2. La paléomanufacture métallique
Une nouvelle approche des objets manufacturés, de leur fabrication à leurs réparations et réutilisations.
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Mots-clés : paléomanufacture, technotypologie, chaîne opératoire, nombre de pièces pour un objet fini, assemblage, présence-absence, remplacer par, nombre, déterminer un artisanat, expérimentation, fibules, fourreau d’épée, panoplie militaire, vaisselle, broche à rôtir, entrave, outil
Texte intégral
1Depuis le début de ma carrière, le fil directeur de mon travail est le métal. J’ai pu accéder aux grandes séries de mobilier métallique de la période des oppida en Europe, plus particulièrement celles de Stradonice (République tchèque), de Velem-Szentvid (Hongrie), de la Saône et de Bibracte (France) ainsi que les ensembles romains de Vertault, Autun, Chalon-sur-Saône, Poitiers. Ces études ont donné plusieurs publications dont les fibules de Bibracte, l’outillage du « tumulus » de Celles (Cantal), les vases en tôle chaudronnée découverts dans la vallée de la Saône, le mobilier métallique de la Porte du Rebout à Bibracte. Dans tous ces travaux, j’ai tenté́ d’élaborer les grandes lignes d’une méthode d’étude du mobilier métallique : la paléomanufacture métallique. Ces deux termes englobent toutes les actions réalisées sur le métal à partir de barres ou de lingots des métaux considérés comme nobles : l’argent et d’autres métaux blancs comme le plomb et le zinc, l’or et les alliages à base de cuivre et de bronze, et le moins aimé le fer. C’est mon métal préféré, qui, sous la rouille, les concrétions et les bubons, cache ses décors, ses couleurs variant du bleu au gris grisâtre et la beauté de ses formes.

Fig. 1. Extrémité d’une broche en tête d’oiseau, Musée de Chalon-sur-Saône (Bibracte, © A. Maillier).
2Conçue à partir d'études d'objets du second âge du Fer, cette méthode s'adapte aussi aux périodes plus récentes. Elle permet de mettre en évidence la stabilité des techniques et du mobilier en fer jusqu'à l'époque industrielle ; cette dernière fera basculer le métal dans un autre monde. L'objet de métal dans sa forme, ses techniques de fabrication et ses compositions est un témoin et un marqueur des changements techniques et sociaux (Extrait modifié de l’introduction de Guillaumet J.-P., Paléomanufacture métallique, méthode d’étude, Gollion, Infolio, 2003, 156 p., 75 ill., URL : https://shs.hal.science/hal-03323688v1).
Guillaumet J.-P., « La paléomanufacture métallique, méthodes d’études », in Mélanges à l'occasion du 90e anniversaire de B. A. Chramko, Kharkov, Université nationale de Kharkov V.N. Karamzine, 2011, p. 90-96. ГИЙОМЕ Ж.-П, Металлическое палеопроизводство: новый метод изучения // Древности Восточной Европы. Сборник научных трудов к 90-летию Б.А. Шрамко. - Харьков: Харьковский национальный университет (ХНУ) имени В.Н. Каразина, 2011 с. 90-96.
Guillaumet J.-P., « Introduction. La paléomanufacture métallique, une nouvelle méthode d’étude », in Milcent P.-Y. dir., L’économie du fer protohistorique : de la production à la consommation du métal, XXVIIIe colloque de l'Association française pour l'étude de l’âge du Fer, Toulouse, 20-23 mai 2004, Bordeaux, Aquitania, 2007, p. 321-327 (supplément 14-2), URL : https://shs.hal.science/hal-03975697v1.
La technotypologie
3Peu intéressé par la typologie traditionnelle des objets métalliques, basés sur la similitude globale des ressemblances morphologiques et l'aspect extérieur, plus particulièrement le décor, j'ai mis au point une autre méthode d'étude, la technotypologie. Celle-ci fonde sa classification sur des processus de fabrication identifiables et répétitifs. En technotypologie, l'objet unique n'existe pas. Il appartient toujours à un groupe lié par des processus de fabrication. Ce groupe s'établit à partir de critères objectifs liés à la fabrication et au fonctionnement de l'objet. Dans un second temps, la comparaison entre les formes initiales et des étapes de fabrication permet de regrouper en grandes familles des ensembles au premier abord fort lointains.
Première proposition de chaîne opératoire des fibules Bibracte :
Guillaumet J.-P., Les fibules de Bibracte : technologie et typologie, Dijon, Centre de recherches sur les techniques gréco-romaines, 1993, XII-83 p., 70 pl., 7 tabl. (Publications du CRTG, 14). Nouvelle édition augmentée, URL : https://shs.hal.science/hal-03363687v1.
Guillaumet J.-P., Les fibules de Bibracte : technique et typologie, Dijon, Centre de recherches sur les techniques gréco-romaines, 1984, 83 p., 70 pl., 7 tabl. (Publications du CRTG, 10).

Fig. 2. Étape de fabrication d’une fibule en une seule pièce, travail de façonnage avec recuit à partir d’une barre (Guillaumet J.-P., Les fibules de Bibracte : technologie et typologie, 1993, pl. 19).

Fig. 3. Étape de fabrication d’une fibule en deux pièces, fonte du corps puis travail de façonnage avec recuit ; ressort, travail de façonnage avec recuit à partir d’une barre (Guillaumet J.-P., Les fibules de Bibracte : technologie et typologie, 1993, pl. 25).

Fig. 4. Étape de fabrication d’une fibule en quatre pièces, fonte des trois pièces du corps puis brasure et façonnage avec recuit ; ressort, travail de façonnage avec recuit à partir d’une barre (Guillaumet J.-P., Les fibules de Bibracte : technologie et typologie, 1993, pl. 37).
Détermination d’un nouveau type de fourreau d’épée à la fin de l’époque gauloise :
4Cette étude technotypologique a été réalisée à partir d'une vingtaine d’exemplaires de fourreau recueilli dans la Saône.
5Nous avons déterminé deux séries. La première et la plus importante regroupe les fourreaux aux tôles d’avers et de revers serties à leurs extrémités par une troisième pièce : la bouterolle. La seconde correspond à des fourreaux réalisés en deux tôles. La bouterolle est l’extrémité de la tôle de revers.

Fig. 5. Fourreau d’épée de type classique, en huit pièces, trois pour le fourreau et cinq pour la suspension et le maintien de l’ouverture (Bibracte, © dessin D. Beucher).

Fig. 6. Fourreau d’épée de type Grand-Breton, en huit pièces, deux pour le fourreau et six pour la suspension et le maintien de l’ouverture (Bibracte, © dessin D. Beucher).
Guillaumet J.-P., Szabó M., « Les fourreaux d’épées de La Tène dans la vallée de la Saône au musée de Chalon-sur-Saône », in Maranski D., Guichard V. dir., Les âges du fer en Nivernais, Bourbonnais et Berry oriental. Regards européens sur les âges du Fer en France, actes du XVIIe colloque de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, Nevers, 1993, Glux-en-Glenne, Centre archéologique européen du Mont Beuvray, 2002, p. 199-232 (Bibracte, 6), URL : https://shs.hal.science/hal-03323705v1.
Mise en évidence d’un atelier de fabrication de panoplies militaires celtique vers 2300 dans un village dans la Puszta, Hongrie :
6Le site de Sajópetri présente, dans un espace structuré que l’on peut qualifier d’agglomération, une production d’artisans hautement spécialisés dans la transformation de barre de fer. On peut les qualifier, suivant l’Encyclopédie de Diderot, de taillandier fourbisseur pour les pièces coupantes et de taillandier grossier et cloutier pour la quincaillerie. Le peu d’outils montre un abandon volontaire du village sans précipitation. Malgré́ le petit nombre de pièces par rapport aux découvertes des périodes suivantes, ce site nous permet d’appréhender pour la première fois, dans un habitat de cette période, le travail de production et son organisation.

Fig. 7. Les éléments de chaînes abandonnés à la suite de la rupture de la soudure. Montage J.-P. Guillaumet (© J.-P. Guillaumet).
Guillaumet J.-P., « Le mobilier métallique », in SZABÓ M. dir., L’habitat de l’époque de La Tène à Sajopetri Hosszu-Dülö, Budapest, université ELTE - L’Harmattan, 2007, p. 253-259, URL : https://shs.hal.science/hal-03311564v1.
Avec un serrurier, classification des serrures :
- par le mouvement du pêne soit translation, extraction et décrochement,
- par le mouvement de la clé : rotation, retrait, soulèvement, extraction et décrochement,
- par les défenses principales : gardes, ressorts, chevilles.

Fig. 8. Les sept types de serrures de l'époque gallo-romaine. Fonctionnement et types de clés. Guillaumet J.-P., Laude G. 2009, fig. 5. Les corrections et ajouts sont de J.-P. Guillaumet (© J.-P. Guillaumet).
Guillaumet J.-P., Laude G., L’art de la serrurerie gallo-romaine. L’exemple de l’agglomération de Vertault (France, Côte-d’Or), Dijon, Éd. Universitaires de Dijon, 2009, 158 p. (Art et archéologie & patrimoine).
Les assemblages
7Un assemblage est un groupe d’objets trouvés ensemble. Son étude vise à déterminer les actions représentées et en proposer un sens.
8La démarche des études d’assemblages se fonde sur une réflexion enrichie par la visite de musées d'Arts et Traditions Populaires, d’ateliers d’artisans, de paysans et de particuliers, et par la consultation d’ouvrages spécialisés. Les outils sont les premiers témoins de la création et de la production. Ils sont, comme instruments destinés à fabriquer, la source de la plupart de nos objets d’étude. Le taillandier les façonne à partir de prototypes déjà définis. Il n’invente pas, mais copie, à l’usage d’un utilisateur foncièrement traditionnaliste, la forme, le mode d’emmanchement et l’affûtage. Son empreinte se révèle dans des différences minimes de façonnage, de finition et de décor. L’outillage, de plus, n’évolue pas, comme la céramique et les objets de parure dans l’ensemble de ses formes, mais par la disparition, l’apport ou la modification d'une seule forme au milieu d’un groupe figé. Ce fait, rarement perceptible au premier regard, réclame une analyse comparative fine entre ensembles clos du même type pour aboutir à une évolution typologique.
9Les outils ont en général deux provenances possibles : d’une part, les ateliers des artisans, d’autre part, les ateliers des paysans et des particuliers. Les critères, qui définissent le plus nettement les premiers, ont souvent disparu ; ce sont : les surfaces occupées, la disposition des établis, billots, casiers et meubles divers. D’autres indications existent : les plus significatives et les plus rares dans celles qui nous sont parvenues sont les stocks de matière brute, les installations immobiles encore en place tels les fours, les pièces soit en cours de fabrication, soit mal exécutées, soit finies. Les plus difficiles à exploiter sont les ensembles d’outils. Les déductions que l’on en tire reposent sur le nombre élevé d'instruments, leur bon entretien et leur homogénéité dans une série qui permet toutes les opérations de fabrication ; ainsi le grand nombre d'herminettes et de gouges de dimensions variées et possédant chacune un usage spécifique, indispensable au sabotier pour fabriquer ses sabots. Le matériel des fermes et maisons particulières se caractérise par son petit nombre d’éléments, l’existence d'outils cassés et ébréchés, récupérés en vue d'un usage secondaire, et un attirail disparate. Ainsi, nous avons relevé dans une habitation rurale traditionnelle la présence d'un marteau de cordonnier, de deux ciseaux à bois, d'une pince de forgeron. Ces remarques nous ont amené à établir une méthode analytique, dont le but est l'identification, à partir d'ensembles clos d'objets, du métier réalisé.
10L'observation minutieuse de tous les éléments de chaque objet représente la première étape. Il faut obligatoirement réaliser, à chaque fois, un dessin de toutes les pièces grandeur nature et, en cas d'impossibilité, la réduction de l'ensemble à la même échelle. Sur chaque croquis, on visualisera toujours de la même façon les zones de frappe, d'écrasement, les tranchants, et on représentera par un artifice graphique quelconque les manches disparus et par un trait léger les cassures afin de ne pas privilégier visuellement une forme accidentelle ou pittoresque.

Fig. 9. Trois outils avec et sans leurs emmanchements (Guillaumet J.-P., 1983, fig. 1 ; © D. Bertin).
11Ces opérations terminées, on étudie la trouvaille dans son ensemble. Les proportions de chaque type d’objet sont établies et chacun est intégré dans un schéma théorique de fabrication : gros œuvre, mise en forme, finition et ornementation. Munis de ces données, mais sans omettre que les outils en bois, vannerie ou cuir sont absents et que le feu est un instrument de travail dans de nombreux ateliers, nous cherchons les séries comparables. Les sources iconographiques représentant des panoplies d’outils sont rares avant le XVIIIe siècle. La plus complète est celle de l’Encyclopédie de Diderot et d'Alembert où les planches soutiennent et explicitent un texte décrivant la fonction et l'usage de chaque instrument. De la même époque existent des ouvrages plus spécialisés d'un grand secours tel L’Art du menuisier par A.-J. Roubo, le Larousse du XXe siècle en plusieurs volumes aux descriptions techniques remarquables et le catalogue Manufrance complètent ces données.
Guillaumet J.-P., « Le soin aux chevaux à l’époque celtique : trousses de vétérinaires et attestation du fer à cheval », in La trousse du vétérinaire dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Instruments et pratiques, actes du IVe colloque international de médecine vétérinaire antique et médiévale, Lyon, 10-12 juin 2014, PALLAS, revue d’études antiques, 101, 2016, p. 53-63, URL : https://shs.hal.science/halshs-03311967v1.
Guillaumet J.-P., Maranski D., « Boire, manger et faire sa toilette aux âges du Fer », in Joly M. dir., avec la collaboration de Marchand L., Boire et manger en Bourgogne : usages et fonctions du mobilier archéologique, du Néolithique au Moyen Âge, actes des IIe journées de rencontres d’ARIA Bourgogne, Auxerre, 1992, Cahiers archéologiques de Bourgogne, 1994, 5, p. 33-41, 10 fig.
Guillaumet J.-P., « Le matériel du tumulus de Celles (Cantal) », in Collis J., Duval A., Périchon R. éd., Le deuxième âge du Fer en Auvergne et en Forez et ses relations avec les régions voisines, 4e colloque régional annuel consacré à l’âge du Fer en France non-méditerranéenne, Clermont-Ferrand, 1980, Sheffield, Université de Sheffield, Saint-Étienne, Centre d’études foréziennes, 1983, p. 189-211, 17 fig., 1 pl. h.t. (IV b), URL : https://shs.hal.science/hal-03367647v1.
Études de cas
12Ce sont des études de mobilier métallique d’une fouille ancienne ou récente.
13Guillaumet J.-P., Eugène A., « À propos de trois objets métalliques, témoins des relations entre le pays éduen et les îles Britannique », in Cooney G., Becker K., Coles J., Ryan M., Sievers S. éd., Relics of Old Decency : archaeological studies in later prehistory : Festschrift for Barry Raftery, Dublin, Wordwell, 2009, p. 241-248, URL : https://shs.hal.science/hal-03289506v1.
14Grâce à la première publication du corpus des mortiers à fard en 1985, nous avons pu donner son nom à un bel objet en bronze découvert à Bibracte en 1878, à cet objet « faisant partie d’une série de 29 gros objets plus ou moins intéressants, non déterminé » par Jacques-Gabriel Bulliot, le premier explorateur de Bibracte.

Fig. 10. Mortier à fard de Bibracte (dessin A. Eugène (échelle 1/1) ; Bibracte, © A. Maillier).
Étude d’un objet
15Les quelques exemples choisis montrent que ce travail, qui paraît simple, débouche sur des conclusions que je n’avais pas imaginées mais qui me mettent en joie. J’ai écrit « recyclage » pour la fibule. J’aurais dû employer un terme moins violent comme « seconde vie toujours élégante d’une fibule ». Mes recherches sur les pinces dites « de forgeron » m’ont fait découvrir les forgerons gauchers et m’ont indiqué que le changement de la forme générale de la gueule, porteuse des mors, ne modifie nullement l’usage.

Fig. 11. Les pinces dites « de forgeron ». Rapport entre le type de mâchoires de pinces, leurs tailles et le métier exercé (Guillaumet J.-P 1998, tabl. 1, p. 6 ; Bibracte, © M. Giudicelli et J.-P. Guillaumet).
Guillaumet J.-P., « De la fibule au style : recyclage d’un bijou démodé en un instrument d’écriture », in Fluscht L. dir., L’archéologie en 83 trouvailles. Hommage collectif à Daniel Paunier, Catalogue édité à l’occasion de l’exposition Vrac : l’archéologie en 83 trouvailles, au Musée romain de Lausanne-Vidy, Lausanne-Gollion, Musée romain de Vidy-Infolio, 2001, p. 86-87, 2 fig., URL : https://shs.hal.science/hal-03362735v1.
Guillaumet J.-P., « Les pinces dites “de forgeron”», in Nicolini G., Dieudonné-Glad N. dir., Les métaux antiques : travail et restauration, actes du colloque de Poitiers, 1995, Montagnac, Éd. Mergoil, 1998, p. 1-6, 4 fig., 1 tabl. (Monographies Instrumentum, 6), URL : https://shs.hal.science/hal-03363127v1.
Guillaumet J.-P., « Ustensiles à rôtir de la Saône au musée de Chalon-sur-Saône », in Groenen M. dir., La préhistoire au quotidien, Mélanges offerts à Pierre Bonenfant, Grenoble, Jérôme Millon, 1996, p. 311-321, 6 pl. (L’homme des origines), URL : https://shs.hal.science/hal-03363180v1.
Daubigney A., Guillaumet J.-P., « L'Entrave de Glanon (Côte-d'Or) : les Éduens et l'esclavage », in Bonnamour L., Duval A., Guillaumet J.-P. éd., Les âges du Fer dans la vallée de la Saône (VIIe-Ier siècles avant notre ère) : paléométallurgie du bronze à l’âge du Fer, VIIe colloque de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, Rully, 1983, Paris, CNRS, 1985, p. 171-177, 2 fig. (Revue archéologique de l’Est et du Centre-Est, supplément 6), URL : https://books.openedition.org/artehis/20983.
Guillaumet J.-P., « Les passoires de la fin de La Tène en Gaule et dans le monde celtique », Gallia, 1977, 35, 2, p. 239-248, 11 fig., URL : https://shs.hal.science/hal-01939343v1.
Étude d’un ensemble
Guillaumet J.-P., « Le mobilier en fer », in Masserey C. dir., Un habitat de La Tène ancienne à Alle, Noir Bois (Jura, Suisse), Porrentruy, Office de la culture et Société jurassienne d’Émulation, 2008, p. 134-137, fig. (Cahier d’archéologie jurassienne, 11).
Guillaumet J.- P., « Mobilier métallique et groupes régionaux : quelques exemples », in Plouin S., Jud P. dir., Habitats, mobiliers et groupes régionaux à l’âge du fer, actes du XXe colloque de l’AFEAF, Colmar-Mittelwihr, 16-19 mai 1996, Dijon, RAE, 2003, p. 349-352 (Revue Archéologique de l'Est, supplément 20), URL : https://books.openedition.org/artehis/17308.
Guillaumet J.-P., Nillesse O., « Les petits objets de quelques fermes gauloises : approche méthodologique », in Marion S., Blancquaert G. dir., Les installations agricoles de l’âge du Fer en France septentrionale, actes du colloque de l’ENS, Paris, 1998, Paris, Éd. Rue d’Ulm, 2000, p. 251-276, 14 ill. (Études d’histoire et d’archéologique, 6).

Fig. 12. Tableau utilisé pour l'étude des datations des objets (© J.-P. Guillaumet).
Expérimenter
16J’ai toujours eu des rapports distants avec ces ateliers du métal en pleine lumière que l’on retrouve dans les journées de l’archéologie. Faire croire que le travail du métal, c’est de la fumée, un feu, une force de frappe alors que tout est température de la couleur, stabilité des enclumes, organisation de l’atelier, toujours la même lumière et bien d’autres choses…

Fig. 13. Température de couleur (© J.-P. Guillaumet).
17L'expérimentation n'explique pas la fabrication et les techniques mises en œuvre pour un objet. Elle permet de retrouver les outils, les tours de main, les moments les plus délicats de la fabrication. Il faut la réaliser avec une personne qui maîtrise parfaitement la spécialité et qui possède le maniement des outils et l'ordre des opérations d'une façon automatique. Ce très grand professionnel doit avoir plusieurs années de pratique du métier. Aussi, j’ai seulement réalisé deux expérimentations avec Jean Dubos pour en tirer articles et vidéo. Le plus beau moment fut, lors de l’écriture à huit mains, nos épouses et nous, de l’article sur la fabrication du sanglier de Soulac, avec la phrase de Jean, pour conclure la dernière vérification : et le métal n’a pas souffert. À ce moment-là, ce sanglier en métal était du vivant.

Fig. 14. Jean Dubos forme le fil du ressort et de l’épingle, Bibracte (Bibracte, © A. Maillier).

Fig. 15. Jean-Paul Guillaumet et Michel Pernod, les deux chercheurs CNRS porteurs du projet pendant l’expérimentation (Bibracte, © A. Maillier).
Michel Pernot, ingénieur et docteur en physique, se situe à cette époque, dans la même démarche qu’Hervé Thyss, ingénieur en physico-chimie, inventeur de la cuisine moléculaire. L’analyse physico-chimique des produits réalisés, « explique l’origine des tours de main des gens de cuisine » et des autres artisans. Pour ma part, le savoir, dit empirique, de ces virtuoses de la matière est la somme d’apprentissage, d’accumulation d’expériences et d’amour et de respect pour les matières employées.
Dubos J., Guillaumet J.-P. dir., avec la collaboration de Dubos M., Giudicelli M., « L'enseigne au sanglier de Soulac-sur-Mer du Ier siècle a.C. : étude et reconstitution technique », in Marion S., Deffressigne S., Kaurin J., Bataille G. dir., Production et proto-industrialisation aux Âges du Fer : perspectives sociales et environnementales, actes du 39e colloque international de l'Association Française pour l'Étude de l'Âge du fer (AFEAF), Nancy, 14-17 mai 2015, Bordeaux, Ausonius Éditions, 2017, p. 475-495 (Mémoires, 47), URL : https://shs.hal.science/halshs-03282595v1.
Pernot M., Guillaumet J.-P., Dubos J. (Fonderie d'art de la Fondation Coubertin), Le secret de la fibule, film de 22 minutes réalisé par J.-F. Dars et A. Papillault (CNRS), CNRS AV/Ass. Base Beuvray, 1989, URL : https://images.cnrs.fr/video/649.
Pernot M., Dubos J., Guillaumet J.-P., « Technologies de fibules du Mont-Beuvray », in Rolley C. éd., Techniques antiques du bronze : faire un vase - faire un casque - faire une fibule, Dijon, Centre de recherches sur les techniques gréco-romaines, 1988, p. 59-91, 9 fig., 4 tabl., 9 pl. (X-XVIII). (Publications du CRTG, 12), URL : https://shs.hal.science/hal-03366777v1.
Angevin-La-Sagesse, compagnon chaudronnier du devoir, « Archéologie expérimentale. La fibule », in Compagnonnage, organe des compagnons du devoir, 1987, 74/522, p. 4-6, URL : https://shs.hal.science/hal-04242143v1.
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