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La grande pitié des monuments de France

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André Malraux

Débats parlementaires

Sénat – séance du 21 novembre 1961 –

Note de l’auteur

On y accueillit les prisonniers à leur retour de captivité ; c’est là que le 19 mai 1958 le général de Gaulle se déclara prêt à prendre la tête du gouvernement ; Orson Wells allait y tourner son adaptation du Procès de Kafka (1962), Bertolucci plusieurs scènes du Conformiste (1970) ; la compagnie Renaud-Barrault s’apprêtait à y jouer sous un chapiteau Oh ! les beaux jours (1963)... Or selon toute apparence, nul ne sait très bien en 1961 quel sort est réservé à la gare d’Orsay, ni qu'elle deviendra, vingt-cinq ans plus tard, le musée du même nom. Pour l’heure, on s’inquiète de sa possible disparition, convaincu que la face de Paris en serait changée, tout comme Strasbourg ne serait plus Strasbourg sans sa cathédrale...

Texte intégral

1M. Louis Jung.– Monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne voudrais pas allonger ce débat et je m’excuse de vous parler d’un projet d’intérêt régional, mais vu que la cathédrale de Strasbourg a quand même été, pour tout notre peuple, pendant de nombreuses années, le symbole de la liberté et même, pendant la dernière guerre, le symbole de la libération, je voudrais attirer l’attention de M. le ministre sur la situation dramatique dans laquelle se trouvent les responsables de l’entretien de ce bâtiment.

  • 88 La brigade Alsace-Lorraine, commandée par Berger-Malraux, entre dans Strasbourg le 27 novembre. Mal (...)

2Actuellement, quand nos techniciens nous disent que la flèche même est en danger, vous alléguez le manque de crédits. Vous allez sans doute, Monsieur le ministre, nous parler des efforts déjà accomplis, mais ce serait quand même un coup cruel du sort que le même homme qui, en 1944, lors de la libération de Strasbourg, a ouvert à nouveau les portes de la cathédrale ne puisse trouver les crédits nécessaires pour la sauver maintenant88.

3Je vous fais donc confiance, monsieur le ministre, car nos populations alsaciennes et tout le peuple de France attendent que la cathédrale soit sauvée. (Applaudissements.)

  • 89 Inaugurée le 14 juillet 1900 pour l’exposition universelle, la gare de l’architecte Victor Laloux d (...)

4M. Edouard Bonnefous.– Monsieur le ministre, je voudrais pouvoir voter les crédits de votre ministère car j’approuve le plus souvent vos initiatives, mais je voudrais préalablement que vous nous apportiez des apaisements à propos d’un projet dont on fait état dans la presse concernant le terrain actuellement occupé par la gare d’Orsay et qui inquiète, je ne vous le cache pas, de nombreux sénateurs et tous ceux qui entendent protéger le site historique de Paris. La gare d’Orsay devant disparaître, un concours est ouvert pour construire, sur son emplacement, un immeuble qui serait affecté non seulement à un hôtel mais à des bureaux et même, dit-on, à un palais des congrès89.

5Je n’entends d’ailleurs pas, ce matin, discuter le fond du problème. Le budget du ministère des travaux publics qui doit être étudié après demain nous en fournira l’occasion. Mais je voudrais obtenir de vous qui êtes, de par vos fonctions, le défenseur attitré de nos sites et le gardien le plus qualifié de l’esthétique architecturale, l’engagement formel que rien ne sera fait qui puisse porter un coup qui serait fatal à l’un des sites les plus sensibles de Paris.

6M. Eugène-Claudius Petit parlait récemment, à l’Assemblée nationale, de « ce paysage qui est sans doute l’un des plus prestigieux du monde et qui, pour la France, est certainement l’un des plus grands ». Nous sommes, en effet, près de la place de la Concorde, face aux Tuileries, la Seine coulant majestueusement le long des palais que nous devons à l’histoire.

7Dans les projets élaborés durant mon passage au ministère des travaux publics, j’avais posé comme condition préalable le respect des servitudes sévères. L’architecture du palais à construire, pour lequel la pierre de taille serait seule admise, devrait également respecter des proportions qui s’harmonisent avec l’hôtel de la Légion d’honneur, la terrasse des Tuileries et le Louvre, plus lointain. Je voudrais être sûr que ces conditions continueront à être posées. Tout projet qui voudrait passer outre ne devrait même pas pouvoir être pris en considération.

8Déjà une inquiétude, monsieur le ministre, se manifeste à propos d’un building monumental à Maine-Montparnasse, building qui, hélas ! se verra de la place de la Concorde et risque de marquer une rupture très regrettable dans l’harmonie de ce noble paysage.

9M. Marcel Prélot.–Très bien !

10M. Edouard Bonnefous.– Nous espérons que vous ramènerez ce projet – car c’est de vous qu’il dépend – à des proportions acceptables. En tous cas, si une autre construction monumentale devait être faite le long de la Seine, au bout de la place de la Concorde, il s’agirait d’un véritable attentat.

11M. Pierre de La Gontrie.–Très bien !

12M. André Cornu, rapporteur pour avis – Bien sûr !

13M. Edouard Bonnefous.– Allons-nous substituer au désert français ce qu’un urbaniste appelait récemment « le désert de l’esthétique » ? Nous avons la bonne fortune d’avoir à la tête de ce ministère des arts et des lettres un écrivain qui a consacré une partie importante de son œuvre à la défense de l’art. Jamais une occasion aussi favorable ne s’est présentée pour que l’État affirme sa volonté de ne pas laisser toucher au patrimoine national qui, ne l’oublions pas, est également l’une de nos richesses nationales, ne serait-ce que pour notre tourisme.

14Nous comprenons parfaitement que certains architectes souhaitent inscrire leurs conceptions dans la construction du xxe siècle ; mais si l’on veut réaliser des buildings, il faut les autoriser dans des régions à urbaniser afin qu’ils constituent un ensemble qui, en ce cas, mais en ce cas seulement, peut constituer une unité. L’évolution de la conception architecturale doit trouver sa place dans l’aménagement du territoire que nous devons entreprendre.

15Une prise de position formelle de votre part s’impose pour mettre un terme à ce conflit, sans cesse renaissant, entre les défenseurs de nos sites historiques et les tenants d’une nouvelle conception architecturale. Il n’est pas logique, monsieur le ministre, que, pour assurer la défense de nos sites, il faille toujours alerter l’opinion, mobiliser la presse, faire signer des pétitions, alors qu’il dépend de l’État, et de l’État seul, de s’opposer à certains projets indéfendables.

16Cette bataille incessante, qu’il a fallu livrer depuis la guerre, ne cessera que le jour où les tenants de la nouvelle conception architecturale sauront qu’une place leur est faite dans les villes et dans les régions qu’il faut remodeler ou transformer, mais que jamais l’autorisation ne leur sera donnée de porter atteinte aux plus hauts lieux de notre histoire. (Vifs applaudissements.)

17MME le président.– Quel est l’avis du gouvernement ?

18M. le ministre d’Etat.– Je voudrais d’abord faire remarquer que le ministre-pilote en cette affaire est mon collègue des travaux publics, à la fois tuteur de la Société nationale des chemins de fer français...

19M. Edouard Bonnefous.– Je lui en parlerai demain, mais il dépend de vous de donner l’autorisation.

20M. Le Ministre d’Etat.– ...propriétaire des terrains, futur utilisateur et bénéficiaire des installations.

21Un concours a été ouvert entre divers architectes sur la base d’un cahier des charges élaboré après avoir pris l’avis des instances concernées y compris, bien entendu, celle des sites.

22Lors de la réunion d’un comité interministériel, en date du 2 novembre, il a été pris acte que le site dans lequel doit s’inscrire l’hôtel est de caractère hautement national – le Louvre, la Seine, etc. – et il a été décidé qu’aucune décision ne serait prise en ce cas particulier sans consultation des instances à l’échelon le plus élevé et, bien entendu, de la commission supérieure des sites.

23Je souhaite donc que M. Bonnefous, dans ces conditions, accepte de retirer son amendement. La diminution de 185 millions de crédits d’entretien des bâtiments civils et palais nationaux présenterait un caractère d’une particulière gravité.

24M. Edouard Bonnefous.– Je demande la parole pour répondre à M. le ministre.

25MME Le Président.– La parole est à M. Bonnefous.

26M. Edouard Bonnefous.– Votre réponse, monsieur le ministre, ne me satisfait malheureusement pas. Vous me dites, et je l’ai noté, qu’aucune décision ne sera prise à l’échelon national le plus élevé sans consultation des instances intéressées. Or, c’est de vous que la décision doit dépendre. Vous nous parlez de la commission des sites ; mais vous savez bien que cette commission consultée seulement pour avis n’est généralement pas entendue.

27Il suffit que vous nous disiez que vous vous opposerez à la construction d’un tel bâtiment et le ministère des travaux publics ne pourra pas passer outre. C’est de vous seul, je le répète, que la décision dépend et je vous demande de me répondre par l’affirmative.

28M. le ministre d’Etat.– Je demande la parole.

29MME le président.– La parole est à M. le ministre.

30M. le ministre d’Etat.– Il faut nous entendre. Nous sommes en présence de deux problèmes distincts : d’abord, un problème de principe sur lequel, comme vous le souhaitez, ma réponse est oui ; ensuite un problème de fait. Je n’ai aucune espèce de raison de dire à l’avance que la commission des sites doit être consultée et qu'elle prendra telle ou telle décision. Qu’on lui fasse des propositions. Pour l’instant, nous avons non pas tellement de projets précis mais surtout des groupes d’intérêts précis.

31On a parlé des architectes et d’un projet Le Corbusier. Il existe en effet un projet Le Corbusier. Il est très moderne. Il correspond à ce que vous pensez c’est-à-dire qu’il est du type gratteciel. Mais il ne s’agit que d’une maquette photographique et d’un collage dans Paris. Tout cela est amusant pour les hebdomadaires mais n’est pas très sérieux.

32En face, nous avons d’autres études, d’autres projets de construction d’un immeuble sur la hauteur de quatre étages. Ces projets sont terminés en élévation. Le concours en apportera encore d’autres.

33Il est légitime que la commission des sites soit consultée. Mais les architectes pouvaient dire : « Il est vrai que ce paysage est historique, que l’hôtel se trouvera entre le Louvre et la Tour Eiffel ; mais la Tour Eiffel n’est pas un monument du xviiie siècle, et par conséquent, avant de prendre une décision en notre nom, le ministre aurait pu se donner la peine de nous consulter ».

34Comme je comprends aussi votre point de vue ! Vous souhaitez savoir où nous allons. Eh bien, si la commission des sites s’oppose à l’un quelconque des projets, elle aura mon approbation. Mais, avant d’aller plus loin, il est nécessaire qu’elle ait examiné des projets semblables.

35M. Edouard Bonnefous.– Je demande la parole.

36Mme le président.– La parole est à M. Bonnefous.

37M. Edouard Bonnefous.– Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Je me suis permis de faire une allusion à Maine-Montparnasse car ce projet inquiète de nombreuses personnes qui ont le souci de l’esthétique de Paris. Sur ce point, je vois que nous n’avons pas encore satisfaction. Il dépend cependant de vous qu’un abaissement du building soit décidé.

38En ce qui concerne le concours auquel vous faites allusion, si on avait fait savoir à ceux qui devaient concourir qu’en aucun cas ils ne pourraient présenter un projet qui entraînerait une surélévation, les difficultés dont vous parlez ne se seraient pas présentées.

39Vous nous dites que la commission des sites sera saisie. Je me permets de vous répondre que la commission des sites ne peut donner qu’un avis. Si cet avis n’était pas écouté, que feriez-vous ? Si, au contraire, vous nous disiez ce matin que vous ne pouvez pas accepter, dans un endroit particulièrement sensible, l’un des centres historiques de Paris, une surélévation qui briserait cette unité, alors je considérerais la question comme réglée.

40C’est cette simple phrase que j’attends de vous. Le jour où vous l’aurez prononcée, vous nous aurez satisfaits.

41En faisant allusion à la Tour Eiffel, vous m’avez inquiété. Si vous voulez compléter l’ensemble dont vous parlez par la Tour Eiffel, qui se trouve d’ailleurs en un autre endroit, vous aggravez la difficulté que nous voulons éviter. Quand vous nous aurez dit qu’il est inacceptable qu’au bout de la place de la Concorde et en face des Tuileries, on construise un immeuble en surélévation qui briserait cette unité, alors je le répète, la question sera réglée.

42M. le ministre d’Etat.– Je demande la parole.

43Mme le président.– La parole est à M. le ministre.

44M. le ministre d’Etat.– Je regrette, mais j’estime ne pas pouvoir vous donner cette assurance.

45M. Edouard Bonnefous.– Cela prouve que mes craintes sont fondées.

46M. le ministre d’Etat.– Non ! ce que j’ai dit à propos de la tour Eiffel est très précis. La tour Eiffel est une œuvre moderne qui se situe en un certain lieu de Paris. Il est évident que si on avait construit la tour Eiffel en face de Notre-Dame, c’eût été ridicule. Certains membres de la commission des sites peuvent défendre le point de vue de quelque chose qui commence au Louvre et qui se modernise en allant vers la tour Eiffel et même plus loin encore. Cela est à discuter.

47Mon sentiment est – je parle, moi aussi pour le Journal Officiel – qu’il ne faut pas accepter la surélévation ; mon sentiment est que la gare d’Orsay – je suis peut-être le seul à le penser – n’était pas si mal. On a complètement oublié ce qu'elle était.

48M. Edouard Bonnefous.– Évidemment !

49M. le ministre d’Etat.– Elle voulait faire l’union entre le pavillon de Marsan et Versailles, où commençait le chemin de fer. Cela avait une signification.

50M. Edouard Bonnefous.– Je suis d’accord avec vous sur ce point.

51M. le ministre d’Etat.– Officiellement parlant, mon sentiment est celui-là. C’est une chose. Mais, sur un sujet de cette importance, antérieurement à la consultation de la commission des sites et des services de l’architecture, je ne peux prendre aucun engagement. Si j’en prenais un, c’est précisément dans cette assemblée qu’on m’en ferait le grief.

52M. André Cornu, rapporteur pour avis-Je demande la parole.

53Mme le président.– La parole est à M. Cornu.

54M. André Cornu, rapporteur pour avis.– Mes chers collègues, je ne voudrais ni ajouter à ce débat ni évidemment apporter un élément de trouble. Mais il y a un précédent qui justifie pleinement les inquiétudes de notre collègue et ami M. Bonnefous. Il y a, parmi les commissaires du Gouvernement, des hommes qui pourraient en témoigner.

  • 90 En dépit de l’avis favorable au classement donné par la commission des Monuments historiques, les H (...)

55Quand il a été question de construire la palais de l’U.N.E.S.C.O. dans la perspective de l’école militaire, qui est l’un des monuments les plus prestigieux du xviiie siècle, la commission des sites a émis un avis nettement défavorable. Le ministre des beaux-arts de l’époque, que je connais bien, est intervenu avec la plus grande énergie à différentes reprises au sein du conseil des ministres. Ni l’avis de la commission des sites ni l’opposition du ministre des beaux-arts n’y ont reçu d’échos. Cela suffit donc à justifier pleinement les appréhensions de notre collègue Bonnefous90.

56Mme le président.– Maintenez-vous votre amendement, monsieur Bonnefous ?

57M. Edouard Bonnefous.– J’ai le regret de maintenir mon amendement. Même si M. le ministre préfère ne pas s’engager de façon plus formelle, il n’est pas mauvais que le Sénat fasse connaître publiquement qu’un pareil projet ne serait pas accepté. Il sera toujours temps, lors de la navette, de revoir le problème purement financier. Mais il est important, je crois, qu’un vote symbolique intervienne ce matin au Sénat.

58Journal Officiel du 22 novembre 1961

Notes

88 La brigade Alsace-Lorraine, commandée par Berger-Malraux, entre dans Strasbourg le 27 novembre. Malraux demande alors à Pierre Bockel de célébrer la première messe dans la cathédrale, rouverte au culte après quatre années d’interdiction. Le mois suivant la contre-attaque allemande sur le front des Ardennes oblige l’état-major américain à dégarnir la plaine alsacienne. Refusant d’évacuer Strasbourg, de Gaulle en confie la défense à de Lattre. La brigade Alsace-Lorraine est alors chargée de couvrir le front sud. Dans Antimémoires, Malraux raconte : « Je me souviens du dernier hiver de guerre ; la brigade Alsace-Lorraine était presque seule à Strasbourg contre les chars de Rundstedt. Le général de Lattre m’avait dit : “Si les Américains ne reviennent pas, il faut que vous soyez là, et que vous ne soyez pas prisonniers. – Evidemment.” Les Américains étaient revenus. Pas tout de suite. Enfin, l’offensive allemande était brisée. Une nuit, nous quittions le mess dans la neige que la pleine lune rendait éclatante. L’un de nous a dit : “Voici la dernière lune sur le IIP Reich”. » (OC III, p. 301).

89 Inaugurée le 14 juillet 1900 pour l’exposition universelle, la gare de l’architecte Victor Laloux devait être en effet détruite. Lors d’un premier concours, fin 1961, Le Corbusier présenta un projet, non retenu, pour un immeuble de 105 mètres de hauteur. Un second concours fut ouvert en 1963, dont les lauréats, après bien des hésitations, furent désignés en... 1970 ! Il s’agissait d’un projet d’hôtel de huit cent cinquante chambres soutenu par la banque de Paris et des Pays-Bas. Durant toutes ces années le goût avait changé et l’ancienne gare, presque abandonnée depuis 1939, connut un autre sort : elle fut réaménagée en musée. Le musée d’Orsay, musée de transition entre le Louvre et le centre Pompidou, ouvrit finalement ses portes au public en 1986. Voir François Chaslin : Les Paris de François Mitterrand – histoire des grands projets architecturaux, « Folio/actuel », Gallimard, 1985.

90 En dépit de l’avis favorable au classement donné par la commission des Monuments historiques, les Halles de Baltard furent rasées pendant l’été 1970. Ainsi disparu ce qu’on peut appeler avec Zola « le ventre de Paris. » André Chastel voit dans cette destruction « une opération du xixe siècle » conforme à la tradition haussmannienne, et estime qu'elle aurait été impossible quinze ans plus tard. Au cours des années quatre-vingt, la notion de patrimoine s’est en effet élargie pour englober le passé récent : l’architecture de la fonte, aussi bien que les gares ou les marchés. (Voir Les Lieux de mémoire II, « La Nation », sous la direction de Pierre Nora, Gallimard, N.R.F., 1986, p. 438).

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