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Corps, littérature, société (1789-1900)

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Jean-Marie Roulin

Deuxième partie. Corps du Christ, corps du roi, corps du peuple

« L’anus du Roi Soleil ». Le corps dans lHistoire de France au xviisiècle de Michelet

Paule Petitier

Texte intégral

  • 2 On trouve par exemple cette définition dans la lettre préface du Peuple (éd. P. Viallaneix, Paris, (...)

1Les Goncourt formulent ce jugement dans leur Journal après avoir lu Richelieu et la Fronde, le dernier volume de l'Histoire de France de Michelet paru en 1858. Ils sont perturbés par un naturalisme qui s'applique à l'histoire, dernier refuge des « illusions », dernier lieu où l'on pourrait rêver sur les corps. En définissant l'histoire comme une « résurrection », Michelet lui-même avait exprimé le lien particulier qu'elle entretient avec le corps2. L'histoire fait revivre les corps, rassemble ce que la mort avait dispersé, recrée des liens, et en cela elle est animée par Éros. On comprend le malaise des Goncourt lorsqu'ils ressentent dans l'écriture de Michelet un principe très différent : « Style haché, coupé, tronçonné, où la trame et la liaison de la phrase ne sont plus ; les idées jetées comme des couleurs sur la palette, une sorte d'empâtement au pouce ; ou bien comme des membres sur une table d'anatomie : disjecta membra... » (ibid.). Au-delà de la caractérisation du style, on voit que c'est de la destruction du corps dont il est question.

2Quand Michelet devient historien, au lendemain de 1830, c'est effectivement un corps qu'il cherche dans le passé. Avec le modèle démocratique (qu'il croit réalisé par juillet 1830), la corporéité du social se dissout. La Révolution a démantelé les « corps » (corporations, ordres...), et le corps du roi ne symbolise plus le Tout social ; chacun trouve en son corps individuel sa propre identité, mais aussi le lieu où sans médiation le pouvoir s'inscrit en lui. Aussi Michelet, comme d'autres de ses contemporains, essaie-t-il de donner un corps symbolique à la société nouvelle. Corps de la nation, dont l'histoire explore la genèse (Tableau de la France, 1833), et corps du peuple, plus problématique car en puissance plutôt que réalisé. Dès cette période, Michelet s'attaque à la figure royale, représentation illégitime du corps social et politique. Mais le rapport positif au corps l'emporte. Les événements du milieu du xixsiècle renversent cette confiance. Juin 1848 fait peser un doute sur la corporéité du peuple (le peuple fait­il encore un Tout ?), tandis que le succès du coup d'État montre la persistance de la vieille idolâtrie monarchique. Pour Michelet en effet la monarchie se fonde moins sur la fiction des deux corps du roi que sur la confusion du corps symbolique de l'institution et du corps physique du monarque. La monarchie repose sur la fascination (érotique) pour le corps du roi. Dans l'Histoire de la Révolution française, le long examen des raisons pour lesquelles l'exécution de Louis XVI, bien que nécessaire, a eu des résultats catastrophiques, aboutit à la conclusion que la mort du souverain a soudé à nouveau l'image dévitalisée de l'institution monarchique avec l'imaginaire d'un corps vivant surgi directement du sang du supplice. Deux raisons convergent pour faire de l'Histoire de France au xviie siècle une extermination des corps : la hantise de l'incarnation et la mélancolie de la réincorporation. La première conduit l'historien à lutter contre l'imaginaire du corps consubstantiel à l'écriture historique et qui pourrait contribuer à nourrir la croyance dans l'incarnation monarchique. Et, comme il est impossible de désincarner l'histoire, il faut tourner cet imaginaire vers l'ignoble et le dégradant pour, au moins, le couper du désir. La seconde tendance fait de cette écriture le deuil d'un corps perdu, celui de la démocratie, dont l'absence, bien que nécessaire peut-être, ne cesse de hanter le texte. Michelet ne renonce pas à rêver ce corps, mais le dispositif textuel défait ce rêve même.

Le fondement de la monarchie

  • 3 Richelieu et la Fronde, dans Jules Michelet, Œuvres complètes IX, Paris, Flammarion, 1982, p. 284. (...)

Que serait-il arrivé si les choses s'étaient passées autrement ? On rira si l'on veut, on se moquera de ceux qui donnent aux petites causes une grande portée. Il n'y a rien de petit au gouvernement monarchique3.

3L'histoire de la monarchie absolue oblige constamment à mêler les échelles. Les enjeux les plus graves s'y rapportent aux événements les plus individuels et sont fréquemment subordonnés à des causes toutes physiologiques. C'est cet attelage monstrueux de la politique, de l'avenir national, des grands desseins, des guerres et des plans de réformes avec l'accident corporel que la construction du récit met en évidence. Louis XIII tombe-t-il malade, c'est toute la politique de Richelieu qui se trouve suspendue « à ce fil sec, qui pouvait tous les jours casser, un roi fiévreux et valétudinaire » – comme il arrive à Lyon, en septembre 1630. Qu'il meure, et le cardinal sera écarté, tué peut-être, et Anne d'Autriche, encore sans enfant, forcée d'épouser Monsieur. La seule solution pour elle est de se faire engrosser avant que le royal moribond ne trépasse. Tout le monde croit le roi perdu lorsque la maladie se résout d'elle-même :

Les médecins avaient saigné six fois en six jours cet homme pâle qui n'avait point de sang. Ils essayèrent encore de lui en tirer le 2 octobre. À ce moment, la nature le sauva. La vraie cause du mal, ignorée des docteurs, un abcès à l'anus, creva. Tout fut fini. Quoique très faible, il se mit sur son séant, parla de se lever. (RF, 275)

4L'avenir du pays tout comme celui de la dynastie sont déterminés par les situations individuelles et plus profondément par les corps (être malade/guérir, être enceinte ou pas). Michelet en fait une hyperbole : l'histoire suspendue aux aléas de l'anus royal. Ce sera encore le cas sous Louis XIV, victime d'une fistule à l'anus, qui requiert une opération encore jamais tentée. Comment son récit pourrait-il s'élever à l'ambition qui avait été la sienne sous la Restauration – celle de dégager des lois générales pour construire une science et atteindre une certaine prédictibilité ? La logique des vicissitudes et de la Fortune marque la régression qui s'inscrit dans le processus même de l'histoire. Richelieu se voit ainsi tantôt au sommet de sa puissance et le jour d'après dans le néant parce que lui aussi est sujet aux accidents de santé : en 1632, alors qu'il voyage avec la cour en Gironde, triomphant après l'exécution de Montmorency, il est atteint à la vessie. La cour se réjouit déjà d'être débarrassée de lui, mais, nouvelle péripétie sur laquelle le chapitre se termine en point d'orgue :

Le bal ne dura pas, et la joyeuse cour revint au sérieux tout à coup, apprenant deux nouvelles qui changeaient le monde. Richelieu avait uriné, et Gustave-Adolphe était mort (16 novembre 1632). (RF, 304)

5Le simple corps du roi – car chez Michelet le corps individuel du monarque n'a pas de doublure mystique – entraîne donc la discontinuité et la variabilité de la politique ; aucun principe supérieur n'assure la continuité de l'institution. Pour comprendre l'histoire de ces siècles, il est utile au contraire de repérer si l'on ose dire les trous noirs, les moments où, le roi défaillant, un autre acteur se substitue à lui pour prendre des décisions (Louvois au moment de la fistule de Louis XIV, le Parlement au moment de sa rougeole).

6Au fur et à mesure que s'allonge le règne de Louis XIV, la politique et l'histoire se privatisent de plus en plus, le souverain, après la mort de Louvois, prenant toutes les affaires en main. Or, qui dit privatisation implique, selon Michelet, féminisation. La variabilité de la politique est surdéterminée par son annexion au monde féminin.

  • 4 Louis XIV et le duc de Bourgogne, Paris, Chamerot, 1862, p. 207-208.

Donc, cette horrible guerre, la plus exterminatrice qu'on ait vue jusque-là, se meut en haut dans la sphère ondoyante du sentiment, au hasard des amours, des amitiés de femmes, au flux et au reflux de leur humeur, de leur santé. Politique oscillante, plus capricieuse en ses alternatives que le caprice de la mer. Elle effraye surtout par sa mobilité dans le choix de nos généraux4.

7Le motif de l'ondoyant désigne ce dont la Loi est absente. La féminisation traduit en effet dans le système de l'historien la prépondérance de la nature sur l'histoire. Non que la nature et la femme ne soient en elles­mêmes des valeurs positives, mais la naturalisation de l'histoire ne peut être qu'une régression vers le biologique. L'introduction à l'histoire universelle (1831) a posé clairement que pour entrer dans l'histoire, pour accéder à la liberté morale, l'homme a dû se séparer de la nature.

Le corps despotique

  • 5 L'expression « serf du corps » ou « serf de la chair » caractérise Louis XIV et ses fils, comme le (...)

8Les rois ne sont donc que des corps et le corps est ce qui en dernière instance signe l'aliénation de toute cette société. Le roi est tout puissant, le corps encore plus puissant fait du roi son « serf5 ». Il n'apparaît pas ici comme ce qui permet à l'homme d'agir, mais au contraire comme ce qui le rend passif, ce qui lui interdit d'être le sujet de lui-même. Long désapprentissage de l'action que tout le xviie siècle. La Fronde, « révolution sans issue » « confirma la France dans l'amour du repos quand même » (RF, 389).

9Le corps n'évoque pas dans ces textes un organisme capable de mouvement, un ensemble de formes ; il est essentiellement fait d'humeurs. Pratiquement toutes les maladies citées ont à voir avec les fluides ou matières corporels et leur corruption : sang vicié, abcès, ulcères, diarrhées, flux, urines... Réduit à la matière et loin de prendre forme, le corps, fait d'une substance instable et dégradée, tend fatalement à la décomposition. Monolithe de chair, mais d'une chair éminemment triste, dont l'éclat n'annonce que la déliquescence.

  • 6 Louis XIV et la révocation de l'édit de Nantes, Paris, Flammarion (coll. « Champs »), 1985, p. 183. (...)

Il délaissa Fontanges. Séparée de lui par ses couches, elle le fut bien plus encore par sa décadence rapide. Rien de plus fragile que ces blondes éblouissantes. Elles doivent souvent leur éclat au vice du sang. On le vit plus tard par la Soubise, qui mourut de scrofules, décomposée et gâtée jusqu'aux os. La Fontanges fondit bien plus vite6.

  • 7 Louis XIV et le duc de Bourgogne, op. cit., p. 184.
  • 8 Louis XV et Louis XVI, Paris, Chamerot et Lauwereyns, 1867, p. 230.
  • 9 Louis XV, Paris, Chamerot et Lauwereyns, 1866, p. 294.

10Les chairs princières sont « molles », les tissus « lâches » ; ils traduisent l'affaissement, l'énervation, bref la disparition de l'action humaine. L'obésité menace les corps royaux. Elle s'affiche de façon particulièrement spectaculaire chez Monseigneur, fils de Louis XIV (« Il n'y a pas mémoire d'une plus lourde créature7. ») et chez Louis, dauphin de France, fils de Louis XV, « un monstre de graisse8 ». L'histoire est lestée de ces poids morts, synonymes pour Michelet de fatalité : « Cette masse de chair, écrit-il en parlant du Dauphin, même muette, pèse énormément. Car il est l'avenir9. » L'histoire se voit tout entière soumise au principe de la gravitation (tout « gravite », dit par deux fois l'historien, vers la révocation de l'édit de Nantes), à la loi physique de la pesanteur. Ces corps en sont-ils encore ? celui de la grande Catherine, lui aussi « épaissi de matière » suscite une inquiétude :

  • 10 Louis XV et Louis XVI, op. cit., p. 117.

Son roide corset, ou plutôt sa cuirasse de pierreries, couvre-t-il un être humain ? rien ne le fait présumer. Mais on sent bien que cela, quoi qu'il soit, est impitoyable, qu'il y a là un élément et de sauvage existence10.

11Tout dans les corps de souverains représentés dans ces volumes de l'Histoire de France devient morbide et macabre. La sexualité des rois est une maladie (Mme de Montespan « fut une maladie du roi, lui faisant la vie agitée, aigre de sa malice, et, vers la fin, nauséabonde. ») ; les grossesses provoquent la mort (de Madame, par exemple), se terminent par des avortements (Anne d'Autriche) ou produisent des enfants contrefaits... La procréation biologique s'est substituée à cet engendrement de l'homme par lui-même qu'est l'histoire, mais elle en sort dénaturée. La naturalisation de l'histoire aboutit à une anti-physis. Michelet martèle ainsi l'assimilation de la monarchie à une pathologie politique.

12Allons plus loin. C'est bien à la pulsion de mort que renvoie en fin de compte la description morbide de ces corps. Elle se lit en particulier dans cette dénaturation particulière qui homogénéise leur organisme en substance, les tire vers la matière, l'élémentaire. On sait que Freud explique la pulsion de mort comme une force qui tendrait à ramener l'être vivant vers l'état anorganique.

13L'instrument de la diffusion de cette pulsion de mort dans tout le corps social est selon Michelet la direction de conscience. Elle vise à « l'anéantissement du moi », elle demande aux pénitentes une mort morale. Au centre de Louis XIV et la révocation, Michelet place un chapitre sur le Sacré Cœur. Ce culte nouveau ne pouvait apparaître que dans une période où la royauté elle-même cultivait la confusion du corps réel et du corps politique. Dans Du Prêtre, dont il reprend ici un chapitre, Michelet disait déjà l'ambiguïté calculée de ce culte sensuel et fétichiste :

  • 11 Du Prêtre, Hachette, 1845, p. 165-166.

Cet emblème, il est vrai, sanglant, mais charnel et passionné, parle de mort bien moins que de vie. Le cœur palpite, le sang fume, et c'est un homme vivant qui, de ses mains montrant sa plaie, vous fait signe de venir sonder ce sein entr’ouvert.
Le cœur ! ce mot seul a toujours été puissant ; organe des affections, le cœur les exprime à sa manière, gonflé, soulevé de soupirs. La vie du cœur, forte et confuse, comprend, mêle tous les amours. Un tel mot se prête à merveille au langage à double entente11.

  • 12 Ibid., p. 170.

14Et dans le même ouvrage, il posait clairement une idée reprise en 1860 : le xviie siècle peut être clairement redéfini comme « le triomphe de l'équivoque12 ». Mme de Maintenon devient dans le Louis XIV l'emblème de l'équivoque (c'est la définition de son portrait).

  • 13 Ibid., p. 180.

15L'équivoque, c'est l'impossibilité de distinguer le matériel et le spirituel, l'impossibilité de savoir « si le mot de sacré Cœur désignait l'amour de Dieu pour l'homme ou tel morceau de chair sanglante13 ». Elle s'apparente à l'équivoque royale qui fait adorer un homme parce que l'on confond son corps matériel avec l'idée de la souveraineté. À travers l'érotisme mystique, la monarchie absolutiste se trouve désignée comme un régime de l'immanence, de l'adhérence du matériel au spirituel ; et cette immanence est clairement associée à l'asservissement.

16Mais si le cœur se trouve au centre du volume consacré au Roi Soleil, c'est aussi parce qu'il récuse un autre rapport au corps du roi. La légende du cœur royal constitue aux yeux de Michelet l'un des éléments clefs de la croyance monarchique. Celle-ci se fonde sur la morale de la foi, l'amour du roi pour ses sujets, par opposition à la morale de la loi, sur laquelle se fonde la république. Il faut donc s'attacher à détruire cette légende. C'est pourquoi l'historien souligne la sécheresse de cœur de Louis XIII puis celle de Louis XIV. En terminant le récit du règne de Louis XIV, Michelet dans l'explicit du volume démystifie l'illusion du cœur aimant et aimé des rois par une syllepse assassine :

  • 14 Louis XIV et le duc de Bourgogne, op. cit., p. 437.

Et pendant que le corps, fort mal accompagné, allait à Saint-Denis, le cœur, selon sa volonté, alla rue Saint-Antoine, aux Grands Jésuites. Six de ces Pères (et pas un courtisan), dans un simple carrosse, portèrent chez eux ce cœur que personne ne leur disputa14.

17La représentation que Michelet donne du corps des rois dans l'Histoire de France vise à remplacer la fascination toujours active pour les corps royaux par le dégoût. Il s'agit clairement de susciter une réaction d'abjection en montrant la coalescence des réalités les plus basses du corps avec les choix politiques et les attitudes religieuses. La monarchie absolue est un monde de l'adhérence, de la coïncidence. Les rois n'ont que des corps, aucune intériorité. L'immanence que présuppose la royauté absolue fait d'elle une thanato-politique : politique animée par la pulsion de mort, qui joue aussi bien dans le corps des rois que, retournée vers l'extérieur, dans leurs actes aux conséquences destructrices sur le corps social.

Non habeas corpus

  • 15 Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), Paris, PUF, 2002, (...)

18Le cœur versus l'anus, donc. Si ce dernier devient un organe-clef dans la représentation des rois, chez Michelet, c'est aussi parce qu'il permet d'établir une cohérence inconsciente avec la cruauté voire le sadisme qu'exercent les monarques à l'encontre des corps de leurs sujets. Richelieu et la Fronde rend compte des atrocités de la guerre de Trente Ans, le volume suivant des persécutions contre les protestants avant et après la révocation de l'Édit de Nantes. Le sadisme, qui « vise contradictoirement à détruire l'objet et à le maintenir en le maîtrisant », trouverait, selon la psychanalyse, « sa correspondance privilégiée dans le fonctionnement biphasique du sphincter anal (évacuation-rétention)15 ». La façon dont Michelet relie l'opération de la fistule de Louis XIV aux alternances de rigueur et de modération du roi envers les protestants, à la possibilité qui leur est laissée puis retirée de s'exiler, repose sans doute sur cette association inconsciente. Pendant la phase de tension où le roi attend qu'on l'opère, les pulsions de destruction se déchaînent :

En réalité, Louvois régna seul (jusqu'en novembre, jusqu'à l'opération), et fit, avec la signature de ce malade, des choses excessives et féroces, insensées même, comme de démolir les maisons des récalcitrants. On cassait, brisait tout. (LRN, 257)

19En revanche, « [l']opération amène une détente subite, une faiblesse, une énervation générale. » (264) Mais bientôt « [le] roi regrette[...] d'avoir été si bon ; il referme les frontières, occupe les routes et les passages, refait de la France un cachot. » (269)

20La persécution des protestants attaque la liberté de conscience et cherche à détruire la personne à travers le corps qui manifeste son autonomie. Les dragonnades et leur cortège de supplices se caractérisent en particulier par l'invasion de l'espace domestique et la privation de tout espace propre ; les protestants sont expulsés de chez eux, internés dans des hôpitaux et des prisons où règnent la promiscuité et la contagion, ou encore « scellés » sur les galères.

21Les soldats qu'on emploie à ces basses œuvres font preuve d'un sadisme qui s'exacerbe au fil des expéditions punitives. Contre les Vaudois, en 1686, ils « jou[ent] aux mutilations » (258). Michelet ne sous-estime jamais dans l'histoire la cruauté latente des hommes, le plaisir de faire souffrir, l'instinct de mort qui enivre et rend la tuerie mécanique. Dans Richelieu et la Fronde, il expose la profonde transformation de la guerre au xviie siècle et permet de comprendre pourquoi les persécutions des protestants ont trouvé des bourreaux militaires tout prêts à les exécuter. Richelieu et la Fronde s'ouvre par l'évocation impressionnante des grands marchés de mercenaires au début de la guerre de Trente Ans :

L'histoire humaine semble finie quand on entre dans la guerre de Trente Ans. Plus d'hommes et plus de nations, mais des choses et des éléments. Il faut raconter barbarement un âge barbare, et prendre un cœur d'airain, mettre en saillie ce qui domine tout, la brutalité de la guerre, et son rude outil, le soldat. (RF, 251)

22Dans la guerre moderne, l'homme est instrumentalisé, les mercenaires ne sont ni les chevaliers d'antan, ni le soldat des guerres nationales, mais des « outils », vis-à-vis desquels on n'a pas plus de respect qu'ils n'en ont pour ceux qu'on leur désigne comme ennemis. Dans l'avant-dernier chapitre du même volume, et comme en réponse à ce début, on trouve une vision non moins saisissante de ce que la guerre est devenue.

La réalité est que la guerre de Trente Ans, ayant perdu ses fureurs, ses chaleurs, ayant usé cinq ou six générations de généraux, de plus en plus indifférents, sans passions et dégagés d'idées, a fini par produire l'homme technique ou l'art incarné, lumière, glace et calcul. Nulle émotion ne reste plus. C'est la guerre pacifique, mais non moins meurtrière.
Un froid mortel saisit ; une Sibérie à geler le mercure. On voyage dans la nuit des pôles, plus lumineuse que le jour, où l'on voit des batailles de glaces heurtant les glaces, de cristaux brisant des cristaux. Un grand désert. Plus d'hommes, et pas même de morts. Et même on ne s'en souvient plus. (RF, 426-427)

23L'homme disparaît, le corps disparaît. C'est le règne de l'indifférence.

  • 16 J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, ibid.

24L'indifférence qui est la marque de la période se rattache au caractère mécanique, technique, pris alors par la guerre et l'administration, au sein d'un État effrayant et sans corporalité, dans l'entre-deux entre monarchie médiévale et État-Nation. L'indifférence se rattache elle aussi à la pulsion de mort. L'aspiration au « repos quand même » qui caractérise l'esprit du grand siècle, évoque une tendance à la « réduction complète des tensions » qui est aussi le but de la pulsion de mort16. L'indifférence est le nom que l'historien donne à cette homéostase.

25L'indifférence, qui est glaciation, immobilisation, mort, appelle dans l'écriture de Michelet un contre-poison. Il est nécessaire de restaurer les tensions et son écriture hachée et rythmée s'y emploie, entre autres par ce qu'on considère comme dirimant, mais dont il faut mieux comprendre la fonction, le pathos. Le pathos de Michelet n'est pas un édulcorant. S'il va souvent de pair avec un sentiment de malaise qui fait qu'on le juge péjorativement, c'est qu'il veut déranger et non qu'il appelle aux bons sentiments. Reprocher à Michelet son pathos part du même réflexe de protection que de reprocher à Sade son caractère ennuyeux. Michelet détaille crûment les horreurs que les soldats font subir aux Vaudois.

Deux sœurs, les deux Vittoria, martyrisées, ayant épuisé leurs assauts, furent, de la même paille qui servit de lit, brûlées vives. D'autres qui résistaient, furent mises dans une fosse, ensevelies. Une fut clouée par une épée en terre, pour qu'on en vînt à bout. Une détaillée à coups de sabre, tronquée des bras, des jambes, et ce tronc effroyable fut violé dans la mare de sang. (LRN, 258-259)

26Il justifie, dans le paragraphe qui suit, cette indécence, et révèle la fonction du pathos : un retournement curatif du sadisme. Il s'agit littéralement de faire souffrir le lecteur, d'obtenir de lui une réaction, un mouvement, une émotion par le malaise qu'on lui fait subir.

Les délicats peut-être, les égoïstes, diront : « Écartez ces détails. Peignez­nous cela à grands traits, noblement, avec convenance. Vous nous troublez les nerfs. » À quoi nous répondrons : Tant mieux si vous souffrez, si votre âme glacée sent enfin quelque chose. L'indifférence publique, l'oubli rapide, c'est le fléau qui perpétue et renouvelle les maux. – Souffre et souviens­toi : Memento. (LRN, 259)

  • 17 Pierre Pachet, « L'émotion de la fin des émotions », dans Revue des Sciences Humaines, n° 275 sur « (...)

27Ce que Michelet réussit à traduire, c'est, pour reprendre une expression de Pierre Pachet, « l'émotion de la fin des émotions17. » Aussi son pathos n'est-il pas redondant, ce n'est pas le sentimentalisme de l'énonciation s'ajoutant à celui de l'énoncé. Sa puissance naît au contraire d'une discordance entre l'indifférence représentée et l'émotion qui en naît.

Un fort bon tableau hollandais qui est au Louvre montre aux genoux d'un capitaine en velours rouge une misérable paysanne qui a l'air de demander grâce. Elle a le teint si plombé et si sale, elle a visiblement déjà tant enduré, qu'on ne sait pas ce qu'elle peut craindre. On lui a tué son mari, ses enfants. Eh ! que peut-on lui faire ? Je vois là-bas au fond des soldats qui jouent aux dés, jouent quoi ? La femme peut-être, l'amusement de la faire souffrir. Elle a encore une chair, la malheureuse, et elle frissonne. Elle sent que cette chair, qui n'est plus bonne à rien, ne peut donner que la douleur, les cris et les grimaces, la comédie de l'agonie.
Le pis, dans ce tableau funèbre, c'est que ce capitaine, enrichi par la guerre et en manteau de prince, n'a l'air ni ému ni colère. Il est indifférent. (RF, 253)

28La médiatisation de la scène par un tableau la fige (glaciation, fin des émotions) et transforme le lecteur en voyeur (fascination et malaise). L'enchantement douloureux est renforcé par l'évocation d'un instant suspendu, celui où les soldats jouent aux dés. Le velours rouge que porte le capitaine contraste avec la chair sans éclat de la femme, il déplace l'intensité, la marque de l'émotion sur celui qui n'en éprouve aucune. Le frisson, seul signe de ce que peut ressentir la femme, suggère tout à la fois l'émotion et le froid de l'absence d'émotion. Il est l'ultime mouvement de cette chair, l'émotion exprimée par le mouvement le plus minime.

Le corps perdu de la démocratie

29Les souffrances de la guerre de Trente Ans sont prolongées dans le volume suivant par les persécutions contre les protestants français. Et là peut-être, ces atrocités trouvent le moyen de constituer un sens. Non que jamais Michelet veuille en adoucir le scandale. Mais, les cruautés exercées sur les protestants vont produire quelque chose de neuf dans l'histoire. Louis XIV extermine une partie de la France, détruit les corps de ses sujets. Cependant, une partie des protestants réussit à émigrer. Et Michelet tient à rattacher cette émigration à un épisode de l'histoire européenne qui lui paraît capital dans la fondation de l'idée démocratique : la Révolution anglaise de 1688. Michelet insiste sur le fait que des protestants français ont fait partie de l'armée de Guillaume d'Orange, ont aidé à financer son expédition en Angleterre pour renverser Jacques II. Il fait enfin un événement essentiel de la reconnaissance par la « glorieuse constitution » de 1688 d'un contrat entre le peuple et le souverain. Il s'attache à montrer que Jurieu, pasteur calviniste exilé dans les Provinces-Unies, fut le premier à publier la théorie du contrat social, en 1689.

30Les protestants français sont désincorporés par la révocation : ils sont expulsés de leurs foyers, arrachés de leur famille, chassés de leur patrie, privés de la libre disposition de leurs corps, privés même de leur corps individuel. Mais cette désincorporation, si elle les sépare d'eux-mêmes, les extrait aussi de l'organisme monstrueux qu'est la France louis-quatorzienne. Elle rétablit dans ce monde de l'adhérence et de l'indifférence, de la scission et de la transcendance. Les supplices mettent en lumière l'éminence morale des protestants, qui refusent d'abjurer jusqu'à la dernière extrémité. Le mouvement même de l'exil est donné à lire comme celui de la transcendance des valeurs morales par rapport à l'immanence équivoque de la société monarchique et catholique. « La vie même pour la vérité ! » dit la conduite des fugitifs. Les prophètes des Cévennes qui n'ont pas quitté la France, manifestent par le « somnambulisme » et l'« extase » un rapport d'un autre type à la transcendance. L'organisation de la fin du Louis XIV devient une illustration de ce « corps perdu » sur lequel repose la démocratie. Pour que le principe d'un régime de droit, fondé sur l'idée du contrat, apparaisse dans l'histoire, et amorce sa réalisation, il faut en somme, dit l'agencement du récit de Michelet, qu'il y ait un corps perdu.

31Les protestants français seront tout de même réincorporés. Leur fuite les dépouille de tout et représente une forme de mort. Ainsi le pasteur Léger : « Il arriva en Suisse et sur le Rhin, n'ayant rien que sa Bible, dévasté, ruiné, une ombre d'homme, hélas ! une ombre douloureuse, ne faisant un pas sans gémir. » (LRN, 251.) Mais ces morts se réincarnent par leur adoption dans une nouvelle communauté. Celle de la ville : Genève recueille l'équivalent du quart de sa population et les foyers suisses se dilatent pour faire place aux réfugiés français. Celle du couple : une dame hollandaise veuve, jeune et riche, écrit à Léger pour lui proposer le mariage. « Le voilà un homme plus vivant qu'il ne fut jamais, plus chaleureux. » (LRN, 251.) Pourtant leur nostalgie de la patrie et l'image de la semence dispersée sur l'Europe qu'ils représenteraient tempèrent cette réincorporation. Par le regret du passé, par l'espérance de l'avenir, ils ne s'identifient pas à leur communauté d'adoption et restent marqués de mélancolie, nostalgiques de ce « corps perdu » ou corps à reconstituer qui est le fait de la démocratie.

32Ce n'est que dans ces restaurations ou réinventions de corps qu'il y a de l'amour. Car il n'existe certainement ni amour ni érotisme dans les accouplements bestiaux des rois. Le corps, dans ces volumes de l'Histoire de France, est tellement placé sous l'emprise de la pulsion de mort, qu'il est retiré du champ du désir. Aussi l'imaginaire est-il bloqué. Pourtant il semble que l'historien à la fin de chacun des deux volumes essaie d'imaginer une corporéité symbolique pour la démocratie sans corps. Les dernières pages de Richelieu et la Fronde et de Louis XIV ont un point commun, l'évocation de la langue. Le premier se conclut sur le mode majeur par l'émancipation du français grâce à la Fronde. Cette révolution ratée se voit reconnaître in extremis un résultat positif ; elle a transformé la langue, lui a donné une fluidité et une énergie qui en font, plus qu'une langue nationale, une langue universelle. Louis XIV est déjà en retrait, la référence à la langue y prend moins de place ; une nouvelle fois, c'est la vocation universaliste du français qui se trouve soulignée par l'évocation de ces réfugiés protestants qui continuent de parler leur langue natale, qui la répandent en Europe et cultivent à travers elle le souvenir nostalgique de la patrie.

33La langue française est pour Michelet de même nature que la loi, par sa vocation à l'universalité. La langue semble une possibilité de donner un corps à la loi. Le français serait la chair spirituelle du droit naturel. La métaphore corporelle affleure pour illustrer la transformation de cette langue.

Si l'on nous passe une comparaison un peu trop familière, et basse, si l'on veut, mais nette, et qui explique tout, la France avait eu jusque-là comme ce frein charnu de la langue qu'on coupe quelquefois aux enfants pour leur donner la liberté d'organe. La Fronde nous coupa le filet. (RF, 418)

34Est-il besoin de dire que la langue est ici la métaphore d'un autre organe, le membre viril (dont il n'est guère question chez les rois) ? L'opération dont il est question évoque celle du phimosis (qu'aurait d'ailleurs subie Louis XVI). C'est le phallus de la Loi contre l'anus du roi. Est-il besoin aussi de souligner l'ambiguïté de la comparaison : opération libératrice, mais opération quand même, qui tranche dans la chair. Phallus délivré, mais ombre de la castration. Dans la suite du passage, Michelet célèbre la puissance d'analyse du français, langue de distinction, qui détruit l'équivoque. Mais porté par son élan, il va jusqu'à dire qu'elle « dissout tout et peut tout mettre en poudre ». Le spectre de la pulsion de mort, dont c'est justement le but de dissoudre les assemblages, réapparaît au sein de la métaphore du corps libre comme pour en bloquer à tout jamais la vision. L'image de la langue-corps fait long feu, elle n'affleure que dans une comparaison « basse ». L'opération iconoclaste de destruction des corps semble avoir grevé la possibilité d'imaginer un corps heureux. Et l'on se rappelle le commentaire que les Goncourt faisaient du style de Michelet « haché, coupé, tronçonné ». La langue de l'historien même, où se joue la possibilité de reconstituer ce corps imaginaire, abrite la pulsion de mort.

35L'expression choc des Goncourt, « l'anus du Roi Soleil », condense l'attitude ambivalente de Michelet, sa hantise de l'incarnation et sa mélancolie de la réincorporation. L'« anus du Roi Soleil », par une collision sémantique, dit la violence iconoclaste de cette écriture, mais aussi sa source mélancolique. La formule réécrit le « soleil noir de la mélancolie », la gloire renversée en un ténébreux orifice.

36L'Histoire de la France au xviie siècle inverse en effet le caractère lumineux habituellement prêté au classicisme. Les rois y souffrent de l'humeur noire dont il faut sans cesse les purger, comme en témoignent les volumineux journaux de leurs médecins. Secs et froids, ils placent tout le siècle sous le signe de l'automne, de la décadence, et les génies d'alors, fussent­ils comme Molière ceux du comique, meurent de mélancolie.

  • 18 Voir Antoine de Baecque, Le corps de l'histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Paris, Calman (...)

37Chez Michelet lui-même le geste carnavalesque est contaminé par l'humeur noire. Montrer « l'Olympe sur la chaise percée » se rattache à la démystification des grandeurs fallacieuses par le rire dont Michelet célèbre la fonction émancipatrice, des fabliaux médiévaux à Rabelais et aux Mazarinades. En tournant en dérision le corps des souverains Michelet poursuit l'attaque que les caricatures et les pamphlets révolutionnaires avaient orchestrée pour jeter le discrédit par métaphore sur le régime monarchique18. Mais le carnavalesque repose sur la présence pleine d'un corps fécond et puissant ; la caricature des rois appelle la vision réconfortante de l'Hercule populaire. Ici, le corps malade des rois ne désigne que l'impossibilité d'un corps de substitution et le burlesque devient glacial et effrayant.

  • 19 Dans le Journal (t. III, p. 49-50), on lit : « La science nouvelle nous montre que le lamaïsme est (...)

38La violence exercée contre le corps de l'histoire est aussi une violence dirigée contre soi. Michelet est obligé de lutter contre ses propres fascinations, dont le texte offre souvent le retournement ambivalent. L'attention sacrilège portée au bassin des rois n'est après tout que l'inversion de la fascination qu'il éprouve lui-même pour les excrétions de sa femme. S'il accuse le « lamaïsme » de la royauté, son propre journal s'attache pourtant à noter au jour le jour les accidents de santé, les menus et le résultat des digestions d'Athénaïs19. On peut en tirer deux conclusions corrélées : que ce fétichisme intime (nouveau après 1848) est compensatoire de l'abandon du corps de l'histoire. Que l'écriture de l'histoire demande alors une sorte de cruauté retournée contre soi dans le rapport au corps. Écriture contrariée, volontairement choquante et même sadique, la manière de Michelet sous le Second Empire avait de quoi laisser perplexe ses contemporains, les effrayer même, comme le cauchemar d'un avenir où les appareils de coercition et de surveillance des corps et des individus domineraient totalement la société.

Notes

2 On trouve par exemple cette définition dans la lettre préface du Peuple (éd. P. Viallaneix, Paris, Flammarion, 1974, p. 73).

3 Richelieu et la Fronde, dans Jules Michelet, Œuvres complètes IX, Paris, Flammarion, 1982, p. 284. Les citations ultérieures de ce volume seront suivies de l'indication RF et du numéro de page.

4 Louis XIV et le duc de Bourgogne, Paris, Chamerot, 1862, p. 207-208.

5 L'expression « serf du corps » ou « serf de la chair » caractérise Louis XIV et ses fils, comme le vulgaire duc de Vendôme.

6 Louis XIV et la révocation de l'édit de Nantes, Paris, Flammarion (coll. « Champs »), 1985, p. 183. Les références ultérieures à ce texte renverront à cette édition et seront indiqués entre parenthèses après la citation avec la mention LRN.

7 Louis XIV et le duc de Bourgogne, op. cit., p. 184.

8 Louis XV et Louis XVI, Paris, Chamerot et Lauwereyns, 1867, p. 230.

9 Louis XV, Paris, Chamerot et Lauwereyns, 1866, p. 294.

10 Louis XV et Louis XVI, op. cit., p. 117.

11 Du Prêtre, Hachette, 1845, p. 165-166.

12 Ibid., p. 170.

13 Ibid., p. 180.

14 Louis XIV et le duc de Bourgogne, op. cit., p. 437.

15 Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse (1967), Paris, PUF, 2002, p. 461.

16 J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, ibid.

17 Pierre Pachet, « L'émotion de la fin des émotions », dans Revue des Sciences Humaines, n° 275 sur « L'Évanouissement » (dir. Paule Petitier), 3/2004, p. 177-182.

18 Voir Antoine de Baecque, Le corps de l'histoire. Métaphores et politique (1770-1800), Paris, Calmann-Lévy, 1993.

19 Dans le Journal (t. III, p. 49-50), on lit : « La science nouvelle nous montre que le lamaïsme est moins ridicule qu'on ne croyait, puisque ce prétendu rebut est m lé de la personne, individualisé par elle, en harmonie[...] avec son âme. »

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