Précédent Suivant

Annexe n° 1 : Le café numérique d’Aimé Césaire


Texte intégral

Nouvelle médiathèque, nouveaux projets

1L’élaboration des projets et services numériques de la médiathèque Aimé-Césaire à La Courneuve a débuté bien avant son ouverture. En septembre 2014, un nouvel agent, qui devient rapidement référent numérique, prend ses fonctions dans l’équipe de La Courneuve. Fort de son expérience de manager dans une enseigne de grande distribution et autodidacte assumé dans le domaine des nouvelles technologies, il souhaite programmer des activités réellement utiles aux publics, favoriser les partages intergénérationnels des savoirs et savoir-faire. En s’appuyant sur l’expérience et l’expertise des référents Numérique du réseau, il doit piloter la conception des services de la future médiathèque dont l’ouverture est programmée au printemps 2015.

2Les quelques mois qui précédent permettent de réaliser un état des lieux des pratiques numériques des usagers, un recensement de leurs besoins et de leurs attentes. Un groupe de travail, piloté par ce nouveau référent, prend en charge ce travail de prospective. Il est constitué de cinq agents des médiathèques à La Courneuve, dont quelques novices en informatique capables de repérer facilement les difficultés auxquelles les publics sont confrontés. La médiathèque Aimé-Césaire ouvre ses portes en avril 2015. Les ateliers informatiques « classiques » menés à la médiathèque John-Lennon, située au pied de la cité des 4000, et les quelques premières séances menées à la nouvelle médiathèque Aimé-Césaire, sont le terrain de ces observations et des analyses des professionnels.

Besoin de se former… et d’échanger

3Les demandes d’accompagnement et de formation à l’utilisation des outils informatiques et d’Internet des publics sont importantes, comme partout sur le réseau. Chaque séance d’atelier s’achève traditionnellement sur un échange libre d’une trentaine de minutes, les participants peuvent poser leurs questions, diverses, aux bibliothécaires en présence. En réalisant son diagnostic, le groupe de travail constate que les discussions débordent largement le temps imparti. Les nombreuses questions sont souvent éloignées du thème précis de l’atelier du jour. Elles portent sur des difficultés rencontrées dans l’utilisation de matériels numériques – ordinateur, smartphone, appareil photo – et traduisent surtout l’inquiétude des usagers face aux nouvelles technologies. Ils se sentent livrés à eux-mêmes quant à leur utilisation, ils ne savent pas comment tirer un bénéfice personnel de ces outils. Ces échanges de fin de séance amènent un autre constat : les professionnels sont loin d’avoir les réponses à toutes les requêtes des publics et n’ont pas le temps de les chercher immédiatement. Mais dans le même temps, les participants s’entraident spontanément, le partage d’expériences et des savoirs se fait à ce moment-là, où la parole est libre. De ces observations s’affinent progressivement les projets de services numériques de la médiathèque Aimé-Césaire. Ils intègrent des ateliers thématiques et d’accompagnement aux outils, en cohérence avec ceux de la médiathèque John-Lennon, une offre de jeux vidéo sur consoles dans une salle dédiée et sur ordinateurs dans l’espace numérique, et enfin un café numérique, rendez-vous mensuel du samedi matin consacré à ce besoin d’échange libre et de discussion.

Le café numérique, un rendez-vous convivial et collaboratif

4Le premier Café numérique est finalement programmé pour la rentrée scolaire 2015. Les mois précédents permettent au référent numérique de préparer ce rendez-vous qu’il va animer. Il réunit une sélection d’ouvrages didactiques très accessibles, constitue une « trousse à outils numériques » avec du hardware de base : clés USB, chargeurs de smartphone universels, câbles Ethernet, tablette, ordinateur portable… bien utile pour parer à toutes les situations à venir. Les équipes recrutent les premiers participants dans les ateliers informatiques classiques, parmi les publics de la médiathèque, font du « teasing » dès que l’occasion se présente. Le jour J, l’accueil se fait dans la salle d’atelier de la médiathèque, autour d’un petit déjeuner, la convivialité étant la pierre angulaire du rendez-vous. Seuls deux curieux se sont déplacés, mais les questions sont nombreuses et l’échange porte principalement sur l’utilisation du wifi sur différents appareils. Les cafés numériques suivants attirent un nombre de participants plus important. Ils sont actuellement une demi-douzaine en moyenne, en majorité des dames retraitées, uniquement des habitants du quartier, mais de milieux sociaux différents et avec des besoins variés. La dizaine de personnes reste une jauge limite à ne pas franchir, le petit comité favorise clairement les échanges et les discussions spontanées. Les séances ne sont pas thématisées, les participants viennent avec leurs interrogations personnelles, leur matériel défaillant si besoin. Les maîtres mots du café numérique sont la bienveillance, la collaboration et l’entraide. L’ambiance est décontractée, conviviale et bien éloignée de celle d’un « cours » classique. La pédagogie est partagée, on échange, on partage ses inquiétudes et on se rassure mutuellement. Chaque sujet en entraîne un autre et dès qu’une question est posée par un participant, le bibliothécaire aime à répondre : « Voyez-vous, moi non plus je ne connais pas la réponse. Mais ce que je sais, c’est que nous allons chercher ensemble. » La recherche collective, dans les fonds physiques ou sur Internet, est aussi l’occasion de faire feu de tout bois : conseiller un moteur de recherche, recommander des ressources et didacticiels de la médi@TIC, indiquer les meilleurs mots-clés pour une recherche efficace. L’objectif est d’accompagner au mieux les usagers pour qu’ils acquièrent suffisamment de compétences pour être autonomes dans leurs pratiques numériques courantes.

Des professionnels à impliquer

5À côté de ce travail en direction du public, le référent numérique de La Courneuve consacre un temps conséquent à former et accompagner ses collègues à l’utilisation des outils numériques et d’Internet, en binôme avec une bibliothécaire, autodidacte également. Car force est de constater que bon nombre d’agents, y compris celles et ceux qui ont un bagage universitaire, se retrouvent désemparés devant les nouvelles technologies qui évoluent à vitesse grand V et les demandes d’aide quotidiennes des usagers qui vont avec. Lors des sessions mensuelles de travail interne, qui durent entre vingt et quarante minutes, chacun vient avec ses interrogations, les retours d’expériences au service public qui ont soulevé des questions ou qui ont mis les professionnels en difficulté. Selon la teneur des échanges, les deux animateurs de séance produisent parfois des tutoriels partagés avec l’ensemble de l’équipe. L’agent référent propose également une aide individualisée à ses collègues, ponctuellement et sur des temps restreints. Seul à orchestrer le café numérique pour le moment, il compte sur l’efficacité de ces formations en interne pour pouvoir, très prochainement, le coanimer puis laisser la main à d’autres membres de son équipe, et pourquoi pas aux usagers eux-mêmes.

Paroles de participant(e)s

6Tan Nghiep, 72 ans, ingénieur à la retraite et habitant de La Courneuve

« J’ai connu le café numérique car j’emprunte des livres à la médiathèque, et les dames qui travaillent ici m’ont parlé de ce rendez-vous. Ça m’a intéressé. Ici, j’apprends plus de choses car il y a moins de monde qu’aux ateliers de Marcel Paul [le foyer logement pour personnes âgées autonomes de La Courneuve]. Ici j’arrive à poser toutes mes questions, et après on me répond, on m’aide toujours. Par exemple, pour Windows 10, on a cherché ensemble comment l’utiliser. Aujourd’hui j’ai posé des questions sur les SMS, mais ce n’est pas encore tout à fait ça, il me manque un peu d’infos… il faut dire que j’ai un téléphone spécial pour les personnes qui n’entendent pas. Alors c’est un peu particulier, c’est simplifié, mais je ne comprends pas encore tout. Pour les prochains ateliers il y a des thèmes qui m’intéressent. Par exemple le Cloud, j’en suis très curieux. Ce qui est sûr, c’est que moi, je trouve toujours un très grand intérêt à venir ici. »

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.