Les meules du Néolithique à l’époque médiévale : technique, culture, diffusion
| , ,Cinquième partie. Études de cas en Europe et dans le monde
Recherches sur des meules romaines dans un paysage dépourvu de ressources lithiques
Premier bilan d’une analyse multidisciplinaire dans la Civitas Menapiorum (Belgique)
Abstract
This study aims to determine the nature, provenance and supply networks of stone tools from daily life such as querns and millstones, whetstones, the cosmetic palettes, etc., at the Civitas Menapiorum. This site in the north of the Roman province of Gallia Belgica is in a territory that is characterised by the virtual absence of outcrops of hard rocks. The lack of local raw material implies that the finished products and roughouts were imported from beyond the area. A wide spectrum of rocks have been identified among the millstones: conglomerates, sandstones, arkoses from the Lower and Middle Devonian, Tertiary sandstones from the north of France, the south and centre of Belgium, and quaternary volcanic rocks imported from the Eifel district in Germany.
Index terms
Full text
1. Introduction
1Cet article dresse un premier bilan d’une thèse doctorale menée à l’Université de Gand (Belgique) et développe les objectifs du projet de recherche, les perspectives, la méthodologie et les premiers résultats. L’objectif de la recherche consiste en l’étude des objets de mouture ainsi que d’autres objets lithiques domestiques comme les pierres à aiguiser ou les palettes à fard trouvées dans la Civitas Menapiorum, exhumés dans le nord de la province de la Gallia Belgica. À titre comparatif, quelques sites des régions limitrophes sont étudiés au nord-ouest du Civitas Nerviorum et au nord-ouest du Civitas Tungrorum. La Civitas Menapiorum correspond aujourd’hui aux provinces belges de Flandre orientale, de Flandre occidentale et à la province néerlandaise de Zeeland. Du fait de son faible relief et d’une épaisse couverture sédimentaire de roches meubles (graviers, sables, limons, argiles) d’âges Quaternaire et Tertiaire supérieur, la région est dépourvue de roches cohérentes aptes à la production de meules et d’autres objets lithiques tenaces (fig. 1). Par conséquent, les outils de mouture et d’aiguisage utilisés dans la vie quotidienne de cette région étaient importés et impliquent l’existence de réseaux socioéconomiques complexes. L’identification des provenances des matériaux lithiques constitue donc un point d’enquête de premier ordre. Dans le cadre de cet article les résultats préliminaires se limitent à la présentation des matières premières constituant les meules.
2Des études pétrographiques régionales appliquées à des objets lithiques découverts dans des sites archéologiques ont déjà été initiées dans les années soixante et soixante-dix par De Paepe, géologue et chercheur au Département de Géologie de l’Université de Gand (de Paepe, 1965a, 1965b, 1972a, 1972b, 1976a, 1976b). Cette recherche s’est intensifiée dans les années quatre-vingts dans le cadre de travaux portant sur les objets en pierre de cinq établissements ruraux gallo-romains de la microrégion située entre les vallées de la Lys et de l’Escaut, au sud de Gand. Cette recherche n’était pas limitée aux outils en pierre mais comprenait aussi l’étude des pierres utilisées dans la construction, travaillées ou non. Un large spectre des roches a été déterminé, comprenant deux types de roches magmatiques (des laves et des porphyres quartzitiques), plusieurs types de roches sédimentaires ou légèrement métamorphisées (grès quartzitiques, grès glauconieux, grès ferrugineux, arkoses et grès arkosiques, conglomérats et calcaires ; quartzites, schistes phylladeux et quartzophyllades). Les chercheurs mentionnent des laves, des arkoses et des conglomérats comme matières premières des meules dans la région et, en moindre quantité, des grès quartzitiques (de Paepe, Vermeulen, 1988).
Fig. 1. Zone d’étude (Civitas Menapiorum) superposée à la carte géologique simplifiée de Belgique (© Service Géologique de Belgique, DAO : Sibrecht Reniere).
3Bien que ces études aient ouvert le champ de recherche, une nouvelle approche portant sur une région plus étendue avec des données quantitatives plus signifiantes était nécessaire. Notre recherche porte sur un nombre plus élevé d’objets, issus de 40 sites, provenant de contextes plus diversifiés et de niveaux chronologiques et sociaux-économiques (fermes, camps militaires, agglomérations) bien établis nous offrant un cadre d’étude plus complet et d’interprétation plus fiable (fig. 2). Les sites étudiés les plus nombreux correspondent à des habitats ruraux, marqués par des bâtiments en bois (parfois avec étable, « potstal »), quelques petits greniers et/ou bâtiments à fonctions secondaires, un (ou plusieurs) puits construit(s) en bois et un système fossoyé.
2. Perspectives
4La détermination des régions d’exploitation et, si possible, l’identification des sites d’extraction et des ateliers nous informent sur les réseaux d’approvisionnements et les systèmes de distribution. L’identification des matières premières minérales et la recherche des provenances de celles-ci requièrent une collaboration multidisciplinaire entre archéologues et géologues (Dreesen et alii, 2014). Les études menées actuellement sur d’autres cités par P. Picavet, G. Fronteau et F. Boyer (2011) et Hartoch dir. (2015) permettront ultérieurement de dresser une synthèse sur toute la Gaule du Nord (Reniere et alii, 2016).
5Un autre aspect important à traiter est la distinction potentielle entre les différents types de contextes (par exemple militaire versus civil) en termes d’approvisionnements de types de roches et de la typologie. Connaître et comprendre la biographie culturelle (Appadurai, 1986 ; Kopytoff, 1986) des (types) d’objets fait aussi partie de notre projet d’étude. Certains dépôts de meules et de pierres à aiguiser indiquent qu’ils avaient des significations culturelles et rituelles dépassant leur utilisation dans la vie quotidienne. Finalement toutes les données doivent être situées dans le temps et dans l’espace.
Fig. 2. Sites étudiés dans la Civitas Menapiorum ; chefs-lieux des cités. 1. Castellum Menapiorum (Cassel) ; 2. Tarvenna (Thérouanne) ; 3. Nemetacum (Arras) ; 4. Bagacum (Bavay).
3. Méthodologie
6La méthodologie suivie intègre trois étapes successives. Dans une première phase, les objets d’étude sont rassemblés sur la base de la qualité de leur contexte de découverte. Les contextes bien datés ou appartenant à une structure plus large (par exemple à un bâtiment) sont privilégiés. Une fois rassemblées, les pièces sont documentées dans une base de données associée à un SIG et comprenant des données contextuelles, typologiques, fonctionnelles et pétrographiques. La base de données des meules est basée sur les fiches descriptives définies par le « Groupe Meule » comme proposées à la table ronde de 2009 (Buchsenschutz et alii, 2011, p. 69-80). Afin de disposer d’un ensemble de données qualitatives, on insistera sur la sélection de contextes bien clos et bien datés (14C, dendrochronologie, céramiques diagnostiques, fibules et monnaies, stratigraphie) bien distribués géographiquement dans la région d’étude et couvrant un intervalle chronologique maximal pour les différents types de sites (rural, militaire, agglomération et vicus). La deuxième phase concerne la détermination de la nature lithologique (caractérisation des matières premières brutes) des objets et la recherche de leur provenance (géologique et géographique). La première identification est faite de manière macro-et mésoscopique et complétée par une analyse microscopique sur lames minces. Pour certains types de roches, des analyses géochimiques (XRF) et minéralogiques (XRD) complémentaires se sont avérées utiles, voire nécessaires, pour séparer des groupes en recherchant des critères diagnostiques. La dernière étape concerne l’interprétation et la contextualisation des données typologiques, technologiques, chronologiques, spatiales et socio-économiques dans un cadre régional et interrégional.
Fig. 3. Lave vésiculaire corrodée et montrant une zonation chromatique. Le bord extérieur est ameubli et le cœur gris est plus « frais » (cliché : Sibrecht Reniere).
Fig.4. Faciès conglomératiques avec des couleurs bariolées. À droite : auréole d’accroissement autour des grains détritiques de quartz (lame mince vue en lumière doublement polarisée) (cliché : Sibrecht Reniere).
Fig. 5.Faciès grès grossier. Les clastes de roches « tendres », plus altérables apparaissent en creux sur les surfaces polies. En bas à droite : auréole d’accroissement autour des grains détritiques de quartz et un gravier de microquartzite (lame mince vue en lumière doublement polarisée) (cliché : Sibrecht Reniere).
Fig. 6.Grès graveleux clair ’de Macquenoise’. Les grains de tourmaline sont bien reconnaissables sur les surfaces polies. À droite, on observe le ciment phylliteux (muscovite) caractéristique et deux grains de tourmaline - teintes brun-orange ; lame mince vue en lumière doublement polarisée (cliché : Sibrecht Reniere).
4. Premiers résultats sur les meules
7La recherche menée depuis septembre 2013 a permis la sélection et la documentation des contextes ainsi qu’une première détermination des matières premières lithiques. Dans le cadre de cet article, nous nous sommes limité à la présentation des matières premières des meules. Par la suite nous donnerons un résumé concis de ces roches.
8Deux grands groupes de roches sont représentés dans l’assemblage : les roches magmatiques extrusives (roches volcaniques) et les roches sédimentaires détritiques, dont certaines ont été affectées par un métamorphisme allant au maximum jusqu’au faciès schistes verts.
9Les meules en roches volcaniques sont souvent très altérées et très fragmentées (fig. 3). La forme initiale de la meule est rarement conservée. L’objet est parfois réduit à un matériau meuble entourant un noyau dur résiduel. Cette altération est certainement liée au contexte de dépôt dans des sols acides et à la forte altérabilité des plagioclases, des minéraux ferromagnésiens et de la matrice vitreuse des laves de composition basique. Seuls les individus récoltés dans des contextes conservés sous la nappe phréatique permanente sont dans leur état originel. Les roches volcaniques sont vacuolaires (vésicules plurimillimétriques, 5 à 30 % en volume), finement grenues et de couleur gris clair à gris sombre. Elles présentent souvent des phénocristaux (pluri-)millimétriques de minéraux ferromagnésiens verdâtres (pyroxènes) et, plus rarement, des enclaves xénolithiques felsiques claires. Trois champs volcaniques différents sont connus dans l’Eifel volcanique (Vulkaneifel) : l’Hocheifel (Tertiaire), l’Eifel occidental et l’Eifel oriental (Quaternaire). Des carrières romaines sont connues dans l’Eifel occidental et l’Eifel oriental (Gluhak, Hofmeister, 2008, p. 112). Le complexe volcanique du volcan Bellerberg (Eifel oriental) est connu comme source principale d’une exportation très intensive pendant l’Époque romaine (Gluhak, Hofmeister, 2011, p. 1618). Des analyses pétrographiques et géochimiques de nos meules ont été confiées au laboratoire de l’Université de Johannes Gutenberg à Mainz (responsable Dr. Tatjana Gluhak). Les premiers résultats indiquent une provenance issue du volcan Bellerberg dans l’Eifel oriental. Un article exhaustif sera publié dans un futur proche. Nos premiers résultats sont conformes avec ceux obtenus sur les meules trouvées au sein de la Civitas Tungrorum (Hartoch et alii, 2015) ainsi que d’autres données inédites obtenues en Wallonie par Éric Goemaere. Sur la base d’analyses géochimiques et de traitements statistiques comparatifs avec les bases de données (Gluhak, Hofmeister, 2011), ces auteurs ont identifié majoritairement des phonolites téphritiques issues du volcan Bellerberg et/ou de la région de Mendig.
10Les roches sédimentaires détritiques sont constituées de conglomérats, de grès à graviers et de grès moyens à grossiers. Les roches conglomératiques de notre corpus d’étude sont généralement bigarrées à dominante rouge et, moins fréquemment, grises à gris clair (fig. 4). Une distribution bimodale est parfois observée. Les conglomérats présentent des galets de teinte vert bouteille à noire composés de tourmalinite, des galets de roches gréseuses rouges et des galets de quartz filonien blanc. Un constituant accessoire est la tourmaline, sous forme de cristaux plurimillimétriques ou de fragments de cristaux de couleur caractéristique vert foncé à noir. Une variété de ce type de roche est caractérisée par une couleur plus homogène et d’une texture plus fine (microconglomératique) avec une majorité de grains de quartz fins à moyens (fig. 5). Les clastes (débris lithiques) sont également plus petits et moins abondants. On observe donc toute une gamme de roches grossières se distinguant par le nombre et la taille des graviers. L’âge géologique de ces roches rouges se situe dans le Dévonien inférieur (Lochkovien) ou plus vraisemblablement dans le Dévonien moyen (Eifelien, formation de Burnot) affleurant sur le flanc nord du Synclinorium de Dinant (Allochtone ardennais) ou même dans le Synclinorium de Verviers, dans la moitié nord de la région wallonne. Les gisements potentiels peuvent être nombreux car ce type de roche affleure dans la vallée de la Meuse ou de la Sambre et leurs affluents.
11Le grès est représenté par trois variétés différentes. La première est un grès microconglomératique avec une couleur gris clair parfois avec des teintes jaunâtres ou rosâtres (fig. 6). Ce grès se caractérise par l’abondance de petits cristaux ou grains de tourmaline, noirs à vert très foncé, très bien visibles à l’œil nu ainsi qu’à des paillettes de micas (muscovite) présentes en abondance. Il est aussi marqué d’une schistosité liée à un métamorphisme plus poussé (au moins anchizonal) que celui ayant affecté les grès grossiers rougeâtres décrits plus haut. Ces roches sont attribuées à « l’Arkose d’Haybes » ou « Poudingue de Macquenoise » faisant référence à la localité éponyme. Elles sont d’âge Dévonien inférieur (Lochkovien ou anciennement Gedinnien) et sont appelées improprement « arkoses » car elles ne contiennent pas ou très peu de feldspaths. Les bancs « d’arkose » affleurent d’ouest en est depuis Mondrepuis (France) jusque dans la région de Haybes (France). Des carrières avec des déchets de taille et d’ébauches de meules sont connues pour la période romaine dans les alentours de Macquenoise (Belgique) et d’Hirson (France) (Picavet et alii, 2011, p. 170-172). Des meules taillées dans ce grès microconglomératique de Macquenoise ont également été trouvées dans de nombreux sites du Civitas Tungrorum décrits par Hartoch et alii (2015), ce qui indique une forte distribution de ce matériau en Flandre et en Wallonie septentrionale.
12Le deuxième type de grès est un grès grenu grossier (parfois microconglomératique) riche en grains de feldspaths altérés. Il s’agit d’arkoses vraies ou de grès arkosiques selon la teneur en feldspaths. Il est caractérisé par une couleur gris clair, blanchâtre à jaunâtre (fig. 7). À l’œil nu, on aperçoit des grains blancs pulvérulents correspondant à des feldspaths (feldspaths potassiques, microcline) partiellement à fortement kaolinisés (altération atmosphérique liés au gisement géologique). C’est la kaolinite parfois tachée d’hydroxydes de fer qui donne à la roche une teinte blanchâtre à jaunâtre. La texture de la roche est ine à grossière (microconglomératique), parfois avec des galets de quartz blanc. L’âge géologique estimé est Lochkovien (Dévonien inférieur) et le grès peut provenir du sud et du sud-est du Massif de Rocroi jusque dans la région de Transinne (province du Luxembourg, Belgique). É. Goemaere a décrit ce type de roche dans Hartoch et alii (2015). Les carrières romaines précises ne sont pas connues pour ce matériau. Cependant, d’autres arkoses grossières avec notamment des phénocristaux centimétriques sub-automorphes de feldspaths potassiques roses (microclines, orthoclase…), ainsi que des grains présentant une structure micrographique impliquant que ces dépôts sédimentaires sont issus de l’érosion de massifs plus anciens constitués de roches magmatiques intrusives acides (e.g. granites…). Ce type de roches requiert une origine plus lointaine que celles évoquées pour les autres matériaux et qui reste à préciser (étude collective en cours).
13Le troisième type de grès est un grès à structure quartzitique (silcrète nodulaire : quartzite sédimentaire) attribué à la Formation de « Landen » (âge géologique Paléocène-Éocène, Tertiaire). Il est caractérisé par une forme souvent mamelonnée, une composition très riche en quartz (quartzarénite) et pauvre en glauconie, une couleur blanchâtre à gris clair et parfois la présence de traces de radicelles (fig. 8). La roche a une texture fine à moyennement grenue et produit des cassures légèrement conchoïdales, ce qui est dû à la présence d’un ciment de quartz très développé (cf. stades 4 et 5 de Fronteau, Boyer, 2011). Des gisements de ce type de grès quartzitique sont surtout connus dans le Hainaut, dans le nord de la France (alentours d’Arras, Béthune et Valenciennes) (de Paepe, Vermeulen, 1988, p. 8) et dans différents horizons stratigraphiques de la moitié nord du Bassin parisien. Des grès analogues (grès mamelonnés) sont connus dans différentes formations tertiaires au sein de la province du Limbourg (Dreesen, Dusar, 2012) et dans le Brabant flamand (par ex. alentours de Tienen : Quartzite de Tirlemont, d’âge Paléocène).
5. Conclusion
14L’étude préliminaire montre que les meules trouvées dans la Civitas Menapiorum proviennent de carrières situées en dehors de la cité et sont faites dans les mêmes matériaux et issus certainement des mêmes carrières que celles venant de la Civitas Tungrorum mais aussi des sites situés plus à l’ouest de cette dernière cité, le long de la frontière francobelge. Les sources sont donc sud-occidentales (zone de Macquenoise-Hirson, Pays de Bray), sud-orientales (Eifel – en cours d’étude géochimique) et méridionales (Wallonie et Limbourg belge). La source des grès tertiaires doit encore être précisée par une étude fine afin de pouvoir distinguer les différents types de grès qui affleurent depuis le Pays de Bray (nord du bassin de Paris, France) jusqu’à Landen (Belgique) en passant par Binche (Wallonie).
List of illustrations
Caption | Fig. 1. Zone d’étude (Civitas Menapiorum) superposée à la carte géologique simplifiée de Belgique (© Service Géologique de Belgique, DAO : Sibrecht Reniere). |
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Caption | Fig. 2. Sites étudiés dans la Civitas Menapiorum ; chefs-lieux des cités. 1. Castellum Menapiorum (Cassel) ; 2. Tarvenna (Thérouanne) ; 3. Nemetacum (Arras) ; 4. Bagacum (Bavay). |
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Caption | Fig.4. Faciès conglomératiques avec des couleurs bariolées. À droite : auréole d’accroissement autour des grains détritiques de quartz (lame mince vue en lumière doublement polarisée) (cliché : Sibrecht Reniere). |
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