La révolution, une espérance
|Préface
Texte intégral
1Monsieur le Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, cher Slim Khalbous,
Monsieur le Président de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts,
Monsieur le Secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine,
Madame la Maire du Ve arrondissement, chère Florence Berthout,
Madame l’Adjointe à la maire de Paris en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante, chère Marie-Christine Lemardeley,
Monsieur le Directeur général de l’Institut du monde arabe,
Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Mesdames, Messieurs les Professeurs,
Chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
2C’est un grand plaisir de vous accueillir pour inaugurer la chaire annuelle Mondes francophones (2019-2020) qui a dû être reportée pour les raisons que vous connaissez.
3Cette chaire annuelle a été créée en partenariat avec l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ; elle a pour objectif principal de mieux faire connaître la recherche et l’enseignement de grandes personnalités de la francophonie qui, par leurs travaux, en illustrent éminemment la production scientifique et culturelle.
4Et nous sommes très heureux que le professeur Yadh Ben Achour ait accepté d’enseigner pendant une année ici au Collège de France, car il est sans doute un des meilleurs représentants de cette francophonie.
5Le professeur Yadh Ben Achour est né le 1er juin 1945 à la Marsa dans une famille de lettrés issus de l’université historique de la Zaytouna de Tunis. Il a poursuivi des études de droit entre 1964 et 1969 à Tunis, puis à Paris. En 1974, il obtient son doctorat d’État en droit public sous la direction du professeur Georges Burdeau. Depuis, il a poursuivi une carrière universitaire et a occupé, entre 1993 et 1999, le poste de doyen de la Faculté des sciences juridiques à l’université de Carthage. Durant sa carrière universitaire, il s’est spécialisé en droit public interne et international, ainsi que dans la théorie politique islamique. Désigné en 1988 comme membre du Conseil constitutionnel tunisien, il en démissionne en 1992 pour protester contre la tentative des autorités de liquider la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, par l’intermédiaire d’une réforme de la loi sur les associations. Après la révolution, il est désigné président de la Haute Instance de réalisation des objectifs de la révolution, dont la mission essentielle consistait à libéraliser le système politique. Attaché à la démocratie, à la liberté et à l’État de droit, il a participé à l’organisation d’élections libres qui lui ont valu le Prix international de la démocratie en 2012. Yadh Ben Achour porte ainsi sur la révolution tunisienne un double regard, celui de l’intellectuel et celui d’un acteur clé de cet événement qui marqua le début du Printemps arabe en 2010-2011. Il est actuellement membre du Comité des droits de l’Homme du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme et professeur invité dans différentes universités dont Harvard et Columbia.
6Ses travaux et son engagement ont été reconnus par de nombreux prix et distinctions. Outre le Prix international de la démocratie déjà mentionné, le professeur Yadh Ben Achour a reçu des doctorats honoris causa des universités de Sudbury (Canada), de Genève et d’Aix-Marseille. En 2018, il est élevé au rang de grand officier dans l’Ordre tunisien du Mérite en reconnaissance de l’ensemble de sa production académique et intellectuelle.
7Il est l’auteur de nombreuses publications. Je ne citerai que La Cour européenne des droits de l’homme et la liberté de religion (Pedone, 2005), Tunisie : une révolution en pays d’islam (Labor et Fides, 2016, rééd. 2018) et L’Islam et la Démocratie : une révolution intérieure (Gallimard, 2021).
8Les centres d’intérêt et de recherche de Yadh Ben Achour sont multiples. Il a travaillé sur l’islam et les droits de l’Homme, sur les liens entre sciences juridiques et sociales, ainsi que sur la place des révolutions dans l’histoire et la philosophie. C’est à cette thématique qu’il consacrera son enseignement au Collège de France. Il y interrogera notamment le concept de « révolution », pour aborder ensuite les types et les causes des révolutions, les révolutions politiques et la religion. Il tentera de répondre à la question fondamentale : « Qu’est-ce qu’une révolution démocratique ? » et conclura par des considérations théoriques sur les révolutions dans le monde africain et musulman actuel, et par les révolutions démocratiques arabes.
9Sa leçon inaugurale s’intitule La révolution, une espérance. En effet, l’espérance du juste est un élément commun à toutes les révolutions. La plupart des révolutions que le monde musulman ancien a connues sont des réactions, soit à des inégalités ethniques, soit à des discriminations sociales, soit à des excès de pouvoir. Dans le monde ancien, les révolutions s’accompagnaient de discours religieux ou théologiques. Qu’en est-il aujourd’hui, notamment en ce qui concerne la révolution tunisienne de 2010-2011 ?
10Cher Yadh Ben Achour, nous sommes impatients de vous entendre et je vous donne la parole.
© Collège de France, 2022