Versione classicaVersione mobile

Archéologie de sauvetage 5

 | 
Alain Ichon
, 
Rita Grignon

3ème Partie : Chitomax

3ème Partie : Chitomax

Testo integrale

1Chitomax est une aldea d’une vingtaine de maisons (175 habitants au recensement de 1978) occupant les deux rives du rio Chixoy. La vallée s’élargit à cet endroit, formant une vaste boucle qui délimite au sud une zone plane ou en faible pente d’environ 200 x 800 m. Les collines au nord du fleuve, qui constituent les pentes sud du massif de Chimiagua, sont au contraire raides et arides : elles sont de serpentine et presque entièrement déboisées. Par endroits, un placage de sable volcanique cache le rocher ; ces taches blanches ont été mises à profit pour construire, un peu au-dessus du niveau de fonctionnement du barrage, les ranchos provisoires que les habitants doivent occuper jusqu’à ce que soit résolu le problème de leur recasement près du village de Cubulco, chef-lieu du municipio.

2De profondes quebradas, seuls flots de végétation, morcellent ces collines pelées. Droit au nord montent les sentiers menant aux hameaux isolés : Xanacati, Pachijul, puis Chivaquito et à 5 heures de marche, Los Cimientos Calá. Pas de cultures sur ces pentes, sauf dans la partie basse, sablonneuse, où l’on sème maïs, sorgho et arachide. Sur la première terrasse non inondée, à une vingtaine de m au-dessus du río, a été installé, au Postclassique, le centre cérémoniel de Chitomax 2.

3Le Chixoy est ici large et profond, mais on peut le franchir à gué en été ; il faut s’aider en hiver d’un radeau de calebasse. Le fleuve est peu poissonneux.

4Au sud du Chixoy, les pentes de la sierra de Chuacús, qui se terminent abruptement sur la vallée, forment une sorte de môle limité par la boucle du Chixoy, et entaillé par plusieurs quebradas étroites et profondes délimitant des compartiments de terrain bien marqués ; l’un d’entre eux, particulièrement plat, est occupé par le centre cérémoniel classique, le groupe A de Chitomax 1. Ses coordonnées sont les suivantes : 753 600 – 683 000 (carte Los Pajales au l/50.000ème), et ses coordonnées géographiques : 15° 12’ nord – 90° 38’ ouest

5Sur les pentes du Chuacús deux pistes montent, l’une vers Xuaxan, le río Chicruz, puis Cubulco par Pacani (environ 4 heures de marche) ; l’autre vers Patulul, un hameau de quelques maisons, à environ 2 km, dans la partie haute de la quebrada du même nom. Les terres, relativement plus fertiles, sont ici appropriées, alors qu’au nord du río elles sont communales, avec tous les problèmes que suscite cette forme de tenure foncière : on nous signale la lutte entre les paysans-cultivateurs du lieu et les éleveurs de bétail ladinos de Cubulco, qui considèrent ces terrains comme “de vaine pâture” et interdisent aux premiers d’enclore leurs champs. Deux documents légaux assurent pourtant aux communautés indigènes la propriété de ces terres : les títulos de Chimiagua et de Cauinal (Douzant 1979 : 220).

6Le site archéologique fut reconnu en février 1979 par J.P. Courau et V. Fialko, qui y passèrent une semaine. Le premier dressa un plan du groupe A et des quelque 50 plates-formes relevées dans un rayon de 400 m autour du centre cérémoniel. Trois sondages dans celui-ci et les récoltes de surface donnèrent environ 300 tessons, en majorité du Classique tardif, avec un très faible pourcentage de préclassique (étant donné notre connaissance encore imparfaite de la céramique, ce dernier passa inaperçu). Il ne semble pas que la reconnaissance ait prospecté aussi soigneusement la rive nord, car l’existence du centre postclassique resta insoupçonnée.

7Malgré ces lacunes, l’importance du site était soulignée par la dimension du centre cérémoniel, entouré en outre d’une sorte de muraille (défensive ?), et par le nombre élevé des structures d’habitation.

Fig. 90 – Plan général de Chitomax 1 et Chitomax 2.

Fig. 90 – Plan général de Chitomax 1 et Chitomax 2.

Fig. 91 La vallée du Chixoy à Chitomax vue de Patulul.

Fig. 91 La vallée du Chixoy à Chitomax vue de Patulul.

La première campagne de fouilles (1979)

8L’étude du centre cérémoniel de Chitomax fut confiée à deux étudiants avancés de l’Université de San Carlos, Rolando Torres Arce et Magda Urízar Ramírez, qui devaient en faire leur sujet de thèse de licence. J’assurai personnellement la supervision des travaux en venant chaque semaine d’El Jocote, où des fouilles étaient également en cours. Cette campagne allait durer du 5 novembre au 21 décembre 1979.

9Outre l’étude habituelle des diverses structures cérémonielles en vue de déterminer leur fonction, les résultats de la reconnaissance nous posaient ici quelques problèmes plus spécifiques :

  • la datation du site était primordiale : il était certainement préclassique, mais si différent de Los Encuentros qu’on pouvait difficilement imaginer une parfaite contemporanéité. De plus, une occupation dès le Préclassique n’était pas exclue, à l’exemple de la plupart des sites fouillés jusqu’ici ; et les manifestations d’une phase de transition épiclassique, si elles existaient, seraient du plus haut intérêt pour vérifier nos hypothèses sur cette période ;

  • la fonction du grand mur qui entoure la partie nord du centre cérémoniel était-elle bien défensive, comme il apparaît au premier abord ? et comment expliquer l’existence de cette construction, unique dans la vallée ?

  • l’absence de terrain de jeu de balle, dans un centre de cette importance, était aussi un fait troublant. On pouvait penser que les structures à peu près parallèles A-12 et A-16 limitaient en fait le couloir d’un terrain de jeu de balle.

10Il fallait par ailleurs étudier l’ensemble A-13 et A-16, ces deux structures contiguës de hauteur différente semblant faire bloc, ce qui est un trait original.

11– le centre paraît organisé en deux parties bien distinctes : une zone basse, entourée d’un grand mur d’enceinte, et proprement cérémonielle ; et une zone haute, groupant des constructions plus petites, dont il était intéressant de déterminer la fonction.

12Il n’était pas prévu, dans cette première campagne, d’étudier les ensembles d’habitation

13Le plan de travail comportait en conséquence :

  • pour la partie basse (confiée à R. Torres) : fouille de la str. A-12 (jeu de balle ?), puis de l’ensemble A-13-16. Etude du grand mur (A-11) à sa jonction avec les str. A-9 à l’ouest, et A-15 à l’est.

  • pour la partie haute (M. Urízar) : fouille de la str. A-1, la mieux conservée, et dans la mesure du possible, d’une ou plusieurs autres structures de cet ensemble. Effectivement, les travaux portèrent sur A-3 et A-6 (sondage central) et sur les autres structures, à l’exception de A-2, pour le dégagement des murs.

14Le déroulement de ces travaux sera décrit plus loin. Chitomax est un centre important dans la vallée – nous le classons immédiatement après Los Encuentros – et il était évident qu’on ne pouvait le fouiller entièrement en 2 mois. Restaient donc inexplorées à la fin de cette première campagne, les structures cérémonielles A-10 et A-14 et en partie la str. A-13 ; les str. A-9 et A-15 dans la partie basse, et A-2 dans la partie haute. Enfin rien n’avait été fait dans la zone d’habitat.

15R. Torres et M. Urízar résumaient ainsi leurs conclusions (1980 : 34) :

  • la muraille A-11, trop basse pour être défensive (1,50 m) avait pour but de délimiter l’aire cérémonielle ;

  • il y a 2 niveaux stratigraphiques nets et une superposition dans la structure principale A-13, ce qui prouve l’existence de deux phases d’occupation ;

  • l’occupation épiclassique ne se manifeste que par la sépulture en ciste associée à la str. A-13 tardive : elle contient en effet une poterie de type Tohil Plombé ;

  • les str. A-12 et A-13-16 constituent les côtés d’un jeu de balle à extrémités ouvertes ;

  • la partie haute du site n’avait pas une fonction résidentielle ; en effet, la str. A-1, d’après les résultats de la fouille, devait être cérémonielle.

Fig. 92 – Le centre cérémoniel (groupe A).

Fig. 92 – Le centre cérémoniel (groupe A).

La deuxième campagne de fouilles (1982)

16Il nous parut important de compléter l’étude de Chitomax à la fin de notre 5ème campagne de fouilles (1981-1982) sur le Chixoy, par un travail intensif de 3 semaines, dont les objectifs principaux seraient les suivants :

  1. la fouille des str. A-10 et A-14 ;

  2. un sondage central pour le moins dans les str. A-9 et A-15, et une étude plus poussée du grand mur d’enceinte ;

  3. un relevé du centre postclassique tardif situé au nord du fleuve et baptisé Chitomax 2.

17Les délais étaient trop courts pour que nous puissions entreprendre une étude des groupes d’habitat.

18La responsabilité des travaux fut confiée à Rita Grignon, avec 20 ouvriers des aldeas de Chitomax, Guaynep et Pasulup. Ils allaient durer du 14 janvier au 6 février, nous permettant de compléter l’étude exhaustive de la zone cérémonielle (y compris les parties latérales de la str. A-13, dont seul le centre avait été fouillé précédemment), et même d’entreprendre une fouille de sauvetage rapide à Guaynep, petit centre situé à une demi-heure de marche en aval de Chitomax ; les résultats de ce dernier travail devaient se révéler importants pour l’interprétation de l’ensemble A-13-16 de Chitomax.

Fig. 93 – Le groupe A vu d’avion

Fig. 93 – Le groupe A vu d’avion

Indice delle illustrazioni

Titolo Fig. 90 – Plan général de Chitomax 1 et Chitomax 2.
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8498/img-1.jpg
File image/jpeg, 154k
Titolo Fig. 91 La vallée du Chixoy à Chitomax vue de Patulul.
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8498/img-2.jpg
File image/jpeg, 98k
Titolo Fig. 92 – Le centre cérémoniel (groupe A).
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8498/img-3.jpg
File image/jpeg, 124k
Titolo Fig. 93 – Le groupe A vu d’avion
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8498/img-4.jpg
File image/jpeg, 110k

Il testo e gli altri elementi (illustrazioni, file importati) possono essere utilizzati con OpenEdition Books License, se non diversamente specificato.

Questa pubblicazione digitale è stata realizzata tramite il riconoscimento ottico dei caratteri automatico (OCR).

Acquista

Cerca su OpenEdition Search

Sarai reindirizzato su OpenEdition Search