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Sciences des données : de la logique du premier ordre à la Toile

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Serge Abiteboul

Présentation de Serge Abiteboul

Pierre Corvol

Texte intégral

1Cher Collègue,
Cher Serge Abiteboul,

2La quantité d’informations qui circulent sur Internet est tout simplement vertigineuse. On l’estime bien supérieure en 2012 à toutes les phrases prononcées depuis l’apparition du langage. La gestion des données, des informations et des connaissances qui en résultent soulève des questions essentielles tant sur le plan informatique et scientifique, que sur le plan économique, éthique et sociétal.

3Sans doute aujourd’hui, les problèmes de stockage et de calcul des données sont en grande partie résolus. Avoir accès à l’information n’est plus un problème. Ce qui reste un problème, c’est de trouver la bonne information, celle dont on a besoin parmi la masse des données accessibles. Pour aller au delà des données et des informations brutes, il faut développer des technologies permettant d’évaluer, de valider, de hiérarchiser et d’organiser de façon intelligente et intelligible les informations. Il faut construire des bases de connaissances qui sont des collections de faits élémentaires. La complexité vient de la quantité astronomique des informations, de leur caractère parfois incertain, imprécis, ambigu, et de leurs formats divers (texte, image, son).

4Prenons un exemple : si vous interrogez Google pour savoir quel est le nom de l’administrateur du Collège de France, vous obtiendrez comme réponse plusieurs documents contenant les mots Collège, France et administrateur qu’il vous faudra parcourir pour trouver la réponse. À vrai dire, je connais la réponse…

5C’est à ce type de problème que vous vous êtes attaqué : passer des textes en langues naturelles à des bases de connaissance. Après un diplôme d’ingénieur et un passage par le Technion de Haïfa, vous avez effectué un PhD à Los Angeles sur l’intelligence artificielle. Là, vous vous êtes passionné pour l’informatique fondamentale et pour un nouveau domaine, les bases de données. Vous dites – je vous cite – « que c’était beaucoup par fainéantise » et parce que « l’état de l’art était bien plus rapide que dans d’autres domaines et la compétition moins féroce ».

6Votre recherche, plutôt théorique à ses débuts, est devenue très appliquée pendant quelques années. Pour vous, séparer science et technologie est tout à fait artificiel, ce qui vous fait préférer le néologisme « informatique » à l’expression « science et technologie de l’information ». Vous avez créé la startup Xyleme en 2000, une société spécialisée dans la gestion de grands volumes de données XML et dont les logiciels ont été, par exemple, utilisés pour les archives du journal Le Monde.

7Vous avez développé d’autres logiciels, tel Active XML, qui permet de distribuer des travaux de gestion de données entre plusieurs machines, ou encore Kadop, qui permet de gérer des volumes de données XML massifs, mais cette fois sur un grand nombre de petites machines autonomes.

8Vous êtes directeur de recherches de classe exceptionnelle à l’INRIA, responsable scientifique de l’équipe de recherche Gemo sur la gestion de données et de connaissances distribuées sur la toile. Et, Google Scholar dixit, vous êtes le chercheur français le plus cité dans le domaine des mathématiques et de l’informatique.

9Nous sommes donc heureux de vous accueillir au Collège comme titulaire de la chaire annuelle d’Informatique et sciences numériques soutenue par l’INRIA. Plongeons avec vous dans le monde de la science des données.

© Collège de France, 2012

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