Introduction

1La Direction scientifique et technique de l’Inrap a souhaité rappeler qu’elle est particulièrement attachée à ce projet de recherche, qui pour de nombreux aspects, est exemplaire. Commençons par saluer le sérieux de la gestion de celui-ci, mené en interne avec beaucoup de professionnalisme.

2Faut-il commenter les objectifs du projet, et s’étendre sur ses résultats ? D’autres le feront bien mieux, et avec bien plus de légitimité. Mais comment ne pas se rappeler ses origines ? C’est-à-dire la constitution en 2005 d’un groupe de travail, le « Groupe Meule », rassemblant quelques chercheurs motivés. Déjà, cette collaboration interinstitutionnelle montrait ses principaux atouts : volonté, compétences et pluridisciplinarité.

3Cela fait 5 ans maintenant que s’est tenue la table ronde à l’archéosite gaulois de Rieux Volvestre, publiée en 2011 sous le supplément 23 d’Aquitania. Cet évènement marquait à la fois l’aboutissement de 3 années de travaux du groupe, et la première du PCR. Aujourd’hui, ce dernier rassemble une trentaine de participants, avec la même diversité et avec plus de solidité encore ; les objectifs ont été jaugés et nous les savons atteignables.

4À l’heure du tout numérique, de la « big data », de l’espoir un peu fou de compter d’avantage sur la quantité d’information que sur sa qualité, beaucoup d’énergie et de moyens sont consacrés dans le monde à la diffusion des données..., et incomparablement moins à leur constitution et surtout leur consolidation. Dans ce contexte, il est rassurant de lire des travaux comme ceux du « Groupe meule ». La constitution de deux bases de données conséquentes, thématiques et surtout partagées, repose sur des réflexions et des principes qui nous paraissent en garantir la qualité. Ces deux BDD constituent ainsi le socle de la mise en commun des données entre les différents acteurs, ce qui n’est pas aussi simple que l’on aurait pu imaginer il y a peu. Un cadre de respect de droits à l’exploitation a été convenu, suffisant pour rassurer les contributeurs sans pour autant trop en contraindre l’exploitation. Force est de constater que cela fonctionne bien, et à une échelle qui n’a plus rien d’expérimental. L’outil a acquis ses lettres de noblesse, et tout en restant perfectible, est en capacité d’intégrer l’extension territoriale prévue dans le projet.

5Les efforts du groupe de travail ont aussi porté sur une harmonisation de la représentation des fragments de meule, et des propositions de normalisation ont été faites. Peut-être les trames graphiques proposées évolueront-elles. Ce qui importe, c’est que le découpage lui-même, la définition et la délimitation de parties fonctionnelles, restent quelque chose d’entendu et de vraiment utile.

6Mais pour décrire, mesurer, photographier, dessiner les fragments de meules et en exploiter l’information produite, encore faut-il que ces fragments existent et pour cela aient été identifiés. Si des sites demeurent incontournables comme celui d’Acy-Romance, c’est bien le développement de l’archéologie préventive en Champagne-Ardenne qui a permis une alimentation aussi soutenue des problématiques de recherche. Une part conséquente du travail doit en premier lieu être saluée, celle des collègues du Service régional de l’archéologie, dont l’implication se mesure par l’importance de l’information et des données aujourd’hui accessibles pour la région. Saluons aussi les équipes qui se sont investies sur les opérations. Il est important de rappeler, une fois encore, que la collecte d’information et d’éléments matériels sur un chantier n’a rien de mécanique, de simplement technique. Tout comme des tessons d’amphore peuvent être confondus avec des fragments de tuile, nous devons admettre que des fragments de meule le soient avec des moellons, et nous échappent à jamais. Quelle en est la part ? Quelles sont les précautions à prendre lorsque l’on exploite les données produites ? Sans pour autant revendiquer une « archéologie totale » sur des sites arasés, il est nécessaire de garder à l’esprit que la donnée de base est déterminée, « fabriquée », sur le terrain. Sa constitution ne peut s’envisager que comme procédant d’une démarche scientifique à laquelle doivent contribuer tous les chercheurs. Et nous savons que le PCR s’est aussi engagé dans cette voie.

7Les travaux conduits par le PCR, leur cohérence et leur portée sont enviés, il ne faut pas l’oublier, non pas par narcissisme ou corporatisme, mais pour affermir la détermination d’aller plus loin. Il est bien entendu souhaité que les résultats suscitent d’avantage de partenariats et autres collaborations, en Europe et dans le monde. Faciliter, voire provoquer des échanges de constats et de réflexions est une piste traditionnelle à appuyer. Mais pouvoir faire vivre un outil de partage de l’information élémentaire consolidée constitue certainement l’ambition scientifique la plus remarquable de ce PCR.