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Le musée Gadagne

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Christine Becker
, 
Isabelle Parron-Kontis
, 
Sophie Savay-Guerraz

Résumés

Texte intégral

RÉSUMÉ

1Musée historique de la Ville de Lyon, le Musée Gadagne abrite également le musée international de la marionnette. Il est logé dans un édifice emblématique de la Renaissance, situé au cœur du Vieux-Lyon. Ouvert en 1921, sa dernière rénovation datait des années 1960, or, pour faire entrer cet établissement dans la modernité, il devenait urgent de repenser la muséographie et de restaurer les bâtiments. Chantier complexe sur le plan technique et architectural, la rénovation du Musée Gadagne, œuvre patrimoniale par excellence, a été une véritable aventure. Cet ouvrage réunit l’exposé du travail de la maîtrise d’ouvrage, celui de la philosophie du projet de restauration et du programme muséographique et se consacre aux résultats de la recherche archéologique et historique qui couvre presque deux millénaires.

2L’étude des vestiges antiques conservés dans les entrailles de la cour d’honneur du musée a permis de recueillir des informations précieuses quant à l’urbanisation de ce secteur de la ville et à son évolution. Tout d’abord, la présence de structures datées du milieu du Ier siècle av. J.-C. indique une occupation assez importante de ce secteur avant la création de la Colonie par Plancus. Ces vestiges pré-coloniaux, pourraient indiquer une installation précoce d’artisans sur cette bande de terre située entre colline et rivière, comme c’est le cas sur la rive gauche de la Saône dans le quartier Saint-Vincent. Dès l’époque de Tibère, la construction d’un entrepôt renseigne sur la vocation probablement commerciale de ce quartier. La rénovation de ce bâtiment au IIIe siècle peut être mise en perspective avec l’évolution de la ville et son agrandissement pourrait correspondre à un accroissement des échanges commerciaux et au développement des ports sur la Saône. Cet édifice, transformé en habitat par la suite, a marqué l’urbanisme de ce secteur de manière forte et durable. Abandonné au début du Ve siècle, il sert de dépotoir avant d’être enfoui brutalement sous un épais remblai consécutif à un glissement de terrain. Cette catastrophe a entraîné la disparition de la voie reconnue sous la rue Gadagne et contribué à la désertion du site pendant quelques siècles.

3Après l’Antiquité, l’îlot semble avoir connu une longue période sans occupation importante ; seuls quelques indices de fréquentation ponctuels ont été reconnus. Alors que l’urbanisme s’était développé naturellement le long de la Saône, il faut attendre le XIVe siècle pour qu’il gagne les pentes de la colline de Fourvière. Les maisons établies d’abord en bordure de la rue Saint-Jean gagnent peu à peu les flancs de la colline. C’est à cette époque qu’est implantée sur la parcelle de Gadagne la maison de La Boyssette. La qualité de cette habitation ressort des artefacts découverts, meneaux sculptés ou éclats de vitraux, ainsi que par la mise au jour d’une vaste glacière qui place cet édifice dans la catégorie des maisons de prestige. Accompagnant ce bâti, les flancs de la colline sont peu à peu aménagés en terrasses sur lesquelles sont érigées granges et petites maisons, vouées aux activités domestiques liées au train de vie de cette belle demeure. Au fil du XVe siècle, les dépendances sont peu à peu transformées en maisons d’habitation. Cette période s’achève par la destruction de la maison de la Boyssette, après l’acquisition du terrain par la riche famille italienne des Pierrevive, pour faire place à un nouveau projet ; les propriétaires entreprennent alors un chantier qui durera près de 50 ans.

4Au début du XVIe siècle, le projet de construction des Pierrevive est ambitieux puisqu’il investit l’ensemble de l’îlot depuis la rue Gadagne jusqu’à la montée Saint-Barthélémy. Dans la partie basse, les anciennes dépendances sont agrandies et de nouveaux bâtiments bordent la rue Gadagne. Ces immeubles s’organisent autour d’une grande cour rectangulaire facilitant la circulation entre les différents édifices. Parallèlement, les Pierrevive font construire un hôtel sur le sommet de leur terrain, en bordure de la montée Saint-Barthélemy, dénommé la maison de Belregard. Ici, on aborde toute la complexité de l’entreprise développée par les Pierrrevive : d’un côté un édifice prestigieux à l’égal des hôtels de la Renaissance et d’un autre côté, des bâtiments plus modestes et fonctionnels, probablement liés aux activités commerciales et bancaires. Ainsi, c’est bien la famille Pierrevive qui marque de manière indélébile l’évolution de cet îlot. Rien ne permet d’attribuer à la famille Gadagne la paternité de ces édifices et seul le souvenir de leur nom prestigieux reste attaché à cette demeure.

5Depuis le milieu du XVIe siècle, l’îlot est divisé en deux parcelles distinctes qui évoluent de manière différente au cours du XVIIe siècle. Si la partie nord ne connaît aucune modification architecturale, en revanche les immeubles de la parcelle sud sont en grande partie rénovés. Ces transformations sont liées à deux actes remarquables : le prolongement de la rue Gadagne jusqu’à la place du Petit Collège et l’acquisition par André Falconnet de cette parcelle où il désire élever une demeure digne de son rang social. Outre, la surélévation des bâtiments existants, le projet consiste à ériger le long de la montée du Garillan un nouveau corps de bâtiment perpendiculaire aux précédents. À l’ouest, l’aménagement de la terrasse supérieure autorise la composition d’un petit jardin d’agrément. Avec la réalisation de ce programme s’achève l’évolution architecturale de l’îlot, dont les formes et le plan sont demeurés inchangés jusqu’à nos jours.

6Les XVIIIe et XIXe siècles n’apportent pas de transformations radicales à cet édifice. Le siècle des Lumières est notamment marqué par une relative stabilité. Au cours du XIXe siècle, les bâtiments changent de statut, les locations se multiplient. Les très nombreux propriétaires, puis locataires, qui se succèdent n’ont laissé que des empreintes très fugaces : à cet état de fait ne sont pas étrangères les restaurations opérées sur le bâtiment, au début du XIXe siècle, lors de sa transformation en musée.

SUMMARY

7The Historical Museum of the city of Lyon, the Gadagne museum also houses the International Puppet museum. It is located in a Renaissance mansion of the Vieux Lyon area. Opened in 1921, it had last been renovated in the 1960s. It was thus essential to restructure the museum and to restore its building, to turn the museum into a modern one. A complex project, both technically and architecturally, the restoration of the Gadagne museum was a true adventure. This book exposes the architectural work, the philosophy of the restoration project and the museum restructuring, and presents the results of the archaeological and historical research, which covers almost two thousand years.

8The study of the ancient vestiges kept inside the museum’s main courtyard enabled us to collect precious pieces of information about the urbanization of this part of the city and its evolution. Firstly, the presence of structures dating back to the middle of the 1st century BC indicates quite an important occupation of this area before the creation of the colony by Plancus. These pre-colonial vestiges might indicate an early settlement of craftsmen on this stripe of land situated between hill and river, as is the case on the left bank of the Saône river in the Saint-Vincent district. Under Tiberius’reign, the building of a warehouse indicates that the district was probably used for commercial purposes. The restoration of this building in the 3rd century can be linked to the evolution of the city and its extension could be related to the extension of the commercial exchanges and the development of ports on the Saône river. This building, later on turned into private accommodation, had an impact on the urbanism of the area in a strong and lasting manner. Given up in the beginning of the 5th century, the building was used as a dumping ground before being brutally buried after a landslide. This disaster caused the disappearance of a well-known street under the Gadagne street and contributed to the desertion of the area for a few centuries.

9After Antiquity, the district seems to have known a long period free of important occupation ; only a few signs of punctual living have been identified. Whereas urbanism has developed naturally along the Saône river, one has to wait until the 14th century for it to reach the slopes of the Fourvière hill. The houses set up first along the rue de Saint-Jean, then reach progressively the slopes of the hill. It is at this time that the La Boyssette house is set up on the Gadagne parcel. The quality of this house can be understood through the artefacts found on the site – sculpted transoms or bits of stained-glass windows, as well as the discovery of a large ice-cellar, which makes this house very prestigious. To go with this house, the sides of the hill are progressively turned into terraces on which are built barns and small houses, dedicated to domestic activities linked to the way of life of this beautiful house. During the 15th century, the outbuildings are progressively turned into living houses. This period ends with the destruction of the la Boyssette house, after the field is bought by the rich Italian Pierrevive family, to turn it into a new project – the owners then start building works that will last for almost 50 years.

10At the beginning of the 16th century, the building project of the Pierrevive family is very ambitious, as it concerns the whole district, from the Gadagne street to the montée Saint-Barthélémy. In the lower part, the ancient outbuildings are extended and new buildings are built along the Gadagne street. These buildings are organized around a large rectangular square to make the circulation between the different houses easier. At the same time, the Pierrevive family has a hotel - called the Belregard house - built at the top of their field, along the montée Saint-Barthélémy. This house shows the complexity of the project developed by the Pierrerive family : on one side, a building as prestigious as the Renaissance hotels ; on the other side, more modest and functional buildings, probably linked to trade and bank activities. Thus, the Pierrerive family really has a definite impact on the evolution of this district. Nothing enables us to say that the Gadagne family is at the origin of these buildings and only the memory of their prestigious name remains attached to this house.

11From the middle of the 16th century, the field is divided into two distinct parcels, which follow different evolutions under the 17th century. Whereas the northern part doesn’t stand any architectural change, the buildings in the southern parcel are almost completely renovated. These changes are linked to two important facts : the extension of the Gadagne street to the place du Petit Collège, and the acquisition by André Falconnet of this parcel, on which he wants to build a house worthy of his social rank. Apart from the heightening of the existing buildings, the project consists in building a new house perpendicular to the previous ones, along the montée du Garillan. On the western part, the superior terrace is set up to enable the creation of a small pleasure garden. After this building program, the architectural evolution of the district stops, and its forms and plan remain unchanged today.

12The 18th and 19th century don’t add any radical change to the building. The Enlightenment is relatively stable. During the 19th century, the buildings change in status and rentals become more usual. The many owners, then renters, who have lived in the buildings have left very few traces, which is probably also due to the restoration works done on the building at the beginning of the 20th century, when it was turned into a museum.

RIASSUNTO

13Storico museo della città di Lione, il museo Gadagne ospita anche il museo internazionale del burattino. Esso è collocato dentro ad un edificio emblematico del Rinascimento, nel centro della città vecchia di Lione. Il museo era stato aperto nel 1921 e la sua ultima rinnovazione risaliva agli anni 1960. Tuttavia per fare entrare questo luogo nella modernità, era urgente ripensarne la museografia e restaurare i suoi palazzi. Questo è stato un cantiere tecnicamente e architetturalmente complesso : la rinnovazione del Museo Gadagne, opera patrimoniale per eccellenza, è stata una vera e propria avventura. Questo libro raccoglie la presentazione del lavoro di capomastro, quella della filosofia del progetto di restauro e del programma museografico, e si dedica ai risultati della ricerca archeologica e storica che ricopre quasi due millenni.

14Lo studio degli antichi vestigi conservati nelle viscere del cortile d’onore del museo ha permesso di raccogliere informazioni preziose in riguardo all’urbanizzazione di questo settore della città e della sua evoluzione. Innanzitutto, la presenza di strutture risalenti alla metà del I secolo a. C. indica un’occupazione abbastanza importante del settore anche prima della creazione della Colonia attuata da Plancus. Questi vestigi precoloniali potrebbero indicare uno stabilirsi precoce di artigiani sulla striscia di terra situata tra collina e fiume, come è stato il caso sulla riva sinistra della Saône nel Quartiere di Saint-Vincent. Fin dall’epoca di Tiberio, la costruzione di un deposito porta informazioni sulla probabile vocazione commerciale del quartiere. La rinnovazione del palazzo nel III secolo corrisponde all’evoluzione della città e il suo ingrandimento potrebbe essere legato ad un aumento degli scambi commerciali e allo sviluppo dei porti sul fiume Saône. L’edificio, poi trasformato in abitazione, ha segnato l’urbanistica del settore in modo forte e brutale. Abbandonato all’inizio del V secolo, esso serve d’immondezzaio prima d’essere improvvisamente seppellito sotto ad un terrapieno dopo uno scivolamento di terreno. Questa catastrofe ha provocato la sparizione della strada riconosciuta sotto il nome di via Gadagne, contribuendo cosi alla diserzione del sito per alcuni secoli.

15Dopo l’Antichità, l’isoletta ha attraversato un lungo periodo senza occupazione importante ; solo qualche indizio puntuale di frequentazione è stato riconosciuto. Mentre l’urbanistica si era sviluppata naturalmente lungo la Saône, bisogna aspettare il XIV secolo per che essa guadagni la collina di Fourvière. Le case stabilite lungo la Via Saint-Jean si espandono poco a poco sui fianchi della collina. È a quest’epoca che la casa della Boysette s’insedia sull’appezzamento di Gadagne. La qualità dell’abitazione emerge dagli artefatti scoperti, crociere scolpite o schegge di vetrate, e dalla messa a giorno di un’ampia ghiacciaia che colloca questa casa fra quelle di prestigio. Insieme alla costruzione, i fianchi della collina sono poco a poco sistemati a terrazzi sui quali sono eretti fienili e casette destinati alle attività domestiche di queste abitazioni di prestigio. Nel corso del XV secolo, le dipendenze sono progressivamente trasformate in case d’abitazione. Questo periodo si termina con la distruzione della casa della Boyssette, dopo che la ricca famiglia italiana dei Pierrevive abbia acquistato il terreno per avviarvi un nuovo progetto ; i proprietari intraprendono un cantiere che durerà 50 anni.

16All’inizio del XVI secolo, il progetto di costruzione dei Pierrevive è ambizioso poiché investe l’insieme dell’isoletta, dalla Via Gadagne fino alla salita Saint-Barthélémy. Nella parte bassa, le vecchie dipendenze sono ingrandite e alcuni nuovi palazzi fiancheggiano la Via Gadagne. Questi palazzi si organizzano intorno ad un grande cortile rettangolare che facilita la circolazione tra i diversi edifici. Parallelamente i Pierrevive fanno costruire la casa di Belregard, una palazzina in cima al loro terreno, lungo la salita Saint-Barthélémy. Si percepisce a questo punto la complessità dell’impresa dei Pierrevive : da un lato un edificio prestigioso uguale ai palazzi rinascimentali e dall’altro degli edifici più modesti e funzionali, probabilmente legati alle attività commerciali e bancarie. Cosi, è proprio stata la famiglia Pierrevive a segnare in modo indelebile l’evoluzione dell’isoletta. Niente può permettere di attribuire la paternità di quegli edifici alla famiglia Gadagne ; solo il ricordo del loro importante nome rimane legato alla dimora.

17Dalla metà del XVI secolo, l’isoletta è divisa in due appezzamenti distinti che si evolvono in modo diverso nel corso del XVII secolo. La parte Nord non subisce nessuna modificazione architettonica ma i palazzi della parte Sud sono in gran parte ammodernati. Queste trasformazioni sono collegate a due atti notevoli : il prolungamento della via Gadagne fino alla piazza del Petit Collège e l’acquisto da André Falconnet di questo appezzamento dove desidera ergere una dimora degna del suo rango sociale. Oltre la soprelevazione dei palazzi presenti, il progetto consiste nell’erigere lungo la salita del Garillan un nuovo corpo d’edificio ortogonale ai precedenti. Ad Ovest, la sistemazione del terrazzo superiore autorizza il componimento di un piccolo giardino di gradimento. L’evoluzione architettonica dell’isoletta si ferma con la realizzazione di questo programma. Le forme e la pianta sono rimaste immutate fino ad oggi.

18I secoli XVIII e XIX non portano nessuna trasformazione radicale all’edificio. Il secolo dell’illuminismo è segnato da una relativa stabilità. Nel corso del XIX secolo, i palazzi cambiano di statuto, gli affitti si moltiplicano. I numerosi proprietari e poi inquilini che si susseguono hanno solo lasciato qualche impronta fugace : a questo stato di fatto hanno partecipato i restauri attuati sull’edificio all’inizio del XIX secolo nell’occasione della trasformazione in museo.

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