont diplômées du supérieur. Les courses semblent ainsi être une activité soit réalisée en couple, soit mieux partagée dans les ménages populaires, et plus individuelle et inégalitaire lorsque le capital scolaire de la femme augmente.
13Au-delà du diplôme, la configuration d’emploi de chacun des conjoints influence le partage des tâches domestiques (Annexe 1). Le fait que l’homme ne travaille pas ou travaille à temps partiel réduit la probabilité que les femmes fassent le plus souvent les tâches domestiques, de même quand la femme gagne plus que son conjoint. Lorsque c’est la femme qui est sans emploi ou à temps partiel, la probabilité qu’elle soit surinvestie dans les tâches domestiques est accrue. Le parcours d’entrée dans la vie adulte est lié à la répartition des tâches une fois en couple. La probabilité que la femme prenne davantage en charge les tâches domestiques augmente ainsi avec la durée de vie en couple, et surtout lorsque le couple a un enfant. En revanche, le fait que chaque conjoint ait vécu de façon indépendante plus d’un an (depuis la fin des études) avant de se mettre en couple contribue à un partage moins inégalitaire des tâches domestiques. On peut faire l’hypothèse que cette expérience de vie indépendante a constitué une période d’apprentissage des tâches domestiques, notamment pour les hommes concernés, qu’ils réinvestissent ensuite une fois en couple.
14À âge, mode d’entrée dans la vie adulte, diplôme, caractéristique d’emploi et origine sociale contrôlés, les couples se déclarent moins inégalitaires en 2017 qu’en 2005. Les changements de caractéristiques entre les deux générations de jeunes jouent relativement peu sur ce changement de déclaration. Cela explique entre 7 % (pour les courses) et 17 % (pour la cuisine et le ménage) de l’écart observé pour les hommes, et entre 19 % (pour le ménage) et 26 % (pour la cuisine et les courses) pour les femmes (Annexe 2). Autrement dit, les changements de comportements semblent concerner l’ensemble des jeunes, quel que soit leur diplôme, leur origine sociale, leur emploi ou leur parcours d’entrée dans la vie adulte.
Conclusion
15On observe donc un moindre déséquilibre dans la répartition des tâches domestiques pour les jeunes en couple sept ans après leurs études en 2017 qu’en 2005. L’équilibre de la répartition des tâches n’est cependant pas le même pour toutes les tâches : les tâches les plus routinières et récurrentes, comme préparer les repas du soir, restent les plus inégalitaires, avec ici des différences très faibles selon le diplôme. À l’inverse, la tâche la plus égalitaire (mais aussi la plus externalisée) est le ménage.
16Le partage des tâches une fois en couple pourrait être lié au parcours d’entrée dans la vie adulte, or ces calendriers résidentiels et familiaux se sont modifiés entre les deux générations de jeunes étudiés : processus de décohabitation plus précoce (dès la fin des études ou avant) pour certains (notamment les diplômés), plus long pour d’autres, report de l’entrée en couple et de l’âge au premier enfant. Cependant, ces évolutions n’expliquent qu’une part limitée des changements dans la répartition des tâches domestiques entre conjoints, davantage influencés par des facteurs moins visibles (ou moins mesurables) comme l’évolution des normes et des comportements, quel que soit le diplôme, l’origine sociale ou encore le parcours résidentiel et professionnel des jeunes. On retrouve le même phénomène en population générale où ces changements de comportements expliquent près des trois quarts de la baisse du temps domestique des femmes dans les années 2000, et la quasi-totalité de la hausse du temps parental pour les hommes (Champagne et al., 2015). À titre d’exemple de ces évolutions de valeurs et normes, la proportion de ceux déclarant que les pères sont tout aussi qualifiés que les mères pour s’occuper des enfants a augmenté de plus de 12 points en 10 ans (Pailhé et al., 2021).
17Ces observations, pour encourageantes qu’elles soient, sont cependant à relativiser. Elles devront tout d’abord être confortées grâce aux futures données sur l’emploi du temps qui permettent de mesurer plus précisément la répartition des tâches domestiques (les dernières données datent de 2010). En outre, même pour cette Génération 2010 de jeunes femmes plus diplômées que leurs homologues masculins, la répartition des tâches domestiques reste toujours plus inégalitaire dès la naissance du premier enfant et la naissance d’un enfant continue d’avoir une incidence bien plus importante sur la carrière des jeunes mères que sur celle des jeunes pères (Couppié & Épiphane, 2021).
Bibliographie
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Annexe
Annexe 1. Déterminants du surinvestissement des femmes (modèle logit)
Caractéristiques du répondant | Ménage | Courses | Cuisine | |||
Hommes | Femmes | Hommes | Femmes | Hommes | Femmes | |
Âge | -0.066*** | -0.036** | -0.028* | 0.002 | -0.009 | 0.015 |
(0.016) | (0.014) | (0.017) | (0.014) | (0.016) | (0.015) | |
Durée de vie couple | 0.005*** | 0.001 | 0.007*** | 0.005*** | 0.001 | -0.001 |
(0.002) | (0.002) | (0.002) | (0.002) | (0.002) | (0.002) | |
Années de vie solo <1 an (réf. =jamais) | -0.117 | -0.109 | 0.025 | 0.270** | 0.198* | -0.222 |
(0.130) | (0.147) | (0.125) | (0.124) | (0.119) | (0.142) | |
Années de vie solo 1 -2 ans | -0.257** | -0.248** | -0.062 | -0.132 | -0.179 | -0.251** |
(0.115) | (0.112) | (0.114) | (0.109) | (0.114) | (0.116) | |
Années de vie solo Plus de 2 ans | -0.186* | -0.201* | -0.263*** | -0.133 | -0.221** | -0.389*** |
(0.102) | (0.105) | (0.102) | (0.101) | (0.097) | (0.104) | |
Au moins 1 enfant | 0.327*** | 0.224*** | 0.171** | 0.294*** | 0.132* | 0.274*** |
(0.080) | (0.077) | (0.080) | (0.074) | (0.078) | (0.078) | |
Homme en emploi, pas la femme (réf. =2 en emploi) | 0.441*** | 0.730*** | -0.163* | -0.001 | 0.375*** | 0.523*** |
(0.092) | (0.118) | (0.095) | (0.102) | (0.092) | (0.116) | |
Homme sans emploi | -0.519** | -0.336** | -0.800*** | -0.395*** | -0.622*** | -0.315** |
(0.219) | (0.219) | (0.219) | (0.219) | (0.219) | (0.219) | |
Temps partiel | -0.744*** | 0.295*** | -0.523** | 0.103 | -0.564** | 0.079 |
(0.269) | (0.087) | (0.247) | (0.081) | (0.231) | (0.086) | |
Diplôme homme > femme (réf. = égal) | 0.029 | -0.100 | -0.065 | 0.002 | 0.059 | -0.041 |
(0.110) | (0.096) | (0.113) | (0.088) | (0.110) | (0.096) | |
Diplôme femme > homme | -0.028 | 0.174** | 0.059 | 0.210*** | -0.058 | 0.063 |
(0.086) | (0.074) | (0.087) | (0.071) | (0.084) | (0.075) | |
Diplôme de la femme <bac (réf. =bac+2) | 0.211* | 0.101 | -0.125 | -0.331*** | -0.041 | -0.099 |
(0.125) | (0.123) | (0.133) | (0.113) | (0.127) | (0.122) | |
Diplôme de la femme bac+3 ou plus | -0.213** | -0.243** | 0.005 | -0.201** | -0.035 | -0.213** |
(0.096) | (0.095) | (0.099) | (0.091) | (0.099) | (0.096) | |
Revenu femme > homme (réf. = revenu H > F) | -0.355*** | -0.253*** | -0.285*** | -0.037 | -0.220** | -0.217** |
(0.095) | (0.086) | (0.098) | (0.083) | (0.093) | (0.086) | |
Revenu équivalent | -0.262** | -0.094 | -0.231** | -0.115 | -0.029 | -0.096 |
(0.104) | (0.095) | (0.101) | (0.092) | (0.103) | (0.094) | |
Parents Professions intermédiaires (réf. = cadre) | 0.030 | 0.084 | 0.074 | 0.043 | 0.169 | 0.011 |
(0.116) | (0.114) | (0.122) | (0.109) | (0.117) | (0.114) | |
Parents Agriculteurs/artisans, commerçants | 0.471*** | 0.279*** | 0.392*** | 0.321*** | 0.216** | 0.092 |
(0.114) | (0.100) | (0.111) | (0.103) | (0.107) | (0.105) | |
Parents Employés/Ouvriers | 0.105 | 0.401*** | 0.060 | -0.006 | 0.162* | 0.103 |
(0.243) | (0.227) | (0.246) | (0.190) | (0.237) | (0.226) | |
Mère inactive | 0.083 | 0.122 | -0.081 | -0.273** | 0.330*** | 0.396*** |
(0.119) | (0.117) | (0.130) | (0.108) | (0.124) | (0.127) | |
Génération 2010 | -0.615*** | -0.625*** | -0.517*** | -0.331*** | -0.557*** | -0.561*** |
(0.075) | (0.068) | (0.078) | (0.066) | (0.072) | (0.068) | |
Constante | 1.655*** | 1.327*** | 0.175 | -0.194 | 0.488 | 0.360 |
(0.490) | (0.432) | (0.499) | (0.418) | (0.475) | (0.445) | |
Observations | 6,320 | 7,908 | 6,320 | 7,908 | 6,320 | 7,908 |
Écarts-types entre parenthèses. *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Lecture : dans les couples où l’homme est à temps partiel, la probabilité que la femme fasse le plus souvent la cuisine est plus faible que dans les couples où l’homme est à temps plein. L’effet du temps partiel féminin sur le surinvestissement des femmes dans la cuisine n’est pas significatif.
Champ : jeunes en couple 7 ans après la fin des études.
Source : enquêtes Génération 1998 et 2010, interrogations à 7 ans, Céreq.
Annexe 2. Décomposition des écarts de probabilité que la femme accomplisse davantage la tâche, entre 2005 et 2017
Répondant | Homme | Femme | ||
Coeff. | % | Coeff. | % | |
Ménage | ||||
Différence de probabilité | -0,177*** | -0,184*** | ||
Écart dû aux évolutions des caractéristiques | -0,031*** | 17,3 | -0,036*** | 19,4 |
Écart dû aux changements des coefficients | -0,146*** | 82,7 | -0,149*** | 80,6 |
Courses | ||||
Différence de probabilité | -0,124*** | -0,101*** | ||
Écart dû aux évolutions des caractéristiques | -0,009 | 7,4 | -0,027*** | 26,6 |
Écart dû aux changements des coefficients | -0,114*** | 92,6 | -0,074*** | 73,4 |
Cuisine | ||||
Différence de probabilité | -0,165*** | -0,162*** | ||
Écart dû aux évolutions des caractéristiques | -0,029*** | 17,3 | -0,042*** | 26,2 |
Écart dû aux changements des coefficients | -0,136*** | 82,7 | -0,119*** | 73,8 |
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Lecture : la proportion de jeunes couples dans laquelle la femme fait davantage le ménage que l’homme a baissé d’environ 18 points entre 2005 et 2017. L’évolution des caractéristiques des jeunes n’explique qu’une faible part de cette évolution – de 3 points (pour les caractéristiques des hommes) à 4 points (pour celles des femmes). Plus de 80 % de cette évolution est donc liée à des changements de pratiques des jeunes.
Champ : jeunes en couple 7 ans après la fin des études.
Source : enquêtes Génération 1998 et 2010, interrogations à 7 ans, Céreq.
Les modèles mobilisés pour étudier la répartition des tâches et son évolution
Pour analyser les déterminants de la répartition des tâches domestiques, nous estimons pour les hommes et les femmes séparément et pour chacune des tâches un modèle logit dans lequel la variable expliquée est le fait que la femme réalise le plus souvent la tâche. Les variables explicatives retenues ont trait au calendrier d’entrée dans la vie adulte (l’âge, la durée de vie de couple, la durée de vie autonome, le fait d’avoir un enfant), la génération, l’origine sociale, le diplôme du répondant, le fait de travailler à temps partiel.
Des variables portent sur la situation comparée des conjoints de façon à tenir compte de leurs contraintes de temps respectives et de leur pouvoir de négociation : situation d’emploi de chaque conjoint, qui des conjoints est le plus diplômé et gagne le plus. Pour analyser les facteurs à l’origine du changement de répartition des tâches au fil des générations, on procède à une décomposition à la Oaxaca pour modèle logistique (Fairlie, 2005). Les détails des modèles ne sont pas reproduits ici, mais sont disponibles sur demande auprès des auteures.
Notes de bas de page
1 Allocation parentale d’éducation (APE), Complément de libre choix d’activité (CLCA) puis Prestation partagée d’éducation de l’enfant (PreParE).
Auteurs
Institut national d’études démographiques (Ined)
Institut national d’études démographiques (Ined), LiRIS,
Université de Rennes 2 et Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET)
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