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La Période formative à La Lagunita

 | 
Alain Ichon
, 
René Viel

3ème partie. La céramique de la structure A-6 de la Lagunita

Introduction

René Viel

Texte intégral

La collection céramique.

1Le but initial de cette étude était d’obtenir une large partie de la séquence céramique de La Lagunita. Le matériel archéologique provenant de la structure A-6 a été recueilli suivant 22 niveaux répartis sur 8 couches stratigraphiques (numérotées I à VIII depuis le sommet, fig. 5). Une telle superposition, ainsi que la présence de matériel d’allure protoclassique ou classique ancien dans les niveaux supérieurs, avaient laissé espérer une longue séquence représentant une succession de complexes céramiques allant du Préclassique ancien ou moyen jusqu’au Classique ancien. On s’est aperçu très tôt que ces niveaux contenaient en fait essentiellement du matériel préclassique moyen et surtout récent et que seule la couche supérieure, largement perturbée par des enterrements postclassiques, contenait des indications protoclassiques. Quelques carrés de la tranchée F, qui coupe la structure A-10, étudiés en renfort, ont montré le même schéma avec le même matériel. Il a été décidé d’étudier ce matériel afin d’obtenir, dans une première étape, une définition de la céramique préclassique de La Lagunita, remettant à une date ultérieure l’analyse d’un matériel classique (probablement celui de la structure A-7). L’étude qui va suivre repose donc essentiellement sur le matériel de la structure A-6, avec celui de la tranchée F pour compléter certaines variations de forme et de décor.

Approche théorique.

2Toute classification définit une série de classes répondant à des normes (ou critères) fixes (classes normales ou paradigmes) ainsi que des classes qui ne répondent pas exactement à ces normes mais qui s’en rapprochent (classes subnormales ou épigones). La fréquence d’une classe normale est, en principe, supérieure à celle de chacune de ses classes épigones. Dans un système type-variété, la classe normale constitue le type dans sa définition stricte (qu’on peut appeler normale, paradigme ou pilote), et les variations subnormales constituent. suivant leur degré de normalité (voir Bec quelin et Baudez 1979, tableau 4), d’autres types a l’intérieur du groupe ou des variétés à l’intérieur du type. Le groupe céramique comprend au moins une classe normale, et, souvent, quelques classes subnormales. La méthodologie conventionnelle du système type-variété est établie essentiellement sur des modes de traitement de surface et de décor.

3Les archéologues français qui travaillent en Mésoamérique ont généralment manifesté une certaine méfiance vis-à-vis du sytème type-variété dans la classification typologique de la céramique. Pierre Becquelin (Becquelin et Baudez 1979, pp. 193- 195) a résumé les raisons de cette méfiance tout en reconnaissant la valeur du système lorsqu’il est utilisé à bon escient. Une conférence générale sur la céramique maya est prévue pour l’année 1984, elle ne manquera pas de remettre en question le système sous sa forme originale et tentera certainement de l’améliorer sinon de le transformer. Il serait vain, dans ces conditions, d’appliquer à la lettre un système qui a perdu la faveur des spécialistes et qui sera révisé sous peu, mais il serait tout aussi vain de le récuser en bloc alors qu’il possède certaines qualités d’ordre et qu’il a été largement utilisé dans la littérature mayaniste.

4L’approche proposée par Wyllys Andrews (1976, pp. 46-47) à Quelepa paraît raisonnable dans la mesure où elle conserve les lignes directrices du système type-variété sans sombrer dans la prolifération abusive de la nomenclature. Elle consiste à nommer seulement le groupe céramique puis à décrire séparément toutes les variations de décor. C’est une version semblable qui sera adoptée dans le présente étude (en admettant quelques exceptions lorsqu’une variation se singularise par sa pertinence diagnostique) car d’une part elle se prête relativement bien à un échantillon réduit tel que celui dont on dispose, d’autre part elle répond à la fois aux exigences d’homogéneité avec les études majeures dans l’aire maya et à une partie des critiques formulées à l’encontre du système type-variété.

5L’analyse typologique sera complétée par une brève analyse modale.

Procédure d’analyse.

6La fouille des 22 niveaux de la structure A-6 a produit 5431 tessons, 11 récipients’ complets et plusieurs objets divers classés comme artefacts. Les récipients complets, qui sont pour la plupart associés à des intrusions (sépultures), ainsi que les artefacts, ont été traités séparément des tessons ; ils seront parfois utilisés cependant pour corroborer la séquence. La collection de tessons a été divisée en trois catégories : 1/ les tessons de bords non érodés, 2/ les tessons de corps identifiables (soit parce qu’ils sont décorés, soit parce qu’ils sont de grande taille), 3/ les tessons non identifiables (tessons de bords érodés, tessons de corps non décorés de taille insuffisante). La première catégorie a été classifiée, puis la seconde catégorie. La troisième catégorie a été rapidement examinée : les tessons attribuables à une classe définie ont été retenus, sinon ils ont été définitivement écartés de l’analyse. La classification finale du matériel de la structure A-6 a ainsi retenu un total de 1614 tessons, soit près de 30 % du total initial, A cette collection doit être ajoutée une partie du matériel de la tranchée F dans la structure A-10 dont l’examen a permis de compléter des classes déjà définies mais qui n’est pas entrée dans les tabulations statistiques pour la détermination de la  séquence. Le matériel examiné de la tranchée F représente 1944 tessons dont 446 ont été classés : ils suivent exactement le même patron d’évolution que dans la structure A-6.

Séquence stratigraphique.

7Appliquées sur les 8 couches stratigraphiques de la structure A-6, les classes céramiques montrent une évolution régulière. Par comparaison avec d’autres séquences préclassiques existantes, celle de La Lagunita serait représentée par trois complexes céramiques successifs :

81/ le complexe céramique SANTIZO qui correspondrait à un Préclassique moyen. Il a été divisé en une facette ancienne (couche VIII) et une facette récente (couches VII, VI et V) ; 2/ le complexe céramique NOGUTA qui corres pond à un Préclassique récent. Il a été divisé en une facette ancienne (couches IV et III) et une facette récente (couches II et en partie I) ; 3/ le complexe céramique LILILLA qui correspondrait à un Préclassique terminal-Protoclassique. Il est représenté par une partie du matériel de la couhe I.

9La couche I, qui comprend les deux niveaux supérieurs 21 et 22, était passablement perturbée. Elle contenait du matériel préclassique terminal, du matériel d’allure protoclassique, voire peut-être classique ancien, ainsi que des intrusions postclassiques. Il a paru utile de consacrer, après la description typologique, un paragraphe spécial sur les niveaux supérieurs de la structuré A-6 et de la tranchée F.

© Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, 2021

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