Contribution de l’archéologie préventive à l’étude du Val d’Orléans : la déviation RD921 Jargeau/Saint-Denis-de-l’Hôtel (Loiret, Centre)
p. 201-211
Résumés
Cet article présente les premiers résultats d’un diagnostic archéologique localisé à l’ouest de la commune de Jargeau (Loiret, Centre). Cette opération a nécessité une étroite collaboration entre archéologues et géomorphologues en raison de la configuration de son emprise, perpendiculaire au lit majeur de la Loire. Elle a ainsi permis d’enregistrer des données complémentaires sur les formations sédimentaires de ce secteur du val d’Orléans. La découverte d’un habitat alto-médiéval susceptible d’avoir été installé en zone humide pose la question de la gestion des risques environnementaux à cette période.
Der Artikel ist den ersten Ergebnissen einer archäologischen Untersuchung westlich der Gemeinde Jargeau (Loiret, Centre) gewidmet. Diese hat eine enge Zusammenarbeit zwischen Archaologen und Geomorphologen erfordert, weil sich die Fläche in der Flussaue der Loire befand. Die Zusammenarbeit ermöglichte die Gewinnung von zusätzlichen Daten zu den Sedimentablagerungen in diesem Teil des val d’Orléans. Die Entdeckung einer frühmittelalterlichen Siedlung, die möglicherweise im Feuchtgebiet lag, wirft die Frage nach dem Umweltrisikomanagment jener ’Zeit auf. (trad. : A. Frey)
This paper présents the first results of an archaeological diagnostic in the area to the west of Jargeau (Loiret, Centre). The operation required close collaboration between archaeologists and geomorphologists as the land crosses the floodplain of the Loire perpendicularly. It thus allowed additional data to be collected on the sedimentary layers in this sector. The discovery ofan early médiéval habitat, probably in a wet zone, raises the issue of environmental risk management during this period.
Texte intégral
1En 2010, un diagnostic archéologique a été réalisé préalablement à la construction d’un nouveau franchissement de la Loire, à l’ouest de la commune de Jargeau (Loiret, Centre ; fig. 1). La première phase menée à bien concerne le tronçon routier qui traverse les communes de Marcilly-en-Villette et Sandillon, sur la rive gauche du val d’Orléans.
2Ce tracé constitue un axe quasiment perpendiculaire au val d’Orléans. Il est localisé dans le lit majeur de la Loire, à 3 km en amont du transect de Sandillon. Les formations sédimentaires identifiées au niveau de ce transect, ainsi que le cadre chronostratigraphique élaboré dans les vals de Loire Orléanais, constituent des éléments de référence pour les recherches menées sur le terrain et l’interprétation de nouvelles découvertes. Ces formations ont été mises en place en contextes fluviatile et fluvio-éolien durant le dernier glaciaire (contexte péri-glaciaire) et l’Holocène (fig. 2). Elles présentent donc un fort potentiel pour l’enregistrement des occupations des milieux du val d’Orléans par les sociétés depuis le Paléolithique moyen jusqu’ à l’Actuel.
3À la période gallo-romaine, la répartition de l’habitat rural montre que les zones inondables du val ont été occupées au même titre que les montilles. Entre la fin de l’Antiquité tardive et le xiie siècle, l’exposition de l’habitat au sein des vals de Loire Orléanais semble relativement similaire à celle de l’époque gallo-romaine. L’âge des premiers endiguements de la Loire au niveau des vais Orléanais pourrait être contemporain du haut Moyen Âge (construction des premières turcies antérieures ou contemporaines du xiie siècle ; Castanet, 2008, p. 441). Ils pourraient résulter de mesures structurelles de gestion du risque, prises en réponse à un risque accru entre la fin du ixe siècle et le xie siècle ou bien, préalablement, durant la seconde moitié du vie siècle. Plusieurs sites d’habitat démontrent l’occupation, durant le haut Moyen Âge, de la plaine alluviale en arrière des digues médiévales. Les terres inondables situées à proximité des sites d’habitat compris entre les villages actuels de Férolles et de Sandillon pouvaient alors être partiellement sous la protection de la turcie du paléoméandre de Jargeau dont la construction est antérieure à 1207 (ibid., p. 441-443).
Fig. 1. Localisation géographique de l’opération.

Fig. 2. Morphologie et âges des paléoformes fluviales et éoliennes de la plaine alluviale de la Loire moyenne orléanaise.
(Castanet, 2008, p. 235, modifié)

4L’opération de diagnostic a été l’occasion d’entreprendre un travail conjoint entre archéologues et géomorphologues depuis le terrain jusqu’à la phase d’étude. Le tracé routier traverse de probables paléochenaux (tresses des Marais, de la Marmagne et de la Croix d’Azon, Castanet, 2008, p. 233-238), sur lesquels des sites du haut Moyen Âge se sont implantés (fig. 3). Il a été artificiellement divisé en cinq secteurs où plusieurs coupes et sondages carottés pertinents ont pu être étudiés par les géomorphologues. Chaque secteur a livré des sites de périodes et d’importance différentes, allant de la simple fosse jusqu’à des éléments plus complexes telle l’occupation domestique alto-médiévale découverte au lieu-dit la Croix d’Azon. Encore mal caractérisé à l’étape du diagnostic, il s’agit d’un espace domestique organisé, regroupant des ensembles de nature différente.
1. L’approche géomorphologique
5Les objectifs de l’approche géomorphologique mise en œuvre ont été d’une part de faciliter la progression des investigations archéologiques sur le terrain (milieux de sédimentation, terrain « naturel », hétérogénéité du potentiel archéologique...) et d’autre part de reconstituer les dynamiques environnementales et socio-environnementales survenues dans l’emprise de l’opération archéologique. Pour cela il a été nécessaire :
d’identifier et de spatialiser les principaux corps sédimentaires alluviaux, éoliens et anthropiques (fig. 4) ;
d’interpréter les processus à l’origine du dépôt et de son évolution ultérieure, de façon à restituer la dynamique du milieu de sédimentation contemporain et ultérieur au dépôt : paléomilieux, diagenèse/taphonomie à différentes échelles spatiales : site, unité paysagère (paléoberge, paléochenal, montilles), vallée ;
de proposer des éléments de comparaison avec les unités stratigraphiques ayant permis l’élaboration du cadre chronostratigraphique des formations du val d’Orléans.
Fig. 3. Localisation des occupations alto-médiévales et des hypothèses de paléochenaux.
(D’après Castanet, 2008)
Fig. 4. Localisation des principaux relevés stratigraphiques et prélèvements sédimentaires.

(Fond topographique : MNt lidar)
Fig. 5. Représentation en plan des trois générations de style fluvial qui ont modelé le relief et les paysages dans les secteurs 4 et 5 (interprétation déduite des analyses du MNt lidar et des soil marks).


6Les concepts, les outils et les méthodes employés ont visé une approche intégrée mobilisant l’analyse d’un Modèle Numérique de Terrain LiDAR (MNT LiDAR), l’élaboration d’un Système d’information Géographique, l’interprétation d’orthophotographies aériennes et d’images satellitaires (soils marks), la reconstitution de la morphostratigraphie des dépôts sédimentaires, les analyses sédimentologiques et géochimiques des dépôts en laboratoire (Laboratoire de Géographie Physique, UMR CNRS 8591) et les analyses géochronologiques des dépôts (Laboratoire de datation par le radiocarbone).
7Les travaux de terrain et de laboratoire ont été réalisés par S. Rahmani, dans le cadre d’un mémoire de master 1 Recherche géographie à l’Université Paris 8 supervisé par C. Castanet (Rahmani, 2011).
8Si l’on se focalise sur le secteur au sein duquel a été fouillée l’occupation alto-médiévale, on constate qu’il présente un réseau de paléochenaux très dense nommé la tresse de la Croix d’Azon. L’analyse croisée du MNT LiDAR et des soil marks suggère qu’il couvre un espace construit par au moins trois générations de styles fluviaux différents de la Loire (fig. 5). Une chronologie relative est proposée pour ces trois épisodes :
Épisode 1 (le plus ancien) : style fluvial à chenaux multiples et à îles. Il s’agit d’une paléo-bande de tressage de la Loire dont la largeur préservée actuellement est de l’ordre de 2 km. Les chenaux présentent une largeur comprise entre 50 m et 100 m. Les bancs et les îles ont des longueurs comprises entre 200 m et 800 m pour des largeurs comprises entre 50 m et 300 m. Les dépôts mis en place lors de cet épisode ont généré l’aggradation verticale de ce secteur de la plaine alluviale de la Loire. Il en résulte aujourd’hui une zone haute. Les dépôts sableux et sablo-graveleux observés au niveau de cette bande suggèrent une paléo-Loire à charge de fond sableuse à sablo-graveleuse. Des dépôts sableux lités à bandes ont été observés au sein de cette bande. Leurfaciès est similaire à celui des unités du Pléniglaciaire supérieur et du Tardiglaciaire mis en place par des processus fluvio-éoliens.
Épisode 2 : style fluvial à large chenal méandriforme d’une largeur probable comprise entre 300 m et 400 m. Nous identifions un paléo-train de méandres dont l’amplitude est inférieure à 1,5 km et la longueur d’onde comprise entre 3 km et 3,5 km. La relation d’antéro-postériorité entre les épisodes 1 et 2 est déduite des observations faites au niveau de certaines parcelles. Les soils marks et le micro-relief relatifs au style fluvial à large chenal méandriforme recoupent ceux du style fluvial en tresses. Ce changement de style fluvial s’est accompagné d’une incision verticale. Le sommet des dépôts relatifs à cet épisode 2 est plus bas que celui des dépôts de l’épisode 1.
Épisode 3 (le plus récent) : style fluvial à chenaux multiples et à îles. Ces écoulements se sont inscrits au sein du paléo-train de méandres, développé lors de l’épisode 2. Lors de ce troisième épisode, les chenaux ont recoupé l’ensemble des méandres de l’épisode 2 sur une largeur comprise entre 300 m et 500 m. Ils ont contribué à une nouvelle incision conduisant à la mise en place des talwegs les plus bas, empruntés ultérieurement lors des principales inondations, comme ce fut le cas lors des inondations survenues durant le Petit Âge Glaciaire.
9Aucun âge absolu n’est connu pour ces styles fluviaux. Sur la base d’éléments de chronologie relative et des faciès observés, et des travaux antérieurs (Castanet, 2008), des hypothèses de travail sont proposées. L’épisode 1 pourrait être survenu durant le Pléniglaciaire supérieur ou le Tardiglaciaire. Les deux autres épisodes pourraient être survenus durant le Tardiglaciaire et/ou l’Holocène ancien.
10Les premières données de terrain confirment l’hypothèse d’un réseau tressé à la Croix d’Azon (Rahmani, 2011, p. 123-124). L’occupation alto-médiévale repose sur les corps sédimentaires mis en place lors des dynamiques fluviales (voire fluvio-éoliennes) survenues lors des épisodes 1, 2 et 3. La présence d’un ou de plusieurs chenaux de Loire actifs au niveau du secteur 4 n’est pas exclue durant cette période. Seule une étude plus poussée réalisée lors d’une fouille permettrait de développer ces résultats.
2. Les vestiges d’une occupation alto-médiévale
11L’occupation alto-médiévale mise en évidence au lieu-dit la Croix d’Azon (secteur 4) regroupe trois ensembles (fig. 6). La superficie totale, qui s’étend sur 460 m de longueur, est égale à 6 880 m2.
12Un premier ensemble est constitué d’une aire de stockage comprenant dix-huit fosses et silos, peu profonds, érodés par l’activité de la Loire. Quelques fosses ont livré du mobilier céramique alto-médiéval (1245, 10234, 10236 et 10237, fig. 7). Le comblement de la fosse 10234 a livré à lui seul 180 tessons attribuables au viiie siècle (fig. 7). Les fosses 1245 et 10236 ont livré respectivement neuf tessons et deux tessons de céramique du haut Moyen Âge.
13À 50 m au sud, un deuxième espace regroupe un four domestique flanqué de deux trous de poteau latéraux, un éventuel cendrier, ainsi que quelques fosses de stockage.
14Le four 1234 apparaît sous la forme d’une grande fosse de travail semi-circulaire de 2,80 m de longueur et de 2,50 m de largeur, qui se poursuit à l’est hors de la limite de tranchée. Seul le quart sud de la fosse du four a été fouillé. Son principal comblement est un sédiment argilo-sableux, brun gris clair, comportant quelques traces d’oxydation et quelques charbons de bois. Trois états de sole foyère ont été reconnus au sein du four. Un tesson attribuable au haut Moyen Âge a été découvert dans son niveau d’abandon. Deux trous de poteau sont situés de part et d’autre au nord et au sud du four. Distante de 12,20 m du four, la fosse circulaire 1233 pourrait correspondre au cendrier du four 1234. Son profil est en cuvette et son fond est plat. Elle est comblée par un sable légèrement limoneux, marbré, brun à noir avec quelques cailloux et de nombreux charbons de bois.
15Au nord, une petite aire de stockage regroupant cinq fosses (1235, 1236, 1237, 1260 et 10220) est présente. L’ensemble est arasé en raison des aménagements contemporains et probablement de l’érosion du terrain liée à la présence de la Loire. Le comblement unique de ces structures révèle plutôt un colmatage rapide. Le mobilier est daté des viiie-ixe siècles.
16Le troisième ensemble est situé à 300 m au sud du deuxième. Il comprend plusieurs fosses non datées et des fours domestiques en batterie accompagnés de leur fosse de travail et un ensemble de trous de poteau et de fosses.
17La zone liée à l’activité domestique se présente sous la forme d’un chapelet comprenant une dizaine de structures ; elle peut être subdivisée en deux unités.
18- La première unité, délimitée par une couche de sédiment argilo-sableux de couleur brun rouge, meuble et homogène, se compose de deux fours (1221 et 1222), d’une fosse (1219) et d’un fossé (1218). Cet ensemble a une surface de 42 m2.
19La fosse 1219 (3,80 m de longueur ; 3,10 m de largeur ; 0,30 m de profondeur) semble être une fosse de travail fonctionnant avec les deux fours attenants 1221 et 1222. À ce stade, nous ignorons s’ils ont été utilisés simultanément. Elle a fait l’objet d’un sondage visant à évaluer sa stratigraphie, sa profondeur et à envisager sa fonction. Deux comblements charbonneux ont été observés, lesquels ont livréhuit tessons de céramique dont certains se situent chronologiquement à la transition entre la période gallo-romaine tardive et le début du haut Moyen Âge : un fond de forme ouverte découvert dans l’US 1275 a subi une post-cuisson réductrice ou un enfumage après cuisson (1275, C1, fig. 7), un renfort de pâte est apposé grossièrement à la jonction du fond avec la panse ; deux bords datent de la fin du ve-début du vie siècle. La forme ouverte (écuelle ou jatte) possède une lèvre confondue versée de type 0502 et le profil présente une carène médiane (1276, C1 fig. 7). La forme fermée est un pot à lèvre versée, à parement vertical et gorge interne de type 04 (1276, C2 fig. 7).
Fig. 6. Plan de l’occupation médiévale.

Fig. 7. La céramique médiévale.

20Le four 1226 se situe au sud-est de cet ensemble. Il est circulaire avec une interruption au nord correspondant à l’ouverture de l’alandier (1 m de diamètre ; 0,40 m de profondeur ; épaisseur des parois comprise entre 0,04 m et 0,06 m). À l’étape du diagnostic, seule la moitié ouest de Falandier a été étudiée. Le remplissage se compose de deux comblements qui ont livré du mobilier sporadique : quelques scories et des fragments de céramique attribués au haut Moyen Âge, dont l’un montre une technique identifiée sur les ateliers potiers de Saran (viiie-ixe siècles ; Jesset, 1999).
21- La seconde zone n’a pas été sondée dans le cadre du diagnostic (15,50 m2 de superficie). Elle se dessine au sud-est de la première, mais de façon moins nette. Elle englobe deux structures de type fosse (1225, 1227) et un four (1226) et paraît se poursuivre à l’est sous la benne à l’extérieur de la tranchée de diagnostic. La structure 1224 peut être interprétée comme un troisième four. Seuls les trous de poteau 1220 et 1223 et le four 1226 ont été fouillés.
22Au nord des fours, six trous de poteau et une fosse ont été fouillés. Au stade du diagnostic, il est impossible de définir des plans de bâtiments à partir des trous de poteau découverts. Toutefois, on peut supposer que ces aménagements appartiennent à des constructions qu’il conviendrait d’étudier conjointement aux structures foyères (même chronologie ou structures antérieures). Deux trous de poteau (10217 et 10218) ont livré du mobilier céramique : une lèvre de pot de type 0502 attribuée au vie siècle (10254, C1 fig. 7) et sept fragments de céramique médiévale.
Conclusions
23En l’état actuel du traitement des données, il n’est pas encore possible de proposer de reconstitution fine de la dynamique des processus, des milieux et de la chronologie des changements observés. Les occupations de la vallée de la Loire découvertes lors de cette opération archéologique seront replacées au sein des différents états de la paléogéographie du val d’Orléans et mises au regard de la dynamique du fleuve, du réseau hydrographique secondaire et des zones humides de la plaine (mobilité du lit du chenal, inondations).
24La disposition de cette opération en transect perpendiculaire au val d’Orléans et son emprise couvrant la quasi-intégralité du profil transversal du val confèrent une opportunité exceptionnelle pour comprendre la complexité de ces milieux : milieux ambivalents vis-à-vis des sociétés (attractifs, répulsifs, neutres), milieux à fort potentiel d’enregistrement sédimentaire des dynamiques sociétales et environnementales sur le temps long des milieux et des sociétés, et milieux complexes à appréhender dans le cadre des opérations archéologiques préventives (grande discontinuité spatio-temporelle des enregistrements et forte variabilité latérale et amont-aval des faciès sédimentaires).
25D’une part, il s’agit de l’espace du lit endigué de la Loire (au nord du val d’Orléans), où sont susceptibles d’être enregistrées les interactions sociétés-Loire directement au niveau de la bande active du fleuve durant les périodes historiques. Au haut Moyen Âge, plusieurs sites d’habitat montrent que F ensemble de la plaine alluviale, en plus des montilles, a été occupé, puisque cette période est celle des premiers endiguements. Au lieu-dit la Croix d’Azon, les zones de stockage et de fours domestiques découverts sont situées sur des paléochenaux de la tresse de la Croix d’Azon. Il semblerait que l’habitat se soit développé après endiguement ou se soit installé en zone inondable, et qu’il pouvait être sous la protection de la turcie du paléoméandre de Jargeau. L’étude conjointe géomorphologie-archéologie devrait permettre de proposer des éléments de réponse à cette question, de mieux connaître la gestion des risques environnementaux ainsi que sa relation avec le paléoméandre de Jargeau, notamment à l’occasion d’une éventuelle fouille. D’autre part, il s’agit de F espace balayé par F ancien train de méandres de la Loire situé dans le sud du val.
26La synthèse des travaux sur les dynamiques survenues dans cet espace est en cours de réalisation. Elle sera pleinement enrichie par les futures opérations archéologiques préventives susceptibles de compléter ce transect discontinu et par les autres opérations qui pourront être menées dans les années à venir dans cette partie du val.
27L’occupation découverte est vraisemblablement située en périphérie d’un habitat domestique, non localisé, mais qui pourrait être mis en relation avec les indices de site découverts à la Croix d’Azon. Le diagnostic a mis au jour des éléments périphériques relatifs au stockage (fosses) et à l’activité domestique (fours) répartis en trois ensembles. Le premier ensemble est une aire de stockage. Ces structures, qui ont été apparemment rapidement comblées, ont livré de la céramique datée des viiie-ixe siècles. Le deuxième espace regroupe un four domestique flanqué de deux trous de poteau latéraux, un éventuel cendrier, ainsi que quelques fosses de stockage. La poterie trouvée dans ces structures est datée du début du viiie jusqu’au ixe siècle. Enfin, le troisième ensemble comprend plusieurs fosses non datées et des fours domestiques en batterie accompagnés de leur fosse de travail, qui ont livré quelques fragments de pots datés de la fin ve-début du vie siècle. Des scories ont été mises au jour, attestant la présence d’une activité de forge non décelée sur le terrain. De la céramique issue des fours et de leur fosse, assez sporadique, date également des viiie-ixe siècles. Une lacune existe momentanément à l’emplacement d’une parcelle non diagnostiquée à ce jour, brouillant légèrement la lecture de cette occupation. Elle ne permet pas d’affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un ou de deux sites distincts contemporains.
28L’étude du mobilier céramique met en avant deux faits :
la céramique issue des fosses de stockage est attribuable à la période carolingienne ;
celle mise au jour dans les structures de combustion couvre les périodes mérovingienne et carolingienne. Il peut s’agir d’une occupation qui a perduré de la période mérovingienne jusqu’à la période carolingienne. Malheureusement, la faible quantité de tessons mérovingiens ne permet pas de confirmer cette hypothèse.
29Nous ignorons si cet habitat s’est implanté à l’emplacement d’occupations antérieures. Toutefois la présence de mobilier gallo-romain erratique atteste la présence d’une occupation du Bas-Empire dans ce secteur.
Bibliographie
Bibliographie
Castanet C., 2008, La Loire en Val d’Orléans : dynamiques fluviales et socio-environnementales durant les derniers 30000 ans : de l’hydrosystème à l’anthroposystème, Thèse de doctorat, Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 545 p. Inédit.
Jesset S., 1999, Le mobilier céramique et moderne, Orléans (Loiret), Îlot de la Charpenterie, Document final de synthèse, Orléans, SRA Centre, vol. 4.
Rahmani S., 2011, Reconstitution des dynamiques hydrogéomorphologiques survenues dans la plaine de la Loire durant le dernier glaciaire et l’Holocène (val d’Orléans, transect de Jargeau) : entre changements climatiques et impacts anthropiques, Mémoire de Master 1 Recherche de Géographie, Univ. Paris 8, 147 p.
Souris L. de, Castanet C., Fournier, Jan S., Leclerc F., L. Lejault C., Simonin D., Steinmetz M., Mazeau Y., Marcilly-en-Villette, Sandillon, déviation Jargeau/Saint-Denis de l’Hôtel, RD921, tranche 1 (Loiret, Centre), Rapport préliminaire de diagnostic, SRA Centre, 379 p.
Auteurs
Responsable d’opération, Mission Archéologie Préventive - Conseil général du Loiret, Orléans. Université Bordeaux, PACEA, UMR 5199.
Maître de Conférences, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis, Département de Géographie, UMR CNRS 7533 LADYSS & UMR CNRS 8591 LGP.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La Bourgogne entre les bassins rhénan, rhodanien et parisien : carrefour ou frontière ?
Pascal Duhamel (dir.)
1996
Les sépultures tumulaires aristocratiques du Hallstatt ancien de Poiseul-la-Ville (Côte-d’Or)
Bruno Chaume et Michel Feugère
1990
Verrerie de l’Est de la France. XIIIe-XVIIIe siècles
Fabrication - Consommation
Jean-Olivier Guilhot, Stéphanie Jacquemot et Pierre Thion (dir.)
1990
Les cimetières mérovingiens de la côte chalonnaise et de la côte mâconnaise
Henri Gaillard de Sémainville
1980
En marge du village
La zone d’activités spécifiques et les groupes funéraires de Sermersheim (Bas-Rhin) du VIe au XIIe siècle
Édith Peytremann (dir.)
2018
Iconographie du quotidien dans l’art provincial romain : modèles régionaux
Sabine Lefebvre (dir.)
2017
Les meules du Néolithique à l’époque médiévale : technique, culture, diffusion
Olivier Buchsenschutz, Stéphanie Lepareux-Couturier et Gilles Fronteau (dir.)
2017