1Les différents travaux d’aménagements de la ville de Vénissieux (banlieue est lyonnaise, fig. 1), autour du bourg médiéval, ont donné lieu depuis 1985 à une série d’opérations de diagnostics et de fouilles archéologiques. En 2001, J. Joly fait un état de l’occupation de Vénissieux toutes périodes confondues. Les dernières interventions de 2000 et 2002 (Vicard et al. 2001 ; Nourissat, Vicard 2004) ont permis d’enrichir les connaissances sur le site de Vénissieux durant la transition Hallstatt/La Tène, La Tène moyenne et à la fin de La Tène finale. Ces phases d’occupation se concentrent au sud du vieux bourg, entre l’îlot B1-B3 à l’ouest et la place de la Paix à l’est (fig. 2). L’étendue du site au nord du bourg est indiquée par une fosse, seul témoin en place, dont le mobilier n’a toutefois pu être daté avec précision (fig. 2 c ; Joly 2001). Également, un nombre assez important de fosses et de structures sur poteaux n’ont pu être attribuées à l’une ou l’autre des occupations et sont calées dans une fourchette chronologique large entre le Hallstatt final et La Tène finale.

Fig. 1. Localisation de Vénissieux.

LE HALLSTATT FINAL – LA TÈNE ANCIENNE

2Les structures proviennent de quatre fouilles (Place de la Paix, Îlot D, Îlot B1-B3 et Îlot B2. ; fig. 2 d, e et b) et attestent d’une occupation du site assez large avec une concentration sur l’îlot B. À l’ouest, cette occupation est dense malgré une destruction importante par les aménagements médiévaux et modernes (Vicard et al. 2001 ; Nourissat, Vicard 2004). Elle se caractérise par d’abondantes structures de maintien appartenant à plusieurs bâtiments, dont un de 36 m², coexistant avec, ou/et remaniés par des foyers, des fosses de stockage et un niveau de sol (fig. 3). À l’est l’occupation, plus clairsemée, révélerait un secteur à vocation artisanale (Joly 2001) où sont présents des fosses d’extraction et un aménagement sur poteau associé à un foyer. La liaison entre le « cœur » de l’occupation à l’ouest et le secteur « artisanal » à l’est, n’a pu être déterminée, le site ayant été terrassé avant l’intervention archéologique (immeuble Gambetta : Sandoz 1988). Les datations de ces vestiges se répartissent dans le Hallstatt D et La Tène A, avec une concentration à la charnière Hallstatt-La Tène (fig. 4). L’occupation attribuée à la transition entre les deux âges du Fer, avec une abondance de structures de maintien, est comparable par sa densité aux sites de l’Est lyonnais fouillés sur plusieurs hectares comme à Saint-Priest (Ramponi 2001 ; 2004).

Fig. 2. Localisation des fouilles et des découvertes d’après C. Ramponi, Inrap (Ramponi 2004).

LA TÈNE MOYENNE

3Quelques aménagements de maintien et un tesson attique trouvé hors structure sont datés de La Tène B. Il s’agit d’un fragment de panse à décor de godrons verticaux d’un cratérisque de type Dicocer AT-VN-696-704. Cette petite forme haute appartient au répertoire des formes à boire qui apparaissent à partir du deuxième quart du IV^e siècle av. J.-C. et perdurent jusqu’aux alentours de 300 (information et étude C. Bellon in : Nourissat, Vicard 2004) (fig. 5). L’occupation est clairsemée avec quelques vestiges s’étalant dans le sud du vieux bourg (îlot B1-3), îlot B2 (fig. 2 b), Immeuble Gambetta (fig. 2 b ; Sandoz 1988) et îlot D (fig. 2 e). Au sud-est, deux fosses silos distantes d’une soixantaine de mètres l’une de l’autre renfermaient toutes deux du mobilier. La chronologie de l’une d’entre elles a été confirmée par une date radiocarbone entre -378 et -175 (Joly 2001) ; l’autre, datée de – 250/-175, contenait un abondant mobilier (fig. 6) dont un bracelet en pâte de verre bleu orné de doubles nodosités correspondant au type 12 de la classification de Haevemick (étude F. Perrin in : Sandoz 1998) (fig. 7). Côté ouest, cette période est représentée par un foyer et quelques empreintes de poteau dispersées, datés de La Tène C, ainsi que par un bracelet (hors structure) fragmentaire en bronze d’environ 3,7 cm de diamètre interne et 4,4 cm de diamètre externe (fig. 8). Le jonc hémisphérique est orné sur sa partie externe d’une série de nodosités (13) espacées tous les 2/3 mm et décorées de pastilles (3 sur chaque nodosité). Son faible diamètre indique qu’il appartenait à un jeune enfant. Cette technique de pastillage est bien attestée sur le moyen Danube d’où elle semble originaire dès le début du III^e siècle av. J.-C. En Gaule, les objets obtenus à la coulée et décorés demeurent assez rares et sont plutôt datés entre le second quart du III^e siècle av. J.-C et la fin de ce siècle (information et étude C. Bellon in : Nourissat, Vicard 2004). La fin de la séquence La Tène C2/D1 est marquée par un bâtiment sur poteaux porteurs.

Fig. 3. Répartition des vestiges du Hallstatt final – La Tène Ancienne, Îlot B.

Fig. 4. Vénissieux Îlot B, mobilier céramique Hallstatt final – La Tène ancienne (F. Sergent, Inrap in : Vicard et al. 2001).

Fig. 5. Fragment de panse à décor de godrons verticaux d’un cratérisque (photo J.C. Sarazin, Inrap).

Fig. 6. Vénissieux fosse Gambetta, mobilier céramique Tène moyenne (G. Sandoz, Inrap dans Sandoz 1988).

Fig. 7. Fragment de bracelet en pâte de verre bleu – Tène moyenne (photo S. Nourissat, Inrap).

Fig. 8. Bracelet en bronze – Tène moyenne (photo J.C. Sarazin, Inrap).

Fig. 9. Vénissieux Îlot F, mobilier céramique de La Tène finale (dessin C. Bellon, in : Bellon, Faletto 1998).

LA TÈNE FINALE

4Hormis du matériel en position secondaire au nord (Bellon, Faletto 1998 ; fig. 2, a), l’occupation se développe au sud du bourg durant La Tène finale. Deux petites fosses (place de la Paix) (Joly et al. 1993 ; Joly 2001) et une monnaie (II^e-I^er siècle av. J.-C.) (étude G. Aubin in : Joly et al. 1993) limitent l’occupation à l’est. Elle est principalement localisée sur l’îlot B où deux phases d’installations, toutes deux datées par la céramique de La Tène D1, se distinguent par la stratigraphie (Bellon, Faletto 1998 ; Nourissat, Vicard 2004) (fig. 9).

5L’occupation se définit dans un premier temps par une structure semi-circulaire de 14 m de diamètre (bâtiment ou enclos), une aire de combustion à usage domestique ou artisanal (foyer en cuvette, fosse à pierre chauffante, structure sur poteaux) et des structures fossoyées (fig. 10). Dans une deuxième phase, l’espace est réaménagé par l’implantation de deux bâtiments sur plancher en bois, des structures sur poteaux porteurs et des fosses (fig. 10).

6Les informations récoltées lors des différents aménagements de la ville de Vénissieux éclairent sur l’occupation du secteur à l’âge du Fer. Les travaux à venir devraient permettre de préciser l’étendue éventuelle de ces occupations à l’est et au sud/ouest.

Fig. 10. Répartition des vestiges La Tène finale, Îlot B2.