Chapitre I. Les espaces funéraires
p. 41-88
Texte intégral
Les nécropoles : caractérisation, implantation et organisation
Caractérisation des ensembles funéraires
Définition, identification et taille des espaces funéraires
1Le mot “nécropole”, en grec, νεκρόπολις composé de νεκρός et πόλις est exprimé pour la première fois par Strabon, qui, fasciné par le cimetière ouest d’Alexandrie, avait utilisé l’association de ces deux termes pour en exprimer toute la grandeur1. Aujourd’hui le mot “nécropole” est utilisé couramment par les historiens et les archéologues pour désigner “un établissement dans un lieu plus ou moins nettement délimité de plusieurs tombes individuelles ou collectives entretenant entre elles des rapports chronologiques étroits”2. Cette définition, délestée du critère de monumentalité, est suffisamment large pour englober divers types d’ensembles funéraires. La réalité archéologique reste néanmoins complexe, comme en témoignent par exemple les nombreuses expressions et définitions rencontrées dans la littérature anglo-saxonne, rassemblées dans l’ouvrage de R. Sprague intitulé Burial Terminology3. Le nombre de tombes n’est pas l’unique critère pour définir une nécropole et en mesurer la fréquentation. Par exemple, les trois tombes collectives du lieu-dit Delik-Tash près d’Assomata en Macédoine Centrale [69] ont été interprétées comme une petite nécropole familiale. Même si des analyses anthropobiologiques plus approfondies permettraient de mieux comprendre les liens qui unissent les individus, cet exemple illustre bien la variété des ensembles funéraires.
2Le concept de “nécropole” implique un espace délimité dédié à l’ensevelissement des défunts. En l’absence de fouilles extensives pour de nombreux sites, les limites des ensembles funéraires ne sont pas toujours connues, tout comme leur intégration dans l’espace occupé d’une manière générale. Cette question se pose notamment pour les tombes dispersées et isolées. Traditionnellement on distingue les tombes intra-muros de celles extra-muros, selon la relation qu’elles ont avec le tissu urbain. À l’âge du Fer, cette distinction est loin d’être évidente, comme le montre l’exemple athénien4 et comme l’a récemment rappelé A. Mazarakis-Ainian pour les tombes d’adultes et d’enfants “souvent éparpillées dans une vaste aire sans doute habitée, mais les structures architecturales y font souvent défaut. Pourtant, la présence d’autres indices d’usage domestique, par exemple des fosses de détritus ou des puits, suggèrent que là aussi le monde des vivants n’était pas toujours bien dissocié de celui des morts”5. La question des tombes rurales a également été soulevée par A. Snodgrass6. En 1987, I. Morris, soulignant déjà le problème de définition d’une nécropole, avait même proposé de parler plutôt d’espace réservé pour la déposition des cadavres7. Cette difficulté à caractériser les ensembles funéraires résulte de la diversité des situations et des contextes. Dans l’idéal et comme le rappelle F. de Polignac dans un article sur l’urbanisation en Grèce ancienne, il faudrait étudier conjointement l’ensemble des vestiges (habitat, lieux de culte, tombes, etc.) et leurs dynamiques spatiales et temporelles8.
3Parmi l’ensemble des sites répertoriés dans notre catalogue principal et pour lesquels nous avons des données numériques, le nombre de tombes varie de 1 à 2228 (fig. 1)9. La majorité des ensembles funéraires ont moins d’une quarantaine de tombes mais une douzaine de sites en a livré plus d’une centaine. Même s’il y a une réelle tendance au développement de vastes nécropoles, notamment dans la région du Golfe Thermaïque, cette image reflète davantage l’état de la recherche. En effet, les sites les plus fournis se situent dans les régions où les fouilles préventives sont fréquentes, comme Thessalonique, ou bien dans les régions qui ont fait l’objet d’opérations archéologiques programmées sur le long terme comme à Vergina [75] et Toronè [101]. Si la délimitation spatiale exacte des espaces réservés aux défunts ainsi que la relation à l’habitat sont souvent difficiles à identifier, il est en revanche possible de s’attarder sur l’organisation interne des tombes.
Fig. 1. Carte représentant les effectifs des tombes de l’âge du Fer dans les nécropoles (A.-Z. Chemsseddoha à partir d’un fond relief d’A. Chabrol obtenu à l’aide des données ASTER GDEM, logiciel Global Mapper).

Nécropoles planes versus nécropoles tumulaires
Terminologie
4Dans le nord de la Grèce et les pays adjacents, on distingue communément les nécropoles planes (επίπεδα νεκροταφεία, flat ou open ground cemeteries), des nécropoles tumulaires (νεκροταφεία των τύµβων, burial mounds)10. Certaines typologies plus détaillées intègrent également les types de tombes, comme c’est le cas en ARYM, où sont distingués les ensembles de tertres, les nécropoles de crémations secondaires en urnes, les nécropoles de tombes à ciste supposées planes, elles-mêmes subdivisées par périodes chronologiques depuis la transition Bronze-Fer jusqu’à l’époque archaïque11. En Macédoine Centrale, lesdites nécropoles de tombes à ciste (νεκροταφεία κιβωτιόσχηµων τάφων), concernent celles ne présentant aucune trace de tertre et dont l’unique type de tombe est la ciste à orthostates12. Dans une courte synthèse sur les pratiques funéraires de la Grèce du Nord, H. Koukouli-Chryssanthaki utilise cette classification, sans grande satisfaction, en rappelant que l’absence de tertre visible et/ou la forme de la tombe ne suffisent pas à définir le type de nécropole13. Ces typologies qui mêlent tombes, contenants, marqueurs et rites ont un sens précis dans leur contexte local mais ne correspondent pas aux mêmes réalités archéologiques d’une région ou d’un pays à l’autre. La tombe à ciste, par exemple, est observée dans des contextes variés (tumulaire, non tumulaire, à inhumation, à crémation, etc.) et présente des variantes architecturales. Par ailleurs, si cette classification binaire plane/tumulaire est commode, elle ne doit pas occulter la possibilité d’une mixité de pratiques au sein d’une même nécropole. Comme nous le verrons, les cas sont peu nombreux mais ils méritent notre attention.
5Mais qu’entend-on par nécropole tumulaire ou nécropole plane ? Tandis que la première se déduit de ses caractéristiques architecturales, la seconde se définit souvent par opposition à la première. Le tumulus, mot d’origine latine dérivé du verbe tumere (être gonflé, enflé), est une butte artificielle prenant la forme d’un monticule circulaire ou ovalaire, recouvrant une ou plusieurs sépultures, placées sur le paléosol, creusées dans celui-ci ou dans la masse tumulaire14. Dans cette définition le tumulus est envisagé comme dispositif architectural15. Le terme peut également désigner simplement le petit monticule marquant l’emplacement d’une seule tombe. Le grec moderne emploie le mot τύµβος, le même que celui utilisé dans les épopées homériques pour désigner l’élévation qui recouvre les tombes des héros16. Notons que les monuments funéraires décrits dans ces poèmes sont isolés et ne recouvrent le plus souvent qu’une seule sépulture, sauf dans le cas exceptionnel du tertre de Patrocle et d’Achille ou bien dans celui des Achéens morts au combat au chant VII de l’Iliade17. En Grèce du Nord, les tumuli sont principalement collectifs et le plus souvent regroupés en nécropoles. Les tertres collectifs impliquent une répartition spatiale et un échelonnement chronologique des tombes à l’intérieur des massifs18. Deux niveaux d’organisation apparaissent : la répartition spatiale des tumuli dans la nécropole et celle des tombes à l’intérieur des monuments. Nous distinguerons donc les dispositifs architecturaux monumentaux de type tumulaire dont la fonction est de recevoir plusieurs sépultures, mais qui dans l’usage peuvent parfois ne recevoir qu’une seule sépulture, et les simples petits marqueurs de tombes individuelles19.
6Les nécropoles planes sont de vastes ensembles funéraires qui s’organisent de façon éployée. Les tombes individuelles sont disposées les unes à côté des autres sans dispositif architectural collectif de type tumulaire. Cette définition est peu satisfaisante et ne rend pas compte de la diversité des contextes. L’organisation en nécropole plane n’exclut ni la présence de petits monticules servant de marqueurs individuels20, ni la superposition de tombes, ni leur creusement dans des remblais (exemple de Toronè [101]), ou leur groupement dans des enclos familiaux. Au fond, cette expression est utilisée plutôt par commodité pour distinguer d’un côté les nécropoles tumulaires emblématiques de la Grèce du Nord depuis la découverte de celle de Vergina [75], et les autres vastes nécropoles ne reposant pas sur l’organisation en tertres collectifs. Cette question typologique ne s’est pas posée de cette manière pour les nécropoles de l’âge du Fer de Grèce méridionale et insulaire car les tumuli y sont moins fréquents.
Typologie des nécropoles
7La typologie des nécropoles soulève la question de leur identification sur le terrain. Les tertres sont à la fois les structures funéraires les plus visibles dans le paysage et celles les plus exposées aux dégâts de l’érosion, aux travaux agricoles et aux pillages. Pendant la fouille, si les tertres ne sont plus visibles, les archéologues s’appuient sur d’autres indices dont les vestiges architecturaux, la nature du sédiment recouvrant les tombes ou bien l’orientation de ces dernières.
8En effet, les tumuli sont parfois aménagés à leur base d’une corolle de pierres plus ou moins élaborée. Toutefois, tous les tertres n’en possèdent pas, et, la présence d’une délimitation circulaire autour d’une ou de plusieurs tombes n’implique pas forcément celle d’une masse tumulaire par-dessus. En Grèce, la question est ancienne comme en témoigne le débat sur les fameux cercles A et B de Mycènes21. Dans le reste de la Grèce, d’autres cas problématiques de l’âge du Fer sont également connus, comme celui de la nécropole protogéométrique de Nea Ionia dans la banlieue d’Athènes. Deux alignements de pierres semblent entourer les cinq tombes et les deux bûchers. La stratigraphie n’est pas claire. Selon E. L. Smithson, il s’agirait davantage d’un enclos plutôt que la base d’un tertre car à Athènes les tumuli monumentaux remontent plutôt à l’époque archaïque22. Toutefois, des tertres collectifs sont connus en Attique, à Anavyssos par exemple23, le débat n’est donc pas clos. En Macédoine Centrale, dans la nécropole de Nea Philadelpheia [91], les périboles de pierres identifiés en fouille seraient les vestiges de tumuli arasés par les labours24.
9La construction de la masse tumulaire implique l’apport de matériaux parfois prélevés dans un terrain extérieur à la nécropole – comme nous le verrons, c’est peut-être le cas à Vergina [75]. C’est donc sur la base de la différence de sédiments qu’on peut supposer l’existence de tertres par-dessus les tombes de Kastoria-Daïlaki [8], d’Anavrika-Tranovalto [31] et de Spilaio [38]. Toutefois, cette méthode ne fonctionne guère pour les masses tumulaires élevées avec des matériaux prélevés dans l’environnement immédiat.
10Le troisième indice trahissant l’existence de tumuli est l’organisation et l’orientation des tombes. Dans certains tertres du nord de la Grèce et des pays adjacents les tombes sont parfois orientées en rayon autour du centre, ou de façon concentrique en suivant la courbe du monument25. C’est à l’aide de cet indice qu’on suppose un tumulus au-dessus des quelques tombes de l’âge du Fer du site de Rymnio [32], hypothèse étayée par l’existence d’un autre tertre érigé à la fin de l’âge du Bronze sur le même site26. Toutefois, comme nous le verrons, les tombes ne sont pas toujours disposées ainsi dans les monuments.
11Il y a donc de nombreux tertres qui ont sûrement échappé aux fouilleurs, et il est possible que des tertres aient été supposés là où il n’y en avait pas à l’origine. Récemment, A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier sont revenues sur ce problème pour Vergina [75]. La fouille menée par M. Andronikos ne visait que les tertres visibles érigés avec de la terre rougeâtre rapportée selon une méthode intensive par tertre et non extensive. Il a donc pu passer à côté de tertres arasés et constitués de sédiments locaux. D’autre part, l’existence de tertres a été remise en question pour les sépultures rassemblées sous les structures LXIV-LXVI-LXVII fouillées par P. Petsas, qui avait caractérisé les éventuels monuments en se basant sur trois petits sommets observés avant la fouille27. Ces ensembles se situent au voisinage direct du grand tertre LXV et leurs limites n’ont pu être identifiées. Il n’y a aucune preuve que les sépultures aient été installées dans des tertres. A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier proposent plutôt d’y voir des tombes placées entre les monuments collectifs, recouvertes par de simples petits amas pierreux28. En raison de l’absence d’enregistrement stratigraphique lors de ces fouilles anciennes, le débat reste ouvert mais cette nouvelle hypothèse soulève la question de la mixité des organisations au sein d’un même ensemble funéraire.
12Malgré ces difficultés terminologiques et typologiques, nous avons défini six catégories afin d’ordonner les nécropoles de notre corpus (fig. 2) :
Tumulaire : nécropole dont l’organisation des tombes est principalement fondée sur la construction de tertres envisagés comme des dispositifs architecturaux monumentaux renfermant plusieurs tombes dans la majorité des cas.
Tumulaire supposée : nécropoles pour lesquelles il y a suffisamment d’indices pour supposer l’existence de tertres collectifs.
Tumulaire sur tombes à habitacle : nécropoles comprenant des tertres recouvrant des tombes à chambre, des pseudo-tholoi, des tholoi ou des tombes à habitacle.
Plane : nécropoles pour lesquelles le tertre collectif n’est pas l’élément structurant principal (nous conservons cette expression par commodité tout en gardant à l’esprit les nuances apportées plus haut). Les tombes peuvent être recouvertes de marqueurs individuels de type tumulaire.
Plane supposée : nécropoles pour lesquelles il est possible de suggérer une telle organisation (voir ci-dessus).
Fig. 2. Carte de distribution des types de nécropoles (A.-Z. Chemsseddoha à partir d’un fond relief d’A. Chabrol obtenu à l’aide des données ASTER GDEM, logiciel Global Mapper).

13En ce qui concerne les ensembles funéraires pour lesquels la partie visible des tombes et le mode d’organisation ne sont pas renseignés dans les publications, nous pouvons toutefois faire quelques remarques. Dans la plupart des cas, la courte durée des fouilles, le petit nombre de tombes et/ou l’absence d’information disponible nous empêchent de l’identifier. Autour du site de l’ancienne Aiani en Macédoine Occidentale, les tombes, sans trace de tertre, semblent être organisées en petits groupes aux alentours de la colline de Megali Rachi, centre urbain de l’ancienne capitale des Élimiotes. Malheureusement, les couches supérieures de ces sites ont été perturbées par les labours et aucun plan général de situation n’est encore disponible. Aucun tertre collectif n’est mentionné. Parmi les cistes de la nécropole d’Aiani-Isiomata [27], une tombe était surmontée d’un cairn, ce qui laisse supposer une organisation éployée à marqueurs individuels. Dans le cas des deux tombes de Plagiari [97] dans la région de Thessalonique, le type de nécropole est inconnu. Cependant le contexte de ce groupe situé au pied de la Toumba Phener évoque la configuration bien connue des vastes nécropoles planes s’étendant au pied des fameux habitats en tells29. Concernant la nécropole de Panagitsa-Zervi [39], le site a été fouillé en urgence et a été perturbé par des pillages. Sur le plan publié, les tombes apparaissent dispersées, mais trois suivent la même orientation (n° 4, 5, 8) ainsi que les défunts à l’intérieur avec la tête orientée vers le nord-est (Catalogue, fig. 25). Aucune trace de tertre n’est mentionnée mais le rite, le type de tombe (ciste à orthostates), les aménagements intérieurs (sols dallés et appuis-têtes) et l’utilisation plurielle des sépulcres évoquent ce qu’on trouve dans la nécropole tumulaire voisine d’Agios Pantéléïmon [2]. Ces comparaisons ne peuvent fonctionner comme preuves de l’existence d’un tertre mais la question mérite d’être posée. Dans le nord, près de l’actuelle Kilkis, le cas de la nécropole de Chauchitsa [62] reste problématique : cairns individuels ou grand tumulus collectif ? Nous soulevons déjà ce problème dans la notice consacrée à la nécropole. Au moment de la fouille, cette hauteur naturelle sur laquelle sont installées les sépultures, est une colline rocheuse couverte d’une fine couche de terre, de 0,30 cm à 1 m à l’extrémité nord et jusqu’à 1,30 m sur la pente ouest (catalogue fig. 55)30. Dans l’hypothèse d’un grand tertre, la masse tumulaire aurait glissé sur les versants, ce qui expliquerait d’ailleurs la différence d’épaisseur de terre entre le sommet exposé et les versants plus abrités31. La situation serait analogue aux tertres de la nécropole de Marmara en Phthiotide32. Toutefois, rien n’empêche que cette colline de Chauchitsa ait été recouverte de plusieurs tertres, ou bien d’un tertre central et de tombes satellites autour. Sans photographie ni relevé détaillé, la question reste ouverte.
14Dans notre classification, nous avons isolé les tumuli recouvrant des tombes à habitacle. Dans les typologies funéraires de la littérature scientifique, sont traditionnellement distingués les tumuli funéraires des tombes à tholos, bien que ces dernières fussent recouvertes d’un tertre. La différence principale réside dans la fonction des monuments. Pour la tombe à tholos, le tumulus est indispensable à la stabilité de la voûte qui implique des choix de matériaux spécifiques (chape d’argile fréquemment rencontrée au-dessus des coupoles)33. Pour la Grèce du Nord, nous avons également préféré isoler les tombes à habitacle sous tertre pour plusieurs raisons. À la différence des tumuli collectifs, les tertres ne renferment qu’une seule tombe construite. Par ailleurs, cette architecture funéraire particulière se concentre dans une zone géographique spécifique.
Remarques sur la classification des tertres et leurs usages
15La catégorie des nécropoles tumulaires recouvre des réalités architecturales variées. Les tertres sont loin d’être homogènes, selon la composition de leur masse, leurs aménagements et leurs usages (fig. 3). Plusieurs auteurs ont montré qu’il est souvent difficile d’établir une typologie pertinente, notamment dans le cas d’une grande variété des types architecturaux34. En Grèce centrale et méridionale, les études se sont surtout focalisées sur les tumuli helladiques. La typologie proposée par F. Dakoronia se fonde sur la composition des massifs tumulaires35. Toutefois, et comme l’a rappelé S. Müller pour les tertres helladiques, l’analyse des tumuli comprend, comme les tombes elles-mêmes, une étude des éléments de la “sphère du visible” et de ceux de la “sphère de l’enfoui”36. Cette analyse doit inclure non seulement la manière dont le tertre a été bâti mais aussi son usage et donc le ou les types de tombes qu’ils renferment. Pour identifier la diversité et la distribution spatiale des différents types de tertres, la forme et la dimension sont des indicateurs peu fiables car l’aspect originel des monuments s’est transformé au cours du temps. Pour les tumuli de notre région, nous analyserons les informations suivantes : l’organisation spatiale, le choix du site, l’architecture du tertre (externe et interne), l’organisation des tombes à l’intérieur de la masse tumulaire et les marqueurs funéraires additionnels. Ceux-ci sont étudiés indépendamment car s’ils relèvent de la sphère du visible, ils sont étroitement liés à la sphère de l’enfoui puisqu’ils marquent la sépulture d’un ou de plusieurs défunts37.
Fig. 3. Tableau synthétique des caractéristiques des tertres en Grèce du Nord.

16D’aspect extérieur, les tumuli prennent la simple apparence d’un tronçon de sphère. Néanmoins, leur architecture interne peut être variée. En effet, leur construction est liée au nombre de tombes, à la durée d’utilisation, parfois au type de sépulcre, aux matériaux disponibles, et d’une manière générale à leur usage susceptible d’évoluer au cours du temps. Il nous semble important de distinguer les tertres individuels des tertres collectifs et de leurs variantes. Le tertre individuel peut renfermer une tombe individuelle (fosse, ciste, enchytrisme, crémation primaire, secondaire, etc.) ou une tombe collective amenée à être rouverte régulièrement (tholos, chambre).
17Dans notre région, les grands tertres individuels restent rares. Une dizaine de nécropoles en a livré, mais ils recouvrent en majorité des tombes collectives à habitacle, concentrées dans le bassin d’Aridaia, et avec quelques cas en Piérie38 et dans la région du court moyen de l’Haliakmon39. Par ailleurs, les tertres ne recouvrant qu’une tombe individuelle cohabitent toujours avec des tertres collectifs dans les mêmes espaces funéraires. Dans les régions et pays limitrophes, on constate la même chose avec une prédominance des tertres collectifs. Ainsi, à l’âge du Fer, les tumuli individuels sont peu fréquents, et diffèrent bien des immenses tertres princiers de Phrygie ou même de ceux plus modestes des nécropoles d’Orgamè ou d’Istros, certes un peu plus tardifs40. Au Bronze Récent en Grèce du Nord, les tumuli sont souvent à tombe centrale – quelques autres sépultures s’ajoutant par la suite41. Le tertre daté de l’HR IIIC à Rymnio [32] fait exception avec ses cistes disposées en rayons. Dans le reste de la Grèce la situation à l’âge du Bronze est davantage contrastée entre tumuli individuels et tumuli collectifs, qui cohabitent parfois dans la même région ou dans la même nécropole42.
18Parmi les tertres collectifs, il faudrait distinguer quatre variantes, non exclusives et bien souvent difficiles à identifier. La première est le tertre collectif érigé avant l’introduction des tombes. Ce serait le cas de la plupart des monuments fouillés à Vergina [75]43. La seconde variante comprend les tertres formés par agglutinement, c’est-à-dire au fur et à mesure des dépôts funéraires. La limite du tertre qui définit l’espace dédié aux morts est beaucoup plus souple au sein de la nécropole et le monument dans son aspect extérieur est en constante évolution44. C’est le cas par exemple de la nécropole thessalienne d’Halos-Voulokalyva, où les enclos à bûchers recouverts de cairns s’adossent les uns aux autres pour former de grands tertres de pierres45. En Albanie méridionale, cette variante concerne la phase finale du tumulus de Kamenicë [AL-4], à partir du viie siècle, lorsque sont construits en périphérie du tertre des enclos en pierre qui s’agglutinent et se superposent46. En Piérie, pour la région de Dion [86], des fusions de petits tertres sont évoquées47 mais aucun autre cas n’est clairement attesté. La troisième variante est le tumulus érigé par-dessus un groupe de tombes déjà existantes. Ainsi, le cas des dalles de schiste amoncelées sur huit tombes à Nea Efkarpia [93] interroge. Enfin, la dernière variante intègre dans le projet initial une tombe centrale autour de laquelle se développe le tumulus collectif. Le tertre est donc d’abord un marqueur individuel, qui ne devient une “nécropole en soi”48 qu’à partir du moment où son utilisation devient collective. Ce phénomène est perceptible même lorsqu’il y a seulement deux sépultures. Dans l’épopée homérique, le tertre d’Hector est érigé en une fois sur la fosse qui reçoit l’urne cinéraire. Pour Patrocle et Achille, un tertre modeste est élevé sur la sépulture du premier héros49, avec l’intention de l’agrandir pour accueillir la dépouille du second et ainsi honorer les deux guerriers comme il se doit avec “le plus grand, le plus noble des tertres” qui “appelle les regards des humains”50. Dans la documentation consultée pour notre région, nous n’avons pas recensé de cas clairement attesté de tertre collectif érigé sur une tombe centrale initiale. La question s’est posée pour certains tumuli de Vergina [75]. D’après M. Andronikos, les tertres auraient été élevés avant le creusement des tombes51. Malheureusement, il n’y a aucune coupe stratigraphique détaillée, faite au moment de la fouille, permettant de comprendre la relation entre le niveau de sol, la masse tumulaire et les tombes. Les tertres renfermant une tombe centrale sont peu nombreux. La première liste établie par M. Andronikos pour ses découvertes a été revue et enrichie récemment par A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier (catalogue, fig. 84). Ces tombes centrales ne sont pas creusées plus profondément que les autres, ni forcément les plus anciennes52. L’étude de l’organisation et de la chronologie relative des tombes du tumulus LXV a toutefois permis de proposer une restitution intéressante pour l’étude de ce phénomène. Ce tertre aurait été érigé à partir de la tombe Γ (catalogue, fig. 76), qui se distingue par sa position, sa construction soignée et son riche mobilier53. Cette tombe aurait reçu un tertre, servant de noyau à des tombes installées dans un monument agrandi54.
19Hormis les cas exceptionnels de dépôts simultanés, tous les tertres ont reçu leur première sépulture, placée au centre ou non. Pendant une période, même courte, le tertre a fonctionné comme un marqueur individuel, mais aussi et surtout comme un repère et un lieu de mémoire collectif pour la famille, le clan ou le groupe social qui a fait ériger le monument. À Vergina [75], les tombes centrales sont finalement difficiles à identifier. La situation est donc sensiblement différente de celle qui a été observée en ARYM, avec ce que D. Mitrevski appelle, les “clan tumuli”, comme celui de Beranci-Visoï [RMf-1], où le rattachement à une tombe centrale initiale est clairement visible dans l’architecture du monument et l’organisation interne des tombes (catalogue, fig. 135). On retrouve ce même phénomène en Albanie, où la tombe centrale recouverte d’un premier tertre peut être entourée d’un cercle de pierres qui fonctionne comme la barrière d’un espace presque sacralisé. Dans ces cas-là, le tumulus est donc initialement un véritable marqueur individuel, le centre autour duquel se développe le tertre funéraire collectif. D’une certaine manière on retrouve également cela à Lefkandi, avec les tombes concentrées devant l’entrée de l’Hérôon recouvert du tertre et abritant les fameuses sépultures protogéométriques55.
20Une dernière remarque sera faite à propos la nécropole de Tzamala [68], où entre les tertres renfermant les tombes, ont été découverts des amoncellements de pierres dépourvus d’ossements ou de mobilier. A. Kottaridi propose comme hypothèse de voir dans ces “έρµακες”56 des cairns rituels formés progressivement par les proches des défunts, qui auraient marqué leur passage en déposant des pierres à côté des tertres. Ceux de la nécropole archaïque de Vergina sont interprétés de la même manière57. La fonction rituelle de ces structures est difficile à prouver. Ces amoncellements de pierres n’ont d’ailleurs que peu de points communs avec les quelques tertres rituels de l’Helladique Ancien II (Thèbes, Olympie), qui font de 20 à 35 m de diamètre et qui d’apparence extérieure ne diffèrent pas des tumuli funéraires58. Ces cairns sont également bien différents des banquettes de pierres découvertes au-dessus des tombes de la nécropole géométrique de Plateia Metropolis à Naxos59. Par ailleurs, pour Tzamala [68], on ne peut exclure l’hypothèse d’une fonction technique de réserves de matériaux, comme cela a été suggéré pour les amoncellements de pierres découverts dans la nécropole de Koukos [102]60.
21Sous une apparence commune les tertres funéraires ont des architectures et des usages variés qui peuvent se modifier au cours du temps et qui impliquent des conceptions variées de l’espace funéraire. En Grèce du Nord, les tertres monumentaux tels qu’ils existent à l’époque classique et hellénistique n’ont pas leur équivalent à l’âge du Fer. Ce sont bien les tertres collectifs à tombes individuelles qui sont les plus fréquents et qui devaient, comme dans le cas d’Agios Pantéléïmon, avoir un important impact visuel dans le paysage.
Topographie funéraire
22Les nécropoles s’inscrivent dans des contextes naturels et anthropiques complexes. Elles sont des lieux d’interface entre le monde des morts, celui des vivants, un pont entre les ancêtres et le présent. Porteurs d’une forte charge symbolique, leur emplacement traduit diverses attitudes face à la mort. Les nécropoles participent à l’ancrage des communautés sur le territoire et sont susceptibles de participer à des stratégies sociales ou identitaires. Il est donc nécessaire de prendre en considération leur emplacement par rapport au relief, à l’habitat, aux autres lieux de vie, aux voies de circulations ou au réseau hydrographique. D’autres critères comme la visibilité ou l’impact visuel, peuvent également être déterminant dans le choix de leur implantation et dans l’organisation interne de leur espace61.
23Toutes ces informations ne sont malheureusement pas toujours disponibles. Certaines régions ont changé de physionomie et les sites ne sont plus visibles aujourd’hui. C’est le cas des ensembles découverts le long de la rive orientale du court moyen de l’Haliakmon, immergés presque toute l’année ou définitivement en raison de la construction des barrages de Polyphyto et d’Ilariona62. Malgré des données disparates, il est possible de constater l’absence de modèle unique, quelques tendances régionales et des particularités locales propres à certaines communautés.
Espaces funéraires et géographie physique
24L’installation de nécropoles sur les rivages marins est une spécificité chalcidienne. Le cimetière protohistorique d’Ierissos [103], mis au jour sous les constructions modernes de cette petite station balnéaire, se situe légèrement en retrait de la ligne de côte actuelle, parallèlement au cimetière archaïque et classique. En revanche, les nécropoles de Nikiti-Aï Giannis [100] et de Mendè [99] ont été découvertes sous les rivages. Cette implantation proche de la mer est également caractéristique des nécropoles archaïques et classiques du littoral nord-égéen, comme celles de Scionè63, de Polychrono64, ainsi que de celles d’Argilos65, d’Oisyme66, de Galepsos67 et d’Abdère68. À Nea Kallikrateia [98], tous siècles confondus, les nécropoles s’organisent sur un axe ouest-est parallèle au front de mer. Toutefois les tombes de l’âge du Fer se situent plutôt au pied de la colline orientale, à distance de l’habitat en toumba-trapeza, à la différence d’un groupe de tombes archaïques et classiques creusées près du rivage actuel. La nécropole protogéométrique de Toronè [101] se distingue des autres par son implantation sur une terrasse dominant l’habitat (catalogue, fig. 113). Le choix de cet emplacement remarquable est peut-être lié au statut social des défunts. Cette nécropole n’aurait en effet accueilli qu’une petite portion de la communauté, quelques familles ou individus privilégiés69. Toutefois, le rivage n’est pas exclu des activités funéraires puisqu’il aurait servi à l’installation de bûchers.
25En Piérie septentrionale, les tombes autour de Makrygialos [80], près de l’ancienne Pydna, s’étalent sur une grande bande nord-sud parallèle au littoral, mais ne sont pas installées en relation directe avec le rivage. On observe la même chose dans la région orientale du Golfe Thermaïque, autour de la ville de Thessalonique. Sur les versants du mont Chortiatis, les nécropoles se déploient sur les pentes douces autour des habitats en tells mais pas sur le littoral antique (catalogue, fig. 99)70. À l’ouest de l’Axios, la situation diffère quelque peu à Archontiko [59], où les nécropoles sont installées en contrebas de l’habitat, non loin de l’ancien littoral de la lagune ou du lac Loudias formé à la suite du comblement progressif du golfe (introduction, fig. 3). Plus à l’intérieur des terres, les nécropoles sont installées sur des reliefs variés, des piémonts ou des plaines71, des plaines littorales de lacs72, des fonds de vallées73 ou des plateaux surplombant des fleuves74. Les versants sont également utilisés75, ainsi que le sommet ou les pentes de collines76. Les sites d’altitude sont peu nombreux et dominent tous des vallées encaissées77. Le site de Koukos [102] fait exception en étant installé au cœur des collines escarpées de la presqu’île de Sithonia.
26Malgré des données topographiques parfois insuffisantes, on constate tout d’abord qu’il y a peu de nécropoles connues dans les montagnes. Cette lacune est probablement due à l’état de la documentation archéologique principalement alimentée par des fouilles de sauvetage, plus fréquentes dans les milieux à forte activité humaine et sur les axes routiers principaux. Par ailleurs, l’implantation de nécropoles sur les rivages est propre à la Chalcidique. Enfin, le type de nécropole (tumulaire ou plane) ne semble pas lié à un type de relief particulier. En revanche, les tertres sont absents des rivages, à la différence du Bronze Ancien et Moyen en Chalcidique (Nea Skioni, Kriaritsi Sykia)78. Celui qui s’en rapproche le plus est le tumulus d’Alykes-Kitrou [81], mais sa forme monumentale ne remonte qu’à l’époque classique – le tertre de l’âge du Fer devait être bien plus modeste. Par ailleurs, on trouve rarement de tertres sur des lieux proéminents79. Cela contraste avec l’image véhiculée par l’épopée homérique, où les tertres des héros sont érigés sur les littoraux80 et plus particulièrement sur des points culminants, comme le tertre de Patrocle et d’Achille construit sur un promontoire “où s’ouvre l’Hellespont : on le voit depuis la mer ; du plus loin, il appelle les regards des humains qui vivent maintenant ou viendront après nous”81. Elpénor, héros plus modeste, a également le droit à un tombeau “au plus haut du cap”82. À l’âge du Bronze en Grèce centrale et méridionale, dans des contextes orographiques variés, les tertres, seuls ou par paires, se situent plutôt sur des lieux proéminents83. G. Galanakis a récemment discuté la notion de visibilité des tertres et des tombes à tholos dans le paysage messénien de l’âge du Bronze. L’auteur rappelle qu’il ne faut pas surestimer la visibilité des tertres et que l’impact visuel, causé par leur dimension importante et leur position proéminente, n’est pas le seul critère pour apprécier la place des monuments dans le paysage. La localisation et la relation aux autres éléments doivent être pris en considération (habitat, cours d’eau, voies de communication, etc.)84. L’étude du tumulus de Löfkend en Albanie a bien montré la complexité du rapport entre tertre et topographie, où l’angle de vue joue un rôle important dans la construction du paysage et dans la mémoire collective85.
27La fonction et l’usage des tertres jouent un rôle dans le choix du site. Dans le cas de nécropoles tumulaires, les stratégies adoptées diffèrent selon le nombre de tertres prévus, ou si ceux-ci couvrent et marquent l’emplacement de la dépouille d’un seul individu, de quelques-uns, d’une famille, d’un clan ou de l’ensemble de la communauté. Les tumuli de Grèce du Nord, majoritairement collectifs, s’organisent principalement en nécropoles. Celles du bassin d’Aridaia comprennent chacune une trentaine de tertres en moyenne. On ne compte finalement que deux tertres isolés, celui d’Apsalos-Verpen [50] et celui de Nevrokopi-Exochi [106]. Le tumulus présumé au-dessus des tombes de l’âge du Fer de Rymnio [32], s’inscrit dans un petit ensemble tumulaire de la fin de l’âge du Bronze et il n’est pas impossible que d’autres soient découverts à l’avenir. Ainsi, la situation diffère de ce qui est décrit plus au nord en ARYM, où les premiers tertres du début de l’âge du Fer sont d’abord sur des hauteurs naturelles ou des crêtes. Ces “clan tumuli” deviennent les noyaux de nécropoles plus vastes qui se développent dans les vallées et les plaines86. À Agios Pantéléïmon [2], aucun tertre ne semble avoir été installé dans une position dominante par rapport aux autres. Toutefois les données disponibles ne permettent pas encore d’établir de conclusions sur l’organisation interne de ce vaste ensemble funéraire. Toute la nécropole se situe néanmoins sur un passage entre les deux lacs, qui devait être visible depuis les collines adjacentes au nord et au nord-ouest (catalogue, fig. 2). À Konstantia [49] et à Vergina [75] (catalogue, fig. 32, 74), les tertres s’organisent clairement dans un espace funéraire défini. À Vergina [75], le maillage des groupes de monuments se met en place dès le début sans qu’il y ait vraiment eu un unique noyau initial87. Ainsi, d’un point de vue extérieur, c’est l’ensemble des monuments qui imprime sur la terre la présence physique de la communauté et des ancêtres.
Espaces funéraires et habitats
28Nos connaissances sur les habitats associés aux nécropoles sont inégales. Les informations sont plus riches pour les nécropoles associées aux habitats en tells, ainsi que pour les sites de Chalcidique. Pour les nécropoles tumulaires, seules les fouilles de Tzamala [68] ont permis d’explorer l’habitat directement associé à la nécropole. Pour Amphipolis-Kastas [104], on suppose que la communauté, du moins celle associée aux tombes archaïques vivait sur la “Colline 133” et aux alentours, dans la région identifiée avec celle de l’ancienne Ennea Odoi, précédant la fondation d’Amphipolis88. À Palio Gynaikokastro [65], à Konstantia [49], et sur le piémont de l’Olympe à l’ouest de Dion [86], des habitats ont été repérés, mais non fouillés de manière systématique. À Vergina [75], la localisation de l’habitat sous la ville hellénistique n’est encore qu’une supposition. Dans la région d’Aridaia, d’après A. Chrysostomou les nécropoles tumulaires et non tumulaires sont celles de communautés vivant dans des habitats permanents (par exemple Nea Zoï et Aloros), mais il n’est pas impossible que certaines tombes aient été associées à des familles de bergers semi-nomades, qui faisaient paître leurs troupeaux sur le Voras ou le Païkon89.
29L’observation des données disponibles nous permet de constater trois phénomènes. Le premier est le développement d’ensembles funéraires vastes et denses, distants des habitats principaux dans la majorité des régions. Le deuxième, au contraire, se caractérise par l’existence dans quelques régions de petits groupes de tombes dispersés. Le troisième montre la quasi absence de sépultures en habitat, un phénomène singulier en comparaison avec le reste de la Grèce.
Une dissociation assumée entre tombes et habitats
30Si la séparation entre les lieux de vie quotidiens et les espaces funéraires n’est pas toujours évidente à identifier, il ne fait pas de doute que la création de nécropoles à distance du cœur des habitats marque une rupture dans l’attitude des populations face à leurs morts. En Grèce du Nord, l’éloignement des défunts par la fondation d’espaces funéraires spécifiques à l’extérieur des habitats remontent déjà au Bronze Ancien90. Le creusement de tombes au milieu des maisons est alors toujours pratiqué mais de manière sporadique jusqu’au Bronze Récent91. Le début de l’âge du Fer est marqué par le développement de vastes aires funéraires formelles. Dans la majorité des sites, les nécropoles planes ou tumulaires s’étendent au pied des habitats, qu’ils soient sous forme de tells92 ou qu’ils aient été établis sur des hauteurs naturelles93.
31Au-delà des atouts stratégiques, l’installation du cœur des agglomérations en hauteur permet de libérer des terrains pour l’agriculture, pour développer une ville basse, comme par exemple le proasteion à Mendè94 ou pour installer des nécropoles. Quelques sites s’écartent de ce modèle, notamment les sites de montagne, où les contraintes imposées par le relief entraînent une organisation de l’espace propre à chaque site. À Koukos [102], la nécropole est en effet située sur le même versant accidenté que l’habitat, mais éloignée de celui-ci par une centaine de mètres (catalogue, fig. 122). À Tzamala [68], c’est la nécropole qui surplombe l’habitat installé sur les versants abrités95. À Petra-Treis Elies [88], Kypseli [76] et Chauchitsa [62], les tombes se situent sur des collines adjacentes à celles des habitats.
32La séparation entre nécropoles et habitats est rarement marquée archéologiquement par des dispositifs identifiables. Il y a toutefois quelques cas intéressants. À Toronè [101], la nécropole est naturellement séparée de l’habitat du promontoire 1 (ou Lekythos) par un isthme étroit (catalogue, fig. 113). Durant l’âge du Bronze et/ou l’âge du Fer une fortification semble traverser ce passage d’une extrémité à l’autre mais la chronologie et la fonction de cette structure sont encore à préciser96. Dans le reste de la Chalcidique, les fortifications en dur n’apparaissent qu’à l’époque archaïque (Acanthe, Stagire, Potidée)97. À Thermi [96] et plus clairement à Makrygialos [80], des fossés creusés au pied des habitats semblent liés à la délimitation des espaces funéraires et domestiques, et constituent l’expression physique communautaire d’une redéfinition du centre urbain. À Nea Zoï [52-53], et peut-être à Tzamala [68], l’installation de tombes sur d’anciens habitats de l’âge du Bronze reflète également une rupture dans l’organisation de l’espace occupé. Toutefois les chronologies mériteraient d’être affinées afin de connaître le temps écoulé entre l’utilisation des habitats et leur transformation en nécropole. À Nea Philadelpheia [91] et à Thermi [96], la dissociation des nécropoles avec les habitats est peut-être aussi visible à travers les routes qui les contournent.
33Dans quelques cas ce sont les éléments naturels qui sont exploités pour séparer les nécropoles des habitats. À Stavroupoli-Polichni [94], les tombes découvertes jusqu’à aujourd’hui se situent à l’ouest du cours d’eau Dendropotamos qui coule nord-sud et passe au pied de la toumba et de la trapeza. Les tombes de Chauchitsa [62] et de Petra-Treis Elies [88] semblent installées sur des éminences naturelles distinctes des lieux de vie. On peut toutefois se demander si ces lieux proéminents étaient ouverts à tous les défunts ou réservés à une partie de la population. À Petra-Treis Elies [88], comme nous le verrons, le recrutement funéraire suggère une exclusion volontaire des nouveau-nés et des jeunes enfants. À Chauchitsa [62], les quelques tombes individuelles découvertes à distance de la nécropole principale suggèrent l’ouverture de nouvelles parcelles funéraires, du moins à la fin du viiie siècle et traduisent une complexification dans l’organisation de l’espace. Le même phénomène est observé à Palio Gynaikokastro [65].
34Pour les autres sites où nécropole et habitat sont connus, c’est le plus souvent l’éloignement physique des deux qui reflète un “souci de bonne gestion de l’espace”98. La distance est parfois réduite comme à Thermi [96], où les tombes se retrouvent au pied de la trapeza (fig. 4), ou bien à Mendè [99], où la nécropole se situe dans le prolongement de la ville basse (catalogue, fig. 107). Au contraire, dans certains cas, les tombes peuvent également s’étaler au-delà du champ de vision direct de l’habitat, comme à Archontiko [59], où le cœur de la nécropole Ouest se trouve à environ 900 m de la toumba. Dans le cas des nécropoles associées à des tells, le rapport entre les habitats et les nécropoles est parfois plus complexe que le modèle classique impliquant un intra et un extra-muros. Ce type d’habitat très répandu en Grèce du Nord99 est formé par l’accumulation des couches d’occupation. Celles-ci prennent alors la forme de ce qu’on appelle localement une toumba à l’âge du Bronze et une trapeza à l’âge du Fer. Cette dernière se développe souvent autour et au pied des toumbes100, ou dans des lieux distincts101. La création de ces nouveaux espaces n’implique pas forcément l’abandon des anciennes toumbes qui se dotent de complexes architecturaux importants à leur sommet102. L’équation se complexifie avec la fondation de nouveaux espaces funéraires. À Stavroupoli-Polichni [94], la nécropole se situe à égal distance de la toumba et de la trapeza. À Thermi [96], la nécropole prolonge l’axe formé par l’ancien habitat et le nouvel établissement en direction de la vallée. À Nea Philadelpheia [91], la nécropole se situe entre la trapeza de Naresh et l’installation géométrique du plateau oriental de la toumba, donc au centre de l’agglomération (fig. 5). Cela est d’autant plus frappant qu’elle devait être longée par deux voies de communication.
Fig. 4. Vue de Thermi vers le sud-ouest, depuis les pentes de la trapeza (cliché pris mle 12 mars 2014, A.-Z. Chemsseddoha).

Fig. 5. Vue satellite de la zone d’habitat et de la nécropole de Nea Philadelphia (image © 2017 DigitalGlobe).

La question des tombes dispersées
35Si d’un côté, le début de l’âge du Fer marque dans notre région le développement de vastes zones réservées aux morts, les quelques tombes dispersées posent question, un débat bien connu pour le reste de la Grèce103. Autour de Toumba Thessalonique [95], les tombes de l’âge du Fer sont beaucoup moins nombreuses que dans les nécropoles voisines et sont dispersées dans un rayon de 500 m autour du tell. K. Soueref n’exclut pas la possibilité de l’existence de hameaux secondaires, qui ne sont pas incompatibles avec l’organisation autour d’un tell. L’autre explication est liée à des phénomènes géomorphologiques. Le site se trouve au pied de la chaîne du Chortiatis et les tombes sont peut-être tout simplement recouvertes par une épaisse couche de colluvions, comme cela a déjà été observé pour quelques-unes d’entre elles104. Le problème de la dispersion des tombes se pose également pour Chauchitsa [62], Palio Gynaikokastro [65], la région autour de l’ancienne Aiani, ainsi que pour la rive orientale du Lac de Polyphyto. À Palio Gynaikokastro [65], la nécropole à crémations en périboles est bien circonscrite au pied de la colline qui abrite l’habitat. Vers le viiie-viie siècle, les tombes individuelles à inhumation se développent au cœur de la nécropole ainsi que dans des terrains plus éloignés. L’espace intermédiaire n’a pas été exploré. On ne peut donc exclure que ces tombes soient celles de hameaux voisins ou qu’il s’agisse de cimetières familiaux implantés près de maisons ou de fermes dispersées. Ce problème se pose dans les mêmes termes pour Chauchitsa [62], avec les quelques cistes découvertes aux alentours du cimetière de la Colline Est. En Macédoine Occidentale, autour de l’ancienne Aiani, les petits ensembles funéraires (comprenant de 3 à 11 tombes) ont été découverts dans des lieux-dits qui s’éloignent jusqu’à plus de 1000 m de la colline de Megali Rachi, centre urbain de l’ancienne cité (catalogue, fig. 15). Au Bronze Récent, les tombes se concentrent dans la nécropole de Leivadia [22]. À l’âge du Fer, la multiplication des petits groupes de tombes autour de la colline traduit une dilatation de l’espace funéraire – en petites nécropoles familiales (?). Toutefois, les tombes ne sont pas toutes contemporaines. Ainsi, en l’état actuel de la documentation disponible, il est difficile d’apprécier la place exacte du cimetière de Leivadia [22] qui devient à l’époque archaïque, le site choisi pour les tombes royales associées à l’ancienne capitale des Élimiotes105. En face, sur la rive orientale du lac de Polyphyto, la dispersion des tombes va de pair avec celle des traces d’occupation. La région est densément occupée depuis l’époque préhistorique106. Pour l’âge du Fer, des installations domestiques ont été repérées à Kranidia-Kryovryssi [33] non loin des tombes107, à Servia-Kolitsaki [35]108, ainsi qu’à Servia-Paliokastana109. Aujourd’hui de nombreux sites sont immergés sous les eaux du lac formé à la suite à la construction du barrage sur le fleuve Haliakmon. Les découvertes sont essentiellement le fruit de prospections et de fouilles de sauvetage conduites à la saison d’étiage du lac. Toutefois, le morcellement et la dispersion des occupations de l’âge du Fer peuvent renvoyer à une certaine réalité de l’époque. Pour le moment aucun centre urbain important de l’âge du Fer n’a été découvert. Selon A. Chondroyanni-Metoki, la rive du fleuve était occupée par un réseau de hameaux et leurs petits cimetières associés110. Au vu de ces exemples, la dispersion des tombes de Makrygialos [80] nécessiterait un examen plus attentif, que permettraient un plan de situation des tombes et leur chronologie. Les établissements de l’âge du Fer ne se dotaient pas toujours d’une vaste nécropole commune, comme le montrent les exemples de l’Attique, de l’Eubée ou du Péloponnèse au début de l’âge du Fer. L’habitat lui-même pouvait être dispersé en petits hameaux associés à des espaces funéraires restreints111. Avec davantage de données topographiques et chronologiques il serait donc intéressant de porter un nouveau regard sur les vestiges de ces régions à tombes dispersées, à la lumière des situations observées en Grèce centrale et méridionale.
Les tombes isolées en habitat, un phénomène peu documenté en Grèce du Nord
36D’après la documentation consultée, les sépultures en habitat sont très rares à l’âge du Fer dans notre région :
Assiros-Toumba [90] : un enchytrisme en pithos contenant un enfant et un adulte (c. 800) ;
Kitros-Ammos [82] : une tombe à ciste contenant un enfant (début de l’âge du Fer) ;
Nea Philadelpheia [91] : trois femmes adultes (âge du Fer).
37La tombe d’Assiros [90] a été installée sur le sommet de la toumba dans une phase d’abandon. Elle est en effet recouverte par un nouveau bâtiment absidial. L’enchytrisme renferme deux inhumations successives (un enfant, puis un adulte). Le mobilier presqu’inexistant ne permet pas de mesurer le temps écoulé entre les deux dépôts112. Aucun indice matériel ne permet de relier cette tombe avec le bâtiment absidial. Elle se situe donc sur un site d’habitat, mais dans un moment de “défonctionalisation” du site. À Kitros-Ammos [82], la situation est un peu différente car il ne s’agit pas d’un habitat en toumba, mais d’un secteur occupé par des structures de stockage datées de l’âge du Fer. Toutefois, la bibliographie ne précise pas l’emplacement exact de la ciste et sa chronologie relative avec les autres structures. Le phénomène des tombes en habitat en Grèce du Nord à l’âge du Fer est donc très limité à la différence du Bronze Récent, comme en témoigne le site de Toumba Thessalonique, où 17 sépultures (adultes et enfants) ont été découvertes dans l’habitat113. Cela diffère également de la Grèce méridionale à l’âge du Fer, où les ensevelissements dans les zones urbanisées sont bien plus fréquents notamment pour les enfants, comme en Eubée ou à Oropos114.
Nécropoles, cours d’eau et voies de communication
38Le choix du site pour l’implantation d’une communauté se fait entre autres en fonction des atouts du relief et des ressources disponibles. L’accès à l’eau étant une nécessité pour le développement d’une occupation pérenne, il est normal de trouver la plupart des agglomérations anciennes à proximité de sources d’eau douce. Toutefois, dans certains cas et notamment pour les nécropoles tumulaires, on observe un rapport topographique étroit entre les tombes et les cours d’eau. Il est en effet frappant de voir à Vergina [75] la manière dont l’espace accueillant les tertres est circonscrit, à l’est, par le torrent Andreolakkos (catalogue, fig. 74). À Konstantia [49] et à l’ouest de Dion [86], les tertres s’étendent le long des torrents. Le Xiropotamos sur le piémont du Païkon près de Konstantia, et les torrents Arapis, Gavrolakkas et Ourlias qui se déversent au pied de l’Olympe, fournissent les matériaux nécessaires à la construction des monuments, constitués de terre et de galets de rivière. Une étude plus approfondie permettrait de mieux comprendre l’exploitation des rives par les communautés pour les activités funéraires. L’utilisation des matériaux issus des cours d’eau dans la construction des tertres est quelque chose de courant qu’on retrouve en Albanie115, ainsi qu’à Athènes dans le cimetière du Céramique à une époque plus tardive, lorsque que, pour les tertres imposants de l’époque archaïque, on utilise de la terre issue des alentours et des graviers provenant du lit de l’Eridanos116. La proximité des matériaux disponibles n’était peut-être pas la seule raison motivant l’implantation des tombes près des cours d’eau. On ne peut exclure l’hypothèse d’un rapprochement avec l’eau pour sa charge symbolique à la fois purificatrice et évocatrice du passage dans l’Au-delà. Malheureusement on ne connaît que peu ou pas les croyances de ces diverses communautés pour cette période reculée. Les cours d’eau étaient bien souvent longés par des voies de communication, ce qui pourrait également expliquer une telle implantation spécifique des espaces funéraires.
39Le bassin d’Aridaia et ses abords montagneux sont dans une région relativement enclavée (catalogue, fig. 23). La majorité des nécropoles et des établissements ont été découverts au niveau des vallées et des accès qui relient le bassin à la plaine de Macédoine Centrale ou vers les plateaux fertiles des montagnes. La vallée où se trouve Nea Zoï [52-53], aussi appelée le Τέµπη της Αλµωπίας117 (le Tempé de l’Almopie), constitue depuis les années 1950 le principal accès routier au bassin d’Aridaia. Bien que cette voie ne soit rapportée ni dans les récits de voyageurs ni dans les sources antiques, elle devait être régulièrement empruntée118 comme en témoignent les habitats de l’âge du Bronze de Nea Zoï et d’Apsalos, la nécropole de l’âge du Fer ainsi que les traces d’occupation d’époque hellénistique et romaine119. La nécropole tumulaire se situe à proximité immédiate du cours d’eau qui la sépare de l’habitat. Aujourd’hui encore la route passe non loin du terrain des tertres. La vallée de l’Almopaios (ancien Loudias), où sont implantés le site de Krania [56] et le site de Prophiti Ilias-Skliropetra [57], constituait une voie de communication importante dans l’antiquité, qui permettait de relier la plaine à l’ancienne Europos (site d’Aloros)120. La bibliographie ne précise pas l’emplacement exact des tertres par rapport au fleuve. Néanmoins on ne peut négliger leur rôle éventuel dans le marquage des territoires et des voies de communication, étant donné leur présence physique et visible dans le paysage. Bien qu’il ne faille pas surestimer ou exagérer leur impact visuel (le diamètre moyen des monuments étant tout de même dix fois plus petit que celui du Tumulus Royal de Vergina)121, celui-ci pouvait davantage reposer sur le nombre de monuments et les terrains qu’ils couvraient. Konstantia [49] se situe au pied du versant occidental du Païkon et non pas dans une vallée encaissée. La nécropole s’étend le long d’un petit cours d’eau, ce qui n’exclut pas, comme nous le verrons, une organisation secondaire des tertres à l’intérieur de l’espace funéraire. Aujourd’hui, le Xiropotamos est longé par un sentier, qui se prolonge sur le versant et les premiers plateaux de la chaîne du Païkon, comme celui de Theodoraki, où a été repéré un établissement occupé à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer122, ou ceux plus éloignés à l’est, au cœur des montagnes. Aucune trace de route antique n’a encore été découverte mais ces chemins devaient être parcourus régulièrement par ces communautés qui exploitaient les ressources de la montagne et vivaient, entre autres, de l’économie pastorale. Les quelques exemples présentés ci-dessus sont susceptibles d’être enrichis par l’exploration de ces cimetières ainsi que des autres dont les données sont actuellement trop lacunaires. L’implantation de tertres funéraires sur des routes de montagnes ou dans des vallées se retrouve en Albanie123, en Épire (vallée du Gormos)124, ainsi que dans la région de Marmara au sud du Spercheios. Dans ce dernier cas, selon P. Dakoronia, les tertres étaient implantés le long des routes empruntées par des communautés nomades transhumantes à la croisée de l’ancienne Doride et de l’Étolie125. Toutefois, dans le bassin d’Aridaia et de ses abords, les tumuli sont groupés en nécropoles et seraient en partie associés à des communautés vivant dans des habitats permanents126.
40L’implantation de nécropoles le long de cours d’eau et de voies de communication n’est pas propre aux nécropoles tumulaires, même si les attestations sont plus nombreuses. On retrouve cette relation étroite au sud du Mont Voras, dans la vallée de l’Edessaios, qui constitue le passage principal qui relie la plaine de la Macédoine Centrale au lac Vegoritis. C’est d’ailleurs par cette vallée que passait la Via Egnatia. Outre la cité florissante d’Edessa, d’autres établissements ont bénéficié des atouts stratégiques qu’offrait cette voie de communication naturelle, comme le site d’Agras [41]127. La nécropole, située au nord de la route actuelle Edessa-Thessalonique, donc au sud de la rivière, est contemporaine des vestiges domestiques découverts à quelques centaines de mètres à l’ouest. Elle est peut-être associée à l’établissement repéré sur la colline de Philokastro. Les vestiges traduisent une intense activité le long du cours d’eau qui devait être longé régulièrement. En 2009, une portion de route antique a été découverte à proximité du secteur des tombes. Bien qu’elle ne soit pas datée, elle confirme l’utilisation de ce côté de la rivière comme axe majeur de circulation128.
41En poursuivant plus à l’est vers la Macédoine Centrale, on trouve le site d’Archontiko [59]. Bien séparées de l’habitat principal en toumba-trapeza, les quatre nécropoles auraient été établies le long d’anciennes voies de communication129. Aux époques classique et hellénistique, le réseau se complexifie avec le développement de Pella. Désormais certaines routes sont marquées par les tertres monumentaux macédoniens. À Nea Philadelpheia [91], comme nous l’avons vu, le cimetière semble avoir été volontairement installé sur l’axe structurant l’ensemble de l’agglomération, le long du fleuve Gallikos (ancien Echedoros)130.
42En Piérie, Pydna figure dans l’Itinéraire d’Antonin entre Dion et Béroia131. L’importance de cet axe nord-sud remonte déjà aux époques préhistoriques. En effet, autour de Makrygialos [80], la grande majorité des tombes de l’âge du Fer ont été découvertes dispersées sur une vaste zone dans la nécropole nord. Toutefois la tombe d’Alykes-Kitrou [81] donne une orientation générale nord-sud de l’ensemble des vestiges, qui conduit d’un côté vers l’ancienne Méthonè et de l’autre vers les anciennes Dion et Leibéthra. À Pydna, cet axe semble être conservé à l’époque archaïque malgré un repli de la ville sur elle-même. Il se matérialise de manière plus prononcée à partir du ve siècle, lorsque les tombes sont délibérément installées au voisinage du mur nord de la ville, de part et d’autre de la route littorale132. Un second axe, vers le nord-ouest en direction d’Aigai, était connu à l’époque classique. Il a récemment été confirmé pour les périodes plus anciennes avec la découverte récente de deux routes situées à 800 m au nord-ouest de l’ancienne Pydna. L’une des deux semble utilisée depuis l’âge du Bronze jusqu’à l’époque romaine. Là ont été trouvées des tombes, dont deux datées de l’âge du Fer133.
43Pour les établissements de la côte orientale du Golfe Thermaïque, les informations sont plus lacunaires. Les indices archéologiques n’ont été trouvés que dans la nécropole de Thermi [96], dont le noyau, au sud-est de l’habitat, était longé par une route nord-sud qui devait relier la trapeza à la vallée de l’Anthémonte. La situation à Stavroupoli-Polichni [94] est probablement similaire. La nécropole devait en effet se situer à côté d’une route qui longeait la toumba et la trapeza, du nord vers le sud en direction du littoral, comme la route actuelle qui existait déjà d’ailleurs au début du xxe siècle.
44En Chalcidique, il est intéressant de voir qu’hormis Nea Kallikrateia [98], et peut-être Ierissos [103], les nécropoles de Toronè [101], de Mendè [99] et de Nikiti-Aï Giannis [100] semblent exclues des grands axes de communication principaux. En effet, se situant à proximité des rivages, elles n’ont de connexion qu’avec les autres secteurs de l’agglomération associée. On le voit surtout à Mendè [99] où le cimetière se tient à côté de la ville basse, mais n’a que peu ou pas de connexion avec l’intérieur des terres.
L’organisation interne des espaces funéraires et la question des marqueurs
Dans le cas des nécropoles tumulaires
45Comme nous l’avons vu plus haut, en Grèce du Nord à l’âge du Fer, les tertres sont bien souvent regroupés en nécropoles. Il y a donc plusieurs niveaux d’organisation dont celui des tertres au sein de l’espace qui leur est consacré. Nous ne disposons pas de plans pour toutes les nécropoles concernées. Il est toutefois possible de faire quelques remarques à partir des ensembles de Konstantia [49], Palio Gynaikokastro [65], Tzamala [68] et Vergina [75].
46La nécropole de Palio Gynaikokastro [65] se caractérise par une grande densité de monuments sur une surface assez limitée (catalogue, fig. 66). Les périboles-plateformes se chevauchent. L’existence de parements construits avec des pierres sélectionnées implique une volonté certaine de visibilité. Un cheminement devait être possible entre les monuments. Le phasage chronologique n’est pas encore disponible, il n’est donc pas possible de comprendre la logique interne de ce site au fil des siècles. Le cas de Vergina [75] permet de montrer de quelle manière la nécropole est conçue dès sa fondation. D’après le phasage chronologique récemment établi par A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier, le maillage des tertres, à partir de huit groupes répartis de manière équilibrée, est mis en place relativement tôt (phase IIIA, 1000-900) et de manière quasi définitive134. Même si l’espace entre les tertres n’a pas été fouillé par M. Andronikos et donc que ce modèle est susceptible d’être révisé par de futures fouilles, cette proposition s’accorde toutefois avec l’image de ce vaste espace relativement bien circonscrit. Pour les autres nécropoles nous pouvons seulement constater leur organisation au moment de leur abandon et de leur découverte. À Konstantia [49], les tertres se répartissent en deux groupes bien distincts séparés l’un de l’autre d’environ 160 m. Entre les deux se trouve le tumulus 13, mis en valeur par ses dimensions au sol (17 x 11 m) et par l’espace réservé autour. Encore aujourd’hui, ce tertre est bien visible dans la plaine, attire l’œil par sa position centrale et privilégiée (fig. 6). L’orientation de l’entrée des tombes à habitacle, vers l’est, est indépendante de l’emplacement des monuments. La distribution spatiale des tertres fait apparaître des alignements trahissant peut-être des espaces de circulation et une voie d’accès, notamment en direction de l’habitat localisé sur le bas du versant de la montagne (fig. 7-8). Des murets pouvaient servir à structurer l’espace funéraire, comme cela est suggéré pour Tzamala [68] dont les fouilles ont révélé un large blocage de pierres allongé légèrement courbe qui isole à l’ouest les tertres A et E (catalogue, fig. 70). Les chronologies restent à préciser. Toutefois ailleurs, comme en Épire par exemple, de tels aménagements entre les tertres sont bien attestés135.
Fig. 6. Konstantia. Tertre n° 13, depuis le sud-ouest (cliché pris le 28 avril 2014. A.-Z. Chemsseddoha).

Fig. 7. Konstantia. Tertres alignés dans la portion orientale de la nécropole, depuis le sud-ouest (cliché pris le 28 avril 2014. A.-Z. Chemsseddoha).

Fig. 8. Konstantia. Plan de la nécropole avec restitution hypothétique des voies de circulation (d’après AD, 55, 2000, B’2, Chr., 782 fig. 29 (A. Chrysostomou).

47Si, comme nous le verrons, les dispositifs de délimitation des tertres ont pu jouer un rôle pour leur visibilité au sein de la nécropole, cela n’exclut pas l’installation de marqueurs additionnels. La première catégorie de marqueurs sont ceux qui sont associés aux tombes à habitacle recouvertes par des tertres dans la région d’Aridaia. Les jambages de l’entrée des tombes avec ou sans dromos, dépassant en hauteur, auraient servi à marquer l’emplacement du sépulcre136. Au-dessus de la tombe à chambre n°11 de Makrygialos [80], c’est une pierre plate dressée qui devait servir à marquer son emplacement. La deuxième catégorie de marqueurs funéraires concerne les tertres collectifs sur tombes individuelles. Dans l’idéal nous devrions distinguer les marqueurs collectifs signalant le monument dans son intégralité et les marqueurs individuels localisant les tombes dans le massif. D’après la bibliographie actuelle, il n’y a pas de marqueur collectif clairement attesté137. À Agios Pantéléïmon [2], on ignore si la stèle anthropomorphique du tertre IV signalait une tombe ou le tertre. Le parallèle le plus proche est la stèle du tumulus de Vozišta en ARYM [RMf-11]. Elle a été retrouvée contre l’extrémité nord-est de la tombe 7, toutefois située à l’extérieur du cercle de pierres. Elle semble donc avoir été utilisée comme marqueur individuel138. En comparaison, dans la nécropole d’Agia Alonakia-Tsikalario à Naxos, la stèle de type menhir semble marquer l’entrée du cimetière, dans une tradition mégalithique déjà observée dans l’architecture même des tombes139. Dans le cas des nécropoles tumulaires du piémont de l’Olympe à l’ouest de Dion [86], les marqueurs sont plus fréquents. Ils signalent à chaque fois l’emplacement d’une tombe dans le massif : une grosse pierre ou un petit “péribole” de pierre (ΓαΤυ 16), comme sur les tumuli des nécropoles du Bronze Ancien et Moyen de Valtos et de Pigi Athinas situés dans la même région140. Ainsi, le regroupement de tombes sous un tumulus commun n’exclut pas l’existence de marqueurs individuels, qui devaient le plus souvent être en matériaux périssables (piquet, poteau, etc.). En effet, à Vergina [75] par exemple, l’agencement et l’orientation des tombes, l’absence ou la rareté des recoupements, le rapprochement délibéré de certaines tombes ou l’utilisation multiple de certains sépulcres constituent de nombreux indices sur l’existence de marqueurs aujourd’hui disparus. Dans le tumulus AH (catalogue, fig. 78), sept tombes se répartissent de manière équilibrée dans le tertre, tandis que deux se superposent exactement sur deux autres (I sur II ; VI sur VII). Considérant l’espace libre restant dans le tertre, l’absence d’autre superposition et l’orientation de ces tombes, le rapprochement de ces deux paires de sépultures semble intentionnel141. Dans le cas d’Agios Pantéléïmon [2], aucun plan n’est encore publié, mais l’utilisation répétée des tombes implique l’existence de signalisations. L’utilisation de marqueurs en bois est attestée chez Homère, à travers les deux épisodes liés aux funérailles d’Elpénor. Le premier épisode se passe aux enfers lorsqu’Elpénor réclame à Ulysse des funérailles (Hom. Od. 11.71-78). Il demande qu’on le brûle avec ses armes, qu’on lui élève un tertre sur la côte et qu’on plante sur le sommet la rame avec laquelle il avait l’habitude de ramer lorsqu’il était sur le navire parmi ses compagnons.
ἔνθα σ’ ἔπειτα, ἄναξ, κέλοµαι µνήσασθαι ἐµεῖο.
µή µ’ ἄκλαυτον, ἄθαπτον ἰὼν ὄπιθεν καταλείπειν,
νοσφισθείς, µή τοί τι θεῶν µήνιµα γένωµαι,
ἀλλά µε κακκῆαι σὺν τεύχεσιν, ἅσσα µοί ἐστι,
σῆµά τέ µοι χεῦαι πολιῆς ἐπὶ θινὶ θαλάσσης,
ἀνδρὸς δυστήνοιο, καὶ ἐσσοµένοισι πυθέσθαι·
ταῦτά τέ µοι τελέσαι πῆξαί τ’ ἐπὶ τύµβῳ ἐρετµόν,
τῷ καὶ ζωὸς ἔρεσσον ἐὼν µετ’ ἐµοῖσ’ ἑτάροισιν.
“Une fois arrivé, je te supplie, mon roi, de ne pas m’oublier ! Avant de repartir, ne m’abandonne pas sans pleurs, sans funérailles ; la colère des dieux m’attacherait à toi... Il faudra me brûler avec toutes mes armes et dresser mon tombeau sur la grève écumante, pour dire mon malheur jusque dans l’avenir ! … Oh ! rends-moi ces honneurs et plante sur ma tombe l’aviron dont, vivant, parmi vous, je ramais !”142
48Au chant suivant les funérailles sont racontées (Hom., Od., 12.8-15). Chaque étape est respectée et une autre est ajoutée. En effet, après avoir élevé le tertre, Ulysse et ses compagnons tirent une pierre avant de planter la rame sur le sommet du tertre. On ignore l’emplacement exact de la pierre, mais elle ne fait pas partie des requêtes d’Elpénor. On serait donc tenté d’y voir ici l’installation d’une stèle comme il semble être d’usage143, tandis que la rame apparaît comme un marqueur additionnel qui répond aux requêtes du défunt :
Ἦµος δ’ ἠριγένεια φάνη ῥοδοδάκτυλος Ἠώς,
δὴ τότ’ ἐγὼν ἑτάρους προΐειν ἐς δώµατα Κίρκης
οἰσέµεναι νεκρὸν Ἐλπήνορα τεθνηῶτα.
φιτροὺς δ’ αἶψα ταµόντες, ὅθ’ ἀκροτάτη πρόεχ’ ἀκτή,
θάπτοµεν ἀχνύµενοι, θαλερὸν κατὰ δάκρυ χέοντες.
αὐτὰρ ἐπεὶ νεκρός τ’ ἐκάη καὶ τεύχεα νεκροῦ,
τύµβον χεύαντες καὶ ἐπὶ στήλην ἐρύσαντες
πήξαµεν ἀκροτάτῳ τύµβῳ εὐῆρες ἐρετµόν.
“De son berceau de brume, aussitôt que sortit l’Aurore aux doigts de roses, j’envoyai de mes gens au manoir de Circé pour donner la nouvelle que nous étions au port pour rapporter le corps de défunt Elpénor, tandis que, sans tarder, nous jetions bas des arbres. Tristement, au plus haut du cap, nous le brûlons, pleurant à chaudes larmes. Quand la flamme a détruit son cadavre et ses armes, nous lui dressons un tertre, y plantons une stèle et nous fichons au haut sa rame bien polie. (…)”144.
49Cet épisode souligne plusieurs choses. Premièrement, la pierre – si tant est qu’elle est placée là comme marqueur – s’oppose par nature à la rame périssable. Le thème de la rame est repris dans l’Enéide, lorsque Virgile l’associe au tombeau de Misène, avec ses armes et sa trompette145. Dans un contexte différent, on retrouve également une rame mentionnée dans une épigramme funéraire attribuée à Sappho qui interpelle le vivant ainsi : “Sur la tombe du pêcheur Pélagon, son père Méniscos a placé une nasse et une rame, en souvenir de sa vie pénible”146. Ainsi, l’absence de marqueur visible ne signifie pas qu’il n’y en ait jamais eu. Toutefois, la différence entre le bois et la pierre est la durabilité du marqueur. Tout comme les cercles de pierres des tertres, il est bien difficile de savoir pendant combien de temps les marqueurs étaient entretenus. Néanmoins on constate que l’utilisation d’un tertre collectif n’écrase pas forcément l’identité des individus dans la mort.
Dans le cas des nécropoles planes
50En l’état actuel des connaissances disponibles, nous ne ferons que quelques remarques relatives aux nécropoles de Chalcidique, à celles de la région de Thessalonique, et à celles de la moyenne vallée de l’Axios.
51En Chalcidique, les nécropoles de Nikiti-Aï Giannis [100] et de Mendè [99] semblent suivre le même modèle d’organisation, avec des tombes superposées parfois sur plusieurs niveaux et une orientation en fonction du front de mer. Si, à Ierissos [103], les pratiques funéraires sont sensiblement les mêmes, l’organisation des tombes diffère. Les dépôts sont installés dans une seule couche et l’orientation systématique des tombes parallèles au rivage ne semble adoptée qu’à partir du viie siècle dans la nécropole archaïque147.
52Au sud de Sithonia, la nécropole de Koukos [102] semble s’organiser en deux groupes avec une plus grande densité de tombes dans le secteur qui abrite les restes d’un probable bûcher (catalogue, fig. 123). Les tombes ne suivent pas d’orientation privilégiée et semblent plutôt s’adapter au terrain accidenté de la colline. À cette organisation d’apparence anarchique s’oppose celle, plus ordonnée, de la nécropole voisine de Toronè [101], où un premier niveau d’organisation collective côtoie un second niveau propre à chaque groupe de tombes (catalogue, fig. 115). En effet, l’aménagement de la grande terrasse, l’orientation privilégiée nord-ouest/sud-est des inhumations relèvent d’une gestion et d’usages collectifs. Toutefois la terrasse du dépôt 4 n’est pas structurante pour toute la durée de la nécropole. À partir de la phase III, d’autres secteurs sont ouverts, peut-être sous la pression du manque d’espace – considérant par ailleurs le faible nombre de superpositions de tombes. Cette progression ne semble pas suivre de schéma prédéfini, même si on constate qu’une zone centrale est réservée jusqu’à la fin de l’utilisation de la nécropole148.
53Les nécropoles planes implantées autour des habitats en tells, dans la région de Thessalonique, ne devaient pas suivre toutes les mêmes logiques dans leur organisation interne. À Nea Philadelpheia [91] les tombes sont denses, mais sur une seule couche, tandis qu’à Stavroupoli-Polichni [94], elles sont parfois superposées sur trois niveaux. À Toumba Thessalonique [95] et à Thermi [96], les tombes ont une orientation privilégiée est-ouest, à Oraiokastro [92] elles sont plutôt nord-sud (dans le sens de la pente naturelle du terrain ?), tandis qu’à Nea Kallikrateia [98], on rencontre les deux orientations. À Archontiko [59] pour l’époque archaïque du moins, les tombes auraient été organisées en unités familiales autour de deux voies de circulation, dont le croisement aurait déjà existé à la fin de l’âge du Fer149 et aurait reçu les tombes les plus riches150. Ainsi, en dépit d’une structuration similaire de l’espace occupé entre l’habitat en tell et les nécropoles disposées à leur pied, l’organisation interne des espaces funéraires semblent propre à chaque communauté.
54En raison d’une documentation disponible trop lacunaire, il n’est pas possible de commenter l’organisation des tombes des autres nécropoles. Néanmoins il est intéressant de noter que dans la région de l’Olympe, les tombes de la nécropole de Petra-Treis Elies [88] ne suivent pas d’orientation privilégiée, contrairement à celles de la nécropole mycénienne de Spathes-Agios Dimitrios [b-4], avec laquelle elle partage toutefois de nombreux points communs151.
55Comme pour les nécropoles tumulaires les informations sur les marqueurs des tombes sont limitées. Les couches supérieures des sites sont rarement préservées. Il est tout de même frappant de constater dans la bibliographie consultée, l’absence de mention de stèle ou de vase pour signaler des tombes. Le seul cas possible est la crémation en urne n° 109 de Toronè [101], déposée au fond d’une fosse, et contre laquelle a été retrouvée une dalle de conglomérat dégrossie, qui aurait fait office de marqueur152. Plusieurs stèles anthropomorphiques ont été découvertes, mais toujours remployées dans les tombes (paroi ou couvercle) ou hors contexte funéraire153. Les seuls aménagements qui auraient pu servir de marqueurs sont les amas pierreux jetés sur les tombes. Ils sont mentionnés dans diverses régions154. À Ierissos [103], les pithoi sont parfois entourés d’une bordure et recouverts d’un amas de pierres. La bibliographie ne nous permet pas d’affirmer qu’ils ont pu servir de marqueurs mais une comparaison avec l’enchytrisme daté du Géométrique Récent à Nichoria nous oriente vers cette interprétation. Dans ce site de Messénie bien connu également pour son habitat, le vase funéraire était dans une fosse recouverte d’un cairn dont les pierres n’auraient pas été jetées au hasard mais consciencieusement placées surface rugueuse et pointue sur le dessus. Ce dispositif aurait contribué à leur visibilité, d’autant plus qu’une des couches de pierres se situait probablement au-dessus du sol antique (chapitre II, fig. 8)155. Dans le cas de la nécropole de Mendè [99], les petits tas de pierres sur les tombes ont été interprétés comme des dispositifs de protection contre les animaux156. C’est de cette manière qu’avaient été envisagés ceux qui recouvraient les tombes de Chauchitsa [62]157. L’un n’empêche pas l’autre. Les pierres ont pu servir à la fois de protection et de marqueurs funéraires. Par comparaison, dans la nécropole épirote de Vitsa Zagoriou [EP-4], ils servent bien à signaler les tombes158 et sont même parfois renforcés par une pierre plate dressée ou quelques blocs plus imposants159. Ces types de couvertures ne sont pas liés à des types de tombes en particulier et ne sont pas une spécificité de la Grèce du Nord, comme l’attestent par exemple quelques tombes d’Oropos en Grèce centrale160.
56L’existence de marqueurs est également suggérée dans les nécropoles par l’absence de recoupement et l’agencement régulier des tombes ainsi que par la réutilisation intentionnelle des sépulcres. Malheureusement on ne peut que constater la pauvreté des preuves matérielles, comme d’ailleurs dans la plupart des ensembles de l’âge du Fer en Grèce centrale et méridionale, excepté en Attique, comme en témoigne la fameuse nécropole du Céramique. En effet alors qu’au Submycénien, un simple amas de terre et probablement un marqueur en matériau périssable devaient signaler l’emplacement des tombes, les premiers vases marqueurs apparaissent dès la fin du Protogéométrique. Les semata se complexifient au Géométrique Ancien avec l’ajout d’une pierre dressée et prennent une dimension exceptionnelle au Géométrique Récent161. De tels dispositifs sont pour le moment inconnus dans notre région.
Quelques éléments de conclusion
57Le début de l’âge du Fer en Grèce du Nord est donc marqué par le développement de vastes ensembles funéraires, parfois bien délimités. Le choix des lieux d’implantation des nécropoles est peu lié aux types de nécropoles. Les ensembles plats de tombes individuelles et les tertres funéraires suivent parfois les mêmes logiques d’implantation, même si on note pour les nécropoles tumulaires, une préférence pour les cours d’eau, comme dans le bassin d’Aridaia. Il s’agit d’une région particulière, tant par sa topographie que par la manière dont sont organisés les nécropoles et les habitats à l’intérieur. Les tertres sont groupés ou semblent dispersés, notamment à l’entrée de la vallée de l’Almopaios. Plusieurs modèles d’organisation spatiale cohabitent probablement. Dans tous les cas, les nécropoles tumulaires ont pu jouer un rôle important dans le marquage des routes et des territoires de ces communautés qui partagent, au-delà de la même région géographique, de nombreux points communs aux niveaux des pratiques funéraires, et, de grandes différences avec les régions alentours.
58Dans la région orientale du Golfe Thermaïque, on observe un autre modèle d’organisation où les nécropoles s’insèrent dans un réseau hiérarchique d’habitats et semblent participer à la définition des territoires contrôlés par les différents établissements. Les nécropoles apparaissent à la même époque où se développent les habitats en trapezes. Toutefois la base du réseau d’occupation est plus ancienne. C’est au Bronze Récent que cette région connaît une première grande mutation. On observe une augmentation de la densité de l’occupation au sol, une multiplication des habitats en tells, qui forment un réseau dont les différents pôles se répartissent de manière équilibrée (5 à 8 km de distance entre eux). Tout cela forme un système fondé sur quelques grands centres principaux (Axiochori, Assiros, Toumba Thessalonique, Toumba Mesimeriani) et sur des établissements secondaires satellites entourés par des terres cultivées162. On ne sait presque rien des pratiques funéraires de la fin de l’âge du Bronze. Cette lacune est probablement imputable aux recherches archéologiques reposant bien souvent sur des fouilles de sauvetage. Toutefois, les habitants de l’époque ne semblent attacher que peu d’importance à la mise en place d’espaces funéraires formels communautaires, les liens avec les ancêtres étant marqués par l’utilisation continue du même habitat163. Au cours de l’âge du Fer, ce réseau se complexifie avec la formation de nouveaux sites, comme les trapezes autour ou à distance des toumbes de l’âge du Bronze, qui continuent d’être occupées, notamment par des complexes architecturaux importants sur leur sommet164. Excepté pour Toumba Thessalonique [95] et Thermi [96], on ne connaît pas les nécropoles des autres grands centres proto-urbains cités ci-dessus. Toutefois les nécropoles de Nea Philadelpheia [91], Oraiokastro [92], Stavroupoli-Polichni [94], Nea Efkarpia [93] et Thermi [96] font partie de ce réseau et apparaissent alors comme des composantes essentielles dans la définition des territoires contrôlés par ces différentes entités.
59En Piérie, Makrygialos [80] se distingue des autres sites par la dispersion de ses espaces funéraires. Les tombes sont installées toujours plus loin comme si les habitants voulaient marquer leur présence sur la vaste zone côtière, qui s’oppose à la zone de piémont de l’Olympe dont une partie est occupée par les nombreux tertres installés le long et entre les torrents. Au contraire à Vergina [75], les tumuli forment un groupement délimité qui devait être plus impressionnant par le nombre de monuments que par leurs dimensions assez modestes. Le long du cours moyen de l’Haliakmon, autour du lac actuel de Polyphyto, les informations disponibles sont encore trop inégales pour saisir la manière dont s’organisent les espaces funéraires et les espaces habités. Toutefois la dispersion des tombes, et celle de probables petits hameaux, sont peut-être ce qui caractérise cette région. La Chalcidique ne forme pas une région homogène. En réalité seuls les sites de Mendè [99] et Nikiti-Aï Giannis [100] partagent la même logique organisationnelle avec l’implantation des tombes sur les rivages et l’orientation des tombes en fonction du front de mer. Selon H. Koukouli-Chryssanthaki, ce choix aurait permis d’éviter le gaspillage des terres arables165. Cette hypothèse a été formulée en regard avec les données fournies par la fouille de la colonie d’Abdère, où la majorité des tombes sont situées dans des marais littoraux et donc peu propices à l’agriculture – bien qu’après la refondation de la cité par les Téiens, les tumuli aient été également érigés sur des terres fertiles166. Dans un contexte colonial où l’exploitation des terres agricoles est essentielle à l’expansion rapide et à la survie de la colonie, cette hypothèse est séduisante et envisageable. Rappelons toutefois qu’à Mendè [99] la nécropole n’a pas été découverte dans son intégralité, qu’elle ne couvre chronologiquement qu’une courte phase de la totalité de l’occupation du site et que les défunts enterrés sont des immatures à plus de 90 %. À ce stade de nos connaissances, l’interprétation sur le choix de l’implantation de la nécropole semble un peu prématurée. La remarque de H. Koukouli-Chryssanthaki soulève toutefois la question plus générale de l’exploitation des littoraux et des terroirs autour des habitats, pour lesquels seules des études géomorphologiques pourraient apporter des informations complémentaires et essentielles sur le choix d’installation des espaces funéraires.
Les structures tumulaires collectives (fig. 3)
Caractéristiques morphologiques des tertres
La forme des tertres
60Les tumuli sont généralement de forme circulaire, dont la régularité du contour implique un plan dessiné sur le sol. Dans l’Iliade, lors des funérailles de Patrocle, un cercle tracé au sol permet de délimiter l’espace dédié à la sépulture du héros (Hom., Il., 23.255) :
τορνώσαντο δὲ σῆµα θεµείλιά τε προβάλοντο ἀµφὶ πυρήν
“Ils dessinent alors le cercle d’un tombeau et en jettent les bases tout autour du bûcher167”.
61Cette action se traduit dans le texte par l’utilisation du verbe τορνόοµαι, qui signifie tracer à l’aide d’un τόρνος, identifié comme étant une sorte de compas168. Pour la délimitation au sol des tertres, les habitants devaient probablement utiliser une corde accrochée à un piquet, permettant ainsi d’obtenir un cercle régulier.
62Dans notre région la majorité des tertres sont bien de forme circulaire. Il y a néanmoins quelques exceptions. À Palio Gynaikokastro [65], un petit péribole est clairement ovale (catalogue, pl. 66). Dans cette même nécropole, les deux structures orthogonales se distinguent par leur forme, mais non par leur construction ou leur fonction. Sur le plan morphologique, le terme tumulus semble donc impropre pour désigner ces structures à angles droits. En outre, T. Savvopoulou préfère le terme περίβολος (péribole ou enclos) pour les structures circulaires et εξέδρα (estrade ou plateforme) pour ceux quadrangulaires169, par analogie avec le type IIB de la nécropole de Kastri à Thasos170. La forme des tertres n’est pas liée à la nature des massifs. Par exemple, à la différence des tertres en terre bien réguliers de Vergina [75], ceux de Marmara sur les hauteurs dominant la vallée du Spercheios sont irréguliers ou ovales – une forme qui serait due à leur construction sur des affleurements rocheux171.
63Le tumulus circulaire est à la fois un dispositif protecteur pour les dépouilles des défunts et une barrière les isolant du monde des vivants. En l’absence de sources écrites, les croyances des sociétés protohistoriques nous sont peu ou pas accessibles. Le cercle renvoie à un vaste univers symbolique. Son tracé rappelle le cycle de la vie, l’infini ainsi que la forme et la course des astres. Érigé en tronçon de sphère, le tertre est généralement interprété comme le symbole d’une synthèse cosmique unissant la terre par son emprise au sol et le ciel par son élévation dans une harmonie absolue172. En Grèce du Nord, si la circularité parfaite n’est pas toujours recherchée dans tous les sites, comme en témoignent les tertres irréguliers du piémont de l’Olympe [86], dans d’autres nécropoles elle est clairement exprimée et répétée à différents niveaux dans les aménagements architecturaux et/ou dans l’organisation interne des tombes.
Les dimensions des monuments
64Hormis pour Vergina [75], le diamètre des tertres est rarement précisé pour chaque monument dans la bibliographie disponible (fig. 3). Le diamètre est tout d’abord mesuré à partir du dispositif de délimitation du tertre lorsque celui-ci correspond à sa périphérie173, ou bien par l’emprise au sol du massif, ou encore des tombes174. Dans l’idéal, il faudrait connaître la limite apparente des tertres avant la fouille et leur limite réelle175. À Vergina [75], le diamètre n’a pas été mesuré de la même manière pour tous les tertres, ce qui entraîne une certaine confusion176. Pour les monuments fouillés lors de la campagne de P. Petsas, le diamètre des tertres correspond à celui des cercles de pierres177. En revanche, M. Andronikos a fait la distinction entre ces derniers et l’emprise des massifs tumulaires. D’après l’auteur, les cercles n’auraient peut-être jamais été visibles178. Ces aménagements ne semblent pas avoir été indispensables pour la retenue des terres, puisqu’ils sont absents de la majorité des tertres de l’âge du Fer. Ils apparaissent donc davantage comme des enceintes à caractère symbolique (catalogue, fig. 77)179. La chronologie de ces aménagements est discutée180. Toutefois, dans le cas du tertre Z, la tombe IV se situe au-dessus du cercle, ce qui signifie qu’au moment de ce dépôt – durant la dernière phase de la nécropole d’après les fragments de diadèmes retrouvés dans la tombe181 – le cercle ne se situe déjà plus sur la bordure du monument. Il ne définit plus son diamètre, l’étalement et l’aplatissement des terres au cours du temps accentuant davantage la différence entre les deux démarcations. En Albanie méridionale, le tumulus de Barç I dans le bassin de Korçë, témoigne de la complexité du rapport entre le cercle de pierres et la masse tumulaire (catalogue, fig. 139). Le tertre primaire élevé sur une seule tombe sous cairn, est marqué à sa base par un cercle de pierres de 13,50 m de diamètre. Les tombes sont intégrées au fur et à mesure. À l’âge du Fer, son agrandissement est marqué par un second cercle mais placé à 1,40 m au-dessus du premier. Le tertre continue d’être utilisé jusqu’au vie-ve siècle et atteint 43 x 41 m au moment de sa découverte. Dans ce cas, il semble que les cercles de pierres marquent symboliquement les étapes de sa formation.
65Malgré des données relativement lacunaires, nous pouvons dire que les plus petits tertres correspondent aux enclos de Palio Gynaikokastro [65], 2 à 3,5 m de diamètre pour les enclos circulaires et 1,60 x 1,70 m pour un des enclos rectangulaires (catalogue, fig. 66). Ces derniers sont plus petits que les tombes du type II de Kastri-Tsiganadika à Thasos182. Les périboles circulaires ont également un diamètre bien inférieur aux autres tumuli à crémations secondaires contemporains. En effet, celui d’Apsalos-Verpen [50] fait 15 m de diamètre (catalogue, fig. 37) et ceux de la région de Nevrokopi [b-13, 106] font 5-7 et 20 m de diamètre. En revanche, ils sont assez proches de ceux de l’âge du Bronze des nécropoles de Kriaritsi Sykia (3 m de diamètre)183 et de Nea Skioni (entre 1,50 et 2,50 m de diamètre)184. C’est à Agios Pantéléïmon [2] que les tumuli sont les plus grands. Les fouilles, débutées à la fin du xixe s. ont été reprises au début des années 2000 et la bibliographie disponible est encore limitée. Toutefois, nous savons que le tumulus III (secteur II), entouré d’un mur en pierre, fait 21 m de diamètre et que les tombes étaient parfois disposées en rayon sur une à cinq séries autour d’un vaste centre réservé185. Ces dimensions trouvent leur équivalent en ARYM, dans la vallée de la Cerna, comme en témoigne le tertre de Beranci-Visoï [RMf-1], de 23 m de diamètre (catalogue, fig. 135)186. Les très grands tertres sont également caractéristiques de l’Albanie méridionale, notamment de la région du bassin de Korçë et du plateau de Kolonjë où les tumuli de plus de 20 m de diamètre sont fréquents : Kuç i Zi I [AL-2] (29 m, catalogue, fig. 140), Shuec [AL-1] (34 x 31 m), Prodan [AL-8] (30 m) et Psar [AL-5] (20 m).
66À Vergina [75], sur les 28 tumuli pour lesquels le diamètre est connu187, plus de la moitié font entre 14 et 18 m de diamètre. Seulement deux tumuli ont un diamètre ≥ à 20 m, le tumulus A et le LXV. Ce dernier est impressionnant par son emprise au sol et surtout son grand nombre de tombes (59), qui est tout à fait exceptionnel pour la nécropole (catalogue, fig. 76). La hauteur des tertres est l’information la moins documentée et la plus difficile à estimer. Les hauteurs renseignées sont celles conservées, prises probablement au centre de chaque tertre. Sur les 34 tertres dont la hauteur est connue188, 19 font moins de 0,90 m de hauteur et seulement sept mesurent entre 1,40 et 2,10 m. Selon M. Andronikos plus les tertres sont larges plus ils sont hauts mais la corrélation est en réalité plutôt faible189.
67Une seconde remarque porte sur les ensembles tumulaires du bassin d’Aridaia, érigés sur des tombes à habitacle. On observe une hiérarchie des diamètres des tertres entre les sites (fig. 3). Ceux de Neromyloi-Prodromos [48] sont 2 à 3 fois plus larges que ceux de
Nea Zoï-ΣΤ [52], tandis que ceux de Prophiti Ilias [57] et Konstantia [49] ont des dimensions assez proches. L’emprise au sol des tertres ne semble pas liée à la taille des chambres funéraires. Quand on se tourne vers la région à l’est du Strymon, on observe également une différence notable dans les dimensions des tertres malgré une homogénéité dans la construction des monuments et des pratiques funéraires : Drama Z. I. [105] (9-10 m), Nevrokopi [b-13, 106] (5-7 m et 20 m).
68Les comparaisons avec le reste de la Grèce sont limitées. En Thessalie, les tertres renfermant des crémations dans la région d’Halos sont des cas particuliers de formation par agglutinement190. Le tumulus d’Exalophos ferait 20 x 24 m de diamètre. Il n’a toutefois été exploré que très partiellement (deux sondages)191. Les tumuli de Marmara mesurent entre 8 et 16 m de diamètre192 et s’inscrivent donc dans la moyenne que l’on trouve en Grèce du Nord.
69Si presqu’aucune régionalisation n’est visible au niveau des dimensions des tertres à l’âge du Fer, les monuments sont tous nettement plus grands que ceux de l’âge du Bronze qui recouvrent en réalité moins de tombes193. L’agrandissement des tertres va donc de pair avec une augmentation du nombre de tombes à l’intérieur des monuments. Il ne s’agit donc pas d’une simple monumentalisation des espaces funéraires collectifs mais d’une adaptation à un élargissement de l’accès à ces monuments pour les membres des communautés.
L’agrandissement de tertres, un phénomène peu documenté à l’âge du Fer
70À cause de l’érosion et des diverses dégradations, la forme et les dimensions des tertres au moment de la fouille ne donnent qu’une image indicative de la grandeur originelle des monuments. La forme initiale des tertres, les étapes de leur élévation et de leur dégradation ne peuvent être documentées qu’à partir d’une étude stratigraphique, trop souvent négligée par le passé. Dans notre zone d’étude, en l’état actuel de la documentation, il n’y a aucun cas avéré de tertre collectif érigé sur un tertre primaire individuel, ni d’agrandissement de tertre ou de transformation de la chambre funéraire dans le cas des tumuli sur tombe à habitacle. Les deux seuls cas hypothétiques sont les tumuli III et LXV de la fouille de P. Petsas à Vergina [75], où les tertres seraient le résultat d’agrandissement et de regroupement de tertres plus petits (catalogue, fig. 75-76)194. Le phénomène de réutilisation et d’agrandissement de tertres plus anciens apparaît surtout au ive siècle, comme à Alykes-Kitrou [81] et à Amphipolis-Kastas [104]. À Palio Gynaikokastro [65], l’ajout de niches contre les parements externes des enclos a entraîné une extension de la couverture lithique. Avec ces aménagements, ce n’est pas tant le diamètre qui augmente, mais la forme du monument qui s’en trouve modifiée195. L’agrandissement de tertre a été envisagé pour le tumulus d’Arnissa [40]. Il a été interprété par N. G. L. Hammond comme un double tumulus car des tombes se trouvaient à l’intérieur et à l’extérieur d’un cercle de pierres qui aurait délimité le tertre primaire196. Le phénomène de réappropriation et d’agrandissement de tertres est en revanche fréquent en Albanie. On constate d’une part, la réoccupation collective à l’âge du Fer de tertres initialement érigés à l’âge du Bronze sur une tombe unique et d’autres part des agrandissements successifs des monuments comme à Barç I [AL-3] (catalogue, fig. 139)197 et Kamenicë [AL-4].
Sols et dispositifs de délimitation
71Il arrive que les tertres funéraires soient agrémentés à leur base d’un dispositif de délimitation. Aucune structure de type fossé n’ayant été rapportée jusque-là, nous nous focaliserons sur les aménagements lithiques. Parmi les sites étudiés, les cercles de pierres ont été identifiés dans huit nécropoles tumulaires (fig. 3). Leur distribution géographique n’est pas significative et ils ne sont jamais utilisés pour la totalité des tertres, sauf à Palio Gynaikokastro [65], mais il s’agit davantage d’enclos que de tumuli. À l’intérieur d’un même ensemble, on peut donc trouver des monuments avec ou sans aménagement, comme dans la région de Pogoni en Épire ou en Grèce centrale à Marmara198. Cette variabilité au sein des ensembles est encore difficile à expliquer et ne semble pas forcément chronologique. À Drama Z. I. [105] le tertre Γ serait légèrement antérieur aux tertres A et B dépourvus de cercles de pierre, mais les datations mériteraient d’être affinées.
La préparation du sol
72Le niveau d’installation des tertres est une donnée très peu documentée. Les maigres informations disponibles proviennent des sites de Vergina [75], de Palio Gynaikokastro [65], de Dion [86] et de Nevrokopi-Exochi [106]. Dans la bibliographie, aucun aménagement n’est mentionné (déblaiement, terrassement, etc.). Ce type de travaux est toutefois connu comme en témoigne la nécropole de Marmara en Grèce centrale, où certains affleurements rocheux qui reçoivent les tertres ont été légèrement retaillés199. À Vergina [75], une couche de terre a été retrouvée sous les cercles de pierres200. Toutefois, sans analyse stratigraphique détaillée, il est difficile de prouver qu’il s’agit d’une surface de préparation de sol ou bien tout simplement de la masse tumulaire dans le cas où le cercle de pierres aurait été ajouté par la suite. À Palio Gynaikokastro [65], les pierres de remplissage des enclos et les urnes reposaient sur une couche de terre rouge tamisée rapportée depuis les pentes de la colline abritant l’habitat contemporain201. Ce type de préparation évoque en Albanie, les tumuli Barç II [AL-3]202 et Kuç i Zi II [AL-2] qui reposent sur une couche d’argile damée, mélangée à du sable pour Kuç i Zi203. La diversité des aménagements semble liée à l’environnement immédiat des nécropoles ou à des traditions locales.
Terminologie des dispositifs de délimitation
73Dans la littérature scientifique, le lexique utilisé pour désigner les dispositifs de délimitation des tertres est varié. Emprunté à l’architecture religieuse, militaire et domestique, il mélange souvent fonctions et techniques de construction. Dans la bibliographie francophone, il est courant de trouver les termes suivants : blocage externe ou périphérique, ceinture, cercle, couronne, enceinte, mur d’enceinte, mur de soutènement, péribole et krépis204. Dans les travaux anglo-saxons, on trouvera circle of stones, enclosure, enclosure wall ; dans les travaux germanophones, Mauerkreis, Steinsetzung ; et dans les écrits en grec moderne, δακτύλιος, κρηπίς et περίβολος (terme le plus courant). Pour les tumuli de l’âge du Bronze en Grèce, O. Pelon distingue la “ceinture de pierres” du “cercle funéraire”. L’auteur réserve cette dernière expression pour ceux de Mycènes205. La première désigne tout système de délimitation de tertre, qu’il corresponde à un cercle de pierres disposées sur une rangée et une assise, un radier, ou bien à une enceinte206. Dans les cas de dispositifs appareillés, l’auteur préfère le terme de “mur” ou “mur de soutènement”, qu’il emploie également pour les aménagements des tertres des tholoi207. Le terme de “péribole” est le plus utilisé pour désigner les aménagements des tertres de l’âge du Fer de notre région, excepté pour le tertre Γ de la nécropole de Drama Z. I. [105] et ceux du piémont de l’Olympe [86] pour lesquels c’est le terme d’anneau (δακτύλιος) qui est préféré208. Au-delà des variations lexicales régionales, propres à chaque auteur et à chaque tradition scientifique, la multiplicité des termes soulève trois questions : 1) l’identification de la structure, en tant que dispositif de délimitation d’un tertre funéraire, 2) sa fonction, 3) sa visibilité. Il paraît malaisé de proposer une terminologie parfaite tant il est souvent difficile d’apporter des réponses satisfaisantes à ces interrogations. Nous avons déjà exposé plus haut le problème de l’identification des tumuli et des cercles. Les questions de leur fonction et de leur visibilité sont liées. Les termes “péribole”, “enceinte”, “mur d’enceinte” ou “mur de soutènement” désignent des constructions ayant une face exposée. Le terme κρηπίς (krepis) se retrouve chez Pausanias, lorsqu’il décrit le monument funéraire d’Aipytos209. Le terme désigne ici une base en pierre qui entoure le tumulus, ce qui n’est pas sans rappeler l’utilisation qu’en fait Hérodote pour décrire le tombeau d’Alyatte210. Dans ces contextes particuliers la krepis semble être une bordure en pierre bien visible. Chez Homère, c’est le terme θεµείλια (themeilia) qui est utilisé pour désigner la base de pierres installée après le traçage du cercle recevant le bûcher de Patrocle211. Toutefois, on ignore tout de l’architecture de cet aménagement : pierres disposées sur une rangée, radier ou enceinte plus élaborée ? Dans tous les cas, ce dispositif semble être recouvert de terre et ne devait plus être visible, d’autant plus si on tient compte du fait que la tombe de Patrocle est destinée à être agrandie au moment où elle recevra la dépouille d’Achille212. Par ailleurs, aucun cercle de pierres ne semble avoir été installé pour le tumulus d’Hector : l’urne est recouverte d’un amoncellement de pierres, qui de ce fait devait constituer le noyau du tertre213.
Les dispositifs de délimitation (fig. 3)
74On observe deux types de délimitations, le cercle de pierres et le mur périmétral. Le premier aménagement est de loin le plus courant214. Il consiste en un cercle formé d’une seule rangée de pierres souvent plus grosses que celles utilisées pour les massifs dans le cas de tertres pierreux. Par exemple, ce contraste est relativement bien visible pour le tumulus d’Apsalos-Verpen [50] (catalogue, fig. 37), dans lequel les pierres brutes de forme allongée sont disposées bout à bout de manière à former une ligne régulière autour de l’amoncellement central. Malgré la modestie apparente du dispositif, l’agencement des blocs et l’homogénéité de leur gabarit témoignent d’un certain soin accordé à son exécution. Dans le cas de Vergina [75], les cercles sont constitués de pierres brutes de taille moyenne à grosse disposées de manière jointive sur une rangée et une seule assise, sans parement (catalogue, fig. 77).
75Une seconde variante plus rare est représentée par l’aménagement du tertre Γ de la nécropole de Drama Z. I. [105] avec ses trois cercles concentriques (catalogue, fig. 130). On ignore s’ils sont liés à des agrandissements successifs. En comparaison, à Kamenicë [AL-4] en Albanie méridionale, le tertre initial érigé sur une tombe centrale datée du xiiie-xiie siècle a été entouré de deux cercles espacés de 0,40 à 0,50 m créant ainsi une sorte de “corridor”, pour reprendre les termes de L. Bejko215.
76Les murs périmétraux ne sont identifiés qu’à Agios Pantéléïmon [2] (catalogue, fig. 3) et à Palio Gynaikokastro [65] (catalogue, fig. 66). Dans le premier site, cette architecture monumentale avec parement traduit la volonté de rendre ce dispositif visible et durable dans le temps. Dans le second, la particularité de ces structures réside dans le choix des matériaux : des pierres calcaires blanches, ou bien, des pierres de couleur rouge sombre216, traduisant un souci d’individualiser les monuments. À l’âge du Fer, dans les régions adjacentes, les enceintes construites sont connues, comme par exemple en Albanie dans la région du cours moyen de l’Aôos (Vjosë), plus précisément à Kakavi [AL-11] où le tertre, constitué d’une masse de galets et d’une chape de terre, était entouré par un muret de dalles rectangulaires disposées sur deux ou trois assises217.
Fonction et visibilité des dispositifs de délimitation
77Les systèmes de délimitation ont plusieurs fonctions qui interagissent : la fonction architectonique, la fonction ornementale, qui contribue à la mise en valeur de l’édifice, et la fonction symbolique. Souvent constitués de matériaux plus résistants que ceux utilisés pour le massif tumulaire, ils ont tous joué un rôle de soutènement plus ou moins important. Il est difficile de mesurer la visibilité de ces aménagements car on connaît peu ou pas la relation stratigraphique entre la délimitation en pierre, le niveau de sol d’origine et le massif tumulaire. Par ailleurs, en plus d’être sujets à l’érosion et aux dégradations, les tertres découverts au moment de la fouille reflètent leur état au moment de leur abandon. Leurs dimensions et leur architecture sont le résultat de choix dictés par des nécessités matérielles, les ressources naturelles disponibles ainsi que des traditions locales, le nombre de tombes et le type de tombe (?), une idéologie et des croyances susceptibles d’évoluer, d’autant plus lorsque les tertres sont utilisés sur plusieurs générations. Ainsi, non seulement leur aspect extérieur et leur usage ont pu changer au cours du temps mais aussi la perception qu’en avaient les vivants. En témoigne le récit de Pausanias, lorsqu’il décrit le tumulus d’Aipytos. Pour lui, le tertre du héros arcadien paraît bien modeste en comparaison du tombeau d’Halicarnasse, mais il le décrit en détail car selon lui, Homère en avait une perception plus monumentale à son époque :
78Paus. 8.16.3
Τὸν δὲ τοῦ Αἰπύτου τάφον σπουδῇ µάλιστα ἐθεασάµην, ὅτι ἐν τοῖς ἐς τοὺς Ἀρκάδας ἔπεσιν ἔσχεν Ὅµηρος λόγον τοῦ·Αἰπύτου µνήµατος. Ἔστι µὲν οὖν γῆς χῶµα οὐ µέγα, λίθου κρηπῖδι ἐν κύκλῳ περιεχόµενον· Ὁµήρῳ δὲ ‒ οὐ γὰρ εἶδεν ἀξιολογώτερον µνῆµα ‒ εἰκότως παρέξειν ἔµελλε θαῦµα (…)
J’ai regardé le tombeau d’Aipytos avec une particulière attention parce qu’Homère dans ses vers sur les Arcadiens a fait mention du monument d’Aipytos. C’est donc un tertre de terre de faibles dimensions, cerné en rond d’un soubassement en pierre. Mais pour Homère, qui ne connaissait pas de tombeau plus remarquable, il devait naturellement être un objet d’émerveillement (…)218
79D’une manière générale l’architecture tumulaire peut se passer de système de délimitation219. À Agios Pantéléïmon [2] et à Palio Gynaikokastro [65], la hauteur, le parement et le soin accordé à l’agencement des pierres, nous permettent de supposer qu’initialement, ces aménagements étaient destinés à se trouver sur le pourtour des monuments. C’est probablement le cas pour l’enceinte du tumulus B de Marmara220. Le cas du tertre Barç I [AL‑3] (catalogue, fig. 139) est intéressant car le cercle autour de la tombe centrale est censé délimiter le tertre initial ; le second cercle, construit à 1,40 m au-dessus, couronne le monument agrandi pour accueillir de nouvelles tombes221. Sa fonction architectonique est limitée, mais sa valeur symbolique est forte car il rappelle l’existence de la sépulture centrale initiale et matérialise le rattachement de la communauté à un ancêtre commun.
80Comme ce qui avait été constaté pour les tumuli helladiques, il n’y a pas de corrélation entre la dimension des tertres et la présence de délimitation en pierre222. À Vergina [75], les cercles de pierres avaient probablement une fonction architectonique limitée. La terre rougeâtre argileuse utilisée pour la majorité des tertres joue peut-être un rôle suffisant dans la stabilité des monuments, ce que n’offre pas le limon sableux local. Si on a volontairement recouvert les cercles de pierres par la terre des massifs tumulaires, cela signifie que ces aménagements n’ont été visibles que durant leur installation. L’effet de monumentalité était donc de courte durée, ce qui n’ôte pas leur caractère symbolique dans la définition de l’espace dédié aux morts. Autour des tertres constitués de pierres, les cercles de gros blocs servaient probablement à éviter l’éparpillement des massifs et à marquer plus clairement l’emplacement des monuments. Toutefois, aujourd’hui, à Konstantia [49] par exemple, ces bordures sont bien cachées sous la végétation et les tertres se démarquent plutôt par leur masse. Les enceintes des tertres étaient-elles visibles toute l’année ? Étaient-elles entretenues ? Étaient-elles faites pour durer ? Les monuments de Palio Gynaikokastro [65] reflètent une situation contradictoire. D’un côté, les enclos semblent avoir été conçus pour être visibles et reconnaissables grâce au soin accordé à l’architecture et aux choix des pierres spécifiques pour chaque monument. De l’autre, l’ajout de petits coffres accolés aux parois extérieures et le chevauchement des monuments reflètent une logique plus anarchique. Seule un phasage précis de l’ensemble des tombes et des monuments permettra de mieux comprendre les dynamiques internes de cet ensemble.
81Hormis à Agios Pantéléïmon [2] et Palio Gynaikokastro [65], les simples cercles de pierres des autres tumuli de Grèce du Nord ne semblent pas avoir été un vecteur de monumentalité, à la différence du monument dit Rundbau du cimetière du Céramique, ou, du tombeau de Ménékratès à Corcyre daté du viie siècle (fig. 9). Dans ce dernier cas, la krepis ainsi que le mur périmétral constituent presque la totalité du monument. Le dôme n’est réduit qu’à un petit chapeau. Ce type d’architecture est entièrement tourné vers les vivants et les interpelle directement en servant de support à une inscription qui en fait presque tout le tour223. La forme tumulaire est fossilisée dans la pierre taillée. Il n’est alors pas étonnant que dans la littérature scientifique on l’appelle tombeau plutôt que tumulus.
Fig. 9. Tombeau de Ménékratès (Koenigs 1980, 43, fig. 21).

82Une dernière remarque portera sur le cercle de pierres comme frontière de l’espace funéraire. Le traçage de l’emprise au sol du tertre a une forte charge symbolique au moment de son élaboration. Le cercle tracé définit l’espace et celui en pierre le matérialise de façon monumentale dans le cas de d’Agios Pantéléïmon [2] ou plus discrètement dans les autres nécropoles. Selon B. Govedarica, l’étendue et le périmètre du cercle forment le cadre spirituel et la protection symbolique de l’espace sacré du tumulus. Le dôme, en tant que masse physique joue un rôle concret de protection des sépultures et un rôle spirituel en plus de sa fonction sociale en tant que symbole de pouvoir et de possession de territoire224. Toutefois, cette limite n’est pas si rigide et infranchissable. La délimitation de l’espace sur lequel se bâtit le tertre correspond à la phase initiale du monument. Elle est donc susceptible d’être transgressée, agrandie ou modifiée. À Dion [86], le cas du tertre ΓαΤυ9, qui aurait été formé de plusieurs petits tertres225, montre qu’à un moment donné, la limite symbolique entre le monde des ancêtres et celui des vivants a été redéfinie. On retrouve la même chose pour le tumulus de Kamenicë [AL-4] dans le bassin de Korçë.
83Ainsi, à une échelle supra-régionale, les systèmes de délimitation des tertres sont variés, mais homogènes à l’intérieur de chaque nécropole. Toutefois, leur construction ne semble pas être une nécessité technique et on les trouve autant associés à des massifs tumulaires en pierre que de massifs en terre. Ce constat fait pour la Grèce du Nord semble également s’appliquer aux régions et pays limitrophes.
Les massifs tumulaires : une architecture mal connue
La nature des massifs
84L’économie des matériaux et les techniques de construction des monuments funéraires est un thème de recherche peu abordé pour les tertres de l’âge du Fer en Grèce du Nord. Les recherches se sont davantage concentrées sur les tertres des tombes monumentales macédoniennes. La fouille des tumuli d’Aineia (ive s.)226, et les études faites sur ceux de Pella et celui d’Agios Athanasios (fin du ive-début du iiie s.), ont apporté un éclairage nouveau sur le choix des matériaux et leur agencement pour la construction des massifs tumulaires227. Les résultats ont montré que l’empilement des sédiments sélectionnés avec soin permettait d’améliorer la stabilité des tertres et de préserver les tombes et leurs peintures (canalisation des eaux de ruissellement et régulation des variations thermiques). Les travaux d’O. Pelon permettent d’apporter quelques comparaisons et de préciser quelques points au sujet des tertres élevés sur des tholoi228. Enfin, l’étude approfondie conduite sur le tumulus de Löfkend en Albanie a permis de souligner la complexité de la stratigraphie et de soulever la question de l’origine des sédiments utilisés. Les résultats ont montré qu’une partie de la terre était locale, une autre provenait de couches d’occupation préhistorique, intercalées par des chapes de terre argileuse prélevées à une trentaine de mètres du site afin de consolider le tertre229.
85Dans notre région à l’âge du Fer, on observe trois types de massifs tumulaires : en terre, en pierre, ou mixte (fig. 3). Dans une même nécropole il est rare que les tumuli en terre coexistent avec ceux en pierre, excepté pour quelques cas limités à Vergina [75]230. Les massifs en terre sont donc caractéristiques de la majorité des tertres de ce site, de ceux d’Agios Pantéléïmon [2] et de ceux érigés au-dessus des tombes à chambre de Makrygialos [80] et d’Alykes-Kitrou [81]. Les massifs constitués d’un amoncellement de pierres sont caractéristiques des tertres renfermant les tombes à habitacle du bassin d’Aridaia, et ceux à urnes cinéraires d’Apsalos-Verpen [50], de Palio Gynaikokastro [65] et de la région à l’est du Strymon. On les rencontre dans la région montagneuse de Tzamala [68] tandis qu’au pied de l’Olympe c’est un mélange de terre, de pierres et de galets qui forment les tertres près de Dion [86].
86Ces tumuli sont constitués le plus souvent d’un type de matériau, d’où la difficulté de comprendre leur construction et leur formation. En Albanie ils sont plus variés. On trouve des tertres en terre (Kuç i Zi I [AL-2], Barç I [AL-3], Prodan [AL-8]), et d’autres dont l’alternance de chapes de terre et de pierres est liée à des agrandissements (Vodhinë [AL-13]). En Grèce du Nord toutefois, l’homogénéité apparente des sédiments des massifs tumulaires en terre peut en réalité dissimuler une complexité que seule une étude stratigraphique fine pourrait mettre en évidence comme l’a montré celle qui a été faite sur le tumulus de Löfkend en Albanie231. Au niveau de la répartition des types de massifs on constate que les tertres en terre (ou supposés en terre) se situent en plaine à proximité de fleuves ou de lacs232. Les massifs pierreux se situent dans des contextes plus variés : près d’une rivière ou d’un torrent d’où ont été extraites les pierres233, en contexte montagnard234, ou dans des plaines235. Il y a peu de précisions sur les roches mobilisées. Pour les tumuli de Dion [86], de Tzamala [68] et de Konstantia [49], ce sont les galets qui sont préférés. Le tumulus de Nea Efkarpia [93] se distingue des autres par un empilement de dalles de schiste, normalement utilisées pour les couvercles des tombes à fosse et les parements des cistes à orthostates.
De la terre propre pour les défunts
87Dans l’épopée homérique, la construction du tertre se reflète à travers l’expression “δὲ χυτὴν ἐπὶ γαῖαν ἔχευαν” (“ils y répandent de la terre”)236 ou le verbe τυµβοχοέω (“élever un tertre” ou “ensevelir sous un tertre”)237. Ainsi, de la même manière que les libations sont versées sur le sol238, la terre est répandue pour former le tertre. Les détails de la construction restent toutefois obscurs. Pour les massifs de Vergina [75], de la T. 12 de Makrygialos [80], le sol des enclos de Palio Gynaikokastro [65], et peut-être la couche recouvrant les tombes de Spilaio [38] et d’Anavrika-Tranovalto [31], de la terre a été rapportée d’un autre lieu que celui de la nécropole. Dans le cas de Vergina [75] et de Palio Gynaikokastro [65], il s’agit d’une terre rougeâtre (κοκκινοχώµα), communément appelée terra rosa239 préalablement tamisée dans le cas de Vergina [75]. On retrouve ce même phénomène en Épire240 et à Marmara241. D’une manière générale, la terre argileuse est fréquemment utilisée à toutes les époques dans la construction des tumuli : comme couche de consolidation ou bien en chape étalée sur les voûtes des tholoi mycéniennes242, ou sur les toits des tombes à chambre macédoniennes afin d’assurer leur étanchéité243. Toutefois Vergina [75] se démarque par l’utilisation de ce sol pour la majorité des monuments244. Est-ce parce que le sédiment sableux local était trop instable pour la construction des tertres ? La masse considérable de travail et de temps consacrée en amont à la préparation de ce volume de matériaux implique des prises de décisions et un investissement collectif importants quelles que soient la richesse et la position sociale des défunts. Par le tamisage, la terre est débarrassée de toute trace d’activité anthropique, les objets restants étant ceux destinés aux défunts et aux cérémonies funéraires. Cet écrin isole davantage les défunts du monde des vivants et avait peut-être une dimension purificatrice.
Le cas particulier des tumuli compartimentés
88Ce type d’architecture funéraire ne se rencontre qu’à Tzamala [68] (catalogue, fig. 70) et à l’ouest de Dion [86]. Ces tertres sont aménagés d’un cercle externe. Sous la chape de pierres de couverture, l’espace est subdivisé. Un cercle au centre renferme une tombe (seulement dans le cas de Tzamala) et l’espace entre celui-ci et le cercle extérieur est compartimenté par des cloisons en construction de pierres sèches disposées en rayons, créant ainsi des alvéoles et donnant au plan une apparence de rouelle245. À Tzamala [68], deux compartiments du tertre IZ sont eux-mêmes subdivisés en deux, et dans la partie orientale du monument, un petit compartiment semble s’intercaler entre les rayons et le cercle central. On ignore les différentes phases de construction. L’interprétation symbolique est séduisante. Il y a peut-être toutefois une simple explication technique qui mériterait d’être examinée. En effet, à Monastiraki-Chania près de Mycènes, les cloisons internes d’une structure circulaire pierreuse de 20 m de diamètre ont été interprétées comme dispositif pour faciliter le remplissage de pierrailles qui couvraient alors l’ensemble du monument246. Au vu de cet exemple, il serait donc intéressant de suivre cette piste de réflexion.
89D’autres divisions internes devaient exister dans les tertres comme en témoignent la répartition des sépultures à Vergina [75] et à Agios Pantéléïmon [2]247. Il est toutefois difficile d’aller plus loin sans aucune autre trace matérielle.
L’orientation des tombes
L’orientation des tombes à habitacle
90En Grèce du Nord, les tombes collectives à habitacle ont presque toute une orientation est-ouest avec l’entrée à l’est. Cette homogénéité, s’oppose à la plus grande variété d’orientations des tombes à habitacle de Thessalie à l’âge du Fer248. Les deux exceptions sont les tholoi de Frourio-Kambos [30] avec leur dromos orienté à l’ouest (tourné à l’opposé de l’habitat), qui serait lié à la pente naturelle du terrain249. Cette explication trouve des parallèles à l’Helladique Récent en Grèce centrale et méridionale. O. Pelon observe également que l’entrée des tombes tourne souvent le dos à l’habitat, mais il se garde de tirer des conclusions hâtives sur une interprétation symbolique du rapport entre les morts et les vivants, en raison de l’existence de cas contraires250. Dans le bassin d’Aridaia, les entrées des tombes à habitacle, fonctionnelles ou non, sont toutes orientées à l’est, vers la montagne et la zone d’habitat. Le terrain est relativement plat. Dans ce cas particulier on ne peut exclure également un lien entre le choix de cette orientation et la course du soleil.
L’orientation des tombes dans les tertres collectifs
91L’orientation des tombes dans les tertres peut s’envisager de deux manières : par rapport aux points cardinaux et par rapport au tertre lui-même. Les deux logiques ne s’excluent pas et peuvent même coexister. À Tzamala [68], l’orientation des tombes n’est pas liée à la circularité des tertres : la majorité des tombes sont orientées ouest-est (ou sud-ouest/nord-est) sauf trois tombes (T. 7, 20 et 24) orientées nord-sud (catalogue, fig. 70-71). Dans le cas des tumuli du piémont de l’Olympe à l’ouest de Dion [86], l’absence d’orientation privilégiée des tombes va de pair avec l’irrégularité des tertres et souligne l’apparente indifférence des communautés face à la circularité et à la régularité des monuments funéraires. On ne peut toutefois exclure l’hypothèse de tertres individuels, fondus les uns dans les autres pour former des monuments collectifs.
92Pour les nécropoles de Vergina [75] et d’Agios Pantéléïmon [2], c’est la forme circulaire des monuments qui guide l’orientation de la majorité des tombes. Vergina [75] est le site le plus documenté sur cette question. M. Andronikos avait noté que la majorité des tombes étaient disposées en rayons autour du centre des monuments et que la majorité des défunts avaient également la tête tournée vers celui-ci. Même si ces observations restent correctes, elles méritent des nuances et quelques ajouts. Les logiques centripètes, centrifuges et astronomiques se côtoient (catalogue, fig. 83). La majorité des tombes sont placées en rayons autour du centre des tertres. Les autres sont tangentes en bordure des monuments. Dans le cas du grand tertre LXV, ces tombes seraient liées à des phases d’agrandissement du tertre251, mais les deux logiques (rayonnante et concentrique) coexistent (catalogue, fig. 76). En proportion, ce sont les enchytrismes en pithos qui sont le plus souvent tangents à la bordure des tertres (environ 30 %, contre 9 % des tombes à fosse). M. Andronikos avait corrélé ce fait avec l’introduction tardive de cette pratique252. Lorsque ce type de tombe est disposé en rayon dans le tertre, il est fréquent que le fond du vase soit tourné vers le centre et son ouverture vers la périphérie (17 cas)253. Les tombes centrales sont presque toutes orientées sur un axe ouest-est (catalogue, fig. 84), dans le respect d’un usage qu’on observe dès le début de l’utilisation de la nécropole (tombe LXV-Γ, c. 1000) et jusqu’à la phase IIIB (vers c. 850)254. L’orientation des tombes dans les tertres suit donc plusieurs logiques qui font intervenir les types de tombes et les contenants. La corrélation avec l’orientation des défunts sera traitée dans le chapitre suivant. En Épire et à Marmara, la situation est identique à celle de Vergina [75] et d’Agios Pantéléïmon [2], où l’orientation radiale des tombes est un usage courant (catalogue, fig. 138)255. Dans les tertres d’ARYM, il y aurait une évolution chronologique de l’agencement des tombes, d’abord rayonnantes dans les monuments à tombe centrale situés sur des hauteurs, entre le xe et le viiie siècle (exemple de Beranci-Visoï [Rmf-1], catalogue, fig. 135), puis disposées de manière beaucoup plus libre dans les tertres dépourvus de tombe de centrale situés désormais dans les plaines et les vallées (exemple de Dabici Sopot T. Veles [Rmf-15] du viie-vie s.)256. Un tel développement n’est pas visible dans notre région d’étude.
93L’analyse des espaces funéraires a permis de voir les diverses organisations des tombes. Si les tumuli sont une composante essentielle des pratiques funéraires de la Grèce du Nord à l’âge du Fer, leur développement n’est pas uniforme et leur analyse a permis de mettre en évidence la variété des configurations, tant dans leur rapport à l’espace que dans leur architecture. Si l’étude de l’organisation des tombes nous a fait passer de l’univers du visible à celui de l’enfoui, il convient maintenant de l’explorer en détail en s’intéressant de plus près aux types de tombes qui accueillent les défunts.
Notes de bas de page
1 Str. 17.1.10.
2 Leroi-Gourhan [1988] 2005, s.u. “nécropole”.
3 Sprague 2005, 162-175. Notons que le mot “cimetière”, issu du latin cimiterium/coemeterium, lui-même emprunté au grec κοιµητήριον est également utilisé par les archéologues notamment pour les époques médiévale, moderne et contemporaine, à la manière de nos cimetières actuels.
4 Morris 1987, 63.
5 Mazarakis-Ainian 2010, 67.
6 Snodgrass 2006, 68-78.
7 Morris 1987, 63 : “It may be more productive to discuss spatial relationships in terms of the reservation of cemeteries; that is, the extent to which they were formal, bounded localities reserved exclusively for the disposal of the dead”.
8 De Polignac 2005a, 61-62.
9 Nous n’avons pas pris en compte les tombes isolées. L’effectif 1 correspond aux tombes à habitacle d’Alykes-Kitrou [81] et d’Apsalos-Margarita [51].
10 Les expressions flat et open ground cemeteries se retrouvent dans les écrits d’A. Snodgrass (1971, 142). Les autres expressions sont usuelles dans les publications.
11 Mitrevski 1997, 230, 238.
12 Pour les régions de l’ancienne Almopie et de la Bottiée, les nécropoles planes archaïques correspondraient à un développement de celles à cistes à orthostates de la fin de l’âge du Fer avec des contenants funéraires plus élaborés (dalles de poros pour les cistes), cf. Chrysostomou A. 2000a.
13 Koukouli-Chryssanthaki 1992, 630.
14 Leroi-Gourhan [1988] 2005, s.u. “tumulus”.
15 Leroi-Gourhan [1988] 2005, s.u. “sépulture”.
16 Hom., Il., 7.433-436. Le terme σήµα, fréquemment utilisé, renverrait davantage à sa fonction de marqueur, cf. Sourvinou-Inwood 1991, 125-136.
17 Hom., Il., 7.433-436, 23.236-257 ; Od., 24.63-84.
18 Pelon 1976, 7.
19 Snodgrass 1971, 142.
20 Des amas pierreux sont mentionnés dans les nécropoles d’Aiani-Isiomata [27], Nea Zoï-Terikleia [53], Karathodoreïka [63], Nea Efkarpia [93], Toumba Thessalonique [95], Nea Kallikrateia [98].
21 Pour un point de vue récent sur la question et une synthèse du débat, cf. Müller-Celka 2007, 183-186.
22 Smithson 1961.
23 PAE, 1911, 110-131 (Pa. Kastriotis) ; AD, 39, 1984, B’2, Chr., 43-45 (A. Philadelphea).
24 Misaïlidou-Despotidou 1998, 264.
25 Agios Pantéléïmon [2] et Vergina [75] en Macédoine Occidentale et Centrale, Paliouria-Paliopyrgos [EP‑2] en Épire, Beranci-Visoï [Rmf-1] en ARYM.
26 AD, 45, 1990, B’2, Chr., 355 (G. Karamitrou-Mentessidi).
27 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 105, 197-203 (Tumulus LXIV), 271-283 (Tumulus LXVI), 283-288 (Tumulus LXVII).
28 On notera toutefois que la moitié nord du tertre LXV était constituée de terre rouge rapportée, ainsi que le tertre LXVII, cf. ibid., 89-90.
29 Thermi [96], Nea Efkarpia [93], Toumba Thessalonique [95], Oraiokastro [92] et Stavroupoli‑Polichni [94].
30 Casson 1919-1921, 7 : “Trial trenches made it clear that the mound itself was not artificial, but consisted of a rocky outcrop (lightly covered with earth) in the form of a spur, projecting from the sloping ground that rose to the main acropolis hill at the backˮ.
31 Des éboulis et des effondrements sont d’ailleurs mentionnés par Casson 1919-1921, 7 : “In most case these stones [les pierres des cairns] had sunk in the course of time, and in many cases the body and objects buried with it had been so disturbed and disarranged as to make it impossible to establish clearly the position of the skeletal and its associated objectsˮ.
32 Les tertres collectifs sont formés à partir de terre locale tamisée et répandue sur des élévations rocheuses légèrement retaillées, cf. Dakoronia 1987, 48, 191.
33 Pelon 1976, 272-277.
34 Pelon 1976, 73-115 ; Dakoronia 1987 ; Müller 1989 ; Dimitrova 1994 ; Phialon 2011, 214-215. Cette question n’est pas propre à la Grèce et se rencontre par exemple en France, cf. Baray 2003, 163-190, chapitre consacré à l’architecture et l’aménagement des tertres de l’âge du Fer dans le Bassin parisien.
35 Dakoronia 1987, 182.
36 Müller 1989, 25 et n. 118. Expressions empruntées à Nickels et al. 1989.
37 Duday 1994, 11.
38 Makrygialos [80], Alykes-Kitrou [81].
39 Frourio-Kambos [30].
40 Lungu 2007.
41 Par exemple la nécropole de Polymylos [b-2].
42 Müller 1989, 25.
43 Nombre de tombes ont été retrouvées “flottantes” dans les massifs tumulaires. Toutefois, pour les tertres III et LXV, A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier remettent en question cette interprétation et proposent plutôt d’y voir des tertres formés en plusieurs étapes avec des tombes creusées dans le sol naturel et recouvertes d’un tertre et d’autres creusées dans un tertre alors agrandi, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 105, 107-115.
44 Papadopoulos J. K. et al. 2014, 22-24.
45 Lors des premières fouilles, A. J. B. Wace et M. S. Thompson avaient imaginé que les tertres avaient été élevés une fois la totalité de l’espace funéraire occupé par les enclos à crémation. Mais les fouilles plus récentes ont clairement montré que les monuments s’étaient formés par agglutinement autour d’une tombe initiale, cf. Wace & Thompson 1911-1912 ; Malakassioti & Moussioni 2004, 360. Pour l’âge du Bronze en Macédoine, le tumulus de Kriaritsi Sykia est un bon exemple de tertre constitué par agglutinement progressif. À l’origine les enclos circulaires agglutinés étaient recouverts individuellement par des amas pierreux, qui, au cours du temps, se sont fondus les uns aux autres pour former le monument découvert au moment de la fouille, cf. Asouchidou 2011, 383-390.
46 Bejko 2004, 40.
47 Poulaki-Pandermali 2013, 70.
48 Expression empruntée à S. Müller, 1989, 26.
49 Hom., Il., 23.245-246.
50 Hom., Od., 24.80-84.
51 Andronikos 1969, 149-150.
52 Andronikos 1969, 149-150 ; Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 105-106, 106 tab. 49.
53 Il s’agit d’une ciste à blocs de pierre renfermant probablement une seule sépulture féminine accompagnée des objets suivants : 3 vases modelés (1 cruche, 1 canthare, 1 vase ouvert à deux anses), 1 pince à épiler en fer, 1 anneau et deux groupes de parures tubulaires spiralées accrochées à 2 boutons (parure de coiffe), 2 sphécotères en or, 1 collier de perles en sardoine et en cristal de roche, 2 fibules à lunettes en bronze, 2 bossages en bronze, 2 bagues en bronze, 1 anneau en or, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 206.
54 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 112-114.
55 Popham et al. éd 1980.
56 Kottaridi 2002, 506.
57 Kottaridi 2009b, 147.
58 Müller Celka 2011, 422.
59 Lambrinoudakis 1988.
60 Carington-Smith & Vokotopoulou 1990, 442.
61 Pearson 1999, 124.
62 Pour la rive orientale du lac de Polyphyto, ce n’est qu’en période d’étiage que les sites réapparaissent, cf. Kranidia Kryovryssi [33], Servia-Kokkinoï [34], Servia-Kolitsaki [35], Velventos Kato Bravas [37]. Le site d’Elati-Longas [29], situé en amont du barrage d’Ilariona, a été submergé par les eaux en 2012.
63 La nécropole archaïque (lieu-dit Panagia) a été installée sur une terrasse bâtie sur l’ancienne nécropole de l’âge du Bronze, cf. AD, 56-59, 2001-2004, B’3A, Chr., 134-136 (E. Tsingarida).
64 Vokotopoulou et al. 1989 ; Vokotopoulou 1994, 89.
65 Grammenos & Tiverios 1984, 1.
66 Hansen & Nielsen 2004, 864 n° 635 ; AD, 20, 1965, B’3, Chr., 447-451 (E. Leventopoulou-Giouri) ; AD, 24, 1969, B’2, Chr., 349-351 (E. Giouri, H. Koukouli) ; Koukouli-Chryssanthaki 2006, 170-171.
67 La nécropole du vie-ive siècle se situe sur une colline basse à environ 200 m de la côte actuelle, cf. Hansen & Nielsen 2004, 861, n° 631, 861.
68 Koukouli-Chryssanthaki 1994.
69 Papadopoulos J. K. 2005, 403-404.
70 Oraiokastro [92], Nea Efkarpia [93], Stavroupoli-Polichni [94] et Toumba Thessalonique [95].
71 Konstantia [49], Plagia [61], Palio Gynaikokastro [65], Axiochori [66], Vergina [75], Aiginio-Melissia [78], Dion [86], Nea Philadelpheia [91], Amphipolis-Kastas [104], Drama Z. I. [105], Nevrokopi-Exochi [106].
72 Agios Pantéléïmon [2], Krepeni [9], Arnissa [40].
73 Agras [41], Apsalos-Verpen [50], Nea Zoï ΣΤ [52].
74 Axioupoli [64] près de l’Axios, Kranidia-Kryovryssi [33], Servia-Kokkinoï [34], Servia-Kolitsaki [35], Velventos-Kato Bravas [37] près de l’Haliakmon (?).
75 Kastoria-Daïlaki [8], Kozani-rue Philippou [21], Assomata [69-72], Veria [73], Rovia [77].
76 Panagitsa-Zervi [39], Neromyloi-Prodromos [48], Nea Zoï-Terikleia [53], Chauchitsa [62], Kypseli [76].
77 Spilaio [38], Tzamala [68], Petra-Treis Elies [88].
78 Asouchidou 2011 (Kriaritsi Sykia) ; Tsingarida & Mantazi 2004 (Nea Skioni).
79 Tzamala [68], Neromyloi-Prodromos [48] et le tertre supposé sur les tombes de Spilaio [38].
80 Comme par exemple le tumulus des Achéens, cf. Hom., Il., 7.331-338.
81 Hom., Od., 24.83-84 : ὥς κεν τηλεφανὴς ἐκ ποντόφιν ἀνδράσιν εἴη τοῖσ’, οἳ νῦν γεγάασι καὶ οἳ µετόπισθεν ἔσονται (texte établi et traduit par Victor Bérard, Les Belles Lettres, Paris, [1924] 1968). On retrouve le même type de description dans le passage où Hector défie les Achéens et leur dit qu’il n’emportera pas la dépouille du vaincu car son tertre, visible depuis la mer, servira à rappeler aux navires de passage sa gloire et sa force guerrière (Hom., Il., 7.82-91).
82 Hom., Od., 12.10 : ὅθ’ ἀκροτάτη πρόεχ’ ἀκτή (texte établi et traduit par Victor Bérard, Paris, Les Belles Lettres, [1924] 1968).
83 Pelon 1976, 99.
84 Galanakis 2011.
85 Papadopoulos J. K. et al. 2014, 537-553.
86 Mitrevski 2000, 19 ; Mitrevski 2003, 57.
87 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 141-142.
88 Koukouli-Chryssanthaki 1993, 682 ; Malamidou 2006, 186-188.
89 Chrysostomou A. 1994, 41.
90 Triantaphyllou 2013a, 2.
91 Voir par exemple le cas de Toumba Thessalonique, cf. Andreou S. & Efkleidou 2008.
92 Agrosykia [58], Archontiko [59], Makrygialos [80], Nea Philadelpheia [91], Oraiokastro [92], Stavroupoli-Polichni [94], Toumba-Thessalonique [95], Thermi [96], Plagiari [97], Nea Kallikrateia [98].
93 Aiani-Leivadia [22], Konstantia [49], Krania [56], Palio Gynaikokastro [65], Mendè [99], Nikiti-Aï Giannis [100], Ierissos [103].
94 Moschonissioti 1998, 257-259.
95 Kottaridi 2001a, 504.
96 Morris S. P. 2009-2010, 3-4 ; Papadopoulos J. K. et al. 1999, 163-170. Cet aménagement est visible aux extrémités, la portion centrale a été repérée par des prospections géophysiques, mais l’ensemble de la structure n’a pas été exploré.
97 Pour Acanthe, cf. Trakossopoulou-Salakidou 1996. Pour Stagire, cf. Sismanides 2003, 62-63. Pour Potidée, cf. BCH 117, 1993, Chr., 854 (A. Pariente).
98 Nous reprenons ici l’expression employée par B. Blandin au sujet d’Érétrie, cf. Blandin 2007, 164.
99 Soueref 2011.
100 Archontiko [59], Thessalonique [95], Axiochori [66], Agrosykia [58], Plagiari [97].
101 Nea Philadelpheia [91], Oraiokastro [92], Stavroupoli-Polichni [94], Thermi [96], Nea Kallikrateia [98]. Nous ne citons là que les sites principaux ayant des tells associés à des nécropoles de l’âge du Fer.
102 Soueref 2011, 310. Sur la Toumba d’Assiros par exemple, le viiie siècle est marqué par la construction de deux grands bâtiments absidiaux sur son sommet, cf. Wardle K. A. & D. Wardle 2007.
103 Pomadère 2013.
104 Soueref 2009, 352, 356 ; Soueref 2011, 219.
105 La plus ancienne tombe (tombe I) date de la première moitié du vie siècle, cf. Karamitrou-Mentessidi 2008, 44-71 ; Karamitrou-Mentessidi 2009b, 69-72.
106 Chondroyanni-Metoki 2009 ; Pateli 2009.
107 Un fossé néolithique, des fosses utilisées jusqu’à la fin de l’âge du Bronze et du matériel dispersé de toutes les périodes, cf. Chondroyanni-Metoki 2009, 453.
108 Pateli 2009, 155.
109 Le site est localisé sur un petit plateau. Les vestiges découverts lors du retrait des eaux du lac comprennent des amoncellements de pierres, interprétés comme des vestiges de bâtiments, ainsi qu’une ou deux grandes structures de stockage comprenant 22 pithoi placés dans des fosses, cf. AD, 55, 2000, B’2, Chr., 802-803 (A. Chondroyanni-Metoki).
110 Chondroyanni-Metoki 2009, 458-459.
111 Pomadère 2013, 235 sq.
112 Wardle K. A. & D. Wardle 2007, 477.
113 Andreou S. & Efkleidou 2008, 325-326, 328 ; Kotsakis & S. Andreou 1993, 282, 285 fig. 2.
114 Mazarakis-Ainian 2010.
115 Oikonomidis et al. 2011, 191.
116 Kübler 1959, 89.
117 Chrysostomou A. 2011, 580.
118 Chrysostomou A. 1997c, 474. L’auteur souligne ailleurs la position stratégique de la colline de Terikleia, cf. Chrysostomou A. 1994, 39.
119 Chrysostomou A. 1997b, 141.
120 Chrysostomou A. 1997c, 476.
121 Il fait 110 m de diamètre et 13 m de hauteur, cf. Drougou et al. 1994, 33.
122 Chrysostomou A. 1997c, 480.
123 Tumuli de la vallée de Mat, de la vallée de la Vjosë, de la vallée du Drin, tumulus de Löfkend, cf. Oikonomidis et al. 2011, 191.
124 Oikonomidis et al. 2011, 192-196 ; Papadopoulos J. K. et al. 2014, 538.
125 Dakoronia 2011, 582 ; Dakoronia 1987 ; Papakonstantinou 2008.
126 Chrysostomou A. 1994, 41.
127 Pour les récentes découvertes faites sur cet axe et datant de toutes les périodes, cf. Chrysostomou A. 2009.
128 Chrysostomou A. 2009.
129 Chrysostomou A. & Chrysostomou P. 2009, 477.
130 Misaïlidou-Despotidou 2008, 38.
131 Hammond 1972, 123 sq. ; Papazoglou 1988, 104 carte 1, 106.
132 Besios 2010, 132.
133 Besios & Athanasiadou 2010, 127-128. Les autres tombes sont datées du ive au iie siècle.
134 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 139-142.
135 Site de Paliouria-Paliopyrgos [EP-2], cf. Oikonomidis et al. 2011, 192-195, 194 fig. 3d ; Andreou E. 1982, 58 ; ibid. 2003, 127 fig. 7 ; Andreou E. & I. Andreou 1987, 48 ; ibid. 1999, 84-85.
136 Konstantia [49], Neromyloi-Prodromos [48].
137 À Vergina [75], M. Andronikos a noté la présence de quelques pierres isolées dans les masses tumulaires. Sans relevé stratigraphique précis, on ne peut prouver qu’elles ont servi de marqueur, d’autant plus que la plupart des tertres ont été plus ou moins arasés par les labours, cf. Andronikos 1969, 165-166.
138 Vasileva 1992, 69, 73 fig. 7, 74 fig. 8.
139 AD, 20, 1965, B’3, Chr., p. 515, pl. 648α (T. Papadopoulou).
140 Poulaki-Pandermali 2013, 71-72.
141 Elles auraient regroupé un adulte et un enfant à chaque fois (dents d’immature et petit bracelet de 3,4 cm de diamètre dans la T. VI), cf. Andronikos 1969, 78-79 ; Bräuning, Kilian-Dirlmeier 2013, 94-96.
142 Hom., Od., 11.71-78. Texte établi et traduit par Victor Bérard, Les Belles Lettres, Paris, [1924] 1968.
143 C’est d’ailleurs ainsi que le traduit Victor Bérard.
144 Hom., Od., 11.8-15. Texte établi et traduit par Victor Bérard, Paris, Les Belles Lettres, [1924] 1968.
145 Verg., Aen., 6.232-235. Toutefois, il n’est pas dit que la rame est plantée sur le monument.
146 Anthologie grecque. 1. Anthologie palatine. Tome V, 7.505 : Τῷ γριπεῖ Πελάγωνι πατὴρ ἐπέθηκε Μενίσκος / κύρτον καὶ κώπαν, µνᾶµα κακοζοΐας, texte établi et traduit par P. Warltz, Les Belles Lettres, Paris, 1961.
147 Trakossopoulou-Salakidou 2004, 275 (discussion) ; Kaltsas 1998, 289-290 (pour la nécropole archaïque).
148 Papadopoulos J. K. 2005, 366 sq.
149 Chrysostomou A. & Chrysostomou P. 2010, 177.
150 Chrysostomou A. & Chrysostomou P. 2009, 479.
151 Poulaki-Pandermali 2013, 60.
152 Papadopoulos J. K. 2005, 194-196.
153 Pour une synthèse récente, cf. Koukouli-Chryssanthaki 2004.
154 Aiani-Isiomata [27], Nea Zoï-Terikleia [53], Karathodoreïka [63], Stavroupoli-Polichni [94], Toumba-Thessalonique [95], Mendè [99].
155 McDonald et al., éd. 1983, 260-262.
156 Moschonissioti 2010, 209-212.
157 Casson 1919-1921, 9-10.
158 Par exemple, les tombes 131 et 103, cf. Vokotopoulou 1986, 123-124, 149-150.
159 Tombe 75 (dalle de pierre), cf. Vokotopoulou 1986, 101-102, pl. 146-147a ; tombe 84 (amas de pierres et trois grosses pierres), cf. ibid. 103-105, pl. 152β.
160 Mazarakis-Ainian 1998, 205-206.
161 Snodgrass 1971, 149.
162 Soueref 2011, 309 ; Andreou S. 2001 ; Andreou S. 2010, 649-651.
163 Andreou S. 2010, 651. Les quelques sépultures découvertes dans l’habitat de Toumba Thessalonique en sont le témoignage, cf. Andreou S. & Efkleidou 2008, 325-326 ; Kotsakis & Andreou S. 1993, 282.
164 Soueref 2011, 310.
165 Koukouli-Chryssanthaki 1994, 46.
166 Koukouli-Chryssanthaki 1994, 51.
167 Texte établi et traduit par P. Mazon, les Belles Lettres, Paris, 1938.
168 DÉLG, s.u. “τόρνος”. Il s’agit à la base d’un outil de charpentier. On en trouve également une mention chez Platon (Pl., Phlb., 56b-c) et chez Euripide (E., Ba., 1067).
169 Savvopoulou 1987, 306 ; Savvopoulou 2001, 170-171.
170 La tombe se présente sous la forme d’une structure rectangulaire construite à parement à l’intérieur de laquelle un loculus a été aménagé entre les pierres de comblement pour accueillir directement les os brûlés des défunts et le mobilier ou bien une urne cinéraire, cf. Koukouli-Chryssanthaki 1992, 372, 373 sx. 70.
171 Dakoronia 1987, 181.
172 Govedarica 2011.
173 Agios Pantéléïmon [2], Palio Gynaikokastro [65], Tzamala [68], Konstantia [49], Dion [86], Apsalos-Verpen [50].
174 Vergina [75], notamment les tumuli LXIV et LXV.
175 Comme l’a montré en France la fouille de la nécropole du Sadoulet à Pompignan dans le Gard. En 1974, lors de la fouille de deux tumuli à massif de pierres, un décapage fin a permis de dessiner le contour réel des tertres, puis la fouille elle-même a permis d’identifier les différentes phases de formation des monuments (couronne initiale de pierres, puis remplissage du massif), cf. Gascó 1980, 47-49. Voir également le tableau des dimensions avant et après la fouille de quelques tumuli des Causses aveyronnais dans Gruat 1994, 23.
176 Les diamètres des tertres I, C, CI correspondent à celui des cercles de pierres, tandis que les dimensions des tertres LXIV et LXV correspondent à l’emprise des tombes.
177 Par exemple, pour le tumulus III, l’auteur explique que l’absence de péribole empêche de connaître la taille du monument, cf. Petsas 1960-1961, 222-223.
178 Andronikos 1969, 150-151.
179 Govedarica 2011, 42.
180 Andronikos 1969, 150. Récemment, la relecture des données issues des fouilles a invité A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier à évoquer l’hypothèse selon laquelle la majorité des cercles daterait de l’époque hellénistique au moment de la réutilisation de la nécropole, sauf dans le cas du tumulus C, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 89.
181 Andronikos 1969, 24. Ce type de diadème, étroit et sans décoration, serait plutôt tardif, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 65-66.
182 Tombes du type IIA : T. 12 (6,70 x 3,70 m), T. 13 (4,80 x 2,50 m), T. 25 (5 x 4,50-5 m). Tombe du type IIB : T. 15 (6,20 x 3.70 m). Ces types de tombes sont datés de la phase IB de Kastri, soit environ entre 1190/1180 et 1100 a.C., cf. Koukouli-Chryssanthaki 1992, 163-166, 167-168, 177-178, 272-273, 657-660.
183 Asouchidou et al. 1998, 272, 275 sx. 6.
184 Tsingarida & Mantazi 2004, 149.
185 AD, 56-59 (2001-2004), B’3B, 507 (Pa. Chrysostomou).
186 Mikulčić 1966, 14-17 ; Hammond 1972, 336-337.
187 Non renseigné pour les tertres A, B et Γ du terrain Malamas (cf. Rhomiopoulou & Kilian-Dirlmeier 1989), pour les tertres L, LV, LX, LXIV, LXVI, LXVII, LVIII, LXVIII de la fouille de P. Petsas (cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013), pour le tertre AΘ de la fouille de M. Andronikos (cf. Andronikos 1969).
188 Donc excepté pour les tertres A, B, Γ du terrain Malamas, le tertre LV de la fouille Petsas, les tertres O et AΘ de la fouille Andronikos.
189 Andronikos 1969, 89.
190 Malakassioti & Mousioni 2004.
191 AD, 23, 1968, B’2, Chr., 264 (G. Chourmouziadis).
192 Dakoronia 1987.
193 Par exemple, ceux de Polymylos font entre 4 et 7,50 m de diamètre et recouvrent quatre tombes en moyenne, cf. Karamitrou-Mentessidi & Vatali 1998, 482. Le tumulus HR IIIC de Rymnio [32] fait donc exception avec ses huit cistes disposées en rayons dans le tertre. Par sa physionomie et le type de tombe associé il se rapproche plus de ceux de l’âge du Fer que de ceux de l’âge du Bronze, cf. AD, 46, 1991, B’2, Chr., 304, pl. 115α (G. Karamitrou-Mentessidi).
194 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 110 (tumulus III), 112-113 (tumulus LXV).
195 Savvopoulou 2001, 171.
196 Hammond 1972, 266-267 ; Hammond 1976a, 115.
197 Andrea 1985, 243-247.
198 Andreou E. & I. Andreou 1987, 48 ; Dakoronia 1987, 48.
199 Dakoronia 1987, 48.
200 Andronikos 1969, 150.
201 Savvopoulou 2001, 171 ; 1988, 220.
202 Iliria VI, 1976, 332.
203 Andrea 1985, 104-105.
204 Pour des exemples d’utilisation de certains de ces termes, cf. Gruat 1994, 23 ; Pelon 1976, 102, 115 ; Müller 1989.
205 O. Pelon l’utilise aussi pour désigner ceux des tertres de Marathon-Vrana (Pelon 1976, 82, 83). Pour les cercles funéraires, cf. ibid., 115.
206 Pour des cercles de pierres simples, voir par exemple les tertres d’Aphidna, Orchomène et Agia Irini (Pelon 1976, 80, 85 et 96). Pour un exemple de radier, voir le site d’Agios Ioannis (ibid., 76) et un exemple d’enceinte, les monuments de Leucade (ibid, 88-93).
207 “Mur” ou “mur de ceinture” pour le tumulus S (16) de Leucade (Pelon 1976, 94, 104), les monuments de Samikon (ibid., 76-78), Koukirikou (ibid. 77), Makryssia (ibid., 78), Vrana (ibid. 83 n. 2, 84). Concernant les systèmes de délimitation des tertres recouvrant des tholoi, cf. ibid., 273.
208 Pour les tertres du piémont de l’Olympe [86], E. Poulaki-Pandermali précise que localement les habitants nomment les monuments entourés d’un cercle de grosses pierres des τροχαλιές, cf. Poulaki‑Pandermali 2013, 70. Pour les cercles de pierres du tumulus Γ de Drama Z. I., cf. Peristeri 2004, 262.
209 Paus. 8.16.3.
210 Hdt 1.93.
211 Hom., Il., 23.255-257.
212 Hom., Il., 23.245-246.
213 Hom., Il., 24.795-799.
214 Apsalos-Verpen [50], d’Arnissa [40], de Dion [86], Konstantia [49], de Tzamala [68], Vergina [75]. Drama Z. I. [105].
215 Bejko 2004, 40.
216 Savvopoulou 2001, 170-171.
217 Prendi 1959, 191.
218 Texte établi par M. Casevitz, traduit et commenté par M. Jost, les Belles Lettres, Paris, 1998.
219 Cela avait déjà été observé pour les tumuli helladiques par O. Pelon, cf. Pelon 1976, 102.
220 Dakoronia 1987, 29.
221 Andrea 1985, 243-247 fig. 4 à 8.
222 Müller 1989, 26 et n. 127.
223 Baillard 1995-1996.
224 Govedarica 2011, 42.
225 Poulaki-Pandermali 2013, 70.
226 Vokotopoulou 1990a.
227 Kyriakou 2007.
228 Pelon 1976, 104-106, 272.
229 Papadopoulos J. K. et al. 2014, 22 sq.
230 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 90.
231 Papadopoulos J. K. et al. 2007, 134.
232 Vergina [75], Agios Pantéléïmon [2] et Rymnio [32].
233 Konstantia [49], Dion [86].
234 Tzamala [68], Nevrokopi-Exochi [106].
235 Palio Gynaikokastro [65], Amphipolis-Kastas [104], Drama Z. I. [105].
236 Hom., Il., 23.256, texte établi et traduit par P. Mazon, Les Belles Lettres, Paris 1938. Voir aussi Sourvinou-Inwood 1991, 123.
237 Le Bailly, s.u. “τυµβοχοέω”.
238 Hom., Il., 23.219-220.
239 Le terme terra rosa est utilisé pour désigner un sédiment argileux rougeâtre formé à l’origine par la dissolution du calcaire. Riche en hydroxyde de fer, il prend une teinte rouge. Ce sol est courant dans les régions calcaires de Grèce, toutefois une grande partie appartient à des dépôts secondaires issus de l’érosion, cf. Wiseman & Zachos 2003, 61-62.
240 Tumulus A de Paliouria-Paliopyrgos [EP-2], cf. AD 36, 1981, B’2, Chr., 271-273 [E. Andreou].
241 Dakoronia 1987, 48.
242 Pelon 1976, 272.
243 Kyriakou 2007.
244 La terre se différencie bien du sol sableux local, voir la tombe A-I, cf. Andronikos 1969, 8.
245 Kottaridi 2002, 506.
246 Shelton 2003, 59.
247 Pour Agios Pantéléïmon [2], nous pensons au tertre I (secteur II, fouille 2004), dans lequel les nouveau-nés sont regroupés dans la portion nord-est du monument. Pour Vergina [75], A. Bräuning et I. Kilian-Dirlmeier l’ont suggéré pour les tertres III, LXV, N et T, dans lesquels les tombes auraient été réparties en fonction du sexe des défunts (tertre T) ou en fonction de leur statut social (tertre N), cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 118-119.
248 Georganas 2000, 48, 49, table 1.
249 Chondroyanni-Metoki 1998, 298.
250 Pelon 1976, 178-179, 485-493.
251 Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 112-115, 114 fig. 22.
252 Andronikos 1969, 164. C’est ce que montre également le phasage chronologique du tertre LXV, dans lequel les enchytrismes datés appartiennent aux phases IIIC/IV, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 113 fig. 21.
253 Les exceptions sont P-2, A-3 et Φ-3.
254 La tombe LXV-Γ est datée de la phase IIIA, cf. Bräuning & Kilian-Dirlmeier 2013, 113 fig. 21, la tombe N-XIV, de la phase IIIB (ibid., 116 fig. 23), et la tombe T-VIII de la phase III (ibid., 121 fig. 25).
255 Andreou E. & I. Andreou 1987 ; Dakoronia 1987, 198.
256 Mitrevski 2003, 57 ; Mitrevski 1997, 93 fig. 23, 95 fig. 25.
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