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Lapita calédonien

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Christophe Sand

6. Les poteries Lapita décorées de pointillés

Texte intégral

  • 1 Les nouvelles informations sur la tradition Lapita se sont récemment multipliées dans les publicat (...)

1S’il est une caractéristique unique qui distingue la céramique Lapita de toute autre tradition de poterie, c’est la présence de décors géometriques complexes réalisées en pointillés sur la pâte d’argile avant la cuisson. Ces décors sont présents sur des pots et des supports céramiques eux-mêmes de formes très spécifiques pour le Pacifique (Bedford et al., 2007). Au cours des dernières décennies, la multiplication des fouilles de sites Lapita et la découverte de nombreux vestiges de poteries bien conservées, ont permis de mieux définir les caractéristiques de la tradition pointillée. Ce chapitre propose une synthèse des différentes données disponibles sur le sujet à la date de l’étude, que viendront certainement nourrir d’autres découvertes dans les années à venir1.

LES FORMES TYPOLOGIQUES DES POTERIES POINTILLEES

  • 2 Il doit être souligné qu’un inventaire des collections ethnographiques mélanésiennes a montré que, (...)

2Dès les premières découvertes de tessons pointillés il y a un siècle, les observateurs attentifs notaient la présence de formes céramiques complexes, avec l’identification d’assiettes à fond plat (Meyer, 1910 : fig. 4) (fig. 45), de bords marqués et de carènes (Meyer, 1909). Les recherches ultérieures ont confirmé qu’une des spécificités majeures de la tradition céramique Lapita était de comporter un nombre de formes inhabituellement diversifiées et structurellement complexes2. Ceci est essentiellement le cas des poteries décorées de pointillés (Parker, 1981). La bonne conservation des vestiges dans certains des sites fouillés en Nouvelle-Calédonie (Sand, 1997c, 1999e ; Sand, Coote et al., 1998), en complément de la découverte de nombreux gros tessons (photo 39), a permis dès les années 1970 de dépasser le stade du simple comptage du nombre de carènes et de l’élaboration d’une typologie des bords, pour réaliser une réelle typologie détaillée des formes (Frimigacci, 1975). Celle-ci peut être aujourd’hui divisée en un certain nombre de formes principales, comprenant principalement des poteries carénées, des assiettes à fond plat et des écuelles, un pied fixe ou un cylindre amovible supportant les céramiques ouvertes, des poteries à bord rentrant et des couvercles de pots (fig. 46).

Figure 45. – Première représentation d’un plat Lapita à fond plat (Watom, Nouvelle-Bretagne) dessiné par le père O. Meyer au début du xxe siècle (Meyer, 1910 : fig. 4)

Photo 39. – Négatifs d’un décor pointillé en labyrinthe, imprimés dans le sable consolidé de la plage de Vatcha après l’extraction d’un gros fragment de poterie Lapita (cliché D. Frimigacci, 1970)

3Tout en soulignant la diversité des diamètres de ces récipients (ainsi que la variabilité de perception d’un auteur à l’autre) et donc la présence d’une erreur statistique difficilement corrigée, la proportion de bords, de carènes et de fonds plats identifiables pour chacune de ces formes principales, permet de donner un pourcentage général de chaque ensemble. Ceci a été tenté pour le site WKO013A de Lapita (Chiu, 2003a : tabl. 7-2), avec une proportion de plus de 75 % pour les poteries carénées, un peu moins de 15 % pour les assiettes sans support et 5 % pour les coupes à pied et les cylindres, les poteries à bord rentrant ne formant que 2,5 % de la collection et les couvercles moins de 2 %. Ces données statistiques, montrant une claire différenciation dans le pourcentage de présence de chacune des formes typologiques majeures, indiquent le développement de productions céramiques ne répondant pas toutes à la même utilisation et ne remplissant probablement pas le même rôle fonctionnel ou rituel. La description détaillée de chaque ensemble majeur proposée ici permet de souligner les diverses spécificités de la tradition Lapita calédonienne et de dégager quelques hypothèses sur la fonction de chaque forme.

Les poteries carénées

4Les études de matériel céramique ont montré, sur chaque site Lapita calédonien, que la forme de poterie la plus représentée statistiquement était la poterie à fond arrondi comportant une carène, une encolure relativement verticale et un bord sortant, avec un pourcentage compris en moyenne entre 70 % et plus de 90 % d’une collection. La spécificité de la forme fait que souvent, le diamètre du bord est peu différent du diamètre de la carène (fig. 47). Cette forme de base a été développée en de multiples variantes, dépendant aussi bien de la taille du pot que de la localisation géographique du site et de la période de fabrication dans la chronologie Lapita (fig. 48). Une comparaison entre les différents sites montre une réelle diversité dans les tailles des poteries carénées, permettant de différencier quatre catégories générales. Les pots les plus petits, apparemment peu nombreux dans les sites calédoniens, comportent un diamètre au bord ne dépassant pas 15-20 cm. Ils se caractérisent souvent par une encolure moins verticale que les gros récipients carénés. La deuxième catégorie, comportant un diamètre de 20 à 35 cm, est formée par des pots caractérisés par la qualité de leur réalisation ainsi que parfois une encolure plus anguleuse que la moyenne. La catégorie suivante est formée de pots de diamètre compris entre 35 et 45 cm. Enfin, la découverte d’une série de céramiques bien conservées permet de clairement identifier une catégorie de gros pots, de diamètre allant de 50 cm à plus de 70 cm, pouvant avoir une hauteur totale dépassant 60 cm.

Figure 46. – Typologie générale des poteries Lapita pointillées calédoniennes

Figure 47. – Exemple typique de pot caréné Lapita découvert sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha

Figure 48. – Diversité des tailles de poteries carénées découvertes sur le site WBR001 de Nessadiou (d’après Siorat, 1999 : annexe III)

Figure 49. – Diversité de formes de bords présents sur les poteries Lapita carénées

5Cette diversité des tailles des poteries carénées s’accompagne de variantes, en particulier dans la forme du bord (fig. 49). Les formes les plus classiques sont de deux types. Le bord Lapita le plus caractéristique est celui placé à angle droit à partir de l’encolure verticale et se prolongeant par un méplat horizontal pouvant atteindre plusieurs centimètres. La deuxième forme de bord courant est arrondie vers l’extérieur à partir de l’encolure. Les potiers Lapita ont développé en complément, un type relativement unique : le bord composite. Celui-ci comporte un bandeau droit placé dans le prolongement vertical de l’encolure et au-dessus du bord sortant à méplat horizontal. Ce bandeau se termine, soit par une lèvre arrondie simple, soit par un bord faiblement sortant ou de même longueur que le méplat inférieur (fig. 50) (Wickler, 2001 : fig. 4.2 pour un exemple régional). Des bords de ce type ont été identifiés dans les principaux sites Lapita de l’archipel. Un exemple unique de pot complet à bord composite de direction rentrante est connu à ce jour dans la collection calédonienne (cf. photo 22, p. 84), venant confirmer l’existence de cette forme dans d’autres sites de l’arc mélanésien. Il doit enfin être noté l’existence de quelques pots à petite ouverture (cf. fig. 89, p. 144).

6La plupart des encolures sont droites ou faiblement concaves, pouvant dans certains cas former plus d’un quart de la hauteur totale du pot. L’encolure sert de support au décor principal des poteries carénées. Une des particularités identifiées dans la forme typologique carénée Lapita calédonienne, est la présence régulière, à la base de l’encolure, d’un bandeau d’angle horizontal partiellement sortant. Ceci forme une sorte de première carène peu marquée, séparant, par un effet de surmodelé, l’espace du décor du bandeau central de celui des frises inférieures (fig. 51). Si cette spécificité semble absente sur les poteries de petite taille, certains des pots de diamètre moyen comportent en revanche une série de divisions verticales caractérisées par l’ajout, sur la partie supérieure du pot jusqu’à la carène, d’un alignement de tétons surmodelés ou d’une série de bandeaux pleins (photo 40). La proportion entre la hauteur et le diamètre des poteries décorées n’était pas stricte, certains pots ayant une forme aplatie alors que d’autres étaient plus allongés. Ainsi, une poterie à décor en zigzag découverte sur le site de Lapita comporte une base inhabituellement allongée en forme d’obus (fig. 52).

Figure 50. – Exemple de poterie à bord composite du site WKO013A (fouilles Gifford et Shutler, 1952)

Figure 51. – Profil d’une poterie Lapita du site WKO013A de Lapita illustrant la forme du bandeau sortant présent entre l’encolure et la zone de carène (dessin K. Coote)

7Les observations n’ont pas permis d’identifier des variations significatives dans l’angle des carènes suivant la taille du pot (fig. 53). Il apparaît que la majorité des carènes comporte un angle compris entre 100° et 120°. Certains pots de petite taille ont une angulation plus marquée, avec une moyenne pouvant atteindre 85-90° dans les cas extrêmes (fig. 54). Ces chiffres apparaissent significativement différents des moyennes d’angulation identifiées pour les poteries imprimées au battoir de la tradition de Podtanéan. Si la carène est très souvent une zone d’épaississement des céramiques Lapita, il n’a pas été identifié de différence marquée dans l’épaisseur des parois entre la partie supérieure et la partie inférieure des pots. Ceci semble indiquer que les potiers ne cherchaient pas à renforcer systématiquement la base des pots, qui est pourtant théoriquement la plus exposée aux chocs. Dans l’immense majorité des cas, la partie inférieure du fond est arrondie. Seule une poterie carénée de taille moyenne comportant un fond aplati a été identifiée à Maré (fig. 55).

Photo 40. – Poterie carénée décorée d’un alignement de boutons surmodelés placés verticalement entre le sommet de l’encolure et la carène (site WKO013A de Lapita)

Figure 52. – Poterie carénée de forme allongée en obus comportant un décor simple en alignements de zigzag (site WKO013B de Lapita)

Figure 53. – Diversité des formes et des angles de carènnes Lapita.

Figure 54. – Petite poterie à carène marquée découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha (fouilles Frimigacci, 1970)

Figure 55. – Poterie carénée à fond plat et bandeaux verticaux percés découverte par F. Wadra sur le site LPO023 de Kurin

Figure 56. – Exemple d’assiette Lapita de la localité WKO013A du site de Lapita

Les assiettes à fond plat et les écuelles

8La présence de tessons portant des décors couvrants, provenant de toute évidence de formes d’assiettes à fond plat, permet d’identifier une seconde catégorie typologique. Cette forme représente entre 5 % et 20 % de la production céramique Lapita de l’archipel calédonien. Contrairement à la forme carénée, aucune assiette complète n’a été découverte à ce jour sur un site Lapita calédonien, rendant la définition de cet ensemble typologique plus aléatoire. En particulier, il est difficile, sur les tessons de petite taille, de classer les vestiges de fond plats dans la catégorie des assiettes simples ou des assiettes sur pied. Il apparaît néanmoins que certains fonds extérieurs d’assiettes ne comportent aucune trace de rainure centrale, ce qui permet d’émettre l’hypothèse de l’existence d’une vraie catégorie différenciée d’assiettes (fig. 56), ayant vocation à être posées sans support direct. A ce jour, seule une forme complémentaire en écuelle à fond arrondi a été reconstituée sur le site WBR001 de Nessadiou (Jean-Pierre Siorat, com. pers., 1992).

9Toutes les formes à fond plat identifiées dans les collections calédoniennes, aussi bien sur la Grande Terre qu’aux îles Loyauté (site de Kurin), comportent un bord sortant simple, s’attachant sur une encolure arrondie, devenant progressivement plus verticale avant de se fixer au fond plat (fig. 57). D’après les travaux de Jean-Pierre Siorat, certaines formes comportent une excroissance peu marquée, à mi-distance entre le bord et la base (Jean-Pierre Siorat, com. pers., 1992). La taille de ces formes à fond plat semble pouvoir être divisée en deux catégories principales, avec un ensemble prédominant formé d’assiettes dont le diamètre à la base est compris entre 10 et 25 cm. Une seconde catégorie, bien moins nombreuse, regroupe des formes plus grandes ayant un diamètre à la base compris entre 35 cm et plus de 45 cm. Ces grandes assiettes comportent souvent un décor plus complexe. Alors que toute une partie des assiettes de petite taille était probablement simplement posée au sol ou sur une natte, il est possible que la majorité des assiettes de grande taille doive être intégrée dans l’ensemble typologique suivant, en association avec un pied ou un cylindre.

Figure 57. – Diversité de profils d’assiettes Lapita

Les assiettes portées par un pied fixe ou posées sur un cylindre amovible

10Certains fragments de fonds plats comportent, en leur centre, une rainure ronde profondément gravée dans la pâte, d’un diamètre moyen compris entre 4 cm et près de 10 cm (photo 41). Un de ces fonds, découvert à Saint-Maurice-Vatcha, comporte ainsi un diamètre total du sillon de 9 cm et une rainure interne de 1,5 cm d’épaisseur. Ce sillon semble avoir eu deux rôles distincts. Dans certains cas, il apparaît que l’objectif ait été de fixer sur le fond plat de l’assiette un pied cylindrique. Les quelques exemples identifiés indiquent la présence de pieds d’un diamètre à la base pouvant être compris entre 7 et 12 cm (fig. 58). Outre le diamètre peu important, il est à noter que ces tessons de pieds sont souvent plus épais que ceux provenant de pots (fig. 59). Quelques fragments se rapprochent plus de boudins, avec un diamètre inférieur à 4 cm : le positionnement de ces boudins sur la forme typologique reste pour le moment imprécis (Sand, 1996b : fig. 28). Dans certains cas, un bandeau arrondi surmodelé horizontal est présent dans la zone centrale du pied. Le caractère permanent de la fixation est démontré, sur quelques tessons, par la présence de traces du liant d’argile, ayant maintenu le pied au fond plat. Une forme dérivée de ces assiettes sur pied comporte un fond plus arrondi, avec une typologie s’apparentant à un calice (fig. 60) : dans ce cas, le fond et le pied forment un seul et même ensemble.

Photo 41. – Rainure gravée ronde sur le fond plat d’une assiette de la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 58. – Pieds de poteries découverts sur la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 59. – Exemples de fragments pieds de poteries de la localité WKO013A du site de Lapita (fouilles Gifford et Shutler, 1952)

Figure 60. – Poterie à pied en forme de calice découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha

Figure 61. – Fragment probable de cylindre du site WBR001 de Nessadiou comportant un décor en labyrinthe (coll. Musée de Bourail)

11En complément de ces formes de coupes à pied, il est probable qu’aient existé dans la typologie Lapita calédonienne des cylindres amovibles. Bien qu’aucun exemplaire complet n’ait été découvert à ce jour, certains gros tessons de pieds découverts à Vavouto, Lapita, Nessadiou et Saint-Maurice-Vatcha (fig. 61), sont typologiquement très proches d’exemples de cylindres mis au jour au cours des dernières années sur le site Lapita de Teouma au Vanuatu (Bedford, 2007 : fig. 8). Il est probable qu’une partie des formes avec bandeau surmodelé, puisse être classée dans cette catégorie (photo 42), cette spécificité typologique ayant été observée de façon systématique sur les cylindres de Teouma, avec la présence de deux bandeaux superposés. Un possible cylindre, découvert sur le site de Saint-Maurice-Vatcha, a un diamètre du bord de 7 cm (Lenormand, 1948 : photo 3c) (photo 43). De façon significative, aucun exemple de décor évidé, tel qu’identifié dans l’archipel Bismarck (Kirch, 1997a : plate 5.2 ; Summerhayes, 2000 : fig. 5.33), n’a été découvert à ce jour dans les collections calédoniennes. Par contre, au moins un fragment de cylindre sans décor a été mis au jour sur la localité WKO013A du site de Lapita (photo 44). Si les similitudes avec les exemplaires découverts au Vanuatu se confirment, ces cylindres devaient mesurer en moyenne 25-30 cm de hauteur et pouvaient servir de support à des assiettes à fond plat, sans nécessairement y être attachés de façon permanente. Ils venaient simplement s’insérer dans le sillon circulaire réalisé sur le fond.

Photo 42. – Exemples de tessons de la localité WKO013A du site de Lapita pouvant être des fragments de cylindres

Photo 43. – Possible cylindre de poterie découvert sur le site KVO003 de Saint-Alaurice-Vatcha (coll. Lenormand)

Les poteries à bord rentrant

12Les études des formes de bords ainsi que quelques tessons de taille significative ont permis d’identifier, dans la typologique Lapita de l’archipel calédonien, une forme à bord rentrant (fig. 62). Aucun pot au profil complet n’a fait l’objet à ce jour d’une publication, mais il apparaît que la majorité des profils partiellement reconstitués est issue de poteries de taille relativement petite, avec un diamètre au bord ne dépassant pas 20 cm (fig. 63). Les bords rentrants comportant un diamètre plus important (Chiu, 2003a : table 4-7) sont probablement surtout des bords composites de poteries carénées. Cette forme n’ayant pas été publiée en détail ailleurs dans la région (Green, 1976 : fig. 78 et 1990 ; Parker, 1981), il est difficile, à ce stade, de définir si l’ensemble de pots à bord rentrant comportait une carène ou si certains avaient un profil simplement arrondi. Il doit être noté qu’un exemple du site WBR001 de Nessadiou a été reconstitué avec un fond plat (Jean-Pierre Siorat, com. pers., 1992).

Photo 44. – Fragments d’un cylindre non décoré découvert sur la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 62. – Diversité des profils de poteries Lapita à bord rentrant

Figure 63. – Exemple de poterie à bord rentrant comportant un décor pointillé et des alignements évidés

Les couvercles

13La présence, sur certaines poteries Lapita carénées, de bords composites avec méplat horizontal, peut être considérée comme une indication indirecte de l’existence de formes posées en couvercle sur l’orifice de certains pots. L’existence de ces couvercles (Siorat, 1992), dont aucun exemplaire complet n’a été découvert à ce jour, est démontrable par deux éléments. Le premier est la présence de tessons à bord sortant évasé, sans décors sur la lèvre, dont la paroi intérieure est souvent mal lissée, laissant à penser qu’elle n’avait pas vocation à être vue (fig. 64). Le deuxième est l’existence de gros boutons de préhension, pouvant être utilisés comme prises et non comme pieds (photo 45). La fragmentation des tessons rendant impossible, dans la majorité des cas, une séparation certaine entre bords d’assiettes et bords de couvercles, il est difficile à ce stade de faire une évaluation, même générale, des formes de ces couvercles qui devaient probablement être relativement diverses en diamètres et en types de profils (fig. 65).

Figure 64. – Exemples de profils de tessons interprétés comme provenant de couvercles

Photo 45. – Illustration de boutons de préhension provenant probablement de formes de couvercles

Figure 65. – Trois bords de couvercles avec leur diamètre et leur décor découverts sur le site WVH050 de Vavouto

TENTATIVE DE TYPOLOGIE DES DECORS POINTILLES

14S’il ne fallait retenir qu’un élément pour caractériser le Lapita, ce serait, sans aucune hésitation, la spécificité des décors pointillés qui serait unanimement mise en avant. La particularité unique de cette forme de décoration, le cadre structuré de l’agencement des décors et des motifs au sein d’une série de règles établies ont depuis longtemps permis de définir l’existence d’un « cadre de règles formelles » (framework of explicit rules) (Kirch, 1997a : 125). L’objectif de cette partie n’est pas de présenter un historique détaillé de l’étude des décors pointillés Lapita, ni les différentes méthodes employées pour structurer les données : ceci a été publié par divers auteurs (Anson, 1983 ; Green, 1990 ; Kirch, 1997a ; Best, 2002 ; Chiu, 2003a). À la suite des premières tentatives de sériation, manuelles (Mead et al., 1975 ; Anson, 1983) ou informatiques (Siorat, 1990 ; Sharp, 1991, 1993), de nouveaux programmes informatiques ont été réalisés (Noury, 2005) ou sont en cours d’aménagement (Chiu et Sand, 2005) afin de permettre, dans les années à venir, de codifier de façon rapide les multiples décors pointillés présents sur les poteries Lapita (tab. 8). Une analyse détaillée des données calédoniennes sur les motifs pointillés prendrait à elle seule un ouvrage complet. Afin de dégager les points principaux, il est proposé ici de présenter une analyse générale synthétique des différents éléments de décors pointillés Lapita calédoniens. Après avoir défini les caractéristiques de la technique pointillée, une large place est donnée aux décors Lapita en bandeaux et en frises (Siorat, 1990), avant de passer en revue les autres formes de décors associés au pointillé.

Les outils et la technique de réalisation

15Si les premiers auteurs ont évoqué l’utilisation de poinçons ou de roulettes afin de réaliser les décors pointillés Lapita (Piroutet, 1917 ; Me Kern, 1929 ; Gifford et Shutler, 1956), il est apparu, dès les années 1960, que la technique principale d’impression était issue de l’utilisation d’un outil denté de type peigne. La comparaison avec les outils de tatouage océanien a rapidement été faite (Green, 1979b), en particulier après la découverte de peignes dentés dans un site Lapita de Tonga (Poulsen, 1964, 1987 : plate 68.14-17). Mais il a fallu attendre les années 1980 pour voir différentes expérimentations réalisées sur le sujet. Roger Green a créé avec ses étudiants des outils en bois dur afin de reproduire les motifs pointillés (Basek, 1993 : 5). Travaillant principalement sur du matériel Lapita du site de Nessadiou en Nouvelle-Calédonie, Jean-Pierre Siorat a expérimenté de son côté l’utilisation d’un outil en coquillage, en choisissant la lèvre du gastéropode Conus litteratus (Siorat, 1990 : 59). Ses observations (Siorat, 1990 : 60) ont permis d’identifier l’existence d’au moins cinq outils permettant de réaliser l’ensemble des décors pointillés Lapita : un outil droit court, un outil droit long, un outil courbe court, un outil courbe long et un poinçon rond (Siorat, 1990 : 60-61). L’absence apparente de l’utilisation d’un même outil sur deux pots différents a incité Jean-Pierre Siorat à envisager l’existence de processus culturels nécessitant pour chaque pot une nouvelle série d’outils (Siorat, 1990 : 60). L’étude ayant été menée sur seulement une centaine de tessons décorés de Nessadiou parmi les milliers découverts lors des fouilles sur ce site, la non-représentativité statistique de l’échantillon rend néanmoins cette conclusion sujette à caution.

16À partir de la publication des résultats obtenus par Jean-Pierre Siorat, d’autres chercheurs ont expérimenté la méthodologie liée à la technique pointillée. Dans le cadre d’un mémoire universitaire ayant pour objectif de tester ces données, Maria Basek a étudié en détail différentes collections Lapita de l’archipel Bismarck. Ses conclusions vont à l’encontre des résultats de Jean-Pierre Siorat, en montrant que :

« La réalisation des décors pointillés Lapita ne nécessite pas l’utilisation d’une série de poinçons dentés avec des alignements de dents droites et courbes afin d’imprimer des lignes droites ou courbes* » (Basek, 1993 : 63)
« Les surfaces d’impression des outils plats dentés courbes et droits peuvent produire des lignes droites de toute longueur et des courbes de toute taille* » (Basek, 1993 : 49)

Tableau 8. – Les différentes étapes d’enregistrement informatique des décors Lapita (Chiu et Sand, 2005)

17Les expérimentations ont montré que probablement les pointillés « ont été imprimés dans de l’argile au moins dure comme du cuir* » (Basek, 1993 : 46). De plus :

« Tout matériau solide ayant un biseau denté plat, en croissant ou droit peut être utilisé pour imprimer tous les éléments d’un motif pointillé de toute taille trouvé sur les poteries Lapita. Les impressions apparaissent avoir été réalisées grâce à un matériau solide comme la cosse de coco, un coquillage ou du bambou compact.* » (Basek, 1993 : 50)

18L’hypothèse d’un seul et unique outil, pouvant réaliser aussi bien les impressions droites que les impressions courbes, a été rejetée par Wallace Ambrose (2007). Travaillant à partir de matériel du site d’Ambitle dans l’archipel Bismarck, Ambrose a pu montrer à partir d’exemples clés, que :

« La réplication uniforme indique que la technique peu contrôlable de la roulette suggérée par Basek (1993) n’a pas été employée pour réaliser les dessins à Ambitle.* » (Ambrose, 1999 : 120)

19Le relevé des courbures des arcs lui a également permis de montrer qu’en fait :

« Il n’est pas toujours possible de différencier entre des courbures hyperboliques et paraboliques, mais toutes les courbures apparaissent avoir un éventail de sections coniques non-circulaires.* » (Ambrose, 1999 : 121)

20Enfin, l’observation de la forme des espaces séparant chaque pointillé, montrant la présence de structures en biseau, l’a amené à conclure que :

« Aucun matériau naturel autre que l’écaillé de tortue ne semble avoir toutes les propriétés nécessaires permettant de produire les impressions ornementales dentées, certaines des indentations ayant été réalisées avant que la plaque ne soit déformée à la courbure désirée. Ceci exclut l’utilisation de matériaux rigides comme l’os, le coquillage ou le bois comme les matériaux de réalisation de ces impressions* » (Ambrose, 1999 : 125)
« Sur les impressions courbes, on note la présence aussi bien d’intervalles trapézoïdaux que rectangulaires. Cette observation permet de conclure que les indentations étaient parfois réalisées sur des bandes souples avant que celles-ci ne soient tordues à la courbe désirée. L’espèce qui selon le plus de probabilité fournissait le matériau de base était la tortue Eretmochlys imbricata, vivant communément autours de récifs coralliens et en eaux peu profondes* » (Ambrose, 1997 : 527)

Photo 46. – Illustration de la zone de recouvrement de fin de tour du décor sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita ayant nécessité une adaptation du motif du bandeau central

  • 3 Ceci expliquerait pourquoi les décors pointillés découverts sur des poteries d’Asie du Sud-Est et (...)

21Si cette conclusion s’avère exacte, le type d’outil utilisé a probablement dû évoluer lors du processus de transfert de la méthode décorative, entre le tatouage et l’impression sur la pâte des poteries de motifs pointillés typiquement de tradition Lapita. Un processus d’innovation aurait donc été à l’œuvre lors de l’émergence de la tradition Lapita, engendré par une nécessaire adaptation technique à un nouveau type de support (la poterie). Cette innovation s’est probablement inscrite dans le cadre de la mise en place de nouvelles symboliques3.

22Ces différentes données montrent à quel point, même un questionnement aussi simple que la technique de réalisation des décors pointillés Lapita, peut encore être sujet à désaccords. Dans le cadre du travail de synthèse sur le Lapita de Nouvelle-Calédonie, a été réalisée une série d’observations à partir de photographies agrandies de décors pointillés, afin de tenter de préciser certains éléments du débat. Sur les poteries relativement complètes, il est souvent possible d’identifier le point de démarrage de l’impression du décor car, une fois achevé le tour du pot, le raccord doit être effectué avec précision par le potier. Ceci a souvent entraîné un décalage partiel du décor ou l’inclusion d’un motif ayant un « rythme » différencié (photo 46). Contrairement à l’affirmation de Maria Basek, il apparaît clairement que la régularité des impressions en demi-lune, utilisées aussi bien en décors successifs qu’en décors partiellement superposés, ne permet pas d’imaginer que ceux-ci aient été faits à main levée avec un outil droit (fig. 66). En effet, comme l’a démontré Wallace Ambrose pour le matériel d’Ambitle (1999), la courbure de l’arc est constante, permettant de superposer de façon parfaite différentes impressions successives, réalisées avec le même outil, composé en moyenne de dix à dix-huit dents. Si, sur la majorité des petits tessons fragmentés étudiés, toutes les impressions courbes sont réalisées avec un seul et même outil, il a été possible de noter, sur la majorité des poteries comportant une partie importante ou l’ensemble du décor, l’utilisation de deux tailles d’arc, ayant nécessité deux outils courbes différents (fig. 67), comme l’a proposé Jean-Pierre Siorat (1990 : 61). La courbure des arcs est variable, avec une série d’exemples en arrondi parfait mais également des exemples en hyperbole (fig. 68), venant donner du crédit à l’hypothèse de peignes souples en écaille de tortue, proposée par Wallace Ambrose (1999 : 123 et fig. 2).

Figure 66. – Décor de frise en croissants montrant la constance de l’arc de cercle imprimé par l’outil denté impossible à obtenir par un mouvement rotatif avec un outil droit

  • 4 L’observation d’une partie de la collection Lapita issue du site de Bourewa sur la côte Sud-Ouest (...)

23L’étude menée sur les différentes formes d’utilisation de l’outil courbe permet, du même coup, de réfuter pour la Nouvelle-Calédonie une hypothèse réapparue récemment dans une publication de Simon Best (2002 : 46-50), selon laquelle les longs bandeaux pleins pointillés présents sur les poteries Lapita de l’arc mélanésien ont été réalisés grâce à une roulette. L’idée de Simon Best est que l’incision « avec des lignes croisées » d’une surface extérieure de disque permet d’obtenir rapidement une plage dentée, qu’il suffit ensuite d’imprimer en roue sur la surface du pot, afin d’obtenir en peu de temps un décor de frise droite ou courbe (Best, 2002 : 47-48). Ce type d’impression doit logiquement laisser des pointillés placés en désordre ou en rangées perpendiculaires sur la surface du pot (Ambrose, 2007 : fig. 1), ce qui n’est jamais le cas dans la collection calédonienne (fig. 69). A contrario, pour l’ensemble des collections calédoniennes, il apparaît que le remplissage de ces frises a été réalisé en superposant de façon partielle, à distance régulière, des impressions courbes ou droites. La partie non couverte par l’impression suivante forme une partie d’arc clairement visible, alors que l’impression de l’autre partie de l’arc, n’est souvent que partiellement identifiable sous les impressions suivantes (fig. 70). Ce type de motif ne peut pas être obtenu par l’application d’une roulette, quel que soit le type de technique de décor préalable employé. Ceci exclut donc pour la Nouvelle-Calédonie – ainsi que probablement pour le reste de l’aire Lapita du croissant mélanésien – ce type d’outil4.

Figure 67. – Exemple de deux tailles d’outil courbe sur une même poterie

Figure 68. – Relevé de courbures d’arcs de l’outil denté en croissant identifiées sur différentes poteries Lapita de la localité WKO013A montrant une variété de formes et de tailles

Figure 69. – Vue rapprochée de frises définies comme « marqueurs de zone » réalisées en zigzags serrés à l’outil droit (en haut) ou en superpositions à l’outil courbe. Les impressions des courbures d’arcs se recouvrant partiellement sont clairement visibles

24L’identification de la diversité des outils droits est souvent plus difficile à faire. Il est relativement facile de reconnaître l’existence d’un petit outil droit, composé en moyenne de sept à douze dents (Siorat, 1990 : 60), utilisé en particulier pour la réalisation de motifs en triangles (fig. 71). L’outil long, par contre, est souvent uniquement présent comme marqueur de limite de frises, se retrouvant du même coup partiellement amalgamé dans un décor pointillé multiple. Il est néanmoins possible, sur certains tessons, de définir la présence d’un outil d’environ 20 à 30 dents, permettant d’imprimer de longues lignes pointillées (fig. 72). L’observation des grands décors de labyrinthe semble indiquer la présence de trois tailles différentes d’outils droits pour certains pots.

Figure 70. – Exemple d’impressions en arc d’une frise de « marqueur de zone » se recouvrant partiellement et aboutissant à un décor impossible à obtenir par une roulette. Cet alignement surmonte un décor courbe ouvert réalisé avec le même outil

Figure 71. – Exemple d’impressions de « marqueur de zone » (frise supérieure) et de triangles réalisées avec un outil droit court

Figure 72. – Exemple d’impressions réalisées avec un outil droit long pour un décor en labyrinthe ainsi qu’avec un outil droit court pour le décor de remplissage (en haut) (localité WKO013A du site de Lapita)

Photo 47. – Impressions pointillées très fines sur un tesson de la localité WKO013A du site de Lapita

25Suivant la finesse de la préparation de l’outil pointillé et la petitesse de taille d’impression recherchée lorsque l’outil était enfoncé dans la pâte, le décor final pouvait grandement varier. Très peu de tessons comportent des impressions pointillées très fines, de l’ordre de 0,5 mm (photo 47), telles qu’elles peuvent être observées sur les poteries anciennes de l’archipel Bismarck. D’après mes observations, une des collections où une proportion statistiquement plus importante d’impressions fines a été notée est le site WVH050 de Vavouto. Scarlett Chiu a montré que la grande majorité des pointillés sur les collections calédoniennes peut être sommairement divisée entre des « impressions fines » et des « impressions grossières » (Chiu, 2003a : tab. 6.5). La longueur moyenne de chaque impression varie de moins d’un millimètre à 1,5mm, avec une forme pouvant être allongée ou rectangulaire (photo 48). Néanmoins, certains tessons comportent des impressions délibérément plus larges, avec des dents pouvant mesurer 3,5 mm de longueur sur 1,5 mm de largeur. Ceci est le cas de certains tessons découverts sur le site LWT054 de Keny à Lifou (Sand, 1998b : fig. 5) (photo 49), qui se rapprochent plus des types d’impressions développés dans la province orientale de l’aire Lapita (Fidji-Polynésie occidentale) (Poulsen, 1987 ; Burley et al., 2002).

26La présence d’un outil rond plein, formant une impression d’un diamètre moyen de 3-4 mm (photo 50), ne fait aucun doute, bien que la nature exacte de l’objet de départ (un élément végétal, un os taillé d’oiseau, etc.) n’ait pas encore été définie. Les études des tessons Lapita des îles Loyauté ont de plus permis d’identifier un outil supplémentaire : l’outil non denté (photo 51). Cet outil est associé au développement, au cours de la période Lapita, en particulier sur le site de LPO023 de Kurin à Maré, d’une tradition de décor imprimé reproduisant les motifs Lapita, mais sans pointillés (Sand et al., 2002 : fig. 10). Ce type de traitement décoratif n’est pas spécifique aux îles Loyauté, car il a été signalé par ailleurs dans l’archipel Bismarck à Watom (Green et Anson, 2000 : 76) et dans certains sites des Duke of York (White, 2007 : fig. 22D).

Photo 48. – Impressions pointillées de tailles courantes sur les poteries Lapita calédoniennes

Photo 49. – Impressions pointillées de grande taille sur un tesson du site LWT054 de Keny à Lifou

27Il reste à souligner, en conclusion, que les décors sont l’œuvre d’artisans. La maîtrise de l’art du décor Lapita pouvait ainsi varier d’un potier à un autre au sein d’une communauté, mais également d’une génération à une autre de potiers, au sein d’une même famille. La découverte, sur le site de Téouma, d’une poterie entière comportant côte à côte des motifs fins et des motifs relativement grossiers (Bedford et al., 2007, fig. 10), vient encore complexifier la donne, en soulignant que la qualité d’un décor n’est pas nécessairement un signe d’ancienneté. Il faut enfin rappeler que, suivant les îles et les archipels, il n’y avait pas partout les mêmes sources de matières premières disponibles pour réaliser des peignes et pour graver des dents de toute petite taille. Il est ainsi probable que la présence de décors aux pointillés très fins dans l’archipel Bismarck au début de la chronologie Lapita, soit en partie due à l’existence de différentes sources d’obsidienne. Les données archéologiques ont montré la circulation importante de cette matière première, particulièrement tranchante, dans tous les sites Lapita de l’archipel (Summerhayes, 2003). En comparaison, à l’autre extrémité de l’aire Lapita, les sites de premier peuplement de Polynésie occidentale ne possèdent pas un nombre significatif d’éclats tranchants travaillés (Poulsen, 1987 : 209-210 ; Kirch, 1988c : fig. 129 ; Sand, 1993 : fig. 14). Ceci est une indication possible d’un problème d’accès à une ressource de matière première adéquate pour réaliser des outils à dents fines, ce qui aurait pu contribuer à progressivement faire émerger une tradition d’impression de pointillés plus larges et plus espacés.

Photo 50. – Alignements d’impressions de ronds pleins, en frise horizontale et verticalement au sein d’un décor central

Photo 51. – Illustration d’impressions en croissant réalisées avec un outil plein (site LPO023 de Kurin)

Les décors pointillés

28Structurellement, le traitement graphique des poteries Lapita de Nouvelle-Calédonie suit des règles relativement rigides et constantes, contrairement à d’autres archipels de la région (Summerhayes, 2000). Deux catégories principales de décors peuvent être facilement différenciées (Sand, 2007b) : d’une part un motif large et complexe formant le corps de la structure graphique sous forme d’un bandeau central, d’autre part une série de frises encadrant le décor principal (fig. 73). Sur les formes typologiques simples comme les assiettes et les pieds, l’ensemble du décor extérieur se trouve habituellement sur une face, sans rupture d’angle. Sur les poteries carénées, le bandeau central est systématiquement localisé dans la partie de l’encolure, sans déborder ni sur le bord, ni sur le méplat précédant la carène. Il n’a pas été observé la présence de deux bandeaux successifs sur une même poterie, contrairement à ce qui existe plus au nord en Mélanésie insulaire (Summerhayes, 2000 : fig. 5.17 et 5.18 ; Green, 1976 : fig. 77). Ces bandeaux centraux puisent le graphisme dans un registre limité de catégories de motifs, ne comportant que peu de variations majeures d’une poterie à une autre. Les frises, composées d’une multitude de formes dépendant aussi bien du type d’outil utilisé que de la combinaison d’outils, permettent, par leur petite taille, de diversifier l’aménagement graphique du pot. La typologie propre à chaque forme entre ici en jeu, en lien avec la surface disponible pour le décor. Ainsi, les bords sortants arrondis comportent souvent un décor intérieur, qui peut s’étendre sur plusieurs centimètres dans le pot (photo 52). La majorité des pots carénés ou des assiettes à fond plat comporte un décor s’arrêtant au sommet de la carène ou à l’angle de base. Néanmoins, sur toute une partie des poteries, en particulier de petite et de moyenne tailles, une série de frises a été alignée sous l’angle de carène (photo 53) ou sur le fond plat (photo 54). Quelques rares pots ont au contraire un décor s’arrêtant sous l’encolure (fig. 139). Il doit être souligné que les études menées sur les décors Lapita par Arnaud Noury, à l’aide de son programme informatique Lapitadraw, semblent montrer l’existence de choix préférentiels d’associations et de combinaisons de motifs de frises en fonction du motif de bandeau central (Noury, 2000 : 55), couplés à des symétries « en miroir » (Noury, 2005 : 21). Quelques exemples provenant de la localité WKO013A du site de Lapita permettent de montrer néanmoins l’existence d’une certaine diversité dans le choix des motifs de frises pour un même motif de bandeau central (fig. 75).

Figure 73. – Déconstruction de la succession de décors en frises encadrant un décor principal sur une poterie carénée (dessin K. Coote)

Photo 52. – Exemples de tessons avec décors pointillés présents sur la face interne de poteries Lapita

Photo 53. – Exemples de décors présents sous l’angle de carène

Photo 54. – Exemple de décor présent sur un fond plat

Figure 74. – Poterie de la localité WKO013A du site de Lapita, avec un décor pointillé s’arrêtant sous l’encolure

Figure 75. – Diversité de l’encadrement de frises pour le bandeau central ondulé et en labyrinthe sur des poteries de la fosse de la localité WKO013A du site de Lapita (dessins K. Coote)

Le bandeau central

29Il a été souligné à plusieurs reprises, dans les premiers chapitres, que la Nouvelle-Calédonie avait le privilège d’être peu sujette à des catastrophes naturelles destructives, comme les tremblements de terre ou les tsunamis. De plus, la grande barrière de corail protège en partie les côtes de la Grande Terre de l’effet dévastateur de la grosse houle lors des cyclones. Ces facteurs ont permis une relative bonne conservation des vestiges enfouis dans les sites côtiers (photo 55), mettant à disposition des archéologues une série significative de gros fragments de poteries Lapita, ainsi que quelques exemplaires de poteries complètes. Ce matériel permet de se faire une idée générale de la diversité des motifs décoratifs Lapita et, en particulier, des différentes catégories de bandeaux centraux, dont on ne connaît souvent, ailleurs dans la région, que des graphismes partiels. Une tentative de typologie de l’ensemble des collections calédoniennes (excluant néanmoins une bonne part du matériel fouillé du site WBR001 de Nessadiou), a permis de subdiviser la typologie du bandeau central en douze catégories de motifs géométriques et cinq catégories de motifs anthropomorphes différents, rassemblant, à quelques très rares exceptions près, l’ensemble des formes graphiques identifiées sur les tessons bien conservés. La spécificité de certains motifs permet de les différencier immédiatement, alors que pour d’autres, les regroupements définis peuvent porter à discussion. Cette partie décrit les catégories identifiées, en détaillant les formes graphiques diverses que peut prendre chaque ensemble de motifs.

Photo 55. – Vue de la fosse à céramiques de la localité WKO013A du site de Lapita en cours de fouilles (cliché J. Bolé)

Les motifs géométriques

30Le graphisme des motifs géométriques n’est pas explicitement figuratif (fig. 76). De façon significative, l’inventaire typologique a montré au final, l’existence d’un nombre restreint de catégories, alors que les possibilités offertes par la technique des peignes auraient pu permettre une bien plus grande diversité des motifs. Les artistes potiers n’appliquaient donc pas n’importe quel dessin sur les pots, mais semblaient suivre, au contraire, des règles relativement strictes, répondant selon toute probabilité à un ensemble de codes culturels et symboliques. Ceci indiquerait que la majorité des formes graphiques appliquées en bandeau central comportait un sens implicite, véhiculant pour les groupes Lapita un message ou un symbole. Si certains décors étaient appliqués de façon à produire un ensemble dense de motifs, certaines poteries présentaient au contraire un décor très ouvert et minimaliste (photo 56), composé d’un ensemble de quelques lignes se croisant (fig. 77).

Figure 76. – Diversité des motifs de bandeau central pointillé Lapita présents en Nouvelle-Calédonie

Photo 56. – Exemples de tessons du site WKO013A comportant un décor de bandeau central composé simplement de quelques alignements pointillés de droites

Figure 77. – Petite poterie à décor simple, découverte sur le site LMA020 de Patho à Maré (fouilles A.-M. Sémah, 1992)

• Labyrinthe

31Le motif du labyrinthe démontre une recherche graphique élaborée, s’articulant autour d’emboîtements de blocs de rectangles allongés, marqués par une, deux ou trois lignes d’impressions. L’agencement peut être comparé à un tressage (photo 57). La complexité de la construction graphique ne permet pas de multiplier les changements dans la structure de base qui reste ainsi homogène (fig. 78). Ceci est le cas des collections calédoniennes (sur la Grande Terre, à l’île des Pins et sur le site LLI002 de Hnaeo à Lifou) mais également de l’ensemble des sites de l’arc mélanésien où ce motif a été reconnu. Les variations s’identifient alors dans trois domaines. Le premier concerne l’extension verticale du motif de base du labyrinthe qui, suivant la taille du pot, peut se succéder sur un ou deux niveaux, nécessitant parfois de recourir à une courbure du motif, comme cela a été découvert sur un exemplaire du site de Naïa (fig. 79). Le deuxième est le choix des remplissages annexes dans les parties triangulaires haute et basse du décor. Le triangle supérieur peut être rempli d’un motif complexe ou d’un motif unique (photo 58a-b), le triangle inférieur étant laissé vide ou se trouvant comblé soit par une série de motifs en rectangle (dans un graphisme prolongeant le motif de labyrinthe), soit parfois par un motif interprétable comme une forme zoomorphe (graphisme apparaissant exclusivement limité à la tortue stylisée) (photo 58c). La dernière variation concerne la direction de positionnement des successions de rectangles emboîtés formant le labyrinthe, certains pots ayant leur motif en sens inversé par rapport au graphisme le plus courant, comme dans la localité WKO013A du site de Lapita (fig. 80).

Photo 57. – Exemple de décor en labyrinthe sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 78. – Exemples de décors de bandeau central en labyrinthe identifiés dans les collections calédoniennes

Figure 79. – Tesson comportant un décor en labyrinthe à structure courbée, découvert sur le site de Naïa (coll. musée de Nouvelle-Calédonie)

Photo 58. – Trois exemples de motifs de remplissages réalisés dans les triangles de bordures des décors en labyrinthe : (a et b) localité WKO013A du site de Lapita ; (c) site SGO015 de Goro

Figure 80. – Les deux sens de direction du motif en labyrinthe

32Il doit être signalé que deux motifs de bandeau central presque identiques peuvent apparaître graphiquement différenciés sur une poterie, grâce aux choix différents de frises d’encadrement (cf. photo 128 : 228).

• Emboitements en V
  • 5 Il doit être noté que cette structure de motifs peu commune est également présente sur un tesson d (...)

33Un certain nombre de fragments de pots permettent d’identifier la présence d’un motif proche sur le principe du motif du labyrinthe. Celui-ci est formé d’emboîtements de blocs de rectangles allongés et en V inversés, avec l’insertion de motifs entre les blocs (fig. 81). Malheureusement, extrêmement peu de décors complets de ce type ont pour le moment été identifiés5.

• Zigzags verticaux

34Cette catégorie regroupe des décors structurés sur une succession de petits segments de biais, se superposant verticalement un par un en changeant d’angle de façon marquée. Ceci forme une série de zigzags, qui peuvent être placés de façon parallèles les uns aux autres ou s’associer afin de former des successions de losanges. A ce jour, très peu de tessons Lapita de l’archipel calédonien comportant cette catégorie de motif ont été identifiés, alors que ce motif est fréquent dans le nord du croissant mélanésien (Anson, 1983). Sur le seul tesson relativement grand, découvert à Saint-Maurice-Vatcha, les zigzags verticaux se regroupent en blocs, afin de former un agencement géométrique structuré (fig. 82). Trois tessons provenant respectivement de Lapita, Nessadiou et Goro se caractérisent par des lignes pointillées doubles (fig. 83).

Figure 81. – Emboîtements de V et motif de division en rectangle sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita (dessin K. Coote)

Figure 82. – Tesson du site KVO003 de Vatcha à décor complexe en zigzags verticaux (d’après Frimigacci, 1975 : planche 31, n° 256)

Figure 83. – Exemples de tessons à décor en zigzags découverts sur les sites de la Grande Terre : WBR001 de Nessadiou, WKO013A de Lapita, SGO015 de Goro

• Ondulé

35Le motif de l’ondulé a un graphisme de base simple : il s’agit d’une répétition régulière de X, dont chaque extrémité est liée à son vis-à-vis par un motif en croissant, avec la concavité vers le bas (fig. 84). Dans son expression la plus classique, l’ondulé n’est développé que sur un seul alignement horizontal, faisant le tour de l’encolure : il comporte alors souvent un motif en croissant central, non relié au X. Cependant, l’ondulé peut également se superposer, soit par un emboîtement, soit par une succession verticale, les deux types pouvant parfois se trouver sur le même bandeau. Une dernière variante est formée par des ondulés placés en quinconce, les motifs inférieurs en croissant ne se rejoignant pas mais se superposant (fig. 85). On note une relative diversité des choix de remplissage pour la partie inférieure du bandeau, la base du motif ondulé étant, par exemple, poursuivie par des ronds, des arcs ou des triangles. De façon intéressante, il apparaît que la partie supérieure du bandeau comporte un motif standard. Celui-ci est formé par deux ensembles de traits verticaux placés au-dessus du motif en croissant, chacun lié à son vis-à-vis par un motif en croissant horizontal doublé, tourné vers le haut (cf. photo 46 : 128).

• Triangles emboîtés

36Cette catégorie correspond à un motif composé d’un emboîtement vertical de triangles dont la pointe tournée vers le bas, est soit arrondie, soit repose sur une frise de limite de bandeau. Les angles supérieurs ne se rejoignent pas, mais servent de base à une rangée de croissants verticaux, placés en vis-à-vis par groupes afin de se faire face de chaque côté de l’ensemble de triangles emboîtés (photo 59). Dans toute une partie des cas, une autre série de triangles avec la pointe vers le haut vient reposer sur le motif de base, donnant un motif large (fig. 86). Plusieurs exemplaires complets du motif classique des triangles emboîtés ont été découverts dans des sites calédoniens. Ils comportent tous un décor à double ligne pointillée. La présence de plusieurs décors incomplets à une seule ligne pointillée témoigne probablement d’une évolution de cette catégorie de motifs vers un graphisme plus simple.

Figure 84. – Motif ondulé sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita (dessin K. Coote)

Figure 85. – Exemples des formes du motif ondulé identifiées sur des poteries Lapita de la Grande Terre

Photo 59. – Motif de triangles emboîtés sur un tesson de la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 86. – Exemples des formes du motif de triangles emboîtés sur des poteries Lapita de la Grande Terre

• Losanges emboîtés

37Un décor complet atypique, provenant d’une grande poterie partiellement reconstituée découverte sur le site WBR001 de Nessadiou, forme une catégorie à part. Il s’agit d’un ensemble structuré autour d’une succession de X, encadrant un dessin foliacé enfermé dans deux losanges emboîtés. Graphiquement, ce motif ne comporte pas le bandeau de croissants verticaux, les emboîtements prenant du coup une autre structure graphique de type losanges (fig. 87).

• Foliacé

38Un autre décor complet atypique a été inventorié sur une poterie bien conservée du site SGO015 de Goro. Sur cet exemple, la structure de la répétition des croissants verticaux centraux en vis-à-vis est conservée au centre du motif, mais les triangles inférieurs et supérieurs sont remplacés par une composition plus complexe, aboutissant à un motif de formes foliacées partiellement emboîtées par paires (Sand et al., 2001 : fig. 4) (photo 60).

Figure 87. – Poterie du site WBR001 de Nessadiou au bandeau principal caractérisé par un motif de losanges emboîtés

Photo 60. – Poterie du site SGO015 de Goro comportant en bandeau principal un motif foliacé

• Rectangles

39La structure géométrique du rectangle, composée de divisions verticales et d’une à cinq divisions horizontales, est graphiquement la plus simple du répertoire identifié pour le bandeau central Lapita. Paradoxalement, la liberté offerte par les multiples remplissages intérieurs possibles fait de cette catégorie celle comportant le plus de variations (fig. 88). Ces variations vont, suivant chaque pot, de quelques grands cadres rectangulaires à de nombreux petits. Il apparaît ainsi possible de subdiviser les décors à base rectangulaire, en plusieurs sous-catégories. Les motifs les plus ouverts se caractérisent par des rectangles sans remplissage. La forme la plus simple de remplissage consiste en une succession de lignes verticales et horizontales ou obliques placées en quinconce, permettant de différencier chaque rectangle de ses voisins. Souvent, le rectangle est lui-même divisé en triangles, dont l’une des parties est remplie par une succession de lignes parallèles ou en éventail à partir d’un des angles. La composition peut alors donner lieu à des motifs foliacés (fig. 89). Dans certains cas, les deux triangles d’un même rectangle sont décorés de motifs différents. Une division supplémentaire permet d’obtenir quatre triangles, décorés deux par deux en vis-à-vis, laissés vides ou remplis de façon originale : « toile d’araignée », pointillés et blocs de triangles, ajout de courbes, etc. Un exemple conjugue même une rangée de rectangles au décor en éventail, joignant deux triangles pour former des losanges, surmontés par une rangée de rectangles comportant chacun un dessin d’apparence zoomorphe (photo 61). Des divisions verticales, sans décor ou comportant un décor différent, séparent sur certains pots deux rectangles (Sand et al., 2002 : fig. 9d). Sur certaines autres poteries, le décor est délibérément placé en losange au lieu d’être horizontal, engendrant naturellement des triangles aux limites supérieures et inférieures. La diversité de décors spécifiques identifiés au sein de la catégorie des rectangles, laisse peu de doutes sur l’existence d’autres variations non encore recensées qui devraient au cours de prochaines études venir augmenter la singularité de cet ensemble. On peut ainsi citer l’existence, sur un tesson découvert à Saint-Maurice-Vatcha, d’espaces verticaux vides entre deux rectangles décorés.

Figure 88. – Diversité des bandeaux principaux décorés par un motif en rectangles

Figure 89. – Exemple de poterie du site WKO013A de Lapita comportant un décor foliacé en triangles issu de subdivisions d’un motif en rectangles

photo 61. – Tesson de la localité WKO013A du site de Lapita à motif en rectangles comportant au dessus d’un décor en éventail, des représentations zoomorphes stylisées

• Triangles

40La catégorie des triangles apparaît comme une version simplifiée du rectangle, possible sur des petites poteries comportant un bandeau central peu étendu. Le motif, défini par une ou deux lignes parallèles pointillées, se compose comme une succession horizontale de triangles, dont un sur deux est retourné. Cet alignement est limité à un niveau, bien que graphiquement, certains motifs en losange pourraient être classés dans cette catégorie des triangles (fig. 90).

• La « maison »

41La catégorie définie comme symbolisant des représentations de « maisons » à toit pointu, emboîtées les unes dans les autres, est un décor courant dans les différents archipels de l’aire Lapita jusqu’à Fidji (Anson, 1983), mais n’a été identifié qu’à quelques très rares exemplaires en Nouvelle-Calédonie. Le motif se décline, dans sa forme la plus simple, par une succession de triangles horizontaux, reliés à la succession suivante de triangles horizontaux par des barres verticales, débutant et finissant à chaque angle. Des ajouts de trait au centre de cette structure exagonale peuvent être présents.

Figure 90. – Exemples de bandeau principal à motif en triangles

• Vague

42Ce terme singularise un motif simple de structure courbe, qui semble se répéter en vis-à-vis en inversant son sens (photo 62). Seuls quelques exemples de ce motif sont inventoriés (Lapita, Nessadiou, Goro, Saint-Maurice-Vatcha), laissant à penser que celui-ci n’était pas courant (fig. 91).

• Zigzags

43Les études de matériel ont identifié, sur certains tessons, un décor simple formé par une succession d’impressions droites ou en croissant se succédant, rattachées une par une à une extrémité, formant ainsi un motif en zigzags (photo 63). Les poteries bien conservées comportent ce type de motif de direction horizontale au-dessus de la carène et de direction souvent verticale au niveau de l’épaule ment (cf. fig. 52 :119). Ces successions d’alignements ne sont pas soulignées par un encadrement de lignes droites. Bien que cette catégorie de motif soit présente dans les collections de la Grande Terre dès les niveaux les plus anciens, il semble qu’elle se soit surtout développée aux îles Loyauté au cours de la période Lapita, remplaçant progressivement la majorité des autres types de motifs (fig. 92). Sur le site LPO023 de Kurin à Maré, l’outil pointillé utilisé pour réaliser les zigzags a été remplacé, sur certains pots, par un outil plein (Sand et al., 2002 : fig. 10).

• Décors inclassables

44De façon significative, relativement peu de décors de bandeau central ne trouvent pas leur place dans les catégories de motifs géométriques pointillés définies dans les pages précédentes. Il s’agit principalement de décors présents sur des tessons de petite taille ou de tessons issus de poteries aux décors étendus, pour lesquels une identification complète du motif reste aléatoire. Un second ensemble est formé par des décors habituellement utilisés pour des frises, mais qui se trouvent étendus ou multipliés sur plusieurs niveaux, afin de remplir un bandeau central, comme sur un tesson du site SGO015 de Goro ou sur une assiette de la localité WKO013A du site de Lapita (fig. 93). Enfin, il doit être noté l’existence de motifs centraux divisés en casiers par la présence de barres verticales simples ou elles-mêmes complexes (fig. 94).

Photo 62. – Exemple de tesson comportant un motif en vague

Figure 91. – Motif en vague présent sur une assiette à fond plat du site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha

Photo 63. – Tessons de la localité WKO013A du site de Lapita comportant un motif simple en zigzags

Figure 92. – Poteries du site LPO023 de Kurin comportant un motif simple en zigzags courbes

Figure 93. – Tessons à décors spécifiques uniques de bandeau central identifiés (a-b) sur les sites Lapita SGO015 de Goro et (c) sur WKO013A de Lapita

Figure 94. – Poterie du site LMA023 de Kurin avec un décor central en rectangles séparés les uns des autres par un double alignement de frises verticales

Les motifs anthropomorphes Lapita

  • 6 Terrell et Schechter (2007) on récemment proposé de voir dans les motifs à long nez présents sur l (...)
  • 7 Il doit être souligné que les données muséographiques montrent une perpétuation des représentation (...)

45L’identification précoce de motifs anthropomorphes6 dans le répertoire graphique Lapita (fig. 64) a permis de diversifier les questionnements sur cette tradition céramique (Spriggs, 2002), en y insérant différentes analyses socio-culturelles (Green, 2002 ; Kirch, 1997a ; Chiu, 2005)7. Les typologies comparatives sur l’arc mélanésien (Anson, 1983) ont quant à elles permis de faire apparaître dès les années 1980 la singularité de l’archipel calédonien, avec une concentration et une diversité inégalée de motifs anthropomorphes hautement stylisés (Spriggs, 1990c, 1993 ; Chiu, 2007). Une typologie des motifs anthropomorphes est proposée ici à partir d’une synthèse de la majorité des données issues des collections calédoniennes, en redéfinissant les ensembles identifiés par Matthew Spriggs (1990c).

• Motif à double face

46Le motif anthropomorphe à double face se caractérise par la présence d’un ensemble stylisé représentant un corps humain, au sein duquel est intégrée une deuxième représentation d’un visage (Green, 1973 : fig. 3). Un seul exemplaire relativement complet de ce motif, découvert sur le site KVO003 de Saint-Maurice (Lenormand, 1948), est connu à ce jour pour l’archipel calédonien. Un personnage aux bras ouverts terminés en spirale a été représenté, avec une tête stylisée en obus vertical, l’ensemble enveloppé dans un ovale. Le corps, formant un triangle, renferme un second visage, avec un nez et deux yeux (fig. 95).

47Aucun autre tesson aussi bien conservé n’a été découvert à ce jour dans les sites calédoniens. Cependant, la présence de motifs arrondis complexes sur un certain nombre de tessons de petite taille découverts dans les principaux sites, laisse à penser que quelques poteries comportant ce type de motif à double face et extrémités arrondies ont été fabriquées ailleurs qu’à Saint-Maurice-Vatcha. Ceci est en particulier le cas sur la localité WKO013A de Lapita, ainsi que sur les sites WVH050 de Vavouto et WBR001 de Nessadiou (fig. 96). Il doit également être souligné qu’un aménagement de compositions complexes ne respectant pas l’horizontale a été constaté sur plusieurs tessons, comme si certains bandeaux renfermaient, outre des divisions verticales, horizontales et arrondies, des divisions obliques. Malheureusement, aucun exemplaire suffisamment bien conservé comportant cette spécificité n’a encore été inventorié à ma connaissance.

Photo 64. – Tesson à motif anthropomorphe découvert sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha en 1948 (coll. Lenormand, reconstitution par ordinateur)

Figure 95. – Proposition de reconstitution du motif anthropomorphe double découvert à Saint-Maurice en 1948

48Il doit enfin être noté la présence d’un motif à faces inversées, dont le seul exemplaire a été découvert en ramassage de surface sur le site WKO013A (Chiu, 2007 : 248). Celui-ci apparaît être de même structure graphique que le motif présent sur l’assiette à fond plat découverte à Teouma (Bedford et al., 2007 : fig. 12-13), avec une répétition du motif à face simple figurative allongée (voir plus loin), dont les médaillons sont décorés d’une face placée en direction opposée.

Figure 96. – Tessons Lapita à décors pointillés arrondis entrant probablement dans la composition de motifs anthropomorphes à double face

Photo 65. – Fragments de décors à visage en triangle (coll. musée de Nouvelle-Calédonie)

• Motif à face simple en triangle

49Les données actuelles ne permettent pas de définir s’il existe une évolution uniquement stylistique et graphique entre le motif à double face et le motif à face simple en triangle (photo 65), ou si certains motifs à face simple en triangle étaient réalisés parallèlement aux faces doubles complexes. La découverte à Saint-Maurice-Vatcha (Frimigacci, 1975 : fig. 102), à Lapita et à Goro de tessons à face simple en triangle (fig. 97), comportant un décor complexe en encadrement, pourrait indiquer que la deuxième hypothèse n’est pas entièrement improbable. En effet, toute une partie des motifs à face simple en triangle, est caractérisée par la présence d’une sorte de coiffe arrondie au-dessus de la tête. Sur un des exemplaires découverts à Lapita, cette coiffe est surmontée par ce qui semble être des ornements végétaux ou des ornements en plumes (fig. 98). Dans certains cas, l’extrémité des yeux est soulignée grâce à un décor réalisé en retournant l’outil courbe ou avec un petit outil droit, alors que sur d’autres exemples, l’espace sous les yeux est rempli par un petit motif en triangle.

• Stylisation de la face simple en triangle

50Une stylisation du motif à face simple en triangle peut être identifiée sur certaines poteries, par un phénomène de recouvrement partiel de deux motifs d’origine, permettant le partage graphique du même œil pour deux visages. Dans la forme la plus abstraite, les yeux ont disparu et seul le cadre triangulaire et un nez stylisé sont encore présents (fig. 99). Un dessin plus épuré de visage a également été identifié sur la localité WKO013A du site de Lapita (photo 66), ayant peut-être entraîné le développement d’une autre forme de représentation anthropomorphe, à mi-chemin entre cette catégorie et la suivante, dont seuls certains éléments incomplets sont connus. Peu d’exemplaires de ces formes stylisées ont été inventoriés à ce jour, n’incitant pas à créer, à ce stade, une catégorie distincte.

Figure 97. – Exemples de tessons à face simple en triangle

Figure 98. – Tesson du site WKO013A comportant un motif de face simple en triangle surmonté d’une sorte de coiffe

Figure 99. – Exemples de faces simples en triangle de caractère stylisé

Photo 66. – Tesson du site WKO013A portant un motif de visage ouvert, probablement une assiette à fond plat ou un couvercle

• Motif à face simple figurative allongée et médaillon

51Si le motif à face simple en triangle peut être en partie lié à une évolution stylistique de la double face, le motif à face simple figurative allongée forme une catégorie à part (fig. 100). Structurellement, ce motif est composé d’un visage formé d’un long nez allongé, encadré sur sa partie supérieure par deux yeux. De chaque côté de la partie supérieure de ce visage a été imprimé un médaillon, interprété comme un ornement d’oreille par Matthew Spriggs (1990c) ou comme un « emblème » par Patrick Kirch (1997a : 136). Sa forme est le plus souvent arrondie, mais peut également être allongée ou même appointée suivant les pots. L’intérieur de ce médaillon est décoré de frises diverses : zigzags droits, successions de motifs en croissants emboîtés de différents types, lignes, rectangles avec remplissage, etc. (fig. 101). Les deux alignements parallèles, donnant l’illustration du nez et du haut du visage, contournent par le bas ce médaillon, permettant de répliquer en vis-à-vis un autre visage et ce, sur toute la circonférence du pot. Dans certains cas, un décor issu d’un motif simple de frise encadre le haut et/ou le bas de la face. Aucun exemplaire comportant ces médaillons non partagés par le visage suivant n’a été identifié à ce jour dans les collections calédoniennes, contrairement à différents exemples aux îles Reef et Santa Cruz (Spriggs, 1990c : fig. 18-19).

52Toute une série de fragments de visages pouvant être classés dans cette catégorie ont été découverts (fig. 102). Les reconstitutions partielles semblent indiquer quelques variations d’un pot à un autre avec, par exemple, l’identification, sur le site de Saint-Maurice-Vatcha, d’un tesson à visage semblant être encadré par cinq alignements, au lieu de deux habituellement (Frimigacci, 1975 : pl. 42 ; Sand, 1996a : fig. 173E). Seules trois poteries relativement bien conservées (une grande coupe à fond plat découverte à Nessadiou [Siorat, 1990] et deux pots carénés découverts sur la localité WKO013A du site de Lapita, démontrant la présence de cette catégorie de motifs sur les deux principales formes typologiques Lapita), permettent pour le moment une reconstitution complète de ce motif. Sur un des pots carénés, les motifs réalisés à l’intérieur des médaillons sont de deux types différents, se succédant deux à deux (photo 67).

Figure 100. – Diversité du motif à face figurative allongée et médaillon dans les sites Lapita de la Grande Terre

Figure 101. – Exemples de médaillons décorés entrant probablement dans la composition de motifs à face figurative allongée

Figure 102. – Motif à face figurative allongée et médaillon sur une poterie carénée du site WKO013A (voir photo 76 : 164)

• Motif à face simple stylisée

53L’omission du médaillon séparant deux visages a permis aux potiers Lapita de créer une autre catégorie de motifs de visages, structurée autour d’un graphisme œil-nez-œil-nez-œil. Toute une série de tessons comporte ce type de motif (fig. 103), décliné de différentes manières suivant le nombre de lignes (de une à trois) formant le cadre, la forme de l’œil et la courbure de la base du nez. Les motifs les plus simples ne créent plus la division séparant chaque cadre d’œil afin d’y placer le nez, entraînant un graphisme où les yeux sont placés dans des rectangles accolés les uns aux autres.

54S’il est possible de continuer à reconnaître relativement facilement des visages dans la première sous-catégorie de faces stylisées, d’autres ont un niveau d’abstraction plus évident. Il est possible d’identifier deux ensembles majeurs dans les collections calédoniennes, très peu de tessons avec un cadre vide (fig. 105, I) ou comportant une division en triangles ayant été inventoriés. Dans le premier cas, l’œil a été remplacé par un décor en croissants (fig. 104). Le cadre supérieur de la face stylisée est ainsi rempli par deux impressions en croissant vertical, se faisant face en effet miroir. Parfois, une impression courbe est placée horizontalement sous les croissants verticaux. Dans le deuxième cas, l’espace renfermant l’œil a été rempli par un décor en X (fig. 105). A partir de ces deux bases de décors simples, les différences sont surtout identifiables dans la façon dont sont agencés les blocs remplaçant l’œil et la manière dont sont stylisés les nez. Comme le montre l’illustration des deux figures précédentes, de nombreuses variantes sont observables à partir de la structure graphique d’origine. Celles-ci sont appliquées aussi bien sur des pots carénés que sur des assiettes à fond plat, apparemment de petite et de moyenne tailles dans la majorité des cas (fig. 106). S’il est probable que la majorité des poteries ne comportait qu’un seul type de motif, il doit être noté que sur un pot relativement complet découvert sur le site LPO023 de Kurin à Maré, deux types de visages stylisés sont présents, se partageant chacun une partie de l’espace d’encolure, divisé en trois blocs séparés par des bandeaux verticaux tridimensionnels (cf. fig. 55 : 120). Certains tessons, malheureusement de petite taille, comportent un médaillon associé à un visage stylisé, indiquant que ces deux formes de décor pouvaient dans certains cas être associées (fig. 107). Sur d’autres pots, on note l’absence d’une frise entre le bord et le motif de bandeau à visage stylisé, aussi bien sur des pots à bord rentrant que sur certains pots à bord sortant.

Photo 67. – Poterie carénée découverte dans la fosse du site WKO013A comportant deux types différents de décor en médaillon

Figure 103. – Exemples de motif principal à face simple stylisée comportant une succession œil-nez-œil-nez

Figure 104. – Exemples du motif principal abstrait à décor supérieur arrondi dérivés du motif à face simple stylisée

Figure 105. – Exemples de motif principal abstrait à décor supérieur en croix dérivés du motif à face simple stylisée

Figure 106. – Assiette à fond probablement plat comportant un décor à face simple stylisée

Les frises

55L’étude des motifs présents sur les bandeaux formant le centre du décor Lapita montre la relative standardisation des catégories de décors. Chaque bandeau central est encadré par une série de frises de petite taille individuelle, qui se succèdent du bord à la carène. Chaque ligne de frise développe de façon répétitive un seul motif, soit en continu, soit en intercalant des espaces non décorés. La division la plus simple est produite par une succession de lignes droites parallèles. La frise à l’aspect le plus compact, réalisée par une succession d’impressions rapprochées d’un outil principalement courbe (bien que des exemples d’utilisation d’un outil droit aient également été régulièrement inventoriés) afin de former une bande pleine, ne comporte pas de caractère visuel évident. Définie comme marqueur de zone (zone marker) dans la terminologie proposée par Sydney Mead (1975) et incorrectement identifiée par Simon Best (2002) comme produite uniquement par une roulette, cette frise compacte semble avoir principalement eu comme rôle de souligner et de diviser les différentes parties décorées d’un pot, horizontalement mais également parfois dans le sens vertical. Une étude plus détaillée du mode de réalisation de ce type de frise a été présentée précédemment (cf. fig. 69 : 130). Outre cette bande pleine sans réel caractère décoratif, il est possible de différencier trois autres ensembles graphiques dans les frises Lapita : les motifs réalisés avec un seul outil, les motifs simples réalisés grâce à la combinaison de deux ou trois outils, et les motifs complexes reproduisant en format réduit un décor de bandeau principal. Très peu de motifs de frises apparaissent être inclassables dans les trois catégories définies ici (fig. 108).

Figure 107. – Exemple de décor en médaillon complexe associé à un motif Lapita abstrait à décor supérieur en croix dérivé du motif à face simple stylisée (localité WKO013A)

Les frises à un outil

56Le premier ensemble, composé de motifs réalisés avec un seul outil, est le plus diversifié, sauf pour l’impression pleine, qui n’autorise qu’une succession de ronds à distance régulière. Le petit outil droit permet ainsi de réaliser des successions verticales de lignes espacées ou rapprochées, ainsi que des blocs de lignes rapprochées (de deux à parfois dix barres), séparés par des espaces non décorés. Positionné de biais, dans un seul sens ou retourné à distance régulière, l’outil produit toute une série d’impressions différentes. Utilisé en éventail, avec un des angles restant en pivot sur un point fixe, le même outil permet d’obtenir un motif de triangle. Un dessin de triangle est obtenu, pour certaines grandes frises, en imprimant des rangées parallèles de lignes droites. Imprimé en va-et-vient, on obtient avec l’outil droit un motif en zigzag plus ou moins rapproché (Siorat, 1990 : fig. 1). Une sélection des motifs de frise des collections calédoniennes utilisant uniquement l’outil droit, est présentée dans la figure 109.

Figure 108. – Décor particulier sur un bord d’assiette de la localité WKO013A

57Une série encore plus diversifiée de motifs de frises peut être obtenue avec l’outil courbe. Positionnées verticalement, les impressions rapprochées forment une bande compacte, proche du marqueur de zone dans l’effet visuel. Peu d’exemples d’utilisation de l’outil courbe pour former des blocs différenciés ont été inventoriés, montrant que toutes les possibilités de décor n’étaient pas nécessairement utilisées de façon régulière. Le même outil, placé horizontalement, permet de réaliser des alignements de courbes. Le plus souvent, on observe la présence de successions d’alignements, chaque extrémité d’une courbe venant reposer sur le sommet de la courbe précédente, formant un motif « en écailles de poisson ». Le motif de croissant peut également être utilisé en miroir, formant alors, soit une succession horizontale d’ovales (si les extrémités des courbes en vis-à-vis se rejoignent), soit un motif ondulé (si les impressions sont décalées de moitié). Dans certains cas, la formation « en écailles de poisson » n’est pas continue, mais crée des structures triangulaires. Enfin, l’outil courbe peut être utilisé à la fois de façon verticale et horizontale, produisant alors un motif plus complexe. Dans ce cas, souvent, la courbe horizontale vient s’appuyer sur l’extrémité de deux courbes verticales alignées, séparées par une courbe verticale placée à la hauteur de la courbe centrale du décor horizontal. Une partie de la diversité des motifs de frise utilisant l’outil courbe dans les collections calédoniennes est présentée dans la figure 110.

Figure 109. – Sélection de motifs de frises pointillées réalisés grâces à un outil droit

Les frises à plusieurs outils

58La combinaison de deux ou de trois outils aboutit également à de nombreuses variantes. Ainsi, dans une succession de blocs de deux traits verticaux placés à distance régulière, les potiers ont régulièrement ajouté à une base de blocs sur deux, une impression courbe horizontale. L’ajout d’impressions à l’outil courbe, afin de lier les extrémités d’une ligne de triangles en éventail, permet d’obtenir différents motifs, variant suivant le sens de l’outil et l’ajout ou non d’un poinçon avec l’outil rond. Dans certains cas, a été favorisée une composition se terminant par un décor non continu en blocs nettement séparés, s’observant principalement vers l’intérieur du bord ou à la base de la carène. Il n’apparaît pas utile de détailler ici les multiples combinaisons. Une sélection des motifs de frises réalisés avec plusieurs outils, répertoriés à partir des collections étudiées, est présentée dans la figure 111. La conclusion la plus significative de l’inventaire a été de montrer que les potiers Lapita ont multiplié les possibilités graphiques, favorisant les motifs les plus faciles mais n’hésitant pas, dans certains cas, à réaliser également des combinaisons complexes.

Les frises à motifs centraux

59Le dernier ensemble de frises identifié dans les collections calédoniennes développe, à taille réduite, un certain nombre de catégories de motifs principalement identifiés en bandeau central. Ceci est le cas des décors en triangles emboîtés, à une ou deux faces, présents sur plusieurs pots en frise de bord composite (photo 68), comme frise d’encadrement (Sand, 1996a : fig. 108) ou en décor supérieur de carène (Frimigacci, 1991 : fig. 15.3 ; Sand, 1996a : fig. 40c). Le décor ondulé est présent en frise sur une poterie carénée de la localité WKO013A du site de Lapita. Différentes frises utilisent des motifs issus des subdivisions des rectangles (Barp, 2006 : 245). Ainsi, un motif de X enfermé dans un rectangle, habituellement utilisé dans les représentations de visages anthropomorphes stylisés, a été identifié en motif intérieur de bord ou, plus souvent, au-dessus de la carène, aussi bien sur le site de Lapita (Sand et al., 2000), qu’à Nessadiou (Noury, 2005 : fig. 50) et sur quelques tessons du site de Saint-Maurice-Vatcha. Le plus souvent, les rectangles sont accolés, mais ils peuvent être aussi séparés par un espace vide ou par un motif en zigzag par exemple (fig. 112).

Figures 110. – Sélection de motifs de frises pointillés grâce à un outil courbe

Figures 111. – Sélection de motifs de frises réalisés grâces à deux ou trois outils

Les décors spécifiques

60Afin d’être aussi complet que possible sur les décors liés aux poteries à motifs pointillés, il est indispensable de citer un certain nombre d’éléments rares. Ceci est en particulier le cas des aménagements en creux et en relief. Aucun tesson comportant un évidement de paroi, comparable à ce qui existe dans l’archipel Bismarck (Kirch, 1997a : plate 5.2), n’a été découvert à ce jour dans les sites calédoniens. Plusieurs bords comportent une lèvre régulièrement imprimée verticalement (Nessadiou) ou portent une incision horizontale continue. De très rares assiettes ont sur leur bord ou à la limite d’angle du fond plat un réel enlèvement de matière afin de produire un creux triangulaire ou allongé (photo 69). Enfin, un seul tesson des collections étudiées provenant d’une poterie à bord rentrant comporte, à espace régulier entre les décors pointillés, des sillons profonds réalisés grâce à un enlèvement volontaire d’argile (cf. fig. 63 : 125).

61Les surmodelages constituent un autre élément peu présent dans la tradition céramique Lapita calédonienne. Quelques bords comportent des petits tétons arrondis, apparemment sans forme spécifique, placés sur la lèvre plate (photo 70). Dans un seul cas, issu du site WVH050 de Vavouto (photo 71), il est possible de supposer la présence d’un modelage plus complexe, peut-être un oiseau comme sur le site de Teouma au Vanuatu (Bedford et Spriggs, 2007). Le bord de ce pot, ainsi qu’un autre bord découvert sur la localité WKO013A du site de Lapita (fig. 113), devaient être ondulés, avec des excroissances à distance régulière. Dans de très rares cas ont été signalés des tessons comportant des ajouts tridimentionnels sur la panse. Certains semblent n’être que des tétons ayant pu être percés afin de tenir des ligatures, comme pour l’exemplaire découvert à Lapita (cf. photo 40 : 118). Dans d’autres cas, un modelage volontaire de forme anthropomorphe était réalisé, comme pour le visage découvert sur le site NKM001 de Boirra à Koumac (Frimigacci, 1981a) (fig. 114) ou celui publié pour Lapita (Noury, 2007). Deux fragments issus apparemment de la même anse décorée, découverts sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha, indiquent l’existence rare d’éléments de préhension sur certaines poteries Lapita (photo 72). Cette hypothèse est renforcée par l’identification de quelques oreilles triangulaires et d’un gros boudin de bord droit sur le site de Lapita, qui pourraient avoir servi de pied pour une forme non encore spécifiée de repose-plat, comparable à ce qui est connu à Fidji (Patrick Nunn, com. pers., 2005). Enfin, une poterie bien conservée, découverte sur le site LPO023 de Kurin à Maré, comporte trois bandes surmodelées verticales, débutant sous le bord et s’achevant au-dessus de la carène (cf .fig. 55 : 120). Les parties bien conservées de ces bandes montrent l’existence de trous comparables en diamètre à ceux parfois observés sur les bords de pots Lapita, probablement aménagés pour attacher des éléments végétaux ou de parure. La présence de trous sur des bords Lapita en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs dans l’arc mélanésien (Hedrick, nd : 113-115), permet de supposer que certaines poteries étaient décorées d’éléments non céramiques. Certains bords percés à distance régulière de deux petits trous (photo 73), comportaient peut-être également un prolongement par un tressage végétal, comme cela est encore pratiqué dans certaines traditions potières d’Asie du Sud-Est (photo 74). Divers exemples ethnographiques montrent l’utilisation de ligatures végétales pour maintenir les pots stables et éviter qu’ils ne se brisent lors de traversées en haute mer en pirogues. Les études pétrographiques ayant montré le transport de pots Lapita entre les îles (Dickinson, 2006), les trous présents sur certains pots pourraient avoir eu cette fonction de fixation.

Photo 68. – Exemple de motif de bandeau principal en triangles emboîtés utilisé en frise sur un bord composite (localité WKO013A du site de Lapita)

Figure 112. – Décors de carène comportant un motif en croix inclus dans un rectangle découverts sur la localité WKO013A du site de Lapita et sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha

Photo 69. – Enlèvement de matière sur deux bords et un angle de fond plat de poteries Lapita

Photo 70. – Tétons surmodelés sur la lèvre d’un bord sortant (localité WKO013A de Lapita)

Photo 71. – Surmodelage épais et indication d’une proéminence sur la lèvre d’un gros bord de poterie Lapita du site WVH050 de Vavouto

Figure 113. – Boni ondulé décoré découvert sur la localité WKO013A du site de Lapita

Figure 114. – Visage anthropomorphe surmodelé découvert sur le site NKM001 de Boirra (d’après Frimigacci, 1981)

62Si dans l’immense majorité des cas, les impressions pointillées se trouvent être la seule forme de décoration employée, cette technique est parfois associée à d’autres moyens de décoration (Chiu, 2003a : tab. 6.6). Sur quelques rares tessons a été notée la présence de traces de lissage avant l’impression pointillée, donnant à la surface un relief ondulé. Outre l’estampage de lèvres et la présence de motifs réalisés par des impressions pleines, en particulier aux îles Loyauté (bien que des exemples soient également présents sur la Grande Terre), quelques poteries comportent une association de décors pointillés et de décors incisés. Les incisions ont pour rôle, dans ce cas, de souligner les limites entre les ensembles de frises. L’irrégularité des tracés réalisés à main levée, de forme droite mais également courbe, donne à ces poteries à double technique décorative, un caractère plus fruste, même si les motifs décoratifs et la forme céramique sont complexes (photo 75).

Photo 72. – Fragments d’anses décorées découvertes sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha (coll. Lenormand et Golson)

Photo 73. – Exemple de paire de trous percés dans la lèvre d’un bord Lapita

63Une dernière catégorie de décor associé aux motifs pointillés est formée par l’application d’un enduit de couleur pour peindre certaines parties de la surface du pot. La seule référence à un tesson peint pour l’archipel calédonien vient des fouilles réalisées par Daniel Frimigacci (com. pers., 1983) sur le site NKM001 de Boirra à Koumac (Galipaud, 1998 : photo 3b ; 2000 : 50). L’absence d’autres observations de tessons peints est probablement liée à un contexte de sites souvent partiellement remaniés, dans lesquels il est statistiquement peu probable de retrouver ces enduits. Seuls un enduit rouge ou blanc et un « remplissage blanc » des pointillés ont été identifiés sur certains tessons. Il faut également reconnaître un manque d’attention portée à la possibilité de ce type de décor, avant la découverte spectaculaire de tessons entièrement peints réalisée récemment au Vanuatu (Bedford, 2006b) dans des conditions exceptionnelles. Celle-ci a en particulier incité à reconsidérer la façon de traiter le codage des décors, les couleurs les plus vives étant appliquées sur les espaces sans décor du pot découvert, alors que les zones comportant des motifs pointillés étaient entièrement cachées par un enduit. Il est fort probable que les fouilles futures signaleront de façon plus régulière ce type bien particulier de décor en Nouvelle-Calédonie.

Photo 74. – Ligatures passées dans des trous retenant un tressage, sur des bords de poteries traditionnelles contemporaines d’Asie du Sud-Est

Photo 75. – Tessons découverts dans la fosse de la localité WKO013A du site de Lapita comportant une association de décors pointillés et incisés

LES DYNAMIQUES D’EVOLUTION CERAMIQUE LAPITA

64Comme souvent en archéologie, l’identification de dynamiques culturelles passées est, avant tout, fonction de l’échelle de temps identifiée. Sur ce point, le résultat le plus significatif obtenu par les recherches de la dernière décennie est certainement d’avoir montré que la chronologie Lapita en Nouvelle-Calédonie était réduite à seulement une dizaine de générations, entre environ 1100-1050 avant J.-C. et 800-750 avant J.-C. Les données sur cette période se concentrent donc sur un temps court, totalisant, au regard de la chronologie calédonienne prise dans son ensemble (Sand, 1996c), moins d’un dixième de l’histoire humaine de la région. Pourtant, ces données archéologiques montrent qu’il a existé, malgré cette chronologie Lapita réduite à environ 250-300 ans, très loin des 1 500 ans encore proposés il y a encore quelques années (Frimigacci, 1999a), toute une série d’évolutions locales et régionales des productions céramiques, en lien avec les processus d’adaptation aux contraintes locales. Il n’est donc plus possible d’accepter que durant la période Lapita en Nouvelle-Calédonie :

« Aucune évolution notable dans la forme, le décor ou le matériau (des poteries) n’a été observée. » (Galipaud, 1992a : 189)

65L’ensemble des données disponibles permettent au contraire de dire qu’il y a eu une évolution rapide des traditions de réalisation des céramiques, caractérisée par l’émergence de formes prépondérantes et de décors préférentiels, dans un processus de diversification au sein même de l’archipel. Ces dynamiques ne peuvent se comparer directement à ce qui a été identifié ailleurs dans l’aire Lapita : chronologie définie comme longue (plus d’un millénaire) dans l’archipel Bismarck (Anson et al., 2005), évoluant sur un demi-millénaire dans les îles Reef/Santa Cruz (Green, 2003 : fig. 4), sur plusieurs siècles dans le nord du Vanuatu mais sur un faible nombre de générations à Efaté (Bedford, 2007, 2009), enfin rapidement divergente à Fidji (Clark, 2007) et en Polynésie occidentale, dans un ensemble Lapita oriental spécifique (Sand, 2007b) (fig. 115).

Figure 115. – Diversité des formes céramiques et de la complexité du décor pointillé entre (a) le Lapita occidental, (b) le Lapita méridional et (c) le Lapita oriental (d’après Green, 1976, Sand, 1999e et Kirch, 1988c, in Sand, 2001a : fig. 5)

66Il fait peu de doute que les groupes de tout premier peuplement, découvrant les îles Loyauté et la Grande Terre durant le dernier siècle du deuxième millénaire avant J.-C, apportaient avec eux un bagage culturel issu du Lapita occidental (Bedford et al., 2007), probablement sous une forme centre-occidentale qu’il reste à définir de façon plus précise (Sand, 2001a : 73). Les sites les plus anciens renferment toute la diversité des formes céramiques identifiées au sud de l’archipel Bismarck : assiettes à fond plat, coupes à pied, cylindres, poteries carénées, couvercles, parallèlement à des poteries utilitaires aux formes plus simples (fig. 116). En revanche, les formes caractéristiques du tout début de la chronologie Lapita plus au nord dans l’arc mélanésien (Kirch, 1997a : plate 5.1 et 5.2 ; Phelan, 1997 : fig. 4.21 ; Summerhayes, 2000 : fig. 5.3b) sont absentes. A partir de ce bagage de premier peuplement, une préférence a progressivement été portée à la production de poteries carénées, dont un nombre inhabituel de pots de très grande taille. Ceci s’est fait au détriment des grandes formes à fond plat qui apparaissent peu représentées dans les niveaux Lapita plus récents. Les études ont également montré que les diverses catégories de motifs de visages anthropomorphes Lapita identifiés (Chiu, 2007) se retrouvent exécutées principalement sur la partie supérieure des poteries carénées Lapita (Sand, 2000a : 26) (photo 76) et non plus de façon prépondérante sur les plats et les cylindres (Kirch, 1997a : 139-140). La céramique à fond plat devient au cours du temps de plus petit diamètre et porte souvent des formes stylisées de motifs anthropomorphes. Il existe donc une évolution concomitante, mais pas nécessairement liée, entre transformation des formes typologiques Lapita et évolutions des graphismes.

Figures 116. – Diversité de formes de poteries Lapita découvertes en Nouvelle-Calédonie

Photo 76. – Poterie carénée comportant un bandeau central à motif de face simple figurative allongée et médaillons découverte sur la localité WKO013A du site de Lapita (reconstitution en fig. 102 : 152)

67Des différences existent, d’une part, dans les informations archéologiques suivant les aires géographiques de l’archipel et, d’autre part, dans la qualité de conservation des niveaux Lapita suivant les sites et leur longueur d’occupation. Ceci rend complexe une comparaison détaillée entre les motifs décoratifs de chaque site, qui permettrait de rechercher des liens et des divergences (Anson, 1983). Si des comparaisons peuvent être faites sur les frises (Chiu, 2003a : 225-236), il reste à mieux définir les multiples formes graphiques vers lesquelles ont pu évoluer les décors du bandeau central (Ishimura, 2002) (fig. 117). Dans ce chapitre a été tentée une première compilation des données, permettant de montrer la relative permanence de certaines structures graphiques mais également la difficulté de réaliser des sériations d’enregistrement pour les motifs partiels présents sur de nombreux petits tessons. Si différentes tentatives ont été menées pour résoudre progressivement ce problème par un traitement informatique (Siorat, 1990 ; Noury, 2005 ; Chiu et Sand, 2005), il ressort que, sans exemples complets sur lesquels calquer les structures de base des motifs complexes, peu d’avancées peuvent en définitive être obtenues. Ainsi, bien que les principales catégories de motifs de bandeau central apparaissent aujourd’hui avoir été identifiées (Sand, 2007d), la constitution d’un corpus étoffé ne pourra se faire que progressivement, au fur et à mesure des découvertes de fragments de pots bien conservés.

68Les données sur le Lapita calédonien permettent de différencier plusieurs subdivisions temporelles. Les études montrent l’existence de deux ou trois sous-périodes chronologiques différenciées dans les sites principaux, qui ne sont pas nécessairement concomitantes d’une région à une autre. La première se caractérise par une diversité des formes et des décors, typologiquement rattachables au Lapita centre-occidental (Anson, 1983) avec, en particulier, la présence de motifs complexes. Le site de Saint-Maurice-Vatcha comporte, par exemple, un nombre significatif de tessons décorés avec des bandeaux de ronds imprimés, mais également des motifs courants du nord de l’arc mélanésien, qui n’ont pas été identifiés sur d’autres sites calédoniens. C’est également le seul site Lapita calédonien où a été, pour le moment, découvert un tesson décoré par impressions d’ongles (photo 77), une technique connue dans l’archipel Bismarck à la même époque (Green et Anson, 2000 : fig. 14). La deuxième sous-période voit le développement de catégories de formes prépondérantes, comme un nombre significatif de très grosses poteries carénées (fig. 118) et des poteries comportant des ajouts nouveaux : bandeaux verticaux modelés, fonds plats sur des pots carénés, etc. On observe alors l’émergence de décors diversifiés plus spécifiques à l’archipel (Chiu, 2003a : 255) avec, en particulier, la multiplication des motifs anthropomorphes stylisés (Chiu, 2005). En parallèle, peut être notée une diversification des techniques décoratives non pointillées. En effet, si les poteries incisées se perpétuent, avec leur registre restreint de motifs, on note l’émergence de décors au cardial mais, surtout, l’apparition de poteries imprimées au battoir. De façon significative, ces deux techniques n’apparaissent sur aucun exemple de coupe à pied ni de couvercle (Chiu, 2003a : 307, 309), pouvant indiquer, soit que ces formes avaient une utilisation particulière soit, plus probablement, que leur nombre a rapidement diminué après la première sous-période. Enfin, la dernière sous-période est celle comportant, sans surprise, le plus de variations entre les sites. Elle se caractérise par une diminution de la diversité des formes, avec surtout l’absence des pieds et des cylindres, une apparente raréfaction des plats et une simplification des décors, dont certains sont réalisés avec moins de maîtrise (fig. 119). Ceux-ci deviennent plus ouverts et se limitent dans certains cas à de simples alignements en zigzag, comme à Kurin. On note également, dans cette dernière phase, l’utilisation plus régulière du cardial afin de réaliser des motifs inspirés des décors pointillés ou des décors simples en zigzag, ainsi que l’augmentation des tessons issus de poteries imprimées au battoir, qui semblent venir se substituer de plus en plus aux poteries non décorées.

Figure 117. – Exemple de poterie carénée découverte dans la fosse céramique la localité WKO013A du site de Lapita comportant en bandeau central un motif à face simple figurative allongée et médaillons de style classique du croissant mélanésien (dessin K. Coote)

Photo 77. – Tesson du site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha comportant un décor par impressions d’ongles

CONCLUSION

69Ce chapitre et le précédent ont tenté de présenter, dans ses grandes lignes, les caractéristiques de la tradition céramique Lapita de Nouvelle-Calédonie, en soulignant que la grande majorité des travaux menés sur la période Lapita a porté avant tout sur les poteries décorées de pointillés. La complexité des données, la relative mauvaise conservation des vestiges céramiques engendrant des collections de tessons de petite taille, l’absence d’une étude informatique globale sur les décors rendent toute synthèse de ce type nécessairement incomplète. Cependant, la collecte de données archéologiques depuis un demi-siècle dans l’archipel et, en particulier, les recherches menées au cours de la dernière décennie, en mettant au jour une série unique de poteries bien conservées, ont permis de grandement diversifier les connaissances, mais également de structurer les caractéristiques typologiques, décoratives et techniques de ces céramiques. Ceci permet de proposer un cadre général relativement solide pour une grande partie des questionnements typologiques.

70Différents points demandent à être soulignés dans cette courte conclusion, afin de venir nourrir la discussion. Le premier concerne la grande diversité des formes typologiques et des modes de décoration de la tradition céramique Lapita. Les poteries Lapita comportent une série de spécificités les distinguant facilement des autres traditions céramiques océaniennes étudiées par les archéologues et les ethnologues (May et Tuckson, 1982 ; Pétrequin et Pétrequin, 1999). Mais dans cette diversité, il doit être souligné que, dès qu’est exclu l’ensemble caractérisé par les décors pointillés, il n’apparaît plus de réelle spécificité : quelques formes de poteries carénées standard incisées, décorées au cardial ou imprimées au battoir, quelques poteries globulaires non décorées. Ainsi, ce qui fait la spécificité de la tradition céramique Lapita reste avant tout la composante pointillée et la diversité des formes typologiques qui lui sont associées. Que ce soit dans les formes multiples, dans la structuration de décors complexes ou dans les particularités de réalisation des récipients, tout semble indiquer un ensemble céramique produit pour un but non utilitaire. Le second point majeur est une inattendue diversité régionale et chronologique. Après le tout premier peuplement par des arrivées successives de plusieurs familles élargies sur quelques générations, les différentes communautés Lapita de l’archipel ont progressivement fait évoluer, chacune de façon propre, leur tradition céramique, malgré le maintien de contacts entre les implantations calédoniennes. Certaines, en particulier aux îles Loyauté, ont rapidement abandonné la production d’une partie des formes et des décors complexes. D’autres communautés ont probablement eu un rôle prépondérant dans l’émergence de la tradition de Podtanéan. Au cours de la dizaine de générations ayant formé la période Lapita en Nouvelle-Calédonie, les différents groupes austronésiens de premier peuplement se sont progressivement enracinés à leurs nouvelles terres, développant des particularités uniques dans le croissant mélanésien et faisant émerger progressivement, dans le cadre d’une dynamique culturelle locale, une tradition Lapita « méridionale » spécifique.

Figure 118. – Exemple de très grosse poterie carénée Lapita à décor en labyrinthe découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha

Figure 119. – Illustration d’un tesson pointillé Lapita du site WPT148 d’Ongoué comportant un motif de face simple figurative allongée réalisé grossièrement

Photo 78. – Chaîne opératoire de réduction de blocs de roches siliceuses

Notes

1 Les nouvelles informations sur la tradition Lapita se sont récemment multipliées dans les publications scientifiques. Entre la rédaction du premier manuscrit de cet ouvrage en 2006 et les dernières révisions en 2009, toute une série de rajouts et de précisions a pu être portée au texte des deux chapitres sur la céramique Lapita, principalement grâce aux nouvelles découvertes effectuées dans la région.

2 Il doit être souligné qu’un inventaire des collections ethnographiques mélanésiennes a montré que, par exemple, la forme de l’assiette est extrêmement rare dans les productions traditionnelles du Pacifique Sud-Ouest (Terrell et Schechter, 2007 : table 3). Ceci renforce l’idée de la réelle spécificité de certaines formes typologiques Lapita.

3 Ceci expliquerait pourquoi les décors pointillés découverts sur des poteries d’Asie du Sud-Est et de l’ouest de la Micronésie sont plus simples que les décors Lapita : les outils employés pour les impressions étaient simplement des peignes de tatouage (Bellwood, 2005 : fig. 7.3). Il n’y aurait alors pas de chance de découvrir des poteries décorées de motifs Lapita « classiques » plus à l’ouest que la Nouvelle-Guinée, car l’outil pour réaliser ces motifs n’y était pas connu.

4 L’observation d’une partie de la collection Lapita issue du site de Bourewa sur la côte Sud-Ouest de l’île de Viti Levu, semble montrer que certains bandeaux ont effectivement été réalisés avec un type de roulette, car les pointillés se présentent sous la forme illustrée par Best (2002 : plate 2). Il est donc possible qu’un nouvel outil ait été inventé à Fidji, dans le cadre de la rapide évolution locale des décors Lapita.

5 Il doit être noté que cette structure de motifs peu commune est également présente sur un tesson du site de Watom au large de la Nouvelle-Bretagne ainsi qu’à Bourewa et Yanuca à Fidji par exemple.

6 Terrell et Schechter (2007) on récemment proposé de voir dans les motifs à long nez présents sur les poteries Lapita, la représentation de la face d’une tortue et non pas celle d’un visage humain. Il s’agit d’une hypothèse intéressante, mais qui pour le moment n’est que peu prise en compte par les autres archéologues travaillant sur cet ensemble culturel.

7 Il doit être souligné que les données muséographiques montrent une perpétuation des représentations de visages anthropomorphes sur les objets traditionnels en Mélanésie. Cette tradition trouverait ses racines, d’après certains auteurs, dans la période Lapita (Terrell et Schechter, 2007 ; Best, 2002 : 67-73).

Table des illustrations

Légende Figure 45. – Première représentation d’un plat Lapita à fond plat (Watom, Nouvelle-Bretagne) dessiné par le père O. Meyer au début du xxe siècle (Meyer, 1910 : fig. 4)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Légende Photo 39. – Négatifs d’un décor pointillé en labyrinthe, imprimés dans le sable consolidé de la plage de Vatcha après l’extraction d’un gros fragment de poterie Lapita (cliché D. Frimigacci, 1970)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 151k
Légende Figure 46. – Typologie générale des poteries Lapita pointillées calédoniennes
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 425k
Légende Figure 47. – Exemple typique de pot caréné Lapita découvert sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 266k
Légende Figure 48. – Diversité des tailles de poteries carénées découvertes sur le site WBR001 de Nessadiou (d’après Siorat, 1999 : annexe III)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 93k
Légende Figure 49. – Diversité de formes de bords présents sur les poteries Lapita carénées
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 95k
Légende Figure 50. – Exemple de poterie à bord composite du site WKO013A (fouilles Gifford et Shutler, 1952)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 227k
Légende Figure 51. – Profil d’une poterie Lapita du site WKO013A de Lapita illustrant la forme du bandeau sortant présent entre l’encolure et la zone de carène (dessin K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Légende Photo 40. – Poterie carénée décorée d’un alignement de boutons surmodelés placés verticalement entre le sommet de l’encolure et la carène (site WKO013A de Lapita)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 317k
Légende Figure 52. – Poterie carénée de forme allongée en obus comportant un décor simple en alignements de zigzag (site WKO013B de Lapita)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 315k
Légende Figure 53. – Diversité des formes et des angles de carènnes Lapita.
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 113k
Légende Figure 54. – Petite poterie à carène marquée découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha (fouilles Frimigacci, 1970)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 233k
Légende Figure 55. – Poterie carénée à fond plat et bandeaux verticaux percés découverte par F. Wadra sur le site LPO023 de Kurin
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 358k
Légende Figure 56. – Exemple d’assiette Lapita de la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 99k
Légende Figure 57. – Diversité de profils d’assiettes Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 79k
Légende Photo 41. – Rainure gravée ronde sur le fond plat d’une assiette de la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Légende Figure 58. – Pieds de poteries découverts sur la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 252k
Légende Figure 59. – Exemples de fragments pieds de poteries de la localité WKO013A du site de Lapita (fouilles Gifford et Shutler, 1952)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 119k
Légende Figure 60. – Poterie à pied en forme de calice découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 159k
Légende Figure 61. – Fragment probable de cylindre du site WBR001 de Nessadiou comportant un décor en labyrinthe (coll. Musée de Bourail)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 67k
Légende Photo 42. – Exemples de tessons de la localité WKO013A du site de Lapita pouvant être des fragments de cylindres
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 355k
Légende Photo 43. – Possible cylindre de poterie découvert sur le site KVO003 de Saint-Alaurice-Vatcha (coll. Lenormand)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 126k
Légende Photo 44. – Fragments d’un cylindre non décoré découvert sur la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 83k
Légende Figure 62. – Diversité des profils de poteries Lapita à bord rentrant
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Légende Figure 63. – Exemple de poterie à bord rentrant comportant un décor pointillé et des alignements évidés
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-25.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Légende Figure 64. – Exemples de profils de tessons interprétés comme provenant de couvercles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-26.jpg
Fichier image/jpeg, 62k
Légende Photo 45. – Illustration de boutons de préhension provenant probablement de formes de couvercles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-27.jpg
Fichier image/jpeg, 75k
Légende Figure 65. – Trois bords de couvercles avec leur diamètre et leur décor découverts sur le site WVH050 de Vavouto
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-28.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Légende Tableau 8. – Les différentes étapes d’enregistrement informatique des décors Lapita (Chiu et Sand, 2005)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-29.jpg
Fichier image/jpeg, 225k
Légende Photo 46. – Illustration de la zone de recouvrement de fin de tour du décor sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita ayant nécessité une adaptation du motif du bandeau central
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-30.jpg
Fichier image/jpeg, 132k
Légende Figure 66. – Décor de frise en croissants montrant la constance de l’arc de cercle imprimé par l’outil denté impossible à obtenir par un mouvement rotatif avec un outil droit
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-31.jpg
Fichier image/jpeg, 103k
Légende Figure 67. – Exemple de deux tailles d’outil courbe sur une même poterie
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-32.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Légende Figure 68. – Relevé de courbures d’arcs de l’outil denté en croissant identifiées sur différentes poteries Lapita de la localité WKO013A montrant une variété de formes et de tailles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-33.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Légende Figure 69. – Vue rapprochée de frises définies comme « marqueurs de zone » réalisées en zigzags serrés à l’outil droit (en haut) ou en superpositions à l’outil courbe. Les impressions des courbures d’arcs se recouvrant partiellement sont clairement visibles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-34.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Légende Figure 70. – Exemple d’impressions en arc d’une frise de « marqueur de zone » se recouvrant partiellement et aboutissant à un décor impossible à obtenir par une roulette. Cet alignement surmonte un décor courbe ouvert réalisé avec le même outil
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-35.jpg
Fichier image/jpeg, 106k
Légende Figure 71. – Exemple d’impressions de « marqueur de zone » (frise supérieure) et de triangles réalisées avec un outil droit court
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 113k
Légende Figure 72. – Exemple d’impressions réalisées avec un outil droit long pour un décor en labyrinthe ainsi qu’avec un outil droit court pour le décor de remplissage (en haut) (localité WKO013A du site de Lapita)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-37.jpg
Fichier image/jpeg, 162k
Légende Photo 47. – Impressions pointillées très fines sur un tesson de la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-38.jpg
Fichier image/jpeg, 98k
Légende Photo 48. – Impressions pointillées de tailles courantes sur les poteries Lapita calédoniennes
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 189k
Légende Photo 49. – Impressions pointillées de grande taille sur un tesson du site LWT054 de Keny à Lifou
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-40.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Légende Photo 50. – Alignements d’impressions de ronds pleins, en frise horizontale et verticalement au sein d’un décor central
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-41.jpg
Fichier image/jpeg, 122k
Légende Photo 51. – Illustration d’impressions en croissant réalisées avec un outil plein (site LPO023 de Kurin)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-42.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Légende Figure 73. – Déconstruction de la succession de décors en frises encadrant un décor principal sur une poterie carénée (dessin K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-43.jpg
Fichier image/jpeg, 247k
Légende Photo 52. – Exemples de tessons avec décors pointillés présents sur la face interne de poteries Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Légende Photo 53. – Exemples de décors présents sous l’angle de carène
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Fichier image/jpeg, 177k
Légende Photo 54. – Exemple de décor présent sur un fond plat
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-46.jpg
Fichier image/jpeg, 73k
Légende Figure 74. – Poterie de la localité WKO013A du site de Lapita, avec un décor pointillé s’arrêtant sous l’encolure
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-47.jpg
Fichier image/jpeg, 241k
Légende Figure 75. – Diversité de l’encadrement de frises pour le bandeau central ondulé et en labyrinthe sur des poteries de la fosse de la localité WKO013A du site de Lapita (dessins K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-48.jpg
Fichier image/jpeg, 341k
Légende Photo 55. – Vue de la fosse à céramiques de la localité WKO013A du site de Lapita en cours de fouilles (cliché J. Bolé)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-49.jpg
Fichier image/jpeg, 243k
Légende Figure 76. – Diversité des motifs de bandeau central pointillé Lapita présents en Nouvelle-Calédonie
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-50.jpg
Fichier image/jpeg, 141k
Légende Photo 56. – Exemples de tessons du site WKO013A comportant un décor de bandeau central composé simplement de quelques alignements pointillés de droites
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Fichier image/jpeg, 218k
Légende Figure 77. – Petite poterie à décor simple, découverte sur le site LMA020 de Patho à Maré (fouilles A.-M. Sémah, 1992)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-52.jpg
Fichier image/jpeg, 112k
Légende Photo 57. – Exemple de décor en labyrinthe sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-53.jpg
Fichier image/jpeg, 161k
Légende Figure 78. – Exemples de décors de bandeau central en labyrinthe identifiés dans les collections calédoniennes
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-54.jpg
Fichier image/jpeg, 180k
Légende Figure 79. – Tesson comportant un décor en labyrinthe à structure courbée, découvert sur le site de Naïa (coll. musée de Nouvelle-Calédonie)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-55.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Légende Photo 58. – Trois exemples de motifs de remplissages réalisés dans les triangles de bordures des décors en labyrinthe : (a et b) localité WKO013A du site de Lapita ; (c) site SGO015 de Goro
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-56.jpg
Fichier image/jpeg, 303k
Légende Figure 80. – Les deux sens de direction du motif en labyrinthe
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-57.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Légende Figure 81. – Emboîtements de V et motif de division en rectangle sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita (dessin K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-58.jpg
Fichier image/jpeg, 201k
Légende Figure 82. – Tesson du site KVO003 de Vatcha à décor complexe en zigzags verticaux (d’après Frimigacci, 1975 : planche 31, n° 256)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-59.jpg
Fichier image/jpeg, 150k
Légende Figure 83. – Exemples de tessons à décor en zigzags découverts sur les sites de la Grande Terre : WBR001 de Nessadiou, WKO013A de Lapita, SGO015 de Goro
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-60.jpg
Fichier image/jpeg, 174k
Légende Figure 84. – Motif ondulé sur une poterie de la localité WKO013A du site de Lapita (dessin K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-61.jpg
Fichier image/jpeg, 131k
Légende Figure 85. – Exemples des formes du motif ondulé identifiées sur des poteries Lapita de la Grande Terre
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-62.jpg
Fichier image/jpeg, 223k
Légende Photo 59. – Motif de triangles emboîtés sur un tesson de la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-63.jpg
Fichier image/jpeg, 163k
Légende Figure 86. – Exemples des formes du motif de triangles emboîtés sur des poteries Lapita de la Grande Terre
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-64.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Légende Figure 87. – Poterie du site WBR001 de Nessadiou au bandeau principal caractérisé par un motif de losanges emboîtés
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-65.jpg
Fichier image/jpeg, 192k
Légende Photo 60. – Poterie du site SGO015 de Goro comportant en bandeau principal un motif foliacé
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-66.jpg
Fichier image/jpeg, 112k
Légende Figure 88. – Diversité des bandeaux principaux décorés par un motif en rectangles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-67.jpg
Fichier image/jpeg, 257k
Légende Figure 89. – Exemple de poterie du site WKO013A de Lapita comportant un décor foliacé en triangles issu de subdivisions d’un motif en rectangles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-68.jpg
Fichier image/jpeg, 147k
Légende photo 61. – Tesson de la localité WKO013A du site de Lapita à motif en rectangles comportant au dessus d’un décor en éventail, des représentations zoomorphes stylisées
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-69.jpg
Fichier image/jpeg, 100k
Légende Figure 90. – Exemples de bandeau principal à motif en triangles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-70.jpg
Fichier image/jpeg, 159k
Légende Photo 62. – Exemple de tesson comportant un motif en vague
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-71.jpg
Fichier image/jpeg, 100k
Légende Figure 91. – Motif en vague présent sur une assiette à fond plat du site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-72.jpg
Fichier image/jpeg, 73k
Légende Photo 63. – Tessons de la localité WKO013A du site de Lapita comportant un motif simple en zigzags
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-73.jpg
Fichier image/jpeg, 98k
Légende Figure 92. – Poteries du site LPO023 de Kurin comportant un motif simple en zigzags courbes
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-74.jpg
Fichier image/jpeg, 98k
Légende Figure 93. – Tessons à décors spécifiques uniques de bandeau central identifiés (a-b) sur les sites Lapita SGO015 de Goro et (c) sur WKO013A de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-75.jpg
Fichier image/jpeg, 133k
Légende Figure 94. – Poterie du site LMA023 de Kurin avec un décor central en rectangles séparés les uns des autres par un double alignement de frises verticales
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-76.jpg
Fichier image/jpeg, 59k
Légende Photo 64. – Tesson à motif anthropomorphe découvert sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha en 1948 (coll. Lenormand, reconstitution par ordinateur)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-77.jpg
Fichier image/jpeg, 187k
Légende Figure 95. – Proposition de reconstitution du motif anthropomorphe double découvert à Saint-Maurice en 1948
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-78.jpg
Fichier image/jpeg, 205k
Légende Figure 96. – Tessons Lapita à décors pointillés arrondis entrant probablement dans la composition de motifs anthropomorphes à double face
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-79.jpg
Fichier image/jpeg, 138k
Légende Photo 65. – Fragments de décors à visage en triangle (coll. musée de Nouvelle-Calédonie)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-80.jpg
Fichier image/jpeg, 201k
Légende Figure 97. – Exemples de tessons à face simple en triangle
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-81.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Légende Figure 98. – Tesson du site WKO013A comportant un motif de face simple en triangle surmonté d’une sorte de coiffe
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-82.jpg
Fichier image/jpeg, 123k
Légende Figure 99. – Exemples de faces simples en triangle de caractère stylisé
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-83.jpg
Fichier image/jpeg, 138k
Légende Photo 66. – Tesson du site WKO013A portant un motif de visage ouvert, probablement une assiette à fond plat ou un couvercle
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-84.jpg
Fichier image/jpeg, 73k
Légende Figure 100. – Diversité du motif à face figurative allongée et médaillon dans les sites Lapita de la Grande Terre
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-85.jpg
Fichier image/jpeg, 336k
Légende Figure 101. – Exemples de médaillons décorés entrant probablement dans la composition de motifs à face figurative allongée
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-86.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Légende Figure 102. – Motif à face figurative allongée et médaillon sur une poterie carénée du site WKO013A (voir photo 76 : 164)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-87.jpg
Fichier image/jpeg, 191k
Légende Photo 67. – Poterie carénée découverte dans la fosse du site WKO013A comportant deux types différents de décor en médaillon
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-88.jpg
Fichier image/jpeg, 337k
Légende Figure 103. – Exemples de motif principal à face simple stylisée comportant une succession œil-nez-œil-nez
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-89.jpg
Fichier image/jpeg, 170k
Légende Figure 104. – Exemples du motif principal abstrait à décor supérieur arrondi dérivés du motif à face simple stylisée
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-90.jpg
Fichier image/jpeg, 118k
Légende Figure 105. – Exemples de motif principal abstrait à décor supérieur en croix dérivés du motif à face simple stylisée
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-91.jpg
Fichier image/jpeg, 434k
Légende Figure 106. – Assiette à fond probablement plat comportant un décor à face simple stylisée
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-92.jpg
Fichier image/jpeg, 151k
Légende Figure 107. – Exemple de décor en médaillon complexe associé à un motif Lapita abstrait à décor supérieur en croix dérivé du motif à face simple stylisée (localité WKO013A)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-93.jpg
Fichier image/jpeg, 129k
Légende Figure 108. – Décor particulier sur un bord d’assiette de la localité WKO013A
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-94.jpg
Fichier image/jpeg, 146k
Légende Figure 109. – Sélection de motifs de frises pointillées réalisés grâces à un outil droit
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-95.jpg
Fichier image/jpeg, 356k
Légende Figures 110. – Sélection de motifs de frises pointillés grâce à un outil courbe
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-96.jpg
Fichier image/jpeg, 253k
Légende Figures 111. – Sélection de motifs de frises réalisés grâces à deux ou trois outils
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-97.jpg
Fichier image/jpeg, 408k
Légende Photo 68. – Exemple de motif de bandeau principal en triangles emboîtés utilisé en frise sur un bord composite (localité WKO013A du site de Lapita)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-98.jpg
Fichier image/jpeg, 71k
Légende Figure 112. – Décors de carène comportant un motif en croix inclus dans un rectangle découverts sur la localité WKO013A du site de Lapita et sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-99.jpg
Fichier image/jpeg, 118k
Légende Photo 69. – Enlèvement de matière sur deux bords et un angle de fond plat de poteries Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-100.jpg
Fichier image/jpeg, 159k
Légende Photo 70. – Tétons surmodelés sur la lèvre d’un bord sortant (localité WKO013A de Lapita)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-101.jpg
Fichier image/jpeg, 74k
Légende Photo 71. – Surmodelage épais et indication d’une proéminence sur la lèvre d’un gros bord de poterie Lapita du site WVH050 de Vavouto
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-102.jpg
Fichier image/jpeg, 58k
Légende Figure 113. – Boni ondulé décoré découvert sur la localité WKO013A du site de Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-103.jpg
Fichier image/jpeg, 71k
Légende Figure 114. – Visage anthropomorphe surmodelé découvert sur le site NKM001 de Boirra (d’après Frimigacci, 1981)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-104.jpg
Fichier image/jpeg, 188k
Légende Photo 72. – Fragments d’anses décorées découvertes sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha (coll. Lenormand et Golson)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-105.jpg
Fichier image/jpeg, 62k
Légende Photo 73. – Exemple de paire de trous percés dans la lèvre d’un bord Lapita
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-106.jpg
Fichier image/jpeg, 60k
Légende Photo 74. – Ligatures passées dans des trous retenant un tressage, sur des bords de poteries traditionnelles contemporaines d’Asie du Sud-Est
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-107.jpg
Fichier image/jpeg, 95k
Légende Photo 75. – Tessons découverts dans la fosse de la localité WKO013A du site de Lapita comportant une association de décors pointillés et incisés
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-108.jpg
Fichier image/jpeg, 183k
Légende Figure 115. – Diversité des formes céramiques et de la complexité du décor pointillé entre (a) le Lapita occidental, (b) le Lapita méridional et (c) le Lapita oriental (d’après Green, 1976, Sand, 1999e et Kirch, 1988c, in Sand, 2001a : fig. 5)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-109.jpg
Fichier image/jpeg, 89k
Légende Figures 116. – Diversité de formes de poteries Lapita découvertes en Nouvelle-Calédonie
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-110.jpg
Fichier image/jpeg, 264k
Légende Photo 76. – Poterie carénée comportant un bandeau central à motif de face simple figurative allongée et médaillons découverte sur la localité WKO013A du site de Lapita (reconstitution en fig. 102 : 152)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-111.jpg
Fichier image/jpeg, 205k
Légende Figure 117. – Exemple de poterie carénée découverte dans la fosse céramique la localité WKO013A du site de Lapita comportant en bandeau central un motif à face simple figurative allongée et médaillons de style classique du croissant mélanésien (dessin K. Coote)
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-112.jpg
Fichier image/jpeg, 388k
Légende Photo 77. – Tesson du site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha comportant un décor par impressions d’ongles
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-113.jpg
Fichier image/jpeg, 141k
Légende Figure 118. – Exemple de très grosse poterie carénée Lapita à décor en labyrinthe découverte sur le site KVO003 de Saint-Maurice-Vatcha
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-114.jpg
Fichier image/jpeg, 223k
Légende Figure 119. – Illustration d’un tesson pointillé Lapita du site WPT148 d’Ongoué comportant un motif de face simple figurative allongée réalisé grossièrement
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-115.jpg
Fichier image/jpeg, 119k
Légende Photo 78. – Chaîne opératoire de réduction de blocs de roches siliceuses
URL http://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/1141/img-116.jpg
Fichier image/jpeg, 188k

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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