L’économie dans le monde romain : modèles et données
p. 37-56
Texte intégral
1Comment l’économie antique a-t-elle fonctionné ? Est-elle parvenue à satisfaire la demande de biens et de services de sa population au fil du temps ? Est-elle comparable aux époques ultérieures de l’histoire préindustrielle ? Quelle est la raison fondamentale qui permit de bons résultats ou qui engendra des échecs ? De toute évidence, l’économie romaine était loin d’être aussi fructueuse que nos économies modernes, mais cela n’a rien d’étonnant. Toutefois, dans quelle mesure les Romains étaient-ils moins prospères ? La plupart d’entre eux vivaient-ils à la limite de la subsistance, comme le pensait le regretté Moses Finley ? Ou bien beaucoup vivaient-ils bien mieux que cela ? Si oui, dans quelles proportions par rapport à d’autres périodes de l’histoire préindustrielle, tant en termes de niveau de vie matériel qu’en termes de santé et d’espérance de vie1 ? De quelle manière cela a-t-il pu évoluer au cours de l’histoire de Rome ? Les choses se sont-elles toujours améliorées ou y a-t-il eu des périodes où tout allait moins bien ?
2Je souhaite à présent dresser un tableau provisoire de l’économie et de la société romaines en me fondant sur les deux principes qui ont guidé mes recherches depuis les années 1970 : la théorie économique comme outil analytique principal et une analyse essentiellement quantitative des plus grands ensembles de données archéologiques disponibles. Il s’agit d’une tentative d’écrire quelque chose qui soit comparable aux nouvelles histoires économiques (New Economic History) de la période moderne, en se basant, d’une part, sur la théorie économique et, d’autre part, sur de vastes ensembles de données quantitatives. Et comme la croissance économique est un phénomène qui s’inscrit dans le temps, les changements économiques feront l’objet d’une grande attention. La présente étude ne sera donc pas une histoire immobile.
3Le revenu per capita peut augmenter si la production et la consommation augmentent plus rapidement que la population, ce qui constitue une véritable croissance économique. En revanche, si la population s’accroît plus vite que la production et la consommation, le niveau de vie baisse, même si la taille de l’économie a augmenté, ce qui ne s’apparente clairement pas à une croissance économique. À l’inverse, le niveau de vie peut s’améliorer si la population diminue de façon significative, par exemple après une grave épidémie ; mais nous ne considérons pas non plus que de telles améliorations des revenus du travail après une grave catastrophe constituent une réelle croissance économique. Il n’y a de véritable croissance économique que si celle de la production et de la consommation est supérieure à l’expansion démographique. En ce qui concerne la santé et l’espérance de vie, la nutrition est évidemment importante et présuppose une certaine prospérité, mais l’hygiène n’est pas nécessairement un facteur corrélé – les maladies infectieuses se développent dans l’ignorance, mais aussi du fait de l’exiguïté des logements et lors des déplacements.
4Par conséquent, la première question que posera tout historien de l’économie concernera les chiffres globaux de la population et les tendances démographiques. Après tout, la population est le dénominateur de nombreuses équations, y compris le PIB par habitant. Pendant plusieurs années, la population totale de l’Empire à la période augustéenne, au début de notre ère, a été estimée à environ 55 à 60 millions d’habitants2, ce qui représentait environ un quart ou un tiers de la population mondiale de l’époque3. En soi, il s’agit déjà d’un chiffre considérable : les premiers États quelque peu occidentaux à compter à nouveau une telle population seraient la Russie et les États-Unis, tous deux vers 1875. Certains historiens avancent même le chiffre de 90 millions d’habitants pour l’Empire romain. Bien que ce dernier ait été géographiquement étendu, même une population de 55 à 60 millions d’habitants implique des densités élevées, en particulier dans les régions centrales telles que l’Italie. Dans de nombreuses régions de l’Empire, la population ne sera pas dépassée, ou de peu, jusqu’à l’ère moderne. Malheureusement, les preuves réelles de ces estimations sont minces, voire très faibles. Bien que l’Empire romain ait recueilli des données de recensement, ces documents administratifs n’ont pas survécu, à l’exception de petits échantillons de l’Égypte romaine. Pour l’Italie, nous disposons des recensements pour le iie et le ier siècle avant J.-C., tels qu’ils sont rapportés dans diverses sources littéraires, mais leur interprétation est contestée4. Les données que nous avons sont des nombres de citoyens masculins en âge d’effectuer leur service militaire, et ceux-ci augmentent considérablement. Ils s’accroissent parce que de plus en plus d’Italiens deviennent des citoyens romains. Toutefois, même lorsque nous corrigeons cela, la tendance s’amplifie tellement que Karl Julius Beloch, il y a déjà plus d’un siècle, estima que l’Italie n’aurait pas pu supporter une population aussi importante et que, par conséquent, au fil du temps, ces chiffres avaient fini par inclure des hommes autres qu’adultes. De cette manipulation des chiffres a résulté une tendance à la baisse plutôt qu’à la hausse de la population. Cela s’accordait parfaitement avec les récits moralisateurs des sources littéraires qui dépeignaient l’image bien connue du déclin, aux iie et ier siècles avant J.-C., des paysans libres de l’Italie romaine qui, désespérés, s’étaient déplacés vers la ville de Rome pour augmenter le nombre de ses prolétaires et avaient été remplacés dans les campagnes par des esclaves capturés travaillant dans de grandes propriétés5. Deux estimations sont donc entrées en concurrence, le « grand compte » et le « petit compte » (et même quelques estimations intermédiaires) : elles ont donné lieu à de longs débats entre certains des meilleurs historiens du monde romain, mais n’ont pas abouti à un accord, faute de preuves indépendantes.
5Disposons-nous cependant de meilleures preuves que ces hypothèses concurrentes ? Heureusement, à ce stade, l’archéologie moderne entre en scène. Dans les années 1950, John Ward-Perkins, alors directeur de la British School de Rome, s’est lancé dans un projet novateur visant à collecter systématiquement les objets trouvés en surface dans l’arrière-pays de la ville de Rome, et plus particulièrement au nord de celle-ci. Il s’agissait d’une avancée intellectuelle qui allait être suivie par d’autres projets similaires d’étude sur le terrain et qui a permis de reconstruire avec soin l’histoire de l’habitat de vastes zones rurales. Lorsque ce « South Etruria Survey » a finalement été publié en 1979, il a montré que le nombre de grandes villas avait effectivement augmenté à partir de la fin du ive siècle et du début du iiie siècle avant J.-C., mais aussi que, contrairement à la tradition littéraire de la solitudo Italiae, de nombreuses petites exploitations agricoles avaient survécu6. Cela suggère fortement que l’interprétation des chiffres bas du recensement romain pourrait bien être erronée, mais exige également une révision de l’histoire des conflits sociaux et politiques dans la République tardive.
6Alessandro Launaro a depuis démontré que les projets ultérieurs de prospection au sol (field surveys) dans d’autres régions de l’Italie romaine présentaient un schéma comparable, presque sans variations7. Cependant, le problème de beaucoup de projets de ce type, en Italie et ailleurs, est qu’ils ne couvrent d’habitude que des zones relativement peu étendues, que les données ne sont généralement pas disponibles et que les méthodes suivies varient considérablement. Les informations importantes issues de ces données et obtenues au prix de grands efforts n’ont donc jamais vraiment été prises en compte dans les reconstitutions historiques.
7Afin de trouver une solution à ce problème et de tenter de réaliser ce qui était auparavant considéré comme impossible, une équipe de chercheurs a été formée autour de trois projets de survey dans les alentours de la ville de Rome, comprenant les successeurs actuels des premiers chercheurs de l’Étrurie du Sud, aujourd’hui ressemblés dans le Tiber Valley Project, l’équipe de l’université La Sapienza à Rome, avec le projet Suburbium, et l’équipe du Groningen Institute of Archaeology, avec le Pontine Region Project. Cette collaboration vise la création d’une base de données intégrée des trois ensembles de données de recherche de l’arrière-pays de la ville de Rome, afin d’explorer les pièges potentiels, de développer les meilleures pratiques et de préparer le terrain pour l’inclusion future d’ensembles de données provenant d’autres parties de l’Italie et de l’Empire8.
8La première phase de notre projet a été menée à bien et, comme le montre la figure 1, la région a effectivement connu des augmentations si importantes du nombre de sites qu’il est difficile de concilier cette tendance avec la révision à la baisse des données de recensement réelles estimée par Beloch.
Fig. 1 — Le nombre de sites dans l’arrière-pays de Rome.

Crédit : W.M. Jongman.
9Cette tendance n’est d’ailleurs pas propre à l’arrière-pays romain. Xavier Deru et Erik Timmerman ont ainsi créé des graphiques similaires sur l’évolution du nombre de sites dans le nord de la France, en Belgique, au Luxembourg et dans l’ouest de l’Allemagne9.
10D’un point de vue analytique, l’étape suivante consiste bien sûr à passer du nombre de sites au nombre des populations, comme l’a fait Elizabeth Fentress qui a attribué une quantité supposée d’habitants aux différents types de sites10. En multipliant le nombre de sites d’un type donné par le nombre estimé d’habitants de ce site, nous pouvons calculer la quantité totale estimée de personnes vivant sur des sites de ce type, mais aussi la population totale de la région. La figure 2, composée par Niels Wouda, membre de notre équipe, présente nos estimations de populations combinées pour les régions de l’arrière-pays romain en haut à gauche, ainsi que celles pour les trois régions distinctes de l’enquête.
Fig. 2 — Les estimations de la population autour de Rome.

Crédit : W.M. Jongman.
11Deux points sont frappants. Le premier est la similitude entre ces graphiques, à l’exception des différences évidentes de calendrier. La seconde est que, d’un point de vue démographique, il ne s’agit pas d’une histoire immobile. Il y a eu une croissance massive de la population à partir de la fin du ive siècle ou du début du iiie siècle avant J.-C., puis un déclin spectaculaire après le iie siècle de notre ère. Une fois encore, ce phénomène n’est pas propre à l’Italie centrale. Andreas Zimmermann et son équipe ont produit des estimations démographiques pour la région bien documentée du lignite à l’ouest de Bonn et de Cologne, cette fois depuis l’époque néolithique jusqu’à aujourd’hui11 : elles révèlent un pic de population tout à fait remarquable pendant la période romaine. Par la suite, la population a diminué, les champs ont été abandonnés et la forêt a repris le dessus. Le déclin et la chute ne pourraient être plus importants. Dans l’ensemble, mais ce n’est qu’un avis pour l’instant, la population de l’Empire à son apogée pourrait bien avoir été plus haute que les 55 à 60 millions d’habitants souvent cités.
12En outre, les niveaux de population élevés de la période romaine sont allés de pair avec des niveaux d’urbanisation extraordinaires qui n’ont souvent pas été dépassés jusqu’à la révolution industrielle12. Au ier siècle de notre ère, la ville de Rome comptait environ un million d’habitants, ce qui, en Europe, ne sera égalé que par Londres vers 1800 ; en 1500, l’Europe n’avait que quatre villes de plus de 100 000 habitants, qui comptaient à elles seules 450 000 habitants. Et Rome n’était pas la seule grande ville de l’Empire. Pour les débuts de l’Empire (ier siècle de notre ère), les estimations de Jack Hanson pour les huit plus grandes villes, comptant au moins 120 000 habitants chacune, donnent une population totale de 2,6 millions de personnes. Les cent dix-sept plus grandes villes, comptant au moins 20 000 habitants chacune, avaient par ailleurs une population totale de 6,7 millions d’habitants. En fait, le nouveau projet d’urbanisme romain dirigé par Luuk de Ligt et John Bintliff donne des chiffres encore plus élevés13. Ainsi, non seulement le taux d’urbanisation romain était bien plus élevé qu’il ne le fut plus tard, mais peut-être qu’environ 10 % de la population vivait dans des villes de plus de 20 000 habitants, jouissant d’un mode de vie économique, social et culturel pleinement urbain.
13Au regard de ces estimations, nous considérons que l’économie romaine avait sans aucun doute trouvé une réponse à la pression démographique. La question est de savoir si cette réponse a eu le résultat malthusien pessimiste d’une baisse de la productivité du travail, donc des revenus du travail, et d’une augmentation des loyers ou si, au contraire, l’économie romaine a réussi à échapper à ce scénario, comme l’ont fait l’Angleterre et les Pays-Bas au début de la période moderne. Les données traditionnelles sur le niveau de vie des personnes ordinaires sont bien sûr celles qui concernent les salaires, mais nous n’en avons malheureusement que très peu pour l’Antiquité14. Pour la période républicaine, nous disposons d’une série de prix d’esclaves tirés des inscriptions de Delphes relatives à la manumission qui peut servir d’indicateur : ces prix suggèrent qu’à partir de la première moitié du iie siècle avant J.-C., le coût annuel du travail a doublé, passant d’environ 350 kilogrammes d’équivalent blé au-dessus du seuil de subsistance pour un homme adulte à environ 700 kilogrammes d’équivalent blé au-dessus du seuil de subsistance dans la deuxième moitié du ier siècle avant J.-C. Pour l’Égypte romaine, des données sur les salaires réels ont été habilement rassemblées par Kyle Harper15. Il faut néanmoins remarquer qu’elles sont peu nombreuses et que malheureusement nous ne possédons, à l’heure actuelle, aucune autre source qui pourrait enrichir notre dossier (fig. 3).
Fig. 3 — Les salaires dans l’Égypte romaine.

Source : d’après K. Harper, « People, plagues, and prices in the Roman world: The evidence from Egypt », The Journal of Economic History, vol. 76, no 3, 2016, p. 803-839, https://doi.org/10.1017/S0022050716000826 ; W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk, « Health and wealth in the Roman Empire », Economics and Human Biology, vol. 34, 2019, p. 138-150, p. 146, https://doi.org/10.1016/j.ehb.2019.01.005.
Crédit : W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk.
14Ces données témoignent d’une tendance à la hausse vers un niveau bien supérieur à celui de la subsistance jusqu’à 175 après J.-C. environ, période après laquelle une nette rupture s’est produite à la fois dans la quantité de données et dans le niveau de salaire, désormais bien plus bas. Premièrement, et ce constat est important, la rupture dans le nombre d’informations disponibles n’intervient que quelques années après la grande peste dite « d’Antonin », une épidémie probablement de variole qui a ravagé l’Empire et dont les effets, nous le verrons, se retrouvent dans de nombreuses autres séries de données.
15Deuxièmement, les données sur le revenu du travail ont été reconstituées par Robert Allen sur la base de l’édit du Maximum, décret qui visait à contrôler le prix des marchandises, émis par l’empereur Dioclétien en 301 après J.-C.16. Cet édit montre qu’à cette époque, les salaires ont effectivement chuté à un niveau si bas que le ratio de bien-être (welfare ratio, c’est-à-dire le rapport entre les salaires et la subsistance) a atteint un degré proche de la subsistance, confirmant la tendance à la baisse indiquée par les données salariales égyptiennes.
16Nous avons ici résumé tout ce dont nous disposons en matière de données salariales, ce qui représente évidemment peu. Il existe toutefois un schéma assez intéressant suggérant que la pression démographique n’a pas fait baisser les salaires, bien au contraire. Le défi consiste donc à trouver d’autres mesures du niveau de vie et, heureusement, nous possédons d’autres données, en particulier sur les modes de consommation révélés par l’archéologie, pour montrer ce que les gens pouvaient faire et faisaient réellement avec leurs revenus. D’un point de vue analytique, le concept central est celui de « l’élasticité des revenus », à savoir la relation entre la croissance des revenus et l’augmentation de la demande d’un bien particulier. La tactique consiste à étudier les biens à forte élasticité-revenu, c’est-à-dire les biens qui sont consommés en quantités disproportionnées quand les revenus augmentent. Lorsque l’on est pauvre, on peut s’offrir uniquement la nourriture de subsistance, mais lorsque le revenu augmente, ce revenu supplémentaire peut être dépensé, par exemple, pour acheter plus de viande (fig. 4).
Fig. 4 — Les os d’animaux comme indicateurs de la consommation de viande en Italie et dans les provinces.

Source : d’après A. King, « Diet in the Roman world: A regional inter-site comparison of the mammal bones », Journal of Roman Archaeology, vol. 12, 1999, p. 168-202 ; W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk, « Health and wealth in the Roman Empire », Economics and Human Biology, vol. 34, 2019, p. 138-150, p. 147, https://doi.org/10.1016/j.ehb.2019.01.005.
Crédit : W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk.
17Ces graphiques mettent en avant la distribution chronologique des concentrations d’os d’animaux de l’Italie romaine et des provinces comme indicateur de la consommation de viande17. En province, celle-ci couvre une période plus courte, commençant approximativement avec la conquête romaine. Une partie de cette tendance est évidemment due à la croissance de la population, mais il est clair que la consommation par habitant a sans doute également augmenté. En outre, davantage de viande a non seulement été consommée pendant les périodes importantes de la prospérité romaine, mais les animaux étaient aussi considérablement plus gros, avec plus de chaire sur les os, qu’à d’autres époques18. Ces tendances générales d’une meilleure alimentation se reflètent par ailleurs dans des données plus locales relatives à d’autres aliments, comme le démontrent l’étude de Mark Maltby sur les volailles en Grande-Bretagne romaine et l’analyse d’Erica Rowan sur un égout à Herculanum, où les amphores témoignent de la consommation de vin dans l’arrière-pays de Rome et dans bien d’autres endroits19. D’après les données actuelles, l’alimentation à l’époque romaine était plus variée et plus attrayante que pendant les époques antérieures ou postérieures, ce qui reflète un niveau de vie plus élevé. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire en matière de recherche, tant du point de vue de l’archéologie scientifique que de celui de l’agrégation des travaux existants. Par exemple, un niveau de vie plus élevé se manifeste également par la qualité et la quantité des biens matériels tels que l’équipement de cuisine et le mobilier, même dans les provinces éloignées, ou encore la qualité des maisons elles-mêmes. C’est ce que montre une série de découvertes de bois dans les rivières de l’ouest de l’Allemagne, principalement destiné à la construction20.
18Enfin, la tendance ne se manifeste pas seulement dans la consommation privée, mais aussi dans la consommation publique. Les villes romaines étaient bien équipées en installations : rues pavées, bains publics, temples, théâtres et amphithéâtres, marchés, aqueducs pour l’approvisionnement en eau dans un environnement souvent aride, installations portuaires bien construites pour faire face à l’augmentation considérable du trafic maritime à longue distance21. Tout cela était en partie financé par l’empereur et l’État ainsi que par des élites bienfaitrices. Dans la ville de Rome, l’État fournissait gratuitement des céréales à la grande majorité des citoyens adultes de sexe masculin. Au cours du iie siècle après J.-C., une distribution similaire, mais cette fois financière (alimenta), eut lieu dans les villes d’Italie et ailleurs22. Des élites bienfaitrices privées faisaient don des repas et des bâtiments publics23. Comme l’a montré Frits Heinrich, les bâtiments publics de l’Italie romaine se sont multipliés à partir de l’époque augustéenne, jusqu’à ce que la ferveur des constructions décline à la fin du iie siècle après J.-C.24. Les élites locales finançaient également les jeux de gladiateurs en dehors de la ville de Rome qui, selon Erik Timmerman, ont fortement diminué à la fin du iie siècle après J.-C., au moment où les constructions publiques se sont également arrêtées brusquement25. Arjan Zuiderhoek, dans son livre sur les bienfaiteurs en Asie Mineure, a esquissé l’image du déclin dans cette région vers la fin du iie siècle après J.-C.26. En bref, l’élite n’était plus disposée à financer certaines composantes essentielles de la culture civique romaine. Si l’on se souvient des graphiques sur les performances économiques, ceux-ci montrent également un déclin assez marqué précisément à partir de cette période27. Il ne s’agit donc peut-être pas seulement d’un changement d’attitude à l’égard de la culture civique, mais aussi d’un déclin des possibilités économiques.
19Par conséquent, pourquoi l’économie romaine a-t-elle connu un tel succès pendant quelques siècles et pourquoi la tendance s’est-elle inversée à la fin du iie siècle de notre ère ? Les historiens de l’économie moderne s’intéressent souvent aux explications institutionnelles, telles qu’un droit des contrats solide et applicable, le respect de la propriété privée, un système monétaire stable, etc. Ces éléments sont évidemment importants et Rome a effectivement excellé dans ces domaines. Toutefois, le problème de cette explication est que nombre de ces institutions ne se sont développées qu’après que l’économie romaine eut déjà commencé sa phase d’essor, et ce de manière significative. En bref, elles ne sont pas la cause des débuts de la croissance économique romaine, mais elles peuvent expliquer pourquoi la prospérité romaine a continué à croître pendant quelques siècles encore. Elles reflètent la réponse réussie de Rome aux nouvelles possibilités qui s’offraient à elle.
20Une meilleure explication se trouve peut-être dans la croissance des villes et la division du travail entre la ville et la campagne, voire, plus tard, dans un marché pan-méditerranéen en raison de l’extension de l’Empire. À partir du ive siècle avant J.-C., l’Italie a connu une forte croissance urbaine et, à la même période, de grandes exploitations agricoles ont commencé à produire des cultures très rentables, telles que le vin et l’huile, pour un marché urbain en pleine expansion28. Cela s’est traduit par des villas rurales de plus en plus somptueuses, mais aussi par une prospérité urbaine grandissante. C’est surtout à partir du iie siècle avant J.-C. que cette intégration du marché a commencé à s’étendre à l’ensemble de la Méditerranée, ce qui se reflète dans le volume croissant des transports maritimes à longue distance, comme le montrent les épaves de l’époque29.
21Un dernier élément à prendre en considération, et non des moindres, est la technologie romaine. Les vestiges des bâtiments et de l’exploitation minière ou hydraulique, y compris, comme nous le savons aujourd’hui grâce à Jean-Pierre Brun, un grand nombre de moulins à eau30, témoignent des compétences d’ingénierie des Romains.
22Par ailleurs, les routes romaines sont restées le principal moyen de transport terrestre européen pendant de nombreux siècles. Enfin, les armées romaines partaient au combat très bien équipées, étaient accompagnées d’ingénieurs spécialisés et bénéficiaient de soins médicaux de pointe. Elles étaient également bien entraînées, bien payées et bien gérées, avec une logistique et un soutien administratif de qualité.
23Comment tout cela a-t-il pu prendre fin ? Comme Elio Lo Cascio et Richard Duncan-Jones, entre autres, l’ont soutenu de manière convaincante, le ralentissement est fortement lié à la peste antonine qui a ravagé l’Empire à partir de 165 après J.-C.31. Les travaux du médecin antique Galien et les méditations stoïciennes de Marc Aurèle, l’empereur de l’époque, en donnent des descriptions. Cette peste a tué peut-être 10 % de la population de l’Empire et a profondément perturbé le tissu social. Il est intéressant de noter qu’elle semble avoir été précédée d’une détérioration rapide du climat, comme l’attestent les données relatives aux cernes des arbres32. Cela a probablement été le cas également dans le contexte de la peste de Justinien au vie siècle, selon les mesures de Michael McCormick et d’autres chercheurs33, ou encore de la peste noire au xive siècle, selon la thèse de Bruce Campbell34. Le milieu du iie siècle semble marquer la fin de ce que l’on appelle « la période chaude romaine », « l’optimum climatique romain ». Certes, la communauté n’est pas unanime à ce sujet, mais l’archéologie scientifique produit de plus en plus de données solides pour valider cette possibilité.
24Si nous comparons l’histoire romaine à celle, bien mieux connue, du xive siècle, nous constatons toutefois une différence majeure. Les données médiévales ont montré que la population et le niveau de vie étaient négativement corrélés : avant la peste noire, la pression démographique avait déjà érodé les revenus du travail, et après, ceux-ci ont augmenté, tandis que les loyers ont baissé35. Dans le cas des Romains, en revanche, les tendances de la population et du niveau de vie semblent avoir été positivement corrélées : même lorsque la population a augmenté à la fin de la période républicaine et au début de la période impériale, le niveau de vie a suivi. Inversement, à la fin de l’Antiquité, alors que le scénario malthusien prévoyait que le déclin de la population devait conduire à un niveau de vie plus élevé pour les masses, c’est le contraire qui s’est produit. Par conséquent, le cas romain semble être celui d’une croissance économique réelle à laquelle a succédé un déclin économique réel. En bref, il y a eu des déplacements de la fonction de production elle-même, plutôt que de simples déplacements le long de cette fonction.
25Il convient donc d’examiner le contexte social et politique. Comme évoqué précédemment, pendant les un ou deux siècles qui ont précédé et suivi le début de notre ère, les Romains étaient des citoyens et non des sujets. Cela leur donnait droit aux avantages liés à cette citoyenneté, à un bon gouvernement et à une culture civique paternaliste. Les relations sociales ont commencé à changer à la fin du iie siècle après J.-C., lorsque, comme Peter Garnsey l’a si élégamment montré il y a plus d’un demi-siècle, les distinctions et les inégalités sociales ont été de plus en plus consacrées par la loi36. Ce phénomène apparaît également dans l’extraordinaire série de pétitions adressées à l’empereur dans les décennies postérieures à 165 : des groupes de paysans s’y plaignaient d’être victimes d’abus de la part de grands propriétaires terriens et d’administrateurs publics malveillants37. L’empereur répondit qu’une telle oppression devait cesser car elle ne correspondait pas aux objectifs d’un bon gouvernement. Pourtant, rien ne changea et, après quelques décennies, les pétitions se turent, les paysans ayant vraisemblablement perdu tout espoir. Il est clair que l’Antiquité tardive n’est pas devenue un monde de paysans heureux et prospères38. La société a évolué vers un nouvel ensemble de relations sociales dans lequel, à l’image du second féodalisme du début des temps modernes en Europe de l’Est, l’oppression a été utilisée pour contrer la tendance du marché à accroître le pouvoir de négociation d’une main-d’œuvre désormais plus rare39. La société romaine est passée d’une « société inclusive » à une « société extractive40 », selon les termes de Daron Acemoglu et James Robinson. L’Europe occidentale du début de l’ère moderne, après la peste noire, a connu un déclin démographique similaire, mais dans ce cas, la pénurie d’ouvriers qui en a résulté a souvent provoqué des hausses de salaire et a favorisé l’innovation en matière d’économie de main-d’œuvre. En fin de compte, la croissance économique romaine très réelle des quelques siècles qui ont précédé et suivi le début de notre ère n’a pas pu être maintenue, l’économie étant restée vulnérable à la détérioration du climat et aux maladies.
26Si nous examinons la santé de la population, le tableau est en effet inquiétant. Pendant plusieurs siècles, les Romains ont certes été relativement riches, mais leur espérance de vie était faible, voire peut-être inférieure à celle des autres sociétés préindustrielles41. Les données du projet de Geertje Klein Goldewijk, Jan Jacobs et moi-même sur la taille du corps romain en tant qu’indicateur de la santé de l’enfant et de l’adolescent donnent une image tout aussi sombre de la situation (fig. 5)42.
Fig. 5 — Le niveau de vie biologique à l’époque romaine.

Crédit : W.M. Jongman.
27Les Romains étaient plus petits et donc en moins bonne santé, précisément à l’époque où ils étaient les plus prospères. Le niveau de vie biologique et le niveau de vie matériel semblent avoir été négativement corrélés. Notre hypothèse est qu’il s’agit de la conséquence de maladies infectieuses qui sont elles-mêmes le résultat de fortes densités de population, de taux d’urbanisation élevés, de déplacements et d’interactions sans précédent et, bien sûr, d’une compréhension physiologique inadéquate. Cette situation était donc dans la logique des choses, dans les années normales mais aussi lorsque l’Empire a connu une série de pandémies mortelles, à commencer par la peste antonine. Bien que le modèle malthusien n’explique pas l’évolution du niveau de vie matériel, il s’applique en revanche à l’histoire de la santé et de la maladie chez les Romains.
*
28L’ancien paradigme d’une société fondamentalement stable où la plupart des gens vivaient proches de la subsistance et où il n’y avait pas de croissance économique réelle est donc réfuté par le volume de nouvelles données, principalement archéologiques, qui sont maintenant disponibles. Durant quelques siècles, la population de l’Empire a connu une croissance énorme, qui a été suivie d’un déclin démographique tout aussi spectaculaire. Contrairement à la plupart des pays du début de l’ère moderne, l’expansion démographique s’est en effet accompagnée d’une croissance encore plus importante de la production et de la consommation, et donc d’un véritable essor économique qui a généré un niveau de vie remarquablement élevé, du moins par rapport aux normes de la société préindustrielle, auquel a malheureusement succédé un déclin économique réel et dramatique.
29Sur le plan méthodologique, il convient de réaffirmer que l’analyse économique moderne fournit le meilleur cadre conceptuel pour la reconstruction de l’économie romaine et permet de situer le monde romain à une place de choix bien méritée dans le grand récit de l’histoire mondiale. Nous devons également souligner que la compilation des données archéologiques a été la bonne méthode pour faire ce que nous n’aurions pas pu imaginer il y a quarante-cinq ans. Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une toute nouvelle série de découvertes grâce aux possibilités offertes par les progrès rapides de l’archéologie scientifique : de l’analyse des isotopes stables des squelettes pour reconstituer le régime alimentaire et les schémas de migration à celle de l’ADN ancien pour étudier les agents pathogènes, de l’analyse avancée des cultures à celle des stratégies agricoles, jusqu’à, bien sûr, l’étude du climat. La recherche devient de plus en plus passionnante.
Notes de bas de page
1M.I. Finley, The Ancient Economy, Londres, Chatto and Windus, 1985 [2e éd.].
2Cf. W. Scheidel, « Demography », in W. Scheidel, I. Morris et R.P. Saller (dir.), The Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 38-86.
3Pour un aperçu des estimations de la population historique mondiale, cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Estimates_of_historical_world_population.
4Cf. W. Scheidel (dir.), Debating Roman Demography, Leyde, Brill, 2001 ; W.M. Jongman, « Archaeology, demography and Roman economic growth », in A. Bowman et A. Wilson (dir.), Quantifying the Roman Economy. Methods and Problems, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 115-126 ; N. Morley, « The transformation of Italy, 225-28 B.C. », The Journal of Roman Studies, vol. 91, 2001, p. 50-62 ; L. de Ligt, Peasants, Citizens and Soldiers. Studies in the Demographic History of Roman Italy, 225 BC-AD 100, Cambridge, Cambridge University Press, 2012.
5Cf. W.M. Jongman, « Slavery and the growth of Rome. The transformation of Italy in the second and first century BCE », in C. Edwards et G. Woolf (dir.), Rome the Cosmopolis, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 100-122.
6Cf. T.W. Potter, The Changing Landscape of South Etruria, Londres, Paul Elek, 1979.
7A. Launaro, Peasants and Slaves. The Rural Population of Italy (200 BC to AD 100), Cambridge, Cambridge University Press, 2011.
8Cf. P.A.J. Attema, P. Carafa et al., « The Roman hinterland project: Integrating archaeological field surveys around Rome and beyond », European Journal of Archaeology, vol. 25, no 2, 2022, p. 238-258, https://doi.org/10.1017/eaa.2021.51 ; T.C.A. de Haas, « Urban, rural and in between. Long-term population developments, central place landscapes and infrastructure in the Pontine region, Central Italy », in G.W. Tol et T.C.A. de Haas (dir.), Between Urban and Rural. Results and Data of the Minor Centres Project, à paraître.
9X. Deru, « Croissance et crise dans le nord de la Gaule romaine », Topoi. Orient-Occident, vol. 21, no 1, 2017, p. 217-232 ; E. Timmerman, The Roman Impact on the Economy of the Lower Germanic Limes Region, Leyde, Brill, 2024.
10E. Fentress, « Peopling the countryside: Roman demography in the Albegna valley and Jerba », in A. Bowman et A. Wilson (dir.), Quantifying the Roman Economy, op. cit., p. 127-162.
11A. Zimmermann, J. Hilpert et K.P. Wendt, « Estimations of population density for selected periods between the Neolithic and AD 1800 », Human Biology, vol. 81, no 2-3, 2009, p. 357-380.
12J.W. Hanson, An Urban Geography of the Roman World, 100 BC to AD 300, Oxford, Archaeopress, 2016.
13L. de Ligt et J. Bintliff, « Introduction », in L. de Ligt et J. Bintliff (dir.), Regional Urban Systems in the Roman World, 150 BCE-250 CE, Leyde, Brill, 2019, p. 1-34.
14Pour un commentaire plus détaillé des données, cf. W.M. Jongman, « The early Roman Empire: Consumption », in W. Scheidel, I. Morris et R.P. Saller (dir.), The Cambridge Economic History of the Greco-Roman World, op. cit., p. 592-618.
15K. Harper, « People, plagues, and prices in the Roman world: The evidence from Egypt », The Journal of Economic History, vol. 76, no 3, 2016, p. 803-839, https://doi.org/10.1017/S0022050716000826. En revanche, W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk, « Health and wealth in the Roman Empire », Economics and Human Biology, vol. 34, 2019, p. 138-150, https://doi.org/10.1016/j.ehb.2019.01.005, proposent un calcul différent avec deux régressions linéaires au lieu d’une et l’estimation du tournant vers l’an 175.
16R.C. Allen, « How prosperous were the Romans? Evidence from Diocletian’s price Edict (AD 301) », in A. Bowman et A. Wilson (dir.), Quantifying the Roman Economy, op. cit., p. 327-345.
17Données de A. King, « Diet in the Roman world: A regional inter-site comparison of the mammal bones », Journal of Roman Archaeology, vol. 12, 1999, p. 168-202.
18Cf. G. Kron, « Archaeozoological evidence for the productivity of Roman livestock farming », Münstersche Beiträge zur antiken Handelsgeschichte, vol. 21, 2002, p. 53-73.
19M. Maltby, M. Allen et al., « Counting Roman chickens: Multidisciplinary approaches to human-chicken interactions in Roman Britain », Journal of Archaeological Science: Reports, vol. 19, 2018, p. 1003-1015 ; E. Rowan, « Sewers, archaeobotany, and diet at Pompeii and Herculaneum », in M. Flohr et A. Wilson (dir.), The Economy of Pompeii, Oxford, Oxford University Press, 2017, p. 111-134. Cf. aussi W.M. Jongman, « The early Roman Empire: Consumption », op. cit. ; A. Wilson, « Fishy business: Roman exploitation of marine resources », Journal of Roman Archaeology, vol. 19, 2006, p. 525-537 ; C. Bakels et S. Jacomet, « Access to luxury foods in Central Europe during the Roman period: The archaeobotanical evidence », World Archaeology, vol. 34, 2003, p. 542-557.
20Cf. W.M. Jongman, « The new economic history of the Roman Empire », in F. de Callataÿ (dir.), Quantifying the Greco-Roman Economy and Beyond, Bari, Edipuglia, 2014, p. 169-188, graphique p. 174.
21Cf. A.T. Hodge, Roman Aqueducts and Water Supply, Londres, Duckworth, 1992 ; S. Keay, M. Millett et al., Portus. An Archaeological Survey of the Port of Imperial Rome, Londres, British School at Rome, 2005.
22Cf. W.M. Jongman, « Beneficial symbols. Alimenta and the infantilization of the Roman citizen », in W.M. Jongman et M. Kleijwegt (dir.), After the Past. Essays in Ancient History in Honour of H.W. Pleket, Leyde, Brill, 2002, p. 47-80 ; J.-M. Carrié, « Les distributions alimentaires dans les cités de l’Empire romain tardif », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, vol. 87-2, 1975, p. 995-1101.
23Cf. R.P. Duncan-Jones, The Economy of the Roman Empire. Quantitative Studies, Cambridge, Cambridge University Press, 1982 [2e éd.].
24F. Heinrich, « Publieke constructies in Romeins Italië (225 v.Chr.-425 n.Chr.): een conjuncturele benadering », TMA. Tijdschrift voor Mediterrane Archeologie, vol. 44, 2010, p. 14-21.
25E. Timmerman, The Growth and Decline of Euergetism. Gladiatorial Games in the Roman West (50 BC-AD 500), BA dissertation, Groningen, 2013.
26A. Zuiderhoek, The Politics of Munificence in the Roman Empire. Citizens, Elites and Benefactors in Asia Minor, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.
27Cf. W.M. Jongman, « Roman economic change and the Antonine plague: Endogenous, exogenous, or what? », in E. Lo Cascio (dir.), L’Impatto della peste Antonina, Bari, Edipuglia, 2012, p. 253-263.
28Cf. W.M. Jongman, « Italian urbanization and Roman economic growth », in L. Capogrossi Colognesi, E. Lo Cascio et E. Tassi Scandone (dir.), L’Italia dei Flavi, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2016, p. 105-117.
29Cf. K. Hopkins, « Taxes and trade in the Roman Empire (200 BC-AD 400) », in K. Hopkins, Sociological Studies in Roman History, éd. de C. Kelly, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 213-259 ; A. Wilson, « Quantifying Roman economic performance by means of proxies: Pitfalls and potential », in F. de Callataÿ (dir.), Quantifying the Greco-Roman Economy and Beyond, op. cit., p. 147-167.
30D’anciennes estimations inférieures se trouvent dans : M.I. Finley, « Technical innovation and economic progress in the ancient world », The Economic History Review, vol. 18, no 1, 1965, p. 29-45 ; et H.W. Pleket, « Technology and society in the Graeco-Roman world », Acta Historiae Neerlandicae, vol. 2, 1967, p. 1-25. Des estimations plus récentes et plus élevées sont proposées dans : J.-P. Brun, Techniques et économies de la Méditerranée antique, Paris, Collège de France/Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France », 2012 ; édition numérique : Collège de France, 2013, https://books.openedition.org/cdf/1288 ; id., « L’énergie hydraulique durant l’Empire romain : quel impact sur l’économie agricole ? », in E. Lo Cascio (dir.), Innovazione tecnica e progresso economico nel mondo romano, Bari, Edipuglia, 2007, p. 101-130 ; et A. Wilson, « Machines, power and the ancient economy », The Journal of Roman Studies, vol. 92, 2002, p. 1-32.
31R.P. Duncan-Jones, « The impact of the Antonine plague », Journal of Roman Archaeology, vol. 9, 1996, p. 108-136 ; id., « The Antonine plague revisited », Arctos, vol. 52, 2018, p. 41-72 ; W.M. Jongman, « Roman economic change and the Antonine plague: Endogenous, exogenous, or what? », op. cit.
32Cf. F. de Callataÿ, « The Graeco-Roman economy in the super long-run: Lead, copper and shipwrecks », Journal of Roman Archaeology, vol. 18, 2005, p. 361-372 ; J.R. McConnell, A. Wilson et al., « Lead pollution recorded in Greenland ice indicates European emissions tracked plagues, wars, and imperial expansion during antiquity », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 115, no 22, 2018, p. 5726-5731, https://doi.org/10.1073/pnas.1721818115 ; S. Manning, « The Roman world and climate: Context, relevance of climate change, and some issues », in W.V. Harris (dir.), The Ancient Mediterranean Environment between Science and History, Leyde, Brill, 2013, p. 103-170 ; B. Schmidt et W. Gruhle (avec des contributions archéologiques sur la céramique rubanée d’A. Zimmermann et sur l’Empire romain de T. Fischer), « Mögliche Schwankungen von Getreideerträgen: Befunde zur rheinischen Linienbandkeramik und römischen Kaiserzeit », Archäologisches Korrespondenzblatt, vol. 35, no 3, 2005, p. 301-316, ici p. 306.
33M. McCormick, U. Büntgen et al., « Climate change during and after the Roman Empire: Reconstructing the past from scientific and historical evidence », Journal of Interdisciplinary History, vol. 43, no 2, 2012, p. 169-220.
34B.M.S. Campbell, The Great Transition. Climate, Disease and Society in the Late-Medieval World, Cambridge, Cambridge University Press, 2016.
35L’étude de Stuart J. Borsch, The Black Death in Egypt and England. A Comparative Study (Austin, University of Texas Press, 2005), mérite également d’être mentionnée pour avoir proposé une trajectoire différente de l’Égypte après la peste noire.
36P. Garnsey, Social Status and Legal Privilege in the Roman Empire, Oxford, Clarendon Press, 1970.
37Cf. T. Hauken, Petition and Response. An Epigraphic Study of Petitions to Roman Emperors, 181-249, Bergen, The Norwegian Institute at Athens, 1998 ; P. Herrmann, Hilferufe aus römischen Provinzen. Ein Aspekt der Krise des römischen Reiches im 3. Jhdt. n. Chr., Hambourg/Göttingen, Joachim Jungius-Gesellschaft der Wissenschaften/Vandenhoeck & Ruprecht, 1990.
38Cf. R.P. Duncan-Jones, « Economic change and the transition to Late Antiquity », in S. Swain et M. Edwards (dir.), Approaching Late Antiquity. The Transformation from Early to Late Empire, Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 20-52.
39Cf. R. Brenner, « Agrarian class structure and economic development in pre-industrial Europe », Past and Present, vol. 70, 1976, p. 30-75.
40D. Acemoglu et J.A. Robinson, Why Nations Fail. The Origins of Power, Prosperity, and Poverty, New York, Crown Business, 2012.
41Cf. W. Scheidel, « Physical well-being », in W. Scheidel (dir.), The Cambridge Companion to the Roman Economy, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 321-333.
42W.M. Jongman, J.P.A.M. Jacobs et G.M. Klein Goldewijk, « Health and wealth in the Roman Empire », art. cit. La figure 5 présente des résultats factoriels pour les hommes et les femmes par période chronologique. L’article cité comporte davantage de détails et d’explications.
Auteur
-
Willem M. Jongman
Professeur émérite à l’université de Groningue (Pays-Bas)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La pluralité interprétative
Fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue
Alain Berthoz, Carlo Ossola et Brian Stock (dir.)
2010
Korčula sous la domination de Venise au XVe siècle
Pouvoir, économie et vie quotidienne dans une île dalmate au Moyen Âge tardif
Oliver Jens Schmitt
2011
La mondialisation de la recherche
Compétition, coopérations, restructurations
Gérard Fussman (dir.)
2011
La prévention du risque en médecine
D'une approche populationnelle à une approche personnalisée
Pierre Corvol (dir.)
2012
Big data et traçabilité numérique
Les sciences sociales face à la quantification massive des individus
Pierre-Michel Menger et Simon Paye (dir.)
2017
Korčula sous la domination de Venise au xve siècle
Pouvoir, économie et vie quotidienne dans une île dalmate au Moyen Âge tardif
Oliver Jens Schmitt
2019