L’écriture à l’encre sur des monuments funéraires des provinces nord-ouest
p. 69-78
Résumés
Cette étude se consacre à l’écriture à l’encre sur des rouleaux de papyrus représentés sur des monuments funéraires en Gaule Belgique de l’est, dans les deux Germanies, en Rhétie et dans le Norique. Elle laisse de côté les représentations de nombreux rouleaux fermés, mais se focalise sur des rouleaux déroulés, qui présentent les actions de lire et écrire. De telles représentations sont relativement rares. Les rouleaux déroulés ne se trouvent guère représentés sur les stèles, mais bien plus sur des monuments coûteux, principalement d’une part en Gaule Belgique de l’est et les régions avoisinantes de Germanie supérieure, d’autre part dans le Norique. Alors que l’on trouve des rouleaux déroulés dans l’ouest, surtout dans des contextes scéniques, ils sont, dans le Norique, surtout entre les mains de serviteurs (librarii) qui sont figurés seuls.
This study deals with inking and reading papyrus rolls on funerary monuments in the easterly regions of Gallia Belgica, in both Germanies, in Raetia and Noricum. It excludes the great quantity of closed papyrus rolls, but concentrates on rolls which are unrolled for reading or writing. Depiction of this kind is comparatively rare and is hardly to be found on gravestones, but principally on costly funerary monuments on the one hand in eastern Gallia Belgica and neighbouring regions of Upper Germany, on the other hand in Noricum. Unrolled rolls are found in Noricum in the hands of servants (librarii) who are mostly represented alone, whereas in the west one finds unrolled rolls in scenic contexts.
Der vorliegende Beitrag befasst sich mit dem Beschreiben und Lesen von Buchrollen aus Papyrus im Osten der Gallia Belgica, in den beiden Germanien sowie in Rätien und Noricum. Die große Menge der geschlossenen Rollen bleibt außen vor. Stattdessen stehen die zum Lesen oder Schreiben geöffneten Buchrollen, die relativ selten vorkommen, im Mittelpunkt. Derartige Darstellungen finden sich weniger auf einfachen Grabstelen, sondern eher auf kostspieligen Grabbauten, vor allem einesteils im Osten der Gallia Belgica und in den angrenzenden Gebieten der Germania superior, zum anderen Teil in Noricum. Während man geöffnete Buchrollen im Westen vor allem in szenischen Kontexten beobachten kann, findet man sie in Noricum in den Händen von Dienern (librarii), die meistens alleine dargestellt sind.
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Mots-clés : rouleaux de papyrus déroulés, lire et écrire, encriers, calames, provinces nord-ouest
Keywords : papyrus rolls unrolled, reading and writing, inkwells, calami, north-western provinces
Schlüsselwörter : Geöffnete Papyrusrollen, lesen und schreiben, Tintenfässer, Schreibfedern, nordwestliche Provinzen
Texte intégral
1Sur les monuments funéraires des provinces du nord-ouest (les deux Germanies, la Gaule Belgique de l’est, la Rhétie et le Norique) se trouvent de nombreux instruments à écrire qui représentent l’écriture au stylet ainsi que l’écriture à l’encre. Dans ces provinces, la provenance de ces monuments est dispersée de manière très inégale. Ceux présentant des instruments à écrire proviennent principalement de la Gaule Belgique de l’est et des régions limitrophes de la Germanie supérieure, d’une part, et du Norique d’autre part, tandis que la Germanie inférieure et la Rhétie n’en ont produit que peu d’exemplaires.
2Avant d’aborder l’étude de ces monuments en détail, il faut faire une remarque sur les tablettes de bois, que l’on associe spontanément à l’écriture au stylet. Nous savons par des fouilles archéologiques, particulièrement à Windisch (Vindonissa), Eschenz (Tasgetium) et Chesterholm (Vindolanda), que la face extérieure des tablettes de cire porte fréquemment des traces d’encre et que d’autres tablettes de bois sont écrites exclusivement à l’encre1. Il est dans la nature des choses qu’il ne soit guère possible de distinguer des tablettes inscrites à l’encre sur des monuments en pierre. Aussi l’intérêt du chercheur se tourne-t-il vers les rouleaux de papyrus, les encriers et les calames.
3En ce qui concerne les rouleaux, une multitude de monuments funéraires représente des personnages tenant, de la main gauche principalement, un rouleau fermé. Ils ont été étudiés à maintes reprises pour déchiffrer leur signification profonde2. C’est la raison pour laquelle je vais les laisser de côté. Contrairement aux rouleaux fermés, les représentations de rouleaux déroulés sont bien plus rares. Elles nous présentent des personnages qui sont en train de lire ou d’écrire quelque chose et nous permettent d’avoir une bonne connaissance de la vie quotidienne et de l’autoreprésentation des couches les plus riches et plus cultivées de la société provinciale.
Scènes de compte et de paiement
4Les scènes de compte et de paiement sont répandues essentiellement dans la cité des Trévires, mais on les rencontre aussi en dehors de cette cité3. En règle générale, dans ces scènes la comptabilité est effectuée au moyen de tablettes. Cependant, il existe une exception remarquable provenant de la cité des Vangions sur le Rhin (fig. 1)4, et qui semble être le seul cas où les registres de tablettes sont remplacés par des rouleaux. Deux hommes, assis à un comptoir, sont en train d’examiner attentivement des rouleaux qu’ils tiennent déroulés des deux mains. Sur le comptoir sont déposés quatre sacs d’argent et, à leur gauche, un encrier de forme cylindrique dans lequel trempe un calame. Il n’est pas possible de vérifier les matériaux de l’encrier et du calame de cette scène. Mais on sait, par les fouilles, qu’il y avait dans l’Antiquité des encriers en métal, en céramique et en verre5. Les calames étaient surtout en roseau, mais il y a quelques pièces en bronze6. Ce bloc (h. 0,60 m ; l. 1,33 m) provenant de Worms appartenait à un grand pilier du type de la « Colonne d’Igel » ; il date du iiie siècle et appartenait à un monument qui avait probablement plus de 20 m de hauteur.

Fig. 1. Scène de compte provenant de Worms. H. 0,60 m, l. 1,33 m (d’après Baltzer, 1983, p. 132, fig. 80).
5Il est séduisant d’y ajouter le fragment d’une scène de paiement disparue qui autrefois faisait partie de la collection du comte de Mansfeldt à Clausen, aujourd’hui un quartier de la capitale du Luxembourg. Cette collection se composait de monuments provenant de la cité des Trévires et d’ailleurs ; elle a disparu au xviie siècle7. La scène de paiement en question, dont il n’existe qu’un dessin superficiel, représente deux hommes derrière un comptoir jonché de pièces de monnaie ; à côté, un homme assis dans un fauteuil écrit le résultat dans un registre qu’il tient sur ses cuisses8. Devant lui, sur le bord du comptoir, est placé un encrier. Le registre est donc un codex de parchemin plutôt qu’un codex de tablettes (Binsfeld, 1973, p. 204-205, et note 15).
Scènes d’école
6Tout le monde connaît la célèbre scène d’école du soi-disant Schulreliefpfeiler qui provient de la fondation de l’enceinte constantinienne de Neumagen, situé sur la Moselle en aval de Trèves. Ce pilier en grès appartient au type de la « Colonne d’Igel » et date du dernier quart du iie siècle9.
7Dans cette scène d’école (large de 1,93 m), un cours privé, un pédagogue barbu est assis entre deux garçons qui sont assis comme lui dans un fauteuil. Un troisième garçon s’approche à droite (fig. 2)10. Il tient de la main gauche baissée un codex ansé de tablettes (codex ansatus) ; nous en connaissons de nombreux parallèles sur des monuments funéraires des provinces du nord-ouest, mais surtout dans les cités des Trévires11, des Médiomatriques12, des Leuques13 et des Séquanes14 (sans oublier que le tracé exact des frontières des cités ne sont pas encore déterminées dans le détail). Les deux garçons assis tiennent leurs rouleaux déroulés des deux mains. C’est le mérite de Wolfgang Binsfeld d’avoir perçu que le rouleau de l’élève à gauche repose sur un pupitre, en attirant l’attention sur quelques pièces parallèles (Binsfeld, 1973 ; cf. aussi Birt, 1907, p. 175-181).

Fig. 2. Scène d’école provenant de Neumagen. H. 0,60 m, l. 1,93 m avec les pilastres de chaque côté du relief (d’après Die Römer an Mosel und Saar, 1983, p. 264).
8En plus de la scène d’école, le Schulreliefpfeiler est décoré d’un autre relief qui peut être mis en relation avec l’écriture à l’encre : un homme assis consulte un registre qu’il a posé contre le rebord d’une table ou d’un meuble comparable. Le récipient cylindrique qui est placé sur la table est sans doute un encrier15.
9Quant au cours privé, il apparaît également sur un bloc appartenant à un petit monument de Trèves dont la face principale est décorée de deux personnages assis l’un en face de l’autre. Yvonne Freigang les a pris pour un pédagogue et son élève (Freigang, 1997, p. 333 ; 406, Trev 42 ; pl. 21). Cette proposition est séduisante ; toutefois le relief du bloc a été nivelé rigoureusement en vue de sa réutilisation, à tel point que les détails de la scène sont assez flous.
10Un relief incomplet de Strasbourg (h. 1,21 m ; l. 0,91 m), qui date vraisemblablement du iiie siècle, est habituellement considéré comme étant la représentation d’un pédagogue avec son élève (fig. 3)16. L’homme, assis dans un fauteuil, est en train d’écrire quelque chose sur un rouleau au moyen d’un calame. À sa gauche se trouve un personnage debout, représenté nettement moins grand, qui tient prêt dans la main droite un encrier qui n’est conservé que de façon fragmentaire. Au-dessus de la main gauche et devant la poitrine du petit personnage, on aperçoit un étui rempli d’un jeu de calames et de stylets. De tels étuis sont fréquemment représentés sur des reliefs en Italie, dans le Norique et en Asie mineure17. L’homme assis nous montre de toute évidence comment l’on écrivait dans l’Antiquité. Il a posé le rouleau sur ses cuisses, sans se servir d’un bureau ou d’autre sorte de support. Cela correspond à la procédure habituelle dans l’Antiquité18. Il existe un parallèle du ive siècle provenant de Trèves qui est très proche du relief de Strasbourg19.

Fig. 3. Homme écrivant sur un rouleau, h. 1,21 m, l. 0,91 m, prov. de Strasbourg (d’après Baudoux 2002, p. 254, fig. 196).

Fig. 4. Stèle du légionnaire C. Faltonius Secundus provenant de Mayence. h. 2,70 m, l. 1,20 m (d’après Selzer, 1988, p. 54, fig. 36).
11G. M. Parássoglou a été le premier à douter que le relief de Strasbourg soit une scène d’école, en renvoyant au diptyque de Rufus Probianus conservé à Berlin (Parássoglou, 1979, p. 10-11 et n. 18). À mon avis, il a raison de proposer que le petit personnage soit un esclave. Il y a des reliefs qui sont plus proches de cette question que le diptyque, dans les provinces nord-ouest. Il est prouvé, par des inscriptions, que beaucoup de soldats, des légionnaires ainsi que des auxiliaires, avaient les moyens de posséder un esclave (Lazzaro, 1993, p. 425-432). Trois inscriptions de Germanie supérieure servent ici d’exemple. Les esclaves Epigonus20 et Romanus21 appartenaient tous les deux à des légionnaires à Mayence. Le troisième, Fuscus22, était l’esclave de l’auxiliaire Firmus à Andernach-Antunnacum. La stèle d’Andernach, qui mesure 2,95 m de hauteur et 0,89 m de largeur, est décorée d’un relief sur lequel l’esclave est représenté nettement moins grand que son maître. On peut constater la même caractéristique sur le relief de la stèle du légionnaire mayençais C. Faltonius Secundus, qui est accompagné de deux petits personnages dont celui de gauche tient dans les mains des instruments à écrire, à savoir une tablette et un stylet (fig. 4)23. Un bloc provenant de Ratisbonne, en Rhétie, qui appartient à un grand pilier du type de la « Colonne d’Igel », donne la même impression : à côté d’un soldat est représentée une personne barbue, plus petite que lui, qui est en train d’écrire quelque chose sur un diptyque au moyen d’un stylet24. Personne ne tiendrait ces petits personnages placés à côté d’un soldat pour des enfants ou des élèves. Au contraire, ce sont des esclaves, serviteurs des soldats. Comme d’habitude dans l’art romain, des personnes occupant un rang peu élevé étaient souvent représentées bien moins grandes que les personnages principaux.

Fig. 5. Étagère dans une bibliothèque, provenant de Neumagen (d’après Binsfeld, 1973, p. 204, fig. 3).
12Par conséquent, je ne suis pas sûr que les reliefs de Strasbourg et de Trèves évoqués ci-dessus soient des scènes de cours privé. Il nous faut les comprendre plutôt dans le sens d’une représentation sociale hiérarchisée.
Bibliothèques
13De la cité des Trévires proviennent deux reliefs qui nous fournissent des informations sur l’aspect des bibliothèques romaines.
14Un relief disparu de Neumagen, qui n’est transmis que sous forme d’un dessin du xviie siècle, représente un jeune homme vu de dos s’occupant d’une étagère remplie de rouleaux dont la plupart des tranches sont marquées d’une étiquette (fig. 5). Dès le xviie siècle, on a interprété cette scène comme la représentation d’une bibliothèque25. Pourtant, à partir du début du xxe siècle, ce relief fut considéré, par comparaison avec le relief d’un marchand de drap provenant de Trèves26, comme la boutique d’un drapier27. Les chercheurs ont mis longtemps à retrouver l’interprétation initiale du relief comme étant une bibliothèque (Binsfeld, 1973, p. 203-204 ; Fedeli, 1989, p. 43). Elle est convaincante si on rappelle, à titre d’exemple, que les livres d’une bibliothèque romaine étaient souvent rangés dans les compartiments d’une étagère28. Les fronts des rouleaux étaient d’habitude marqués par une étiquette29. Et finalement, on trouve assez de comparaisons avec le rouleau qui est posé sur un pupitre dans le coin en bas à droite du relief de Neumagen (Birt, 1907, p. 175-181 ; Binsfeld, 1973, p. 201-202).

Fig. 6. Jeune homme lisant dans un rouleau provenant de Trèves. H. 0,66 m, l. 1,03 m (d’après Trierer Zeitschrift, t. 43/44, 1980/81, p. 381, fig. 10).
15Concernant les bibliothèques antiques, il faut aussi mentionner un bloc (0,29 m de hauteur, 0,80 m de largeur) provenant d’un petit pilier de Buzenol-Montauban. Sur la face latérale gauche, à la hauteur des têtes des deux personnages de la face principale, se trouve un relief composé d’ornements géométriques, comme cela est indiqué dans la première publication (Loë, 1937, p. 349, no 50). Quelques années plus tard, on a voulu y voir des rouleaux et des piles d’étoffes, en référence à l’interprétation erronée du relief disparu de Neumagen (Mariën, 1944, p. 61, 63, 64, fig. 25 ; Espérandieu, XIV, 8395). Plus tard, en le comparant au relief de Neumagen, Wolfgang Binsfeld s’est rendu compte que les objets représentés sur le relief de Buzenol-Montauban sont des instruments à écrire, à savoir des rouleaux, des tablettes et un encrier rangés dans une étagère, et en a tiré la conclusion qu’il s’agissait du détail d’une bibliothèque30. A contrario, certains ont vu dans la présence de l’encrier la représentation d’une scène de compte plutôt qu’une bibliothèque (Langner, 2001, p. 342, et note 195).
Lire à haute voix et lire silencieusement
16De la cathédrale épiscopale de Trèves provient un bloc en calcaire, fragmentaire (0,66 m de hauteur, 1,03 m de largeur) qui date de la in du Ier ou du début du IIe siècle (fig. 6). Le relief, incomplet, présente un groupe de quatre personnes dont une, à la cassure du bloc à droite, n’est plus reconnaissable que par la silhouette de son visage31. Les trois autres personnages sont, de droite à gauche, une femme voilée, un jeune homme plongé dans la lecture d’un rouleau, et à gauche, un vieil homme. On a proposé d’y voir une scène de mariage, dans laquelle le vieil homme conduit sa fille au marié qui était sur la partie disparue du bloc32. En ce qui concerne le jeune homme, Theodor Birt était d’avis que personne ne tient son rouleau si proche de son visage, comme un myope, et en a conclu que le jeune homme ne lit pas lui-même, mais tient le rouleau prêt à être lu par le vieil homme situé derrière lui et regardant dans la même direction (Birt, 1907, p. 173). Pourtant, on peut lui répliquer que le sculpteur n’avait que peu d’espace pour placer le rouleau. De plus, le jeune homme fixe son regard sur le rouleau, de toute évidence, ce qui laisse penser qu’il le lit à voix haute (Andrikopoulou-Strack, 1986, p. 132 et 186). Il reste encore la possibilité d’une lecture silencieuse, ce qui est le cas sur un relief arlonais où un homme déjà âgé, assis dans une voiture, est absorbé par la lecture d’une tablette qu’il tient de la main droite33.

Fig. 7. Scène de repas (détail) provenant d’Arlon. H. 0,60 m, l. 1,46 m (d’après Wilhelm, 1974, p. 128).
17Un bloc en calcaire (0,60 m de hauteur, 1,46 m de largeur) provenant d’un pilier funéraire à Arlon présente une scène de repas qui est exceptionnelle (fig. 7)34. En Gaule Belgique, les scènes de repas ne se trouvent pas avant la deuxième moitié du iie siècle, comme nous le savons par les recherches de Peter Noelke (Noelke, 1998, p. 399 ; Noelke, 2000, p. 60). La scène de repas d’Arlon est exceptionnelle dans la mesure où les attributs ordinaires, comme la table, la vaisselle, les aliments et le serviteur n’y sont pas inclus35. Un homme, allongé sur un lit, tient des deux mains un rouleau, pour lire tout haut son contenu à quatre hommes qui entourent le lit et qui tiennent divers instruments à écrire.

Fig. 8. Librarius présentant un rouleau provenant de St. Georgen am Längsee. H. 0,70 m, l. 0,40 m (d’après Piccottini, 1977, pl. 18).
18Enfin, deux monuments de Germanie supérieure sont à signaler. Un soldat à Mayence, qui est représenté à mi-corps, tient de sa main gauche un rouleau déroulé sans le regarder (Boppert, 1992b, p. 118-120, no 21 ; pl. 20). Sur un bloc provenant de Frankfurt-Heddernheim, l’ancienne Nida, ne sont conservées que les parties inférieures de quatre personnages, à tel point qu’il n’est pas possible d’évaluer le reste d’un rouleau pendant (Willer, 2005, p. 70 ; p. 133, no 60 ; pl. 5, 1).
Serviteurs alphabétisés
19Du Norique, principalement de Virunum et de Flavia Solva, proviennent de nombreux monuments funéraires dont les faces latérales, ou même principales, présentent des serviteurs alphabétisés (librarii). Les serviteurs portent avec eux toutes sortes d’instruments à écrire : des tablettes, des rouleaux, des étuis à stylets et calames, des encriers, des boîtes à rouleaux ainsi que des faisceaux à rouleaux36. Un relief réutilisé dans les murs de l’église de Gamlitz nous montre clairement la coexistence des instruments à écrire : trois librarii tiennent dans leurs mains divers instruments à écrire, à savoir un calame, un rouleau déroulé présenté ostensiblement, une boîte à rouleaux, un rouleau fermé et un codex de tablettes37.

Fig. 9. Librarius lisant dans un rouleau, provenance inconnue. H. 1,20 m, l. 0,30 m (d’après Piccottini, 1977, pl. 19).
20Si nous nous consacrons aux rouleaux déroulés, nous en différencions trois versions. Le plus souvent (douze reliefs), les serviteurs les tiennent des deux mains et les présentent ostensiblement au spectateur (fig. 8)38. Sur quatre autres reliefs comparables, une boîte à rouleaux (scrinium / capsa) est placée sur le sol à côté du serviteur39. Ils ne sont absorbés par la lecture que trois fois (fig. 9)40. Sur cinq reliefs, les serviteurs ont appuyé un pied sur une boîte à rouleaux, ils sont en train d’écrire quelque chose sur un rouleau qu’ils ont posé sur leurs cuisses (fig. 10)41. On remarque devant leur poitrine des étuis à stylets et calames auxquels Dela von Boeselager a consacré un article instructif (Boeselager, 1989). Pourtant, le serviteur appuyant son pied, sur un relief provenant de Sankt Martin im Sulmtal (Boeselager, 1989, p. 230 ; p. 233, fig. 19) n’écrit pas sur un rouleau, mais sur un diptyque42.

Fig. 10. Librarius écrivant sur un rouleau, provenance inconnue. H. 0,90 m, l. 0,60 m (d’après Schaltenbrand Obrecht, 2012, p. 48).
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Boeselager, 1989, p. 227, et note 23 - Marichal, 1992, p. 171 - Thomas, 1992, p. 204 - Speidel, 1996, p. 17, et note 10 ; p. 22-23 ; p. 36 ; p. 98 et 101, no 3 ; p. 102, no 4 ; p. 116, no 10 ; p. 142-143, no 23 ; p. 234, no 66 ; p. 237, no 88 - Bowman, Thomas, 2003, p. 12 - Božič, Feugère, 2004, p. 33-34 - Tasgetium, 2011, p. 124-125 - Schaltenbrand Obrecht, 2012, p. 24, et note 43.
2 Par exemple Hainzmann, 1991 - Freigang, 1997, p. 313-314 - Langner, 2001, p. 314, et note 65 - Willer, 2005, p. 69-70.
3 Baltzer, 1983, p. 46-60 - Langner, 2001, p. 337-343 - Willer, 2005, p. 60-63.
4 Espérandieu, VIII, 6066 - Baltzer, 1983, p. 56 ; p. 100 no 47 ; p. 132, fig. 80 - Boppert, 1998, p. 109-111 no 63 ; pl. 64 - Willer, 2005, p. 209-210, no 226 - Scholz, 2012, p. 200, no 1295.
5 Božič, Feugère, 2004, p. 35-36 - Fünfschilling, 2012, p. 186-194 - Klein, 2015 - Klein (à paraître).
6 Boeselager, 1989, p. 227 - Božič, Feugère, 2004, p. 37 - Schaltenbrand Obrecht, 2012, p. 29-30 - Fünfschilling, 2012, p. 165.
7 Espérandieu, V, p. 301-302 - Ternes, 1970/I, p. 110.
8 Espérandieu, V, 4148 - Ternes, 1970/II, p. 18, fig. 229-230 ; pl. 129 - Baltzer, 1983, p. 52 ; p. 100, no 40.
9 Espérandieu, VI, 5149 ; Massow, 1932, p. 132-142, no 180 - Numrich, 1997, p. 100-106 - Scholz, 2012, p. 273, no 1788.
10 Espérandieu, VI, 5149 b - Massow, 1932, p. 134-136, no 180 a2 ; pl. 27 - Baltzer, 1983, p. 109, no 105 ; p. 150, fig. 131 - Nerzic, 1989, p. 262 (fig. à l’envers) - Schwinden, 1992 - Numrich, 1997, p. 170, no 84 ; pl. 25.
11 Freigang, 1997, pl. 25-27 : Trev. 80 ; 82-83 ; 93 ; pl. 30-31 : Trev. 111-112.
12 Freigang, 1997, pl. 37-41 : Med. 161 ; 170-171 ; 173-174 ; 179-182 ; 186 ; 188 (?) ; 191 ; 195 ; 198-199.
13 Nouvel Esp., III, 244 ; 371 ; 414 (?) ; 964 ; 974.
14 Walter, 1974, p. 20-21, no 1 ; pl. I ; 54-55, no 28 ; pl. X ; 57-58, no 32 ; pl. XII ; 59-62, no 34 ; pl. XIV ; 64-65, no 37 ; pl. XV ; 68-70, no 44 ; pl. XVII ; 81, no 66 ; pl. XXVI ; 82-83, no 68 ; pl. XXVIII ; 102-103, no 105 ; pl. XXXIX ; 105-108, no 111-113 ; pl. XLII-XLIV ; 117-118, no 135 ; pl. XLVIII ; 122-123, no 151 ; pl. L.
15 Espérandieu, VI, 5149a - Massow, 1932, p. 136, no 180 b - Binsfeld, 1973, p. 204-205, et note 15 - Baltzer, 1983, p. 46 ; p. 96, no 100 a un avis différent et prend l’encrier pour un gobelet (Becher).
16 Espérandieu, VII, 5503 - Henning, 1912, p. 53 ; pl. XLIX, 2 - Forrer, 1927, p. 87 ; pl. XIII, 7 - Hatt, 1964a, no 80 - Parássoglou, 1979, p. 10 - Nerzic, 1989, p. 286 - Faust, 1998, p. 180, no 285 - Baudoux, 2002, p. 254 ; fig. 196.
17 Waelkens, 1986, p. 319 s.v. Kalamotheke - Boeselager, 1989, p. 229-237 - Schaltenbrand Obrecht, 2012, p. 27-28.
18 Parássoglou, 1979, p. 10 ; p. 14-15 - Parássoglou, 1985, p. 273 - Mazal, 1999, p. 172.
19 Freigang, 1979, p. 333 ; 408, Trev. 59 ; pl. 23 - Trier, 1984, p. 208-209, no 94 (Heinz Cüppers).
20 CIL, XIII, 11836 - Espérandieu, X, 7398 - Boppert, 1992a, p. 108-109, no 71 ; pl. 44 - Lazzaro, 1993, p. 182-183, no 180.
21 CIL, XIII, 6954 - Selzer, 1988, p. 170, no 131 avec fig. - Lazzaro, 1993, p. 186, no 187.
22 CIL, XIII, 7684 - Espérandieu, VIII, 6207 - Bauchhenss, 1975, p. 81-88 ; pl. 27, 1 - Lazzaro, 1993, p. 217-218, no 243.
23 CIL, XIII, 6960 - Espérandieu, VII, 5798 - Boppert 1992b, p. 96-98, no 5 ; pl. 6.
24 Gamer, Rüsch, 1973, p. 92, no 379 ; pl. 101 - Scholz, 2012, p. 230, no 1505 - Ubi erat lupa, no 6322.
25 Les derniers dans ce sens : Thompson2, 1894, p. 57, et note 3 - Clark, 1901, p. 34-35, et note 1 ; fig. 11 - BIRT, 1907, p. 177 ; 246-247, et fig. 159.
26 Espérandieu, VI 4995 - Polaschek, 1974, p. 217 ; fig. 4 - Freigang, 1997, p. 334 ; 406, Trev 44 ; pl. 21.
27 Espérandieu, VI, 5176 - Brinkmann, 1906 et 1907 - Massow, 1932, p. 243-244, no 445 avec fig. - Wendel, 1943, p. 273, note 21 - Wendel, 1974, p. 84, note 21.
28 Wendel, 1943, p. 270-272 - Wendel, 1974, p. 66-67 - Binsfeld, 1973, p. 205.
29 Birt, 1907, p. 237-239 - Wendel, 1943, p. 274-276 - Wendel, 1974, p. 68-69 - Dorandi, 1984.
30 Binsfeld, 1973, p. 204 ; p. 205, fig. 4 (changeant la planche 30 d’Espérandieu, XIV du tout au tout, à juste titre).
31 Espérandieu, VI, 4994 - Hettner, 1903, p. 29, no 33 - Büttner, 1961 - Hatt, 1964b, p. 130 ; 132 ; 138 - Andrikopoulou-strack, 1986, p. 131-132 ; 186 U 5 ; pl. 32 b.
32 Büttner, 1961, p. 124-125 ; p. 121, fig. 2. L’interprétation de Ronke, 1987, p. 172 ; 705, no 117 ; 757, qui prend la femme voilée pour un homme capite velato, et, pour cela, conçoit le relief comme une scène de sacrifice, n’est pas convaincante.
33 Freigang, 1997, p. 414, Trev. 105 ; pl. 29 - Zinn, 2001, p. 188 ; 222 GB 7a - Lejeune, 2009, p. 185-189, no 155 - Scholz, 2012, p. 274, no 1798.
34 Espérandieu, V 4095 - Wilhelm, 1974, p. 37-38, no 275 ; p. 128 - Freigang, 1997, p. 314 ; 413 Trev. 104 ; pl. 29 - Scholz, 2012, p. 281, no 1866.
35 On va percevoir l’absence de ces attributs par la lecture de Noelke, 2005.
36 Diez, 1953 (= Diez, 2006) - Piccottini, 1977 - öLlerer, 2001.
37 Diez, 1953, p. 123-125 ; 123, fig. 1 (= Diez, 2006, p. 63-65 ; 63, fig. 1) - Ronke, 1987, p. 677, no 31.
38 1) Piccottini, 1977, p. 45, no 237 ; pl. 18 - Kremer, 2001, p. 225-226, no 174 - 2) Piccottini, 1977, p. 45, no 238 ; pl. 19 - Kremer, 2001, p. 259, no 322 - Scholz, 2012, p. 257, no 1666 - Ubi erat lupa, no 960 - 3) Piccottini, 1977, p. 46, no 239 ; pl. 19 - 4) Piccottini, 1994, p. 114, no 662 - 5) Hainzmann, Pochmarski, 1994, p. 32-35, no 8 - 6) Hainzmann, Pochmarski, 1994, p. 48-53, no 15 - Kremer, 2001, p. 257, no 312 - 7) Hainzmann, Pochmarski, 1994, p. 192-195, no 67 - Kremer, 2001, p. 259, no 319 - 8) Ubi erat lupa, no 1173 - 9) Ubi erat lupa, no 1351 - 10) Ubi erat lupa, no 5049 - 11) Ubi erat lupa, no 15640 - 12) Ubi erat lupa, no 19961.
39 1) Piccottini, 1977, p. 46-47, no 241 ; pl. 19 - Kremer, 2001, p. 212-214, no 134 - 2) Piccottini, 1977, p. 47 no 242 ; pl. 20 - 3) Ubi erat lupa, no 1390 - 4) Kremer, 2001, p. 161 no 185 ; pl. 18 - Hudeczek, 2004, p. 69-70 no 44 - Pochmarski, 2007, p. 270, no 5 ; 275, fig. 1 - Scholz, 2012, p. 449, no 2928.
40 1) Piccottini, 1977, p. 46, no 240 ; pl. 19 - Kremer, 2001, p. 258, no 314 - 2) Piccottini, 1994, p. 112, no 657 ; pl. 83 - Kremer, 2001, p. 224, no 164 - 3) Hainzmann, Pochmarski, 1994, p. 78-83, no 26 - Kremer, 2001, p. 253, no 293.
41 1) Piccottini, 1977, p. 47-48, no 243 ; pl. 20 - 2) Piccottini, 1977, p. 48, no 244 - 3) Piccottini, 1994, p. 113, no 659 - Kremer, 2001, p. 250-251, no 285 - 4) Ubi erat lupa, no 4632 ; Ubi erat lupa, no 11450.
42 Cf. deux autres reliefs de ce type provenant de Villach et de Teurnia : Piccottini, 1994, p. 112-113, no 658 ; pl. 83 - Glaser, 1997, p. 64, no 51 ; pl. 34.
Auteur
-
Michael Johannes Klein
Karpfengasse 4, D-69117 Heidelberg. zobel.klein@gmail.com.
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