Conclusion générale

p. 281-282


Texte intégral

1Qui suis-je ? Dis-moi qui tu es. Sous leur apparente banalité, ces deux formulations a priori banales, quotidiennes en engendrent d’autres, moins évidentes qui toutes dans leur globalité, que ce soit à travers une approche historique, sociologique ou transdisciplinaire, renvoient à la tentative d’identifier les répercussions juridiques de la notion d’identité, la volonté d’en cerner les différentes facettes lorsqu’elle est captée par le Droit.

2Les contributions réunies dans cet ouvrage abordent le thème de l’identité et de l’identification de plusieurs points de vue et sous différents angles parfois complémentaires, parfois contradictoires. Certes, l’individu y est abordé pour lui-même, mais parce qu’il ne vit pas seul, il y est envisagé dans ses rapports à la puissance, dans ses rapports aux autres.

3Chacune de ces contributions montre à la fois la singularité de la notion de l’identité mais également son caractère irréductible à une discipline scientifique ou juridique précise.

4Chacune d’entre elles, à sa façon, nous prouve que l’identité questionne le Droit sous toutes ces facettes. De fait, elle oblige cette discipline sociale à évoluer, elle l’oblige à s’interroger.

5L’actualité nous le prouve sans cesse et, aujourd’hui encore, à travers des évènements qui, à première vue, n’ont aucun rapport entre eux, qu’il s’agisse d’enfants nés à l’étranger de mères porteuses dépourvus d’état civil en France, véritables « fantômes de la République » ou qu’il s’agisse d’auteurs d’actes de terrorisme qui participent à leur identification, en oubliant dans un véhicule volé une carte nationale d’identité, forme la plus élémentaire de l’individualisation sécuritaire des personnes et reléguant les procédés biométriques dernier – cri au rayon des accessoires qui peuvent à l’occasion servir.

6La dimension individuelle de l’identité, l’identité de for interne et l’identité pour autrui, de for externe, sont au chœur des réflexions largement présentes et développées en conséquence.

7Certaines de ces réflexions, de par leur objet, mettent en relief l’éternelle et incompressible double dimension de l’identité.

8 Subjective d’un côté : existe-t-il un droit à l’identité ? Et si oui, comment se définit-il, se révèle-t-il et se décline-t-il ?

9Objective de l’autre, à travers la thématique centrale et évolutive de l’identification, de la captation extériorisée de la personne humaine.

10Mais en définitive, la distinction est-elle aussi marquée ? La dichotomie est-elle réelle ?

11L’ensemble des contributions met en exergue le continuel va et vient entre les deux aspects de l’identité : l’identité de for interne oblige le Droit à s’adapter en acceptant la prise en compte de la volonté de la personne de se définir autrement, d’être autrement, de se ressentir autrement. Toutefois, cette volonté a des limites : l’usurpation d’identité sous des formes classiques ou plus contemporaines est combattue et sanctionnée par des moyens adaptés. L’identité extériorisée peut se faire malgré la personne qui en principe doit dire qui elle est. Elle n’est alors plus maître de son identité, en témoignent les procédés des contrôles d’identités. Par ailleurs, on (terme choisi à dessein par son indétermination) sait qui elle est ; le développement de la biométrie dans tous les domaines de la vie sociale permet l’identification de la personne. Le discours politique a tendance à banaliser cette nécessaire identification des personnes au point de développer un processus d’authentification. L’individu risque d’être alors assimilé à un vulgaire acte notarié. Enfin, la possibilité reconnue par la loi pénale aux officiers de police judiciaire d’enquêter sous X, dissimulant leur véritable identité, brouille un peu plus les frontières. Le juriste n’est-il pas en train de perdre ses repères !


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