Préface
Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Professeurs, chers collègues,
Mesdames, Messieurs en vos titres et fonctions,
Mesdames, Messieurs,
1C’est un grand honneur et un vrai plaisir de pouvoir vous accueillir ce soir pour la leçon inaugurale de Mme Virginie Courtier-Orgogozo, titulaire de la chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes.
2Créée avec le soutien de la fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, cette chaire entend contribuer à faire progresser la recherche et à éclairer les débats sur le monde vivant, l’environnement et la biodiversité en invitant au Collège de France des personnalités de premier plan dont les travaux scientifiques ont vocation à être largement diffusés, y compris à destination du grand public. Au nom de la communauté du Collège de France, j’exprime nos sincères remerciements à la fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre pour son soutien dans un domaine qui est essentiel face aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
3Le monde vivant est fascinant. Sa complexité dépasse celle des machines les plus sophistiquées inventées par les humains et celle des objets matériels physiques. Devant les grands défis du xxie siècle, il est nécessaire d’essayer de comprendre au mieux ce monde vivant et cette biodiversité, afin que notre planète continue d’être habitable par les humains. Pour comprendre le monde vivant, il faut aussi comprendre l’évolution des espèces. La question que l’on peut se poser est de savoir si chaque espèce vivant actuellement sur Terre est au sommet de l’évolution. Cette question peut s’accompagner d’une autre interrogation : l’évolution est-elle aléatoire ou dépend-elle de certaines contraintes ? Depuis les années 2000, la génétique s’est développée d’une manière impressionnante, ce qui a engendré une explosion des découvertes sur les gènes et les mutations. On a ainsi pu observer que, dans un génome, il n’y a pas autant de possibilités que l’on pourrait l’imaginer pour évoluer vers une forme donnée.
4Dans les nouvelles technologies, on trouve aussi le concept de « forçage génétique », en cours de développement dans les laboratoires. Le forçage génétique a des applications potentielles en agriculture et en santé publique, notamment dans la lutte contre le paludisme qui tue chaque année plus de quatre cent mille personnes. Le forçage génétique pourrait alors permettre de rendre les moustiques résistants au parasite qui transmet le paludisme. Évidemment, cette méthode comporte des risques et peut faire peur. Jusqu’où les humains doivent-ils ou peuvent-ils intervenir dans la manipulation génétique ? Cette question éthique doit être traitée en profondeur, et il faut ouvrir le débat à l’échelle de toute la société.
5Pour ce faire, nous avons la chance de pouvoir accueillir cette année Mme Virginie Courtier-Orgogozo.
6Ancienne élève de l’École normale supérieure et agrégée des sciences de la vie et de la Terre, Virginie Courtier-Orgogozo est directrice de recherche au CNRS, responsable d’une équipe de recherche à l’Institut Jacques Monod à Paris et chargée de cours à l’École polytechnique.
7Elle s’intéresse aux mécanismes impliqués dans l’évolution des espèces, afin de mieux comprendre nos origines et le futur des espèces vivantes. Elle étudie en particulier l’évolution des bioadhésifs produits par les mouches drosophiles pour se coller à divers substrats pendant la métamorphose. Elle a créé avec Arnaud Martin une base de données des gènes et mutations qui ont été identifiés jusqu’à présent par la communauté scientifique internationale et qui sont responsables de différences morphologiques, physiologiques ou comportementales naturelles chez les plantes et les animaux. Cette compilation a révélé que l’évolution passe souvent par un nombre restreint de chemins génétiques, indiquant que l’évolution est en partie prédictible. Elle a notamment écrit plusieurs articles sur les risques associés à la nouvelle biotechnologie de forçage génétique.
8Virginie Courtier-Orgogozo a une activité fertile dans le domaine de la philosophie, notamment concernant le concept de gène, de développement, d’identité et de hasard. Elle a ainsi co-édité en 2020 un Dictionnaire encyclopédique de l’identité (chez Gallimard).
9Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS, ainsi que le prix Irène-Joliot-Curie de la « Jeune femme scientifique » en 2014. Elle est également chevalière de l’Ordre national du Mérite et a obtenu en 2018 le prix Lacassagne du Collège de France.
10Dans l’interview qu’elle a donnée à l’équipe du Collège de France pour présenter son enseignement sur la chaire Biodiversité et écosystèmes, elle dit vouloir déconstruire l’idée selon laquelle les humains sont séparés du reste de la nature et nous rappeler que nous sommes partie prenante de cette nature. Elle veut, dans ses cours, montrer que le monde vivant nous questionne sur nous-mêmes, sur ce que l’on croyait acquis et sur les décisions que nous aurions à prendre.
11Chère Virginie Courtier-Orgogozo, nous sommes impatients de vous entendre et je vous cède la parole.
Auteur

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