8. Historiographie

Comprendre, saisir les motivations profondes des représentations du monde gaulois par nos illustres prédécesseurs.


Texte intégral

1Prenons un premier exemple, celle de la statue de Vercingétorix d'Alésia. Pour cette commande, le sculpteur Aimé Millet avait reçu des meilleurs spécialistes de la Commission Topographique des Gaules les descriptions et dessins des vêtements, bijoux et armement du résistant vaincu. L'évolution de nos connaissances sur ces périodes depuis le milieu du XIXe siècle nous permet aujourd’hui une critique facile de ce rassemblement d'objets, reconnus comme appartenant majoritairement à l’âge du Bronze et au haut Moyen Âge.

2Un second exemple : celui des inventeurs de Bibracte au Mont-Beuvray. Deux hommes de la même famille ont marqué le site de leur empreinte. Leur destin est à l'image des publications et des travaux qu'ils nous ont laissés. Jacques-Gabriel Bulliot, régionaliste convaincu, passionné par l'histoire d'Autun et de ses origines, fouille pendant 30 ans. Il nous laisse une documentation considérable, mais aucune synthèse ni étude d'ensemble. J. Déchelette se place sur un autre registre, dès sa première étude du site. Il publie des catalogues, des résumés, des données et réalise peu de fouilles. Par la pertinence des exemples qu'il choisit, il fait de ce site une référence, et sublime ainsi le travail de son oncle qui « poursuivit avec un dévouement aussi constant que modeste ces travaux sur le sommet et mérita la reconnaissance des Éduens et des savants ». J.-G. Bulliot, dès qu'il s'essaie à la synthèse, raisonne suivant les méthodes historiques de l'époque, tandis que J. Déchelette invente une méthode de critique des matériaux archéologiques, afin de parvenir, avec leur aide, à écrire l'histoire.

3Ces deux exemples nous interrogent sur nos motivations à créer notre propre vision, modeste jalon dans la connaissance des mondes anciens.

Guillaumet J.-P., « La statue de Millet sur l'oppidum, entre mythe et réalité », Archéologia, 2020, Hors-Série 33, p. 70-71.

Guillaumet J.-P., « L'équipement de la statue de Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine. Un état des connaissances sur les Gaulois », in Bligny J.-F., Grapin C. dir., La statue de Vercingétorix à Alésia de l'atelier du sculpteur jusqu'au Mont-Auxois, actes de la journée d'études tenue au MuséoParc Alésia, Alise-Sainte-Reine, le 5 septembre 2015, Semur-en-Auxois, Société des Sciences Historiques et Naturelles de Semur-en-Auxois, 2016, p. 101-110 (Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de Semur-en-Auxois), URL : https://shs.hal.science/halshs-03311971v1.

Guillaumet J.-P., « Les premières fouilles du Mont-Beuvray : de J.-G. Bulliot à J. Déchelette », in Jacquet P., Périchon R. dir., Aspects de l’archéologie française au XIXe siècle, actes du colloque international tenu à la Diana à Montbrison, les 14 et 15 octobre 1995, La Diana, Montbrison, 2000, p. 247-254, 3 ill. (Recueil de mémoires et documents sur le Forez publiés par la société de La Diana, 28), URL : https://shs.hal.science/hal-03362760v3.

 

Fig. 1. Cette assiette en porcelaine au décor d’un chef gaulois avec son conducteur, sur son char à deux chevaux, montre la passion pour la nation gauloise à la fin du XIXe siècle (MuséoParc Alésia, Alise-Sainte-Reine, © J.-P. Guillaumet).

 

Fig. 2. Cette bouteille de calvados normand La Celtique porte sur son étiquette un montage de deux incontournables de l’engouement pour la civilisation gauloise, un dolmen et un gaulois à l’équipement de l’âge du Bronze et des Francs alors que le guerrier légendaire, dans ce pays, est le viking. Premier quart du XXe siècle (Collection particulière, © J.-P. Guillaumet).


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