II. Ce que disent les données disponibles
p. 31-33
Texte intégral
1Dans le cadre d’un partenariat avec l’alliance Athéna, l’ANRT a confié à celle-ci, en mai 2020, la base de données des thèses Cifre financées depuis 2007 en sciences humaines et sociales pour que soient apportés des éléments de contextualisation et de caractérisation de cette forme singulière de recherche. L’étude a concerné la période 2013-2020, pour laquelle les données étaient les plus fiables. Au total, 2 321 thèses ont été passées au crible. Pour chacune d’entre elles (à l’exception de quelques erreurs de recensement), la base était particulièrement riche et précisait : la date de début et de fin de la convention, le diplôme détenu par le doctorant et l’établissement de délivrance du diplôme, le numéro et le label du laboratoire ainsi que sa tutelle hébergeante, le numéro Siret et la raison sociale de l’organisme partenaire, le sujet et la discipline de la thèse. D’autres données ont pu être ajoutées à la base d’origine afin d’informer le statut juridique et le domaine d’activités des structures d’accueil, et également de décrire avec plus de précision les trajectoires des doctorants Cifre en SHS.
2Dans cette deuxième partie, les principaux résultats de l’analyse de la base de données des thèses Cifre financées en sciences humaines et sociales entre 2013-2020 sont exposés selon trois angles successifs. Le premier angle s’intéresse à l’évolution de la place des SHS dans le dispositif, de 1981 à nos jours ; le second envisage le rôle des Cifre dans le financement du doctorat en sciences humaines et sociales ; le dernier propose quelques éléments d’évaluation du positionnement des thèses Cifre en SHS dans l’action économique, publique et sociétale.
PRÉCAUTIONS MÉTHODOLOGIQUES
La base de données de l’ANRT des thèses Cifre financées en SHS entre 2013 et 2020 est un précieux matériau de recherche. Mais comme tout ensemble de données brutes, la base comporte certains biais et lacunes que nous avons pu, au moins pour certains, identifier :
- La confusion entre sciences de l’information et de la communication (SIC) et sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC). Rappelons que dans le domaine des SHS, « les sciences de l’information et de la communication s’intéressent aux rapports et pratiques de l’homme et de la société avec l’information et aux processus de communication mis en œuvre dans ces échanges »a. Les sciences et technologies de l’information et de la communication, elles, regroupent les secteurs des télécommunications, du logiciel, du multimédia et de la micro-électroniqueb. Une fois ces définitions posées, certaines thèses présentes dans la base ont dû être requalifiées.
Exemples de sujets de thèses « STIC » attribuées aux SIC/SHS
• Conception et qualification d’un nez optique
• Analyse multivariée en vue du diagnostic adaptatif et de la localisation des défauts sur les équipements de production en micro-électronique
• Extensible Database Engine for Bioinformatics and Proteomics
• Caractérisation et modélisation des matériaux à changement de phase pour les applications avancées de mémoires embarquées
- D’autres intitulés de thèse pouvaient également prêter à confusion. Entre neurosciences, physiologie, la différence est parfois ténue ; de même entre la géographie et la géologie ; sans parler des « pluridisciplines » comme les sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS). Pour consolider le codage disciplinaire de la base, nous avons croisé ces données avec celles du site de recensement national des thèses. La nomenclature disciplinaire de thèses.fr est loin d’être parfaite, mais elle a l’avantage de reposer sur le déclaratif des doctorants au moment de s’affilier à un champ disciplinaire.
Par ailleurs, en allant sur le terrain pour interroger des doctorants Cifre en sciences humaines et sociales, nous nous sommes aperçus que certaines informations contenues dans la base étaient contradictoires avec ce que nous disaient les principaux intéressés. Par exemple, un doctorant racontait n’avoir fait qu’un master recherche alors que sur la base, était indiqué qu’il en avait fait deux ; un cas loin d’être unique par ailleurs… Nous avons été également surpris de constater que certains doctorants Cifre n’avaient jamais franchi les portes du laboratoire. Est-ce que la thèse a été abandonnée alors même que la convention avait été signée ? Est-ce un problème de recensement des doctorants, dans un domaine scientifique où ceux-ci n’ont parfois que très peu de contact avec leur laboratoire ?
Comme certaines thèses annoncées sur la base de données de l’ANRT et confirmées sur le terrain ne sont pas recensées sur le site theses.fr, il est actuellement difficile de consolider toutes les données de la base. Néanmoins, les analyses qui suivent offrent un premier panorama des thèses Cifre financées en sciences humaines et sociales depuis une quinzaine d’années. La méthode suivie a permis de combler certaines lacunes de la base de données et de produire des analyses que nous considérons suffisamment fiables et solides.
a. Ibid.
b. Cour des comptes, « La recherche en faveur des sciences et technologies de l’information et de la communication » (p.161).
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