À la croisée des chemins de l’histoire, de l’archéologie du bâti et de l’histoire de l’art monumental. Le monastère primitif de Manglieu (Puy-de-Dôme) : VIIe-XIe siècles
Résumés
Le monastère de Manglieu est cité dans les sources textuelles dès le haut Moyen Âge. Celles-ci signalent deux églises dédiées respectivement à la Vierge et aux Apôtres. La première est aujourd’hui en ruine, mais des fouilles réalisées dans les années 1960 ont confirmé son origine alto-médiévale. La seconde (Saint-Sébastien) est actuellement l’église paroissiale du village. Cet édifice assez peu connu se distingue par son chevet dont les élévations datent du haut Moyen Âge. Sa partie la plus ancienne, caractérisée par un fronton triangulaire, est d’ailleurs susceptible de dater de la période mérovingienne. Cet article propose de mettre en lumière, au travers de la confrontation des textes, des données archéologiques et stylistiques, cet exemple exceptionnel illustrant l’architecture des premières églises rurales de Gaule.
The monastery of Manglieu is mentionned in textual sources from the early Middle Ages. These relate the existence of two churches dedicated respectively to the Virgin Mary and to the Apostles. The first is in ruins nowaday, but excavations carried out in the 1960s have confirmed its origin in the early Middle Ages. The second (Saint-Sébastien) is currently the parish church of the village. This relatively unknown building is characterized by its apse whose elevations date from the early Middle Ages too. Its oldest part, characterized by a triangular pediment, can potentially date from the Merovingian period. This article proposes to highlight, through the comparison of texts, archaeological and stylistic data, this exceptional example illustrating the architecture of the first rural churches of Gaul.
Entrées d’index
Mots-clés : monachisme, haut Moyen Âge, Auvergne, Manglieu, architecture
Keywords : monasticism, early Middle Ages, Auvergne, Manglieu, architecture
Texte intégral
1« Mettez-y de la chair et du sang ! », furent les mots de Bruno Phalip à la suite de sa relecture d’une proposition d’article prolongeant mon mémoire de Master, il y a de cela quelques années à présent. Il est des paroles, parfois de simples injonctions telles que celle-ci qui, à elles seules, vous imprègnent d’une personne et gravent dans le marbre la relation qui vous lie à elle. De ce point de vue, Bruno Phalip n’est pas de ceux qui usent de circonvolutions, mais, convenons-en, toujours avec bienveillance.
2Ainsi, lorsqu’il a été question de réunir un recueil d’articles en hommage à celui qui fut mon directeur de thèse durant six années, le choix n’a pas été très difficile et le sujet tout trouvé. Toute autre contribution de ma part aurait fait pâle figure au sein de cet ouvrage, tant le monastère de Manglieu (Puy-de-Dôme) a occupé l’essentiel des discussions entre le doctorant que j’étais et son directeur. Au-delà, l’étude de ce site, exceptionnel à bien des égards, a été l’occasion de déployer, poussé dans mes retranchements, une approche pluridisciplinaire à la croisée des sources textuelles, de l’archéologie et de l’histoire de l’art monumental, fidèle à la démarche scientifique et intellectuelle prônée par celui à qui je dédie, en guise de clin d’œil, le présent article1.
1. Introduction
3Dans la seconde moitié du VIIe siècle s’illustrent à la tête de l’Église de Clermont des évêques bâtisseurs (ou fondateurs), les plus actifs étant de ce point de vue Genès (v. 656-662), Priest (666-676) et Avit II (676-691). Ceux-ci sont à l’origine d’établissements qui ont bénéficié d’un rayonnement certain à l’échelle de l’Auvergne au cours du Moyen Âge et qui ont abrité des communautés religieuses jusqu’à la Révolution. La plupart des fondations de cette période sont connues grâce à l’hagiographie, en particulier par les Vitae de Priest et Bonnet. Ces deux textes recèlent des passages attestant l’existence des couvents de Chantoin, de Chamalières et de Royat, ainsi que celle des monastères de Volvic, de Manglieu et d’un Columbariense monasterium dont l’identification n’est pas assurée2. Hormis la localité de Manglieu, située à l’écart de Clermont, les établissements fondés dans cette deuxième moitié du VIIe siècle sont installés sur les marges de la métropole, sinon à quelques kilomètres, à l’image de Volvic, traduisant la persistance d’un monachisme qui semble avant tout graviter dans l’orbite de la cité épiscopale.
4La réalité matérielle de ces monastères est aujourd’hui mieux connue, bien qu’elle peine encore à être mise en évidence par l’archéologie. Cependant, des exemples tels que Manglieu, dont une description partielle figure dans la Vita Boniti episcopi, offre une image concrète de ces établissements qui paraissent dorénavant structurés autour d’une, voire deux églises enfermées au sein d’une clôture3. Dans le cas de Manglieu, la fidélité d’une partie de la description insérée dans le récit hagiographique a pu être éprouvée par l’archéologie, d’une part grâce aux fouilles réalisées par Gabriel Fournier dans l’ancienne église Notre-Dame, d’autre part via l’étude du bâti du chevet de l’actuelle église paroissiale Saint-Sébastien, principal objet du présent article4.
5Le village de Manglieu est installé au pied des contreforts occidentaux du massif du Livradois-Forez, à une altitude moyenne de 410 mètres, en bordure de l’Ailloux, un affluent de l’Allier. Il se situe à environ 30 km au sud-est de Clermont-Ferrand et à 15 km au nord-est d’Issoire. Du monastère médiéval il ne subsiste aujourd’hui que l’église Saint-Sébastien qui fut l’église abbatiale jusqu’à la Révolution (Fig. 1). À l’origine placée sous la protection des Apôtres, comme le révèle la Vita Boniti, elle adopte semble-t-il le vocable Saint-Sébastien au cours de la période carolingienne. L’ancienne église paroissiale Notre-Dame, située à une quarantaine de mètres au sud-est, figure pour sa part à l’état de ruines (Fig. 2). Les deux édifices ouvrent à l’heure actuelle sur une petite place qui fut occupée autrefois, du moins pour partie, par le cimetière paroissial.

Fig. 1. Vue aérienne du village de Manglieu (source Géoportail IGN France, DAO D. Martinez).

Fig. 2. Les ruines de la nef de l’église Notre-Dame de Manglieu (cl. D. Martinez).
2. Le monastère primitif de Manglieu dans les sources textuelles
2.1. La Vita Boniti episcopi arverni
6Saint Bonnet, évêque de Clermont entre 691 et 701, se retire à la fin de sa vie au monastère de Manglieu, fondé quelques décennies auparavant par son prédécesseur Genès, qui l’aurait installé dans l’un de ses domaines5. Sa Vita a peut-être été rédigée en 711, au moment où le corps de Bonnet, mort à Lyon, est transféré dans la basilique Saint-Maurice de Clermont (la date de 711 est celle retenue dans deux synthèses récentes6). Ce récit offre de précieux détails concernant l’organisation du monastère mérovingien7. Outre des descriptions architecturales somme toute intéressantes – j’y reviendrai –, le contexte topographique dans lequel s’implante l’établissement monastique est précisément décrit : « Il est protégé par des collines de toutes parts, est ombragé par les bois ; il est agréable par ses frondaisons et ses feuillages épais ; grâce à la rivière qui y coule, les prés du monastère, fleuris comme un jardin, s’étendent en direction du sud8 ». On reconnaît ici parfaitement l’environnement actuel, le village de Manglieu prenant effectivement place dans le fond d’une vallée encaissée et drainée par un petit cours d’eau.
7Le monastère comprend alors deux églises enfermées dans une clôture, l’une dédiée à Marie, l’autre placée sous le patronage des Apôtres :
« Une clôture percée d’une triple porte enferme le monastère. Lorsqu’elles sont éclairées par le soleil, les églises des saints martyrs étincellent d’un éclat très vif. La tour pentagonale de Marie toujours vierge et mère de Dieu brille d’un éclat particulièrement remarquable et s’élève fièrement, émergeant d’une base quadrangulaire et s’élevant au-dessus des autres constructions, elle domine seule. Quatre fois six arcs, décorés en dessous, convexes au-dessus, s’élèvent jusqu’au faîte qui brille. De même, l’église des Apôtres ne resplendit pas moins, comme un signe triangulaire, les autels des saints brillent. De part et d’autre, des arcs géminés se rejoignent et des colonnes sculptées avec la splendeur des anciens se dressent ; à la manière d’une haute et admirable voûte, des poutres sont assemblées pour former un plafond lambrissé ; les murs des églises sont rouges avec des décors blancs à la manière de ce qui se fait en ville »9 10.
8Ces descriptions ne sont pas toutefois sans poser quelques difficultés de traduction et, par conséquent, d’interprétation. Le passage le plus obscur fait état de claustra gemina situés infra biquadrum ([…] inter nemorosa pomerii sistunt infra biquadrum claustra gemina munitione crebrisque arcuum macheriae formaminibus manent, columnarum capitibus sculpta depictis variaque pictura superficies nitet11) invitant Gabriel Fournier à y voir un double cloître12.
9Le rédacteur de la vita insiste peut-être davantage sur une double fermeture, suggérant alors de traduire infra biquadrum claustra gemina munitione non pas par « les doubles cloîtres, inscrits dans un double quadrilatère » où l’aspect fortifié (munitione) ne ressort pas, mais plus volontiers par « en contrebas, le double carré d’une clôture avec deux enceintes », permettant de traduire ce passage par : « Au milieu des lieux boisés du verger se trouve, en contrebas, le double carré d’une clôture avec deux enceintes, et des galeries percées par de nombreux arcs ; les chapiteaux et les colonnes sont décorés de sculptures et leur surface brille de peintures variées »13.
10Malgré ces difficultés, ce document est exceptionnel tant par son ancienneté que par son souci du détail. Les descriptions qui sont fournies illustrent la richesse architecturale de ces fondations épiscopales du VIIe siècle, contrastant avec l’aspect semble-t-il rudimentaire de bon nombre d’établissements monastiques ruraux antérieurs.
11L’histoire du monastère de Manglieu au cours du haut Moyen Âge est connue, en outre, par différentes sources diplomatiques d’époque carolingienne.
2.2. Les diplômes d’immunité du IXe siècle
12Le monastère a bénéficié dès le IXe siècle de privilèges octroyés par les souverains carolingiens. En 812-813, Louis le Pieux restaure l’établissement religieux et, en 818, lui concède un diplôme d’immunité14. Ces privilèges sont confirmés à plusieurs reprises au cours du IXe siècle ; une première fois en 833 par Pépin Ier, roi d’Aquitaine, une deuxième fois en 844 par Pépin II, sans aucun doute dans le but de consolider cette fondation monastique située sur les marges du territoire aquitain. Celui-ci offre d’ailleurs au monastère la protection royale qui confère notamment le droit à la communauté d’élire librement ses abbés. Plus tard, en 877, Charles le Chauve renouvelle cette immunité.
13Le vocable Saint-Sébastien apparaît dans chacun de ces documents. La dédicace aux Apôtres semble donc déjà abandonnée. Selon Gabriel Fournier, le changement de titre de l’église abbatiale est à mettre en relation avec la translation d’une partie des reliques de saint Sébastien depuis Rome vers Soissons15. Cette translation, rapportée par Eginhard, aurait été demandée par l’abbé Médard de Soissons au pape Eugène II. Une version de ce récit datée du Xe siècle consacre un chapitre à Manglieu : un dénommé Magnus serait allé chercher les reliques de saint Sébastien à Rome pour les entreposer à Manglieu et fonder le monastère de Magnus locus. Ce récit somme toute légendaire fait ainsi abstraction de la Vita Boniti, dont l’existence au Xe siècle semble avoir été oubliée, sinon volontairement écartée lors de la réécriture du récit de la translation. Selon l’hypothèse la plus probante, Manglieu aurait simplement constitué une étape dans l’itinéraire du convoi transportant les reliques à Soissons.
3. Les fouilles conduites dans l’église Notre-Dame16
14Les fouilles réalisées en 1967 et 1968 par Gabriel Fournier dans l’ancienne église Notre-Dame, transformée en logement depuis le XIXe siècle, ont confirmé son origine mérovingienne17 et ont permis de proposer un phasage mettant en évidence quatre édifices successifs, dont trois datables du haut Moyen Âge18. Le plus ancien correspond à un grand bâtiment, carré ou rectangulaire, orienté nord-est/sud-ouest et précédé au sud-ouest par un vestibule ou une galerie. Un sarcophage trapézoïdal en arkose, caractéristique des VIe-VIIe siècles dans la région, est associé à cet état d’occupation. Un fragment de couvercle de sarcophage en marbre découvert aux abords pourrait par ailleurs dater des Ve-VIe siècles. Gabriel Fournier interprète cet ensemble comme étant l’un des bâtiments de la propriété de l’évêque Genès et suggère qu’il s’agit de l’oratoire domanial primitif. Cette hypothèse est évidemment séduisante et, du reste, cet édifice pourrait reprendre ou adapter le plan d’une construction plus ancienne, datant peut-être du Haut-Empire et/ou de l’Antiquité tardive. D’ailleurs, l’existence à Manglieu d’un ou plusieurs domaines fonciers, voire d’une agglomération d’époque romaine est attestée par des découvertes de céramiques sigillées, de monnaies et d’une incinération19.
15À cet édifice succède un bâtiment caractérisé par deux portions de maçonnerie chaînées formant un angle obtus (108°). Gabriel Fournier propose de mettre en relation ces vestiges avec les textes et, sur cette base, propose une restitution du pentagone évoqué dans la Vita Boniti20. Cette construction a peut-être été précédée par un court vaisseau, à l’image de l’exemple contemporain (fin VIIe-début VIIIe siècle) de l’église Notre-Dame de l’abbaye de Saint-Riquier21.
16Ultérieurement, le « pentagone » (ou du moins le polygone) fait place à une basilique dont les vestiges du chœur et du mur gouttereau nord ont été retrouvés. L’abside est semi-circulaire et la nef serait composée de deux travées. Cette basilique est remplacée à l’époque romane par une nouvelle construction légèrement désaxée vers le sud par rapport à l’édifice précédent.
4. L’analyse archéologique du chevet de l’église Saint-Sébastien
4.1. Émile Mallay, Louis Bréhier, Jean Hubert, Gabriel Fournier : les premières réflexions sur le chevet
17Gabriel Fournier s’est également interrogé sur l’ancienneté des élévations de l’actuelle église Saint-Sébastien (Fig. 3). Avant lui, Émile Mallay, Louis Bréhier et Jean Hubert ont eux aussi été intrigués par la construction du pignon oriental de l’édifice. Émile Mallay signale déjà en 1886 :
« Dans le mur Est du chœur, on distingue plusieurs rangs de briques, les uns placés horizontalement, d’autres inclinés suivant un angle d’environ 32 degrés ; d’autres en arêtes de poisson. Certes, ce fragment de construction et d’ornementation est un souvenir des monuments gallo-romains, et nous semble devoir appartenir à l’église élevée par saint Genest »22.
18Louis Bréhier, de son côté, envisage à la lumière de la Vita Boniti l’existence d’une seule église comportant deux tours lanternes abritant chacune un autel, l’un dédié à la Vierge, l’autre aux Apôtres, qu’il situe à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Sébastien23. Jean Hubert, pour sa part, propose l’hypothèse soutenue plus tard par Gabriel Fournier relative à la présence de deux édifices distincts dès le VIIIe siècle. Il reconnaît la présence d’élévations anciennes au niveau du chevet de l’église Saint-Sébastien, qu’il suppose préromanes24.

Fig. 3. Pignon oriental du chevet de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
19Gabriel Fournier est toutefois le premier auteur à s’attacher à décrire un peu plus longuement les vestiges perceptibles dans le pignon est. Il indique que
« la partie orientale de cet édifice fait visiblement partie d’une campagne de construction antérieure à l’époque romane. Le chœur est construit avec un appareil très irrégulier (petits moellons et blocs de pierre de taille de grande dimension). On distingue encore à l’extérieur, sur le mur est du chevet plat, les restes d’un fronton triangulaire fait de briques plates, saillantes et portées par de petits modillons […]. Le plan de ce sanctuaire rappelle celui qui fut très couramment employé pour les églises, du VIIe au IXe siècle, et correspond tout à fait à la description relatée dans la Vita Boniti »25.
20Il insiste également sur la présence d’éléments anciens en remploi dans l’arc triomphal de l’église actuelle, qui est encadré par deux fûts de colonnes monolithes en marbre gris surmontés de chapiteaux en marbre blanc. Il indique que ces éléments, ici remployés, ont probablement appartenu à l’église primitive.
4.2. L’église Saint-Sébastien
21L’église actuelle mesure plus de 50 mètres de longueur, pour environ 20 mètres de largeur au niveau de la nef. Ses composantes reflètent pour partie le phasage de la construction. Les portions les plus anciennes se situent au niveau du chevet qui semble toutefois avoir été partiellement reconstruit à une période inconnue, mais en tout état de cause antérieure à l’époque moderne, hormis quelques reprises ponctuelles datant de cette période. Le sanctuaire est caractérisé par une abside semi-circulaire enchâssée dans un chevet plat. Les élévations romanes, datées du XIIe siècle, sont représentées par un vaste massif occidental (Fig. 4) dont les dimensions et les dispositions internes, mettant en jeu des systèmes de triplets surmontés d’une grande baie à claire-voie, ne sont pas sans rappeler les exemples carolingiens26. Ce massif occidental, dans ses composantes, est à rapprocher de celui de Chamalières, qui, pour sa part, est bien datable de la fin de la période carolingienne27. Le portail ouvrant dans la deuxième travée du bas-côté sud de la nef est également roman. Les élévations les plus récentes, d’inspiration gothique, datent du XVIe siècle et concernent l’intégralité de la nef constituée de cinq travées à bas-côtés. La sacristie annexée au sud du chœur actuel est légèrement postérieure à cette phase de construction. Il subsiste contre le mur gouttereau nord de l’église quelques travées de la galerie sud d’un cloître (re)construit à la fin du Moyen Âge ou au début de l’époque moderne. Si les états roman et moderne ont fait l’objet d’une attention particulière, notamment dans le cadre de récents travaux28, la portion la plus ancienne de l’édifice, en l’occurrence le chevet, soulève encore de nombreuses interrogations dans la foulée des premières pistes évoquées précédemment.

Fig. 4. Le massif occidental de l’église Saint-Sébastien de Manglieu, depuis le nord-ouest (cl. D. Martinez).
22Les élévations orientales conservent sans nul doute des aménagements très anciens, appartenant peut-être, comme le suggéraient Gabriel Fournier et Jean Hubert, à l’église décrite dans la Vita Boniti. La restauration des maçonneries au XIXe siècle ayant eu entre autres conséquences l’application de joints épais et débordants, la lecture des parements demeure délicate. Certaines observations sont toutefois possibles. Pour ce faire, cette nouvelle analyse s’est appuyée sur des relevés lasergrammétriques des maçonneries, doublés d’orthophotographies des parements accessibles29. Un nouveau plan du chevet a également pu être dressé (Fig. 5). Aucun sondage ni piquetage des mortiers et enduits n’a malheureusement été possible.

Fig. 5. Plan du chevet de l’église Saint-Sébastien (relevé topographique et DAO O. Veissière).
4.3. L’analyse archéologique
23L’étude archéologique du chevet, bien qu’elle ne repose pour l’instant que sur une analyse de l’épiderme des murs, met en avant toute la complexité de la construction des parties orientales de l’église Saint-Sébastien. Elle conforte les présomptions d’ancienneté déjà évoquées mais, bien au-delà, elle met en lumière plusieurs phases de construction dont les deux plus anciennes sont datables du haut Moyen Âge.
4.3.1. Le mur oriental
24Le pignon oriental du chevet est de loin le plus lisible (Fig. 6). Au sud, les maçonneries sont pour partie cachées par la sacristie moderne et, au nord, la végétation liée au manque d’entretien du mur est un frein non négligeable à la lecture des parements30.
25À mi-hauteur de l’élévation orientale, sur presque toute la longueur de la maçonnerie, se développe une corniche horizontale constituée de tegulae. Celle-ci est doublée au-dessus par un nouveau rang d’éléments de terre cuite supportant à intervalle régulier (tous les 30 centimètres) des imbrices encastrées en boutisse dans la maçonnerie (Fig. 7). Cette corniche est soutenue par un système de modillons calcaires distants les uns des autres de 45 centimètres, dont six sont encore visibles. Le percement d’une grande baie à l’époque moderne a entraîné la suppression de la partie centrale de l’aménagement. Celui-ci a également été détruit aux extrémités nord et sud de la maçonnerie lors de la reprise des chaînages d’angle, à l’occasion d’une réfection du chevet. Par ailleurs, au-dessus de cette corniche, dans la moitié nord du mur, se présente un négatif de toiture oblique constituée de tegulæ soutenues par un système de modillons, dont quatre sont encore conservés. Ceux-ci sont espacés d’environ 40 centimètres. Le second rampant de cette structure, situé au sud de l’actuelle maçonnerie, a été détruit lors de l’exhaussement de la façade orientale du chevet.

Fig. 6. Orthophotographie du pignon oriental du chevet de l’église Saint-Sébastien (relevé lasergrammétrique et orthophotographie O. Veissière).

Fig. 7. Vue de détail du fronton du pignon oriental de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
26Ces vestiges traduisent sans ambiguïté la présence d’un fronton triangulaire, constitué de deux rampants reposant sur une base horizontale. Ce type de construction d’inspiration antique semble avoir été assez courant dans les premières architectures chrétiennes et, si les comparaisons sont assez rares, certaines sont toutefois possibles, en particulier avec les frontons du baptistère de Poitiers31. En outre, ce dispositif est abondamment attesté par l’iconographie, notamment dans les illustrations ornant le Psautier d’Utrecht32 et le Pentateuque d’Ashburnham33.
27Ce fronton est à mettre en relation avec le tiers inférieur du pignon oriental, dont les parements extérieurs révèlent un usage régulier de blocs de grand appareil dressés au pic, notamment au niveau des soubassements (Fig. 6). Ces blocs, pour certains remployés, chaînent des maçonneries en petit appareil irrégulier de basalte, à litages plus ou moins marqués. Deux assises de blocs allongées marquent respectivement l’appui et le départ de l’arc d’une baie axiale pour partie détruite et obturée (Fig. 8a). Cette ouverture est constituée de blocs de moyen et grand appareil, pour certains retaillés. Elle mesure 1,25 mètre de largeur et sa hauteur atteignait plus de 2 mètres. Le piédroit sud de l’ouverture orientale emploie (voire réemploie) un bloc bûché dans sa partie inférieure. Celui-ci pourrait correspondre à un fragment de cuve de sarcophage inséré en orthostate (Fig. 8b). Les traces de taille grossières, au pic, visibles en surface de la pierre, s’apparentent à celles que l’on observe communément sur les fonds de cuve de sarcophage en grès ou en arkose. On peut également s’interroger sur la nature du bloc situé en vis-à-vis, dans le montant nord de l’ouverture. Ce dernier est légèrement biseauté en partie supérieure, si bien qu’il est possible d’envisager un autre remploi de sarcophage, en l’occurrence ici d’un couvercle (Fig. 8c).

Fig. 8a. Baie axiale du pignon oriental du chevet de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).

Fig. 8b. Fragments de sarcophages réemployés avec marques d’outils (cl. D. Martinez).

Fig. 8c. Fragments de sarcophages réemployés avec marques d’outils (cl. D. Martinez).
28La façade orientale a par ailleurs subi une vaste reconstruction se traduisant par la reprise des chaînes d’angles et, en parement, par l’emploi de blocs de basalte et d’arkose de modules variables, formant un petit appareil irrégulier. Les assises sont systématiquement rattrapées par l’insertion de cales de forme allongée, pour certaines correspondant à des fragments de tegulae. La mise en œuvre de cette partie du mur est en définitive assez proche de celle des maçonneries du premier état du bâtiment. Elle apparaît toutefois un peu plus désordonnée et les blocs sont moins calibrés. De plus, l’insertion récurrente de petites cales allongées ne se retrouve pas dans la construction primitive.
29Il paraît enfin intéressant de souligner la présence de remplois localisés dans la reprise du chaînage d’angle sud-est. Deux blocs, l’un en grès rouge, situé à mi-hauteur de l’élévation, l’autre en calcaire blanc, localisé au niveau de la retombée de la toiture actuelle, sont ornés d’une cannelure soulignée d’un trait profondément gravé (Fig. 9). La plupart des pierres de taille utilisées dans le deuxième état du chaînage d’angle correspondent d’ailleurs probablement à des remplois. Des traces d’outils sont encore visibles, mettant en évidence l’usage dominant de la smille et de la broche. Ces angles illustrent de façon plus ou moins harmonieuse le recours à la bichromie, alternant calcaire blanc et grès rouge. Ce jeu chromatique fait écho au décor blanc et rouge qui, à en croire la Vita Boniti, ornait l’église des Apôtres.

Fig. 9. Bloc remployé dans le chaînage sud-est du chevet de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
4.3.2. La façade sud
30La façade sud du chevet est en partie masquée par la sacristie construite à l’époque moderne (Fig. 10). Le premier état du bâtiment y est toutefois largement représenté, sur environ 4,50 mètres de hauteur (18 assises). En partie basse, le mur est percé par une baie mesurant 1 mètre de largeur pour 2 mètres de hauteur (Fig. 11). L’arc est constitué de claveaux d’arkose blonde et ocre de dimensions variables. Le piédroit oriental de l’ouverture superpose pour sa part des blocs de grand module peut-être remployés. Ces derniers ne sont pas sans rappeler les éléments de grandes dimensions utilisés dans la construction de la baie axiale du pignon oriental. Le montant ouest et la base de l’ouverture, marquée dans le parement du mur par une épaisse dalle de basalte, ont disparu probablement lorsque la baie a été obturée.

Fig. 10. Orthophotographie de la façade sud du chevet de l’église Saint-Sébastien (relevé lasergrammétrique et orthophotographie O. Veissière).

Fig. 11. Baie axiale de la façade sud du chevet de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
31Au-dessus du premier état du mur, une reconstruction conservée sur 2,25 mètres de hauteur (14 assises) se caractérise par un petit appareil constitué de blocs éclatés de basalte et d’arkose (Fig. 12). Ces derniers sont de plus petit calibre que les éléments employés à la base du pignon et leur mise en œuvre tend vers un appareillage régulier. Des pierres ou des fragments de tuile de calage y sont ponctuellement insérés. Cette portion de mur est en partie détruite par le percement d’une baie moderne.
32La reprise du chaînage d’angle sud-est s’accompagne d’une réfection sinon d’un rehaussement du mur sur un peu plus de 1,50 mètre (11 à 12 assises). La maçonnerie est alors constituée de moellons d’arkose et de basalte de module variable. Les assises sont irrégulières et fréquemment rattrapées par l’insertion de petites cales allongées dont la plupart correspondent à des tegulae34.
33Le parement externe de la travée droite du chœur est plus homogène et, dans sa mise en œuvre, prolonge la reprise supérieure du mur sud du sanctuaire. Il est percé par deux baies en plein cintre distantes de 2 mètres. Ces dernières mesurent 1,50 mètre de hauteur pour 0,80 mètre de largeur. Leurs encadrements appareillés emploient exclusivement des arkoses blondes et ocres, voire des calcaires. Les piédroits superposent des pierres de taille de dimensions variables, dont les surfaces conservent des impacts de pic et potentiellement de broche, mais également de ciseau large ou de taillant droit. L’une d’elles, sensiblement trapézoïdale, peut correspondre à un ancien claveau remployé. Les appuis de ces ouvertures sont masqués par la toiture de la sacristie. De leur côté, les arcs sont appareillés et composés de claveaux tout aussi irréguliers. Ces couvrements sont par ailleurs non extradossés et ont été partiellement recoupés lors de la reprise ultérieure de la partie sommitale de l’élévation en lien avec la mise en place de la charpente actuelle de la travée droite du chœur.

Fig. 12. Baies hautes de la travée droite du chœur de l’église Saint-Sébastien de Manglieu, façade sud (cl. D. Martinez).
4.3.3. La façade nord
34La façade nord du chevet est la plus délicate à appréhender (Fig. 13a). Elle est recouverte de grands aplats d’enduits de mortier de chaux et de ciment, sans compter la mousse qui a colonisé toute la partie inférieure du mur. Plusieurs états de construction peuvent néanmoins être distingués, bien que le phasage tel qu’il peut aujourd’hui être proposé reste suspendu à un nettoyage de la maçonnerie et à un décroûtage des enduits.
35L’état le plus ancien du bâtiment est également représenté à la base du pignon nord. Une baie analogue et symétrique à celle observée dans la façade sud est en partie conservée. À nouveau, seuls l’arc et le piédroit oriental sont encore présents.
36La deuxième phase de construction repérée à l’est et au sud concerne également la majeure partie de l’élévation nord du chevet. La baie axiale située en partie inférieure du mur est probablement condamnée lors de cette réfection. Au niveau de la travée droite du chœur figurent deux ouvertures pendantes à celles du pignon sud (Fig. 14). Elles montrent des profils similaires pour des encadrements composites recourant aux mêmes matériaux. Les traces de taille sont ici mieux conservées et témoignent d’un travail de régularisation des surfaces à la broche et au taillant droit (marteau ou ciseau), pour des impacts peu organisés plutôt caractéristiques des Xe-XIe siècles. Les arcs supérieurs sont là encore non extradossés et prennent naissance sur des sommiers fins formant harpages. Les piédroits superposent comme au sud des pierres de taille de dimensions variables assurant des chaînages latéraux, mais voient également s’insérer des blocs fins et étirés, correspondant peut-être à des fragments de sarcophage. D’autres fines assises d’arkoses grises viennent également former les appuis des ouvertures. Ces dernières sont condamnées par des bouchages de briques.
37Le troisième état de construction se caractérise par l’aménagement, en partie haute du chœur, d’une baie axiale identique à celle mise en place au cours du même programme de travaux dans le mur sud.
38Par la suite, les modifications qui affectent la façade nord du chevet résultent essentiellement de l’évolution des bâtiments adjacents. Au niveau du chœur, une porte est percée dans le bouchage de la baie de l’édifice primitif permettant ainsi l’accès à une annexe latérale, dont le couvrement est encore visible dans le tiers supérieur de l’élévation. En effet, une reprise d’une cinquantaine de centimètres de hauteur est visible au niveau de la baie axiale moderne. Elle se caractérise entre autres par une panne encastrée dans le mur et recevant des entraits selon un assemblage à mi-bois (Fig. 13a). Ce système, caractéristique du XIIIe siècle, signale ici un dispositif remployé35. L’annexe latérale, couverte d’une charpente à demi-ferme, est en effet postérieure à la baie moderne, comme l’atteste le négatif de toiture encore marqué sur l’intrados de l’arc.
39Deux portes, aujourd’hui bouchées, figurent par ailleurs aux deux extrémités de la travée droite du chœur. Celle située à l’ouest a été percée a posteriori et permettait vraisemblablement d’accéder à l’aile orientale des bâtiments monastiques d’époque moderne (Fig. 13b). Elle est d’ailleurs encore visible à l’intérieur de l’édifice. Celle située plus à l’est est plus difficile à appréhender en raison des difficultés qui entourent la lecture des parements. Elle est peut-être contemporaine du mur, bien que le chaînage entre le piédroit ouest formant haparge et le parement ne soit pas toujours très franc. Le piédroit oriental a pour sa part été en partie détruit lorsque l’ouverture a été condamnée.

Fig. 13a. Orthophotographie de la façade nord du chevet de l’église Saint-Sébastien (relevé lasergrammétrique et orthophotographie O. Veissière).

Fig. 13b. Détail de la façade nord du chevet (cl. D. Martinez).

Fig. 14. Baies hautes de la travée droite du chœur de l’église Saint-Sébastien de Manglieu, façade nord (cl. D. Martinez).
4.4. Remplois, mobilier funéraires et liturgiques
40De nombreux éléments en remploi sont à mettre en relation avec une occupation de l’Antiquité (au sens large) et du haut Moyen Âge. L’arc triomphal de l’actuelle église Saint-Sébastien est notamment encadré par deux imposants fûts de colonnes monolithes en marbre gris surmontés de chapiteaux de style corinthien en marbre blanc, ceux-là même qui intriguaient déjà Gabriel Fournier.
41Le chapiteau nord présente un traitement très classique de ses trois corolles d’acanthes souples, avec un travail de ciselure et de trépan très élaboré, ainsi qu’un abaque échancré dont les nœuds sont remplacés par de petites feuilles (Fig. 15). Sa face arrière semble avoir été retaillée lors de son insertion au sommet de l’arc. Le chapiteau sud présente pour sa part un traitement sensiblement différent (Fig. 16). Si ses composantes s’inscrivent, elles aussi, dans un registre classique (feuilles d’acanthe, fleurons en guise de nœuds d’abaque, caulicoles, etc.), les feuilles sont nettement moins dentelées et le travail du trépan est moins poussé. Les volumes sont plus ramassés et moins détachés de la corbeille. L’arrière a également été retaillé lors de son insertion dans l’ensemble. Une distinction chronologique notable est donc possible entre ces deux éléments. La facture du premier renvoie à des productions du Haut-Empire, qui se développent à partir de l’époque antonine, caractérisées entre autres par une tripartition de la corbeille et l’écrasement du registre supérieur36. Le second se rapproche davantage des productions mérovingiennes, notamment de certaines corbeilles du baptistère de Poitiers37, de Saint-Laurent de Grenoble38, de la crypte de Jouarre39 ou, localement, des corbeilles de l’abbaye Saint-Alyre à Clermont40.

Fig. 15. Chapiteau nord de l’arc triomphal de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).

Fig. 16. Chapiteau sud de l’arc triomphal de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
42Les imposants fûts lisses monolithes – possiblement en « grand antique » gris noir et blanc de l’Ariège – s’inscrivent également dans la tradition antique et font écho une nouvelle fois au baptistère de Poitiers, mais aussi à celui du Puy-en-Velay41, pour ne citer que ces deux exemples. Les corbeilles sont par ailleurs surmontées de tailloirs présentant un décor intrigant. Ceux-ci superposent deux registres de rouleaux qui se détachent nettement du bloc. Sur les deux faces opposées, ces éléments ne sont pas sans évoquer les décors de flots (ou de postes) peignés que l’on retrouve dans la plastique architecturale carolingienne (extrados d’arcatures, ainsi en stuc au baptistère Saint-Jean du Puy-en-Velay, et de baies, de corniches, etc.) et le mobilier de type chancel (architraves, arcs et frontons). Le registre inférieur de la composition est marqué par un bandeau constitué de demi-oves grossières, renversées, dont un exemple comparable existe à Artonne, dans le Puy-de-Dôme, où le registre inférieur de corbeilles antiques (tardives), remployées dans un ancien portail de l’église Saint-Martin, présente un décor identique42.
43Ainsi, les composantes de cet arc résultent de la superposition d’éléments provenant d’édifices datant de l’Antiquité et des époques mérovingienne et carolingienne. L’analyse des traces de tailles visibles sur le parement des dosserets situés derrière les colonnes montre une régularisation des surfaces au ciseau bretté, témoignant par conséquent pour la construction de l’arc d’une datation contemporaine ou postérieure au début du XIIe siècle, période à laquelle apparaît (ou réapparaît) cette catégorie d’outil.
44Parmi les objets remarquables en position secondaire dans l’église, il convient également de signaler la paroi de cuve de sarcophage en marbre exposé aujourd’hui dans l’avant-nef (Fig. 17). La présence d’un chrisme cerclé par une couronne, encadré par des panneaux présentant des décors de chevrons, fait écho aux sarcophages dits aquitains, datables des Ve-VIe siècles. Un exemplaire très proche de celui de Manglieu est connu par ailleurs en Auvergne, à Arpajon-sur-Cère dans le Cantal43.

Fig. 17. Paroi de cuve du sarcophage de type aquitain exposé dans l’église Saint-Sébastien de Manglieu (cl. D. Martinez).
4.5. Interprétations, chronologie relative et proposition de datation du chevet
45En l’absence d’éléments de datation absolue, l’analyse chronologique des différentes étapes d’aménagement du chevet s’appuie essentiellement sur la typologie des ouvertures et sur l’appareil des maçonneries. De même, la définition du phasage relatif du bâtiment ne résulte que d’observations de surface et mérite d’être affinée par une analyse comparative des mortiers utilisés dans les différentes portions du chevet.
46Les observations conduites sur l’église Saint-Sébastien mettent ainsi en évidence deux grandes phases de construction datant probablement du haut Moyen Âge et constituant encore une large part de l’élévation du chevet. Les modifications médiévales et modernes concernent, semble-t-il, essentiellement le percement de nouvelles baies au niveau du sanctuaire, ainsi que l’aménagement d’ouvertures en lien avec l’évolution des bâtiments monastiques. Elles s’inscrivent plus largement dans le cadre de reconstructions importantes ayant affecté la nef et la partie occidentale de l’édifice (Fig. 18).

Fig. 18. Proposition de périodisation des élévations du chevet de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (relevé lasergrammétrique : O. Veissière ; DAO : D. Martinez).
4.5.1. Église ? Mausolée ? Nouvelles propositions de lecture du premier état du chevet
47L’état le plus ancien concerne toute la moitié inférieure du chevet de l’église actuelle, caractérisée par des chaînages d’angle puissants associés à un petit appareil irrégulier de blocs de basalte. Le bâtiment est doté de trois baies et son pignon oriental est couronné d’un fronton triangulaire (Fig. 19). La typologie des ouvertures renvoie à une chronologie assez haute, à situer entre l’Antiquité tardive et la période carolingienne. La portion conservée correspond peut-être déjà au chevet d’une église, à moins qu’elle ne constitue le vestige d’un autre type de bâtiment, potentiellement de plan centré (mausolée ?). Les imposantes colonnes en marbre gris et les chapiteaux qui les surmontent ornaient certainement cet édifice.

Fig. 19. Restitution du bâtiment primitif avec fronton. Église des Apôtres ? (relevé lasergrammétrique O. Veissière ; DAO D. Martinez).
48À en juger par la hauteur à laquelle se situent les trois baies, il y a tout lieu de croire que le niveau de circulation dans et autour de l’édifice se situait bien plus bas que le sol actuel. D’ailleurs, un diagnostic réalisé en 2015 dans le cadre de travaux d’aménagement de la place du village, au sud de l’église, a montré que les séquences funéraires anciennes (dont des sarcophages) étaient assez profondes, indiquant que les niveaux de circulation du haut Moyen Âge se situaient environ 1,50 mètre sous le sol moderne (Fig. 20)44.

Fig. 20. Sarcophages découverts lors du diagnostic réalisé au sud de l’église Saint-Sébastien de Manglieu (Gauthier F., Manglieu (Puy-de-Dôme). Centre bourg, rapport de diagnostic, DRAC-SRA Auvergne-Rhône-Alpes, Clermont-Ferrand, 2015, p. 40, fig. 13).
49La datation de ce premier édifice est délicate à approcher à ce stade de l’étude. Il pourrait s’agir d’un édifice antérieur à la fondation du monastère comme de l’église des Apôtres mentionnée au début du VIIIe siècle, voire d’un bâtiment construit dans le courant du IXe siècle, à la suite de l’arrivée des reliques de saint Sébastien. Le fronton, qu’il est tentant de rapprocher de ceux du baptistère de Poitiers, peut néanmoins suggérer une datation assez haute, du milieu, voire du début de la période mérovingienne. La Vita Boniti évoque une église associée à un « signe triangulaire », à un décor bichromatique sophistiqué et à une architecture mettant en œuvre de nombreux arcs et colonnes, autant d’éléments qui s’expriment dans l’élévation actuelle et qui invitent à voir dans le chevet les vestiges de l’église décrite au début du VIIIe siècle. Dans ce cas, la Vita Boniti ne constituerait qu’un terminus ante quem pour la datation de cet édifice qui est peut-être déjà ancien au moment de la rédaction de la Vita. Cette proposition de datation doit cependant être nuancée par la présence potentielle de remplois d’éléments de sarcophages dans les baies axiales du sanctuaire, qui peuvent suggérer une construction sensiblement plus tardive, du milieu voire de la fin de l’époque carolingienne, à moins que ceux-ci n’aient été ajoutés à cette période.
4.5.2. Une reconstruction à la fin de la période carolingienne ?
50Le second état de construction du bâtiment (ou du moins de son chevet), dont le plan est repris par le chevet de l’église actuelle, peut quant à lui être daté des Xe-XIe siècles. Cette proposition de datation est permise par la typologie des baies de la travée droite du chœur, trouvant des comparaisons localement à Chamalières ou à Mozac, ainsi que dans la crypte de la cathédrale de Clermont45, ailleurs au baptistère Saint-Jean du Puy-en-Velay ou à Cravant-les-Côteaux en Indre-et-Loire avec l’église Saint-Léger. La façade de l’édifice se trouvait peut-être alors à l’emplacement de l’arc triomphal actuel, qui, pour sa part, a pu être assemblé à l’époque romane, au moment de l’agrandissement de l’édifice en direction de l’ouest. Il est cependant possible qu’une nef à épaulement ait existé dès les Xe-XIe siècles, comme le suppose Bruno Phalip46. L’arrière du pilier nord recevant l’arc triomphal, encore visible dans le parement externe de l’épaulement de la nef moderne, pourrait d’ailleurs marquer la présence d’un contrefort d’un ancien édifice, suggérant dès lors le départ d’un mur en direction de l’ouest et qui, de ce fait, a pu constituer le gouttereau nord de la nef du Xe ou du XIe siècle.
5. En conclusion : tout reste à faire…
51Le monastère de Manglieu mérite sans nul doute une place de choix dans le corpus des premiers ensembles architecturaux chrétiens de Gaule. Si l’archéologie offre de premières clés de lecture, cet état des lieux est toutefois rendu possible par de nombreuses comparaisons stylistiques, tout en bénéficiant de la confrontation nécessaire des données architecturales avec la documentation textuelle. Ces dernières signalent une fondation importante, qui voit le jour au milieu du VIIe siècle dans un contexte privilégié – en l’occurrence dans un domaine épiscopal – et qui, deux siècles plus tard, est placée sous la protection des souverains carolingiens. Le cas de Manglieu, à l’instar de nombre de fondations d’Occident au VIIe siècle, illustre l’émergence d’établissements appelés à connaître un développement pérenne, s’appuyant sur un important patrimoine foncier. Au cours des siècles suivants, soutenus par l’aristocratie locale, ces monastères tendent à s’enrichir et bénéficient d’un ancrage régional solide reposant sur une organisation en réseaux. Il faut du reste garder à l’esprit la position géographique et topographique de Manglieu, au pied du Livradois-Forez, qui a nécessairement influencé les stratégies locales, voire royales, d’implantation et de territorialisation dans un secteur situé sur les marges de l’Aquitaine.
52En conclusion, encore peu de chair et de sang pour le moment donc, cher directeur, mais patience ! Tous les ingrédients semblent cette fois réunis pour y parvenir et, surtout, pour engager un programme d’étude ambitieux, dont l’un des principaux enjeux repose à présent sur l’exploration du sous-sol. La configuration des lieux et l’accessibilité potentielle des vestiges, tout comme leur état de conservation, font indubitablement de Manglieu un candidat idéal pour développer un large panel de problématiques imbriquées dans le cadre d’une étude de l’évolution de l’occupation du sol sur le temps long, entre Antiquité et Moyen Âge, à la croisée des chemins de l’histoire, de l’histoire de l’art et de l’archéologie…
Notes de bas de page
1 Cet article reprend in extenso une étude intégrée dans mon mémoire de thèse inédit : Martinez D., De la cité arverne au diocèse de Clermont. Topographie ecclésiale, fortifications et peuplement de l’Auvergne entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge (Ve-Xe siècles) : une approche archéologique, Thèse de doctorat en Histoire de l’Art et Archéologie dirigée par Phalip B., Université Clermont Auvergne, 2017, 3 vol., 1628 p., vol. 1, p. 453-469. Certains éléments ont déjà été insérés par ailleurs, sous forme toutefois condensée et embryonnaire, dans des articles portant sur des thématiques régionales : Martinez D. et Morel D., « L'architecture religieuse de l'Auvergne entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge à travers la documentation archéologique », Hortus Artium Medievalium, 18-1, 2012, p. 97-121 et Martinez D., « Les premiers monastères d’Auvergne à la lumière de la documentation textuelle et archéologique », BUCEMA, Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, 2016, URL : https://doi.org/10.4000/cem.14484.
2 Martinez D., Les premiers monastères d’Auvergne..., op. cit.
3 Sur ce point, cf. Bully S., Sapin C. dir., De la clôture à la fortification des monastères, BUCEMA, hors-série n° 12, 2020, URL : https://doi.org/10.4000/cem.17342.
4 Martinez D., De la cité arverne au diocèse de Clermont…, op. cit.
5 Fournier G., « L’ancienne abbaye de Manglieu », Chroniques du Livradois-Forez, 26, 2004, p. 7-25, ici p. 9.
6 Heinzelmann M. « L’hagiographie mérovingienne : panorama des documents potentiels », in Goullet M., M. Heinzelmann et Veyrard-Cosme C. dir., L’hagiographie mérovingienne à travers ses réécritures, Ostfildern, 2010, p. 27-82, voir ici p. 71 ; Verleysen A.-M., « Hagiographie d’Aquitaine (750-1130) », in Hagiographie VI, Turnhout, Brepols, 2014, p. 663.
7 Vita Boniti episcopi arverni, in Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici (V), texte établi par Krusch B. et W. Levison, MGH. SS rer. Merov. VII, Hanovre, 1913, p. 110-139.
8 Nam omni ex parte collium tuicione munitus, nemoribus obumbratur ; comis frondentibus densis, amenia virent, rigante amne, Florida erga ortulum, cenobii prata patentque largum ab austro aditum […] ; Vita Boniti episcopi arverni, p. 127-128, traduction proposée par G. Fournier : Fournier G., L’ancienne abbaye de Manglieu…, op. cit., p. 9.
9 […] triplici valvarum itinere clauditur limes. Iubare perlustrante splendent sanctorum martyrum aulae. Insignis micat sanctae semper Virginis Deique genitricis Mariae atque celsior eminet turris pentagona quadriangulo emergens fulcro : supra grediens ceteris prominet una. Quater sena centra, decora inferius, superius convexa, surgunt, celsaque fastigia micant. Apostolorum aula non minus interea fulget, quasi nota trigona, sanctorum altaria nitent ; centra hinc indeque geminata connectunt, columnae priscorum sculptae fulgretine emergunt, more elatae mire camerae. Tigna laqueariis affixa consistunt necnon et domorum candido decore rutilant muri, urbis modo […], Vita Boniti episcopi arverni…, op. cit., p. 128.
10 Fournier G., L’ancienne abbaye de Manglieu…, op. cit., p. 8 ; Martinez D., Les premiers monastères d’Auvergne..., op. cit., § 39.
11 Vita Boniti episcopi arverni…, op. cit., p. 128.
12 Fournier G., L’ancienne abbaye de Manglieu…, op. cit., p. 9.
13 Je remercie Fernand Peloux, Monique Goullet et Laurent Schneider pour les réflexions et les orientations précieuses qu’ils m’ont fournies pour la traduction de ce passage.
14 Fournier G., Le peuplement rural en Basse Auvergne durant le haut Moyen Âge, thèse de doctorat, université de Paris, faculté des lettres, 1962, p. 546.
15 Fournier G., L’ancienne abbaye de Manglieu…, op. cit., p. 10.
16 Ce passage reprend pour partie celui publié dans ; Martinez D., Les premiers monastères d’Auvergne…, op. cit., § 43-45.
17 Fournier G., « Abbaye de Manglieu : églises des Apôtres et Notre-Dame », in Duval N. dir., Les premiers monuments chrétiens de la France, vol. 2, sud-ouest et centre, Paris, Picard, 1996, p. 71-74.
18 Martinez D., Les premiers monastères d’Auvergne…, op. cit., § 43, fig. 2.
19 Provost M., Mennessier-Jouannet C., Carte archéologique de la Gaule, 63/2 : Puy-de-Dôme, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1994, p. 168 ; Bet P., Delage R., Murat R., « En Gaule centrale, le centre de production de sigillée de Manglieu (Puy-de-Dôme) », Actes du congrès de la SFECAG de Libourne, 2000, p. 511-514.
20 Martinez D., Les premiers monastères d’Auvergne…, op. cit., § 43, fig. 2.
21 Les fouilles de Saint-Riquier ont montré qu’il s’agissait d’un dodécagone enveloppant un hexagone. Erlande-Brandenburg A., « L’église Notre-Dame de l’abbaye de Saint-Riquier », Bulletin Monumental, 126-2, 1968, p. 167-169 ; Bernard H., « Un site prestigieux du monde carolingien : Saint-Riquier. Peut-on connaître la grande basilique d’Angilbert ? », Cahiers archéologiques de Picardie, 5, 1978, p. 241-254 ; Hubert J., « Saint-Riquier et le Monachisme Carolingien en Gaule à l’époque Carolingienne », in Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, IV. Il Monachismo nel alto Medioevo e la formazione della civiltà occidentale, Spolète, 1957, p. 293-309.
22 Mallay E., Mémoire sur l’architecture en Auvergne pendant le Moyen Âge, Clermont-Ferrand, 1886, p. 278.
23 Bréhier L., « Les traces de l’ancien art chrétien dans l’art roman auvergnat », Cahiers Archéologiques, 1, 1945, p. 63-76, ici p. 65.
24 Hubert J., « Les églises et bâtiments monastiques de l’abbaye de Manglieu au début du VIIIe siècle », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1958, p. 91-96.
25 Fournier G., Abbaye de Manglieu : églises…, op. cit., p. 72.
26 La façade occidentale a toutefois été largement remontée et restaurée dans la deuxième moitié du XIXe siècle ; cf. Tardieu A., Grand dictionnaire historique du département du Puy-de-Dôme, Moulins, Imprimerie Desrosiers (1877, rééd. 1993), p. 204-205.
27 Perry P., « L’église Notre-Dame de Chamalières », Congrès Archéologique de France, Basse Auvergne, Société Française d’Archéologie, Paris, 2003, p. 81-91 ; Morel D., Tailleurs de pierre, sculpteurs et maîtres d’œuvre dans le Massif central. Le monument et le chantier médiéval dans l’ancien diocèse de Clermont et les diocèses limitrophes (XIe-XVe siècles), thèse de doctorat en histoire de l’art et archéologie, dirigée par Phalip B., université Blaise-Pascal Clermont-Ferrand II, 2009, 4 vol., 1947 p. voir ici p. 221-224 (t. 1) ; Martinez D. et Morel D., L'architecture religieuse de l'Auvergne…, op. cit., p. 109-110.
28 Nous ne décrirons pas dans le détail l’architecture de l’édifice, une notice complète étant proposée par Bruno Phalip dans son mémoire d’Habilitation à diriger des recherches. Voir notamment les hypothèses relatives à la construction de la nef et le maintien possible d’une nef carolingienne, ou tout au moins d’une partie, jusqu’aux reconstructions de l’époque moderne, Phalip B., Des terres médiévales en friches, pour une étude des techniques de construction et des productions artistiques montagnardes, l’exemple de l’ancien diocèse de Clermont. Face aux élites, une approche des simples et de leurs œuvres, mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches en histoire de l’art médiéval, université Blaise Pascal Clermont-Ferrand II, 2001, 12 vol., voir ici vol. 4, p. 150-155.
29 Ces relevés ont été réalisés par Olivier Veissière (société Veissière Olivier - Patrimoine Numérique), que je remercie vivement une nouvelle fois.
30 Le pignon nord du chevet donne sur une propriété privée.
31 Boissavit-Camus B. dir., Le baptistère Saint-Jean de Poitiers. De l’édifice à l’histoire urbaine, Turnhout, Brepols, 2014, p. 331-332 (Bibliothèque de l’Antiquité tardive, 26).
32 https://psalter.library.uu.nl/.
33 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53019392c/.
34 La partie supérieure de cette maçonnerie a également dû être dérasée sinon reprise lors de la réfection de la charpente de cet espace. Cette réfection est en partie masquée par la retombée de la toiture.
35 B. Phalip, Charpentiers et couvreurs : l’Auvergne médiévale et ses marges, Document d’archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne (DARA), 26, Lyon, 2006.
36 Kautsch R., Kapitellstudien, Walter de Gruyter and Co., Berlin-Leipzig, 1936 ; Kälher H., Die römischen Kapitelle des Rheingebietes, Walter de Gruyter and Co., Berlin, 1939 ; je tiens à remercier Dominique Tardy pour son expertise de ces corbeilles et pour les orientations bibliographiques qu’elle a pu me proposer.
37 Boissavit-Camus B. dir., Le baptistère Saint-Jean de Poitiers…, op. cit.
38 Colardelle R., La ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire, Turnhout, Brepols, 200 (Bibliothèque de l’Antiquité tardive, 118).
39 De Maillé A., Les cryptes de Jouarre, Paris, Picard, 1971.
40 Foulquier L., Dépôts lapidaires, réutilisations et remplois (Antiquité-haut Moyen Âge). Pour une nouvelle approche de la christianisation et des sanctuaires de l’ancien diocèse de Clermont au Moyen Âge, Thèse de doctorat en Histoire de l’art, dirigée par Phalip B., université Blaise Pascal Clermont-Ferrand II, 2008, 4 vol., 1302 p. ; voir ici p. 229-235 (t. 1).
41 Mérel-Brandenburg A.-B. dir., Le baptistère Saint-Jean au sein du groupe épiscopal du Puy-en-Velay, Turnhout, Brepols, 2018 (Bibliothèque de l’Antiquité tardive, 34).
42 Martinez D., De la cité arverne au diocèse de Clermont…, op. cit., vol. 2, p. 293, fig. 399.
43 Sauget J.-M., Usse A. et J.-P., « Le sarcophage de type aquitain et les tombes du haut Moyen Âge d’Arpajon-sur-Cère (Cantal) », in Fizellier-Sauget B. dir., L’Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours, Actes des XIIIe journées d’archéologie mérovingienne (Clermont-Ferrand, 3-6 octobre 1991), Clermont-Ferrand, 1999, p. 229-246.
44 Gauthier F., Manglieu (Puy-de-Dôme). Centre bourg, rapport de diagnostic, DRAC-SRA Auvergne-Rhône-Alpes, Clermont-Ferrand, 2015. Ce diagnostic a montré l’excellent état de conservation des vestiges des occupations anciennes de Manglieu. Plusieurs murs, sols et tombes ont été découverts. En revanche, l’étroitesse des tranchées réalisées n’a pas permis de caractériser plus avant les structures rencontrées.
45 Martinez D. et Morel D., L'architecture religieuse de l'Auvergne…, op. cit., p. 107-110.
46 Phalip B., Des terres médiévales en friches…, op. cit., vol. 4., p. 150-155.
Auteur
Maître de conférences en archéologie médiévale. Université Lumière Lyon 2. UMR 5648/ CIHAM, MSH Lyon Saint-Étienne, 14 Av. Berthelot, Bât. C, 1er ét. - 69363 Lyon Cedex 07. Thèse soutenue en 2017 intitulée « De la cité arverne au diocèse de Clermont : Topographie ecclésiale, fortifications et peuplements de l’Auvergne entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge (Ve-Xe siècles) : une approche archéologique »
damien.martinez@univ-lyon2.fr
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Cluny et la couleur
Enduits peints et carreaux de sol, témoins archéologiques
Bénédicte Bertholon et Magali Orgeur Christian Sapin (dir.)
2021
La genèse du village
Archéologie de l’habitat groupé du haut Moyen Âge (Ve-XIIe siècles) dans le Centre-Est de la France actuelle
Antoine Guicheteau, Vincent Marchaisseau et Amélie Quiquerez (dir.)
2021
Quis sum ? Provincialis ?
Manifestations identitaires dans le cadre supra-civique. Les identités provinciales et régionales.
Sabine Lefebvre (dir.)
2022
Archéologie du bâti. Aujourd’hui et demain
Christian Sapin, Sébastien Bully, Mélinda Bizri et al. (dir.)
2022
Approche diachronique des sites de hauteur
des âges des Métaux, de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge
Damien Martinez et Amélie Quiquerez (dir.)
2023
Bruno Phalip, loin des chantiers battus, un autre discours
Travaux et recueil d’articles
Mélinda Bizri, Marie Charbonnel, Laura Foulquier et al. (dir.)
2023
Anticiper et gérer de l'Antiquité au Moyen Âge
Journée des doctorants en mondes anciens et médiévaux de l’université de Bourgogne-Franche-Comté
DOKIMA
2024