Gens d’armes “savoyards” guerroyant en Gascogne en 1338-1341 : des alliés du roi de France
p. 239-257
Texte intégral
1Les comptes du trésorier des guerres Barthélémy du Drach enregistrent parmi les paiements aux troupes opérant dans le Sud-Ouest face aux Anglo-Gascons en 1338-1341 ceux aux gens recrutés en Savoie, Dauphiné et Valentinois et combattant sous les ordres de Pierre de la Palu, du Galois de la Baume et de Louis de Poitiers : Gens d’armes de Savoie et de Viennois qui ont servi es parties de Langue d’oc sous le gouvernement de Monseigneur Pierre de la Palu, chevalier, sire de Barrembon, capitaine pour le roi nostre sire es dictes parties pour le siege de Puyguilhem1, etc. Ils se présentent là commodément groupés, mais sont aussi à chercher dans le détail d’autres compagnies, fin 13382. En ce sens, il s’agit d’un dossier documentaire “sur mesure” pour qui veut étudier des soudoyers étrangers, possibles candidats au titre de mercenaires.
2Pour chaque compagnie, les chefs de montre sont classés hiérarchiquement, des bannerets aux écuyers ; on note le nom du chef et le nombre d’hommes de chaque catégorie (écuyers, sergents, etc.) servant avec lui de telle date à telle date, les délais de route payés à l’aller et au retour, depuis quelle ville ou pays. Il peut avoir plusieurs alinéas pour un seul chef de montre, en fonction de la fluctuation des effectifs soldés. Les comptables ont dressé la somme par période, puis la somme générale brute et la somme nette, déduction faite des avances, pénalités et avec ajout des restors pour chevaux perdus, et ils ont enfin indiqué ce qui pouvait rester à payer. Ce compte minutieux donne peu de détails opérationnels. Tel n’était pas son objet.
3Il n’y a pas lieu ici de détailler l’offensive française sur la vallée de la Garonne à l’automne 1338 et ses péripéties jusqu’en 1341, très bien décrites par Jonathan Sumption3 et Franck Legrand4 : les principaux théâtres d’opérations se situent entre Agenais et Bordelais. Les troupes françaises opèrent sous la direction de lieutenants royaux, successivement Jean de Bohême, Jean de Marigny et Louis de Poitiers, le comte de Foix gardant une grande liberté pour guerroyer plus au sud ; le sénéchal Oliver de Ingham et le seigneur d’Albret mènent les Anglo-Gascons. Nous ne mentionnerons donc que quelques repères chronologiques pour les trois dossiers successifs correspondant aux deux compagnies de Pierre de la Palu (1339 et 1340) et à celle de Louis de Poitiers (1341). Les effectifs grimpent aux beaux jours pour fondre à l’automne. Leurs variations globales masquent des mouvements complexes.
4Jean de Bohême arrive à Marmande fin 1338 ; Louis de Poitiers, maréchal de l’ost l’y rejoint le 24 janvier 1339 ; Pierre de la Palu, sénéchal de Toulouse est aussi sur place. Une première montre avait eu lieu le 18 janvier devant le lieutenant des maréchaux. Le 27 mai, Jean de Marigny et Pierre de la Palu procèdent à de nouvelles retenues ; les troupes sont alors à La Réole5 et à Marmande6. Le congé général a lieu le 14 juillet à La Réole et Monségur-en-Bazadais7. Pierre de la Palu part temporairement vers la France du Nord et revient en Languedoc en septembre8. La compagnie du Galois de la Baume vient en renfort du 15 avril au 14 juillet 13399. Il est moins aisé de marquer les étapes essentielles au cours des deux années suivantes. En 1340, le pic des effectifs correspond à la campagne de Pierre de la Palu et de Païen de Mailly, de la mi-juillet à la mi-septembre du côté de Montréal10 et Condom11, les effectifs se fragmentent partiellement en petites garnisons12. Les troupes ont été recrutées entre surtout juin et fin août et licenciées en deux étapes, le 14 septembre et 21 octobre. L’année suivante, l’activité de la compagnie de Louis de Poitiers se situe essentiellement entre fin juin et le 14 octobre, les opérations en Agenais ont lieu après le 25 août13.
5Les seules informations nominales à tirer de cet ensemble ne concernent que quelque 350 chefs de montres, mais on peut reconstituer les variations d’effectifs en systématisant les données, et partiellement les phénomènes de relève. Il y a beaucoup d’indications sur la provenance des hommes. En revanche, on n’a aucune idée des pertes en opérations, sauf la mention d’un mort en décembre 133914 ; à prendre en considération les restors de montures, on peut supposer des pertes humaines conséquentes mais cette fâcheuse lacune ne présente pas d’inconvénient majeur ici.
Mercenaires et alliés
6Ces soudoyers recrutés dans des principautés extérieures au royaume de France sont-ils des mercenaires ? Assurément, il ne s’agit pas de “routiers” car les Savoyards ne combattent pas pour leur propre compte15 mais à solde du roi de France, ce qui ne suffit pas à en faire des “mercenaires”. Le mot n’existait pas alors dans l’acception actuelle ; il qualifiait en latin16 comme en moyen français des services (pas spécifiquement militaires) faits à la tâche et non au titre d’un office, et pour un salaire, par opposition à ceux faits à titre gracieux, les seconds étant valorisés par rapport aux premiers17. L’anathème porté par Latran III en 1179 contre ce type de combattants visait une énumération ne correspondant à aucun concept bien défini (“Brabançons, Aragonais, Basques, Coterelles, etc.”)18 ; “mercenaire” est pour l’histoire militaire de la fin du Moyen Âge un anachronisme linguistique mais le mot est-il pertinent sur le fond ? John France expose clairement dans l’introduction de Mercenaries and Paid Men que le mercenariat est d’usage courant dès le xie siècle et que, pour opérer une distinction pragmatique (à défaut de les définir) entre ces gens souvent désignés par leur origine géographique et les autres combattants, le plus souvent stipendiés eux-aussi, il suffit de prendre en considération leur absence de lien politique ou social avec ceux qui les emploient19.
7Le Premier protocole additionnel (8 juin 1977) de la Convention de Genève de 1949 (art. 47) fournit une définition pointilleuse de “mercenaire”20, que malgré son anachronisme, nous prendrons pour point de départ.
8“Le terme ‘mercenaire’ s’entend de toute personne :
qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ;
qui en fait prend une part directe aux hostilités ;
qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie ;
qui n’est ni ressortissant d’une Partie au conflit, ni résident du territoire contrôlé par une Partie au conflit ;
qui n’est pas membre des forces armées d’une Partie au conflit ; et
qui n’a pas été envoyée par un État autre qu’une Partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit État.”
9Les a, b, d conviennent ; il serait hasardeux de discuter du point c) dans le cas présent, e) ne fait pas sens, la notion de “forces armées” étant anachronique ; en revanche, il est clair que les gens de Savoie et du Dauphiné combattaient sous la bannière du roi de France aux termes d’une alliance. Au même moment, le comte de Savoie lui-même avait mené un contingent au service de Philippe VI sur le théâtre d’opérations nord.
10Les quelques nobles des pays de la Couronne d’Aragon ayant fait des offres de service en 1337 à Édouard III par le biais de son sénéchal de Gascogne, Oliver de Ingham, répondraient-ils mieux à ces critères ? Jofre V vicomte de Rocaberti avait pris contact avec Ingham ; l’affaire était remontée jusqu’au roi-duc qui fit envoyer le 1er juillet 1337 une lettre de remerciement au vicomte, l’encourageant à honorer sa promesse envers le sénéchal de Gascogne, qui n’avait peut-être pas osé l’accepter sans l’aval du roi ; quelques mots flatteurs de préambule mettaient en miroir la “conservation de l’honneur” d’Édouard III et l’augmentation de gloire et de profit du vicomte. Voluntarii, mot plutôt rare, rappellait que Jofre ne servirait pas par obligation, ces politesses donnaient un habillage courtois à ce qui aurait pu être un contrat d’embauche de mercenaire21. Un Aragonais, Ramón de Cornel, a reçu une lettre équivalente22. Ces démarches ne sont peut-être pas des initiatives purement individuelles, elles doivent avoir un rapport avec le pouvoir donné le 25 juin 1337 à Ingham pour négocier une alliance avec le seigneur de Vaud mais aussi avec Atho de Foces “baron d’Aragon” et les retenir à temps ou à vie contre un fief-rente23.
La course aux alliances à l’Est du Rhône et de la Saône
11Il n’y a pas eu d’alliance anglo-aragonaise à ce stade des préliminaires guerriers24 et, si des Catalano-Aragonais ont participé aux opérations, le rôle a été confidentiel. Mais ces tentatives s’inscrivent dans le cadre d’une course aux alliances où Édouard III et Philippe VI cherchent tous deux à puiser, entre autres, dans le vivier de recrutement de la Savoie et du Dauphiné. Les comtes de Savoie avaient eu par le passé un fief de bourse du roi d’Angleterre, ils étaient aussi les vassaux du roi de France pour la vicomté de Maulévrier25 et proches parents et alliés de nobles bourguignons, dont le seigneur de Beaujeu26. Le comte Aimé (que le conflit entre Philippe VI et Édouard III ne concernait pas directement) fit monter les enchères et convint d’offrir son soutien au roi de France contre un confortable fief-rente ; il devait amener 300 hommes d’armes pour un mois à la fin de l’été 1337 et se voir payer leur solde. Ce premier accord ne se concrétisa pas mais quelques Savoyards se joignirent à l’ost de Philippe VI en Picardie, pour leur propre compte : le Galois de la Baume, Guillaume de Fay, Pierre de la Palu, Girard et Hugues de Grantmont, Jehan de Longecombe. On les retrouve l’année suivante, en 1338-1339, en Languedoc27.
12Le roi de France a gagné la bataille diplomatique en ce qui concerne l’alliance savoyarde. Édouard III avait cherché des appuis dans le même secteur par le biais d’Hugues de Genève, seigneur d’Anton et Varey, devenu vassal du dauphin de Viennois. On ne sait qui l’a mis sur cette piste, peut-être Jean II de Grailly qui conservait des possessions ancestrales dans le pays de Gex28. La cible était, en théorie, bien trouvée car le seigneur de Varey avait été l’une des chevilles ouvrières de la coalition menée par le dauphin Guigues VIII de Viennois, le comte Amédée III de Genève et le comte de Valentinois contre le comte de Savoie et ses alliés bourguignons une douzaine d’années auparavant29, mais le comte de Genève avait trouvé, depuis, en 1329, un accord avec le comte de Savoie30, puis le Dauphin avait lui aussi esquissé un rapprochement et son successeur Humbert II avait dû traiter (1334-1337)31. Les trêves imposées par le roi de France y avaient concouru32 et, plus généralement, l’appesantissement de l’influence française contribuait à mettre Dauphinois et Savoyards dans le même camp, déjà peut-être lors de la bataille de Cassel33, alors que la tension n’était pas encore retombée, et plus efficacement après 133734.
Hugues de Genève et Pierre de la Palu
13Le sénéchal de Gascogne a traité avec Hugues de Genève par l’intermédiaire de son procureur Rodolphe de Hauteville, pour le retenir au service du roi d’Angleterre, en temps de guerre et de paix pour un fief-rente à vie de 50 marcs sterling par an35. Hauteville et Hugues de Genève doivent être à l’origine de la liste des seigneurs “savoyards” sollicités par le roi d’Angleterre : les comtes de Genève, Nidau, Aarberg, le fils du comte de Neuchâtel, les seigneurs de Blonay, Châtillon(-en-Michaille), Gex, l’Isle(-sur-le-Doubs), Menthon, Pesmes, La Sarraz, Thorens, Vaud, Villarzel, Vufflens, Gauthier et Philippe de Vienne, Pierre de Gruyère, ainsi qu’Amédée de Poitiers et le seigneur de Chalançon36. Il essayait de ressusciter en partie la coalition victorieuse à Varey en 1325 contre le comte de Savoie, mais la donne avait changé et pas seulement du côté du comte de Genève : Louis de Savoie, seigneur de Vaud était devenu un conseiller de Philippe VI37. Les manœuvres d’Édouard III échouèrent, le comte de Genève fit hommage à son tour à Philippe VI en mars 1338 et participa à l’ost de Buironfosse38. De toute façon, elles n’auraient pu, au mieux, que perturber le recrutement au profit du roi de France, sauf si Édouard III entendait employer ces gens en Flandre, car les personnages sollicités ne pouvaient se rendre facilement en Gascogne anglaise. Hugues de Genève, pour sa part, combattit en Thiérache et ne vint en Gascogne que début mars 1340, sans doute par mer, alors qu’il avait été nommé lieutenant du roi, ainsi que le seigneur d’Albret39.
14En face, les troupes savoyardes au service de Philippe VI se trouvent sous la direction d’abord du seigneur de Varambon40. Il appartient à une famille du Bugey vassale du comte de Savoie depuis la fin du xiiie siècle41. Il a été au service de Philippe VI entre autres comme sénéchal de Carcassonne42 puis de Toulouse43. L’autre chef venu du même secteur est Étienne le Galois de la Baume, seigneur bressan qui figure parmi les commissaires chargés de saisir le duché d’Aquitaine en 133744. Vieil adversaire d’Hugues de Genève depuis au moins 1325, il avait servi le comte de Genève comme bailli de Genève45 avant de devenir un conseiller du comte de Savoie. Il avait pris contact avec la cour de France en 1335 et avait été retenu par le duc de Bourbon ; puis devenu grand Maître des Arbalétriers46, il avait rejoint Pierre de la Palu en 1339, mais il avait déjà mené l’offensive en Agenais comme capitaine général en 133847. À l’automne 1339, on le retrouve dans l’ost de Buironfosse à nouveau face à Hugues de Genève ; les deux hommes auraient échangé des lettres pour déterminer le lieu de l’affrontement48. Le troisième chef militaire de même profil à provenir de ces parages est Louis de Poitiers, nouveau comte de Valentinois49.
15Tous ces personnages sont au service du roi de France dans le cadre d’une alliance et, à ce titre, ne correspondent qu’assez mal à la définition des mercenaires prise comme point de départ, elle s’applique un peu moins mal à Hugues de Genève.
Quelques vrais mercenaires
16Les seuls à entrer vraiment dans la catégorie des mercenaires sont les mineurs et ingénieurs allemands intégrés dans la retenue du Galois de la Baume. Ces spécialistes venus de loin, avec un délai de route de 20 jours, sont très bien payés : Renaut de Fribourg touche 10 sous par jour, les 3 autres maîtres de son équipe 3 sous 3 deniers ; eux et leurs valets perçoivent en plus une allocation en vêtements. Les maîtres des engins, Garnier et Henri, et leur valet touchent à eux tous la somme de 16,5 sous par jour50. Leur homologue dans la compagnie de Pierre de la Palu devait se contenter avec son valet de 4 sous par jour51, celui de Louis de Poitiers et son aide de 7 sous52. Maître Renaut est aussi bien payé qu’un chevalier, Garnier et Henri à peu près comme des écuyers, ces derniers touchant une solde de journalière de 6,5 sous s’ils ont une monture de plus de 25 livres53 et les autres montés à “moindre prix” seulement 5 sous54. Le chirurgien Pierre de Genevre est payé comme un écuyer55. Les sergents à pied n’ont droit qu’à 1 sou par jour56, les charpentiers en perçoivent 2 à 457. La solde, comme toujours, résulte du statut social, de l’équipement et de la compétence.
17Les Génois recrutés entrent aussi dans la catégorie des mercenaires. Dans la seconde compagnie de Pierre de la Palu, on relève deux retenues :
Jehan Picalcan, connétable de 33 sergents à pied payés 100 sous par mois, Picalcan touchant le double58 ;
Pascalin Chore, capitaine de 25 à 45 arbalétriers et pavesiers payés 110 à 120 sous par mois, Chore touchant 220 sous59.
18La solde des arbalétriers génois surclasse celle de leurs homologues du royaume intégrés dans la compagnie du Galois de la Baume, gagés 15 deniers par jour60.
Des gens d’armes venus surtout de Savoie
19Est-ce à dire que l’attrait des soldes n’a pas joué pour les nobles de Savoie, Bresse, Dauphiné ? Pierre de la Palu n’aligne que des écuyers correctement montés, mais d’autres bannerets montrent des troupes moins présentables. Hugues seigneur de Grantmont arrive de Savoie le 11 décembre 1338, avec 5 écuyers dont deux montés “à moindre de prix”, et deux ménestrels à cheval, ensuite il n’a avec lui que des écuyers à la monture convenable ; en revanche, Loys de la Palu qui commence avec des écuyers de première catégorie en janvier 1339 finit en juillet-juillet avec 28 écuyers de second ordre61. Il y a en permanence une petite minorité de gens mal montés. De piteux combattants de statut incertain complètent le lot : sept gentilshommes à doubles gages de sergents de la retenue de Jehan de Lodene62 ou des gentilshommes sergents de pied à doubles gages de Pierre de Genevre63. Cette plèbe nobiliaire venue à pied ou à dos de mule devait courir après le moindre denier ; la perte ou le mauvais état d’un cheval impossible à remplacer maintenait les moins aisés dans un état incertain.
20Les hommes recrutés arrivent surtout des domaines du comte de Savoie à voir les indications sur l’endroit d’où viennent environ 70 % des chefs de montre. Nous avons reporté sur la même carte les secteurs où Édouard III avait fait solliciter des nobles. Les tentatives d’Hugues de Genève n’ont bloqué le recrutement au profit de Philippe VI ni dans l’ouest de la zone helvétique ni dans les territoires ciblés plus au sud. Les vassaux du comte de Genève n’ont pas boudé l’ost du roi de France, ses alliés plus à l’est et au nord n’ont pas bougé mais peut-être le comte de Savoie ne leur avait-il rien demandé car ils étaient bien loin. De même les Piémontais brillaient-ils par leur absence64. Par “Savoie” il faut entendre ici aussi bien la principauté savoyarde que la “Savoie” stricto sensu65 ; dans beaucoup de cas, il a été possible néanmoins d’individualiser des éléments périphériques de la principauté ou de la zone d’influence des comtes : comtés helvétiques, Bresse et pays voisins, Franche-Comté, Lyonnais. Dans la seconde compagnie de Pierre de la Palu, la provenance la plus fréquente n’est autre que Chambéry, ce qui laisse supposer que la cour comtale a été un point de rassemblement. Les hommes issus du Dauphiné et du Valentinois ne seraient pas très nombreux. Ce comptage ne représente jamais qu’une approximation et ne porte que sur les chefs de montre, or une partie des écuyers pouvaient venir d’un autre endroit que leur chef66.
Tableau 1. Récapitulatif des provenances indiquées.
1. Galois de la Baume | 2. Pierre de la Palu 1339 | 3. Pierre de la Palu 1340 | 4. Louis de Poitiers | total | |
Savoie | 8 | 33 | 23 | 2 | 66 |
Chambéry | 10 | 9 | 58 | 1 | 78 |
Genève Chablais Lausanne | 5 | 19 | 7 | 3 | 34 |
Bresse Bugey Villars Lyonnais | 4 | 8 | 5 | 6 | 23 |
Bourgogne comtale et diocèse de Besançon | 6 | 12 | 4 | 3 | 25 |
Grenoble-Grésivaudan-Viennois | 1 | 6 | 5 | 12 | |
Valentinois-Comtat | 4 | 4 | |||
Auvergne Bourbonnais Mâconnais | 2 | 2 | 6 | 1 | 11 |
Languedoc | 1 | 1 | 2 | ||
Gênes | 1 | 3 | 4 | ||
Allemagne | 2 | 2 |
21Les compagnies du Galois de la Baume et de Pierre de la Palu sont “savoyardes” à plus de 80 %, avec une poignée de Dauphinois pour le second ; l’élément “savoyard” lato sensu reste prédominant même dans la compagnie de Louis de Poitiers.
Les zones de recrutement

Intégration dans le dispositif français
22Ces “Savoyards” se distinguent du reste de l’ost par la présence de ménestrels à cheval dans la retenue des bannerets. Pierre de la Palu en aligne quatre lorsqu’il montre ses 21 écuyers le 18 janvier 1339, mais il n’en a plus que deux lors de sa retenue le 28 mai suivant67 ; de moindres bannerets, Hugues seigneur de Grantmont et Loys de la Palu, arrivés avec un ou des ménestrels à cheval, n’en n’ont alors plus du tout mais, pour une raison inconnue, Aymonnet de Pontboire, écuyer à la tête de 20 autres (dont quatre montés à moindre de prix !) arrive à faire retenir ses deux ménestrels68. Le Galois de la Baume, banneret et chef de compagnie, a aussi droit à deux ménestrels69. La seconde compagnie de Pierre de la Palu ne comptant que deux bannerets, la question se pose moins, mais le chef de compagnie a quatre ménestrels et l’autre banneret, Pierre de la Sale, aucun mais il touche “pour sa bannière” une allocation journalière de 10 sous correspondant aux gages de deux ménestrels à cheval70. Louis de Poitiers a pu montrer 5 ménestrels et un de ses bannerets un autre71.
23À ce détail près, les gens d’armes de Savoie sont traités comme les régnicoles. Certains, avant de faire partie d’une compagnie spécifique, ont appartenu à celle de Jean de Bohême à l’automne 1338 : Louis de Poitiers et Jehan de Mor, parmi les bannerets, Huguenin Morel parmi les bacheliers72, sans être signalés alors comme “Savoyards”. On retrouve plus tard des cas analogues : en 1346, Henri, comte de Montbéliard dans l’ost de Compiègne73 ; en 1355, le banneret Richard de la Croix, du comté de Savoie, dans la bataille du roi et, parmi les 225 écuyers chefs de montre de la bataille des maréchaux, au moins 46 Savoyards, 10 de la comté de Bourgogne et 4 “Allemands”74.
24Louis de Poitiers comme maréchal de l’ost fin 1338, le Galois de la Baume, comme maître des arbalétriers, et Pierre de la Palu, comme capitaine général et sénéchal de Toulouse, ont des responsabilités de premier plan dans le dispositif militaire français en Languedoc.
Présence de régnicoles dans leurs montres
25En fait, une partie de ces nobles de Savoie ou du Dauphiné n’ont rien de véritables “étrangers” dans le royaume de France. Le soin des comtes de Savoie à bien baliser les “frontières” de leur principauté très composite75 n’a en aucun cas mis fin aux interférences patrimoniales entre les deux rives de la Saône : les Beaujeu par exemple ont des possessions “à part d’Empire”, en Bresse76. Ils sont impliqués dans toutes les luttes d’influence dans ce secteur. Les ducs de Bourgogne et de Bourbon s’y intéressent aussi de près77. Il ne faut donc pas s’étonner de voir des Bourguignons78 ou des gens du Bourbonnais79 avec des chefs de montre “savoyards”, ou, si l’on considère les territoires plus au sud, un écuyer du diocèse d’Uzès avec Hugues de Tournon dans la compagnie de Louis de Poitiers80.
26La présence d’un seigneur auvergnat, Maurin III de Mardogne, seigneur de Bréon, est plus remarquable ; il appartient à une famille de châtelains du haut pays81 ; dans la décennie suivante, il a des difficultés financières82, peut-être se profilent-elles déjà et a-t-il besoin de gages de guerre. On ne lui connaît de liens ni familiaux ni patrimoniaux dans la principauté savoyarde, nous ne savons donc pas ce qui peut l’amener à combattre avec des Savoyards sous la conduite de Pierre de la Palu. Le fait que Mathilde d’Auvergne, fille du comte de Boulogne et d’Auvergne ait épousé le comte de Genève en 1334, a priori, ne devait pas avoir une énorme importance pour ce vassal du dauphin d’Auvergne. La compagnie de Pierre de la Palu comportait aussi sept écuyers auvergnats repartis en mai 1339 pour Saint-Pourçain83, dans la montre de Jehan de Montmorillon84. On repère aussi Arnaudon d’Espars venu et reparti du Puy-en-Velay85 avec 10 écuyers dans la compagnie de Louis de Poitiers86. L’intégration de Gilet de Malins, châtelain de la garnison de Leucate, avec deux écuyers à la seconde compagnie de Pierre de la Palu doit procéder d’ordres et non de relations personnelles87.
27Pierre de la Palu, le Galois de la Baume et Louis de Poitiers ont donc eu dans leur compagnie, quelques chefs de montre et probablement aussi de simples hommes d’armes régnicoles. Ils ont pu également avoir sous leurs ordres de la piétaille levée dans le royaume. De nombreux sergents à pied ont temporairement gonflé les effectifs de petites retenues. Lorsqu’Hugues de Grantmont arrive à Marmande le 11 décembre 1338, il montre cinq écuyers, le nombre passe à 42 (ménestrels compris) le 26 janvier 1339, le 16 mars s’y ajoutent 34 sergents, la montre est prolongée jusqu’au 14 juillet avec 52 hommes qui voient leur retour payé jusqu’en Savoie88. Il n’est jamais question de frais de retour pour les sergents. Il en va de même pour les sergents venus grossir les montres d’Amieu de Bérieu89 ou de Pierre de la Sale90 ; dans d’autres cas, l’absence de paiement pour le retour, tant pour les écuyers que pour les sergents, interdit de conclure91. Seul Loys de la Palu montre des sergents et des arbalétriers auxquels sont consentis des frais de retour avec les écuyers, après le 14 juillet 133992. Les sergents compris dans les montres des bannerets et chevaliers de la seconde compagne de Pierre de la Palu, parfois pour plus de 150-160 jours, ne bénéficient jamais de journées payées pour rentrer chez eux, au contraire des écuyers93. Beaucoup de Savoyards ont empoché des “venues et retours” en Languedoc ou à Cambrai en 1340, comme s’ils étaient des sujets du roi94, pour des délais allant de 8 à 16 jours, mais uniquement les hommes d’armes. S’il y a eu un apport de sergents venus du Dauphiné ou de la Savoie, il paraît réduit. La plupart des piétons intégrés aux montres semblent plutôt de recrutement local, sans doute des hommes de l’Agenais, du Toulousain ou du Condomois, réquisitionnés pour verrouiller les places assiégées, leur peu d’équipement et d’entraînement ne permettant pas d’en demander plus. Leur médiocre solde sans “venues et retours” ne valait pas un long voyage.
28Les troupes “savoyardes” n’ont donc rien d’un véritable corps étranger combattant entre soi. Leurs caractéristiques les rendent aussi très semblables aux gens de guerre du royaume.
Des alliés semblables aux gens du royaume
Des montres de dimensions restreintes
29Les quelque 350 chefs de montre groupent en général peu d’hommes à l’exception de quelques bannerets et bacheliers.
30En 1339-1340, plus de la moitié des gens d’armes “savoyards” sont compris dans des montres de 3 combattants au plus, seuls 10-15 % appartiennent à des groupes de plus de 10 hommes. Payer de telles micro-unités est l’exercice courant des clercs du trésorier des guerres ; quinze ans plus tard, la situation n’a pas vraiment changé95, en dépit de la prime allouée en 1355 aux chefs de montre ayant au moins 25 hommes96. Dans la première compagnie de Pierre de la Palu, sur les 130 chefs de montre, 24 portent le même patronyme qu’un autre97 et 6 le même que deux autres98. Pierre et Ymbert de la Sale sont cités nommément tous deux ensemble99, de même Huguenin de Marsay, Guichard de Salarnay, Pierre de Marzi et Guichard de Bernois100. Fierté d’être chef de montre, farouche indépendance de frères ou de cousins arrivés le même jour comme les Chandée, occasion de grappiller quelques deniers aux dépens des soudoyers que l’on a amenés101 ? Autour des 20 à 50 hommes d’armes des bannerets gravite une poussière de petits groupes. Ces caractéristiques se retrouvent dans la seconde compagnie de Pierre de la Palu et dans celle du Galois de la Baume.
31Quelques détails dans la seconde compagnie de Pierre de la Palu suggèrent néanmoins que les très petites montres ont une cohésion familiale : lorsqu’Huguenin la Sieure tombe devant Caumont le 20 décembre 1339, son frère Robert était peut-être parmi les deux écuyers qui l’accompagnaient ; en tout cas, il prend la suite un mois plus tard102. Hugonnet de Coumiers vient en avril 1340 se joindre à la retenue de Guillaume de Coumiers, seigneur de Tournebois, gagée depuis déjà 3 mois, mais leur parent Hugues de Coumiers, seigneur de Croilly qui arrive du Dauphiné fin juillet avec deux écuyers reste compté à part103. On reconnaît là les petits groupes qui suivent le pennon d’un seigneur sans grande fortune104.
32À la fin de l’été 1340, il y a peut-être eu un modeste effort pour regrouper des montres dans la seconde compagnie de Pierre de la Palu. Regnaut de Saint-Soupplis105 qui, simple bachelier à la tête de quatre écuyers, a accompagné Pierre de la Palu dans la France du Nord à la fin de l’été 1339, se retrouve un an plus tard, le 14 septembre 1340, retenu à bannière par son chef et l’archevêque d’Auch ; son groupe passe alors de 5 à 58 hommes, entre autres par l’arrivée de 7 écuyers venus de Savoie mais aussi en absorbant la montre du seigneur de Tournebois106 ; de même, Pierre de la Balme va-t-il faire nombre sous les ordres de Louis de Poitiers, maréchal de l’ost107. Le même jour, Amieu de la Balme devient lui aussi banneret et se trouve à la tête de combattants plus nombreux, de même trois écuyers, Amblard de Fourmentes (Fromentes), Ymbert, bâtard de la Palu, et François de Grantmont promus écuyers bannerets108. La montre de Robert la Sieure s’agrège à celle d’Ymbert de la Palu109. Il est très possible que des groupements plus importants se constituent en absorbant de petits groupes qui ne sont plus soldés au-delà du 14 septembre 1340, sans que cela ait été noté systématiquement. D’emblée, la compagnie de Louis de Poitiers comporte ainsi un noyau d’unités plus conséquentes.
Intermittents de la guerre
33Au début de la formation d’une compagnie, les gens d’armes arrivent par petits paquets au fil de l’hiver et du printemps110 ; seul le groupe du Galois de la Baume n’a pas connu une phase de démarrage lent, il est resté à un effectif minimal avant d’atteindre rapidement son niveau opérationnel (graphique 1).
Graphique 1. Effectifs totaux d’hommes d’armes 1338-1339.

34La plupart de ces gens d’armes n’ont rien de professionnels de la guerre, ils servent généralement une courte période. Nous avons encore ici retenu l’exemple de la première compagnie de Pierre de la Palu. Les 130 chefs de montre sont soldés une moyenne de 104 jours, plus élevée pour les bannerets et chevaliers (142 jours) que pour les écuyers (100 jours). Le 27 mai, les effectifs ont été réduits de moitié, le nouveau lieutenant du roi, Jean de Marigny procédant à une nouvelle retenue, jusqu’au congé général. Cela a été l’occasion d’une relève partielle car 13 chefs de montres (peu considérables) arrivent entre le 20 et le 27 mai, alors que 63 partent le 27 mai.
35Les groupes les plus étoffés et qui franchissent le mieux le cap du 27 mai, ceux de bannerets, présentent des cas très variables. Avec Pierre de la Palu, Hugues de Grantmont et Loys de la Palu111, il n’y a le 27 mai ni variation notable d’effectifs ni indication de retours et d’arrivées ; un seul des écuyers de Maurin de Mardoigne repart vers l’Auvergne le 27 mai, la concordance exacte des chiffres avant et après le 27 mai laisserait supposer que les 17 autres restent jusqu’au 14 juillet112. Chez Guillaume de Varey, en revanche, il semble bien que 54 écuyers partent et que 33 arrivent113, mais ce groupe a peut-être durement pâti des opérations car il a perdu le nombre considérable de 19 chevaux. Chez Girard de Grantmont qui n’a perdu qu’un cheval, 8 des 38 écuyers repartent le 27 mai, tandis que 44 des 48 retenus le 27 mai arrivent juste de Savoie, peut-être 4 ayant servi au cours de la première période sont-ils restés et 26 semblent congédiés sans frais de retour, ce qui laisse dans l’incertitude, sur leur origine114 ? Hugues de Cousen et Jehan de Mor, étaient repartis avec leurs hommes, bien avant le 27 mai115. On pourrait multiplier les observations analogues avec les huit montres des chevaliers116. La réduction des effectifs à la fin mai a été l’occasion d’une relève partielle.
36Les autres compagnies ne connaissent pas un séquençage chronologique aussi clair, mais il y a eu aussi un renouvellement constant des gens d’armes. 80 % des gens de Louis de Poitiers étaient là depuis moins de deux mois le 25 août (beaucoup étaient arrivés début juillet), mais lors du congé général du 21 octobre, 70 % s’étaient joints à la compagnie avant le mois de juin, car le congé général a été précédé d’un resserrement des effectifs, en ne gardant peut-être que les meilleurs éléments (graphique 2).
Graphique 2. Louis de Poitiers, effectifs novembre 1340-novembre 1341.

Quelques parcours
3716 chefs de montre servent dans deux compagnies successives, le plus souvent après une interruption de plusieurs mois, Guillaume de la Balme figure même dans trois compagnies car en juillet 1341, il est repris sous les ordres de Barthélémy de la Balme. Guionnet de Bayo, Estienne de Beaufort, Guillaume de la Gellière et Regnaut de Longecombe servent de façon continue en 1339 mais pour des périodes de moins de six mois. Même pour ces hommes, la guerre reste une activité intermittente, le plus souvent limitée à quelques mois de la belle saison. Estienne de Fourmentes et Guichard de Marsonne, qui deviennent bannerets peut-être pour des raisons de rang social, servent de façon discontinue quoique parfois longue ; en revanche, Regnaut de Saint-Soupplis, qui accède aussi à ce titre, a une activité militaire presque ininterrompue sur plus d’un an et demi. Quelques itinéraires individuels esquissent la lente transformation d’une partie de nobles en soldats professionnels mais grosso modo, on retrouve chez les alliés savoyards du roi de France le même constant flux de renouvellement des hommes au sein des compagnies117.
Conclusion
38Les nobles savoyards venus combattre en Languedoc ont gagné des gages dont le solde leur parfois été payé avec un grand retard (en 1343) par le trésor à Paris ou les caisses du bailliage de Mâcon118. Le roi de France a étoffé ses effectifs, mais en devant indemniser de longs délais de route, et les troupes savoyardes n’ont pas un équipement de premier ordre, à voir le nombre d’écuyers pourvus de piètres montures. Les hommes d’armes savoyards sont le même genre de guerriers “amateurs” que les régnicoles, arrivant par très petites unités et sans trop se soucier de la date exacte prévue pour le rassemblement. Ils servent à faire nombre. Les pics d’effectifs de la première compagnie de Pierre de la Palu (cumulée avec celle du Galois de la Baume) (mai-juin 1339), puis de la seconde compagnie de Pierre de la Palu (septembre octobre 1340) et de Louis de Poitiers (août septembre 1341) coïncident avec ceux des effectifs totaux engagés en Gascogne, tels que Philippe Contamine les a calculés119 ; ces compagnies constituent environ 25 % des hommes d’armes dans le premier cas, à peu près 15 % dans les deux autres. L’apport n’est pas négligeable. Les effectifs culminent sur le terrain d’opérations sud, en 1340, à quelque 870-880 hommes d’armes, en même temps que le comte de Savoie et celui de Genève font campagne dans l’ost royal au nord en 1340 de juin à octobre, avec environ 45-50 chevaliers et 780 écuyers120.
39Leur rassemblement en compagnies de provenance assez homogène offre l’avantage d’une relative unité linguistique. On ne sait comment les quelques Auvergnats et Bisontins pouvaient s’entendre avec des gens parlant franco-provençal, le document ne nous donne à voir que les unités administratives, jamais les groupements tactiques. Les comptes de Barthélémy du Drach, conservés pour l’ost d’Amiens et de Saint-Omer (1355), n’offrent pas le même niveau de détail que ceux de 1338-1341 mais on repère parmi les 225 chefs de très petites montres rassemblés dans la bataille des maréchaux, quelque 46 écuyers savoyards dont un Felinge (Fillinges, Félins ?) et un Saint-Soupplis121 ; les hommes d’armes savoyards, de même que ceux de Franche-Comté amenés par le comte lui-même et montrés à Mâcon122 sont toujours nombreux à venir servir le roi de France aux côtés de ses sujets, et ils finissent cette fois par se trouver mêlés dans une unité tactique à des écuyers du Bassin parisien. Ces alliés n’entrent pas vraiment dans la catégorie des mercenaires, ce ne sont pas même des professionnels de la guerre, mais un appoint ayant les mêmes caractères que les hommes d‘armes du royaume et traité sur le même pied, sans aucune forme de négociation contractuelle des gages et sans toujours être groupés dans des compagnies spécifiques. La gestion comptable de ce flot incohérent s’avère d’une précision redoutable mais la capacité à y former des unités tactiques efficaces et disciplinées certainement bien moindre.
Tableau 2. En grisé : service sans interruption. Nom en gras : promu chevalier.
P. de la Palu | Galois de la Baume | P. de la Palu | L. de Poitiers | Effectif | Début | Fin | Début | Fin | Interruption | ||
1 | 2 | L | min. | max | 1 | 1 | 2 | 2 | mois | ||
Nb. de jours de service | |||||||||||
Anisy, Hugonnet de | 86 | 114 | 3 | 4 | 27/10/1338 | 25/01/1339 | 1/08/1340 | 14/09/1340 | 19 | ||
Balme, Guillaume de la | 88 | 125 | 6 | 10 | 17/04/1339 | 14/07/1339 | 21/11/1340 | 15/12/1340 | 16 | ||
Balme, Pierre de la | 122 | 134 | 1 | 3 | 04/08/1340 | 14/09/1340 | 16/05/1341 | 14/10/1341 | 20 | ||
Bayo, de Guionnet | 60 | 83 |
|
| 3 | 3 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Beaufort, Estienne de | 51 | 77 |
|
| 10 | 10 | 07/04/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Componnay, Henri de | 59 | 109 | 2 | 4 | 14/02/1339 | 27/05/1339 | 01/06/1340 | 14/09/1340 | 12 | ||
La Sieure, Huguenin | 65 | 115 | 3 | 4 | 20/01/1339 | 14/07/1339 | 12/09/1339 | 20/12/1339 | 2 | ||
Fourmente, Estienne de | 48-49 | 129 | 8 | 122 | 23/01/1339 | 14/07/1339 | 29/06/1341 | 14/11/1341 | 24 | ||
Gellière, Guillaume de la | 60 | 84 |
|
| 2 | 2 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Grantmont, de François | 68 | 94 | 8 | 60 | 25/01/1339 | 27/05/1339 | 27/07/1340 | 21/10/1340 | 14 | ||
Langes, Jehan de | 72 | 122 | 1 | 2 | 12/01/1339 | 27/05/1339 | 17/05/1340 | 25/08/1340 | 12 | ||
Longecombe, Jeagn de ? | 87 | 111 | 2 | 5 | 10/04/1339 | 01/06/1339 | 13/03/1340 | 14/09/1340 | 11 | ||
Longecombe, Regnaut de | 71 |
| 97 |
| 3 | 5 | 28/05/1339 | 14/07/1339 | 15/07/1339 | 14/09/1340 |
|
Marsonne, Guichard de | 64 | 114 | 3 | 11 | 06/06/1339 | 14/07/1339 | 10/03/1340 | 14/09/1340 | 9 | ||
Moisseges, Mermet de | 60 | 116 | 1 | 1 | 20/02/1339 | 27/05/1339 | 31/03/1340 | 14/09/1340 | 10 | ||
Montdidier, Pierre de | 102 | 136 | 1 | 3 | 25/09/1339 | 14/09/1340 | 30/06/1341 | 05/10/1341 | 9,5 | ||
Montjouet, Pierre de | 45 |
| 117 |
| 3 | 9 | 24/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/09/1340 |
|
Saint-Souplis, Regnaut de | 63 | 92-93 | 5 | 67 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 15/07/1339 | 21/10/1340 | 1,5 | ||
Savoie, Jehan de | 119 | 137 | 1 | 1 | 14/08/1339 | 14/09/1340 | 26/01/1341 | 05/10/1341 | 4,5 | ||
P. de la Palu | Galois de la Baume | P. de la Palu | L. de Poitiers | Effectif | Début | Fin | Début | Fin | Interruption | ||
1 | 2 | L | min. | max | 1 | 1 | 2 | 2 | mois | ||
Nb. de jours de service | |||||||||||
Anisy, Hugonnet de | 86 | 114 | 3 | 4 | 27/10/1338 | 25/01/1339 | 1/08/1340 | 14/09/1340 | 19 | ||
Balme, Guillaume de la | 88 | 125 | 6 | 10 | 17/04/1339 | 14/07/1339 | 21/11/1340 | 15/12/1340 | 16 | ||
Balme, Pierre de la | 122 | 134 | 1 | 3 | 04/08/1340 | 14/09/1340 | 16/05/1341 | 14/10/1341 | 20 | ||
Bayo, de Guionnet | 60 | 83 |
|
| 3 | 3 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Beaufort, Estienne de | 51 | 77 |
|
| 10 | 10 | 07/04/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Componnay, Henri de | 59 | 109 | 2 | 4 | 14/02/1339 | 27/05/1339 | 01/06/1340 | 14/09/1340 | 12 | ||
La Sieure, Huguenin | 65 | 115 | 3 | 4 | 20/01/1339 | 14/07/1339 | 12/09/1339 | 20/12/1339 | 2 | ||
Fourmente, Estienne de | 48-49 | 129 | 8 | 122 | 23/01/1339 | 14/07/1339 | 29/06/1341 | 14/11/1341 | 24 | ||
Gellière, Guillaume de la | 60 | 84 |
|
| 2 | 2 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/07/1339 |
|
Grantmont, de François | 68 | 94 | 8 | 60 | 25/01/1339 | 27/05/1339 | 27/07/1340 | 21/10/1340 | 14 | ||
Langes, Jehan de | 72 | 122 | 1 | 2 | 12/01/1339 | 27/05/1339 | 17/05/1340 | 25/08/1340 | 12 | ||
Longecombe, Jeagn de ? | 87 | 111 | 2 | 5 | 10/04/1339 | 01/06/1339 | 13/03/1340 | 14/09/1340 | 11 | ||
Longecombe, Regnaut de | 71 |
| 97 |
| 3 | 5 | 28/05/1339 | 14/07/1339 | 15/07/1339 | 14/09/1340 |
|
Marsonne, Guichard de | 64 | 114 | 3 | 11 | 06/06/1339 | 14/07/1339 | 10/03/1340 | 14/09/1340 | 9 | ||
Moisseges, Mermet de | 60 | 116 | 1 | 1 | 20/02/1339 | 27/05/1339 | 31/03/1340 | 14/09/1340 | 10 | ||
Montdidier, Pierre de | 102 | 136 | 1 | 3 | 25/09/1339 | 14/09/1340 | 30/06/1341 | 05/10/1341 | 9,5 | ||
Montjouet, Pierre de | 45 |
| 117 |
| 3 | 9 | 24/01/1339 | 27/05/1339 | 28/05/1339 | 14/09/1340 |
|
Saint-Souplis, Regnaut de | 63 | 92-93 | 5 | 67 | 23/01/1339 | 27/05/1339 | 15/07/1339 | 21/10/1340 | 1,5 | ||
Savoie, Jehan de | 119 | 137 | 1 | 1 | 14/08/1339 | 14/09/1340 | 26/01/1341 | 05/10/1341 | 4,5 |
Notes de bas de page
1 BnF, NAF 9236, p. 7.
2 Par exemple Jehan de Mor, servant directement sous les ordres de Jean de Bohême, p. 29.
3 Sumption 1999, 255-260, 272‑276, 329‑338.
4 Legrand 2008, 529-561.
5 Gironde, ch.-l. de con.
6 Lot-et-Garonne, ch.-l. de con.
7 Gironde, ch.-l. de con.
8 BnF, NAF 9236, p. 37-72.
9 Ibid., p. 74-88.
10 Gers, ch.-l. de con.
11 Gers, ch.-l. de con.
12 Par ex. Jehan Jacques devient capitaine de Blasimon (Gironde, con de Sauveterre-de-Guyenne) avec 5 écuyers et 20 sergents jusque mi juillet puis, en octobre, d’une place en Agenais, ibid., p. 115-116.
13 Ibid., p. 128-137.
14 Ibid., p. 115.
15 Sur les routiers voir le premier chapitre de Medieval Mercenaries, consacré aux grandes compagnies, contingents de soldats professionnels combattant pour leur propre compte lorsqu’ils ne trouvent pas à se faire embaucher par un prince Fowler 2001.
16 France 2008.
17 http://www.cnrtl.fr/definition/dmf/mercenaire. Mercenier, mercier, mercadier (tous dérivé de merx, mercis) en ancien français (http://micmap.org/dicfro/search/lexique-godefroy/mercenaire) n’ont pas de connotation militaire.
18 Foreville 1965, 223.
19 France 2008, 5-6.
20 http://www.icrc.org/dih/WebART/470-750057?OpenDocument.
21 […] gratam benivolentiam quam ad nos et nostri conservationem honoris accepimus vos habere plenis prosequimur actionibus gratiarum, voluntarii perficere que vestrorum honoris et profectuum concernere poterunt incrementa velitis […], TNA, C 61/48 fol. 12v, acte 397. Pour les rôles gascons cités (TNA C 61), voir http://www.gasconrolls.org/fr/.
22 C 61/48 mbr. 12v, n° 398.
23 Pouvoir pour négocier super confederatione et alligancia ac mora sua nobiscum ad terminum vite vel annorum et ad conveniendum cum eis de certis feodis, C 61/48 mbr. 22r, acte 283.
24 Russell 1955, 6.
25 Cordey 1911, 40‑44, 288-289.
26 Demotz 2000, 467.
27 Cordey 1911, 44‑48.
28 Mais les liens s’étaient certainement distendus par rapport à l’époque de Jean I de Grailly, Buathier 1995, 40‑41.
29 Varey, cne de Saint-Jean-le-Vieux, Ain, con de Pont-d’Ain. Duparc 1955, 263‑266.
30 Duparc 1955, 270‑272.
31 Cordey 1911, 15‑18. Demotz 2000, 55. Lemonde 2005, 193‑194. Kersuzan 2005, 65‑85, 90, 104.
32 Avec un succès mitigé, Kersuzan 2005, 74‑75.
33 Duparc 1955, 277.
34 Cordey 1911, 29‑39. Demotz 2000, 45-46. Sur l’influence française en Dauphiné dès avant l’achat de cette principauté, voir Lemonde 2007, 66-73.
35 TNA C 61/49, mbr. 19r, n° 281, endenture ensuite confirmée par Édouard III le 25 juin 1337. Quittance sous le sceau de Rodolphe de Hauteville pour un paiement de 1000 marcs sur les coutumes de la laine en Angleterre, TNA E 101/43/130 (21 mars 1338).
36 TNA C 61/49 mbr. 19v, n° 291-294. Nous remercions Guilhem Pépin pour l’identification de ces personnages.
37 Cordey 1911, 45 n. 2 et 3.
38 Duparc 1955, 278‑280.
39 Sumption 1999, 332-333. Lieutenance de Genève : avant 3 janvier 1340-février 1343.
40 Ain, con de Pont-d’Ain.
41 Kersuzan 2005, 34. Demotz 1973, 103‑104.
42 GR 1, 536.
43 Avant octobre 1338-octobre 1342. GR 1, 477 n° 21389.
44 HGL 9, 490 n. 1.
45 Duparc 1955, 266, 476‑477 note 5.
46 Notice sur lui dans Guichenon 1650, 16‑18.
47 HGL 9, 498, 502 ; Sumption 1999, 223‑224.
48 Déprez 1902, 264‑265. Duparc 1955, 279 n. 3.
49 Chevalier 1897, 303, 304, 314‑315, 320‑321.
50 Probablement Fribourg en Brisgau. BnF, NAF 9236, p. 88.
51 Ibid., p. 72.
52 Ibid., p. 134.
53 Jehan de Moretel sort de cette catégorie en mai 1340 lorsqu’il a enfin un cheval de plus de 25 £, p. 113. Ces gages sont les mêmes que ceux versés aux gens de guerre du royaume, cf. Contamine 1972, 622‑623.
54 Observations à partir de la première compagnie de Pierre de la Palu, BnF, NAF 9236, p. 34-72.
55 Seconde compagnie de Pierre de la Palu, ibid., p. 124.
56 Ibid., 126, Contamine 1972, 622.
57 BnF, NAF 9236, p. 122.
58 Ibid., p. 119.
59 Employé du 16 juin 1340 au 4 octobre 1341, ibid., 123-124.
60 Tarif indiqué (Contamine 1972, 622) et calculs d’après les retenues des bannerets des compagnies de Pierre de la Palu, BnF, NAF 9236, p. 37-38 et du Galois, p. 74.
61 Ibid., p. 38.
62 Seconde compagnie de Pierre de la Palu, ibid., p. 126, payés moins de 17 d. par jour.
63 Compagnie de Louis de Poitiers, ibid., p. 137.
64 Toutefois, Pierre Villani, “Lombard” venu de Chambéry (Savoie, ch.-l. de dép.), pourrait provenir des domaines italiens de la famille de Savoie, ibid., p. 102.
65 Les clercs du trésorier des guerres ont aussi des idées très approximatives sur ces contrées, ils situent le Grésivaudan tantôt en Genevois tantôt en Dauphiné (ibid., p. 107), Grenoble (p. 109) en Savoie et placent Arlod (cne de Bellegarde-sur-Valserine, Ain, ch.-l. de con) dans l’évêché de Genève (p. 41) ou en Savoie (p. 43), etc.
66 Dalmas de Bausseure vient de Savoie avec l’essentiel de ses écuyers, sauf deux qui repartent sur Mâcon (Saône-et-Loire, ch.-l. d’arr.), ibid., p. 42.
67 Ibid., p. 37-41.
68 Ibid., p. 48.
69 Ibid., p. 74.
70 En 1341-1343, leurs gages ne sont que de 3 sous, Contamine 1972, 623.
71 BnF, NAF 9236, p. 128.
72 Ibid., p. 26, 29,36.
73 BnF, NAF 9241 fol. 97v.
74 BnF, NAF 9236, p. 180-190.
75 Demotz 2000, 61‑68.
76 Bautier et al. 1979, planches XXII et XXIV. Kersuzan 2005, 29, 32-37, 65- 66, 72, 217. Demotz 2000, 55.
77 Proximité géographique, interférences féodales des deux côtés de la Saône, succession du comté de Bourgogne et en 1338 projet de mariage entre une du duc de Bourbon et l’héritier du comte de Savoie, Cordey 1911, 45 ; Duparc 1955, 277.
78 BnF, NAF 9236, p. 42, 61, 115 (Mâcon).
79 Ibid., p. 122.
80 Ibid., p. 133.
81 Baluze 1708, 150. Tardieu 1884, 63. Audigier 1899, 416.
82 Fournier 2010, 76 et mise à jour.
83 Allier, ch.-l. de con.
84 BnF, NAF 9236, p. 42.
85 Haute-Loire, ch.-l. de con.
86 BnF, NAF 9236, p. 135.
87 Leucate, Aude, con de Sigean, Ibid., p. 95.
88 BnF, NAF 9236, p. 38.
89 Ibid., p. 55.
90 Ibid., p. 67.
91 Gilibert Toucucheol, ibid., p. 58, Girart Pais, p. 59, Nicolet de Landucy, p. 63.
92 Ibid., p. 38-39.
93 Ibid., p. 89-95.
94 Contamine 1972, 102‑103.
95 BnF, NAF 9241, fol. 163-191 (1355).
96 Contamine 1972, 69-82.
97 Gilles et Raoul d’Arlod (BnF, NAF 9236, p. 41, 43), Guillaume et Huguenin de Chandée (p. 61), Guillaume et Henri de Componnay (p. 59), Bertrand et Guillaume Dussaiz ou Dussez (p. 64, 71), Amieu et Guillaume Enffans (p. 47, 68), Amieu et Huguenin de Félins (p. 53-54), Aymonnet et Pierre de Lussinge (p. 57), Guichard et Huguenin de Marsonne (p. 47, 64), Jehan et Galois de Monsy/Moncy (p. 58-59), Guillaume et Jean de Montmorillon (p. 42, 46), Loys et Pierre de la Palu (p. 37-38), Guillaume et Jehan de Ternay (p. 66).
98 François, Girard et Hugues de Grantmont (ibid., p. 13-15), Guillaume, Henri et Painet de Vesency (p. 45, 54, 62).
99 Ibid., p. 67.
100 Ibid., p. 49.
101 Contamine 1972, 117‑118.
102 Caumont, Gironde, con de Pellegrue, BnF, NAF 9236, p. 115.
103 Ibid., p. 106-107.
104 Fol et al. 1998, 48.
105 Probablement “Saint-Sulpice”, Ain, con de Montrevel-en-Bresse.
106 BnF, NAF 9236, p. 63, 92-93, cf. infra tableau 2.
107 Ibid., p 122.
108 Ibid., p. 93-94.
109 Ibid., p. 94, 115.
110 Courbes réalisées d’après une feuille de tableur : les effectifs de chaque montre sont affectés d’un signe + à la date du début de service, du signe moins à la fin du service, le cumul des arrivées et des départs étant combiné pour chaque date où intervient un changement.
111 BnF, NAF 9236, p. 37-39.
112 Ibid., p. 39-40.
113 Ibid., p. 39.
114 Ibid., p. 40-41.
115 Ibid., p. 41.
116 Ibid., p. 41-44.
117 Contamine 1972, 603.
118 BnF, NAF 9236, p. 46, 48, 53, 61, 63, 65.
119 Contamine 1972, 68.
120 Cordey 1911, 49‑55.
121 NAF 9241 fol. 173-191.
122 Guichenon 1778 [1660], t. 1, Preuves, 188‑200.
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