Version classiqueVersion mobile

L’Action française

 | 
Michel Leymarie
, 
Jacques Prévotat

Partie 3. L'Action française et les milieux religieux

Les milieux protestants et l’Action française

Comment peut-on être protestant et royaliste au temps du Front populaire ?

How could one be Protestant and Royalist in the era of the Popular Front?

André Encrevé

Résumé

En 1925, un petit groupe de protestants royalistes proches de l’Action française fonde l’Action protestante, qui prend en 1930 le nom d’Association Sully. En décembre 1933 le Groupe Bas-Languedoc de cette Association décide de faire paraître un Bulletin, qui est publié jusqu’en juillet 1939. Mais elle ne parvient à gagner qu’un petit nombre d’adeptes. En effet, en général des protestants se reconnaissent dans les principes de 1789 ; or les animateurs du Bulletin choisissent non pas de rester modérés en choquant le moins possible leurs coreligionnaires, mais au contraire de violer la plupart des codes huguenots. Si bien que la grande majorité des protestants ne sont pas loin de regarder les animateurs de l’Association Sully comme des traîtres.

Texte intégral

1Dans son premier numéro, paru le 15 décembre 1933, le Bulletin du Groupe Bas Languedoc de l’Association Sully, précise, sous la plume d’A.-H. Chaber et P. Delpuech :

  • 1 Bulletin du groupe Bas-Languedoc de l’Association Sully [désormais Bulletin…], p. 1.

« Protestants royalistes, nous avons l’ardente conviction de rester fidèles à nos traditions historiques, nationales et religieuses les plus précieuses en mettant nos espoirs confiants dans le retour du Roi, non pour rétablir certaines formes périmées du régime monarchique, mais pour instaurer une royauté moderne, adaptée aux besoins actuels, et qui seule peut y satisfaire, dans le cadre des libertés retrouvées.1 »

2Cependant, dans les années 1930, il n’est pas simple pour un protestant français de se déclarer royaliste. Et le texte que nous venons de citer révèle des hommes quelque peu sur la défensive. En effet, l’histoire tourmentée des huguenots fait que la plupart de ces derniers ont conservé un souvenir exécrable de la monarchie et, en particulier, de Louis XIV. De plus le principal mouvement royaliste de ce temps, l’Action française, est dirigé par un antiprotestant notoire : Charles Maurras. Enfin, l’écrasante majorité des protestants est républicaine et la plupart d’entre eux votent en faveur des partis de gauche.

  • 2 Grace R. Davie, Right Wing Politics among French Protestants (1900-1944), with special reference t (...)

3Les protestants royalistes ont donc fort à faire. Ils s’attèlent pourtant à la tâche en fondant une association proche de l’Action française – l’Association Sully – dont l’un des groupes régionaux publie un Bulletin durant les années 1930. Comme cette association a été étudiée par Grace Davie dans son doctorat – malheureusement non publié2 –, nous avons choisi de centrer notre communication sur le Bulletin du Groupe Bas-Languedoc de l’Association Sully à l’époque du Front populaire, parce que c’est le moment où ce Bulletin connaît sa plus grande diffusion (il décline fortement à partir de 1937).

4Dans cette étude nous allons donc tenter d’expliquer leur échec en montrant que ses animateurs se sont enfermés dans une contradiction qui leur a interdit de réussir. En effet, comme la plupart des protestants se reconnaissent dans les principes de 1789, pour être en mesure de faire de la propagande monarchiste parmi huguenots les « sullystes » décident, non pas de rester modérés et de tenter de convaincre en choquant le moins possible, mais au contraire de violer la plupart des « codes » protestants. Si bien que la très grande majorité des huguenots ne sont pas loin de regarder les protestants royalistes comme des traîtres, qui insultent la mémoire des galériens pour la foi en pactisant avec leurs pires ennemis.

  • 3 Naturellement, à ce propos, l’essentiel de notre information provient de la thèse, déjà citée, de (...)

5Avant d’en venir à l’analyse de ce Bulletin, présentons rapidement l’Association Sully3. Elle apparaît en 1925 sous le nom d’Action protestante et prend en 1930 le nom d’Association Sully. L’article I de ses statuts précise :

  • 4 Cité par Grace Davie, Right Wing…, p. 68.

« L’A. S. n’est ni un parti politique ni une association religieuse. Elle est une union patriotique qui a pour objet de rechercher les Français patriotes, de dénomination protestante, et de les unir pour travailler à restaurer, parmi leurs coreligionnaires, les traditions qui ont contribué à la formation historique de la France et au maintien de la religion sur les principes et dans les formes tracées par les réformateurs.4 »

  • 5 Voir Grace Davie, Right Wing…, p. 73.
  • 6 Grace Davie précise qu’en 1936-1937 le Bulletin du Groupe Bas Languedoc est tiré à 5 000 exemplair (...)

6Elle possède trois co-présidents : un industriel de Colmar, Eugène Kühlmann, et deux aristocrates parisiens, Louis de Seynes et le colonel de Latour-Dejean. Favorable à la décentralisation, elle est composée de groupes régionaux, dont les plus actifs se trouvent en Alsace, à Paris, à Lyon et en Bas-Languedoc ; mais elle ne parvient pratiquement pas à recruter des adhérents dans les vieux terroirs huguenots5. Quelques pasteurs rejoignent aussi ses rangs, en particulier Noël Nougat (1882-1944) – il utilise le pseudonyme de Noël Vesper –, qui sera fusillé à la Libération. Au point de vue numérique, l’Association Sully reste une toute petite organisation6. Quant au « Groupe Bas-Languedoc », il est dirigé par deux membres de la grande bourgeoisie méridionale, Pierre Delpuech et Alfred-Henri Chaber.

  • 7 Entre 1942 et 1944 d’ancien membres de l’Association, Noël Vesper en particulier, font paraître un (...)

7Le 15 décembre 1933 ils font paraître le premier numéro du Bulletin du groupe Bas-Languedoc de l’Association Sully, d’abord bimensuel de 8 pages, puis mensuel de 12 pages à partir du 1er février 1936. Il atteint sa meilleure diffusion entre avril 1936 et juillet 1937, puis il décline. A court d’argent, il cesse de paraître avec le numéro de juillet-août 1939 et l’Association Sully, moribonde depuis plusieurs mois, cesse elle-même toute activité7. Les principaux rédacteurs sont Chaber (qui signe la plupart des éditoriaux) et Delpuech ; Noël Vesper est aussi très souvent présent dans ses colonnes, ainsi que Gaston Mercier. Plusieurs pseudonymes sont également utilisés, en particulier Aquilas et Heurtebise.

  • 8 Notre étude est essentiellement centrée sur la période du Front populaire (mai 1936-juin 1937) ; m (...)

8Que nous apprennent les numéros du Bulletin… publiés à l’époque du Front populaire sur la difficulté à être royaliste pour un protestant français des années 1930 ? Tout d’abord, ses animateurs ont pleinement conscience de leur isolement. Ainsi, par exemple, dans leur numéro du 1er mai 19358, ils publient le texte d’une conférence de Noël Vesper. Or la rédaction estime nécessaire de la faire précéder d’un petit avant-propos, adressé solennellement à « MM. Les Pasteurs des Églises Réformées de France, à MM. Les membres des Conseils des Églises, aux fidèles, et à vous chers lecteurs » où on peut lire :

  • 9 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 1.

« Nous désirons de vous que, passant sur les premières réactions de votre sentiment propre et de vos habitudes d’esprit, vous n’abordiez cette lecture qu’avec un jugement vierge et neuf. […] Nous vous supplions donc de lire d’abord, de relire ensuite, de ne pas brûler, ni jeter, mais de conserver et de faire connaître.9 »

  • 10 Bulletin…, août-septembre 1936, p. 4.
  • 11 Id.

9Il reste que cet isolement leur pèse probablement. Ainsi, par exemple, Jacques de Missècle cite un texte du pasteur Athanase Coquerel fils datant du siège de Paris en 1870, où ce dernier écrit : « Pourquoi tout protestant doit-il être républicain ? Parce que nous sommes les pères du suffrage universel et nous l’avons pratiqué au XVIe siècle dans nos assemblées politiques […]10 ». Et Missècle de se lamenter : « On n’a pas idée du mal qu’ont fait dans le protestantisme des affirmations de ce genre11 ». Puis il entre dans une discussion historique visant à contester l’opinion d’A. Coquerel fils.

  • 12 Voir, en particulier, le long article de A.-H. Chaber dans le numéro du 1er février 1937, intitulé (...)
  • 13 Bulletin…, 1er novembre 1936.
  • 14 Ibid., p. 13.
  • 15 Bulletin…, 1er juin 1937, p. 2-5.
  • 16 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 10.
  • 17 Bulletin…, 1er février 1937, p. 11.

10Par ailleurs, pour tenter de convaincre leurs coreligionnaires, il leur faut colorer leur choix monarchiste – présenté de façon assez classique12 – de tonalités spécifiques. Ainsi, à l’automne 1936, lors du 4e centenaire de la publication de l’Institution de la religion chrétienne par Calvin, le Bulletin… tente de justifier ses préférences politiques par le respect de la pensée de Calvin. Mais, comme ce dernier a été contraint de fuir les terres du roi de France pour se réfugier dans la république de Genève et que ses écrits ne comportent pas de texte explicite en ce sens, cela se révèle quelque peu acrobatique et ne nécessite pas moins de trois articles, signés Chaber, Vesper et Missècle13. Malgré cela, dans un quatrième article, Marc Deschamp – jeune militant moins prudent que ses aînés – reconnaît qu’il est « vain de vouloir demander au Calvinisme une attitude politique valable pour tous les hommes en tous temps et en tous pays, ou une attitude politique valable pour tous les chrétiens14 ». En fait les animateurs du Bulletin… s’attachent surtout à montrer qu’à certaines époques la monarchie a su être favorable aux protestants. Ils publient, par exemple, un long article de l’historien Jacques Pannier sur le mariage protestant, célébré en 1937, de la princesse Hélène de Mecklembourg-Schverin avec le duc d’Orléans, prince héritier15. Ou ils se félicitent de voir que la presse protestante française a accordé une place importante au jubilé des 25 ans de règne du roi d’Angleterre16 en 1935, tout comme aux cérémonies du mariage de la princesse Juliana de Hollande en 1937, et ajoutent « Si tant de nos coreligionnaires paraissent envier nos amis de Hollande des avantages procurés à leur pays par la Maison d’Orange, pourquoi ne portent-ils pas leurs regards vers le Manoir d’Anjou ?17 » Curieusement, ils semblent oublier que si la dynastie britannique et la Maison d’Orange sont protestantes tel n’est pas le cas de la Maison de France.

11En réalité, les sullystes sont bien conscients que l’histoire de France est leur pire ennemie. Pour y faire face certains, tel Vesper, prônent une stratégie d’évitement ; ce dernier explique :

  • 18 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 9.

« Il faut refuser ce terrain, non pas parce que nous y serions gênés, mais pour des motifs plus hauts. Avec la discussion sur le passé, on ne cessera pas d’opposer les Français et de diviser les chrétiens. On continuera à dire que Louis XVI a été guillotiné pour expier la Révocation de l’Edit de Nantes. Que l’histoire reste une leçon, soit ! Mais qu’elle ne demeure pas une rancune !18 »

  • 19 Bulletin…, 1er juillet 1936, p. 2.
  • 20 Bulletin…, 1er décembre 1935, p. 11.

12Evidemment c’est la solution la plus simple, mais il n’est pas sûr qu’elle soit efficace, tant les huguenots sont marqués par l’histoire. De ce fait, d’autres estiment indispensable d’argumenter. Mais c’est pour eux un terrain semé de chausse-trapes, la révocation de l’Edit de Nantes par exemple. De ce fait, ils s’arrangent pour évoquer le moins possible la Révocation et, quand ils citent le règne de Louis XIV, c’est plutôt pour écrire, comme Chaber : « par simple esprit de justice comprenons que l’intolérance religieuse dévasta l’Europe entière »19. Toutefois, lors du 250e anniversaire de la Révocation, à propos de laquelle une commémoration solennelle a lieu dans le temple de l’Oratoire, il leur est difficile de l’éviter. En fait, ils se contentent de la citer rapidement dans les « Propos en l’air », signés du pseudonyme Heurtebise. Certes ce dernier reconnaît que « Louis XIV porte la responsabilité de cette funeste Révocation et de ses funestes conséquences », ce qui est bien le moins qu’un protestant peut écrire ; mais il se plaint aussi que ses coreligionnaires se soient « étendus complaisamment sur le détail des persécutions abominables » ; soutient « qu’en bons chrétiens les Protestants pourraient pardonner à Louis XIV devant l’effort de réparation dû à ses descendants » ; et il regrette que la réunion au temple de l’Oratoire se soit transformée en une « communion dans la haine de Louis XIV » et non pas d’une « cérémonie funèbre où l’on pleure des disparus20 ».

  • 21 Rappelons que ces massacres, ont provoqué quelques centaines de morts et quelques milliers de bles (...)
  • 22 Les 15 mars, 15 mai, 1er juin, 15 juin et 1er juillet 1935.
  • 23 Bulletin…, 15 mars 1935, p. 4.
  • 24 Bulletin…, 1er juillet 1935, p. 6.

13Les sullystes ont à faire face à un second épisode délicat, les massacres de la Terreur Blanche de 1815, consécutifs, qui plus est, de la restauration de la monarchie21. A ce sujet, ils publient un grand article de P. Delpuech en cinq livraisons22, où l’argumentation est plus habile. De fait, comme on ne peut pas accuser Louis XVIII d’avoir donné personnellement l’ordre de massacrer des protestants, il leur est plus facile de défendre leurs idées. La thèse de Delpuech est simple : les massacres ont été le fait de fanatiques accompagnés par la populace et le seul groupe ayant défendu les protestants est la famille royale et de ses fidèles. Conscient du caractère iconoclaste de ses conclusions pour les huguenots, il prévient ses lecteurs que celles-ci vont « à l’encontre d’un état d’esprit acquis chez eux par une longue accoutumance héréditaire »23. Et il conclut que « la Royauté a invariablement cherché à assurer la sécurité et la liberté de conscience de la modeste minorité protestante » et que cela devrait faire réfléchir ceux de leurs coreligionnaires « qui affectent de craindre qu’une restauration monarchique actuelle puisse constituer un danger pour le Protestantisme et les Protestants24 ».

  • 25 Bulletin…, 1er octobre 1935, p. 2.
  • 26 Bulletin…, 1er décembre 1935, p. 11.
  • 27 Bulletin…, 1er février 1936, p. 10.
  • 28 Ibid., p. 10.
  • 29 Idem.
  • 30 Il poursuit : « C’était sans doute l’âge d’or comme au paradis des soviets… Napoléon ne rétablit l (...)

14Par ailleurs, ils tentent de mettre en valeur les décisions royales favorables aux protestants, mais ils font une histoire partielle. Prenons l’exemple de l’Edit de tolérance de 1787. Emporté par son enthousiasme monarchique, Chaber affirme tout d’abord que « la liberté des cultes [a été] proclamée et imposée par le roi en 1787 »25, alors que cet Edit affirme explicitement le contraire. De fait, un lecteur écrit pour signaler cette erreur. Embarrassé, Chaber commence par dire qu’avant 1787 on remarquait déjà une tolérance de fait, puis il saute à Louis XVIII qui en 1814 « proclame la liberté et la protection de tous les cultes, mais il reconnaît la religion catholique comme religion d’État », puis à Louis-Philippe qui, en 1830, « constate seulement qu’elle est la religion de la majorité de Français »26. On le voit, les sullystes ne peuvent envisager de reconnaître que la Révolution a donné aux protestants la liberté et l’égalité, et qu’en conférant au catholicisme le titre de religion d’Etat la Charte de 1814 a représenté pour eux une régression. De plus Chaber tente de faire croire que Louis-Philippe a donné l’égalité aux protestants, alors que l’affirmation du catholicisme comme simple religion de la majorité figure, comme chacun sait, dans le Concordat de 1801. Le même lecteur ayant fait remarquer que Chaber, continuait à propager « une contre-vérité historique » et avait « escamoté cette incontestable vérité historique »27 de la proclamation de la liberté des cultes par l’Assemblé nationale, celui-ci tente de s’en sortir en soutenant que « la liberté des cultes était en fait établie… pour nos pères qui vivaient en 1787 cela valut mieux qu’une déclaration théorique…28 », et qu’il convient de marquer la Révolution d’une tache de sang puisque, à peine la liberté des cultes proclamée « la Révolution ne fit-elle pas la guerre aux pasteurs comme aux curés ? Echafaud, exil, confiscation, rien ne leur fut épargné…29 ». Ce qui contient à nouveau une erreur historique, aucun pasteur n’ayant été guillotiné pour raison religieuse, et aucun pasteur n’ayant été exilé ou n’ayant vu ses biens confisqués sous la Révolution30.

  • 31 Voir, notamment, le Bulletin… du 1er mars 1936, p. 3.
  • 32 Bulletin…, 1er juin 1936, p. 2 et 3.
  • 33 Bulletin…, 1er juillet 1936, p. 9.
  • 34 Bulletin…, 1er juin 1936, p. 12.
  • 35 Bulletin…, 1er mai 1937, p. 2.
  • 36 Bulletin…, 1er mars 1937, p. 4.
  • 37 Bulletin…, 1er novembre 1936, p. 3.

15On le voit, les sullystes s’estiment en permanence contraints de se justifier. Cela tient, évidemment, à leur choix royaliste mais c’est aussi la conséquence de leur volonté d’enfreindre la plupart des « codes de reconnaissance » dont usent en général les protestants français. Cette violation des codes protestants se remarque d’abord sur des points mineurs. En voici quelques exemples. Ils qualifient leurs visites régulières aux demeures de Sully de « pèlerinage »31, alors que pour la plupart des protestants ce mot est réservé à une forme de piété étrangère au protestantisme. Ils n’ont pas de réticence à s’appuyer sur des textes d’écrivains catholiques hostiles au protestantisme, comme L. de Bonald ou J. de Maistre32. Ils qualifient Louis XIV de « grand roi » et ajoutent que « la monarchie française se revêtit sous son règne de la plus grande splendeur »33 ; alors que la plupart des huguenots estiment que la politique religieuse de Louis XIV couvre son règne d’un voile de ténèbres. Ils qualifient Jeanne d’Arc de « Sainte de la Patrie »34, alors que le culte de saints est regardé par les protestants comme portant la marque exclusive du catholicisme. Ils appellent le pape Pie XI « Sa Sainteté »35, alors que les protestants refusent en général cette formule. Ils se plaignent qu’à l’exposition internationale de 1937, la France soit symbolisée « par la soidisant évocation d’un village français, sans église. Un clocher surmontée d’une croix est le symbole de l’idéalisme du peuple français […] »36, alors que fort peu de huguenots ont l’idée de regarder une église catholique comme le symbole de la France. Ils vont même jusqu’à publier la lettre d’une lectrice catholique soutenant que trop de protestants « en sont toujours aux légendes dragonnades et ne veulent pas en sortir »37. Les dragonnades seraient-elles une légende pour les sullystes ?

  • 38 Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, texte abrégé et présenté par Jean-Pierre Pete (...)
  • 39 Bulletin…, 1er décembre 1936, 1er janvier 1937, 1er mars 1937.

16Toutefois, ces violations ne portent que sur des points mineurs et le Bulletin… se livre à des manquements nettement plus fondamentaux. Tout d’abord, ses animateurs s’attachent à tenter de démontrer que le protestantisme n’est pas à l’origine de la démocratie, alors que la plupart des protestants partagent l’opinion du catholique comte de Tocqueville, selon lequel la démocratie s’est implanté en Amérique parce qu’elle a été peuplée par des protestants qui ont cherché à « harmoniser la terre avec le ciel »38. Comme les sullystes n’ignorent pas l’opinion commune à ce sujet, ils y reviennent à plusieurs reprises. Ainsi le numéro du 1er mai 1935 est-il entièrement consacré à la reproduction d’une conférence de Noël Vesper intitulée « Les protestants devant la démocratie » où il tente de démontrer que la démocratie est une hérésie et que, dans le passé, les Églises protestantes n’y ont nullement adhéré. Un peu plus tard Th. Lethel publie trois longs articles intitulés « Protestantisme et démocratie »39. Analysant le fonctionnement des consistoires aux XVIe et XVIIe siècles, il conclut que les institutions politiques de la France au XXe siècle ne sauraient être regardées comme issues des ancienne institutions synodales réformées. Cependant, à tout prendre, il s’agit là de l’interprétation d’un point d’histoire sans grande incidence directe.

17Plus génératrice d’isolement au sein de la communauté huguenote est la volonté des sullystes de promouvoir une alliance entre protestants et catholiques dans le but de lutter contre la gauche, comme le demande Heurtebise dans l’été 1936 :

  • 40 Bulletin…, août-septembre 1936, p. 10.

« Il semble bien que la cause la plus profonde de cette lamentable aventure [le gouvernement Blum] doive se chercher dans le fléchissement du Christianisme en France ; de même que, si le mal a pu rencontrer quelque résistance ce soit grâce aux derniers remparts chrétiens subsistant dans le pays. » Il ajoute : « Sans doute, il y a lutte contre l’Église du Christ ; mais hélas l’Église s’est-elle défendue ? Trop de ses membres n’ont-ils pas consenti à un ordre ( ?) politique exclusif de l’ordre Chrétien […] ?40 »

  • 41 Bulletin…, 1er octobre 1936, p. 12.
  • 42 Ibid., p. 11.
  • 43 Voir en particulier les numéros du 1er novembre 1936, p. 2-3 et du 1er mars 1937, p. 4.
  • 44 Bulletin…, 1er décembre 1936, p. 7.
  • 45 Ibid., p. 7-8. Par la suite, leur soutien aux franquistes ne se dément pas ; voir, notamment, le B (...)
  • 46 Bulletin…, p. 7.
  • 47 Voir les numéros du 1er juin 1937, p. 2 et du 1er juillet 1937 (article intitulé « Pourquoi pas de (...)

18En lisant ce texte, nombre de protestants ont dû se frotter les yeux en se demandant s’ils n’avaient pas entre les mains un journal catholique. En effet Heurtebise ne fait aucune distinction entre catholicisme et christianisme, il parle d’un « ordre Chrétien » et de « l’Église du Christ », comme s’il n’y avait en France qu’une seule Église chrétienne. Or c’est justement ce que les protestants reprochent aux catholiques de faire. De plus la guerre civile espagnole offre aux sullystes l’occasion de mettre leurs théories en pratique en apportant leur appui à Franco. Dès octobre 1936, Heurtebise, qui n’ignore pas que nombre de huguenots éprouvent une très vive réticence envers Franco, demande à ses lecteurs de « faire dans leur Église et auprès de leurs coreligionnaires une véritable croisade » pour s’opposer « à toute complaisance »41 envers les républicains espagnols. Tandis que R. Boutitie avertit les protestants français qu’ils ne doivent pas s’imaginer que les protestants espagnols seront épargnés par les républicains sous prétexte qu’avant 1936 ils étaient mal vus par la droite42. Puis le Bulletin… entame une vive polémique avec le pasteur Jules Jézéquel, – secrétaire général de l’Alliance universelle pour l’amitié internationale par le moyen des Églises – qui demande publiquement que la France aide davantage les républicains espagnols43. A la même époque les autres journaux protestants signalent que des protestants espagnols ont été spécifiquement victimes d’atrocités et d’assassinats dans les zones franquistes. Or à l’inverse du reste de la presse protestante, en décembre 1936 Chaber se demande si les victimes ont été abattues parce qu’elles étaient protestantes ; ne serait-ce pas plutôt, écrit-il, parce qu’elles soutenaient le Frente popular44 ? Il déclare même faire confiance aux franquistes pour défendre les évangélistes protestants de la Mission du Haut Aragon, qui tentent de convertir des paysans espagnols, ce qui est pour le moins aventuré. De plus, il semble croire que Franco va combattre l’influence du clergé catholique – ce qui ne porte pas la marque d’une grande lucidité politique – et il réclame l’union de tous les chrétiens français derrière les nationaux espagnols45. Toutefois, cette volonté d’action avec les catholiques est si inhabituelle dans le protestantisme français, qu’elle finit par faire des remous parmi les sullystes. Ainsi, en mai 1937, ils acceptent de publier un article d’un jeune membre de l’Association, Robert Vernay – sur lequel nous allons revenir – où il écrit, notamment : « les chrétiens de l’Association Sully doivent combattre avant tout les erreurs religieuses des monarchistes français »46. Mais, dans le numéro suivant la rédaction est contrainte de publier une mise au point qui prend ses distances avec ce texte, et de publier un peu après un article critique de Mercier47.

  • 48 Bulletin…, 15 décembre 1933, p. 2.
  • 49 Ibid.
  • 50 Voir, par exemple, le Bulletin…, 1er décembre 1936, p. 5.
  • 51 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 11.
  • 52 Rappelant que Maurras a écrit : « Si ces sanctions font éclater la guerre, vous en répondrez tête (...)
  • 53 Bulletin..., 1er octobre 1936, p. 1.

19Ses membres commettent une autre transgression, leur proximité avec l’Action française et leur sympathie affichée pour Charles Maurras. Certes, Chaber tient à préciser que l’Association Sully n’est « pas une Action française protestante, comme trop de personnes le prétendent pour trouver dans cette affirmation un prétexte à nous repousser »48. Mais c’est aussitôt pour rendre hommage à l’action de l’Action française, non sans reconnaître qu’elle s’est « parfois livrée à notre égard à des généralisations insoutenables » et que, de ce fait, « elle a dans le passé, éloigné bien des protestants de conclusions politiques qu’ils eussent peut-être accueillies si elles n’avaient été accompagnées d’affirmations injustes ou de suppositions blessantes »49. Mais Chaber soutient que désormais l’Action française n’agit plus de la sorte, sans doute pour justifier leur grande proximité avec cette organisation. En effet, à plusieurs reprises le Bulletin… n’hésite pas à faire des citations de l’Action française, comme s’il s’agissait d’une autorité reconnue parmi les protestants50. Par ailleurs, le Bulletin…, affiche sa proximité avec Ch. Maurras, bien que nul n’ignore que ce dernier professe un très vif antiprotestantisme. Pourtant, les sullystes ne cessent de montrer un très grand respect et une profonde admiration pour Maurras. Vesper, par exemple, n’hésite pas à enraciner son rejet de la démocratie dans une longue citation de Maurras et ajoute : « nous avons un vif plaisir à mettre ces formules [son article] déjà si familières ici, sous le nom d’une telle autorité, en appui à la doctrine que nous soutenons51 ». Un peu plus tard l’homme qui signe du pseudonyme d’Aquilas, approuve les provocations au meurtre que Maurras vient de publier contre les intellectuels ayant demandé des sanctions contre l’Italie après l’invasion de l’Ethiopie52. Toutefois, ces éloges appuyés et renouvelés provoquent quelques remous dans le mouvement. De ce fait, Chaber est contraint de faire une mise au point en octobre 1936. Il reconnaît, certes, que « dialecticien impénitent, Maurras s’est montré injuste vis-à-vis du protestantisme »53, mais il n’en fait pas moins un vibrant éloge de Maurras, affirmant notamment :

  • 54 Ibid.
  • 55 Ibid., p. 2.

« L’A. S. salue en Maurras le génial rénovateur de la doctrine monarchique française. […] Il paraît inconcevable à l’heure actuelle d’être royaliste sans éprouver pour Maurras reconnaissance ou sympathie. Sa chronique de chaque jour est une lumière au dessus des obscurités dans lesquelles nous nous débattons. Lumière si éclatante de bon sens et de vigilant émoi que l’A F s’est naturellement placée en porte drapeau du sentiment patriotique. »54 Et il ajoute un peu plus bas, « notre doctrine politique rejoint en tous points celle de Maurras55 ».

  • 56 Notons qu’ils ne trouvent qu’un protestant à citer parmi les thuriféraires de Maurras (René Gillou (...)

20De plus, le numéro du 1er février 1937 du Bulletin..., accorde une large place au « Jubilé littéraire de Maurras », et il l’illustre de nombreuses citations de ce dernier et de citations d’autres auteurs qui chantent ses louanges56. Il est clair que les sullystes admirent beaucoup Maurras.

  • 57 La Vie nouvelle, 4 février 1899, p. 34, col. 2. Sur l’ensemble de cette question, consulter André (...)
  • 58 Voir André Encrevé, « L’évolution des manuels de catéchisme dans le protestantisme français au XIX(...)

21La dernière transgression des codes protestants, et probablement la plus lourde de conséquences, est leur ralliement à l’antisémitisme. On sait qu’en général les publications protestantes sont exemptes de tout antisémitisme. Ainsi, lors de l’affaire Dreyfus on ne remarque aucun article antisémite dans la presse protestante et, au contraire, les journaux protestants s’acharnent à dénoncer avec la plus grande fermeté toutes les formes d’antisémitisme : « on ne peut pas rester chrétien et être antisémite » écrit par exemple le pasteur Louis Lafon en 189957. De plus les catéchismes protestants se gardent de tout « enseignement du mépris » et, en particulier, ne qualifient pas les juifs de « déicides »58. Pourtant, le Bulletin… est antisémite. Dès juillet 1936 le « Propos en l’air » d’Heurtebise fait montre d’un antisémitisme sans équivoque. Evoquant le gouvernement de Léon Blum, il soutient :

  • 59 Bulletin..., 1er juillet 1936, p. 12.

« Même le plus acharné à se boucher les yeux, ne peut pas [ne pas] voir son caractère essentiellement Juif. […] il viendra un moment où les Français qui s’en apercevront ne seront plus une faible minorité, et alors ce sera peut-être trop tard et le peuple Français sera livré au peuple le plus cruel (voyez Russie), ou bien ce ne sera pas trop tard et il y aura du vilain, chose que personne ne souhaite. Dans ces conditions, ne conviendrait-il pas de faire le redressement nécessaire de secouer le joug du peuple au cou raide, avant qu’il ne soit trop tard, pour le pouvoir faire sans massacre à l’Arabe. Nous y gagnerions tous ; la France un peu moins sucée pourrait nourrir en plus des Juifs ses propres enfants qui ne sont pas quand même des esclaves nécessaires.59 »

  • 60 Voir notamment les « Propos en l’air » d’août-septembre 1936, du 1er février 1937 et du 1er avril (...)
  • 61 Bulletin..., 1er février 1937, p. 12.
  • 62 Bulletin..., 1er avril 1937, p. 11.

22Et Heurtebise de renouveler ses attaques antisémites dans plusieurs autres des ses « Propos en l’air »60. Notamment en février 1937, lorsqu’il cite le Protocole des sages de Sion comme s’il s’agissait d’un texte authentique61. Tandis qu’Aquilas, se refuse à exprimer de la compassion envers les juifs persécutés en Allemagne et se livre à des attaques antisémites62. Leur antisémitisme est si fort, qu’ils consacrent leur numéro d’avril 1937 à ce qu’ils appellent « la question juive ». Dans ce numéro, qui est parsemé de nombreuses citations antisémites, ils passent à un antisémitisme religieux. Certes, ils accordent une grande place à un sermon de Noël Vesper intitulé « Paul à Athènes », qui montre l’importance de l’Israël antique pour la formation du christianisme. Mais Vesper le fait suivre d’un commentaire en 12 points, hostile aux juifs, où – enfreignant un code protestant fondamental – il formule l’accusation de décide :

  • 63 Bulletin…, 1er avril 1937, p. 6.

« Le juif en sortant de la Révélation [parce qu’il a refusé le Messie] et en appelant sur sa race le châtiment : " que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !" d’une part il est sorti de la protection divine, d’autre part a attiré sur lui son destin actuel, depuis 2000 ans. Il faut payer un crime exceptionnel et démesuré.63 »

  • 64 Bulletin..., 1er janvier 1937, p. 12.
  • 65 Bulletin..., 1er mai 1937, p. 7.
  • 66 Dans le numéro du 1er juin 1937, la rédaction publie une « mise au point » qui se désolidarise de (...)
  • 67 Consulter, à ce propos : André Encrevé, « Les protestants et la vie politique française entre 1933 (...)

23D’ailleurs, dès janvier 1937, Heurtebise s’en prend aux « descendants des bourreaux du Christ », aux « fils des déicides »64. Naturellement ces propos ne restent pas inaperçus, même dans les rangs des sullystes ; et c’est sans doute pour cette raison que Robert Vernay publie en mai 1937 dans le Bulletin..., un article – déjà cité – intitulé « Pas de christianisme-français »65, où il dénonce les dérives possibles des nationalistes, qui pourraient les entraîner dans le sillage des « chrétiens allemands », dont nul n’ignore l’antisémitisme. Mais cet article est mal accueil par nombre de sullystes66. A l’inverse, les autres publications protestantes s’attachent à dénoncer l’antisémitisme et le nazisme67. Et le pasteur Boegner, qui cumule les fonctions de président de la Fédération protestante de France et de président du Conseil national de l’Église réformée, consacre en mars 1939 l’une de ses conférences de carême radiodiffusées à la dénonciation du racisme, et il demande à ses auditeurs non seulement de parler mais aussi d’agir contre le racisme. Et, pour bien se désolidariser de toute forme d’antisémitisme, il affirme :

  • 68 Marc Boegner, L’Evangile et le racisme, Paris, Je sers, 1939, p. 33.

« Jésus s’est fait Juif selon la chair », « personne ne peut participer au pardon de Jésus-Christ s’il ne se sent pas coupable de sa mort solidairement avec les Juifs. C’est ici la paix que Dieu a instauré entre les Juifs et les non Juifs à savoir qu’ils sont solidaires dans le péché et qu’ils vivent du même pardon.68 »

24On le voit, la position des sullystes constitue bien une transgression fondamentale des codes huguenots.

25Au fond, à la lecture de ce Bulletin…, on en vient à se demander s’il s’adresse bien aux protestants. Certes, ses animateurs l’affirment. Mais peuvent-ils sérieusement penser qu’ils ont une chance quelconque de convaincre les huguenots que les dragonnades ne sont qu’une légende, que Louis XIV a été un grand roi, que le clocher d’une église catholique symbolise la France, que Maurras est un homme fréquentable et qu’un protestant peut être antisémite ? Cela me semble exclu. De ce fait, je me demande si en réalité ce Bulletin… ne s’adresse pas plutôt en priorité aux autres royalistes, catholiques pour la plupart, et s’il n’est pas d’abord destiné à leur montrer que les protestants royalistes leur ressemblent et qu’ils peuvent les accueillir dans leurs rangs. Mais ce choix interdit à l’Association Sully d’obtenir une audience autre que confidentielle parmi les huguenots.

Notes

1 Bulletin du groupe Bas-Languedoc de l’Association Sully [désormais Bulletin…], p. 1.

2 Grace R. Davie, Right Wing Politics among French Protestants (1900-1944), with special reference to the Association Sully, doctorat (Ph D) de la London School of Economics, 1975. Cet ouvrage peut être consulté à la Bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français.

3 Naturellement, à ce propos, l’essentiel de notre information provient de la thèse, déjà citée, de Grace Davie ; consulter aussi : Grace Davie, « L’extrême droite protestante », dans les Actes du colloque Les protestants français pendant la Seconde Guerre mondiale, (sous la direction d’André Encrevé et Jacques Poujol), Paris, Société de l’histoire du protestantisme français, 1994, p. 91-104) ; André Encrevé, « Les protestants et la vie politique française entre 1933 et 1939 », ibid. p. 33-54 ; Emile Appolis, « Un organe protestant et royaliste sous le gouvernement de Vichy : Sully, octobre 1942-juin 1944 », dans Actes du 86e congrès national des Sociétés savantes, Montpellier, 1961, section d’histoire moderne et contemporaine.

4 Cité par Grace Davie, Right Wing…, p. 68.

5 Voir Grace Davie, Right Wing…, p. 73.

6 Grace Davie précise qu’en 1936-1937 le Bulletin du Groupe Bas Languedoc est tiré à 5 000 exemplaires, mais qu’un grand nombre de ceux-ci sont distribués gratuitement.

7 Entre 1942 et 1944 d’ancien membres de l’Association, Noël Vesper en particulier, font paraître un mensuel intitulé Sully, mais cette publication ne représente pas l’Association des années 1930.

8 Notre étude est essentiellement centrée sur la période du Front populaire (mai 1936-juin 1937) ; mais nous ne nous interdisons pas d’éclairer notre propos par des citations prises dans quelques numéros antérieurs, en 1935 pour l’essentiel.

9 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 1.

10 Bulletin…, août-septembre 1936, p. 4.

11 Id.

12 Voir, en particulier, le long article de A.-H. Chaber dans le numéro du 1er février 1937, intitulé « Autour de la Royauté, la seule Union possible », p. 1, 2 et 3.

13 Bulletin…, 1er novembre 1936.

14 Ibid., p. 13.

15 Bulletin…, 1er juin 1937, p. 2-5.

16 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 10.

17 Bulletin…, 1er février 1937, p. 11.

18 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 9.

19 Bulletin…, 1er juillet 1936, p. 2.

20 Bulletin…, 1er décembre 1935, p. 11.

21 Rappelons que ces massacres, ont provoqué quelques centaines de morts et quelques milliers de blessés parmi les protestants du Gard entre juillet et novembre 1815, tandis que nombre de temples et de maisons particulières de protestants étaient pillés et brûlés, et que les autorités civiles et religieuses ne se montraient guère actives pour s’y opposer. Consulter, à ce sujet Daniel Robert, Les Églises réformées en France, Paris, PUF, 1961, p. 269-288.

22 Les 15 mars, 15 mai, 1er juin, 15 juin et 1er juillet 1935.

23 Bulletin…, 15 mars 1935, p. 4.

24 Bulletin…, 1er juillet 1935, p. 6.

25 Bulletin…, 1er octobre 1935, p. 2.

26 Bulletin…, 1er décembre 1935, p. 11.

27 Bulletin…, 1er février 1936, p. 10.

28 Ibid., p. 10.

29 Idem.

30 Il poursuit : « C’était sans doute l’âge d’or comme au paradis des soviets… Napoléon ne rétablit l’ordre qu’en mettant toutes les religions sous l’autorité du pouvoir civil. Il fallut donc bien, comme nous le disions… en " escamotant" il est vrai les beautés de la Terreur… arriver à la Restauration pour voir reprendre l’œuvre de tolérance entreprise pas Louis XVI. La liberté des cultes fut alors non seulement proclamée mais respectée en pratique. » (Id.). Décidément, Chaber est fâché avec l’histoire, puisque les protestants ont bénéficié d’une pleine liberté culte, mais aussi de l’égalité des cultes, entre 1795 et 1814.

31 Voir, notamment, le Bulletin… du 1er mars 1936, p. 3.

32 Bulletin…, 1er juin 1936, p. 2 et 3.

33 Bulletin…, 1er juillet 1936, p. 9.

34 Bulletin…, 1er juin 1936, p. 12.

35 Bulletin…, 1er mai 1937, p. 2.

36 Bulletin…, 1er mars 1937, p. 4.

37 Bulletin…, 1er novembre 1936, p. 3.

38 Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, texte abrégé et présenté par Jean-Pierre Peter, Paris, Union générale d’éditions, 1963 (coll. « Le monde en 10/18 »), p. 168.

39 Bulletin…, 1er décembre 1936, 1er janvier 1937, 1er mars 1937.

40 Bulletin…, août-septembre 1936, p. 10.

41 Bulletin…, 1er octobre 1936, p. 12.

42 Ibid., p. 11.

43 Voir en particulier les numéros du 1er novembre 1936, p. 2-3 et du 1er mars 1937, p. 4.

44 Bulletin…, 1er décembre 1936, p. 7.

45 Ibid., p. 7-8. Par la suite, leur soutien aux franquistes ne se dément pas ; voir, notamment, le Bulletin… du 1er mai 1937, p. 1.

46 Bulletin…, p. 7.

47 Voir les numéros du 1er juin 1937, p. 2 et du 1er juillet 1937 (article intitulé « Pourquoi pas de christianisme français », p. 6) ; dans le Bulletin, Gaston Mercier signe « Mercier Calvairac de la Tourette ».

48 Bulletin…, 15 décembre 1933, p. 2.

49 Ibid.

50 Voir, par exemple, le Bulletin…, 1er décembre 1936, p. 5.

51 Bulletin…, 1er mai 1935, p. 11.

52 Rappelant que Maurras a écrit : « Si ces sanctions font éclater la guerre, vous en répondrez tête par tête », il ajoute : « Une chambre correctionnelle a fait payer ce si quatre mois de prison à l’écrivain qui aurait mérité des lauriers civiques. » (Bulletin..., 1er mai 1936, p. 11.)

53 Bulletin..., 1er octobre 1936, p. 1.

54 Ibid.

55 Ibid., p. 2.

56 Notons qu’ils ne trouvent qu’un protestant à citer parmi les thuriféraires de Maurras (René Gillouin).

57 La Vie nouvelle, 4 février 1899, p. 34, col. 2. Sur l’ensemble de cette question, consulter André Encrevé, « La petite musique huguenote », dans Pierre Birnbaum, La France de l’affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994, p. 451-504

58 Voir André Encrevé, « L’évolution des manuels de catéchisme dans le protestantisme français au XIXe siècle », dans Enseigner le catéchisme, Autorités et institutions XVIe -XXe siècles, Quebec et Paris, Presses de l’Université Laval et Cerf, 1997, p. 195-220.

59 Bulletin..., 1er juillet 1936, p. 12.

60 Voir notamment les « Propos en l’air » d’août-septembre 1936, du 1er février 1937 et du 1er avril 1937.

61 Bulletin..., 1er février 1937, p. 12.

62 Bulletin..., 1er avril 1937, p. 11.

63 Bulletin…, 1er avril 1937, p. 6.

64 Bulletin..., 1er janvier 1937, p. 12.

65 Bulletin..., 1er mai 1937, p. 7.

66 Dans le numéro du 1er juin 1937, la rédaction publie une « mise au point » qui se désolidarise de l’article de Vernay ; tandis que le numéro du 1er juillet 1937 contient – nous le savons – un article de G. Mercier (signé Mercier Calvairac de la Tourette) intitulé « Pourquoi pas de christianisme français », qui critique celui Vernay.

67 Consulter, à ce propos : André Encrevé, « Les protestants et la vie politique française entre 1933 et 1939 », Actes du colloque Les protestants français pendant la seconde guerre mondiale, (sous la direction d’André Encrevé et Jacques Poujol), Paris, Société de l’histoire du protestantisme français, 1994. p. 33-54.

68 Marc Boegner, L’Evangile et le racisme, Paris, Je sers, 1939, p. 33.

Auteur

Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Paris 12. Il est notamment l’auteur de : L’Expérience et la foi, pensée et vie religieuse des huguenots au XIXe siècle (Genève, Labor et Fides, 2001), La religion dans la ville (textes réunis par Philippe Boutry et André Encrevé, Bordeaux, éd. Bière et Créteil, Institut Jean-Baptiste Say de l’université de Paris 12, 2003) ; Le Second Empire (Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2004) ; La France de 1870 à 1914 (Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2006) ; Vers la liberté religieuse : la séparation des Églises et de l’État (actes du colloque réunis par Philippe Boutry et André Encrevé, Bordeaux, éd. Bière et Créteil, Institut Jean-Baptiste Say de l’Université de Paris 12, 2006).

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search