III. Éléments conclusifs
p. 57-60
Texte intégral
1Les nouvelles conditions d’éligibilité établies par l’ANRT en 2006 ont permis d’ouvrir des terrains d’étude et de définir de nouvelles problématiques de recherche contribuant à une meilleure intégration des SHS dans de nombreuses sphères d’activité de la société. Dans une communication sur « La recherche partenariale en SHS », l’ANRT souligne la diversité des demandes qui lui sont faites1 : « les SHS peuvent être sollicitées pour faciliter l’adoption d’innovations, souvent technologiques » ; « certaines organisations y voient aussi l’opportunité de renforcer leur respectabilité citoyenne, par une forme d’engagement sociétal » ; d’autres encore s’engagent dans une dynamique exploratoire pour « mieux comprendre des réalités évolutives afin de dessiner de nouvelles pistes stratégiques, et/ou de développer la sensibilisation et la formation en interne » ; d’autres enfin cherchent à « se positionner sur des marchés émergents (nouveaux usages liés à l’intelligence artificielle par exemple), ou à affronter des défis de passage à l’échelle, en déployant des méthodes innovantes dans les processus industriels ».
2Restées à la marge du dispositif pendant près de trente ans, les SHS représentent aujourd’hui plus de 20% des thèses Cifre financées annuellement. Si plusieurs aspects de la convention industrielle de formation par la recherche les en éloignaient a priori, à la fois la « difficulté d’allier l’accompagnement du changement organisationnel et son analyse critique » (Hellec, 2014), mais aussi le risque, toujours en creux, d’instrumentalisation de la recherche, l’examen des données disponibles et les premiers retours d’expérience tendent à montrer que l’équilibre entre exigences scientifiques et attentes professionnelles est le plus souvent réalisé.
3Aussi, alors que seuls l’économie, le droit, la gestion, les finances et les ressources humaines étaient mobilisés dans le cadre des Cifre avant les années 2000, toutes les disciplines de sciences humaines et sociales ont dorénavant pu expérimenter le dispositif. Les recherches a priori plus facilement applicables et appropriables par la structure d’accueil restent malgré tout la norme. Un tel constat ne doit pas occulter l’intérêt qu’ont pu avoir des recherches plus fondamentales (en lettres, philosophie, archéologie notamment) pour améliorer la compréhension du contexte d’action des organismes partenaires. Ces constats invitent à encourager le développement d’un système de suivi du dispositif Cifre qui reposerait sur une base de données aux référentiels consolidés, articulés au fichier national des thèses et aux fonctionnalités dynamiques.
4Dans la mesure où la loi de programmation de la recherche 2021-2030 prévoit d’augmenter de 50% le nombre de conventions Cifre délivrées d’ici 2027, le travail de mise en visibilité que l’ANRT entend poursuivre au cours des années à venir se révèle essentiel pour que tous les doctorants aient connaissance de cette modalité de financement qui reste encore aujourd’hui méconnue de certains établissements. Libre ensuite aux doctorants et à leur directeur ou directrice de thèse d’en faire l’usage qu’ils souhaiteront. Certains peut-être ne verront aucune utilité à signer une convention industrielle de formation par la recherche ; d’autres s’y intéresseront pour des raisons financières ; d’autres encore y reconnaîtront un véritable intérêt scientifique.
5Comme l’a montré l’étude, le rôle des laboratoires de recherche et des écoles doctorales est fondamental. Certains établissements ont déjà bien intégré le dispositif Cifre dans leurs politiques doctorales ; ils pourraient être une source d’inspiration pour les autres.
6S’il est évident que les thèses Cifre en sciences humaines et sociales ont pris leur essor au moment où les structures associatives et publiques devenaient éligibles au dispositif, elles restent aussi méconnues de certaines de ces organisations, ce qui suppose la mise en œuvre d’actions de communication ciblées et récurrentes.
7Il conviendrait également d’approfondir la réflexion sur l’intérêt que présentent ces nouveaux partenariats pour les SHS elles-mêmes et pour les structures concernées, en la partageant le plus largement possible. Les thèses Cifre en SHS soulèvent des problématiques de recherche qui peuvent se révéler particulièrement fécondes pour tous les partenaires impliqués, et servir de référence aux démarches collaboratives et participatives exigées par les défis auxquels font face les sociétés contemporaines.
Notes de bas de page
1 Brochure de l’ANRT sur « La recherche partenariale en sciences humaines et sociales : l’exemple des Cifre ».
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