Résumé
p. 339-340
Texte intégral
1Cet ouvrage synthétise les résultats de la fouille archéologique préventive menée entre 2013 et 2014 sur le site de l’ancienne Gare routière de Clermont-Ferrand. Cette intervention a été réalisée dans le cadre de la construction de la nouvelle Comédie, labellisée Scène nationale, et a porté sur une superficie de 4 500 m².
2Grâce à l’importante superficie explorée et à l’excellente conservation des vestiges, l’opération a permis de retracer l’histoire d’un quartier périphérique de la ville antique, investi à partir de la fin du Ier siècle / début du IIe siècle ap. J.-C., qui conjugue fonctions résidentielles et économiques avant son abandon à la fin du IVe siècle. Le site n’est réoccupé qu’à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, période durant laquelle les terres sont mises en culture.
3La monographie présente successivement les descriptions archéologiques et les études du mobilier, analysé de manière exhaustive et présenté en fonction des principales thématiques abordées.
4Le secteur étudié est localisé en fond de vallée de la Tiretaine du Sud, une zone marécageuse située à l’écart de l’assiette urbaine initiale d’Augustonemetum et à proximité de sa principale desserte méridionale, dont le tracé a été repris par l’actuelle rue de Rabanesse. Il s’agit donc d’un environnement inhospitalier dont le caractère humide est accentué, sur l’emprise de la fouille, par la présence d’un bras du cours d’eau qui ceinture la butte de Clermont au sud. Cinq phases principales d’occupation ont été distinguées.
5À la fin du Ier siècle ou au tout début du IIe siècle (phase 1a), le terrain, qui est alors exondé, accueille ses premières constructions. Elles témoignent d’une occupation encore lâche illustrée, en partie nord, par un bâtiment incomplètement reconnu (A) mais dont le caractère résidentiel peut être supposé à partir de quelques indices, notamment architecturaux, et, le long du cours d’eau et en partie est, par un édifice de 260 m² hors-œuvre à la configuration atypique (B). Ce dernier s’intègre à une parcelle qui devait se développer entre le cours d’eau et la dernière rue du quadrillage urbain du début du Ier siècle au nord, tandis que sa limite orientale est plus incertaine. Le bâtiment comporte un corps central orienté est-ouest, au nord et au sud duquel se déploient deux ailes au plan similaire. Vraisemblablement dotées d’un étage, celles-ci se composent de deux espaces pourvus de sols en dur, de peintures murales et de chauffage sous la forme de foyers-cheminées, de part et d’autre d’un couloir. Leurs faibles dimensions et leurs équipements de confort permettent de reconnaître des chambres à coucher, dont le nombre s’élève à cinq sur un total de sept espaces constituant l’édifice, couloirs mis à part. Pour sa part, l’aile centrale abrite à l’ouest une grande salle dédiée à des activités techniques, notamment culinaires (foyers, fumoir/séchoir), un nouvel appartement et une grande salle de réunion à l’extrémité est de l’édifice. L’identification de ce dernier à une auberge repose notamment sur sa configuration interne, avec une surreprésentation des chambres ainsi que la présence de vastes espaces pour la préparation et la prise en commun des repas, sur l’existence de plusieurs cours de grandes dimensions et sur la localisation du site au sein de la ville antique, à proximité d’importants axes de circulation.
6À la fin du IIe siècle (phase 1b), l’établissement connaît quelques modifications, notamment l’ajout au sud de plusieurs espaces contre ses ailes septentrionale et méridionale. Pour sa part, la moitié occidentale du bâtiment A est rasée, tandis que les espaces situés à l’est sont réaménagés. Dans le même temps, un réseau hydraulique composé de canalisations en bois est installé à proximité et les premiers indices d’inondation sont perceptibles.
7Peu de temps après – fin du IIe siècle / début du IIIe siècle (phase 2a) –, l’organisation du quartier est bouleversée par la canalisation du cours d’eau et un redécoupage des parcelles situées en rive gauche. Ainsi, le bâtiment A est détruit et l’auberge s’étend en partie occidentale, où une nouvelle cour est construite. La parcelle voisine à l’ouest est désormais occupée par une maison qui s’inscrit dans une parcelle allongée (D), avec un secteur bâti organisé autour d’un péristyle au nord et un vaste jardin d’agrément au sud. Cette forme – peut-être également adoptée par la parcelle C à l’ouest – traduit sans doute les nouvelles contraintes liées à la pression foncière croissante qui affecte ce secteur de Clermont-Ferrand, où plusieurs maisons de notables sont édifiées. C’est notamment le cas sur le site voisin de l’ancienne confiturerie Humbert, fouillé au milieu des années 1980. L’attractivité du quartier se matérialise également par l’extension de l’auberge en direction du sud (G), au-delà du cours d’eau qui est canalisé à cet endroit, ce qui offre de nouveaux espaces pour l’accueil des voyageurs. Par ailleurs, la maîtrise du bras de la Tiretaine autorise la construction de nouveaux bâtiments en rive droite. À l’ouest, l’édifice E est composé d’un espace de stockage et d’un four, mais son interprétation est entravée par la faible surface explorée. En partie centrale, le bâtiment F a en revanche livré de nombreux indices sur les activités qui y étaient pratiquées. Ces dernières étaient étroitement liées à la présence du cours d’eau et à l’énergie hydraulique puisqu’un moulin peut y être restitué à partir des nombreuses meules de grand diamètre et des éléments en bois découverts. La production de farine était au moins en partie directement exploitée sur place dans la mesure où une boulangerie occupait également les lieux.
8Au cours de la deuxième moitié du IIIe siècle (phase 2b), quelques travaux sont entrepris au sein de chacun des édifices, avant que la hausse du niveau de la nappe phréatique et la multiplication des épisodes de débordement n’aboutissent à l’abandon du tiers sud de l’emprise de la fouille, en rive droite du cours d’eau.
9Une période de rétraction s’amorce alors à compter de la fin du IIIe siècle (phase 3a). L’édifice D subit quelques modifications, tandis que le bâtiment B est plus substantiellement réaménagé et change sans doute de destination. Celui-ci est désormais organisé autour de la cour septentrionale, de nouveaux espaces sont construits en lieu et place de l’ancienne aile sud et la parcelle est progressivement clôturée à l’est. Le cours d’eau constitue à nouveau une limite auprès de laquelle se développe une aire funéraire principalement occupée par des sépultures de périnatals. D’ultimes travaux sont réalisés entre la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle, période au cours de laquelle presque tous les édifices sont abandonnés. Ainsi, la parcelle autrefois occupée par l’auberge est rasée, mais ses murs périmétraux sont conservés au sein d’une nouvelle construction (I) qu’il n’a pas été possible de caractériser, en raison notamment de la mauvaise conservation des parties supérieures de la stratigraphie (phase 4). Un petit enclos fossoyé y est aménagé à la fin du IVe siècle (phase 5).
10Ce n’est qu’au cours du XVe siècle que les lieux sont réinvestis. Le terrain est alors parsemé de nombreuses tranchées, principalement orientées nord-sud, qui accueillent plus de 2 000 piquets ou trous de piquet. L’ensemble correspond à des plantations en ligne organisées en cinq parcelles ou unités de production distinctes.
11La lecture des textes médiévaux et quelques indices issus des analyses paléoenvironnementales permettent de penser qu’il s’agissait de vignes montées sur échalas. Mentionnées dès le Xe siècle, ces productions occupaient les champs qui couvraient les abords de la Tiretaine et cohabitaient probablement avec des zones de maraîchage. L’exploitation des terres, aux mains des seigneurs laïcs et ecclésiastiques, a contribué au développement d’une agriculture privilégiant les cultures de rapport en périphérie de la ville médiévale et moderne.
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