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L’invention de la décentralisation

 | 
Roger Baury
, 
Marie-Laure Legay

– III – Entre le « centre » et le « pays » : stratégies familiales et individuelles d’adaptation aux États modernes

La politique familiale des « Grands » au sein des institutions centrales des Pays-Bas au xviie siècle : le cas des d’Ennetières

Catherine Thomas

Texte intégral

  • 1 J.-M. Cauchies, « Le droit et les institutions dans les anciens Pays-Bas sous Philippe le Bon (1419 (...)
  • 2 Avaient entrée permanente au Conseil d’Etat la gouvernante générale, deux ecclésiastiques et dix no (...)

1La noblesse d’épée a toujours occupé une place de choix dans l’entourage direct des souverains et de leurs représentants aux Pays-Bas. Déjà présente dans le Conseil aulique des ducs de Bourgogne, aux côtés de membres de leurs familles, d’ecclésiastiques et d’hommes de loi, elle secondait, conseillait et suivait le prince dans tous ses déplacements1. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’en 1531, année où, dans le cadre de la réorganisation globale de l’appareil administratif des Pays-Bas, Charles Quint a jugé bon d’ériger un Conseil d’Etat2, composé pour l’essentiel de nobles et dont la principale tâche était d’assister sa sœur, Marie de Hongrie, dans le gouvernement des dix-sept provinces. Cet organe devait également permettre de modérer les ardeurs de la haute noblesse qui aspirait toujours à davantage de pouvoir. Ainsi, les frustrations des gentilshommes étaient, en apparence, évacuées par la satisfaction d’appartenir à une prestigieuse institution.

  • 3 M. Baelde, R. Vermeir, « Conseil d’Etat (1531-1702, 1718-1787, 1790-1794) », in E. Aerts, M. Baelde (...)

2Très vite, cependant, les souverains habsbourgeois ont préféré s’entourer de juristes, plus fidèles et plus compétents, pour régler les problèmes qui pouvaient se poser dans le gouvernement des Pays-Bas. A partir de 1579, les nobles du Conseil d’Etat ont donc été systématiquement remplacés par des hommes de loi. Cette tendance s’est momentanément inversée lorsque Philippe II a dû avoir recours à la noblesse pour mener à bien la guerre contre la France3.

  • 4 Sur la souveraineté supposée des archiducs, voir notamment W. Thomas, « La corte de los archiduques (...)

3Au début de leur « règne »4, les archiducs Albert et Isabelle ont aussi jugé nécessaire de se faire épauler par des nobles, pour s’assurer de leur soutien dans un régime qu’ils voulaient « national ». Plus tard, néanmoins, les souverains ont préféré mettre hors jeu ces « importuns » et gouverner par jointes informelles et conseils secrets interposés.

  • 5 Alonso de la Cueva, marquis de Bedmar (décédé à Rome le 10 août 1655), ambassadeur du roi d’Espagne (...)
  • 6 En effet, pour Alonso de la Cueva, les nobles des Pays-Bas étaient trop avides de pouvoir et consti (...)
  • 7 R. Vermeir, « L’ambition du pouvoir. La noblesse des Pays-Bas méridionaux et Philippe IV, 1621-1648 (...)

4A la mort de l’archiduc Albert, en 1621, les membres de la haute noblesse ont sollicité l’autorisation de participer à nouveau au gouvernement général. Durant les premières années de la gouvernance de l’infante Isabelle, ils pensaient avoir obtenu gain de cause ; mais, à partir de 1623, le cardinal Alonso de la Cueva5, ambassadeur de Philippe IV d’Espagne à la Cour de Bruxelles, s’est mis à monopoliser les affaires importantes de l’Etat pour les faire traiter dans une jointe permanente d’Etat et de Guerre6. A partir de là, le Conseil d’Etat n’a plus été convoqué. Les nobles n’étaient plus impliqués dans le gouvernement, alors que les juristes avaient toujours la possibilité de prendre part aux décisions par l’intermédiaire de la jointe à laquelle ils étaient conviés7.

  • 8 A. Esteban Estríngana, « La crise politique de 1629-1633 et le début de la prééminence institutionn (...)
  • 9 Francisco de Moncada, marquis d’Aytona (1586-1635), fut ambassadeur du roi d’Espagne auprès de l’Em (...)
  • 10 Les activités normales du Conseil ont repris à la fin novembre 1630 (R. Vermeir, « L’ambition du po (...)

5En 1629, affaibli par les défaites militaires dans la guerre qui opposait l’Espagne aux Provinces-Unies, Philippe IV a consenti à faire un geste en faveur de la haute noblesse. Il a ordonné d’introduire Claude d’Ongnies, comte de Coupigny, chef des finances, au sein de la jointe d’Etat8. Peu après, le souverain a même été plus loin en acceptant l’abolition de cet organe et la reprise des activités normales du Conseil d’Etat, sur les recommandations du marquis d’Aytona9, qui était alors gouverneur intérimaire des Pays-Bas10.

  • 11 A ce sujet, voir notamment P. Janssens, « L’échec des tentatives de soulèvement dans les Pays-Bas e (...)
  • 12 A. Vandenbulcke, « Le Conseil des Finances au XVIIe siècle. Perspectives de recherches », in H. Cop (...)
  • 13 Pierre Roose (1586 – 27 février 1673), conseiller au Conseil de Brabant (1616), conseiller privé (1 (...)
  • 14 Voir à ce propos H. De Schepper, « De institutionele hervormingen van 1632 in de regering van de ko (...)

6Malgré tout, les revendications de la noblesse n’ont pas faibli, et son ressentiment était sans conteste de plus en plus important. La manifestation la plus « violente » de son opposition au pouvoir royal a été la « Conspiration des nobles » de 163211. Pour Philippe IV, cependant, son sort était déjà scellé. En effet, le souverain espagnol avait un tout autre projet : la réforme profonde de l’administration et la restauration de l’autorité royale aux Pays-Bas. En 1631, il avait ordonné aux Conseils privé et des Finances de se livrer à un examen de leurs instructions. D’ailleurs, le roi n’avait jamais caché sa volonté de placer l’administration des Pays-Bas sous la tutelle de l’Espagne, en écartant définitivement la noblesse au profit d’une bureaucratisation et d’une « espagnolisation » des organes du gouvernement12. C’est Pierre Roose13, futur chef-président du Conseil privé, qui a orienté le sens de la réforme voulue par le monarque et son application au gouvernement central des provinces belgiques. Celle-ci a été introduite en 163214. Elle a porté le coup de grâce aux aspirations politiques de la noblesse au bénéfice de l’affermissement du pouvoir royal.

  • 15 R. Vermeir, « L’ambition du pouvoir… », loc. cit., p. 109.

7Quand, en 1645-1646, le temps de la réconciliation a semblé opportun, Philippe IV s’est mis en devoir d’honorer à nouveau ses nobles. Ceux-ci se montraient désormais très dociles et ne recherchaient plus à influencer la politique. Le danger d’une domination de la noblesse sur le pouvoir central était définitivement écarté15. Déjà présents au sein des institutions centrales, les juristes et les financiers ont pu ainsi prendre de manière définitive la place de la noblesse d’épée comme conseillers directs du souverain et du gouverneur général. Leur position privilégiée a permis à certains, non seulement, de devenir des personnages incontournables dans la bonne gestion du pays, mais aussi de profiter de leur influence pour placer des membres de leurs familles à des postes clefs de l’administration. Parmi ces « grands », une famille s’est particulièrement distinguée : la famille d’Ennetières.

  • 16 P. du Chastel de la Houwarderie, « Etude d’archéologie généalogique. Les d’Ennetières après leur an (...)
  • 17 Josse de Courteville († 20 mai 1572) fut nommé secrétaire ordinaire du Conseil privé le 4 février 1 (...)
  • 18 Joachim Hopperus (11 novembre 1523 – 15 décembre 1576), docteur ès droits, fut nommé conseiller au (...)
  • 19 M. Baelde, De collaterale raden…, op. cit., pp. 259-260.
  • 20 Archives Générales du Royaume, Bruxelles [désormais A. G. R.], Papiers d’Etat et de l’Audience [P.E (...)
  • 21 A. G. R., P.E.A., no 1294 ; M. Baelde, De collaterale raden…, op. cit., p. 260.

8Le début de son ascension remonte à la seconde moitié du XVIe siècle. A cette époque, Arnould d’Ennetières, fils d’un membre du Magistrat tournaisien16, exerçait la fonction de secrétaire extraordinaire du Conseil privé, charge à laquelle il avait été nommé le 22 mars 1563. Promu au titre d’ordinaire le 24 décembre 1565, il n’a pas tardé à rejoindre la Cour de Madrid pour assister le secrétaire d’Etat aux affaires des Pays-Bas, Josse de Courteville17. Au décès du conseiller Joachim Hopperus18 en 1576, Arnould d’Ennetières a assuré seul le service pendant quatre ans19. Il a alors acquis énormément de crédit auprès de Philippe II, qui le consultait régulièrement sur les questions relatives aux provinces Belgique20. Le 13 avril 1573, il a finalement reçu sa nomination définitive au Conseil privé. Il est décédé en fonction à Madrid en 159221.

  • 22 Nicolas Baert, originaire du duché de Brabant, fut nommé receveur général des Finances le 17 juin 1 (...)
  • 23 A. G. R., P.E.A., no 2709 : lettres patentes d’auditeur de la Chambre des Comptes de Flandre pour J (...)
  • 24 Archives Départementales du Nord, Lille [désormais A. D. N.], B 2806, f° 408r.
  • 25 P. Janssens, L. Duerloo, Armorial de la noblesse belge, Bruxelles, 1992, t. II, p. 759.

9C’est son frère Jean qui est à l’origine de l’influence grandissante des d’Ennetières aux Pays-Bas. Il a entamé sa carrière administrative comme clerc de Nicolas Baert22, receveur général des Finances au temps de Philippe II. Le 26 juin 1574, il a été nommé auditeur ordinaire à la Chambre des Comptes de Flandre, alors installée à Lille. Promu à l’état de conseiller et maître extraordinaire le 4 décembre 1593, son assiduité au travail a été enfin récompensée le 28 mars 1596, quand il a reçu une expectative de maître ordinaire de ce collège23. Sa carrière a pris son envol à l’époque des archiducs Albert et Isabelle. Bénéficiant de leur confiance, il a été envoyé en mission en Franche-Comté afin d’en auditionner les comptes. A son retour à Bruxelles, Jean d’Ennetières s’est vu nommer conseiller et commis extraordinaire du Conseil des Finances, en vertu des lettres patentes dépêchées le 23 août 160324. Trois ans plus tard, il appartenait au cadre ordinaire du Conseil. Son travail apportait entière satisfaction aux archiducs, qui, le 10 mars 1620, l’ont élevé au rang de chevalier25.

  • 26 A. Vandenbulcke, Répertoire des officiers des Chambres des comptes de Lille, Bruxelles et Ruremonde (...)
  • 27 A. G. R., P.E.A., no 1902/3 : consulte du Conseil des Finances du 22 octobre 1619.
  • 28 Louis Verreycken (1552 – 23 octobre 1621) a été nommé audiencier des Pays-Bas le 1er juillet 1578. (...)
  • 29 A. G. R., P.E.A., no 1482/2 : lettres de Jacques d’Ennetières à Louis Verreycken, novembre 1619.

10Son fils, Jacques d’Ennetières, avait à peine vingt ans quand il a obtenu, le 13 décembre 1617, l’entrée à la Chambre des Comptes de Lille pour se familiariser au contrôle des comptes26. Deux ans plus tard, le 26 octobre 1619, il était confirmé dans ses fonctions par une nomination comme auditeur ordinaire. Cette charge lui a été conférée en considération des longues années de service de son père Jean, pour « le consoler en ses vieux jours »27. Mais, déjà, Jacques bénéficiait d’un appui de taille en la personne de Louis Verreycken28, audiencier des Pays-Bas et membre influent de l’entourage des archiducs. Nous en voulons pour preuve qu’en novembre, le nouvel impétrant à la Chambre des Comptes écrivait à l’audiencier : « comme il a pleut à leurs A[ltesses] S[érenissimes] me faire mercede de l’estat d’auditeur ordinaire de la Chambre de ses comptes vacant en ceste ville [de Lille], et que je scay q[ue] v[otr]e S[eigneu]rie m’a imparty ses faveurs pour y parvenir, n’ay vollu mancquer de la remercier »29. Cette missive nous a amené à penser que des relations amicales liaient les familles d’Ennetières et Verreycken. Ces dernières, quelle qu’en ait été la nature exacte, ont en tout cas été précieuses par la suite.

  • 30 A. G. R., Conseil des Finances [C.F.], reg. 8, f° 71 : consulte du Conseil des Finances du 4 mai 16 (...)
  • 31 A. G. R., P.E.A., no 1902/4 : lettre de Claude d’Ongnies, comte de Coupigny, à l’archiduc Albert, 1(...)
  • 32 A. G. R., C.F., reg. 8, f° 71 : apostille de l’archiduc Albert du 1er août 1620 ; M. Jean, La Chamb (...)
  • 33 François de Logenhagen (v. 1549 – 9 février 1626) était secrétaire du conseiller d’Etat Charles de (...)

11La carrière de Jacques d’Ennetières a été pour le moins exceptionnelle. Au début de l’année 1620, Jean demandait aux archiducs de pourvoir son fils d’une place de conseiller et maître extraordinaire avec une expectative d’ordinaire à la Chambre des Comptes de Flandre, « afin que moyennant cette grâce led[it] d’Ennetières puisse parvenir à meilleure alliance et aussy pouvoir selon ce faire meilleur service a v[ot]re Al[te]ze Ser[enissi]me ». Il en profita également pour rappeler ses quarante-six années passées au service des Habsbourg. Le 4 mai, le Conseil des Finances se déclara favorable à cette promotion : « com[m]e il [Jacques d’Ennetières] est de bonne expectation, diligence et propre pour besongner et faire service »30. Le 1er août, le chef des finances, Claude d’Ongnies, intervenait. En effet, Jean d’Ennetières était sur son lit de mort et il devenait urgent d’accéder à sa demande. Le comte de Coupigny s’adressa directement à l’archiduc Albert pour que la faveur fût enfin accordée à Jacques31. Le jour même, celui-ci était nommé conseiller et maître extraordinaire de la Chambre des Comptes de Flandre avec une expectative d’ordinaire32 ! Puis, le 9 février 1626, alors que François van Logenhagen33 venait à peine de rendre son dernier souffle, il entra dans le cadre ordinaire du collège des maîtres de la Chambre des Comptes de Lille.

  • 34 Jacques Bruneau (v. 1576 – 18 août 1634), secrétaire de Balthazar de Zuñiga, ambassadeur de Philipp (...)
  • 35 René de Vos († 17 août 1639) a été nommé maître ordinaire de la Chambre des Comptes de Lille le 23 (...)
  • 36 A. G. R., P.E.A., no 2709 : lettres patentes de président « ad interim » pour Jacques d’Ennetières, (...)
  • 37 A. G. S., Secretarias provincíales, Flandes [S.P.F.], legajo 2436 : consulte du Conseil suprême de (...)

12Par la suite, Jacques d’Ennetières a su mettre à profit ses relations influentes au sein du gouvernement de Bruxelles et son autorité pour parvenir rapidement à la présidence de la Chambre des Comptes de Lille. Le 30 mars 1633, il a reçu des lettres de nomination en ce sens pour l’exercer en l’absence du président en titre Jacques Bruneau34, et ce au détriment de René de Vos35, qui, en 1629, avait obtenu du grand bureau le droit de le remplacer36. Malgré ses démarches auprès de la Cour de Madrid et l’avis favorable du Conseil suprême de Flandre et de Bourgogne, ce dernier n’a jamais retrouvé son droit37. La famille de Vos en a d’ailleurs gardé un profond ressentiment.

  • 38 A. D. N., B 41, fos 82v, 84v, 94v, nos 18502, 18503.

13Malgré tout, la nomination de Jacques d’Ennetières ne s’est pas faite sans heurts. En effet, la Chambre des Comptes de Flandre s’y est violemment opposée, si bien que l’archiduchesse Isabelle et le Conseil des Finances ont dû, à plusieurs reprises, ordonner au collège de se soumettre à cette décision38. D’Ennetières a finalement été nommé de manière définitive le 18 janvier 1635, à la suite du décès de Jacques Bruneau.

  • 39 A. G. S., S.P.F., legajo 2441 : consulte du Conseil suprême du 25 février 1643.
  • 40 Louis-François Verreycken (v. 1588 – 6 mai 1654) a obtenu la survivance de l’office d’audiencier de (...)
  • 41 Emmanuel de Mourra y Cortereal, marquis de Castel-Rodrigo, conseiller d’Etat en Espagne, a été dipl (...)
  • 42 A. G. R., Secrétairerie d’Etat et de Guerre [S.E.G.], reg. 232, f° 340.
  • 43 A. G. S., S.P.F., libro 1446, f° 245v fos 292r-293r : lettre de Philippe IV au marquis de Castel-Ro (...)
  • 44 La « mercède » est un don ou une faveur d’une rente ou d’un emploi fait par le roi à ses sujets (A. (...)
  • 45 A. G. R., P.E.A., no 2082 : lettre de Jacques d’Ennetières à Louis-François Verreycken, 4 mars 1643
  • 46 A. G. R., P. E. A., no 2709 : promesse de succéder à la première place de maître vacante, en date d (...)

14Sa position de président lui a permis d’introduire sans encombre son fils Philippe-François comme auditeur en 1643, alors qu’il était à peine âgé de dix-sept ans39. Très vite, profitant de ses relations avec l’audiencier Louis-François Verreycken40, Jacques d’Ennetières a requis, auprès de la Cour de Madrid, une expectative de maître ordinaire pour son fils. Le 9 mars 1645, le marquis de Castel-Rodrigo41, alors gouverneur général, se déclara favorable à cette requête, étant donné les services rendus par le président de la Chambre des Comptes de Flandre42. Alors que, le 6 décembre 1644, il avait expressément demandé de ne plus augmenter les effectifs des Conseils collatéraux et des Chambres, le roi ordonna de conférer à Philippe-François la première place de maître ordinaire vacante, à la condition expresse qu’il ne pût exercer sa charge quand son père serait présent à la Chambre43. Cependant, l’exécution de l’ordre royal se faisait attendre. Jacques d’Ennetières a donc recouru à son ami Louis-François Verreycken : le 4 mars 1646, dans un courrier relatif aux affaires courantes de la Chambre, il sollicita l’audiencier pour que la mercède44 royale fût enfin délivrée en faveur de son fils45. Les lettres patentes furent finalement dépêchées le 20 mars 1646. Puis, le 23 octobre 1647, Philippe-François obtint l’autorisation d’assister aux séances du bureau comme président-adjoint. Dorénavant, les portes de la succession de son père lui étaient théoriquement ouvertes46.

  • 47 Francisco de Galaretta Occariz, secrétaire d’Etat et de Guerre du prince Thomas de Savoie, a été no (...)
  • 48 Léopold-Guillaume (Graz, 1614 – Vienne, 1662), archiduc d’Autriche, fils de l’empereur Ferdinand II (...)
  • 49 François de Kinschot (1579 – 5 mai 1651), baron de Rivieren, a commencé sa carrière au greffe du Co (...)
  • 50 H. Lonchay, J. Cuvelier, J. Lefèvre, Correspondance de la Cour d’Espagne sur les affaires des Pays- (...)
  • 51 A. G. S., S.P.F., legajo 2447 : consulte du Conseil suprême du 27 mars 1649 ; A. G. R., P.E.A., no  (...)
  • 52 A. G. R., S.E.G., reg. 252, f° 162, 366, reg. 253, f° 309 ; A. D. N., B. 3111, f° 397v ; A. G. R., (...)

15En 1648, le secrétaire d’Etat et de Guerre, Francisco de Galaretta47, rendait un rapport dans lequel il ne pouvait que constater le désordre où se trouvait le gouvernement civil des Pays-Bas. Il l’attribuait notamment à la défaillance des ministres chargés d’assister le gouverneur général, l’archiduc Léopold-Guillaume d’Autriche48. Pour rétablir un tant soit peu la situation, ce fonctionnaire espagnol préconisait, entre autres, de remplacer le trésorier général des Finances François de Kinschot49 par Jacques d’Ennetières50. Appuyée par Léopold-Guillaume, la proposition fut bien accueillie à Madrid. Le roi s’y est rallié et a promu le président de la Chambre des Comptes au poste de trésorier général des Finances, le 14 décembre 164951. Jacques d’Ennetières était installé depuis seulement deux ans quand, le 2 mars 1652, l’archiduc Léopold-Guillaume exposait à Philippe IV l’opportunité de le faire entrer au Conseil d’Etat, pointant notamment ses compétences financières qui seraient très utiles lors des réunions de cet organe. Le roi y a consenti, si bien que Jacques a été nommé conseiller d’Etat des Pays-Bas, le 14 mai 165252.

  • 53 A ce titre, voir H. Lonchay, J. Cuvelier, J. Lefèvre, Correspondance…, op. cit., t. IV et V, Bruxel (...)
  • 54 Voir entre autres A. D. N., B 3123, fos 376v-377r, B 3129, f° 699.

16Nous ne pouvons nier l’évidence : à cette époque, le prestige de cet homme était incontestable aux Pays-Bas. Il jouissait de la considération des gouverneurs généraux successifs53, mais aussi de Philippe IV, qui lui a confié à plusieurs reprises des missions secrètes54.

  • 55 A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes…, op. cit., p. 143. Le roi a dû intervenir, le 18 mai 166 (...)
  • 56 A. G. S., S.P.F., legajos 2458 (consulte du Conseil suprême du 12 novembre 1661), 2459 (consulte du (...)

17Prétextant une surcharge de travail, Jacques d’Ennetières a requis l’assistance de son fils, ce que le roi lui a aisément accordé le 5 juillet 1661. Dans sa requête, le ministre recevait le soutien inconditionnel du marquis de Caracena, alors gouverneur général. Par la même occasion, Philippe-François obtenait l’autorisation d’exercer la charge de trésorier général pendant ses absences et indispositions, à la condition que, tous les six mois, il rendît compte de ses activités au gouverneur général. Bien que le Conseil suprême jugeât cette « mercède » excessive et source de problèmes pour l’avenir, il se rangea à la décision royale, en soulignant toutefois que le trésorier général ne devait rien attendre de plus et que son fils n’était nullement autorisé à siéger de manière permanente au Conseil des Finances. Les lettres patentes officialisant cette faveur furent dépêchées le 12 novembre 1661, et le serment prêté deux mois plus tard, le 14 janvier 1662. Comme il ne percevait aucun traitement pour ses activités au Conseil des Finances, Philippe-François d’Ennetières fut autorisé à conserver sa charge de troisième maître de la Chambre des Comptes de Flandre avec tous les revenus et privilèges inhérents à cette fonction55. Il ne fallut pas longtemps pour que le marquis de Caracena accordât un siège permanent au Conseil des Finances au fils du trésorier général, comme c’était, selon lui, l’usage et la coutume. Le 3 juillet 1662, le Conseil suprême de Flandre s’aligna sans difficulté sur cette décision. Le jour même, le roi s’adressait à lui pour exprimer sa satisfaction de voir ses ordres exécutés en faveur des d’Ennetières, ce qui constitue une preuve supplémentaire du crédit qu’avait acquis cette famille à la Cour de Madrid56.

  • 57 A. G. S., S.P.F., legajo 2472 : consulte du Conseil suprême de Flandre et de Bourgogne du 8 juillet (...)
  • 58 « […] por la parte de los meritos y capacidad, pues se halla ya serviendo este puesto y cierto con (...)

18Cependant, Jacques d’Ennetières a toujours refusé de rendre des comptes concernant les activités de son fils. Dans un courrier envoyé conjointement par lui et le gouverneur général au roi, il demanda même à être libéré de cette obligation, parce que « la utilitad que resultaria de la asistencia se podria excusar »57. C’est alors que le ministre s’est mis à solliciter la désignation de son fils comme son adjoint et son survivancier au poste de trésorier général des Finances. De nouveau, le marquis de Caracena a soutenu cette famille dans ses prétentions : le gouverneur général estimait notamment qu’étant donné que Philippe-François d’Ennetières remplissait déjà ces fonctions, à son entière satisfaction, le roi serait bien avisé de lui conférer cette « mercède ». Le 27 mai 1663, le Conseil suprême se conforma, sans vraiment de difficultés, à l’avis de Caracena, et les lettres patentes d’adjonction et de survivance furent dépêchées le jour même. La transmission héréditaire de la charge semblait dès lors acquise58. Dans ce contexte, nous pouvons nous demander si la demande d’assistance n’était pas une manœuvre pour faciliter à Philippe-François l’accès à la succession de son père.

  • 59 Il s’agissait des conseillers et maîtres des comptes Gaspard vander Ghote, Nicaise de la Porte et L (...)
  • 60 A. G. S., S.P.F., legajos 2471 (consulte du Conseil suprême du 9 avril 1674), 2472 (consulte du Con (...)
  • 61 « que han llegado a su noticia que de uno y otro resultaron ser indiciados de inteligencia en Franc (...)
  • 62 A. G. S., Consejo de Estado, legajos 2128 (consulte du Consejo de Estado du 19 avril 1675), 2130 (c (...)

19Cependant, l’ascension des d’Ennetières n’alla pas sans provoquer des oppositions au sein du Conseil suprême, où certains essayèrent de contrecarrer leurs ambitions et d’empêcher l’accession de Philippe-François au poste de trésorier général des Finances. Une première opportunité s’offrit à l’occasion du décès du président de la Chambre des Comptes de Flandre, Pierre de Monchaux, en 1674. Le Conseil suprême proposa Philippe-François d’Ennetières pour le remplacer, bien que d’autres candidats aient été avancés par le gouverneur général, le comte de Monterey59. Les membres du Conseil en profitèrent pour souligner qu’un père et son fils ne s’étaient jamais succédé au poste de trésorier général des Finances et qu’au demeurant, cette famille ne méritait pas plus de faveurs que d’autres fonctionnaires, tout aussi méritants. Fort de ces arguments, le Conseil suprême conseilla à Charles II de nommer le fils du trésorier général, président de la Chambre des Comptes de Flandre, sans plus aucune entrée au Conseil des finances, ni adjonction et succession à la charge paternelle60. Cette fois, deux accusations majeures étayaient les arguments du Conseil suprême : il affirmait détenir des preuves, non seulement, de malversations financières et de détournements d’argent commis par les d’Ennetières au détriment des finances royales, mais aussi de leurs connivences avec la France. En effet, on leur reprochait, contrairement à d’autres sujets qui subissaient les exactions des armées françaises dans leurs terres hennuyères, d’avoir pu conserver toute liberté de gestion et de mouvement dans leurs domaines et de continuer à s’y enrichir61. Le « Consejo de Estado » fut saisi de cette affaire. Tout en s’alignant sur l’avis du Conseil suprême de Flandre, il n’en estima pas moins qu’on ne devait en aucun cas oublier les nombreux services rendus par cette famille, et rappela que ses membres avaient toujours officié avec l’approbation des gouverneurs généraux successifs. Interrogé à ce propos, le chef-président du Conseil privé, Léon-Jean de Pape, avait également souligné le grand zèle que le père et le fils avaient manifesté dans l’exercice de leurs charges. Plus encore, ce ministre était d’avis qu’il était délicat d’enlever à Philippe-François la survivance du poste de son père62.

  • 63 Juan de Haro, Guzman, Zuniga y Fonseca, comte de Monterey (v. 1649-1716), a été gouverneur général (...)
  • 64 Carlos de Aragon y Borgia († 14 avril 1692), comte de Luna, duc de Villa Hermosa, fut capitaine gén (...)
  • 65 François de Kinschot (21 mai 1616 – 4 août 1700), comte de Saint-Pierre de Jette, a été nommé conse (...)
  • 66 A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes…, op. cit., p. 104 ; de la même, « Le Conseil des Finance (...)
  • 67 A. G. R., S.E.G., reg. 282, f° 26.

20Ces accusations ont-elles eu un impact sur la décision royale ? Il n’est pas aisé de l’affirmer. Certes, il est assuré que, dans un premier temps, le roi s’est aligné sur l’avis du Conseil suprême de Flandre et a envoyé un ordre d’exécution aux Pays-Bas pour que Philippe-François d’Ennetières soit pourvu de la présidence de la Chambre des Comptes de Flandre. Mais, ni le comte de Monterey63 ni le duc de Villa-Hermosa64 ne l’ont fait appliquer et ont continué à défendre vigoureusement les prétentions de cette famille. Toutefois, quand, en 1675, Jacques d’Ennetières a obtenu l’autorisation de se retirer, ce n’est pas son fils qui lui a succédé, mais François (II) de Kinschot65, nommé à titre intérimaire66. Sont-ce les marques de soutien des gouverneurs généraux ou la profonde considération dont jouissaient les d’Ennetières à la Cour de Madrid qui ont finalement eu raison des accusations portées à leur égard ? Quoi qu’il en soit, Charles II s’est finalement rétracté et, le 18 septembre 1676, a ordonné de mettre Philippe-François en possession du poste de trésorier général lorsqu’il deviendrait vacant67. Cette famille était parvenue à ses fins, et c’est finalement Gaspard van der Ghote qui a été nommé président de la Chambre des Comptes de Flandre.

  • 68 R. De Schryver, Jan van Brouchouven, graaf van Bergeyck, 1644-1725 : een halve eeuw staatkunde in d (...)

21Jacques d’Ennetières est décédé en octobre 1677, mais son fils, alors en Espagne, n’a pris possession de ses fonctions qu’en 1680. Jusque-là, c’est François de Kinschot qui a continué à assurer l’interim au Conseil des Finances. A son retour, Philippe-François a été nommé, le 15 avril 1680, conseiller d’Etat des Pays-Bas. Les oppositions manifestées à l’encontre des d’Ennetières étaient bel et bien derrière eux68.

  • 69 Jacques avait été élevé au rang de chevalier le 29 décembre 1625, puis au titre de baron de la Berl (...)

22L’ascension sociale de cette famille – consacrée par l’élévation de Philippe-François au titre de marquis des Mottes le 16 septembre 1680 – s’est terminée de manière bien singulière : au décès de son épouse, Marie-Alexandrine Obert, le 9 février 1688, le trésorier général a tout simplement présenté sa démission et s’est fait carme déchaussé. Il est décédé le 10 avril 169769.

  • 70 A. G. R., P.E.A., no 1298 : lettres patentes de conseiller et commis des finances pour Jean-Baptist (...)
  • 71 A. G. R., C.F., no 186 : lettres patentes de greffier des finances pour Nicolas de Brouchoven, du 5 (...)
  • 72 R. De Schryver, Jan van Brouchouven…, op. cit., pp. 17-18 ; A. G. S., S.P.F., libro 1438, fos 223v- (...)
  • 73 R. De Schryver, Jan van Brouchouven…, op. cit., pp. 47, 68 ; A. G. R., P.E.A., no 1298.
  • 74 C. Thomas, Le Personnel…, op. cit., p. 58.

23Si, sur le plan politique, Jacques d’Ennetières a su user de son influence pour assurer une place de choix à son fils, il a également veillé à bien marier sa fille, Marie-Françoise, qui, le 10 avril 1674, fut unie à Jean-Baptiste de Brouchoven. Issu de la bourgeoisie anversoise, celui-ci avait été nommé le 21 mai 1655 conseiller et commis des finances, grâce à un prêt sans intérêt de 100 000 florins, qui servit à subvenir aux besoins de la guerre entre l’Espagne et la France70. En 1660, il accorda un nouveau prêt de 70 000 florins, afin d’obtenir un office de greffier des finances pour un de ses fils. Comme cette faveur ne lui fut pas immédiatement accordée, il prêta encore 50 000 florins, dont 10 000 en don gratuit, le reliquat étant hypothéqué sur les recettes de la forêt de Soignes dans le quartier de Bruxelles71. C’est son fils Nicolas qui, plus tard, a bénéficié de cette « mercède ». Ce personnage était très estimé à la Cour d’Espagne et bénéficiait de la confiance du souverain. Appelé à Madrid en 1663, il a été nommé conseiller d’Etat en 1665. La même année, il a reçu le titre de baron de Bergeyck en remerciement des bons services qu’il a rendus pendant vingt-deux ans. Plusieurs missions diplomatiques d’envergure lui ont été confiées au cours de sa carrière72. En février 1668, il a introduit une requête auprès du gouverneur général, le marquis de Castel-Rodrigo, pour obtenir l’adjonction de son fils Jean en vue de le remplacer au Conseil des Finances pendant ses absences. Sa demande fut reçue favorablement et exécutée deux mois plus tard. Conseiller des finances pendant neuf ans, Jean de Brouchoven s’est forgé une solide formation de financier. En 1687, Charles II le nomma au Conseil suprême de Flandre et de Bourgogne à Madrid, mais le gouverneur général, le marquis de Castañaga, s’opposa à son départ, en alléguant qu’il lui était indispensable. L’année suivante, à la suite de la démission de Philippe-François d’Ennetières, qui était donc le frère de sa belle-mère, il a accédé au poste de trésorier général des Finances73. Il devint un personnage très important sous la gouvernance de Maximilien-Emmanuel de Bavière, mais c’est sous le régime anjouin que ce partisan du mercantilisme et de Louis XIV se révéla un homme d’Etat hors pair. Son frère, Hyacinthe-Marie de Brouchoven, suivit, de son côté, une brillante carrière de jurisconsulte : conseiller au Conseil provincial de Namur, il siégea comme tel au Grand Conseil de Malines à partir de 1680, avant d’être à son tour promu au Conseil suprême à Madrid, en 1691. Il en revint six ans plus tard, avec le double titre de conseiller privé et d’Etat, puis il prit la direction du Grand Conseil de Malines en 169974. Si les moyens furent différents, les Brouchoven ont, comme les d’Ennetières, trouvé une place de choix au sein de l’administration centrale des Pays-Bas.

24Si le cas de la famille d’Ennetières est représentatif des politiques familiales des hauts fonctionnaires dans le courant du XVIIe siècle, il ne présente pas moins quelques particularités notoires. D’abord, il nous faut souligner le caractère exemplaire de la carrière de Jacques, qui, en tout point, correspondait au profil de fonctionnaire que Philippe IV appelait de ses vœux dans la réforme qu’il mena en 1632. Il est également important de constater que, contrairement à beaucoup d’autres personnes au sein du Conseil des Finances et de la Chambre des Comptes – en particulier les Brouchoven, que nous venons d’évoquer –, aucun membre de la famille d’Ennetières n’a versé un seul donatif ni aucun prêt afin d’obtenir un office au sein du gouvernement des Pays-Bas. Tout au plus ont-ils, comme beaucoup d’autres, participé aux prêts collectifs et aux suspensions de gages qui leur étaient imposés par le gouvernement lors des nombreuses crises et guerres qui ont émaillé le XVIIe siècle. Ils doivent surtout leur ascension sociale et le déroulement exceptionnel de leurs carrières, à leur dévouement à la cause royale et au réseau d’influence très développé qu’ils sont parvenus à tisser autour d’eux. Cette famille a, sans aucun doute, influencé l’histoire interne du Conseil des Finances, car, si elle a officié au sein de la Chambre des Comptes de Flandre et y a laissé des traces, elle a, par une tradition de gestion des finances, marqué le devenir de cette institution au XVIIe siècle. L’union avec les Brouchoven ne fait que renforcer cette idée : écrire l’histoire du Conseil des finances des Pays-Bas espagnols au XVIIe siècle, c’est véritablement écrire une histoire de famille.

Notes

1 J.-M. Cauchies, « Le droit et les institutions dans les anciens Pays-Bas sous Philippe le Bon (1419-1467) », Les Cahiers de Clio, 123, 1995, p. 45.

2 Avaient entrée permanente au Conseil d’Etat la gouvernante générale, deux ecclésiastiques et dix nobles des Pays-Bas désignés par l’empereur. Les chevaliers de la Toison d’or pouvaient assister aux séances du Conseil (M. Baelde, De collaterale raden onder Karel V en Filip II, 1531-1578. Bijdrage tot de geschiedenis van de centrale instellingen in de zestiende eeuw, Bruxelles, 1965, p. 26).

3 M. Baelde, R. Vermeir, « Conseil d’Etat (1531-1702, 1718-1787, 1790-1794) », in E. Aerts, M. Baelde, H. Coppens, H. De Schepper, H. Soly, A.-K.-L. Thijs, K. Van Honacker, éd., Les Institutions du gouvernement central des Pays-Bas habsbourgeois, Bruxelles, 1995, t. I, pp. 257-260.

4 Sur la souveraineté supposée des archiducs, voir notamment W. Thomas, « La corte de los archiduques Alberto de Austria y la infanta Isabel Clara Eugenia en Bruselas (1598-1633). Una revisión historiográfica », in A. Crespo Solana, M. Herrero Sánchez, éd., España y las 17 provincias de los Países Bajos. Una revisión historiográfica (XVI-XVIII), Cordoue, 2002, t. I, pp. 355-386.

5 Alonso de la Cueva, marquis de Bedmar (décédé à Rome le 10 août 1655), ambassadeur du roi d’Espagne à Venise, fut envoyé en 1622 comme ambassadeur extraordinaire aux Pays-Bas pour soutenir l’infante Isabelle dans son gouvernement. S’étant attiré l’animosité profonde de la population, il quitta Bruxelles pour se retirer à Rome. Il a été fait cardinal en 1622 (C. Berton, Dictionnaire des cardinaux, Paris, 1857, col. 782-784).

6 En effet, pour Alonso de la Cueva, les nobles des Pays-Bas étaient trop avides de pouvoir et constituaient donc une concurrence, un obstacle pour le centralisme royal (Archivo historico general, Simancas [désormais A. G. S.], Secretaria de Estado, legajo 2043 : lettre du marquis de Bedmar du 14 novembre 1629).

7 R. Vermeir, « L’ambition du pouvoir. La noblesse des Pays-Bas méridionaux et Philippe IV, 1621-1648 », Revue du Nord, 87, 2005, pp. 91-92 ; M. Baelde, R. Vermeir, « Conseil d’Etat… », loc. cit., p. 260.

8 A. Esteban Estríngana, « La crise politique de 1629-1633 et le début de la prééminence institutionnelle de Pierre Roose dans le gouvernement général des Pays-Bas catholiques », Revue belge de Philologie et d’Histoire, 76, 1998, p. 945.

9 Francisco de Moncada, marquis d’Aytona (1586-1635), fut ambassadeur du roi d’Espagne auprès de l’Empereur entre 1624 et 1629, avant d’être envoyé à la Cour de Bruxelles pour modérer la diplomatie de l’archiduchesse Isabelle. A son décès survenu en 1633, il est devenu gouverneur général des Pays-Bas à titre intérimaire (R. Vermeir, « Moncada, don Francisco de, markies van Aytona », in Nationaal Biografisch Woordenboek [désormais N. B. W.], t. XVI, 2002, col. 574-581).

10 Les activités normales du Conseil ont repris à la fin novembre 1630 (R. Vermeir, « L’ambition du pouvoir… », loc. cit., p. 95).

11 A ce sujet, voir notamment P. Janssens, « L’échec des tentatives de soulèvement dans les Pays-Bas espagnols sous Philippe IV », Revue d’histoire diplomatique, 112, 1978, pp. 110-129.

12 A. Vandenbulcke, « Le Conseil des Finances au XVIIe siècle. Perspectives de recherches », in H. Coppens, K. Van Honacker, éd., Symposium sur les institutions du gouvernement central des Pays-Bas habsbourgeois, Bruxelles, 1995, p. 137.

13 Pierre Roose (1586 – 27 février 1673), conseiller au Conseil de Brabant (1616), conseiller privé (1622), bénéficiait de la confiance et des faveurs de Philippe IV. Il obtint en 1632 la présidence du Conseil privé. Ensuite, son influence a peu à peu décliné. Il a fini par être démis de ses fonctions en 1653 (C. Thomas, Le Personnel du Conseil privé des Pays-Bas des archiducs Albert et Isabelle à la mort de Charles II (1598-1700). Dictionnaire prosopographique, Bruxelles, 2005, p. 120).

14 Voir à ce propos H. De Schepper, « De institutionele hervormingen van 1632 in de regering van de koninklijke Nederlanden », in Liber amicorum John Gilissen. Wet en Grondwet in historische perspectief, Anvers, 1983, pp. 89-105.

15 R. Vermeir, « L’ambition du pouvoir… », loc. cit., p. 109.

16 P. du Chastel de la Houwarderie, « Etude d’archéologie généalogique. Les d’Ennetières après leur anoblissement », Annales de la Société historique et archéologique de Tournai, t. X, 1905, pp. 93-95.

17 Josse de Courteville († 20 mai 1572) fut nommé secrétaire ordinaire du Conseil privé le 4 février 1555. En 1559, il était à Madrid, où il exerçait la charge de secrétaire d’Etat de Philippe II pour les affaires des Pays-Bas. Le 21 septembre 1561, il fut nommé greffier de la Toison d’or. Il revint aux Pays-Bas en 1567 pour servir de secrétaire au duc d’Albe. (J. Houssiau, Les Secrétaires du Conseil privé sous Charles Quint et Philippe II (1531-1567), Bruxelles, 1998, pp. 291-295).

18 Joachim Hopperus (11 novembre 1523 – 15 décembre 1576), docteur ès droits, fut nommé conseiller au Grand Conseil de Malines le 23 novembre 1554. En 1561, il entra au Conseil privé, qu’il dirigea en l’absence du président Viglius. En 1566, il partit en Espagne et, trois ans plus tard, fut nommé conseiller d’Etat et garde des sceaux de Philippe II (M. Baelde, De collaterale raden…, op. cit., p. 269).

19 M. Baelde, De collaterale raden…, op. cit., pp. 259-260.

20 Archives Générales du Royaume, Bruxelles [désormais A. G. R.], Papiers d’Etat et de l’Audience [P.E.A.], reg. 208, f° 233 ; J. Lefèvre, « Les d’Ennetières », in Tablettes du Hainaut. Généalogie, histoire et héraldique, t. II, Grandmetz, 1956, p. 18.

21 A. G. R., P.E.A., no 1294 ; M. Baelde, De collaterale raden…, op. cit., p. 260.

22 Nicolas Baert, originaire du duché de Brabant, fut nommé receveur général des Finances le 17 juin 1570, charge qu’il a occupée jusqu’en 1578 (Ibid., p. 228).

23 A. G. R., P.E.A., no 2709 : lettres patentes d’auditeur de la Chambre des Comptes de Flandre pour Jean d’Ennetières, le 26 juin 1574 ; M. Jean, La Chambre des comptes de Lille (1477-1667) : l’institution et les hommes, Paris, 1992, p. 302.

24 Archives Départementales du Nord, Lille [désormais A. D. N.], B 2806, f° 408r.

25 P. Janssens, L. Duerloo, Armorial de la noblesse belge, Bruxelles, 1992, t. II, p. 759.

26 A. Vandenbulcke, Répertoire des officiers des Chambres des comptes de Lille, Bruxelles et Ruremonde (XVIIe s.), Bruxelles, 1998, p. 53.

27 A. G. R., P.E.A., no 1902/3 : consulte du Conseil des Finances du 22 octobre 1619.

28 Louis Verreycken (1552 – 23 octobre 1621) a été nommé audiencier des Pays-Bas le 1er juillet 1578. Bénéficiant de la confiance des souverains et des gouverneurs généraux, il a rempli de nombreuses missions diplomatiques d’importance. En 1611, il a été nommé trésorier de la Toison d’or (C. Thomas, Le Personnel…, op. cit., p. 143).

29 A. G. R., P.E.A., no 1482/2 : lettres de Jacques d’Ennetières à Louis Verreycken, novembre 1619.

30 A. G. R., Conseil des Finances [C.F.], reg. 8, f° 71 : consulte du Conseil des Finances du 4 mai 1620.

31 A. G. R., P.E.A., no 1902/4 : lettre de Claude d’Ongnies, comte de Coupigny, à l’archiduc Albert, 1er août 1620.

32 A. G. R., C.F., reg. 8, f° 71 : apostille de l’archiduc Albert du 1er août 1620 ; M. Jean, La Chambre des comptes…, op. cit., p. 302.

33 François de Logenhagen (v. 1549 – 9 février 1626) était secrétaire du conseiller d’Etat Charles de Berlaimont, avant d’être nommé auditeur extraordinaire à la Chambre des Comptes de Lille, par commission du 11 novembre 1574. Le 20 octobre 1609, il y fut promu à l’office de maître ordinaire (A. Vandenbulcke, Répertoire…, op. cit., p. 83).

34 Jacques Bruneau (v. 1576 – 18 août 1634), secrétaire de Balthazar de Zuñiga, ambassadeur de Philippe III, a été nommé président de la Chambre des Comptes de Flandre le 5 novembre 1627 (Ibid., pp. 38-39).

35 René de Vos († 17 août 1639) a été nommé maître ordinaire de la Chambre des Comptes de Lille le 23 février 1610. Il a été contraint à la démission par ordre de l’infante Isabelle du 17 mars 1633 (Ibid., pp. 133-134).

36 A. G. R., P.E.A., no 2709 : lettres patentes de président « ad interim » pour Jacques d’Ennetières, le 30 mars 1633 ; M. Jean, La Chambre des comptes…, op. cit., p. 149.

37 A. G. S., Secretarias provincíales, Flandes [S.P.F.], legajo 2436 : consulte du Conseil suprême de Flandre et de Bourgogne, du 6 septembre 1634.

38 A. D. N., B 41, fos 82v, 84v, 94v, nos 18502, 18503.

39 A. G. S., S.P.F., legajo 2441 : consulte du Conseil suprême du 25 février 1643.

40 Louis-François Verreycken (v. 1588 – 6 mai 1654) a obtenu la survivance de l’office d’audiencier des Pays-Bas, détenu par son père, Louis, par lettres patentes du 22 mars 1614. Il jouissait de la confiance du cardinal-infant, qui ne manquait pas de vanter ses mérites (C. Thomas, Le Personnel…, op. cit., p. 143).

41 Emmanuel de Mourra y Cortereal, marquis de Castel-Rodrigo, conseiller d’Etat en Espagne, a été diplomate auprès du Saint-Siège de 1633 à 1641, puis de la Cour de Vienne, en 1641-1642, avant d’être nommé gouverneur général des Pays-Bas le 25 avril 1644. Il a été le principal agent du roi d’Espagne pour le traité de Munster de 1648. Pendant son gouvernorat, il a toujours vivement conseillé au roi de faire la paix avec les Provinces-Unies (J. Lefèvre, « Castel-Rodrigo, Emmanuel de Moura y Cortoreal », N. B. W., t. III, 1968, col. 120-124).

42 A. G. R., Secrétairerie d’Etat et de Guerre [S.E.G.], reg. 232, f° 340.

43 A. G. S., S.P.F., libro 1446, f° 245v fos 292r-293r : lettre de Philippe IV au marquis de Castel-Rodrigo, 20 juin 1645.

44 La « mercède » est un don ou une faveur d’une rente ou d’un emploi fait par le roi à ses sujets (A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes des Pays-Bas espagnols, Bruxelles, 1996, p. 97).

45 A. G. R., P.E.A., no 2082 : lettre de Jacques d’Ennetières à Louis-François Verreycken, 4 mars 1643.

46 A. G. R., P. E. A., no 2709 : promesse de succéder à la première place de maître vacante, en date du 20 mars 1646. Sa nomination à titre ordinaire date du 23 avril 1650 (A. Vandenbulcke, Répertoire…, op. cit., p. 134).

47 Francisco de Galaretta Occariz, secrétaire d’Etat et de Guerre du prince Thomas de Savoie, a été nommé en 1633 à titre intérimaire à ce même poste auprès du cardinal-infant, à Bruxelles. Retourné au service du prince de Savoie, il a été nommé, à titre définitif, secrétaire d’Etat et de Guerre des Pays-Bas en 1644 (G. Parker, The Army of Flanders and the Spanish Road (1567-1659), 2e édition, Cambridge, 2004, p. 248).

48 Léopold-Guillaume (Graz, 1614 – Vienne, 1662), archiduc d’Autriche, fils de l’empereur Ferdinand II, a été gouverneur général des Pays-Bas de 1647 à 1656. Evêque de Passau et de Strasbourg (1626), d’Olmutz (1637) et de Breslau (1655), il a passé beaucoup de temps sur les champs de bataille. A l’époque de sa gouvernance, Bruxelles a connu une vie de cour particulièrement brillante (J. Lefèvre, « Léopold-Guillaume », Biographie Nationale [désormais B. N.], t. XXXVII, 1971-1972, col. 531-538).

49 François de Kinschot (1579 – 5 mai 1651), baron de Rivieren, a commencé sa carrière au greffe du Conseil des Finances avant d’accéder au poste de trésorier général des Finances en 1620. En 1649, il a été promu chancelier de Brabant. Il était également conseiller d’Etat (G. Nypels, « François de Kinschot », B. N., t. X, 1888-1889, col. 769-772).

50 H. Lonchay, J. Cuvelier, J. Lefèvre, Correspondance de la Cour d’Espagne sur les affaires des Pays-Bas au XVIIe siècle, t. IV, Bruxelles, 1933, p. 104-105 ; A. Vandenbulcke, « Le Conseil des Finances… », loc. cit. p. 139.

51 A. G. S., S.P.F., legajo 2447 : consulte du Conseil suprême du 27 mars 1649 ; A. G. R., P.E.A., no 1297 : lettres patentes de trésorier général des Finances pour Jacques d’Ennetières, 14 décembre 1649.

52 A. G. R., S.E.G., reg. 252, f° 162, 366, reg. 253, f° 309 ; A. D. N., B. 3111, f° 397v ; A. G. R., P.E.A., no 1292.

53 A ce titre, voir H. Lonchay, J. Cuvelier, J. Lefèvre, Correspondance…, op. cit., t. IV et V, Bruxelles, 1933-1935, qui indique les divers dossiers importants dans lesquels Jacques d’Ennetières a été impliqué.

54 Voir entre autres A. D. N., B 3123, fos 376v-377r, B 3129, f° 699.

55 A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes…, op. cit., p. 143. Le roi a dû intervenir, le 18 mai 1666, pour exiger la réintégration de Philippe-François d’Ennetières dans la jouissance de tous les droits inhérents à sa charge de troisième maître dont la Chambre des Comptes l’avait délesté (A. G. R., P.E.A., no 2228/1).

56 A. G. S., S.P.F., legajos 2458 (consulte du Conseil suprême du 12 novembre 1661), 2459 (consulte du Conseil suprême du 3 juillet 1662) ; A. G. R., S.E.G., reg. 271, f° 55. Au fil de nos dépouillements, cette lettre de remerciement pour l’exécution d’une faveur est la seule que nous ayons rencontrée.

57 A. G. S., S.P.F., legajo 2472 : consulte du Conseil suprême de Flandre et de Bourgogne du 8 juillet 1675.

58 « […] por la parte de los meritos y capacidad, pues se halla ya serviendo este puesto y cierto con aprobacion y trabajo continuo grande en el ajustamento del estado de todas las rentas y domanios de V [uestra] M [ajestad] y assi sera muy bien empleada toda la mercede que V [uestra] M [ajestad] se serviere de hacerle […] » (A. G. S., S.P.F., legajo 2460 : consulte du 27 mai 1663) ; A. G. R., P.E.A., no 2228/1.

59 Il s’agissait des conseillers et maîtres des comptes Gaspard vander Ghote, Nicaise de la Porte et Louis-Ignace de Monchaux, le fils du défunt (A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes…, op. cit., p. 103).

60 A. G. S., S.P.F., legajos 2471 (consulte du Conseil suprême du 9 avril 1674), 2472 (consulte du Conseil suprême du 8 juillet 1675).

61 « que han llegado a su noticia que de uno y otro resultaron ser indiciados de inteligencia en Francia, y mala administracion en el manijo de la real hazienda » (A. G. S., S.P.F., legajo 2472, consulte du Conseil suprême du 8 juillet 1675) ; A. G. S., S.P.F., legajo 2458 : consulte du Conseil suprême de Flandre, du 30 septembre 1677, et mémoire sur la situation politique, économique et morale des provinces belgiques).

62 A. G. S., Consejo de Estado, legajos 2128 (consulte du Consejo de Estado du 19 avril 1675), 2130 (consulte du Consejo de Estado du 18 juin 1675).

63 Juan de Haro, Guzman, Zuniga y Fonseca, comte de Monterey (v. 1649-1716), a été gouverneur général des Pays-Bas de 1670 à 1675. Pendant son administration, il a réussi à obtenir l’appui diplomatique de l’Empire et négocia avec les Provinces-Unies une alliance défensive et des accords commerciaux (H. Hasquin, dir., op. cit., p. 456).

64 Carlos de Aragon y Borgia († 14 avril 1692), comte de Luna, duc de Villa Hermosa, fut capitaine général de cavalerie avant d’être nommé gouverneur général en mars 1675, fonction qu’il a occupée jusqu’en septembre 1680 (J. Lefèvre, « Villa Hermosa (Carlos de Aragon y Borgia, comte de Luna, Sastago, etc. duc de », B. N., t. XXXII, 1964, col. 720-724).

65 François de Kinschot (21 mai 1616 – 4 août 1700), comte de Saint-Pierre de Jette, a été nommé conseiller et commis des finances en 1645. Il était connu pour être un fonctionnaire turbulent. Il avait notamment été impliqué dans une affaire de délation en 1660. En 1675, il a occupé la charge de trésorier général à titre intérimaire (G. Guyot, « La famille de Villegas en Belgique », L’Intermédiaire des généalogistes, no 235, 1986, pp. 11-21).

66 A. Vandenbulcke, Les Chambres des comptes…, op. cit., p. 104 ; de la même, « Le Conseil des Finances… », loc. cit, p. 140 ; A. G. R., P.E.A., no 2227/3 : ordre royal de septembre 1675.

67 A. G. R., S.E.G., reg. 282, f° 26.

68 R. De Schryver, Jan van Brouchouven, graaf van Bergeyck, 1644-1725 : een halve eeuw staatkunde in de Spaanse Nederlanden en in Europa, Bruxelles, 1965, pp. 56-57 ; A. G. R., Conseil d’Etat, no 27.

69 Jacques avait été élevé au rang de chevalier le 29 décembre 1625, puis au titre de baron de la Berlière (région d’Ath), le 23 mai 1664 (P. Janssens, L. Duerloo, Armorial…, op. cit., t. II, p. 759 ; A. Vandenbulcke, Répertoire…, op. cit., p. 56).

70 A. G. R., P.E.A., no 1298 : lettres patentes de conseiller et commis des finances pour Jean-Baptiste de Brouchoven, 21 mai 1655.

71 A. G. R., C.F., no 186 : lettres patentes de greffier des finances pour Nicolas de Brouchoven, du 5 mars 1661 (A. G. R., P. E. A., no 1297) ; A. G. R., C.F., no 228 (consulte du Conseil des Finances du 19 février 1661), no 180. Le remboursement de ce prêt s’étalait sur trois ans et était affecté sur les recettes des domaines de Louvain, des droits de sortie des grains de Venlo, et des droits d’entrée et de sortie d’Anvers et de Ruremonde (A. G. R., C.F., nos 186 et 249).

72 R. De Schryver, Jan van Brouchouven…, op. cit., pp. 17-18 ; A. G. S., S.P.F., libro 1438, fos 223v-226r.

73 R. De Schryver, Jan van Brouchouven…, op. cit., pp. 47, 68 ; A. G. R., P.E.A., no 1298.

74 C. Thomas, Le Personnel…, op. cit., p. 58.

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