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Archéologie de sauvetage dans la vallée du Río Chixoy 3

 | 
Rita Grignon
, 
Alain Ichon

Chapitre I. Le site d’El Jocote

Texte intégral

1Le Cerro El Jocote est l’un des sommets qui bordent au sud le rio Chixoy. Un affluent de ce dernier, le rio Chicruz, longe ce petit massif à l’est avant de se jeter dans le Chixoy à peu près à mi-distance entre le barrage de Pueblo Viejo-Quixal et le point le plus haut de la zone de retenue, une quarantaine de kilomètres en amont, qui correspond au confluent du rio Chibalam et au village d’EI Cebollal (Fig. 2).

2Comme on le voit nettement sur la carte, ce point central de la vallée moyenne est important : grâce aux deux affluents du Chixoy, le rio Chicruz et le rio Calá, qui le rejoignent presque au même endroit, il commande un grand axe de direction générale sud-est nord-ouest, qui fait communiquer les plateaux de Rabinal-Cubulco, au sud, avec la vallée d’Uspantán et le haut Chixoy au nord.

3Le Cerro El Jocote, de calcaire dolomitique, domine de 450 m le cours du fleuve. Ses pentes, raides vers le nord, sont moins abruptes vers le nord-ouest, où elles se terminent en une vaste terrasse sablonneuse, la Vega de Ixquel, qui occupe toute une boucle du rio. Vers l’ouest, les pentes sont compartimentées par de petits ravins, ou barrancos, dessinant une série de croupes, de pente assez faible dans leur partie basse pour se prêter à l’habitat.

4La rive nord du fleuve, face au Cerro El Jocote, se présente comme une falaise de serpentine constituée par les pentes sud du Cerro Mocotorro au nord et du Cerro Verde à l’ouest, derniers contreforts du Lobacun et du massif de Chimiagua, culminant à 2600 m d’altitude.

5Le rio Chixoy, bien que profond et rapide à cet endroit – il n’a qu’une quarantaine de mètres de largeur – ne constitue pas un obstacle infranchissable, sauf pendant la saison des pluies, où tout le trafic doit passer par le pont suspendu de Chicruz. En saison sèche, un gué permet de le franchir en face de la Vega de Ixquel, pour gagner la Quebrada Pasulup, et de là soit l’aldea du même nom et Los Pajales vers le nord ; soit vers l’ouest Guaynep et les villages en amont, en coupant la boucle que dessine vers le sud le río Chixoy, très encaissé et de parcours malaisé au pied du Cerro Verde.

6L’endroit choisi pour implanter le site d’El Jocote nous paraît, en résumé, présenter de nombreux avantages, tout-au-moins dans le contexte de l’occupation de la vallée au Postclassique tardif. Le premier, sans doute le plus important, est l’existence de surfaces planes, ou de pentes faibles aménageables en terrasses moyennant un travail de nivellement acceptable, pour permettre l’installation, non seulement des habitations, mais aussi d’un centre civico-religieux comprenant des édifices de grande dimension autour d’une place cérémonielle suffisamment imposante. L’étendue et la fertilité de la Vega permettent même d’envisager d’en consacrer une partie au moins à la culture.

7Stratégiquement, un emplacement plus proche du confluent du Chicruz eut été préférable pour surveiller l’axe nord-sud dont nous parlions plus haut ; mais le petit centre de Chicruz, au confluent du Calá, semble déjà remplir cette fonction, et d’ailleurs les parties planes sont ici bien réduites. Par contre, El Jocote sera plus orienté vers la voie de communication est-ouest que constitue la vallée du Chixoy et vers les sites qui en jalonnent le cours en amont.

8Le site archéologique (Fig. 1 et 128 hors texte).

9Coordonnées : 90° 35’ ouest-15° 13’ nord.

10758 350 – 683 250 (Carte au 1/50 000e Los Pajales de l’Instituto Geográfico National).

Fig. 3 – Carte de la région de Cauinal situant le site d’El Jocote.

Fig. 3 – Carte de la région de Cauinal situant le site d’El Jocote.

11Le site s’étend entièrement sur la rive droite du rio Chixoy. II occupe le bas des pentes nord-ouest du Cerro El Jocote entre 780 et 760 m d’altitude. Les traces d’habitation les plus basses (le groupe F) ont été mises au jour dans la partie sud de la Vega de Ixquel, première terrasse dominant le fleuve, qui doit être inondée lors de crues exceptionnelles. Les habitations les plus hautes sont réparties sur les petites croupes limitées par des barrancos, et forment 4 groupes, B, C, D et E. L’ensemble couvre une distance nord-sud un peu supérieure à 300 m, sur une largeur maximale de 100m, soit une superficie totale de 3 ha.

12Le centre cérémoniel – groupe A – se trouve en position centrale, sur la meilleure terrasse (elle a certainement été aplanie et agrandie vers la colline). Cette terrasse en arc de cercle, à une quinzaine de mètres au-dessus du cours du río, tombe en pente raide vers celui-ci et vers la Vega ; elle est limitée au sud par un barranco assez profond qui la sépare du groupe d’habitation B, et dominée de quelques mètres à l’est par la terrasse, plus exiguë, occupée par les habitations du groupe B.

13Les dimensions de la terrasse du groupe A sont approximativement de 50 x 100 m ; son grand axe est orienté au nord-nord-est, ce qui correspond aussi à l’orientation générale des structures du centre cérémoniel.

14On peut distinguer deux parties dans celui-ci :

15– Au nord, une grande place d’environ 28 x 42m, limitée sur trois côtés par des structures dont la plus importante est une construction très allongée, A-2, au pied de la colline ; les deux autres, A-3 et A-4, sont des monticules de faible hauteur, dont l’un est de construction grossière (A-3), tandis que l’autre (A-4), plus élaboré, a été presque entièrement saccagé par les chercheurs de trésors.

16Au sud de la grande place, la structure A-1, une pyramide-temple postclassique, est la structure la plus importante du centre cérémoniel, tant par son architecture élaborée, encore visible par endroits malgré les déprédations, que par sa position centrale.

17– Dans la partie sud de la terrasse, une place plus petite – environ 15 x 25m – est délimitée par deux structures, A-5 et A-8, apparemment plus anciennes si l’on en juge par la technique de construction. La première est comme collée à la pyramide A-1, impression encore renforcée par le fait que les deux monticules ont été partiellement recouverts par les déblais provenant de fouilles clandestines et paraissent n’en faire plus qu’un. La structure A-8, en bordure du barranco sud, est un monticule allongé très semblable à la structure A-3.

18Enfin le jeu de balle en I (postclassique) constitué de deux structures basses parallèles A-6 et A-7, ferme la petite place au nord-est ; il était pratiquement invisible à notre arrivée. Un grand mur de contention, atteignant la structure A-2 (je la place nord, devait compléter vers l’est la fermeture de la place.

19Le site d’El Jocote nous donne en définitive l’impression d’un ensemble de structures cérémonielles bien organisé, relativement important pour la vallée du Chixoy où les grands sites sont rares, mais dans lequel la disparité des structures, surtout au point de vue architectural (les différences d’orientation sont moins immédiatement sensibles) attire dès l’abord l’attention.

Fig. 4 - Vue générale du site, prise de la rive gauche du rio Chixoy.

Fig. 4 - Vue générale du site, prise de la rive gauche du rio Chixoy.

Fig. 5 – Vue aérienne du site.

Fig. 5 – Vue aérienne du site.

Table des illustrations

Titre Fig. 3 – Carte de la région de Cauinal situant le site d’El Jocote.
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8247/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 332k
Titre Fig. 4 - Vue générale du site, prise de la rive gauche du rio Chixoy.
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8247/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 177k
Titre Fig. 5 – Vue aérienne du site.
URL http://books.openedition.org/cemca/docannexe/image/8247/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 435k

© Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, 2021

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