Gaeta. SS. Trinità. Divinité inconnue
p. 71-72
Texte intégral
1À Gaète, a été découverte il y a environ huit ans, à l’occasion de travaux de construction, une inscription témoignant de l’existence probable d’un lieu de culte à caractère public. L’inscription est enchâssée dans le mur d’enceinte de la cour intérieure du sanctuaire de la SS. Trinità (dit aussi de la Montagna Spaccata), situé sur les pentes du monte Orlando en surplomb de la plage de Serapo, à l’extrémité sud-ouest de la péninsule. L’on ignore cependant si l’inscription a été trouvée in situ1.
Sources épigraphiques
2Gregori, Mandatori 2013, 261.
3L’inscription est gravée sur un bloc de calcaire local (d’une hauteur de 51,5 cm et d’une largeur de 48,5 cm) encastré dans un mur à environ 1 m du sol. La hauteur des lettres est comprise entre 5 et 6 cm. On distingue quelques signes triangulaires de ponctuation.
4L’inscription a été l’objet d’une intervention postérieure par laquelle ses lettres ont été recouvertes de peinture noire. Ont été ajoutés vraisemblablement à cette occasion un apex sur la première lettre de l’inscription ainsi qu’une barre horizontale à l’intérieur de la seconde2.
C(aius) Munitius M(arci) f(ilius)
M(arcus) Umedius L(ucii) f(ilius)
Sex(tus) Herucius Sex(ti) f(ilius)
aid(iles) culinam
d(e) s(enatus) s(ententia) f(aciundam) c(urauerunt)
« Les édiles Gaius Munitius, fils de Marcus, Marcus Umedius, fils de Lucius, Sextus Herucius, fils de Sextus, s’occupèrent sur décision du sénat de réaliser une culina. »
5L’inscription témoigne de la construction d’une culina par le collège des trois édiles qui administrait la cité. Ces personnages ne sont pas connus par ailleurs ; leur gentilice n’est pas même attesté sur le territoire de Formies, à l’exception de celui de Marcus Umedius, qui peut semble-t-il être mis en relation avec la gens Ummidius mentionnée dans plusieurs inscriptions provenant d’Itri ou de Gaète3 (AE 1995, 277 ; AE 1996, 381b). Cette inscription est la seule, du moins pour l’époque républicaine, qui témoigne de la construction d’une culina par des magistrats locaux.
6Les culinae, lorsqu’elles n’apparaissent pas en contexte funéraire ou collégial, sont généralement mises en relation dans les sources avec le banquet qui réunit hommes et dieux à l’issue du sacrifice. Dans les inscriptions d’époque républicaine, elles apparaissent souvent liées au culte de Venus, mais aussi d’autres divinités féminines comme Diana ou Bona Dea. Sous l’Empire, on les trouve en relation aussi avec des divinités masculines telles que Iuppiter ou Hercules4.
7G. Mandatori souligne que cette inscription, à en juger par la paléographie, les formules employées et les formes linguistiques (le gentilice Umedius doit correspondre à une forme ancienne de Ummidius), fait partie des plus anciens documents épigraphiques de Formies5, peut-être le plus ancien témoignant de l’existence d’un collège de trois édiles. L’inscription pourrait dater des dernières décennies du iie s. av. J.-C.6. Le sanctuaire lui-même serait peu antérieur, une culina ayant dû lui être ajoutée peu de temps après sa construction.
8Cette inscription constituerait ainsi le premier témoignage de l’existence d’un sanctuaire tardo-républicain à Gaète. La localisation de ce supposé sanctuaire n’est pas indifférente : il aurait été construit sur les pentes de la colline, dans un endroit bien en vue. Il reste à savoir si les restes archéologiques présents dans la zone, interprétés jusqu’alors comme appartenant à une présumée villa de L. Munatius Plancus – dont la présence a été déduite de celle de son mausolée au sommet de la colline –, sont à mettre en relation avec ce supposé sanctuaire.
Bibliographie
De’ Spagnolis 2000: M. De’ Spagnolis, «Iscrizioni di nuovo rinvenimento ad Itri relative alla gens Allidia e alla gens Ummidia», Formianum, Atti del Convegno di Studi sui giacimenti culturali del Lazio meridionale (1997), 5, Marina di Minturno, 2000, 137-141.
Gregori, Mandatori 2013: G.L. Gregori, G. Mandatori, «Ricerche epigrafiche nel Lazio meridionale, 1. Gaeta, santuario della SS. Trinità (o della Montagna Spaccata)», Scienze dell’Antichità, 19, 1, 2013, 259-269.
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