50 ans d’archéologie française au Soudan
|La mission archéologique française de Sedeinga
De la reine Tiyi aux dames de Nubie
Texte intégral
1La mission française de Sedeinga figure parmi les plus anciens chantiers archéologiques en activité au Soudan, puisque les fouilles y ont commencé il y plus de cinquante ans, en 1963. Trente-neuf campagnes y ont été menées depuis lors, dont trente-quatre sur la nécropole napato-méroïtique et récemment cinq sur le temple égyptien de la reine Tiyi. Bien qu’elle n’ait appartenu aux fouilles programmées de la Sfdas qu’épisodiquement, lors de la vacance de la mission néolithique de Kadrouka de 2009 à 2013, elle a continué par la suite à bénéficier d’un soutien logistique régulier de notre institut archéologique à Khartoum, qui vient de fêter son cinquantenaire. À cette occasion, je voudrais remercier les directeurs de la Sfdas qui m’ont précédé ou succédé, MM. †Jacques Reinold, †Francis Geus, Vincent Rondot, Vincent Francigny et Marc Maillot pour l’aide précieuse qu’ils ont apportée à la mission de Sedeinga.
2Sedeinga n’a certes été qu’une petite fondation égyptienne sous la xviiie dynastie et, plus tard, une capitale régionale du royaume koushite, mais ses vestiges occupent une place de premier plan dans l’histoire ancienne de la vallée du Nil. Les reliefs du temple égyptien de la reine Tiyi, si érodés soient-ils, apportent avec ceux de Soleb un éclairage de grand intérêt sur les prémices d’une nouvelle théologie royale. Elle aboutira lors du règne suivant à la révolution religieuse d’Akhénaton. Quant à la nécropole de l’époque napato-méroïtique, elle constitue le lieu d’inhumation le plus riche d’enseignements sur cette période, depuis que le barrage d’Assouan, en 1964, a ennoyé les cimetières de Karanóg et de Faras. Malgré les pillages répétés dont elle a été la victime, elle recèle encore un extraordinaire mobilier funéraire — stèles et tables d’offrandes inscrites, éléments de chapelles décorés, statues-ba, couronnements de pyramides, céramiques peintes ou estampées, vaisselles d’apparat et bijoux d’importation —, qui n’a pas d’équivalent ailleurs au Soudan. Elle présente également des structures architecturales bien conservées et inédites qui posent de nombreuses questions mais apportent aussi des données nouvelles sur les croyances funéraires des habitants de la Nubie antique.
Historique des fouilles de Sedeinga
3Sedeinga est située en Nubie soudanaise, à 200 km au sud de la frontière égyptienne et 700 km au nord de Khartoum, entre les villages de Qubbat Selim au nord et de Nilwa au sud. Le site archéologique (fig. 1) est coupé par deux pistes parallèles au Nil, la piste haute étant celle par où transitaient jusque récemment les caravanes de dromadaires. Entre ces pistes s’étend l’immense nécropole napato-méroïtique, sur près de 25 ha. Elle est traversée d’ouest en est par deux oueds asséchés perpendiculaires au Nil, qui isolent trois zones, dénommées du nord au sud secteurs i, ii et iii. À l’ouest du secteur i, de l’autre côté de la piste haute, s’élève une petite butte, dite « secteur ouest », qui a accueilli les sépultures des princes locaux à l’époque méroïtique. À l’opposé, vers le Nil, de l’autre côté de la piste basse, s’élèvent les ruines du temple de la reine Tiyi.
4À 14 km au sud se trouve le temple de Soleb, bâti sous Amenhotep III, l’époux de Tiyi. Les deux monuments avaient été décrits par les voyageurs occidentaux depuis Frédéric Cailliaud et étudiés en détail par l’égyptologue C.R. Lepsius dans ses Denkmäler aus Ägypten und Äthiopien. Mais, jusqu’en 1957, ils étaient restés vierges de toute opération archéologique. Cette année-là, une jeune Italienne issue d’une riche famille pisane, Michela Schiff-Giorgini, en obtint la concession de la part du service des Antiquités du Soudan (Ncam) nouvellement créé. Tombée amoureuse de la Nubie lors d’un séjour thérapeutique en Égypte, elle consacra une partie de sa fortune et vingt ans de sa vie à documenter, fouiller et restaurer le temple de Soleb. Elle s’entoura de spécialistes français, l’archéologue Clément Robichon et l’égyptologue Jean Leclant. Lorsque les deux premiers volumes de la publication de Soleb furent achevés, en 1963, l’équipe divisa son travail entre Soleb et Sedeinga.
5Le temple de Tiyi, qui n’était plus qu’un amas de ruines surmonté d’une unique colonne encore debout (fig. 2), fit l’objet de quelques relevés et d’une consolidation du chapiteau. L’intérêt se porta plutôt sur les vestiges de la nécropole méroïtique, dont des éléments de grès affleuraient çà et là. Les premières missions, en 1963-1965 et en 1970, se concentrèrent sur le secteur ouest, où furent exhumées douze pyramides ayant appartenu aux princes de la cité. Malgré les pillages répétés, un très beau matériel fut découvert. Réparti aujourd’hui entre le musée de l’université de Pise et le musée national du Soudan, il comprenait notamment de très belles verreries alexandrines, des bagues-cachets et des inscriptions méroïtiques. En 1976, les travaux de Soleb étant terminés, Mme Schiff-Giorgini accepta que les fouilles de Sedeinga fussent reprises par Jean Leclant au sein d’une mission française. Elle-même s’éteignit prématurément en 1977. En 1979- 1980, le travail archéologique reprit et une maison de fouilles fut construite. Les travaux se concentrèrent sur le secteur i. En 1991, l’architecte et égyptologue Audran Labrousse reprit officiellement la direction de la mission, à laquelle il participait depuis longtemps. Les fouilles se déplacèrent sur le secteur ii, la partie centrale de la nécropole, où de nouvelles pyramides furent dégagées. En 1994, Catherine Berger-El Naggar remplaça Audran Labrousse à la tête de la mission. Elle continua les travaux sur le secteur ii de la nécropole jusqu’au début des années 2000, puis sur le secteur ouest et, en parallèle, diligenta deux sondages aux abords du temple.
- 1 Les autres membres de la mission sur la nécropole étaient Agathe Chen (anthropologue, Hades), Vinc (...)
6En 2009, en tandem avec Vincent Francigny1, nous reprîmes la fouille à la demande de M. Leclant et Mme Berger-El Naggar. Les travaux continuèrent sur la partie ouest du secteur ii où avaient été mis au jour une vingtaine de monuments. De 2009 à 2019, plus de soixante-dix pyramides et deux cents tombes associées furent dégagées, puis fouillées. En 2017 fut ouvert en parallèle un second chantier sur le secteur ii, à l’est de la zone explorée par Audran Labrousse, avec l’espoir de découvrir les tombes les plus anciennes de la nécropole. Trois programmes quadriennaux ont été jusqu’à présent menés avec le soutien de la Commission des Fouilles du ministère des Affaires étrangères sur les thèmes suivants : (1) Chronologie générale de la nécropole de Sedeinga ; (2) Transition entre le napatéen et le méroïtique ; (3) Recherche des origines de la nécropole.
- 2 La mission sur le temple comprenait également Claire Somaglino (épigraphiste, Paris IV), Nadia Lic (...)
7Comme la plupart des missions locales ou étrangères opérant au Soudan, Sedeinga a bénéficié d’un mécénat du Qatar-Sudan Archaeological Project (Qsap), une organisation réunissant l’autorité des musées du Qatar et l’archéologie soudanaise autour de la mise en valeur du patrimoine soudanais. Le projet a été mis en œuvre de 2015 à 2019 avec la coopération de l’Umr 8167 du Cnrs « Orient et Méditerranée », composante « Mondes pharaoniques », dirigée par Pierre Tallet2. Il a ainsi été possible de réaliser le démontage de la ruine du temple de Tiyi, une opération difficile et coûteuse qui n’avait pu être menée, faute de moyens, de logistique adéquate et de spécialistes, depuis les débuts de la mission, il y a cinquante ans (fig. 3). La fouille du temple, effectuée sous la direction de Nadia Licitra en 2016 et 2017, a permis de préciser l’architecture du monument, mais n’a malheureusement pas mis au jour de matériel important, qui avait disparu depuis longtemps. En revanche, tous les blocs décorés ou épigraphiés, après la restauration des plus abîmés, ont pu être extraits et installés en une exposition de plein air sur des banquettes maçonnées. La plupart d’entre eux étaient invisibles jusqu’ici (fig. 4). L’ensemble du site de Sedeinga a été pourvu de cinq panneaux explicatifs en anglais et en arabe à l’intention des visiteurs. Enfin, deux prospections géomagnétiques ont été réalisées en 2018-2019 par l’équipe polonaise de Tomasz Herbich sur 20 ha au nord, au sud et à l’est du temple, dans le but de repérer les vestiges de la cité, qui n’ont jamais été localisés. Malheureusement, cette opération n’a pas permis de les découvrir, si bien que nous en sommes réduits à des hypothèses improbables, comme une destruction complète des bâtiments ou la submersion des vestiges suite à une avancée vers l’ouest du cours du Nil, voire la présence de la ville sur l’autre rive.
Sedeinga, considérations géographiques et économiques
- 3 Les textes napatéens les désignent sous le nom de Mḫ. Transcrit plus tard Mho en méroïtique et pro (...)
- 4 Rem 1333, lignes 22-24, voir Carrier 2001, p. 25 et 31. Le nom méroïtique de Sedeinga (Atiye), sui (...)
8Sedeinga appartenait originellement à la série des « menenou » de Moyenne Nubie, des établissements égyptiens fortifiés bâtis autour d’un complexe religieux après la conquête de Koush : Amara Est, Saï, Soleb, Sésébi, Kerma-Doukki Gel, Napata. En Moyenne Nubie, les cités pharaoniques de la rive droite ont été désertées à l’époque méroïtique au profit des agglomérations situées sur la rive droite du fleuve, Amara Ouest, Kedurma, Kerma-Doukki Gel, Kawa, ou sur les îles, comme Saï et Tabo. Seule Sedeinga est restée habitée sur la rive occidentale. Il est difficile de ne pas y voir une conséquence de la pression croissante des tribus qui nomadisaient à l’ouest du Soudan et notamment ceux qu’en leur langue les Méroïtes appelaient « Noubas » (Nob), un terme péjoratif signifiant « esclaves » (Rilly 2008, p. 215-219). Cette ethnie apparaît dans les chroniques napatéennes3. Ce sont alors des peuples lointains, situés probablement au Darfour et au nord du Kordofan, qui constituent pour les rois koushites des réservoirs d’esclaves et de bétail à razzier au terme d’expéditions à longue distance. Au début de l’époque méroïtique, ils sont mieux organisés et se sont rapprochés du Nil : ils sont décrits par le géographe grec Ératosthène comme un « grand peuple », divisé en plusieurs royaumes. À partir du iiie siècle de notre ère, de fréquents combats sont cités dans les textes méroïtiques. Vers 270, le vice-roi de Basse-Nubie Abratoyé est contraint d’intervenir bien loin de son fief, à l’ouest de Sedeinga, pour les repousser, ainsi qu’il est relaté dans sa stèle funéraire4. L’absence de vestiges du méroïtique final et du post-méroïtique sur le site laisse d’ailleurs supposer que la contre-offensive du vice-roi n’empêcha pas, quelques années plus tard, la destruction de la cité. Une simple bourgade est connue plus tard à Nilwa, où est construite aux vie-viie siècles une église de dimensions modestes, puisqu’à l’époque chrétienne Sedeinga a perdu son statut de capitale régionale au profit de l’évêché de Saï.

4. Relief du temple de Sedeinga : le dieu Atoum tend le signe de vie à Amenhotep III
(Sedau/Cl. Rilly).
- 5 Voir Shaw 1929, Ducène 2007, Iverné 2007, Riemer et Förster 2013, p. 52-53.
- 6 Ducène 2007, p. 250.
9Cette localisation au débouché des pistes de l’ouest du Soudan sur le Nil, qui a causé sans doute la perte de Sedeinga, est aussi ce qui a fait sa richesse. L’endroit est en effet une des branches de la « Piste des quarante jours » (Darb al-arba‘īn) qu’empruntaient jusqu’à ces dernières années les caravanes qui circulaient entre l’ouest du Soudan et l’Égypte5. Cette route du désert, longue de 1800 km, qui reliait Kobbé, près d’el-Fasher, capitale du Darfour, à Assiout, en Égypte, permettait d’acheminer, notamment durant la domination ottomane, les produits des régions sahéliennes jusqu’au Nil. Benoît de Maillet, consul de France en Égypte sous le règne de Louis XIV, en donne une liste non exhaustive : poudre d’or, défenses d’éléphants, ébène, civette, gomme arabique, plumes d’autruche, mais surtout des milliers d’esclaves enlevés au Darfour par des tribus arabisées.6 La plupart de ces marchandises, essentiellement constituées de matières premières qui étaient ensuite manufacturées en Égypte, sont les mêmes que celles que les anciens Égyptiens importaient du Soudan depuis l’Ancien Empire (Rilly 2017, p. 72-73).
10À l’époque moderne, cette piste est toujours parcourue par des caravanes de dromadaires venus du Darfour, qui sont désormais destinés aux boucheries du Caire. Jusqu’en 2018, il n’était pas rare de voir des troupeaux de plusieurs centaines de têtes traverser le site de la nécropole de Sedeinga, mais ils sont désormais chargés sur des camions depuis la halte vétérinaire de Dongola et gagnent l’Égypte la route asphaltée récemment tracée et achevée sur la rive gauche. Le tracé principal de la Piste des quarante jours ne rejoignait le Nil qu’à son point d’arrivée à Assiout et les caravanes souvent se contentaient de l’eau médiocre des oasis de Laqiya Arba‘in et Sélima, mais il arrivait assez souvent qu’elles fassent un détour jusqu’aux rives du fleuve pour mieux abreuver et reposer les bêtes (Shaw 1929, p. 67). Le Nil était alors atteint aux deux endroits les plus proches de la piste, à savoir la 3e cataracte ou la boucle où se trouvent Soleb et Sedeinga.
11Bien que les premières mentions connues de la Piste des quarante jours ne remontent qu’au xe siècle de notre ère, il est vraisemblable qu’elle existait déjà à l’époque napato-méroïtique, puisque le climat dans la région était le même qu’aujourd’hui et que, bien sûr, la position des montagnes et des oueds n’a pas changé en deux mille cinq cents ans, une bien petite tranche de temps à l’échelle géologique. Les caravanes étaient alors constituées d’ânes et non de dromadaires, qui ne seront utilisés systématiquement qu’à la fin de l’Antiquité. Toutefois, la moindre résistance à la soif de ces équidés obligeait à se rapprocher du Nil avant la traversée du désert Libyque. L’escale dans la boucle de Sedeinga, qui était, nous l’avons vu, facultative à l’époque ottomane, était alors une nécessité.
- 7 Pour la céramique importée, notamment des amphores de région méditerranéenne (Alexandrie, Bétique, (...)
12Les produits bruts importés du Sahel n’ont évidemment pas laissé de traces certaines en Nubie, car on ne peut deviner la provenance des matériaux à partir desquels ont été réalisés les rares bijoux en or, objets en ébène ou en ivoire qui ont échappé aux pillages et ont été découverts dans les fouilles de la nécropole de Sedeinga. En revanche, de nombreux objets manufacturés venus des ateliers alexandrins et d’autres régions méditerranéennes y ont été retrouvés7. On connaît notamment les verreries magnifiques exhumées dans les tombes princières du cimetière Ouest, au début des fouilles sur le site (Leclant 1975), mais depuis lors sont venues s’ajouter d’autres importations comme un collier de perles millefiori de toute beauté (fig. 5). Ce somptueux bijou a pourtant été retrouvé en place au cou d’un petit enfant curieusement inhumé dans la grande carrière de sable qui coupe en deux la zone excavée, ce qui l’a protégé des pilleurs.
13Selon toute vraisemblance, c’est au commerce transfrontalier que les élites de Sedeinga ont dû leur richesse. La région n’offre en effet aucun potentiel agricole, le ruban de terre arable étant réduit à quelques centaines de mètres sur chaque rive, à la différence des larges étendues fertiles autour de Kerma et de Dongola. Comme tout le nord du Soudan, le désert autour de Sedeinga est riche en or, notamment à l’ouest du village moderne de Hamid, face à l’île de Saï. Mais l’exploitation de ces gisements locaux n’est devenue rentable que grâce à l’outillage moderne et il ne semble pas qu’elle ait existé de manière intensive dans l’Antiquité, où l’essentiel de l’or venait des mines situées dans le désert Arabique, à l’est de la Basse-Nubie.
- 8 On rappelle que les royaumes soudanais n’utiliseront la monnaie qu’à partir de la conquête musulma (...)
- 9 Rem 0292 (Karanog) : arebetke : Simlo-te-l-o-wi « il était contrôleur des taxes à Karanog » ; Rem (...)
- 10 Ph. 417, proscynème de Tami, cf. Fhn III, p. 1011-1016 : « J’ai passé dix ans comme arebetanke, à (...)
- 11 Le prince de Sedeinga Natemakhora, à la fin du iie siècle de notre ère, est aribet Atiye-te-l « di (...)
- 12 Voir Rem 1281 (époux de la défunte), textes de Sedeinga II T 286 d1 et II T 302 d1, ainsi que Rem (...)
14Il faut donc supposer que ce sont les transactions avec les caravanes et les taxes prélevées en nature8 sur les marchandises qui ont enrichi les habitants de Sedeinga. L’une des fonctions administratives les plus fréquemment citées dans les textes funéraires de la nécropole est celle d’aribet. Une variante de ce mot, arebetke, connue par deux inscriptions de Basse-Nubie9, est transcrite ȝrbtng‘y dans un graffito démotique du temple d’Isis à Philae et décrite comme le travail d’un contrôleur des dîmes et revenus en nature perçus par le clergé de la déesse10. La fonction d’aribet est attestée en relation avec des unités territoriales, villes (Sedeinga) ou nomes (Tawete). Elle figure en position intermédiaire dans le cursus honorum des plus hauts dignitaires de Basse et Moyenne Nubie11 et elle est fréquemment attestée comme fonction des membres importants de la famille cités dans les mentions généalogiques des défunts12. Une traduction « directeur des taxes » semble plus adaptée au statut de ces deux notables, tandis que le dérivé arebetke désignerait un « contrôleur des taxes », à un échelon inférieur dans la comptabilité administrative.
Le temple de la reine Tiyi
15Le site de Sedeinga fut occupé sporadiquement entre la fin du néolithique et le Nouvel Empire. Un cimetière d’élite datant de la fin du néolithique, vers 3900 av. J.-C., a été retrouvé lors des premières fouilles du secteur ouest sous la pyramide Wt1, dont la base enclot délibérément l’ensemble des tombes. Un peu plus tard, encore plus à l’ouest, des fosses-silos ont été creusées pour accueillir des greniers pré-Kerma. De la poterie d’importation égyptienne Nagada III et des analyses 14C sur des coquilles d’autruche ont permis de dater cette installation autour de 3100. Aucun vestige significatif de la période Kerma n’a été retrouvé jusqu’ici. Il semble donc que le premier établissement historique ait été fondé par les Égyptiens.
16C’est sous le règne de Thoutmosis III, vers 1470, que la colonisation égyptienne s’organise durablement en Nubie. Dans la région de Sedeinga, un petit temple fut alors creusé dans le roc au-dessus de la passe du Gébel Dosha qui surplombe le Nil. Ce lieu, riche en grès blanc et rose, fut choisi comme carrière cent ans plus tard, et deux temples équidistants furent bâtis par Amenhotep III, l’un, Soleb, à 7 km au sud, l’autre, Sedeinga, à 7 km au nord. Le temple de Soleb, le plus vaste sanctuaire égyptien édifié sur le sol du Soudan, accueillit le culte d’Amon et de Nebmaâtrê, la figure divinisée d’Amenhotep III. Par la suite, le monument fut en partie décoré à neuf pour commémorer le jubilé des trente années de règne du pharaon. Le temple de Sedeinga est la contrepartie féminine de Soleb. La grande épouse royale Tiyi y était assimilée à la déesse Hathor et lui prête ses traits sur les chapiteaux de la salle hypostyle qui constitue le cœur du monument. Bien que de taille modeste, avec une emprise au sol de 17,65 × 26,47 m, le bâtiment revêt une grande importance théologique, puisque il est le premier temple jamais édifié pour une reine divinisée de son vivant. Il ne sera imité que par Ramsès II, qui, un siècle plus tard, fera creuser, dans la falaise d’Abou Simbel, le temple de la reine Néfertari à côté du sien. Cette nouvelle image d’un couple royal — et non plus seulement d’un roi — ainsi divinisé préfigurait l’idéologie du règne suivant, où Akhenaton et Néfertiti seront représentés sur un pied d’égalité.
17Le temple de Sedeinga (fig. 6) comportait une salle hypostyle de plan rectangulaire, soutenue par huit colonnes hathoriques dont les abaques étaient gravés au nom de la reine Tiyi, entouré par les deux cartouches de son époux, Nebmaâtrê et Amenhotep. Le long de leurs fûts cannelés est inscrite la dédicace du temple, stipulant que le roi « a fait son monument pour la grande épouse royale, la noble, la grande de louanges, Tiyi ». Quatorze énormes architraves, du même module que celles de Soleb, soutenaient les dalles du plafond. Elles portaient les titres et les noms du roi en gigantesques hiéroglyphes. Lors de la campagne de martelage du nom d’Amon sous le règne d’Akhenaton, le cartouche d’Amenhotep fut maladroitement retaillé pour y inscrire une seconde fois le praenomen du roi, Nebmâtrê. La salle hypostyle était percée à l’ouest d’une large ouverture, qu’une inscription désignait comme « la grande porte de la grande épouse royale Tiyi, douée de vie ». Elle était surmontée d’un linteau monumental représentant d’un côté la course du roi devant le dieu Amon, de l’autre la reine figurée en sphinge. Deux statues de gabbro de la reine et probablement du roi, plus grandes que nature, se tenaient de part et d’autre de la baie. Seuls le socle et les jambes de la statue de Tiyi ont été retrouvés. La porte s’ouvrait sur un naos flanqué de deux chapelles, sans doute prolongé à l’ouest par trois magasins.
18Après l’épisode des martelages à l’époque amarnienne, les noms et la figure d’Amon furent restaurés à Soleb sous le règne de Toutânkhamon, comme l’indique une inscription gravée sur les fameux lions transportés au British Museum par Lord Prudhoe. À Sedeinga, en revanche, on a peu de traces de restauration. Soleb devint le siège du « délégué de Koush », représentant du vice-roi de Nubie dans le sud de la colonie égyptienne. Les deux temples restèrent en activité jusqu’à la fin de la xxe dynastie. Il semble qu’avec le retrait des Égyptiens qui suivit, les édifices ne furent plus guère entretenus. Sous le règne du roi koushite Piânkhy, vers 740, Soleb fut dépouillé de ses statues de bélier et de lions, transportées devant le temple d’Amon de Napata au Gébel Barkal. C’est quelques décennies plus tard que son fils, le roi Taharqo, fit bâtir une colonnade devant l’entrée du temple de Sedeinga, qui fut probablement restauré pour l’occasion. Toutefois, dans le siècle qui suivit, le monument s’écroula. Il avait été bâti sur une élévation naturelle de terre avec des fondations peu profondes et il aura suffi sans doute d’un léger séisme pour l’abattre, et non, comme on l’a suggéré, d’une inondation centennale dont nous n’avons pas retrouvé de traces.
La nécropole napato-méroïtique
- 13 Voir l’analyse de ces textes dans Rilly 2013.
19Même ruiné, le temple de Tiyi, réinterprété comme un sanctuaire d’Isis, garda une place centrale à l’époque napato-méroïtique. Une tombe royale du iie siècle av. J.-C., située à 1,5 km à l’ouest et orientée au degré près sur le monument de la reine égyptienne, a été découverte en 2012. Restée inachevée, elle laisse penser qu’une femme de la famille régnante avait envisagé d’installer sa sépulture sous la protection de la déesse. La ville de Sedeinga, nommée Atiye en méroïtique, déformation de l’égyptien ḥw.t Tjy « temple de Tiyi », devint le chef-lieu de la région, sans doute après la remise en activité du temple sous Taharqo. Elle constituait un nome à part entière du royaume de Koush. Vers la fin du iie siècle, la cité est administrée par un prince local appelé Natemakhora. Ses inscriptions funéraires13, mises au jour dans le secteur Ouest, le présentent comme chef de district (sleqene) de Sedeinga, stratège (pelmos), c’est-à-dire gouverneur de ce nome et de celui de Tawete, situé de l’autre côté du Nil. Il exerce aussi, comme nous l’avons vu précédemment (cf. n. 4, p. 37), la fonction de directeur des taxes (aribet), si importante dans cette étape caravanière. Tout cela faisait de lui l’homme le plus puissant sur le territoire compris entre la Basse-Nubie, administrée par le vice-roi (peseto), et la cité de Pnoubs, l’actuelle Kerma.
- 14 La substructure de la tombe II T 413 est datée de Cal. 781 -511 av. J.-C. (probabilité 95,4 %) à p (...)
20L’importance de la cité durant près d’un millénaire explique la taille et la richesse de sa nécropole située à l’ouest du temple. Sans doute a-t-elle été inaugurée sous le Nouvel Empire et a-t-elle accueilli les sépultures égyptiennes des desservants du culte de Tiyi, mais on n’en a pas trouvé trace jusqu’à présent. Les plus anciennes tombes que l’on ait pu dater sont situées à l’est du secteur ii et remontent au début de l’époque napatéenne, voire à la xxve dynastie14. Un série de petites fosses coiffées de tumuli de pierres, fouillées en 1998-1998 dans la partie sud-ouest de la nécropole, ont également livré du matériel napatéen ancien, mais aucune date précise n’a pu être avancée. Il en va de même des grandes structures du secteur i, qui ont été systématiquement pillées et réutilisées à l’époque méroïtique pour des enterrements collectifs. Elles correspondaient peut-être aux inhumations de l’élite égyptianisée, alors que les tumuli auraient accueilli de plus modestes occupants. Entre le ve siècle et la fin du ive siècle, deux grands ensembles funéraires sont construits dans la partie ouest du secteur ii, en bordure de la piste chamelière. Une centaine de pyramides de taille variée, de 0,8 à 5 m d’arête, y sont édifiées. Elles scellent des substructures souvent soignées. Les descenderies, dont les plus grandes sont équipées de marches, débouchent sur des caveaux régulièrement taillés dans le sédiment schisteux.
21Une caractéristique originale de ces pyramides est la proportion non négligeable de monuments incluant une coupole interne (fig. 7), le plus souvent reliée aux angles de la structure par des demi-croisillons. Les fouilles effectuées jusqu’à présent ont mis au jour huit pyramides de ce type, alors qu’une seule est connue en dehors de ce site, dans la nécropole princière de Méroé (Beg. W. 2). Ces coupoles, dans un cas (ii t 169) minuscule et ajoutée sans fondement sur la base du monument, n’ont pas de fonction architecturale. L’hypothèse qu’elle ait correspondu à une fusion entre le tumulus traditionnel et la pyramide d’importation égyptienne a été confirmée par la découverte en 2012 et 2013 de deux tumuli de briques (ii t 235 et 297) qui abritaient les sépultures inviolées de deux enfants napatéens. Le mélange assumé des deux traditions, égyptienne et soudanaise, est un des traits les plus remarquables de la civilisation koushite et se trouve parfaitement illustré ici.
- 15 Pour pwrite « force vitale », voir Rilly 2010, p. 136 et 363 ; Rilly 2017, p. 237. Le dérivé verba (...)
- 16 Voir Rilly et Francigny 2012, p. 68. On connaît autre autres « Grand-mère » (Abl), Grande Sœur (Kd (...)
22La persistance, jusqu’à des époques tardives, de traditions égyptiennes incorporées dans la culture méroïtique est aussi démontrée par la découverte récente d’une statue exceptionnelle. En 2016 avait été trouvée en surface de la tombe ii t 361 une stèle de grès très abîmée au nom d’un certain Pawarite-wada. En 2018, la substructure fut fouillée et une tête d’oiseau-ba bien conservée fut trouvée dans la descenderie. Enfin, en 2019, le corps de la statue fut retrouvé dans une petite tombe au sud (ii t 354), où il avait manifestement été jeté par les pilleurs après que la tête, sans doute par superstition, en eut été détachée. Une fois reconstitué, cette statue-ba de grande taille (70 cm de hauteur) montrait un homme jeune portant un tablier historié et, surtout, une peau de léopard ajustée sur les épaules (fig. 8). Cet habillement est caractéristique des prêtres-sem, chargés des cérémonies funéraires et notamment de l’ouverture de la bouche sur les momies, symboliquement effectuée en effleurant les lèvres du défunt du doigt puis de divers instruments. Le plus étonnant est le nom de cet officiant. Pawarite-wada (pwrite-wd) signifie « celui qui dispense la force vitale »15, ce qui est rien moins qu’une définition du rôle du prêtre-sem. Nous connaissons dans les textes méroïtiques plusieurs exemples de personnes qui ont changé de nom au cours de leur vie, notamment en raison de leur position familiale ou de leur fonction sociale. C’est ce nouveau nom, et non celui qu’on leur a donné à leur naissance, qui sera inscrit dans leur épitaphe16.
- 17 Voir Rilly et Francigny 2018, p. 66-67.
23Toutes les tombes napatéennes de Sedeinga, à l’exception de quelques sépultures d’immatures, ont été pillées peu de temps après les inhumations. La plupart d’entre elles ont été réutilisées à l’époque méroïtique. Dans cette partie ouest du secteur ii, beaucoup de ces enterrements secondaires sont ceux de l’élite de la cité aux iie et iiie siècles de notre ère, comme le prouve la découverte en ce lieu d’une trentaine de tables d’offrandes et surtout de stèles inscrites en cursive méroïtique. La réutilisation des anciennes tombes napatéennes par ces familles opulentes ne peut s’expliquer simplement par une attitude opportuniste, encore moins par souci d’économie, comme le montre la construction, à peine plus tôt, de grandes pyramides dans le secteur Ouest pour les nomarques méroïtiques de Sedeinga. En réaménageant et en réoccupant des sépultures napatéennes antérieures de six ou sept siècles, on cherche plutôt à créer un lien avec de lointains ancêtres, peut-être considérés comme des intercesseurs privilégiés avec les divinités de l’au-delà17.
24Sur les structures anciennes, on reconstruit des pyramides et des chapelles funéraires. Des stèles de grès inscrites, plus rarement des tables d’offrandes, y ont installées pour commémorer le défunt. Les textes funéraires, qui ont le plus souvent été produits pour les femmes de riches familles de notables, détaillent leurs liens familiaux avec l’élite, non seulement de Sedeinga mais aussi d’autres cités du royaume de Méroé. Une stèle retrouvée en ii t 410 en 2017 (fig. 9) décrit par exemple une défunte, appelée Maliwaras, comme fille d’un gouverneur, sœur de deux grands-prêtres dans le temple proche d’Amara et mère d’un gouverneur de la ville de Faras, chef-lieu de Basse-Nubie. Une autre stèle, retrouvée en très bon état avec ses pigments bien conservés dans la tombe ii t 355, appartenait à une dame de Sedeinga, nommée Ataqeloula (fig. 10). Fille d’un prêtre du temple de Pnoubs (Kerma), elle comptait dans sa lignée maternelle un prince de la famille royale, un prêtre d’Amon et des membres du clergé d’Isis et d’Horus. Ces inscriptions funéraires, qui constituent pour la compréhension du site des sources d’information irremplaçables et qu’aucune autre des nécropoles actuellement fouillées au Soudan n’a livré en aussi grand nombre, montrent qu’en dépit des distances les différentes provinces du royaume de Koush échangent et communiquent fréquemment, que ce soit pour des raisons politiques, religieuses ou matrimoniales.
25Bien que pillé pendant des millénaires, bien que fouillé depuis plus de cinquante ans, le site de Sedeinga continue à livrer à chaque campagne archéologique des informations capitales sur le royaume napato-méroïtique et à fournir un matériel funéraire inestimable. Il reste encore beaucoup à fouiller et on peut supposer que seule une moitié des vestiges a été mise au jour. Sur l’immense secteur iii par exemple, le plus au sud, une seule tombe, d’époque chrétienne, a été dégagée. Des fragments de tables d’offrandes en céramique, typiques de l’époque napatéenne, y affleurent, montrant que plusieurs époques doivent y être représentées. Cinquante nouvelles années ne seront pas de trop pour exploiter l’ensemble du site.
Bibliographie
Bibliographie
Cailliaud, Fr. 1826 — Voyage à Méroé, au Fleuve Blanc, au-delà de Fâzoql, dans le Midi du Royaume de Sennâr, à Syouah et dans cinq autres oasis fait dans les années 1819, 1820, 1821 et 1822, 3 vol., Paris.
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Lepsius, C.R. 1849-1859 — Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien, 12 vol., Berlin,
Riemer, H. et F. Förster 2013 — « Ancient desert roads : Towards establishing a new field of archaeological research », dans H. Riemer, H. et F. Förster (éds), Desert Road Archaeology in Ancient Egypt and Beyond., Cologne, p. 19-58.
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2013 — « Sur les traces de Jean Leclant à Sedeinga : les textes méroïtiques du prince Natemakhora », ArchéoNil 23, p. 91-110.
2017 — « Histoire du Soudan, des origines à la chute du sultanat Fun », dans O. Cabon (éd.), Histoire et Civilisations du Soudan, Paris, p. 25-445.
Rilly, C. et Francigny, V. 2011 — « The Late Meroitic Cemetery at Sedeinga. Campaign 2010 », Sudan & Nubia 15, p. 72-79
2012 — « Excavations of the French Archaeological Mission in Sedeinga, Campaign 2011 », Sudan & Nubia 16, p. 60-71.
2018 — « Closer to the Ancestors. Excavations of the French Mission in Sedeinga 2013 – 2017 », Sudan & Nubia 22, p. 65-74.
Shaw, W.B.K. 1929 — « Darb El Arba‘in. The Forty Days’Road ». Sudan Notes and Records 12, p. 63 – 71.
Notes
1 Les autres membres de la mission sur la nécropole étaient Agathe Chen (anthropologue, Hades), Vincent Colard (directeur des fouilles), Romain David (céramologue), Juliette Larroye (céramologue, 2015), Sandra Porez (dessinatrice), Simone Nannucci (archéologue), Marzia archéologue, doctorante à Paris-IV Sorbonne), Belsam Abdelhamid (2013), Ayman Eltaieb (2014) and Huyam Khalid (2015-2017) (inspecteurs de la Ncam). L’équipe des ouvriers était dirigée par notre rais Abdelrahman Fadl.
2 La mission sur le temple comprenait également Claire Somaglino (épigraphiste, Paris IV), Nadia Licitra (archéologue), Romain David (céramologue), Damien Laisney (topographe), Vincent Cabrol (tailleur de pierre), Jean-Pierre Peulvast (géomorphologue, Paris IV), Hassan Mohammed (restaurateur, Ifao), Jean-François Gout (photographe), Vincent Colard (topographe et logisticien), Giorgio Nogara (enregistrement du site au cadastre), Yassine Mohamed (enregistrement du site au cadastre, Ncam), Robert Ryndziewicz (spécialiste de magnétométrie), Karen Henderson et Antoine Langanay (étudiants en égyptologie à Paris IV-Sorbonne), Dany Joly (encadrement médical). Le service des Antiquités soudanais (Ncam) était représenté par l’inspecteur Ayman Eltaieb en 2015 et l’inspectrice Huyam Khalid en 2016-2018.
3 Les textes napatéens les désignent sous le nom de Mḫ. Transcrit plus tard Mho en méroïtique et prononcé/maxwu/ou/maŋwu/, ce terme est probablement une adaptation de l’auto-désignation des Nubiens, qui peut être reconstruite *magur ou *magi : cf. Rilly 2010, p. 1176- 1179.
4 Rem 1333, lignes 22-24, voir Carrier 2001, p. 25 et 31. Le nom méroïtique de Sedeinga (Atiye), suivi de teneke-le « l’ouest » y est associé avec la mention de chefs ennemis tués et de butin saisi.
5 Voir Shaw 1929, Ducène 2007, Iverné 2007, Riemer et Förster 2013, p. 52-53.
6 Ducène 2007, p. 250.
7 Pour la céramique importée, notamment des amphores de région méditerranéenne (Alexandrie, Bétique, Gaule, Grèce), voir David et Francigny 2018. Les auteurs, tout en insistant toutefois sur la faible quantité de céramiques importées, soit près de 3 % du matériel retrouvé, estiment (p. 262) que : « L’inventaire réalisé […] est tout de même révélateur de la capacité de l’élite de Sedeinga à se procurer des marchandises habituellement rencontrées dans les tombes royales et princières, ou dans les grands centres de Basse Nubie que sont Faras et Karanog. L’importance politique de Sedeinga permet en effet à ses notables d’accéder à des denrées rares, dont le contenu pourrait avoir voyagé sur plusieurs milliers de kilomètres. Le conditionnel est toutefois nécessaire car la question légitime du réemploi du mobilier amphorique dans un relai tel que l’Égypte demeure sans réponse définitive. »
8 On rappelle que les royaumes soudanais n’utiliseront la monnaie qu’à partir de la conquête musulmane.
9 Rem 0292 (Karanog) : arebetke : Simlo-te-l-o-wi « il était contrôleur des taxes à Karanog » ; Rem 1020 (El-Malki) : arbetke peseto-li-se-l-o-wi « il était contrôleur des taxes du vice-roi ».
10 Ph. 417, proscynème de Tami, cf. Fhn III, p. 1011-1016 : « J’ai passé dix ans comme arebetanke, à mesurer pour le temple d’Isis à l’aide du grand medja (récipient pour mesurer) et je n’ai pas triché sur la mesure. »
11 Le prince de Sedeinga Natemakhora, à la fin du iie siècle de notre ère, est aribet Atiye-te-l « directeur des taxes à Sedeinga » (Rem 1090 et 1091, cf. Rilly 2013, p. 23), tandis que le vice-roi Abratoye, vers 270, a été aribet Twete-li-se-l « directeur des taxes du (nome de) Tawete » (Rem 1088 et 1333, cf. Carrier 2001, p. 35. Le nome de Tawete (< ég. tȝ wȝḏ) correspondait vraisemblablement à la région située en face de Sedeinga sur la rive droite, voir argumentation dans Rilly 2013, p. 106.
12 Voir Rem 1281 (époux de la défunte), textes de Sedeinga II T 286 d1 et II T 302 d1, ainsi que Rem 1292 (oncle maternel), textes de Sedeinga II S 022 et II T 319d1 (père de la défunte), cf. Rilly et Francigny 2011, p. 78.
13 Voir l’analyse de ces textes dans Rilly 2013.
14 La substructure de la tombe II T 413 est datée de Cal. 781 -511 av. J.-C. (probabilité 95,4 %) à partir de sédiments végétaux extraits des briques (Laboratoire Cdrc- Lyon, 2018).
15 Pour pwrite « force vitale », voir Rilly 2010, p. 136 et 363 ; Rilly 2017, p. 237. Le dérivé verbal wd doit vraisemblablement se rattacher au nubien (nobiin) ud-ir « placer, mettre, verser ».
16 Voir Rilly et Francigny 2012, p. 68. On connaît autre autres « Grand-mère » (Abl), Grande Sœur (Kditelhl), Grand-prêtre (Beloloqe) et Envoyé (Apoteye).
17 Voir Rilly et Francigny 2018, p. 66-67.
Table des illustrations
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Légende | 1. Carte topographique du site archéologique |
Crédits | (Sedau/Fr. Lenoir). |
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Fichier | image/jpeg, 176k |
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Légende | 2. Les ruines du temple de la reine Tiyi en 2012 |
Crédits | (photo B.-N. Chagny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 55k |
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Légende | 3. Le temple de la reine Tiyi après fouille et restauration en 2019 |
Crédits | (Sedau/A. Chen). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 95k |
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Légende | 4. Relief du temple de Sedeinga : le dieu Atoum tend le signe de vie à Amenhotep III |
Crédits | (Sedau/Cl. Rilly). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 106k |
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Légende | 5. Collier de perles millefiori importé d’un atelier méditerranéen |
Crédits | (Sedau/ V. Francigny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 18k |
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Légende | 6. Reconstruction 3D du temple de Tiyi |
Crédits | (Sedau/M. Fraisse). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 30k |
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Légende | 7. Pyramide II 232 à coupole interne |
Crédits | (Sedau/ V. Francigny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-7.jpg |
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Légende | 8. Statue-ba d’un prêtre-sem, nécropole méroïtique de Sedeinga |
Crédits | (Sedau/ V. Francigny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 101k |
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Légende | 9. Stèle funéraire de la dame Maliwaras |
Crédits | (Sedau/ V. Francigny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 180k |
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Légende | 10. Stèle funéraire de la dame Ataqeloula |
Crédits | (Sedau/ V. Francigny). |
URL | http://books.openedition.org/africae/docannexe/image/3087/img-10.jpg |
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