Bibliothèques et collections à l’Académie des inscriptions et belles-lettres sous l’Ancien Régime
p. 193-206
Texte intégral
1En 1663, Jean-Baptiste Colbert, alors surintendant des bâtiments, s’active à la « fabrication »1 du règne de Louis XIV. C’est dans ce contexte qu’il obtient du roi la création d’une « Petite Académie », future « Académie des inscriptions et belles-lettres », qui va avoir pour principale mission d’immortaliser les grandes actions du règne par le biais de médailles et d’inscriptions sur les monuments publics2. Plus qu’un organe de propagande renforçant la monarchie par la construction d’images glorificatrices, c’est la création même de cette Académie qui apparaît comme acte fortifiant l’absolutisme. En effet, la fondation d’une telle institution littéraire est la marque d’un régime déjà puissant qui cherche sinon à se renforcer, en tout cas à se stabiliser dans le temps.
2Dans les premiers temps de son existence, la Petite Académie regroupe des hommes issus des rangs de l’Académie française : Chapelain, Bourzeis, Cassagnes puis Perrault. Le groupe va s’appliquer à la tâche qui lui est confiée en rédigeant des inscriptions pour les tapisseries des Gobelins ou encore pour la galerie des glaces, mais il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour qu’une première série de médailles du règne soit achevée et couronnée par un livre les expliquant. C’est également à cette époque que le souverain dote l’Académie d’un règlement. Ce dernier entraîne une augmentation du nombre des académiciens et donne un cadre plus officiel à ce qui devient alors une véritable institution royale. Avec ce renouvellement, l’Académie multiplie ses activités et se tourne de plus en plus vers des travaux d’histoire antique et nationale, délaissant partiellement la production d’images royales. L’institution joue également un rôle de plus en plus important dans la censure. C’est l’abbé Jean-Paul Bignon, directeur de la bibliothèque du roi et président des Académies des inscriptions et des sciences qui l’oriente dans cette direction, alors qu’il œuvre pour faire passer la censure des mains du clergé à celles de l’administration royale dans le premier quart du XVIIIe siècle3.
3L’Académie des inscriptions et belles-lettres apparaît donc comme l’un des cercles érudits du XVIIIe siècle, un acteur à part entière et disons-le, fondamental, de la République des Lettres. Acteur proche du pouvoir royal, avec lequel les rapports évoluent vers plus d’autonomie au fil des décennies. Cette place privilégiée dans la société d’Ancien Régime, tant sur le plan du pouvoir que sur celui du monde des lettres, nous invite à nous interroger sur le rapport que cette institution royale entretient avec la bibliothèque.
Qu’est-ce qu’une bibliothèque pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ? Nous verrons que la sienne renferme à elle seule toutes les dimensions données à la bibliothèque durant l’âge classique. Pour tenter d’en tracer le portrait, il nous faut utiliser diverses sources, dont le catalogue de la bibliothèque de l’Académie4 mais aussi et surtout les incontournables Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres5, et l’Histoire de Claude Gros de Boze, secrétaire perpétuel de 1705 à 1743, élu à l’âge de 26 ans et protégé de l’abbé Bignon6. Ce dernier titre apparaît comme un grand œuvre de monumentalisation de l’Académie, il donne à l’institution son épaisseur historique en compilant notamment les éloges funèbres des académiciens. L’Histoire est composée de trois parties : la première est un historique de 80 pages qui s’étend de la création jusqu’aux années 1730, accordant une large place au renouvellement intervenu entre XVIIe et XVIIIe siècle ; la deuxième, la plus longue, est la compilation des éloges comme tombeau des académiciens et valorisation de leurs œuvres par une énumération à la fin de chaque éloge des titres produits par le défunt académicien ; enfin une troisième et dernière partie, contenue dans le tome III, n’est autre qu’une liste des ouvrages cités dans l’ensemble du livre, qui pour la plupart d’entre eux sont des productions des membres de l’institution. Le texte de Gros de Boze s’ouvre par un frontispice à la gloire de l’institution et du roi et chacune des grandes parties est ornée d’une gravure. On connaît l’importance et l’intérêt des frontispices dans la littérature d’Ancien Régime comme l’ont souligné notamment Marc Fumaroli ou plus récemment Jean-Marc Chatelain7. Plus qu’une illustration, le frontispice est chargé d’un sens profond qui en fait une partie à lire au même titre que le corps du texte. C’est précisément à partir d’une gravure contenue dans l’Histoire de Gros de Boze que nous souhaiterions nous interroger sur les notions de « bibliothèque » et de « collection » à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Notre réflexion va porter tour à tour sur les collections que possède ou construit l’institution, sur le contenu de sa bibliothèque et enfin sur les différents genres de bibliothèques que l’on peut retrouver à l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier ses propres ouvrages construits comme des bibliothèques. La gravure, que nous allons utiliser à la manière d’un fil directeur tout au long de ce bref travail, va nous permettre quant à elle de relever les écarts qui existent entre la vision idéalisée de la bibliothèque et la réalité des collections d’antiques, de monnaies et médailles, et de livres au sein de l’institution royale.

C. Gros de BOZE
Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres depuis son établissement, H.-L. Guérin, 1740 Collection particulière
4La troisième et dernière partie de l’Histoire de Claude Gros de Boze, qui est une bibliographie sommaire des ouvrages produits par les académiciens et/ou contenus dans son propre ouvrage, s’ouvre donc par/sur une gravure représentant une bibliothèque. Il s’agit sans aucun doute de la salle de lecture réservée aux académiciens, espace reproduit tel quel ou rêvé par un graveur (Boullongne, alors graveur officiel de l’Académie). En premier lieu, on est frappé par l’organisation rigoureuse de cet espace, une rigueur rendue notamment par l’utilisation de lignes géométriques. Le lecteur de l’Histoire est invité à découvrir cette salle qui est l’un des principaux « théâtres » de l’activité académique. « Théâtre » peut être pris ici au sens premier du terme car il y a un réel effort de mise en scène : un rideau retenu dans l’angle droit de la gravure laisse apparaître la pièce8. Le regard est d’abord attiré par un meuble qui occupe une position centrale entre deux baies vitrées dans le fond de la salle. Il s’agit d’un médaillier, c’est-à-dire du meuble dans lequel on range les monnaies et médailles par catégories de métal (or, argent, bronze) et par nation. Le cabinet des médailles du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France possède quelques beaux exemplaires de ce type de mobilier, commandés par Louis XV en 1740. Très concrètement, outre les collectionneurs de médailles et d’antiques (dont les souverains eux-mêmes), les académiciens ont également des médailliers mis à leur disposition9. La gravure contenue dans l’Histoire rappelle ainsi au lecteur que la médaille (sa réalisation, son décryptage) ou plus généralement la numismatique sont au cœur des préoccupations de l’institution. Pour enrichir la collection de monnaies de l’Académie, en avril 1702, Henrion, un des quarante membres de l’institution, propose de fournir une copie de toutes les médailles du cabinet du roi :
Je me proposay d’abord pour respondre le mieux qu’il m’estoit possible à cette marque particuliere d’estime de chercher tous les moyens de me rendre utile à la Compagnie par rapport à la connoissance des Medailles antiques, et particulierement celuy de mettre dans l’Academie des copies fideles de toutes les Medailles du Cabinet du Roy et des autres Cabinets de l’Europe, afin qu’on pust les consulter dans les occasions et que tous les differens recüeils que j’esperois en pouvoir faire en tous metaux, fussent autant de meubles precieux dont il me sembloit que l’Academie ne pouvoit absoluement se passer, si elle souhaittoit de parvenir à un degré de perfection qui respondit à la gloire du Grand Monarque à qui elle doit son Institution, aux bienfaits continuels et à la protection dont il l’honore et enfin à la réputation où elle est desja dans toute l’Europe.10
5Le médaillier représenté sur la gravure accueille probablement une partie de cette collection. En outre, le bibliothécaire de l’Académie tient un inventaire manuscrit des médailles modernes moulées en argent du cabinet du roi. Ainsi, chaque académicien souhaitant utiliser une partie des collections royales est au fait de leur contenu. Notons au passage la perméabilité qui existe entre les institutions royales : en effet, Henrion va puiser ses modèles au cabinet du roi pour enrichir les collections académiques.
6Les monnaies et médailles constituent donc la première collection de l’Académie des inscriptions. À vrai dire, on doit plutôt parler de collections, puisque les médailles sont classées par genres, par époques et par provenances. Les médailliers de l’Académie renferment principalement des monnaies antiques sur lesquelles les académiciens produisent régulièrement des communications. Ces monnaies, ils les utilisent comme sources pour illustrer, appuyer, confirmer une dissertation historique sur tel empereur, telle impératrice, telle fête religieuse, telle bataille, etc. Ces monnaies antiques sont également dotées d’un véritable pouvoir éternisant, elles transmettent, parfois plus de 2 000 ans après leur réalisation, des exploits ou des portraits d’illustres Anciens grecs ou romains. C’est ainsi que par imitation, les académiciens vont décider d’immortaliser les grandes actions de Louis XIV sur le même type de support. Ils travaillent donc à l’histoire métallique de Louis le Grand puis, avec moins d’ardeur, à celle de Louis XV. Ils s’inspirent directement des thèmes des monnaies antiques pour réaliser les médailles contemporaines des règnes sous lesquels ils exercent. Dès le premier quart du XVIIIe siècle, l’Académie a inventé plus de 300 thèmes et inscriptions de médailles dites uniformes (41 mm de diamètre) avec à l’avers un des neuf portraits de Louis XIV aux différents âges de sa vie et au revers un grand événement du règne11. Ces médailles sont offertes aux ambassadeurs, collectionnées par les amateurs, les courtisans. Thierry Sarmant, pour qualifier l’intérêt que portent les érudits du Grand Siècle à la numismatique, parle d’une « République des médailles » qui apparaît comme une véritable ramification de la République des Lettres12. Outre les monnaies antiques, l’Académie possède trois versions de la série uniforme dont elle est à l’origine : une en or, une en argent et une en bronze. Enfin, à la fin du XVIIe siècle, elle rédige sous la direction de son secrétaire perpétuel Paul Tallemant un médaillier papier expliquant chacune des médailles de l’histoire de Louis XIV13. Ce livre de médailles et l’application mise à terminer la série uniforme sont le fruit d’une querelle d’influence entre l’institution royale et le jésuite Claude-François Ménestrier qui rédige en 1689 une compilation des monuments du règne de Louis le Grand. Une contrefaçon de l’ouvrage est publiée par les Hollandais en 1693, elle comprend des médailles scandaleuses qui représentent Louis XIV dans des postures peu confortables : vomissant dans une bassine tenue par le Dey d’Alger et déféquant dans une bassine tenue par le Pape, soleil éclipsé par la lune (Jacques II), etc.14. Les médailles sont donc de véritables objets d’érudition, leur composition et leur lecture apparaissent comme des jeux d’esprit, elles sont également une forme de littérature avec leurs inscriptions et leur prolongation sous la forme de médailliers papiers qu’on retrouve d’ailleurs dans les rayons de la bibliothèque de l’Académie.
7Précisément, en dehors du meuble où l’on conserve les monnaies et médailles, la gravure de l’Histoire propose au lecteur, de part et d’autre de la pièce, deux représentations, de deux grandes « bibliothèques », chacune munie de cinq étagères qui abritent des volumes in-4°, in-8° et in-folio15. Les académiciens disposent d’ouvrages, à commencer par les Mémoires de littérature, publication de plus de 50 volumes qui commence dans les années 1720 et s’achève dans les années 1750. Nous les évoquions en introduction comme l’une des principales sources pour qui veut travailler sur l’institution. Ces Mémoires, au même titre que les procès-verbaux manuscrits relatant les séances académiques (sous le titre de Registre journal des délibérations), sont principalement utilisés par les membres de l’institution pour préparer leurs interventions. Il s’agit d’un reflet du travail de l’Académie qui sélectionne les dissertations de ses membres qui méritent publication. Certains particuliers possèdent donc également des exemplaires des Mémoires. C’est le cas de Gibbon qui dans ses Mémoires pour l’année 1759 se souvient de son achat :
Je ne puis oublier la satisfaction avec laquelle j’ai changé un billet de banque de vingt livres pour vingt volumes des Mémoires de l’Académie des Inscriptions ; et il n’aurait pas été facile de se procurer, par un autre emploi de la même somme, un fonds si étendu et si durable de plaisirs intellectuels.16
Dans son Essai sur l’étude de la littérature, en 1761, il extrait beaucoup de matériaux des Mémoires académiques. La noblesse s’intéresse aussi à l’ouvrage et en particulier la haute noblesse, comme en témoignent les volumes conservés à la bibliothèque du Musée Condé de Chantilly qui viennent de la collection d’une des sœurs de Louis XVI.
8En dehors de ses propres travaux, les étagères des bibliothèques de l’Académie comportent 103 titres. Ces derniers sont répertoriés dans une liste probablement non exhaustive établie par Claude Gros de Boze17. Certaines œuvres sont composées de plusieurs tomes. La liste comporte pour moitié des textes classiques (Polybe, Hérodote, Pausanias, Tite-Live, Dion Cassius, Flavius Joseph, Plutarque, Pline, Ovide, Cicéron, Vitruve, Strabon…) et des ouvrages contemporains de la période, en particulier des usuels tels que le célèbre Dictionnaire de Moreri 1682 en 2 volumes, celui de Furetière dans une édition de Rotterdam datant de 1690 en 3 volumes, celui de l’Académie datant de 1694 en 2 volumes, ou encore de Veneroni, Dictionnaire Italien & François publié à Lyon en 1703, un dictionnaire franco-anglais de Boyer datant de 1702, un autre de géographie et d’histoire de Baudran datant de 1705 ; outre ces usuels, les académiciens disposent de nombreux livres de numismatique : Jacques de Bie, La France métallique (1636), Bizot, L’Histoire métallique de la République de Hollande (1687), les ouvrages sur les monuments du règne de Louis XIV par Ménestrier dont un exemplaire de la contrefaçon, exemplaire qui a été rayé de la liste18, enfin les Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand de 1702. On trouve également dans le catalogue des livres d’Histoire ancienne (Ézéchiel Spanheim, Les Césars, 1728 ; Jacob Spon, Recherche curieuse d’Antiquité, 1683), d’Histoire nationale (Histoire du Dauphiné, 1722 ; François Du Chesne, Histoire des Chanceliers, 1680), ou encore des bibliothèques comme genre littéraire, par exemple celle du Père du Molinet, Le Cabinet de la Bibliothèque Sainte Geneviève, 1692. Bref, ce catalogue est un bon reflet du décloisonnement qui existe entre les savoirs durant l’époque moderne.
9L’Académie possède des éditions prestigieuses telles qu’une édition de poètes grecs de 1556 en 3 volumes et une d’Hérodote datant de 1576, publiées par les Estienne, ou encore des ouvrages d’Isaac Casaubon, le célèbre bibliothécaire d’Henri IV. Ces collections de livres et médailles sont enrichies par des legs19. Ainsi, en 1723, « la Bibliothèque et Recueil des médailles et des figures antiques leguez à la dite Académie des Belles Lettres, par le feu Sr Baudelot »20. Le roi envoie également des académiciens en mission pour enrichir sa bibliothèque et ces derniers font des doubles pour celle de l’Académie :
Le Roi nomma au mois de Juillet 1728 M. l’Abbé Sevin Académicien Pensionnaire, & M. l’Abbé Fourmont Associé, pour aller faire cette recherche sous ses ordres [la recherche de manuscrits grecs à Constantinople]. Ils s’embarquèrent l’un & l’autre sur la fin de la même année avec M. le Marquis de Villeneuve, que Sa Majesté avoit nommé peu de tems auparavant pour son Ambassadeur à la Porte, & on voit par les Relations de ce Voyage Littéraire, imprimées à la fin de la partie Historique du Tome VII que M. l’Abbé Sevin en a rapporté pour la Bibliothéque du Roi, & par conséquent pour la République des Lettres, plus de six cens Manuscrits d’élite, sans compter ceux que les correspondances qu’il a eu soin d’établir en divers lieux ont procurez depuis son retour ; & que M. l’Abbé Fourmont a joint à un grand Recueil de Médailles, les Desseins de plusieurs Monumens antiques très singuliers, & la copie figurée de près de trois mille Inscriptions des premiers tems, dont aucune n’a encore été publiée.21
10C’est le règlement octroyé par le roi à l’Académie en 1701 qui stipule qu’une bibliothèque sera mise à disposition des académiciens, Gros de Boze le rappelle :
Elle n’avoit eu jusqu’au Règlement de 1701 d’autre lieu d’assemblée que la Salle même de l’Académie Françoise. Le Roi lui assigna dans le Louvre un logement particulier, commode & spacieux, qui a été orné de Bustes & de Tableaux, & accompagné d’une petite Bibliothèque, où sont la plupart des anciens Auteurs, & les meilleurs Livres de Médailles & d’Antiquités. (p. 52-53)
11La bibliothèque est gérée par un bibliothécaire qui n’est autre qu’un académicien. Il n’est pas inintéressant de rappeler que les jésuites et mauristes de l’Académie, ainsi que les autres membres de l’institution qui ont souvent été formés dans les collèges des deux ordres, sont des familiers des bibliothèques. En effet, la Contre-Réforme invite les ordres naissants à doter leurs établissements de bibliothèques22. De nombreux académiciens se sont également constitué des bibliothèques et des cabinets de curiosités personnels. Le cas le plus célèbre est celui de la bibliothèque de Claude Gros de Boze, mais les éloges funèbres relatent souvent d’autres collections, ainsi François Bourdelin, spécialiste de lettres anciennes, s’était « formé en ce genre un Cabinet de Livres choisis & une suite de Médailles d’or assez complette »23. La possession d’une bibliothèque (notamment si elle comporte des manuscrits précieux) peut être interprétée comme une marque de prestige ; c’est vrai pour les particuliers, ce l’est aussi et peut-être davantage encore pour l’institution. Qui plus est, pour celle-ci, la bibliothèque peut être interprétée comme la marque d’un programme culturel et politique qui passe des mains des Grands (dans le premier XVIIe siècle Richelieu ou Gaston d’Orléans ouvrent leurs bibliothèques aux érudits) aux mains du roi, puisque c’est lui qui par règlement octroie la bibliothèque. C’est encore et enfin la possibilité pour le pouvoir royal de contrôler davantage l’activité intellectuelle, puisque les académiciens, outre leur propre bibliothèque, ont accès à celle du roi et ne doivent plus de la sorte se rendre chez des particuliers (tels que les Dupuy ou les de Thou) dont les bibliothèques ont néanmoins pu et dû inspirer celle de l’Académie24. Par exemple, celle du Duc d’Aumont : on sait par É. Spanheim que l’abbé Bignon fréquentait avec assiduité le salon du Duc, à tel point qu’il s’inspire de son fonctionnement pour rédiger le règlement de l’Académie des inscriptions, qui fixe, nous l’avons dit, le don d’une salle de lecture et de collections aux académiciens25.
12Pourquoi Claude Gros de Boze a-t-il illustré la bibliographie de L’Histoire de l’Académie à l’aide de la gravure que nous nous appliquons à décrire ici ? Tout d’abord, cette dernière propose les deux dimensions majeures de la « bibliothèque » d’Ancien Régime, à savoir un ensemble de plusieurs livres et un lieu réservé au rangement des dits ouvrages26. La question de la définition de la bibliothèque anime l’âge classique dans son entier. En effet, dès 1627, Gabriel Naudé s’interroge sur le statut et le contenu d’une bibliothèque, et publie son Advis pour dresser une bibliothèque. Moins de cent ans plus tard, en 1704, le jésuite Claude-François Ménestrier, jamais avare de polémiques érudites, offre une première synthèse des réflexions menées tout au long du siècle sur ce sujet, sous le titre de Bibliothèque curieuse et instructive de divers ouvrages anciens et modernes de littérature et des arts, ouverte pour les personnes qui aiment les lettres27. D’après le dictionnaire de l’Académie française c’est d’abord un lieu, « celui où l’on tient un grand nombre de Livres rangés en ordre (Faire bâtir une Bibliothèque. Il ne sort point de sa Bibliothèque) », puis un « assemblage d’une grande quantité de Livres. (Nombreuses Bibliothèques. Il n’a pas lu la dixième partie de sa bibliothèque. Un quart de sa Bibliothèque est relié en maroquin) ». Troisième élément de définition, le terme de bibliothèque peut s’appliquer à un individu plein d’érudition, un peu ce qu’on attend d’un académicien, qui se reflète dans la liste de ses ouvrages, « On dit figurément d’un homme très savant, que c’est une Bibliothèque vivante. Et d’un homme qui fait beaucoup, mais qui fait mal & avec confusion que c’est une bibliothèque renversée ». Précisément, cette idée de bibliothèque renversée est reprise par Eusèbe Renaudot pour qualifier ce qu’est un académicien : « On n’a pas prétendu que ceux qui composent l’Académie fussent également instruits sur tant de sortes de matières »28.
13Enfin quatrième et dernière définition proposée : « On appelle aussi Bibliothèques, des Recueils & Compilations d’Ouvrages de même nature (La Bibliothèque de Photius. La nouvelle Bibliothèque des Pères. La Bibliothèque du Droit François) »29.
14Cette volonté de compilation et de classement des ouvrages par thèmes ne reste pas lettre morte à l’Académie des inscriptions. Déjà Gros de Boze fait une tentative avec la liste de 103 titres que nous évoquions plus haut, même s’il est vrai qu’il se soucie davantage de classer les ouvrages par formats, et dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, L’Averdy, un académicien, propose un type de classement alors plus traditionnel :
Première Partie : La religion
Seconde Partie : La philosophie
Troisième Partie : Les Beaux Arts
Quatrième Partie : Les Belles-Lettres
Cinquième Partie : Gouvernement, législation, politique, agriculture, commerce, manufacture, monnoies, poids et mesures, art militaire, marine, usages.
Sixième Partie : L’Histoire, non compris les Gaules et la France
Septième Partie : Histoire des Gaules et de la France
Huitième Partie : Histoire de l’Académie, Devises, Inscriptions, Médailles, Prix et tables des matieres
Neuvième et dernière partie : Éloges historiques des membres de l’Académie, rédigés par MM. les Secrétaires perpétuels de l’Acad. des Belles-Lettres, et rangés par ordre alphabétique.30
15La liste de titres établie dans ce recueil peut être définie comme une bibliothèque, dans le sens où elle reprend des titres d’ouvrages (certains d’entre eux seulement sont conservés à la bibliothèque de l’Académie des inscriptions). En effet, d’après le Dictionnaire universel de Furetière, « on appelle aussi bibliothèque, les livres qui contiennent les catalogues des livres des bibliothèques »31. Les académiciens ne peuvent ignorer les publications de ce genre datant du XVIe siècle, d’autant qu’eux-mêmes disposent d’un catalogue que nous avons partiellement décrit précédemment. Roger Chartier rappelle comment Doni, en 1557, consacre une partie entière d’un tel catalogage à « la fondation des Académies, ensemble avec leurs noms, leurs devises, leurs emblèmes, et les œuvres produites par tous les Académiciens »32. Peut-être Gros de Boze en sa qualité de secrétaire de l’institution cherche-t-il à mettre en commun les travaux des différentes académies royales, projet qui débute par la constitution d’une liste propre à son Académie. Qui plus est, le personnel royal ne peut ignorer les recommandations que formule le Catalogue imprimé des livres de la Bibliothèque du Roi sur l’importance de posséder ce genre d’ouvrage33. Certains académiciens, tel que Camille Falconet, projettent également la constitution d’une bibliothèque française à l’usage de leurs confrères34.
16Revenons une dernière fois sur la gravure. Lieu de travail de l’Académie, la représentation donnée de la bibliothèque est pourtant vide d’hommes, mais un grand in-folio ouvert sur une table est le signe d’une lecture, d’un travail en cours. On peut donc en déduire que le livre occupe une place centrale dans l’activité des académiciens. Travailler, pour un académicien, est avant tout faire des recherches dans des ouvrages afin de préparer une intervention orale à l’usage de ses confrères. La bibliothèque est donc principalement un « cabinet », ce « lieu de retraite pour travailler, ou converser en particulier, ou pour serrer des papiers, des livres, pour mettre des tableaux, ou quelqu’autre chose de précieux »35. Le fait que la bibliothèque soit déserte rappelle que cet espace est un lieu clos où règne le calme, un lieu réservé en priorité aux livres.
17Comme toute bibliothèque, celle de l’Académie des inscriptions repose sur des choix. Notamment ici, celui de compiler les travaux académiques. Cette volonté transparaît dans la liste bibliographique établie dans l’Histoire de l’Académie, ainsi que dans la publication des Mémoires qui ne sont autre, nous l’avons dit, qu’une compilation de travaux lus en séance et sélectionnés pour être communiqués à un public plus large. La communication d’ouvrages au public est une des fonctions d’une bibliothèque. La bibliothèque de l’Académie, au sens ici de salle de lecture, n’est pas ouverte directement au public. Néanmoins, les académiciens, en vertu du règlement de 1701, peuvent choisir un élève, dont les travaux sont facilités et enrichis par l’accès à ladite bibliothèque. Les Mémoires, en tant que compilation des communications des académiciens, font également figure de bibliothèque livrée au public. Si l’ouvrage ne porte pas le titre de bibliothèque, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit bien ici de ce genre d’ouvrage. Il n’est pas rare d’ailleurs, comme le souligne Roger Chartier, que des travaux de cette nature ne soient pas repris sous l’intitulé de bibliothèque36.
18La bibliothèque de l’Académie est donc un espace de mise en valeur du travail de l’institution avant même d’être le reflet d’une définition du littéraire (passant par la sélection d’ouvrages aux genres bien définis) par cette institution. Certes, il s’agit principalement d’ouvrages d’histoire et en particulier d’histoire antique mais, plus qu’une définition de ce qu’est le littéraire pour les académiciens, on a affaire au miroir de leurs travaux.
19L’intérêt d’une étude sur la bibliothèque de l’Académie des inscriptions et belles-lettres réside principalement dans le fait qu’elle permet d’aborder, comme nous avons tenté de le montrer, toutes les définitions de la bibliothèque à l’âge classique : de la bibliothèque comme salle de lecture, à la bibliothèque comme genre, en passant par la liste de recueils.
20L’Académie est également le lieu d’utilisation de multiples collections dans des genres littéraires fort différents, en particulier de la numismatique et de l’histoire. On assiste encore à une forme de monumentalisation de l’Académie, dans laquelle son rapport à la bibliothèque intervient directement, une monumentalisation par le livre et dans le livre, c’est-à-dire par la richesse des collections, par le lieu de lecture attribué par le pouvoir royal à l’institution, lieu qui fait même l’objet d’une représentation (elle nous aura servi ici de fil directeur) dans le grand œuvre historisant l’institution : l’Histoire de Gros de Boze.
21Si l’ouvrage de Gros de Boze est bien un instrument de monumentalisation de l’Académie, comme nous en émettions l’hypothèse dès le début, force est de constater que la bibliothèque qui y apparaît à plusieurs reprises et sous diverses formes, est une des pierres d’angle de l’édifice académique. Avec ses bibliothèques matérielles et fictives, avec ses collections en bibliothèque (les Mémoires), l’Académie, institution au service du pouvoir royal, apparaît comme un cercle érudit et humaniste. Est-ce alors pour contribuer à renforcer l’image de mécène protecteur des Lettres de son créateur, le roi de France ? Ou bien, est-ce plutôt la volonté d’une institution de se détacher progressivement de sa mission première, panégyriste, et d’entrer librement dans la communauté de la République des Lettres en cherchant la reconnaissance des savants européens de l’époque et celle de la postérité par l’intermédiaire de précieux recueils d’ouvrages, reflets des travaux académiques ? Sans doute un peu les deux à la fois.
Notes de bas de page
1 Nous empruntons le terme à Peter Burke, Louis XIV, les stratégies de la gloire, Seuil, 1995. Le titre anglais évoque en effet la notion de « fabrication ».
2 Alfred Maury, L’Ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres, Didier et Cie, 1864. Au fil des ans, les travaux de l’Académie vont se diversifier, pour se tourner finalement vers l’étude de l’Histoire antique et des antiquités nationales dès la première moitié du XVIIIe siècle.
3 Sur Jean-Paul Bignon voir la thèse de Françoise Bléchet, L’Abbé Bignon et son rôle, École des Chartes, 1974, et un des articles du même auteur, « Jean-Paul Bignon, despote éclairé de la République des Lettres », dans Claude Jolly éd., Histoire des bibliothèques françaises sous l’Ancien Régime, 1530-1789, Promodis, 1988, t. 2, p. 216-221. Quelques dates qui témoignent de son ascension sociale fulgurante : 1679-1683, études au séminaire de Saint-Magloire ; décembre 1683, il entre dans la Congrégation de l’Oratoire ; 1692, il prêche la station de l’Avent devant le roi et prononce la même année un panégyrique différent le jour de la Saint-Louis devant l’Académie française et celle des inscriptions et des sciences ; en 1693, âgé de 29 ans, il obtient le brevet de prédicateur du roi, remplace Bussy-Rabutin à l’Académie française et entre à celle des inscriptions ; en 1701 il participe aux renouvellements des activités académiques et prend la direction du Journal des Savants ; en 1714-1715, il reçoit la direction de la censure ; en 1718, il occupe la charge de garde de la bibliothèque du roi, à laquelle il adjoint la garde de celles du Louvre et de Fontainebleau.
4 BnF, ms. n.a.f. 1022.
5 Mémoires de littérature tirez des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres depuis l’année 1718, Amsterdam, François Changuion, publication annuelle, des années 1720 aux années 1750.
6 Claude Gros de Boze, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres depuis son établissement, avec les éloges des académiciens morts depuis son renouvellement, Hippolyte-Louis Guerin, MDCCXL, 3 tomes.
7 Marc Fumaroli, « Sur le seuil des livres : les frontispices gravés des traités d’éloquence (1594-1641) », L’École du silence. Le sentiment des images au XVIIe siècle, Flammarion, « Champs », 1994 ; Jean-Marc Chatelain, « Pour la gloire de Dieu et du roi : le livre de prestige au XVIIe siècle », dans Henri-Jean Martin éd., La Naissance du livre moderne, Cercle de la Librairie, 2000.
8 Voir Jean-Marie Apostolidès, Le Prince sacrifié. Théâtre et politique au temps de Louis XIV, Éd. de Minuit, 1985.
9 Voir : Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise, XVIe-XVIIe siècle, Gallimard, « Bibliothèque des Histoires », 1987 ; Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle, Flammarion, « Art, histoire, société », 1994 ; Irène d’Aghion éd., Caylus mécène du roi. Collectionner les antiquités au XVIIIe siècle, INHA, 2002.
10 Registre journal des délibérations, vendredi 7 avril 1702. Consultable sous version microfilmée à la bibliothèque de l’Institut de France.
11 Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV d’après le manuscrit de Londres Add. 31908, Imprimerie Nationale/Klincksieck, 1968, 4 vol. Du même auteur, « Les portraits de Louis XIV », Bulletin de la société nationale des Antiquaires de France, 1967, p. 185-205. On peut également consulter le beau catalogue La Médaille au temps de Louis XIV, Imprimerie Nationale, exposition de l’Hôtel de la Monnaie, 1970.
12 Thierry Sarmant, La République des médailles. Numismates et collections numismatiques à Paris du Grand Siècle au Siècle des Lumières, H. Champion, 2003.
13 Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand avec des explications historiques, par l’Académie royale des médailles et des inscriptions, 1702.
14 Claude-François Ménestrier, Histoire du règne de Louis le Grand par les médailles, emblèmes, devises, jettons, inscriptions, armoiries et autres monumens publics recueillis et expliqués, Nolin, 1689.
15 « Avec l’essor de l’imprimerie et la formidable multiplication des livres qui s’ensuivit, on commença à classer les livres dans des rayonnages le long des murs et des galeries dans la salle de lecture », Wim de Vos et Pierre Schoentjes, « Bibliothèque », Le Dictionnaire du littéraire, Alain Viala éd., Puf, 2002, p. 54-56.
16 Edward Gibbon, Mémoires, tr. fr. An V, p. 119.
17 Manuscrit à la Bnf, op. cit.
18 Il est probable que le titre ait été rayé plutôt parce qu’il n’est pas l’œuvre de l’Académie et qu’il empiète sur ses prérogatives, que parce qu’il comporte les médailles scandaleuses que nous évoquions plus haut.
19 Anatole Chabouillet, « Recherche sur les origines du cabinet des médailles et particulièrement sur le legs des collections de Gaston d’Orléans au roi Louis XIV », Nouvelles archives de l’art français, Paris, t. 2, 1873, p. 263-340.
20 Maison du roi, Archives Nationales O/1/611/2 n° 409-416.
21 C. Gros de Boze, Histoire, op. cit., t. 1, p. 93-97.
22 Henri-Jean Martin, « Bibliothèques », dans Lucien Bély éd., Dictionnaire de l’Ancien Régime, Puf, 1996, p. 160 : « Les Jésuites donnèrent le ton dans les collèges qu’ils faisaient apparaître un peu partout, en installant leurs livres dans des salles ou des galeries conçues à cet effet, comme on peut encore le voir, par exemple à la bibliothèque municipale de Valenciennes. Par ailleurs les Bénédictins réformés de la Congrégation de Saint-Maur développèrent des collections axées sur la théologie et sur l’histoire religieuse dont la principale fut celle de Saint-Germain-des-Prés qu’organisa dom Luc d’Achery ». Sur le sujet, voir également François de Dainville, L’Éducation des Jésuites (XVIe-XVIIIe siècles), Compère, 1978.
23 C. Gros de Boze, « Éloge de Bourdelin », op. cit., t. 2, p. 116-117.
24 Sur la bibliothèque du roi voir Simone Balaye, « La Bibliothèque du Roi, première bibliothèque du monde, 1664-1789 », dans C. Jolly, op. cit., t. 2, p. 209-234.
25 Ézéchiel Spanheim, Relation de la Cour de France en 1690, Mercure de France, « Le temps retrouvé », 1973, Émile Bourgeois éd., p. 122.
26 « On appelle communément du nom de Bibliothèque les amas de plusieurs Livres & les lieux qui les contiennent : il est certain que dès qu’il y eut des Livres, les hommes ont été assez curieux pour les conserver ; ainsi l’on peut assurer que les Bibliothèques sont aussi anciennes que les Livres. » (Dissertation sur les Bibliothèques, chez Chambert et Herissant, 1758, p. 1).
27 Voir à ce sujet Joël Cornette, Chronique du règne de Louis XIV, SEDES, 1997, p. 473- 474, et Robert Damien, Bibliothèque et État. Naissance d’une raison politique dans la France du XVIIe siècle, Puf, 1995.
28 BnF, n.a.f. 7483, fol. 82.
29 Article « Bibliothèque », Le Dictionnaire de l’Académie Françoise, Lyon, Duplain, 1772, t. 1, p. 123.
30 Charles Clément François L’Averdy, Tableau général, raisonné et méthodique des ouvrages contenus dans le recueil des Mémoires de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, depuis sa naissance jusques et compris l’année 1788, servant de supplément aux tables de ce recueil, Didot l’aîné, 1791.
31 Selon Roger Chartier (« Bibliothèque sans murs », Culture écrite et société. L’ordre des livres (XIVe-XVIIIe siècles), Albin Michel, 1996) : « Pour qui veut dresser une bibliothèque ouverte et universelle, la possession de tels catalogues est une nécessité. La somme de leurs titres définit une bibliothèque idéale, libérée des contraintes qu’impose toute collection particulière et débordant les limites inhérentes aux recueils et aux compilations par la construction immatérielle d’une sorte de bibliothèque des bibliothèques dans laquelle rien, ou presque, ne fait défaut. » (p. 113).
32 R. Chartier, ibid., p. 117. Il souligne que dès la fin du XVIe siècle l’ouvrage de Doni est connu en France et inspire « les deux “Bibliothèques” publiées en 1584 et 1587 par François de La Croix du Maine et Antoine du Verdier ».
33 Dissertation sur les Bibliothèques, op. cit. : on lit dans le mémoire historique qui est en tête du premier volume que « quoique les Catalogues semblent n’être faits que pour l’intérieur des Bibliothèques, cependant l’expérience fait voir que ces sortes d’ouvrages sont d’une très grande utilité lors même qu’ils ne contiennent qu’un simple énoncé des titres & des pièces contenus dans chaque volume […]. » (p. 65).
34 Camille Falconet, « Sur nos premiers Traducteurs François, avec un Essai de Bibliothèque Françoise », Mémoires et Histoire de l’Académie des Inscriptions, La Haye, Vve Troyel, t. VII, p. 292.
35 Article « Cabinet », Le Dictionnaire de l’Académie Françoise, op. cit., t. 1, p. 161. Voir également, sur les cabinets de lecture, Jean-Louis Pailhès, « En marge des bibliothèques : l’apparition des cabinets de lecture » dans C. Jolly éd., Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., t. 2, p. 415-424.
36 Roger Chartier, op. cit., p. 110-111 : « Les libraires éditeurs du XVIIIe siècle publient à profusion ces collections aux volumes multiples qui, pour un genre donné, réunissent un grand nombre d’œuvres déjà publiées. Certes, toutes ne sont pas désignées par le terme de “bibliothèque” : pensons par exemple, à l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost, 1476-1761, 16 volumes in-quarto ».
Auteur
Agrégé ès lettres, doctorant, GRIHL (Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur l’Histoire du Littéraire, Paris III Sorbonne nouvelle - EHESS) et UMR 8558 Centre de Recherches Historiques – travaux sur l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et sur les représentations royales aux XVIIe et XVIIIe siècles.
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