Chapitre 8. Témoignages de la vie quotidienne
p. 191-207
Texte intégral
1La vie quotidienne des occupants du site est illustrée par différentes catégories de mobilier, parmi lesquelles figurent des objets rarement conservés en contexte archéologique. Ce chapitre regroupe les données issues de l’analyse du petit mobilier (métal, terre cuite, verre, matières dures animales et minérales), du bois, du cuir et des meules à grain. Même si la vaisselle en céramique et en verre livre également de multiples informations à ce sujet, leur étude est présentée plus haut, dans le chapitre consacré à la chronologie du site (voir supra, chap. 6.1, 6.2 et 6.3).
2Toutes catégories fonctionnelles confondues, le petit mobilier représente un total de 970 fragments (hors clouterie). Le nombre minimum d’individus (NMI) est, d’une manière générale, très proche du nombre de restes (NR), ce qui souligne le bon état de conservation du mobilier. On dénombre ainsi 441 objets en métal (NR 574), 279 en os (NR 304), 42 en terre cuite (NR 64) et en matière minérale (NR 13), ainsi que 14 objets en verre (NR 15). Par ailleurs, 13 % seulement des fragments n’ont pas pu être identifiés ou rattachés à une catégorie fonctionnelle – 41 % relevant de la vie quotidienne et 46 % des activités économiques. Si le mobilier métallique, qui constitue la part la plus importante du corpus, est réparti sur l’ensemble du site, on constate plusieurs concentrations pour les autres matériaux. Ainsi, la tabletterie est très largement représentée au sein du bâtiment A de la première phase d’occupation. Les objets en terre cuite sont, pour leur part, particulièrement nombreux en bordure des bâtiments A et B. C’est tout particulièrement le cas des statuettes en terre blanche, très abondantes à proximité des deux bases maçonnées des phases 2a et 3b (voir supra, chap. 3.3.1 et 4.1.2.3). Enfin, le bâtiment F a livré un dépotoir très riche en mobilier, qui concerne plus spécifiquement les activités économiques (voir infra, chap. 9).
3En ce qui concerne les bois, si l’on excepte la catégorie des bois immobiliers (voir supra, chap. 7.2), le corpus comporte 380 éléments. Parmi ces derniers, 71 sont des bois bruts (branches, brindilles, etc.), 25 sont de nature indéterminée et 213 sont des chutes de travail (voir infra, chap. 9.3.6). On dénombre ainsi 71 pièces dont la fonction a pu être définie. Celles-ci se répartissent à peu près équitablement entre objets de la vie quotidienne et objets témoignant des activités économiques pratiquées sur place ou à proximité (voir infra, chap. 9).
4Pour les cuirs, l’observation des traces de mise en œuvre présentes sur les 26 lots que comporte la collection a permis de répartir cette dernière en trois classes typologiques : celles des indéterminés, celle des chutes et enfin celle des chaussures (tab. 16). Plusieurs éléments ont été mis au jour dans des niveaux de comblement et de débordement du paléochenal (131, 132, 133, 137, [139], 143, 144, 145, 147, 148, 149, 150, 183, 184), ainsi que dans la couche de destruction marquant l’abandon de l’espace F2 (130, 134, [135], 136, 138, 140, 141, 142, 145, 146, 152). D’autres, moins nombreux, sont issus de contextes datés de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne (151). Aucun objet n’est complet et l’état fragmentaire des éléments n’a pas permis de reconnaître d’association entre eux, hormis peut-être pour les deux lots [135] et 136. Les objets étant trop fragiles1 pour être dessinés, seuls les clichés des ensembles les plus pertinents ont été réalisés.
Tab. 16 - Les cuirs découverts sur le site de l’ancienne Gare routière.
Numéro | Datation | Type | Sous-type | Description |
130 | Chaussure | Fragment de garnissage* | ||
130 | Chaussure | 2 fragments de garnissage | ||
131 | Chaussure | Caliga/Carbinata | Fragment d’une semelle première | |
132 | Chute | 3 chutes | ||
133 | Chaussure | Caliga/Carbinata | Fragment d’une semelle première | |
134 | Chaussure | Caliga/Carbinata | 2 fragments de contrefort | |
135 | Chaussure | Lot de fragments décorés | ||
136 | Chaussure | Fragment décoré et fragment de semelle d’usure cloutée | ||
137 | Indéterminé | 2 fragments | ||
138 | Chaussure | Lot de fragments de chaussure | ||
139 | Chaussure | Caliga/Carbinata | Semelle cloutée intégralement délaminée | |
140 | Chaussure | Solea | Fragment de semelle cousue et cloutée | |
141 | Chaussure | 2 fragments de semelle cloutée | ||
142 | mil. IIIe siècle | Chaussure | Solea | 2 fragments de sandale cousue et cloutée |
143 | Chaussure | Lot de fragments de semelles | ||
144 | Chaussure | Solea | Fragments de semelle première cousue | |
145 | Chaussure | Solea | Lot de fragments de semelages cousus et cloutés | |
146 | Chaussure | 2 fragments de garniture | ||
147 | Chaussure | Caliga/Carbinata | Contrefort* | |
148 | Chaussure | Caliga/Carbinata | Lot de fragments de chaussure cousue et cloutée comportant un contrefort | |
149 | Chaussure | Solea | Lot d’éléments de semelage cousus et cloutés | |
150 | Chaussure | Fragment de semelle cloutée | ||
151 | déb. XVIe siècle | Chaussure | Emboîtage de semelle cousue retournée et fragment de semelle cousue petits points | |
152 | mil. IIIesiècle | Chaussure | Solea | Fragment de semelle d’usure d’une sandale cloutée |
183 | Chaussure | Solea | Lot de fragments de semelles | |
184 | Chaussure | Solea | Lot de fragments de semelle cousue |
5La dernière catégorie de mobilier est représentée par les meules. Si la plupart (21) relèvent du domaine de l’artisanat et sont donc traitées dans le chapitre suivant (voir infra, chap. 9.2), 6 exemplaires témoignent néanmoins des activités de mouture pratiquées dans un cadre domestique.
8.1. L’ameublement (FB, JV)
6Le mobilier des espaces d’habitation privée témoigne, à l’instar d’autres indices, d’un processus de romanisation abouti et d’un certain confort acquis. Les éléments conservés sont majoritairement en bronze et en os et reflètent le soin apporté à la réalisation et au décor, comme les anses, les appliques, les renforts ou encore les clous décoratifs et les charnières (Manning 1985 ; Feugère, Guštin dir. 2000 : 169-178 ; Riha 2001).
7Les charnières en os représentent la quasi-totalité des objets domestiques inventoriés pour ce matériau (fig. 169, nos 1-4). Ces objets, désormais très bien connus, permettaient la mobilité des vantaux d’un meuble ou de tablettes. Très fréquents en contexte urbain, ils attestent de techniques d’assemblage et d’un savoir-faire élaborés (Béal 1983 ; Bertrand 2008). On compte aussi un nombre important de charnières à encastrer métalliques (fig. 169, nos 8-10 ; Goudineau, Brentchaloff dir. 2009 : 107-177 ; Robin et al. 2018), dont une retient l’attention car elle est dotée d’un clou de fixation dont la tête est décorée, travaillée en forme de cœur. La présence d’un décor sur ce type de pièce généralement peu visible est insolite. À ces objets se rapportent aussi les quelques exemplaires de clefs et plaques de serrures conservés et illustrant plusieurs types de serrures associées à la fermeture de coffres, de meubles et de bâtiments (fig. 169, nos 6 et 7). Ces derniers témoignent là encore tant des systèmes les plus répandus à loquet et soulèvement ou à translation, que de systèmes plus complexes à révolution (Feugère, Thauré, Vienne 1992 ; Giraudo 2018 ; Higelin 2019).
Fig. 169 - Instrumentum (ameublement et serrurerie).

8On dénombre 20 clous décoratifs, liés à la tapisserie, les coffrets et petits meubles. On en distingue trois types, réalisés en fer et alliage cuivreux et différenciés par la forme de la tête : les clous à large tête circulaire, bombée et creuse, les clous à tête bouletée, les petits clous de ferrure de coffrets à tête plate en entonnoir, ainsi qu’un exemplaire en alliage cuivreux, dont la tête est sculptée en forme de cœur (fig. 169, no 5).
9Plusieurs bois, principalement découverts lors de la fouille du dépotoir de la salle F2, correspondent également à des éléments de meuble. Au même titre que les pièces immobilières, il est probable que ces fragments soient issus du démantèlement d’édifices voisins, opéré durant la deuxième moitié du IIIe siècle (phase 2b).
10Deux pieds ( ?) d’un même meuble
Bois 261, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 124 mm ; l : 55 mm ; ép. : 45 mm
Fraxinus excelsior (frêne)
Pied de meuble ( ?) façonné en forme courbe sur ses côtés et incliné sur l’extrémité apparente. L’autre extrémité correspond à un tenon maintenu par chevillage.
11Bois 262, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 116 mm ; l : 50 mm ; ép. : 40 mm
Fraxinus excelsior (frêne)
Pied de meuble ( ?) façonné en forme courbe sur ses côtés et incliné sur l’extrémité apparente. L’autre extrémité correspond à un tenon maintenu par chevillage.
12Petit pied tourné d’un meuble ? (fig. 170)
[Bois 464], dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 1 105 mm ; diam. : 23 mm
Buxus sempervirens (buis)
Objet tourné comportant une extrémité droite et une autre en partie cassée, sur laquelle un tourillon ( ?) pour l’assemblage avec un autre élément est perceptible.
Fig. 170 - Objets en bois (ameublement).

13Montant de meuble
Bois 260, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 140 mm ; l : 67 mm ; ép. : 59 mm
Fraxinus excelsior (frêne)
Deux fragments non jointifs d’un même ensemble, avec des moulures sur ce qui semble être la face extérieure.
14Commentaire :
Ces quatre éléments ont tous été découverts dans la salle F2 et pourraient, dans le cas des Bois 260, 261 et 262, appartenir à un même meuble compte tenu de leur essence commune (frêne) et de leurs similitudes. Le [Bois 464] ne trouve, pour sa part, aucun parallèle, si ce n’est l’emploi du buis pour un autre pied de meuble découvert sur le site de La Masse, à Ambert dans le Puy-de-Dôme (Blondel 2014a).
15Le mobilier romain est très varié et il reste difficile de trouver des comparaisons. Il semble malgré tout que le premier ensemble corresponde à un meuble de grandes dimensions, alors que le pied tourné en buis appartiendrait à du mobilier plus petit et facile à déplacer.
16Applique décorative (fig. 170)
[Bois 332], canalisation 2364, au sud-ouest du bât. A (phase 1b)
Diam.: 230 mm; ép.: 10 mm
Cf. Acer (érable ?)
Applique décorative moulurée obtenue par tournage avec quelques trous de clou permettant sa fixation sur un autre support (meuble, porte ?). La face décorée comporte des restes de peinture rouge.
17Éléments de couvercle de coffre
Bois 219, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 1 300 mm ; l : 85 mm ; ép. : 25 mm
Abies alba (sapin)
Planche entière, en deux fragments parfaitement délignés, avec une entaille transversale sur l’une de ses faces. Un piton avec anneau en fer est fixé sur l’autre face (sans doute la face extérieure), parfaitement centré dans le sens de la longueur.
18Bois 220, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 900 mm ; l : 40 mm ; ép. : 18 mm
Abies alba (sapin)
Baguette en bois fragmentaire au profil légèrement arrondi pour l’une de ses faces. La baguette était encore fixée par clouage sur la planche Bois 219.
19Bois 221, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 1 296 mm ; l : 169 mm ; ép. : 27 mm
Abies alba (sapin)
Planche potentiellement en deux morceaux (Bois 295). Comme pour la planche Bois 219, elle est bien délignée et presque complète, avec une entaille plus large, sans doute sur sa face interne. Une charnière en alliage cuivreux est encore fixée dans l’angle extérieur de la planche. Une cassure sur l’autre angle n’a pas permis la conservation de la seconde charnière.
20Bois 295, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 1 111 mm ; l : 146 mm ; ép. : 26 mm
Abies alba (sapin)
Autre fragment de planche en trois morceaux appartenant peut-être à l’ensemble décrit précédemment (Bois 221). Elle est également bien délignée et présente une entaille, sans doute sur sa face interne. Un petit trou, de forme plus ou moins quadrangulaire, traverse la planche au niveau de l’entaille.
21Commentaire :
Les Bois 219, 221 et 295 semblent appartenir à une même planche brisée en trois et en bordure de laquelle le Bois 220 était cloué. C’est ce que suggèrent, après réassemblage, la position du piton du Bois 219 et de la charnière du Bois 221, d’une part, et l’alignement des entailles observées sur la face interne des différents éléments, d’autre part. Ces dernières pourraient correspondre à l’emplacement du système de fermeture. Il s’agit très probablement du couvercle d’un grand coffre. Peu d’exemplaires comparables existent. Seul un coffre en érable avec couvercle est attesté sur le site d’Herculanum, mais il est deux fois plus petit (Mols 1999 : 217-219, fig. 167-171).
22Élément de tiroir ou de caisson ?
Bois 155, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 803 mm ; l : 228 mm ; ép. : 28 mm
Abies alba (sapin)
Planche délignée en trois fragments présentant un assemblage en queue d’aronde à son extrémité conservée, avec deux clous encore en place, maintenant un petit fragment de bois au niveau de l’assemblage, qui atteste de la présence d’une autre planche, également en sapin. Une découpe partiellement conservée est visible sur l’autre extrémité. Il est fort probable qu’il s’agisse d’un élément de tiroir. Il reste cependant difficile de dire si la découpe a été réalisée post-démontage du meuble ou s’il s’agit d’une entaille pour un usage particulier.
23Assemblage de lattes cloué : litière ou banquette ?
Bois 99, dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 327 mm ; l : 228 mm ; ép. : 6 à 8 mm
Buxus sempervirens (buis)
Quatre lattes, débitées sur maille par fendage, assemblées par clouage sur une autre latte disposée perpendiculairement. Il s’agit probablement d’un plateau de meuble, peut-être d’un sommier pour une banquette ou une large chaise ( ?) (Blondel 2018 : vol. 1, 690-691).
8.2. Les activités culinaires (FB, SL, JV)
24Le quotidien est aussi représenté par de nombreux témoins de consommation et d’activités culinaires. Trois manches de couteaux pliants et miniature ont été découverts (fig. 171, nos 1-3). Si aucun ne conserve de traces de sa lame, leurs dimensions réduites et la gouttière latérale profonde et étroite qu’ils présentent ne laissent aucun doute sur leur fonction, à l’exception d’un exemplaire à fourreau (Béal, Feugère 1987). L’un d’eux attire plus particulièrement notre attention ici en raison de son décor sculpté. Celui-ci est assimilé à un chien de Malte dont on observe uniquement la forme des pattes (fig. 171, no 3 ; Béal 1983 ; Bertrand 2021). Originalité de notre corpus, pour les quelques exemplaires de canifs identifiés avec certitude, on ne conserve que le manche en os ou en bois minéralisé. La vaisselle en bronze s’illustre par cinq individus dont l’un est complet, bien que déformé (fig. 171, no 6). Le répertoire du vaisselier métallique est donc peu varié et son utilisation probablement limitée. Il compte deux petites coupes assez basses de forme hémisphérique ou très légèrement carénées sur pied, trois fragments d’anses attribuables à des situles (fig. 171, no 5), ainsi que deux cuillères en bronze (Kapeller 2003). Les deux exemplaires retrouvés sont des cochlearia dont le cuilleron est rond et l’axe continu (fig. 171, no 4 ; Riha, Stern 1982).
Fig. 171 - Instrumentum (activités culinaires et ustensiles).

25Les objets en bois relevant de ce type d’activités sont représentés par des contenants (ou des bouchons) et des ustensiles destinés à la préparation des aliments.
26Récipient indéterminé
Bois 463, tranchée identifiée dans l’espace D28 (phase 4)
L : 103 mm ; l : 51 mm ; H : 45 mm ; diam. estimé : 108 mm
Acer platanoïdes (érable)
Deux fragments d’un récipient ( ?). Le bois semble tourné, mais les observations ne permettent pas d’aller plus loin dans les interprétations.
27Batteur ou fouet (fig. 172)
[Bois 465], remblai de la salle A6 (phase 1b)
L : 43 mm ; diam. du manche : 10 mm ; envergure restituée avec ramification : 70 mm env.
Juniperus communis (genévrier)
Batteur fragmentaire composé de six branches et d’un manche tourné.
Fig. 172 - Objets en bois (activités culinaires).

28Commentaire :
L’objet a été réalisé à partir d’un genévrier sélectionné pour ses ramifications relativement régulières. Ces dernières ont été retravaillées et la tête du batteur retaillée, avec le creusement de petites goulottes « décoratives » entre chaque départ de branche.
29Connu depuis le Néolithique, notamment sur les sites de Chalain et Clairvaux (Pétrequin et al. 1987 : 14), ce type de batteur a peu évolué par la suite. Pour la période romaine, on mentionnera deux exemplaires identiques issus des fouilles du parking Lafayette à Grenoble (Dangreaux 1989 : 96), en résineux, et au camp militaire de Vindonissa (Windisch, Suisse ; Fellmann 2009 : 114, pl. 14). Cependant, d’autres formes de batteurs existent pour la période romaine, le plus souvent en buis (Blondel 2018 : vol. 1, 618-622). Des découvertes de ce type ont été réalisées rue Fontgiève (Martinez dir. 2021 : 184-189), à Lyon (Ayala dir. 2013 : 255-256) ou encore à Marseille (Hesnard 1994 : 195-217 ; Tréziny 1996 : 225-250).
30Même si la forme des batteurs change ou évolue dans le temps, leur fonction reste identique. Ils devaient servir très certainement au brassage des pâtes à cuire, de bouillies ou pour cailler le lait (Ayala dir. 2013 : 259).
31Spatule ? (fig. 172)
[Bois 737], niveau de débordement à l’ouest du bât. G, en rive gauche du cours d’eau (phase 2a)
L : 165 mm ; l : 40 mm ; ép. : 11 mm
Buxus sempervirens (buis)
Spatule ( ?) fragmentaire, avec un trou à son extrémité conservée (pour une attache par suspension). Une entaille triangulaire est visible, ainsi qu’un départ de gouttière sur la partie cassée.
32Commentaire :
Même si cet objet peut évoquer une clef (Hedinger, Leuzinger dir. 2003 : 110), ses dimensions sont trop importantes pour retenir cette hypothèse (Fellman 1992 : 148, pl. 7). La proposition d’identification repose sur la comparaison avec un large corpus d’objets similaires, presque tous en buis : à Lyon (Ayala dir. 2013 : 255, fig. 188), à Autun (Labaune, Alix 2021 : 566, fig. 25), à Marseille (Hesnard et al. 1999 : 68), à Saintes (Saedlou 2002 : vol. 2, 142) et d’autres hors de Gaule (Blondel 2018 : vol. 1, 616-618). Tous se composent d’un manche plat et d’une partie utile en forme de longue palle légèrement cintrée. L’extrémité du manche, plus large et arrondie, est percée d’un trou de suspension. Un ou deux épaulements, plus ou moins marqués selon les exemplaires, séparent le manche de la spatule dont l’extrémité est arrondie.
33La fonction précise de ces spatules reste vague, en lien avec les activités culinaires. Il peut s’agir de longues « cuillères » pour permettre de faire refroidir les aliments (Puglsey 2003 : 117).
34Les bouchons (fig. 172)
[Bois 67], dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
Diam. : 58 mm ; épaisseur : 23 mm
Fagus sylvatica (hêtre)
Bouchon réalisé au tour et aux faces obtenues par sciage.
35[Bois 344], dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
Diam. : 46 à 39 mm ; ép. : 26 mm
Abies alba (sapin)
Bouchon légèrement conique, grossièrement taillé au ciseau à bois et aux faces sans doute obtenues par fendage.
36Commentaire :
Ces deux bouchons présentent un façonnage différent. Le [Bois 344] trouve, à Clermont-Ferrand, des parallèles avec les exemplaires mis au jour à l’angle des rues Kessler, Ledru et Raynaud (sapin et chêne liège ; Alfonso 2007b : vol. 1 93-94, fig. 83), ou encore rue Fontgiève (sapin ; Martinez dir. 2021 : 143-145), même s’ils présentent des dimensions moins importantes.
37L’emploi du hêtre pour le [Bois 67] est atypique. En effet, hormis les objets clermontois précités, les bouchons connus par ailleurs en Gaule sont en chêne ou en chêne liège comme à Barzan (Charente-Maritime ; Bouet dir. 2011 : vol. 2, 699-702), en frêne ou en buis comme à Bordeaux (Sireix dir. 2008 : 240-241), et majoritairement en sapin sur de nombreux sites suisses (Blondel 2018 : vol. 1, 638-644).
38Les bouchons de l’ancienne Gare routière correspondent à des opercules jetables provenant très certainement de céramiques.
39Enfin, les activités culinaires sont illustrées par 6 meules à grain de moulin domestique (fig. 173). Au même titre que les 21 exemplaires destinés à un usage artisanal (voir infra, chap. 9.2), toutes les pièces sont en basalte vacuolaire gris bleuté, qui présente à l’œil nu une texture comparable selon les échantillons. D’après leur typologie (face active nettement conique notamment), elles se rattachent toutes à l’époque romaine impériale (Longepierre 2012). L’ensemble constitue un lot particulièrement représentatif, qui illustre vraisemblablement les productions d’une ou plusieurs meulières, non localisées à ce jour, exploitant les riches ressources en basalte du Massif Central. Si l’on excepte quelques différences, la typologie des meules ici étudiées est globalement comparable à celle des meules que l’on rencontre dans le Midi (Languedoc et Provence), et dont une part semble également se rattacher aux productions du Massif Central/massif des Coirons (Ardèche) (Longepierre 2012).
Fig. 173 - Les meules de moulins domestiques.

40Plusieurs meules de moulin ont été découvertes au sein de l’espace B5, qui a vraisemblablement servi de cuisine, comme tend à le confirmer la présence de ces éléments. Il s’agit d’un exemplaire de meta* « hydraulique » (fig. 185, no 16) et surtout de deux beaux fragments (moitié) appartenant à deux catilli* de moulins domestiques (fig. 173, nos 22 et 24). Ces derniers ont été découverts dans des niveaux de démolition de la fin du IIe siècle (phase 1b), ce qui suggère de relier leur emploi au fonctionnement initial de la pièce. Les deux catilli (diam. de 47 et de 49 cm) présentent d’autre part des encoches d’anille compatibles avec l’emploi d’un système de réglage de l’écartement des meules (encoches traversantes de part et d’autre de l’œillard*, qui se rétrécissent au sommet). L’hypothèse d’un tel système de réglage est confirmée par le profil d’usure (type III) du catillus [no 22] (Longepierre 2012). Ce système, qui permet l’obtention d’une farine fine de qualité, est généralement utilisé, durant le Haut-Empire, dans les moulins artisanaux de type meunerie-boulangerie uniquement. Ainsi, nous ne l’observons pas en Gaule méridionale parmi les moulins domestiques de cette période. L’emploi probable d’un tel système dans les moulins domestiques découverts dans la cuisine de l’auberge de l’ancienne Gare routière constitue donc un fait nouveau en l’état des connaissances.
41Signalons également la découverte de deux autres fragments de catilli domestiques de même type (5b-8) que les précédents en deux autres points du site. L’un (fig. 173, no 25) provient du bâtiment F et a également servi dans un moulin à système de réglage de l’écartement des meules, comme en témoignent son type de logement d’anille, identique aux précédents, et son profil d’usure de type IV. Quant au second catillus (fig. 173, no 23), il se rattache à la zone supposée du moulin hydraulique. Son logement d’anille (encoche non traversante sur sa face supérieure) est en revanche incompatible avec l’emploi d’un système de réglage.
42Seuls les catilli peuvent être associés à une période précise : ils sont tous de type 5b,8, forme qui disparaît en Gaule à la charnière des IIe-IIIe siècles. D’autre part, ils comprennent chacun, sur leur face supérieure, un bandeau périphérique dont le profil arrondi avec soin indique une datation postérieure au changement d’ère.
8.3. Le domaine social (FB, JV)
8.3.1. Sphère cultuelle
43Le site a livré 30 occurrences de statuettes en terre cuite (fig. 174, 175, no 1), parmi lesquelles sept individus ont été découverts à proximité de la base située dans l’espace D18 (phase 2a). Ces figurines moulées en terre blanche kaolinitique, aussi nommée « terre blanche de l’Allier », sont produites régionalement. Elles sont largement diffusées, principalement à partir de la seconde moitié du Ier siècle et au IIe siècle. Il est le plus souvent difficile de répondre avec précision à la question de leur fonction : jouets, bibelots ou culte privé. Dans le cas présent, on compte un fragment d’édicule en bas-relief et trois déesses-mères, un jeune homme dans la position du tireur d’épine et deux chevaux en ronde-bosse (Rouvier-Jeanlin 1972). Par ailleurs, un second espace, situé à proximité de la base de l’espace B15 (phase 3b), a livré quatre autres individus : une déesse-mère, une pomme de pin, un lion et un mouton. La position de ces deux concentrations dans des espaces délimités et réduits ainsi que la présence de déesses-mères et d’un édicule incitent à privilégier l’hypothèse de laraires ou de petits autels votifs liés au culte privé. La pomme de pin peut elle aussi y être associée, en tant que représentation symbolique d’une offrande. On note que celle-ci se démarque du lot par sa réalisation en terre cuite orangée. Il en est de même pour le cheval, lui aussi fréquemment retrouvé dans des contextes de culte privé, en tant qu’animal protecteur, symbolique associée aussi au chien. En revanche, il est plus délicat de se prononcer concernant les autres animaux dont la place dans le culte est plus incertaine.
Fig. 174 - Instrumentum (sphère cultuelle).

8.3.2. Jeu, comptage et écriture
44Associables aux activités économiques pour les échanges mais aussi au loisir, les objets liés au jeu ou au comptage et les instruments de l’écriture constituent deux ensembles remarquables sur le site (fig. 175, nos 2-15, fig. 176). On dénombre un lot de 24 stylets. Quatre sont en os, les autres occurrences sont en fer et en alliage cuivreux. Parmi eux, un instrument plus rare en alliage cuivreux se distingue, décoré de fils de cuivre rapportés sur la tige (fig. 175, no 13). Ces instruments dédiés à l’écriture sur cire, sur des tablettes en bois comme supports, peuvent aussi avoir eu pour fonction dans quelques cas le travail du cuir, attesté sur le site. Leur sont aussi associées deux boîtes à sceau en alliage cuivreux de petites dimensions et de forme octogonale à circulaire (fig. 175, nos 14 et 15 ; Furger, Wartmann, Riha 2009 ; Bertrand, Boucher 2021). Elles apparaissent au cours du Ier siècle ap. J.-C., participant au développement de l’écriture et à la transmission des documents, utilisées pour sceller des écrits officiels ou privés, envoyés par la poste impériale ou conservés comme archives. Le sceau apposé servait à garantir leur authenticité (Béal 1983 ; Manning 1985 ; Božič, Feugère 2004).
Fig. 175 - Instrumentum (culte et écriture).

Fig. 176 - Instrumentum (jeux et comptage).

45Au nord de l’emprise, le bâtiment A a livré un lot de 86 jetons en os. Exhumés de plusieurs niveaux appartenant à une même phase (phase 1b), ils sont répartis de façon aléatoire dans trois pièces du bâtiment. Il est intéressant de s’interroger sur la raison de cette concentration et la fonction de cet espace. À défaut d’indices plus fiables, leur fonction reste à ce jour envisagée comme mixte, dédiée à la fois au jeu et au comptage, pour lesquels le décor de cercles concentriques des exemplaires en os, sinon la couleur de l’os ou de la pâte de verre, peut indiquer une valeur différente. Enfin, deux billes de jeu en terre cuite ont aussi été inventoriées (Béal 1983 ; Monteil dir. 1993 : 267-298 ; Schenk 2008 ; Raux, Bertrand, Feugère dir. 2015 : 425-444).
46Une tablette constitue l’unique objet en bois utilisé pour l’écriture (fig. 177). Cet exemplaire peut être associé aux 24 stylets décrits plus haut.
Fig. 177 - Objets en bois (objets personnels et vie sociale).

47[Bois 351], dépotoir de la salle F2 (phase 2b)
L : 88 mm ; l : 55 mm ; ép. : 5 mm
Fagus sylvatica (hêtre)
Fragment de tablette à écrire, avec un évidement de faible profondeur (2 mm).
48Commentaire :
À Clermont-Ferrand, quatre fragments de tablettes en sapin ont été découverts à l’angle des rues Kessler, Ledru et Raynaud (Alfonso 2007b : vol. 1, 87-89, fig. 74). Leur épaisseur varie entre 6 et 8 mm. Deux exemplaires en buis et en sapin ont également été mis au jour rue Fontgiève (Martinez dir. 2021 : 145-146). Le sanctuaire de la Source des Roches, à Chamalières, en a également livré un grand nombre. Toutes ces tablettes étaient en chêne et destinées à être peintes, comme le montrent certaines d’entre elles, et une seule était en hêtre et évidée pour recevoir de la cire (Romeuf, Dumontet 2000 : 88-89). Les tablettes, le plus souvent en résineux, peuvent être liées entre elles et former des codex. Elles sont destinées à consigner « temporairement » des comptes, des contrats ou à l’apprentissage de l’écriture. La cire permettant d’effacer et de reprendre ces notes très facilement (Blondel 2018 : vol. 1, 707-715).
8.3.3. Objets personnels
49Deux récipients en bois s’apparentent à des objets personnels en raison de leurs faibles dimensions. L’un d’entre eux correspond à une pyxide, l’autre à un récipient à suspendre (fig. 177).
50[Bois 347], niveau de destruction à l’ouest du bât. A (phase 1b)
Diam.: 33 mm; ép.: 8 mm
Buxus sempervirens (buis)
Couvercle de pyxide entier, obtenu par tournage. Profil légèrement conique, avec un décrochement pour faciliter la prise en main.
51Commentaire :
L’interprétation proposée s’appuie sur l’emploi d’un bois dur, le buis, couramment utilisé pour les petits objets finement ouvragés par tournage, et sur son profil légèrement conique. Cinq pyxides ont été anciennement découvertes aux Martres-de-Veyre, dans le Puy-de-Dôme (Blondel 2014b). L’une d’entre elles présentait un couvercle comparable à celui de l’ancienne Gare routière, mais avec des dimensions légèrement différentes (diam. : 26 mm ; ép. : 8 mm). Elle présente une forme ovoïde, atypique. Le couvercle [347] pourrait permettre de restituer une pyxide de forme similaire.
52[Bois 769], niveau de débordement à l’ouest du bât. G, en rive gauche du cours d’eau (phase 2a)
L : 88 mm ; l : 55 mm ; ép. : 22 mm ; diam. estimé : 111 mm
Buxus sempervirens (buis)
Fragment de récipient tourné dont la forme s’apparente à celle d’un petit pot. Deux trous de suspension ( ?) sont visibles sur l’anse conservée. Aucune comparaison n’est connue pour ce type de récipient en bois, probablement suspendu.
8.4. Vêtement (VM)
53Cette catégorie fonctionnelle est principalement illustrée par des objets en cuir, parmi lesquels figurent plusieurs fragments de chaussure.
8.4.1. L’Antiquité
54La classe des chaussures, avec 24 objets isolés, représente 92 % de la collection.
55Ce sont essentiellement des éléments de semelage qui ont été retrouvés et classés, pour la période romaine, en deux catégories.
56La première correspond à des chaussures à multiples semelages dont la semelle première* est assemblée à la tige* grâce à une couture avec un fil (fig. 178). Les autres semelles pouvaient, comme la pièce 131, être elles aussi cousues, ou bien cloutées comme cela est attesté sur les cinq autres objets de cette catégorie (134, 133, [139], 147, 148).
Fig. 178 - Principe de couture avec un fil.

57Ce montage est caractéristique des chaussures fermées de type Caliga ou Carbinata (Van Driel-Murray 2001 : 348). L’absence de tout élément de tige pertinent – l’élément de quartier* du lot 148 est en effet trop lacunaire – ne peut conduire à une identification typologique plus précise.
58La seconde catégorie comporte elle aussi une couture, mais réalisée avec un lacet de cuir qui permet d’associer la semelle première et celle d’usure* (fig. 179). Cette semelle d’usure peut, comme sur les huit objets du site (149, 140, 142, 144, 145, 152, 183, 184), être renforcée par la pose de clous.
Fig. 179 - Principe de couture de deux semelles avec un lacet en cuir.

59Ce montage est caractéristique des chaussures ouvertes de type Solea. Deux exemplaires, plus représentatifs (142 et 152), correspondent à des extrémités antérieures. Nous observons que la découpe de la forme épatée est réalisée afin de simuler l’emplacement du gros orteil. Or, d’après l’évolution typo-chronologique des profils de semelles de Soleae mise en évidence par C. van Driel-Murray en Europe (Van Driel-Murray 2001 : 356), les exemplaires découverts sur le site de l’ancienne Gare routière présentent de grandes similitudes avec une des formes qu’elle date du milieu du IIIe siècle ap. J.-C., ce qui est conforme à la chronologie retenue pour ce contexte.
60Lors du cloutage des semelles, le cordonnier respectait souvent une implantation spécifique et certains auteurs en ont proposé des classifications (Miller, Rhodes 1980). Par exemple, sur la collection, nous trouvons un alignement simple sur la pièce 149 et un remplissage de toute la surface sur l’élément 150, mais ces objets sont trop fragmentaires pour permettre une étude plus détaillée.
61En revanche, sur la semelle droite [139], dont la pointure est estimée à un 35, nous identifions plusieurs motifs (fig. 180). Dans l’emboîtage* tout d’abord, nous trouvons un losange matérialisé par quatre clous. Ce motif se prolonge par un alignement simple, puis rejoint un motif de cercle pointé disposé sous l’avant-pied. Ce motif de cercle pointé est le plus commun dans la collection datée du IIIe siècle découverte à Londres (Miller, Rhodes 1980), et nous l’avons reconnu sur une collection rouennaise datée de la seconde moitié du IIe siècle ou du IIIe siècle (Montembault 1998b : 58), ainsi que sur une pièce datée du IIIe siècle découverte à Touffréville (Montembault, Coulthard 2000 : 185). Dans cette même collection, et pour la même période, nous trouvons également le motif du losange prolongé d’un alignement simple (Montembault, Coulthard 2000 : 185).
Fig. 180 - Semelle 139 (US 12441) et relevé de l’implantation des clous.

62Enfin, les deux éléments [135] et 136 sont particulièrement intéressants de par leurs décors : des séries de doubles lignes parallèles définissent des panneaux accueillant des rangées de points, d’animal de profil ( ?), accent circonflexe et un quatrième motif non identifiable (fig. 181). Ces décors sont obtenus en repoussant la surface du cuir à l’aide de poinçons. Les deux fragments semblent appartenir à la même pièce, probablement un quartier de chaussure. Notre recherche comparative n’a pas permis de mettre en évidence de mobilier similaire sur d’autres sites.
Fig. 181 - Fragment 135 (US 12482).

8.4.2. Le Moyen Âge et l’époque moderne
63La collection comporte également deux fragments plus tardifs (151). L’un correspond à un emboîtage de semelle cousu retourné* et recoupé avant le rejet, dont le profil est typique des productions réalisées aux XIVe et XVe siècles. Sa surface porte de nombreuses traces de couture tunnel attestant que la semelle était renforcée par la pose d’un patin, élément très fréquemment rapporté sous les semelles médiévales afin d’en prolonger l’utilisation.
64Le second élément, lui aussi recoupé avant le rejet, comporte quelques points attestant d’un assemblage petit-points, technologie qui n’apparaît en Europe qu’à partir du XVIe siècle (Goubitz 1984 : 196).
8.5. Domaine funéraire (FB)
65Enfin, plusieurs bois appartenant à un petit tonneau ont été inventoriés. Ce contenant a été réutilisé pour l’inhumation d’un individu périnatal (fig. 103) en rive droite du cours d’eau (phase 3a), au niveau de l’extension G de l’auberge, abandonnée au cours de la deuxième moitié du IIIe siècle (voir supra, chap. 4.1.1.2).
66[Bois 328], sépulture 2696, au sud du bât. B, en rive droite du cours d’eau (phase 3a)
L : 120 mm ; l : 45 mm ; ép. : 10 mm
Abies alba (sapin)
Fragment de douelle mal conservé, avec de la poix sur la surface interne. Un jable, probablement réalisé avec un outil tranchant de type ciseau à bois, est conservé.
67[Bois 329], sépulture 2696, au sud du bât. B, en rive droite du cours d’eau (phase 3a)
L : 124 mm ; l : 41 mm ; ép. : 10 mm
Abies alba (sapin)
Fragment de douelle mal conservé, avec de la poix sur la surface interne. Un jable, probablement réalisé avec un outil tranchant de type ciseau à bois, est conservé.
68[Bois 330], sépulture 2696, au sud du bât. B, en rive droite du cours d’eau (phase 3a)
L : 101 mm ; l : 63 mm ; ép. : 8 mm
Abies alba (sapin)
Fragment de douelle mal conservé, avec de la poix sur la surface interne. Un jable, probablement réalisé avec un outil tranchant de type ciseau à bois, est conservé.
69[Bois 331], sépulture 2696, au sud du bât. B, en rive droite du cours d’eau (phase 3a)
L : 130 mm ; l : 28 mm ; ép. : 8 mm
Abies alba (sapin)
Fragment de douelle mal conservé, avec de la poix sur la surface interne. Un jable, probablement réalisé avec un outil tranchant de type ciseau à bois, est conservé.
70Commentaire :
La mauvaise conservation des douelles ne permet pas d’avoir de certitude sur leur interprétation, même si la présence de poix plaide plutôt pour la restitution d’un tonneau. Rue Fontgiève, de nombreuses douelles de tonnelets présentaient également des traces de poix sur leur face interne (Martinez dir. 2021 : 155-160).
71Ici, le défunt a pu être introduit après l’ouverture d’un des deux fonds ou suite à la découpe du tonneau dans le sens de la longueur (Blondel, Chen, Ollivier 2021).
8.6. Conclusion (JO)
72Différents aspects de la vie quotidienne peuvent être appréhendés grâce à l’analyse du mobilier qui, sur le site de l’ancienne Gare routière, a bénéficié du bon état de conservation des matières organiques.
73En premier lieu, ces objets complètent les données issues de l’analyse architecturale pour livrer une image plus consistante du cadre de vie dans lequel évoluaient les habitants de ce quartier méridional d’Augustonemetum. Les aménagements intérieurs sont documentés par plusieurs éléments appartenant à des meubles, à des coffres ou encore à leur décoration (clous, appliques), tandis que les activités domestiques sont illustrées par divers ustensiles de cuisine.
74Le domaine personnel est ensuite représenté par des objets liés à l’écriture (stylets, tablette, boîte à sceau), au vêtement (semelles de chaussure) et au jeu. Dans ce registre, la découverte d’une importante concentration de jetons dans les niveaux associés au bâtiment A ne trouve aucune explication satisfaisante, ce qui est en partie lié au caractère limité de la fouille dans ce secteur.
75Enfin, le traitement funéraire des périnatals est illustré par une découverte originale. Alors que plusieurs individus du même âge ont été inhumés en partie occidentale de l’emprise dans des récipients en terre cuite, selon une coutume très répandue dans le bassin de Clermont, le défunt de la sépulture 2696 a été déposé dans un petit tonneau.
Notes de bas de page
1 Certains sont largement, voire totalement délaminés.
Auteurs
Post-doctorant - FNS - Université de Genève / C-CIA, UMR 6249 Chrono-Environnement - étude des bois
Chercheur associé, UMR 5648 CIHAM - étude des meules
Étude du cuir
Drac-SRA Occitanie, UMR 5608 TRACES
Hadès - étude du verre et de l’instrumentum
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