Marteau-taillant et bretture, taille de pierre, forces productives et moyens de production dans les diocèses centraux de la France capétienne (Limoges, le Puy, Clermont et Nevers ; fin X^e-début XIII^e siècle)

1Les chrono-typologies, perçues ici ou là en Europe occidentale, prennent souvent un aspect hétérogène tant les territoires et les hommes qui y sont brassés, reçoivent diversement et inégalement les technologies. Leur lecture et leur interprétation en sont, par ailleurs, délicates car les études peuvent être considérées comme rares ou plus exactement insuffisamment problématisées. Ainsi, l’examen d’édifices des pays centraux (duchés d’Aquitaine et de Bourgogne), datés de la fin du X^e siècle et du début du XI^e siècle, aide à la constitution d’un corpus représentatif à l’interface entre les mondes antiques (Fig. 1) et médiévaux. En seconde phase, la séquence XI^e-fin XII^e siècle peut être considérée comme celle de la réémergence d’une culture technique pétrie de romanité latente. Enfin, la séquence fin XII^e-début XIII^e siècle est celle des bouleversements par l’irruption des technologies septentrionales françaises et « gothiques ». Les matériaux utilisés, les cultures, habitudes et gestes n’y pourront rien. L’économie du travail antique disparaît, les sociétés aquitaines s’affaissent alors, écrasées par les modes de production septentrionaux. La disparition du signe lapidaire et l’utilisation partielle du taillant bretté en sont les marqueurs, concomitants d’une taille « peignée ».

2D’un point de vue épistémologique, s’il faut faire état d’une incidence géographique, l’effet pétrographique est plus important encore. Effectivement, à considérer les champs d’étude situés dans le Limousin, les granits dominent largement, hors du bassin de Brive-la-Gaillarde. Cependant, ils ne conservent aucune trace de taille et n’incitent guère le chercheur à former son regard à ces questions technologiques. De même, les basaltes, et bon nombre de trachytes, autorisent peu d’observations, en dépit de l’usage précoce du moyen appareil régulier. Ce sont les études menées dans la crypte de la cathédrale de Clermont-Ferrand (1999-2003) qui ont été révélatrices de l’absolue nécessité d’appréhender l’archéologie des traces d’outils. Dans sa partie occidentale, la salle centrale (fin X^e-début XI^e siècle) de cette crypte réutilise de nombreux blocs antiques retaillés en grand appareil (primitivement posé à sec), ce qui a généré de nouveaux champs d’étude formateurs : largeur des lames, type d’impacts, inclinaison et organisation de la frappe. À l’inverse, la partie orientale est construite en moyen appareil, dont la pose des blocs n’oblige plus à la mécanisation (levage). Autour de l’an mil, un seuil technologique est ainsi atteint, qui oblige à réorganiser le chantier, la taille et à redéfinir la place sociale de l’ouvrier qualifié. Ces premières études ont donc conduit à chercher des marqueurs techniques, pourvu qu’ils concernent des édifices utilisant des matériaux piégeant la trace du geste, comme l’impact de l’outil. Ce sont dans la région étudiée les arkoses, les dômites, certains trachytes, de rares calcaires et les andésites. Fort de cette expérience et des premières observations, des chantiers de restauration sont venus opportunément apporter les bases de données recherchées. Des séries brèves, mais continues, étaient alors disponibles : Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand, Saint-Austremoine d’Issoire, Notre-Dame-des-Fers à Orcival, Saint-Nectaire, Saint-Julien de Brioude, Saints-Pierre-et-Paul à Souvigny, Saint-Sébastien de Manglieu, mais aussi les logis et châteaux de Tournoël, Murol, Montferrand, Mauzun ou Coppel (Saint-Julien-de-Coppel) ; la cathédrale du Puy-en-Velay, Saint-Michel d’Aiguilhe, Saint-Germain-Laprade ; Uzerche, Beaulieu, Collonges-la-Rouge, Évaux-les-Bains… Les séries étant, manquaient les outils.

3Actuellement, la lame d’un marteau-taillant mesure environ sept centimètres pour les marteaux légers, comme pour les plus lourds (3,5 à 5 kg, 28 à 43 cm en longueur pour le fer à deux lames, 45 à 60 cm de longueur de manche). Toutefois, des lames plus larges existent, pouvant atteindre de quinze à dix-huit centimètres de longueur, principalement dans les carrières ou sur les chantiers exceptionnels de restauration pour des monuments antiques. Ces largeurs de lames, les dimensions et le poids des outils, dépendent donc de la surface à travailler et du module de pierre envisagé¹. Le grand appareil suscite logiquement l’usage d’un outil lourd, tandis que le moyen appareil appelle une certaine modestie. En dehors de ces caractéristiques générales, il faut également considérer qu’il existe une relation de cause à effet entre un geste court, rapide et un outil léger bien entretenu. Pour que la taille soit légère et maîtrisée, cela nécessite une lame forgée régulièrement et soigneusement ; le résultat est caractérisé par de fins sillons serrés, des butées (arêtes²) peu prononcées et une faible levée de marteau (une quinzaine de centimètres) permettant d’accroître le nombre d’impacts précis. A fortiori, moins la lame est forgée et plus la lame émoussée nécessite de lever plus haut le marteau (une trentaine de centimètres) ; cette frappe plus prononcée implique fatigue et imprécision des marques aux sillons épais plus espacés. Il s’agit alors de postuler ici le fait que le geste (maniement, amplitude), la longueur d’une lame (longueur et « surface » de frappe), le poids d’un outil (sa levée et la cadence), son étape de forgeage (prise de conscience de la relation usure / rythme de l’entretien / rapidité d’exécution) sont un résultat ou un symptôme, le produit d’une société inscrite dans le temps et non des invariants.

4Des environs de l’an mil jusque dans le troisième quart du XII^e siècle, dans les diocèses de Clermont, Nevers, Limoges comme du Puy³, le marteau-taillant domine et les traces laissées sont irrégulières, aux sillons profonds et aux larges butées (Fig. 2, 3 et 4). Les lignes de frappe sont visibles environ tous les centimètres (entre axe, du sommet d’une butée à l’autre sommet) en deux larges bandeaux, pour une organisation en arêtes de poisson ou « feuilles de fougères ». Cette taille se rencontre pour des calcaires (Nevers ; 58), des grès (Beaulieu, Collonges-la-Rouge ; 19), des arkoses (Clermont, Souvigny, Issoire ; 63), des dômites et des trachytes (Clermont, Orcival, Saint-Nectaire ; 63). Les arkoses – en particulier – sont dures et à gros grains irréguliers. Dans tous les cas, la taille se fait à 45° (angle résultant de la position de la lame par rapport à la surface⁴) ; le bloc épannelé ou dégrossi est placé à plat avant dégauchissage et taille. Les traces courtes sont bien marquées, parfois irrégulières « en éventail » avec des tendances à la régularisation : 0,5 à 3-4 cm de « glissé » avant l’arête. Depuis la fin du X^e siècle jusqu’au début du XI^e siècle, la rationalité de la taille est peu apparente⁵ ; les reprises sont nombreuses et les tailles en « éventail » très présentes. En seconde phase, la séquence XI^e-fin XII^e siècles est celle de la régularisation et de la prise de conscience d’une rationalité de la frappe aboutissant à la disparition de la taille en « éventail »⁶. Pour ces deux séquences, la question peut être posée de l’existence d’une grande unité de travail et d’outillage, d’une même culture du geste, pour les carriers et les tailleurs de pierre utilisant des marteaux-taillants à larges lames (quinze à dix-huit centimètres), outils lourds (4 à 5 kg) et de fortes dimensions (manche et lame). Cela signale sans doute une forte proximité et une importante perméabilité entre le travail et les fonctions du carrier d’une part, celles du tailleur de pierre d’autre part. Il semble que les principes généraux du travail de ce dernier dépendent largement du premier, à tel point que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une seule et même personne chargée de l’extraction, puis de la taille des blocs. Cela supposerait à la fois une possible pénurie de main-d’œuvre impliquant une polyvalence marquée⁷, la prééminence d’une définition et d’une pensée du travail issues d’un milieu à la fois ouvrier (extraction, carrier, transport) et rural. La phase de spécialisation du travail et de séparation des fonctions signalerait ensuite l’affirmation, puis la prééminence, d’un milieu périurbain où l’on produirait différemment. Du point de vue des marqueurs économiques, nous aurions là une trace possible du passage d’une économie extensive répondant largement aux besoins par une production lente dans le cadre d’un travail polyvalent, à une économie intensive au caractère spéculatif plus affirmé où l’homme producteur est spécialisé. Cette dernière évolution peut se pressentir dans les deux derniers quarts du XII^e siècle, avant de voir le phénomène s’amplifier ensuite.

5Dans le courant des troisième et quatrième quarts du XII^e siècle, en coïncidence avec l’adoption progressive des techniques gothiques, des hommes rompus à celles-ci viennent des pays septentrionaux (Île de France, duché de Bourgogne ou Picardie) ou des pays Plantagenêt (duché d’Aquitaine, Anjou) contribuer à former des équipes théoriquement moins mobiles⁸, mais réceptives. Quelques sites, peu nombreux du diocèse de Clermont (parties supérieures de Notre-Dame d’Orcival, 63 ; nef et chevet d’Augnat, 63 ; portail de l’église d’Alleuze, 15 ; maisons à arcades de Montferrand, 63), témoignent d’autres façons de travailler et montrent des faces de parements traitées différemment, pour des carreaux néanmoins équivalents dans leurs dimensions (27-32 cm de hauteur d’assise pour une longueur moyenne de 45-50 cm). L’arkose à grains fins, largement adoptée dans les années 1100 à 1175, est progressivement abandonnée au profit des trachy-andésites et andésites. Parallèlement, la taille en feuille de fougère disparaît brusquement, de manière quasi-uniforme sur tout le territoire du diocèse de Clermont. Les faces de parement sont plus régulièrement taillées et régularisées. Cette taille s’opère toujours au marteau-taillant, mais sa lame est moins large. L’outil étant plus léger, la frappe se fait plus précise et ne nécessite plus autant de levée. Moins large, la lame est probablement mieux forgée et plus souvent, comme les traces visibles le prouvent amplement par leur finesse. Cette pratique remplace désormais celle d’une frappe effectuée à l’aide d’un marteau-taillant à lame émoussée, plus lente dans son maniement, plus fatigante et donnant des sillons épais, de l’ordre d’un centimètre en moyenne. Désormais, au contraire, les gestes sont plus rapides, serrés et précis, de l’ordre de cinq à sept par centimètre. La taille (angle de frappe) se fait toujours à 45° par rapport à la face de parement. Auparavant, la taille en feuille de fougère impliquait la pose à l’horizontale du bloc accompagné du tailleur de pierre placé de biais, afin d’aboutir à un geste impliquant une frappe à 45°. Désormais, cela n’est plus le cas. Le bloc est calé, incliné à 45°, et le tailleur de pierre placé face aux bords du carreau (à la perpendiculaire). Parallèlement, l’outil est allégé (3,5 à 4 kg) et sa lame mieux forgée, plus acérée, est plus courte, de l’ordre de sept centimètres en moyenne. La précision du geste est privilégiée pour la face de parement, tandis que rien ne change pour les autres faces travaillées au marteau-têtu ou à la polka. Selon la hauteur du carreau, quatre à cinq bandeaux de frappe sont alors nécessaires (Orcival, Augnat, Alleuze, Montferrand). Ces derniers peuvent alors être suffisamment et soigneusement chevauchés pour n’être finalement plus perceptibles. La taille est alors comme « peignée » très régulièrement (Fig. 5). Les arêtes de butée issues de la frappe sont inférieures au millimètre, alors qu’auparavant, un sillon pouvait être profond de deux à trois millimètres (sans compter qu’un travail décoratif au poinçon ou broche pouvait s’y ajouter ; Issoire, Souvigny). Dans le premier cas (deux bandeaux, taille en feuille de fougère), deux à trois cents coups pouvaient venir à bout d’une face de parement de carreau de trente sur quarante centimètres. Dans le second cas, la nouvelle technique de taille chevauchée sur quatre ou cinq bandeaux au moins implique mille cinq cents à deux mille frappes.

6L’apparence est – à première vue – défavorable aux nouvelles techniques de taille, pour l’instant très minoritaires. Une poignée d’édifices s’en réclame, alors que des centaines d’églises, de tours seigneuriales et de logis pérennisent des usages qu’il faut peut-être qualifier de « méridionaux ». Néanmoins, à partir des années 1220-1300, justement à la suite de la conquête française (1213-1214), cette taille verticale, organisée perpendiculairement aux longs côtés, s’impose avec les trachy-andésites, pour un bloc taillé, incliné à 45°, sur quatre ou cinq bandeaux. Le nombre de coups est six fois plus élevé, mais l’outil est plus léger (passant d’une lame de 18 à 7 cm), levé moins haut (passant de 25 à 30 cm à une levée de 10 à 15 cm). La taille est alors moins fatigante, précise et sans doute plus efficace en termes de rapidité.

7Par ailleurs, les matériaux cités (grès, arkoses, dômites, andésites, trachytes) sont abrasifs pour l’outil et le tranchant de la lame. À partir du dernier quart du XII^e siècle, des chantiers de la seigneurie de Bourbon (Souvigny) montrent alors l’usage de la bretture, pourvu qu’elle soit associée au calcaire (Fig. 6). Sans parler de déterminisme, l’incidence géologique importe et cet usage de la bretture résulte justement de la présence des calcaires (Chaptuzat, 03) dans le nord du diocèse de Clermont⁹. En revanche, en Auvergne, Limousin ou Velay, cette évolution est marquée par l’abandon net et implacable du signe lapidaire. Son apparition et les débuts de son usage coïncident avec celui du moyen appareil régulier. Dans le dernier tiers du XI^e siècle, la prieurale clunisienne de Saint-Étienne de Nevers en développe l’emploi. Les signes y sont nombreux, de grandes dimensions, mais l’exemple reste très exceptionnel. Ainsi, l’église abbatiale Saint-Ménélée de Menat n’en connaît que deux ou trois sur quelques dizaines de carreaux. Il n’en va plus de même dans les grands chantiers situés dans la mouvance épiscopale de Clermont. Plusieurs dizaines de signes sont connus de part et d’autre de la vallée de l’Allier (Issoire, Clermont, Orcival, Cournon, Brioude, Souvigny, etc.). Ce sont ainsi plusieurs milliers de signes utilisés le long de la Voie Regordane et ses proches abords entre les années 1120 et 1200. Ensuite, on passe à des parements exempts de signes. La disparition est brutale pour le chantier ecclésiastique. De son côté, le chantier laïc ne connaît pas ces développements. Aucun logis et aucune tour seigneuriale n’utilise le signe lapidaire, alors même que le moyen appareil régulier est omniprésent dans la moitié méridionale du diocèse de Clermont. Il faut ajouter que les bandeaux en feuille de fougère y sont rares et que – bien souvent –, la taille est simplement oblique et médiocrement régulière. Les enjeux sont différents et ne donnent pas aux tailleurs de pierre la possibilité de valoriser leurs qualifications dans un chantier où les parements sont lisses, sans particularité de modénature ou de sculpture. De plus, les contraintes sont fortes puisque ce chantier laïc fait appel à la corvée paysanne et donc à la polyvalence des qualifications : manœuvres, charrois, maçonnerie commune. Enfin, dans le second quart du XIII^e siècle, les tours royales ou celles de ses vassaux directs, à Tournoël, Montpeyroux ou Coppel (63), utilisent rarement le moyen appareil régulier (chaînages horizontaux et baies). Le signe lapidaire y a – là encore – disparu, alors même que la taille « peignée » aux sillons très serrée y est omniprésente. Elle se retrouve d’ailleurs dans quelques logis datables de cette période à Montferrand pour des élévations « aqueducs » caractéristiques¹⁰. Ces signes lapidaires réapparaissent épisodiquement ensuite, dans les années 1270-1300, pour un chantier royal à Ravel (63) et un chantier de grand laïc à Bourbon-l’Archambault (03). Leur nombre se réduira à quelques dizaines, tout au plus, et la bretture ne s’imposera jamais dans le Massif Central¹¹.

8En conclusion, nous pourrions entrevoir des liens sans doute indéfectibles entre phases de régularisation de la taille de pierre et vitesse d’exécution. Si les matériaux importent¹², l’efficacité dans la production est condition de l’accroissement de la productivité. Ce rapport de l’efficacité à la rationalité des gestes est alors significatif dans le Massif Central de transferts de technologies, liés à la taille de pierre, à sa mise en œuvre, comme aux modules choisis. Par acculturation, les techniques de taille de pierre antiques sont d’emblée venues nourrir les réalités du haut Moyen Âge (Manglieu, 63), avant de capter les attentions des ouvriers qualifiés des XI^e et XII^e siècles. Ce faisant, la conquête française du début du XIII^e siècle est préparée dès le milieu du XII^e siècle grâce à des techniques gothiques pourtant mal acceptées en Auvergne, sauf – pour l’essentiel – dans le tiers nord du diocèse primitif de Clermont¹³. Cette phase d’acculturation est plus lente et imparfaitement perceptible, si on la compare à la période antique. Ses technologies y sont présentes de manière plus régulière sur le territoire des cités gauloises des Lémovices, des Vellaves, des Arvernes, comme celle des Éduens. La taille de pierre s’en ressent en étant adoptée largement, selon des techniques très proches les unes des autres : Temple de Mercure du Puy-de-Dôme (63), Clermont (63), Mont-Dore (63), Aurillac (Aron, 15), Brioude (43), Le-Puy (43) et Saint-Paulien / Ruessium (43), Néris-les-Bains (03), Limoges (87) et sites plus modestes du département de la Creuse (Ahun, Glénic)¹⁴. Si la romanisation apporte brutalement la maçonnerie, la mise en œuvre à sec et la taille complexe, la « francisation », par adoption de technologies propres aux espaces capétiens, est plus timide dans ses effets et conséquences. Une poignée d’édifices est concernée avant le milieu du XIII^e siècle et quelques dizaines ensuite¹⁵. Cette réticence est sans doute en partie fondée sur des milieux géographiques et des cultures, mais peut-être plus encore sur une économie extensive (hors Limagne) bien différenciée du caractère intensif des économies des pays septentrionaux. En ce sens, la taille en feuille de fougère, présente jusque dans les années 1200-1220 dans le Massif Central, pourrait bien être une des manifestations de cette économie extensive des pays méridionaux aux productivités relatives, tandis que la taille « peignée » du milieu du XIII^e siècle serait l’expression des exigences des économies intensives des pays septentrionaux. Enfin, de manière exacerbée, mais assez exceptionnelle, la taille « brettée », rencontrée au nord du diocèse de Clermont, serait à la fois significative d’un temps de redécouverte de la taille antique (Franche-Comté, Provence et terres d’Empire…), comme d’un prolongement technologique répondant et renforçant les finalités « intensives » (Picardie, Île-de-France, seigneurie de Bourbon…). Cette caractérisation propre à la taille de pierre se retrouve adossée à l’adoption des technologies « gothiques » et, en particulier, de celles liées à la charpenterie : le chevron-formant-ferme et l’enrayure étant alors préférés à la ferme latine. Les chronologies sont identiques puisque les premières charpentes de culture technique septentrionale sont repérables dans la première moitié du XIII^e siècle : Manglieu (abbatiale, chevet, 63), Ravel (château, salle des États, 63), Vauclair (église, Molompize, 15). Paradoxalement, le signe lapidaire (1075-1200), qui signifie la sortie de l’anonymat pour les tailleurs de pierre des chantiers du Val d’Allier, dans un milieu irrigué par les cultures urbaines et l’expression du pouvoir épiscopal, disparaît après la conquête royale. L’anonymat est alors conditionné par une nouvelle culture du travail et l’organisation sociale du chantier. L’efficacité et la production sont à ce prix.