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La presse régionale et le sport

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Philippe Tétart

Le Journal des Sables et le sport ou les paradoxes d’un rendez-vous à demi manqué (1851-1913)

Sylvain Villaret

Texte intégral

1Le jeudi 9 octobre 1851, Le Sablais paraît pour la première fois. Il est lancé par Jules Lambert, imprimeur installé aux Sables d’Olonne. Après le décès de son créateur en 1883, il est repris par son gendre, Tardé-Lambert. Il reste ainsi attaché à l’imprimerie Lambert jusqu’en 1909, date à laquelle celle-ci est cédée à une autre famille sablaise, les Doré.

2Le Sablais, rapidement rebaptisé le Journal des Sables, fait ainsi preuve d’une belle permanence, ce qui n’est pas toujours le cas des publications balnéaires. Sa parution ininterrompue entre 1851 et 1914 coïncide du reste avec l’essor de la cité côtière. Ce dernier avait été soutenu au XVIIIe siècle par ses ports de pêche, de commerce et ses chantiers navals, puis stoppé par les guerres vendéennes et leurs conséquences, tant sur le plan économique que démographique.

  • 1 J. Vincent, L’Intrusion balnéaire. Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au touri (...)

3Mais le second XIXe siècle marque une relance avec la modernisation du port de pêche, les efforts entrepris pour faire prendre aux Sables le tournant du tourisme balnéaire et faciliter le passage d’un tourisme aristocratique au tourisme de nombre. La chose n’est pas propre aux Sables : étudiant l’intrusion balnéaire sur le littoral breton et vendéen, J. Vincent note en effet qu’« aucune paroisse n’échappe [alors] à l’appel du baigneur pour contribuer à la vie locale1 ».

  • 2 L. Burnet, Villégiature et tourisme sur les côtes de France, Paris, Hachette (« Bibliothèque des Gu (...)
  • 3 Ph. Clairay, J. Vincent, « Le développement balnéaire breton : une histoire originale », Annales de (...)
  • 4 Plus tardive que dans certaines régions de France, à l’instar de la côte normande ou de la côte d’A (...)

4Selon la catégorisation des stations établie par Louis Burnet, les Sables fait partie de ces stations qui « dérivent d’un port ou d’un village de pêcheurs2 ». Mais c’est une « station primordiale3 » dans le paysage vendéen car elle s’inscrit dans une vague précoce de développement à laquelle se rattachent nombre de ses voisines bretonnes, dont Le Croisic et Pornic4. La présence de baigneurs y est attestée dès 1816. C’est à cette même année que remontent les premières règlementations des bains de mer. Dix ans plus tard, les premiers établissements de bains ouvrent leurs portes. C’est l’heure de l’essor des « bathing machines ».

  • 5 Cf. J.-R. Morice, H. Désiré-Pébarthe, Ph. Violier, « Itinéraire de lieux touristiques du littoral a (...)

5Mais c’est principalement avec l’arrivée du chemin de fer, en 1866, que le tournant balnéaire et touristique s’affirme : l’aménagement du remblai s’achève, faisant du mur de protection de la ville contre les flots un lieu de déambulation privilégié, à l’image de la Promenade des Anglais à Nice5. Entre temps, en 1846, un casino a vu le jour. Cette ouverture est suivie de près par celle des premiers établissements hôteliers. En quelques décennies, leur nombre explose (on en dénombre 35 en 1880). Ils sont localisés pour une bonne part le long du remblai. En 1876, un deuxième casino est inauguré, puis un troisième en 1896. Enfin, en 1898, une ligne de tramway est ouverte afin de relier la gare aux salles de jeux et améliorer la desserte des hôtels.

  • 6 Cf. M. Boyer Marc, Histoire du tourisme de masse, Paris, PUF, 1999, p. 16-22 (chapitre 2 : « L’inve (...)
  • 7 J.-Ch. Fichou, « La crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne » (...)

6À l’instar d’autres lieux de villégiature, la ville des Sables profite du contexte favorable du Second Empire et de la Belle Époque. La station s’appuie sur les gate-keepers – les créateurs de distinctions – pour changer de visage6. La croissance régulière de la population sablaise (6280 habitants en 1846, près de 14000 en 1911) témoigne du succès de cette politique sur le plan démographique. Reste que cette trajectoire ascendante est parsemée de quelques périodes difficiles comme la crise de la sardine7 et la crise viticole, deux épisodes marquants à l’orée du XXe siècle.

  • 8 Cf. P. Gerbod, « Loisirs et santé : les cures thermales en France (1850-1900) », in Adeline A. Daum (...)
  • 9 A. Poyer, « La France s’éveille au sport (début XIXe siècle-années 1880) », in Ph. Tétart (dir.), H (...)
  • 10 Voir notamment le cas de la ville de Vichy étudié par F. Dutheil, « Promenade dans les parcs de Vic (...)

7La naissance du Journal des Sables est donc contemporaine de l’Âge d’Or des stations climatiques, balnéaires et thermales8 caractérisé par l’essor d’un sport mondain qui trouve dans ce féroce univers concurrentiel une voie d’implantation privilégiée9. Le sport fait en effet partie de la panoplie des attractions proposées par toute station prétendant attirer la meilleure société, c’est-à-dire des ouvreurs dont la présence conditionne l’extension de la fréquentation touristique10. Les usages sablais se calquent alors sur ceux qu’on connaît sur la Riviera et en Normandie : La Plage des Sables d’Olonne publie ainsi la traditionnelle « Liste officielle des étrangers », précisant leur profession, leurs titres et les hôtels où ils résident.

  • 11 T. Ferenczi, Le Journalisme, Paris, PUF, 2007 (2e éd.), p. 3-6.
  • 12 Cf. Ph. Tétart, « Tableau de la presse sportive en Province », in P. Tétart, S. Villaret (dir.), Le (...)

8S’intéresser à la place du sport dans un titre comme le Journal des Sables revient dès lors à apprécier la pénétration du sport dans le quotidien des Sablais comme dans celui de ses touristes. Cela conduit aussi à observer comment ce sport est décliné selon les temporalités spécifiques de cet espace côtier, balnéaire, du hors saison à la saison. Se pose plus précisément la question des premières pratiques sportives propres à cet espace littoral et touristique, de leur modalités d’exécution, du rôle qui leur est conféré dans la vie locale, c’est-à-dire de l’intérêt – apprécié indirectement – que lui portent les touristes, les Sablais, mais aussi des édiles et des notables ayant à cœur de développer la station. Enfin, cette analyse implique de penser au regard – au filtre – que les rédacteurs des Sables posent sur le sport. Comment l’analysent-ils ? Comment le mettent-ils en scène ? Quelles valeurs lui associent-ils ? Interrogations d’autant plus centrales quand on connait le rôle de la presse, ce quatrième pouvoir11, dans l’enracinement du sport en France12.

Un journal ancré dans le local, le juridique et le fait divers

  • 13 J. Gourhand, J. Watelet, Vendée-85. Bibliographie de la presse française politique et d’information (...)

9Le Journal des Sables voit le jour dans un département à faible densité démographique où la presse est marquée par sa coloration avant tout catholique, par des tirages moyens (de 5 000 à 10 000 exemplaires pour les plus importants), enfin par l’absence de quotidiens. Quelques tentatives sont certes faites au fil du XIXe siècle ; mais elles se soldent toutes par un échec rapide. En conséquence, les quotidiens les plus lus par les Vendéens viennent de départements voisins, voire de régions limitrophes, L’Ouest-Éclair conçu à Rennes devançant largement Le Phare de Loire et L’Indépendance de l’Ouest, l’un et l’autre nantais13.

10Dans ce paysage, J. Gourhand et J. Watelet relèvent quatre villes vendéennes équivalentes du point de vue des parutions : la Roche-sur-Yon, Luçon, Fontenay-le-Comte et Les Sables d’Olonne. Avec un tirage régulier à 10 000 exemplaires, trois journaux se partagent les devants de la scène entre la fin du XIXe siècle et 1914 : La Vendée, L’Écho de la Vendée et le Journal des Sables. Aux Sables même, ce dernier règne sans partage. Ses concurrents sont peu nombreux. La Gazette des Sables d’Olonne (hebdomadaire, 1895-1896) disparaît rapidement. Quant à La Plage des Sables d’Olonne (bihebdomadaire, 1876-1914), sa rédaction conçoit sa ligne éditoriale afin de ne pas faire doublon avec Les Sables. Enfin, il n’existe à notre connaissance aucun titre sportif aux Sables avant 1914. Seul paraît à Fontenay-le-Comte, à partir de 1903, un titre à vocation hippique et d’élevage : L’Art équestre, revue trimestrielle : élevage, équitation. Organe officiel de la Société hippique du bocage vendéen.

  • 14 Sa parution reprend après-guerre sous le nom des Sables Vendée Dimanche puis, en 1852, des Sables V (...)

11Si l’on fait exception de la période septembre 1914-juillet 1919, le Journal des Sables paraît sans interruption d’octobre 1851 à septembre 194414. Son titre évolue avec le temps, avec les ambitions de ses propriétaires et avec l’opportunité de certains rapprochements. En 1856, de Sablais, il devient ainsi Le Journal des Sables : feuille d’annonces, de commerce, de littérature, de nouvelles locales et extérieures, paraissant tous les jeudis. En 1877, il est rebaptisé Journal des Sables et de la Vendée, paraissant tous les dimanches. En mai 1883, il redevient Journal des Sables : journal littéraire, commercial, agricole, d’annonces & d’avis divers. Enfin, l’année 1898 voit un changement plus notable : à l’issue de sa fusion avec un de ses concurrents, Le Courrier de la Vendée publié à la Roche-sur-Yon, il devient Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, un titre qu’il conserve jusqu’en 1914. C’est à cette époque que son format, jusque-là variable, se stabilise à un format 43cm x 30. Le nombre de ses colonnes évolue aussi : de quatre à cinq dès 1896, puis, à partir de 1913, de cinq à six. Enfin, sur le plan de la diffusion, privilégiant les abonnements, le journal est vendu 8 francs par an pour les habitants des Sables et 11 francs pour ceux issus des autres départements. Le prix à l’unité varie, selon les périodes, entre 10 à 15 centimes, soit un tarif très accessible à l’heure où la plupart des quotidiens valent 5 centimes.

  • 15 Journal des Sables, no 21, 21 mai 1852, p. 1.

12Entre la fondation et le tournant de 1898, la ligne éditoriale est d’une remarquable continuité. Elle se concentre en premier lieu sur les nouvelles locales (la vie de la cité balnéaire se taillant la part du lion) précédant, par ordre d’importance, les nouvelles départementales et régionales. État civil, mouvements du port, nominations des fonctionnaires, comptes-rendus des conseils municipaux, calendrier des évènements de la station forment le socle éditorial. Pour les nouvelles relatives aux autres cités vendéennes ou à la région, le Journal des Sables est à ranger du côté d’une presse aux ciseaux soucieuse d’offrir à ses lecteurs des informations sur les activités économiques (agriculture, pêche, chantiers navals). Viennent ensuite les informations pratiques, le Journal des Sables étant « désigné pour recevoir seul, pour l’arrondissement, les annonces judiciaires exigées par les lois pour la validité ou la publicité des procédures ou des contrats15 ». Cette décision est reconduite en 1870, le titre demeurant jusqu’en 1914 un lieu de publication privilégié quant aux codes de procédures ou de commerce, aux informations juridiques relatives, en particulier, aux ventes par licitations. Cette caractéristique détermine pour une part son lectorat (le journal est explicitement adressé aux avoués, notaires, courtiers, négociants, commerçants et industriels) et détermine très certainement une part de sa pérennité.

  • 16 D. Kalifa, L’Encre et le sang, Paris, Fayard, 1995, p. 19.
  • 17 M. Martin, La Presse régionale, Paris, Fayard, p. 2002, p. 177.

13Le Journal des Sables s’inscrit par ailleurs dans la Belle Époque du fait divers. Il constitue un exemple précoce et local de « l’irrésistible essor du récit de crime16 », de la fascination pour « les faits dramatiques, en marge de la nature ou des comportements normaux17 ». Dès son lancement, ses rédacteurs rapportent les faits divers les plus sordides, livrant un inventaire à la Prévert des différentes façons de mourir : femme découpant en morceaux son mari, noyade, suicide par pendaison, décapitation accidentelle, incendie, déraillement ferroviaire, empoisonnement par les champignons, chute d’une cloche lors de la procession de la Fête-Dieu… On fait même cas en 1851 d’un homme buvant le sang d’un supplicié pour se guérir de son épilepsie. En conséquence, l’ancrage du journal dans le « juridique » évoqué plus haut se traduit aussi par la tenue d’une chronique judiciaire fort nourrie, faisant la part belle aux assises de Vendée et au tribunal des Sables.

14Autre trait majeur : la place du « feuilleton ». Usage d’époque certes. Mais le Journal des Sables s’y consacre pour moitié jusqu’en 1898.

15Enfin, à la différence de certains de ses concurrents comme Le Contributeur ou Le Courrier de la Vendée, le journal veut se démarquer, explicitement et vigoureusement, des titres engagés sur le terrain politique.

  • 18 « Nouvel an », Le Journal des Sables, no 1, 1er janvier 1893, p. 1.

« Le journal, n’ayant rien sur la conscience, s’étant toujours tenu dans des régions sereines, loin des agitations de la politique, des querelles de partis, prend rang au nombre de ceux qui ne craignent pas de se regarder et de regarder autour d’eux18. »

16Ce portrait éditorial change en 1898, lors de la fusion avec Le Courrier de la Vendée. Cette dernière ne remet pas en cause de façon significative la ligne informative. Elle est toutefois marquée par l’irruption en première page d’une chronique politique nationale. Ce tournant politique transparait aussi dans la lecture de la vie locale. La fusion de 1898 pèse donc sur le ton de la publication. Celui-ci est clairement modifié. Le journal devient une des tribunes du mouvement républicain progressiste, à la droite du parti républicain. Alors qu’auparavant il se distinguait par son style ramassé, presque clinique, centré sur le compte-rendu strict des faits, désormais, ces derniers font l’objet de commentaires guidés par la défense des intérêts des Sablais, mais aussi par cette politisation. La rédaction adopte ainsi une ligne antidreyfusarde, n’hésitant pas à se réclamer, par exemple, d’Édouard Drumont. Défendant l’école libre et dénonçant la franc-maçonnerie, il est au cœur des querelles opposant l’aile gauche des républicains à l’aile droite et à leurs représentants à l’échelon national comme local. C’est aussi à ce titre qu’il entre dans la mêlée journalistique, s’opposant fermement à certains concurrents comme La Vendée républicaine.

Une matrice sportive mondaine (années 1850-1860)

  • 19 Concernant l’année 1853, la collection consultée est incomplète. Seules les éditions des mois de ma (...)
  • 20 J.-J. Meunier, Guide historique et pittoresque du baigneur aux Sables d’Olonne, Les Sables d’Olonne (...)

17Il faut attendre 1852 pour voir l’information sportive intégrer les chroniques du Journal des Sables19. Celle-ci concerne quasi exclusivement les faits sportifs locaux, départementaux. Abordée essentiellement en première et deuxième page, elle consiste, de façon élémentaire, dans l’annonce d’événements à venir, la présentation du programme d’épreuves ou encore la publication des résultats. Les informations sportives ne représentent alors que 0,9 % de la surface informative, mais elles apportent de précieux renseignements sur les débuts du sport aux Sables et son rôle dans l’essor de la station. Ce rôle est confirmé par la croissance de l’information sportive dans les années suivantes : en 1863, elle couvre 3,3 % du journal et témoigne de la venue croissante des élites. Entretemps, en 1854, est paru le Guide historique et pittoresque du baigneur aux Sables d’Olonne20. Il a contribué à faire connaître la cité jusqu’à Paris ; de fait Le Journal des Sables confirme le développement dans le creuset touristique d’un sport aristocratique, mondain, tracté par la locomotive du turf, suivi par l’aérostation, les régates et la chasse à tir et à courre.

  • 21 Ph. Tétart, op.cit., 2010, p. 51.
  • 22 Homéric, Dictionnaire amoureux du cheval, Paris, Plon, 2012.
  • 23 N. De Blomac., La Gloire et le jeu : des hommes et des chevaux 1766-1866, Paris, Fayard, 1991, p. 2 (...)

18Vue la fréquence de leur évocation, les courses hippiques font déjà partie d’une solide tradition s’expliquant par la convergence d’intérêts – militaire et utilitaire notamment – portés aux chevaux et par la dynamique liée à l’ouverture en 1846 du haras de la Vendée (La Roche-sur-Yon). La surface éditoriale consacrée aux questions hippiques est de 0,4 % en 1852 et de 1,7 % en 1863. Elle constitue donc plus de la moitié des informations sportives. De ce point de vue, en réponse à l’interrogation de Philippe Tétart21 sur la place du turf dans la généalogie de la médiatisation du sport, il semble bien que ce dernier, du moins aux Sables, joue un rôle mobilisateur décisif concernant le traitement médiatique du sport. Cette caractéristique se comprend au regard du dynamisme du secteur hippique. On dénombre à l’échelon national 37 champs de courses en 185122, 277 en 189123 et 433 en 1911, sachant également que les régions de Bretagne et des Pays de la Loire, limitrophes de la Vendée, donc des Sables, sont parmi les mieux dotés.

  • 24 J. Vincent, op.cit., 2007, p. 126.

19Le yachting représente 0,4 % de la surface informative en 1863. Il est abordé essentiellement sous l’angle des régates, très rarement du tourisme. Sur ce plan, les progrès sont rapides. Alors que le préfet de la Vendée « concède en 1856 que les régates organisées depuis deux ans par la municipalité des Sables d’Olonne à l’occasion de la saison des bains de mer, ne sont encore que des fêtes locales, à cause des ressources restreintes de la commune24 », en 1863, leur aura est toute autre. Associées à la Fête de l’Empereur, elles se déroulent des 15 au 17 août sous le haut patronage de la princesse Mathilde et en plein cœur de la saison estivale.

20Le traitement de la chasse renvoie quant à lui à des traditions ancrées dans l’Ancien Régime qui, à la faveur du Second Empire, connaissent un renouveau sous l’influence de la chasse au renard anglaise. En effet, l’empereur Napoléon III est connu pour sa passion pour la chasse à courre. Sur un autre plan, la chasse, moyen d’améliorer le quotidien des Sablais, fait l’objet d’une règlementation – le permis de chasse a été instauré en 1844 – que le Journal des Sables relaie avec efficacité, publiant notamment les dates d’ouverture et des extraits du Journal des chasseurs.

  • 25 L. Robène, L’Homme à la conquête de l’air, Paris, L’Harmattan, 1998.

21Dans ce paysage, le cas de l’aérostation détonne. Si la fréquence des articles le concernant est réduite, cela est largement compensé par leur longueur, parfois près de la moitié d’un feuillet (0,5 % en 1852, 0,8 % en 1863). Les vols en ballons et montgolfières incarnent la modernité, symbolisent tant l’exploit, la démesure que les progrès scientifiques25. Ils suscitent une grande curiosité. La rédaction n’hésite pas, cette fois, à prendre le temps de décrire les péripéties accompagnant les ascensions. La présence des personnalités politiques de premier plan, comme l’Empereur, lors des manifestations, explique également la couverture spéciale de l’aérostation. Notons toutefois que ce traitement singulier tient à une particularité rédactionnelle : la plupart des articles sur ce sujet sont repris des quotidiens nationaux.

22À l’exception de l’aérostation, le sport ne fait toutefois pas l’objet d’un traitement particulier. Aucun lyrisme, aucune tentation de mise en scène ne ressortent. L’essentiel, nous le soulignions d’entrée, se joue sur le mode de brefs comptes rendus des rendez-vous à vocation sportive. On est alors porté à penser que la couverture du sport dans le Journal des Sables doit plus à ce qu’il est devenu incontournable dans la vie de la station, qu’il s’inscrit déjà à part entière dans les animations assurant la notoriété des Sables, qu’à un quelconque intérêt personnel des rédacteurs. Les pics informatifs sportifs se situent d’ailleurs lors de la haute saison, en août en particulier, lorsque sont organisées les grandes courses hippiques et nautiques (elles sont souvent coordonnées afin de donner plus d’éclat aux fêtes de la cité). Quant aux pointes informatives du printemps, elles ne sont que préparatoires. Le Journal prépare alors la saison, annonçant longtemps à l’avance le programme des festivités sportives, les modifications ponctuelles, les montages financiers destinés à doter les épreuves de prix attractifs.

  • 26 « Fêtes sablaises », Journal des Sables, 20 août 1863 no 33, p. 2 (à noter : ici et ci-après, sauf (...)

23Quand la rédaction consacre un peu plus de littérature que d’habitude au sport, ce n’est jamais pour lui-même mais pour ce qu’il révèle de la vie locale, pour ce qui l’accompagne. Après – le plus souvent – la liste des vainqueurs, peuvent ainsi être évoquées les conditions atmosphériques propices ou non aux festivités, la fréquentation et la présence des notables. De même, lorsque les chroniqueurs s’attardent sur les épreuves, c’est pour évoquer en quelques lignes un accident tragique, comme ce jockey piétiné par sa monture en août 1863, où les perturbations causées par l’arrivée impromptue d’un lapin sur un champ de course26. En somme, le sport en tant que tel retient moins l’attention des rédacteurs – donc, in fine, des lecteurs – que son prétexte, sa périphérie (ses sociabilités spectatrices) et ses péripéties.

Gymnastique et vélocipédie, le tournant des années 1880-1890

24Les séries des années 1870 sont pour une large part incomplète et difficilement exploitables. Cependant, les sondages effectués tout au long de cette décennie nous portent à penser qu’il n’y a pas de changements significatifs, tant en termes de sports suivis, de ton, de surface par rapport aux années 1860. En revanche, les choses évoluent significativement au tournant des années 1880, entre maintien de la matrice exposée ci-avant et ouverture à d’autres univers sportifs. L’année 1883 confirme les courses hippiques et les régates comme des piliers de l’information sportive. Alors que la surface sportive annuelle est de 1,5 %, ils couvrent à eux seuls 1 % de la publication. L’attention qui leur est portée témoigne de leur place dans l’animation de la station. Surtout, les sondages de 1883 permettent de repérer la percée de la gymnastique et de la vélocipédie. Les années 1890 confirment l’attention portée au sport, avec toujours 1,5 % de la surface mais un glissement thématique vers la vélocipédie.

Pour une gymnastique républicaine

25Évoquée auparavant en pointillée et au travers d’anecdotes, la gymnastique représente alors 0,5 % de la surface informative annuelle, laissant le yachting loin derrière elle. L’intérêt pour la gymnastique trouve son origine dans la création d’une Société d’Éducation Gymnastique et Militaire en avril 1883. Outre ces premiers éléments, son évocation en première page s’explique en raison des personnalités qui la forment. Elles appartiennent aux cercles des petits et grands notables des Sables : le président est agent d’arrondissement, le vice-président, vérificateur des douanes, le trésorier conseiller municipal, le secrétaire est directeur de l’école communale. Quant à la présidence d’honneur, elle revient au maire des Sables, le docteur Marcel Garnier, également conseiller général.

  • 27 Cf. P. Arnaud, Les Athlètes de la République : gymnastique, sport et idéologie républicaine, Paris, (...)

26L’initiative d’une première société de gymnastique ne doit rien au hasard et il est intéressant de relever que sa fondation ne revient pas à un Sablais. Elle nait en effet de l’initiative d’E. Vauchez, secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement, qui profite d’un séjour sur place pour fédérer les bonnes volontés. Initiative de stratège ! Sa venue coïncide en effet avec une série de conférences données en avril dans la plupart des localités vendéennes par J. Steeg, député de la toute proche Gironde et membre du cabinet Jules Ferry qui considère la gymnastique (républicaine) comme un élément central de l’éducation citoyenne27. Après la Roche-sur-Yon, le 11 avril, Fontenay-le-Comte, le 13, c’est au tour des Sables de l’accueillir le 15. Ce périple a donc été soigneusement préparé par E. Vauchez, la conférence sablaise intervenant une semaine seulement après la fondation de la société de gymnastique, comme pour venir en souligner l’intérêt, la nécessité, la légitimité.

  • 28 « Société d’éducation gymnastique et militaire », 15 avril 1883, no 15, p. 1.
  • 29 Ibid. et citations suivantes.
  • 30 P. Arnaud, Le Militaire, l’écolier, le gymnaste : naissance de l’éducation physique en France (1869 (...)
  • 31 M. Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Le Seuil, 2004 (1e éd. 1982), (...)
  • 32 R. Pitch Robert., « Amitiés », in J. Leenhardt, R. Pitch (dir.), Au jardin des malentendus. Le comm (...)
  • 33 « Société d’éducation gymnastique et militaire », no 15, 15 avril 1883, p. 1.
  • 34 « Les bataillons scolaires », no 20, 20 mai 1883, p. 2.

27Au plus large, cet épisode s’inscrit dans la campagne à visée nationale menée par les républicains et relayée, entre autres, par la Ligue de l’Enseignement. Le Journal des Sables se plaît à préciser que, suivant l’exemple des Sables, « des sociétés semblables seront prochainement organisées dans chaque canton sous la direction de la Ligue28 ». Quant à l’enjeu visé, il s’agit de « former l’éducation gymnastique et militaire de la jeunesse », de donner à la Patrie « des défenseurs robustes et habiles29 ». Antienne d’époque. Les sociétés ainsi fondées « serviront de trait d’union entre les exercices de l’école et du soldat. Leur fonctionnement régulier » permettra aux « législateurs de diminuer la durée du service miliaire ». Alors que l’affrontement entre laïcs et catholiques bat son plein, que les relations entre la France le jeune empire allemand demeurent tendues, l’enracinement de la République favorise, on le sait, la célébration du modèle du « citoyen combattant », du citoyen soldat défenseur de la patrie et de la République que contribue à forger l’école de Jules Ferry30. Cet ancrage patriote, parfois nationaliste, dans sa forme « ouverte31 », est significativement dynamisée par le souvenir encore brûlant de la défaite de 1871, synonyme de la perte de l’Alsace-Lorraine avec, en contrepoint, le désir sourd de prendre une revanche sur « l’ennemi héréditaire32 ». On peut voir dans la création de la société sablaise de gymnastique un des effets directs de cette politique nationale qui se concrétise notamment par l’obligation de la gymnastique à l’école pour les garçons (1880) et les filles (1882), mais aussi par la mise en place des Bataillons Scolaires (1882). On en voudra pour preuve que c’est clairement « comme complément du bataillon scolaire33 » que la Société d’Éducation Gymnastique et Militaire est présentée par le périodique. D’ailleurs, peu après la fondation de la société, Le Journal des Sables publie des extraits du Règlement des Bataillons Scolaires (il vient de paraître) et signale l’organisation des premières marches du bataillon local à partir du 16 mai, sur le modèle du « système adopté par l’infanterie34 ».

28Le traitement de la gymnastique a partie liée avec le tir. Un grand classique dans la culture régimentaire des années 1880-1900. En effet, l’instauration des Bataillons Scolaires s’accompagne de la mise en place d’exercices de tir dans les écoles. Le Journal des Sables s’applique à en rendre compte. Mais cette action coûteuse pour les finances communales ne dure guère. Le Journal des Sables se recentre alors sur le tir sportif, à la faveur notamment de la création en 1901, à la Roche-sur-Yon, de la Société de Tir de de Villebois-Mareuil.

  • 35 Delalet, « Le congrès international d’éducation physique », Journal des Sables et Courrier de la Ve (...)

29L’intérêt pour la gymnastique se prolonge, plus timidement certes, mais de façon malgré tout notable, après le démantèlement des Bataillons Scolaires (1892). En avril 1913, paraît ainsi sous la plume de l’instituteur Delalet un long article sur le Congrès international d’éducation physique qui vient de se tenir à Paris35. Il y met en exergue le succès obtenu par les méthodes d’éducation physique qui y ont été présentées, tout en faisant part d’appréciations personnelles. « Méthode suédoise » et « méthode Demeny » se partagent ainsi tous les suffrages concernant l’éducation physique des jeunes filles. Quant à celles des hommes, « méthode suédoise », « méthode du lieutenant Hébert » et « méthode de Joinville » sont en étroite concurrence. Bien que le public a adressé à la gymnastique hébertiste une « folle ovation », la méthode de Joinville a les faveurs de l’instituteur car « correspondant le mieux à notre tempérament et à nos besoins ». Son article se clôt sur un fervent plaidoyer adressé aux instituteurs et institutrices afin que le « grand mouvement » en faveur de la gymnastique « qui se dessine ne reste pas stérile » car « il faut bien que tout le monde sache qu’en dépit de tous les règlements on en fait peu ou pas [dans l’école] ».

Le take off du vélo

30Après, la gymnastique, c’est au tour du cyclisme d’investir le titre sablais. Les années 1880, essentiellement à partir de 1884, voient ainsi la petite reine faire son chemin dans ses colonnes au point d’en devenir une valeur sûre. En 1893, alors que les informations sportives représentent 1,5 % de la surface totale du journal, la vélocipédie fait déjà partie du paysage familier des lecteurs. Avec 0,5 % de la surface informative, elle se rapproche des 0,8 % dévolus à la pratique reine, le turf. Autre témoignage de cette poussée du vélo : les publicités pour la vente de cycles peuplant régulièrement la troisième page.

  • 36 A. Poyer, Les Premiers temps des véloces-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif fran (...)
  • 37 « La Saint-Vélo à la Roche-sur-Yon », 25 juin 1893, p. 2.

31Cette poussée reflète la mobilisation qui précède la structuration associative du cyclisme en Vendée, marquée notamment par l’apparition du Véloce-club sablais (VCS) en 1892. À l’échelle du département, on passe ainsi d’un club en 1887 à neuf en 189536. En 1893, les dirigeants du Véloce-club de la Roche-sur-Yon évaluent entre 600 et 700 le nombre de cyclistes dans le département37. Quatre clubs se partagent la vedette au sein du Journal des Sables : outre le club local sont évoqués le Véloce-club de la Roche-sur-Yon, le Véloce-club de Fontenay et le Véloce-club de Luçon.

32Cet intérêt pour le cyclisme se maintient jusqu’en 1914. En 1903, le vélo est le troisième sport le plus couvert, puis le quatrième en 1913 (cf. les tableaux en fin de texte). Cette situation tient notamment aux efforts déployés par les cyclistes pour s’inscrire dans les festivités locales. Ainsi celle du 6 août 1893, avec de « Grandes courses de vélocipède » pour lesquelles la compagnie des chemins de fer affrète spécialement un « train de plaisir » au départ de Paris. La lecture du Journal des Sables permet aussi d’apprendre que les courses hippiques, vélocipédiques et les régates sont souvent réunies dans les mêmes programmes, les rendant plus attractifs encore, comme lors des fêtes sablaises aoûtiennes.

  • 38 Théo, « Sport vélocipédique », 14 mai 1893, p. 2.
  • 39 « Les courses vélocipédiques », 13 août 1893, p. 2.
  • 40 Ibid.

33Les articles sur le cyclisme permettent aussi de noter un changement de style et de ton chez les rédacteurs. Commentaires engagés, parti pris revendiqués concernant les cyclistes sablais rompent dès les années 1880 avec l’énumération laconique des résultats sportifs qui prévalent depuis des années à de rares exceptions près, dont celle, on le notait, de l’aérostation. Cette tendance se confirme dans les années 1890-1900 et gagne la plupart des autres sports. Les rédacteurs semblent cette fois avoir à cœur de faire vivre à leurs lecteurs les courses, en insistant par exemple, en mai 1893, sur le bon classement du « compatriote38 » Félix Bouvet. Ouvrier de son état, malgré « une machine a caoutchouc creux de 22 kilos contre 12 machines pneumatique de 12 à 15 kilogrammes » il termine troisième du « match » de 106 km l’opposant aux « meilleurs coureurs de la Vendée ». Lors des courses cyclistes de la Fête de la cité, en août 1893, on souligne que « les diverses épreuves, du reste très mouvementées, offraient un réel intérêt39 ». On adresse à l’occasion des « compliments au jeune cycliste de 11 ans, M. A. Percot, fils du sympathique président du VCS, qui n’a pas craint de se mesurer avec de forts et grands gaillards40 ». Au final, plus qu’aucune autre pratique, la vélocipédie justifie le récit de sport.

34Cette rupture est à lire à l’aune de plusieurs facteurs. Parmi les tous premiers : l’institutionnalisation du sport aux Sables. Le sport ne s’y limite plus à des animations organisées lors de la saison pour séduire les élites en villégiature. Il n’est plus le fait de champions pour la plupart étrangers à la ville, voire au département, attirés par l’importance des prix accompagnant les courses hippiques notamment. Le sport s’enracine désormais au cœur de la vie des Sablais avec la floraison de clubs locaux. Après avoir conquis et réuni les notables, il mobilise les milieux plus modestes par le biais du cyclisme et de la gymnastique, ce dont témoignent le cas et la célébration du coureur Félix Bouvet. En conséquence de quoi le Journal des Sables ouvre ses colonnes aux clubs sablais. Ils disposent de la rubrique pour communiquer. Leurs dirigeants y signent certains articles. Le journal n’agit plus seulement comme un creuset informatif mais comme un porte-voix favorisant la cristallisation des institutions, des sociabilités sportives et, plus largement, accompagnant la promotion des pratiques corporelles. Cette couverture sportive militante révèle in fine le glissement éditorial du Journal des Sables. En effet, à partir de 1893, sa rédaction propose dans sa « Chronique de la semaine » de petits éditoriaux critiques concernant tant la politique locale que les questions nationale et internationale. Insensiblement, l’objectif de servir au mieux l’intérêt des Sablais prend une nouvelle tournure. À sa façon, le militantisme sportif préfigure cette politisation du titre après la fusion de 1898 avec Le Courrier de la Vendée.

35Les années 1880-1890 témoignent donc du dynamisme associatif local. Un dynamisme accompagné par Le Journal des Sables. Celui-ci laisse entrevoir la phase d’institutionnalisation dans laquelle le sport, comme la gymnastique d’ailleurs, est entré avec la création des grandes fédérations comme l’Union des Sociétés Gymnastiques de France en 1873 et l’Union Vélocipédique de France en 1881. Citons également les fédérations d’escrime (1882), de tir (1886) et d’aviron (1890) et, surtout, la création en novembre 1889 de l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques. Confronté aux « fastes sportifs » de la pleine saison et à une vie sportive associative qui se déploie tout au long de l’année, le traitement du sport au sein du Journal des Sables prend de l’ampleur, de l’ascendant, en termes de surface couverte comme de ton.

36Mais alors que le sport semble sur le point de franchir une étape nouvelle au sein du journal, de s’affirmer comme un pilier rédactionnel, la fusion entre Le Journal des Sables et Le Courrier de la Vendée redistribue les cartes et met un coup d’arrêt momentané à cette conquête des sports.

1900-1914 : une offre croissante et diversifiée

37Le nombre de sports couverts reste relativement stable jusqu’aux années 1900 avant de connaître une accélération très sensible avec les années 1910. Entre 1852 et 1893 on oscille entre trois sports et cinq sports couverts chaque année. Ils sont six en 1903 soit, dans l’ordre de leur volume rédactionnel : turf, yachting, cyclisme, colombophilie, tir, natation. Enfin, on en dénombre douze en 1913. À cette date, la hiérarchie des pratiques couvertes a changé. Le sport occupe alors 1,8 % de la surface informative annuelle avec, en tête des pratiques : l’aéronautisme, suivi par le turf, le yachting et le cyclisme. La rupture est nette avec 1903 où cette même surface n’excédait pas 0,9 %. Mais cette croissance est en partie un trompe-l’œil. En effet, la publication est bihebdomadaire entre 1903 et 1912, ce qui a pour effet de diluer quelque peu l’information sportive en 1903. Le constat est donc plutôt celui d’une stabilité du volume rédactionnel des années 1880 (1,5 %) aux années 1910 (1,8 %).

Aéronautique, festivités et variations sportives

  • 41 « L’aviation aux Sables », 31 août 1913, p. 1.
  • 42 « Le meeting d’aviation », 3 août 1913, p. 2.

38Avec les débuts de l’aviation, une nouvelle étape est franchie. Les exploits des frères Wright au Mans, ceux de Louis Blériot et de Roland Garros enflamment les passions. Depuis la « Grande Semaine d’aviation de la Champagne » (1909), les meetings aériens se multiplient, en particulier sur les sites de fortes affluences touristiques. Les stations balnéaires et thermales comme celle de Vichy s’emparent de cette nouvelle attraction. Aux Sables, la saison 1913 est ainsi scandée par plusieurs exhibitions d’aéroplanes lors desquelles la foule se presse pour admirer les « héros de l’air », « audacieux pilotes qui montent à la conquête de l’air et portent si haut la gloire de notre patrie41 ». La place première réservée aux aviateurs dans le journal tient aussi – classiquement – aux accidents (comme lorsque le malheureux Félix Bosano s’écrase en mer) et aux innovations technologiques (ainsi la présence de « l’hydro-avion de Divetain [qui] excite surtout la curiosité42 »).

39Les vols s’intègrent pleinement au programme des festivités. Festivités qui, comme à l’accoutumée et de façon de plus en plus prégnante, font une très belle part aux sports. Qu’on en juge par les rendez-vous estivaux annoncés en juin 1913 : course du Sport Nautique le 6 juillet, grande fête d’aviation du 16 au 18 juillet, première journée des Grandes Régates couplée au championnat du Véloce-club sablais le 20 juillet, courses de chevaux du 9 au 11 août, rallye-paper et concours de natation le 15 août, deuxième journée des Grandes Régates à nouveau couplées avec des courses cyclistes le 24 août, concours de tennis le 26 août et régates le 14 septembre… Ajoutons encore un match de football-rugby à la mi-juillet, le championnat du Tennis club du Casino du 16 au 21 août et les démonstrations des gymnastes de La Patriote lors des célébrations du 14 juillet. Cette programmation met en lumière les sports qui ont fait leur entrée depuis peu dans les colonnes du Journal des Sables tout comme elle témoigne de l’essor de clubs sportifs sablais, dont le Sporting Club Sablais dévolu aux sports athlétiques mais aussi du Sport-Nautique Sablais, créé le 3 novembre 1907. Parmi les sports entrants, on note ainsi le tennis, le rugby, la natation, l’escrime, l’athlétisme, le saut en longueur, la boxe. Dans ce groupe des nouveaux venus, le rugby domine en contribuant pour 5 % de la surface informationnelle sportive. Au demeurant, pour mieux mesurer ce que ces sports nouveaux représentent sur l’ensemble de la publication, ce même rugby peine à couvrir 0,1 % de l’ensemble du titre.

Recul et instrumentalisation

40Ce tableau illustre une diversification informative croissante. Mais elle est en partie trompeuse. En effet, tant en 1903 qu’en 1913, le volume informatif consacré aux sports est moindre qu’à la fin du XIXe siècle. Ce reflux est en outre doublé d’un glissement dans le chemin de fer : le sport est, comme depuis toujours, suivi dans les chroniques locales et départementales, mais il a sa place en troisième page et non plus – ou moins régulièrement – en deuxième. Sans doute faut-il voir dans ce traitement une des conséquences de la fusion de 1898 et de la réorientation éditoriale déjà évoquée.

  • 43 « Foot-ball », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 19, 27 avril 1913, p. 2.

41Nonobstant, les évolutions concernant la langue de ce journalisme sportif, déjà soulignées à propos du cyclisme, sont confirmées. La fusion du Journal des Sables et du Courrier de la Vendée signe en effet l’affirmation d’un traitement de plus en plus rigoureux. On ne saurait le qualifier de professionnel tant nous ignorons qui écrit. Quoiqu’il en soit, les rédacteurs semblent désormais avoir à cœur de faire partager plus directement les émotions sportives, les temps forts qui rythment les rencontres, tout en donnant quelques éléments techniques simples. On fait cas ainsi des « belles passes », des « tentatives de drop-goal », de la « finesse » et des « feintes43 » vues au cours d’un match de rugby entre le Football Rugby du 93e régiment d’infanterie de ligne et le Sporting club sablais.

  • 44 « Les courses de la Roche », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 39, 17 mai 1903 (...)
  • 45 « L’aviation aux Sables », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 37, 31 août 1913, (...)
  • 46 Ibid., p. 2.
  • 47 Ibid.

42Sur un autre plan, le virage éditorial pris dans les années 1890 trouve son aboutissement à travers la politisation du fait sportif. Son compte-rendu constitue désormais une possibilité – souvent mise en œuvre – pour saluer les personnalités politiques locales soutenues par Le Journal des Sables et, de façon plus générale, les sympathisants du mouvement républicain progressiste ; au besoin, pour s’opposer aux personnalités supposées faire du tort à la station. Ainsi, lors des courses hippiques de la Roche-sur-Yon, de mai 1903, la rédaction salue Georges de La Rochethulon, « vaillant et sympathique député », avant de commenter l’absence des « gros bourgeois du bloc44 ». En 1913, les tracasseries dont est victime l’aviateur Landry donnent lieu à un véritable règlement de compte avec le sous-préfet. Face à l’interdiction que l’aviateur finit par essuyer de survoler des plages sablaises – qu’il ne respectera pas –, le journal n’hésite pas à laisser planer l’ombre d’un complot mené « à l’instigation de certaines personnes qui ont tout fait pour que la fête n’eut pas lieu45 ». Désigné comme le leader de « la cabale », le « petit sous-préfet46 » est accusé de nuire délibérément à la ville. Est évoquée en toile de fond la dernière campagne électorale où ledit sous-préfet semble s’être illustré par son parti pris et ses manœuvres, soutenu en cela par La Vendée Républicaine, « journal entre les mains de la sous-préfecture47 »…

43La fin de la Belle Époque clôt ainsi une période marquée par la politisation du Journal des Sables ; politisation à laquelle n’échappe pas le sport. Loisirs, festivités, tourisme se déroulent en écho à la montée des tensions relevant aussi bien de la politique intérieure qu’internationale. Les lignes du titre sablais le laissent clairement transparaître. Alors que s’assombrit le ciel de l’Europe, les exploits des premiers aviateurs devant un public venu chercher du rêve, du spectaculaire, annoncent ceux, militaires, des pilotes de guerre, focalisant les espoirs d’une population en attente d’une victoire rapide. Cette dernière période révèle également la place prise par le sport dans les politiques publiques.

Un révélateur des « premières formes » de politiques sportives

  • 48 Sur ce point voir J.-P. Callède, Les Politiques sportives en France. Éléments de sociologie histori (...)

44Riche d’enseignement, l’analyse du Journal des Sables nous amène enfin si ce n’est à repenser la genèse des politiques publiques48, tout au moins à la nuancer et à apprécier la filiation qui existe de ce point de vue entre la fin du XIXe siècle et le milieu des années 1920 qu’on présente usuellement – malgré quelques actions avant-gardistes dans les années 1890-1910 – comme « le » moment déclencheur des politiques municipales des sport. Nous touchons ici moins à l’histoire médiatique du sport qu’à son histoire politique, mais il importe de s’y arrêter.

  • 49 Pour la région Pays de Loire, le salaire moyen masculin industriel est de 1,88 francs entre 1839 et (...)
  • 50 Le Sablais, no 21, 21 mai 1852, p. 2.
  • 51 Pour mesurer cette somme, rappelons qu’en 1912, le salaire moyen par jour d’un ouvrier est de 4.81 (...)
  • 52 « Fête d’aviation », 1er juin 1913, p. 2.

45À l’instar de ce qui semble s’opérer dans la plupart des stations balnéaires, climatiques, thermales, le titre sablais met en lumière l’action précoce et significative des collectivités locales en faveur du sport. On est ainsi frappé par la régularité avec laquelle sont versées des subventions non négligeables, non seulement pour l’aménagement de terrains sportifs, mais aussi pour l’organisation des manifestations. Tous les sports ne sont certes pas logés à la même enseigne. Il semble d’ailleurs que les premières ébauches de politiques sportives concernent, et ce n’est pas une grande surprise, le turf avec entre autres l’aménagement stratégique des hippodromes. Par exemple, en 1852, la petite commune de Saint-Maixent, à proximité des Sables d’Olonne et dont le nombre d’habitants n’excède pas alors 400, accorde une subvention de 1 000 francs49 pour l’organisation de courses50. Outre des aides financières, elle donne un terrain pour l’établissement d’un hippodrome et lance une souscription pour en assurer la construction. Il en va de même concernant les courses hippiques et les régates annuelles des Sables. Certes, les motifs sont clairement utilitaires : le sport représentant un spectacle atypique qui attire curieux et visiteurs, en provenance notamment de la capitale, il s’agit de le promouvoir et de le subventionner. Courses hippiques, cyclistes, régates et aéronautisme deviennent ainsi, assez rapidement, des attractions phares pour lesquelles la municipalité des Sables semble prête à débourser chaque année des sommes notables, afin, en particulier, de doter les épreuves. En 1913, une subvention de 3 000 francs51 est ainsi votée par le conseil municipal pour les fêtes d’aviation52. La somme est importante mais incomparable avec celle que la mairie de Deauville réunit pour doter les prix de ses régates de juillet 1913 (140 000 francs).

46Concernant la côte vendéenne, la fréquence des subventions, leur pérennité dépassant largement la décennie, renvoient à une première forme de politique publique qui trouve ses origines dans la reconversion économique des cités côtières, sous l’effet notamment de la crise sardinière dans le cas des Sables. Avec la construction d’hippodromes, de terrains sportifs, le sport se trouve intégré dans des politiques ayant trait tout à la fois aux loisirs, à l’économie (avec l’animation de la ville et l’édification d’une image de marque) et à l’aménagement urbain.

47Autre élément instructif révélé par Le Journal des Sables : ce soutien se décline au niveau municipal et départemental. Sans attendre la décentralisation des années 1980, le XIXe siècle voit certains départements côtiers comme la Vendée s’engager résolument dans le financement des animations sportives. En septembre 1863, le Conseil Général verse ainsi une subvention de 1 000 francs pour les courses hippiques des Sables. Dans ce paysage, une catégorie d’acteurs devient incontournable : les grands commis de l’État, soit le préfet et le sous-préfet. En témoigne le débat opposant Le Journal des Sables et le sous-préfet de la Vendée.

  • 53 Elle en fait de même concernant la colombophilie.
  • 54 « Les Sables », 2 avril 1863, p. 1.
  • 55 « Allocation pour les régates », 16 avril 1893, p. 2.
  • 56 « Courses de véloces », 30 juillet 1893, p. 2.

48Pour aller plus loin, on observe que les fêtes sportives font l’objet de montages financiers complexes où s’entremêlent subventions provenant des divers échelons, du municipal au national. Au niveau national, le puissant ministère de la Guerre semble détenir un rôle clé. Guidé par des enjeux de défense nationale, l’Armée finance en effet les concours de chevaux53, délivre des primes pour les meilleurs éleveurs. Elle trouve dans les haras nationaux un précieux relai. En avril 1863, le haras de Vendée accorde ainsi une aide financière de 1800 francs aux courses hippiques sablaises prévues du 2 au 4 août54. Quant au ministère de la Marine, ses faveurs vont aux régatiers qui se mesurent dans les ports de Vendée55. On ne saurait par ailleurs négliger les transports ferroviaires ; ils contribuent très clairement au succès des manifestations sportives, des trains étant affretés au départ de Paris au cœur de l’été. Les « grandes courses de vélocipèdes56 » des Sables, prévues le dimanche 6 août 1893 en bénéficient. Les chemins de fer proposent à cette occasion des tarifs réduits, dont la presse locale informe ses lecteurs.

49Se retrouvent ainsi autour de la promotion du sport et de son financement un ensemble d’acteurs issus de la sphère privée (par le biais de clubs, de riches mécènes) et des différents étages des pouvoirs publics. Tout un angle mort de l’histoire du sport est ainsi dévoilé à travers l’analyse du Journal des Sables. Cet éclairage, en suivant le principe à l’œuvre dans cet ouvrage du sondage systématique de la presse locale, cette fois conjugué à l’exploration des archives municipales et départementales, pourrait amener à revoir et nuancer les réflexions concernant la naissance des politiques publiques du sport en France, à porter un regard neuf sur l’écoute et l’intérêt dont le sport bénéficie auprès des autorités politiques, y compris à l’échelle des petites communes.

Conclusion

50Au terme de cette étude on retiendra que Le Journal des Sables accompagne le déploiement précoce du sport au sein d’une ville côtière en train de se métamorphoser en station balnéaire. Aux premières heures du journal, dans les années 1850, certains usages et spectacles sportifs, à commencer par les courses hippiques, sont incontournables et s’inscrivent dans la culture sablaise. Le sport – du moins quelques sports… – fait partie du quotidien de la cité, avec un temps fort : la haute saison estivale. Cette situation fondatrice prépare au renforcement du mouvement sportif avec la multiplication des clubs sablais à partir des années 1880, à l’heure où la gymnastique et la vélocipédie rejoignent le turf dans l’ordre des goûts sportifs. Ce dynamisme sportif trouve un précieux relai avec Le Journal de Sables, feuille s’adressant en premier lieu aux Sablais, entièrement dévolue à la défense des intérêts de la cité et de ses habitants. De fait, le titre traite du sport essentiellement sous l’angle local. Il est d’ailleurs instructif de voir que le Tour de France cycliste n’est jamais évoqué dans les numéros de juillet. Ce localisme, sur lequel nous n’avons guère insisté, est du reste une dimension connue de la vie et du débat sportif de la Belle Époque, à l’heure où le débat sur le régionalisme est en pleine effervescence.

51La lecture qu’on peut faire du sport et de son actualité à travers Le Journal des Sables présente d’autres particularités. Sans doute la plus marquante consiste-t-elle dans ce constat : l’un et l’autre sont rarement appréciés pour eux-mêmes. Dans un premier temps, le sport permet de révéler et mettre en scène les sociabilités mondaines qui viennent en villégiature et les notables du cru. Puis, quoique le discours évolue avec la structuration associative du sport, ce dernier est bientôt apprécié au regard de considérations relatives au politique ou aux enjeux publics locaux. Au-delà, le turf renvoie aux enjeux de l’agriculture et de l’élevage… Les régates sont parfois lues au prisme de la pêche… L’aéronautisme est un laboratoire du progrès technologique, etc. Le sport apparait ainsi, bien souvent, comme un prétexte ; un prétexte pour célébrer l’empereur ou telle personnalité politique du même bord que les rédacteurs, mais surtout pour honorer la ville des Sables et ses festivités. Tous les chemins sportifs empruntés ramènent ainsi à la cité. Tous sont utilisés pour mettre en scène la commune et ses habitants. Et c’est donc moins en zélateur du sport qu’il faut se représenter Le Journal des Sables qu’en ardent défenseur de l’identité sablaise.

52Le sport s’efface ainsi au profit de l’omniprésente station des Sables. D’ailleurs, l’évolution du traitement du sport, relativement importante à la fin du Second Empire (en comparaison avec les normes de l’époque), connait un repli notable au tournant du siècle. Elle n’apparaît plus dès lors comme une priorité éditoriale. En outre, la rédaction n’estime jamais nécessaire de créer une rubrique spécialisée. Au final, même si le journal parle de football ou de tennis en 1913, il le fait a minima. Sous ce jour, on peut presque parler d’un rendez-vous manqué. Tout portait à croire en effet que les années 1900 marqueraient une sorte de consécration du sport en son sein. Mais sa fusion avec Le Courrier de Vendée en 1898 et sa politisation en décident autrement en repoussant le sport dans la catégorie des sujets de second ordre. Le sport reste plus un loisir, un faire-valoir qu’un enjeu et la rédaction ne pense apparemment pas qu’il soit en droit de concurrencer l’espace informatif proprement politique – sauf lorsqu’il le devient peu ou prou.

1852

1873

1883

1893

1903

1913

Sur la surface totale

0,9

3,3

1,5

1,5

0,9

1,8

Tableau 1. – Volume (en %) d’information sportive dans Le Journal des Sables.

Tableau 2. – Hiérarchie des thématiques sportives dans Le Journal des Sables (en %).

Notes

1 J. Vincent, L’Intrusion balnéaire. Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945), Rennes, PUR, 2007, p. 104.

2 L. Burnet, Villégiature et tourisme sur les côtes de France, Paris, Hachette (« Bibliothèque des Guides bleus »), 1963, p. 26-27.

3 Ph. Clairay, J. Vincent, « Le développement balnéaire breton : une histoire originale », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, no 115-4, 2008, p. 201-233.

4 Plus tardive que dans certaines régions de France, à l’instar de la côte normande ou de la côte d’Azur qui connaissent un mouvement balnéaire dès le XVIIIe siècle.

5 Cf. J.-R. Morice, H. Désiré-Pébarthe, Ph. Violier, « Itinéraire de lieux touristiques du littoral atlantique », Norois, no 206, 2008, p. 9-20.

6 Cf. M. Boyer Marc, Histoire du tourisme de masse, Paris, PUF, 1999, p. 16-22 (chapitre 2 : « L’invention de distinction et la diffusion par imitation »).

7 J.-Ch. Fichou, « La crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, no 116-4, 2009, p. 149-170.

8 Cf. P. Gerbod, « Loisirs et santé : les cures thermales en France (1850-1900) », in Adeline A. Daumard (dir.), Oisiveté et loisirs dans la société occidentale au XIXe siècle, Abbeville, Paillart, 1983, p. 195-205.

9 A. Poyer, « La France s’éveille au sport (début XIXe siècle-années 1880) », in Ph. Tétart (dir.), Histoire du sport en France. Du second empire au régime de Vichy, t. 1, Paris, Vuibert, 2007, p. 5-24.

10 Voir notamment le cas de la ville de Vichy étudié par F. Dutheil, « Promenade dans les parcs de Vichy et saisons thermales (1850-1870) », Ethnologie française, no 3, vol. 36, 2006, p. 543-552.

11 T. Ferenczi, Le Journalisme, Paris, PUF, 2007 (2e éd.), p. 3-6.

12 Cf. Ph. Tétart, « Tableau de la presse sportive en Province », in P. Tétart, S. Villaret (dir.), Les Voix du sport. La presse régionale à la Belle Époque, t. 1, Biarritz, Atlantica, 2010, p. 23-95.

13 J. Gourhand, J. Watelet, Vendée-85. Bibliographie de la presse française politique et d’information générale (1865-1944), Paris, Bibliothèque Nationale, 1964.

14 Sa parution reprend après-guerre sous le nom des Sables Vendée Dimanche puis, en 1852, des Sables Vendée Journal pour se poursuivre jusqu’à nos jours.

15 Journal des Sables, no 21, 21 mai 1852, p. 1.

16 D. Kalifa, L’Encre et le sang, Paris, Fayard, 1995, p. 19.

17 M. Martin, La Presse régionale, Paris, Fayard, p. 2002, p. 177.

18 « Nouvel an », Le Journal des Sables, no 1, 1er janvier 1893, p. 1.

19 Concernant l’année 1853, la collection consultée est incomplète. Seules les éditions des mois de mars à septembre sont disponibles et ne comprennent pas d’informations relatives au sport.

20 J.-J. Meunier, Guide historique et pittoresque du baigneur aux Sables d’Olonne, Les Sables d’Olonne, Imprimerie Lambert, 1854, 154 p.

21 Ph. Tétart, op.cit., 2010, p. 51.

22 Homéric, Dictionnaire amoureux du cheval, Paris, Plon, 2012.

23 N. De Blomac., La Gloire et le jeu : des hommes et des chevaux 1766-1866, Paris, Fayard, 1991, p. 277.

24 J. Vincent, op.cit., 2007, p. 126.

25 L. Robène, L’Homme à la conquête de l’air, Paris, L’Harmattan, 1998.

26 « Fêtes sablaises », Journal des Sables, 20 août 1863 no 33, p. 2 (à noter : ici et ci-après, sauf mention contraire, toutes les références d’articles renvoient au Journal des Sables).

27 Cf. P. Arnaud, Les Athlètes de la République : gymnastique, sport et idéologie républicaine, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 262.

28 « Société d’éducation gymnastique et militaire », 15 avril 1883, no 15, p. 1.

29 Ibid. et citations suivantes.

30 P. Arnaud, Le Militaire, l’écolier, le gymnaste : naissance de l’éducation physique en France (1869-1889), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1991.

31 M. Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Le Seuil, 2004 (1e éd. 1982), p. 32-36.

32 R. Pitch Robert., « Amitiés », in J. Leenhardt, R. Pitch (dir.), Au jardin des malentendus. Le commerce franco-allemand des idées, Arles, Actes sud, 1990.

33 « Société d’éducation gymnastique et militaire », no 15, 15 avril 1883, p. 1.

34 « Les bataillons scolaires », no 20, 20 mai 1883, p. 2.

35 Delalet, « Le congrès international d’éducation physique », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 16, 6 avril 1913, p. 2. Ibib pour les citations suivantes.

36 A. Poyer, Les Premiers temps des véloces-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif français entre 1867 et 1914, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 315.

37 « La Saint-Vélo à la Roche-sur-Yon », 25 juin 1893, p. 2.

38 Théo, « Sport vélocipédique », 14 mai 1893, p. 2.

39 « Les courses vélocipédiques », 13 août 1893, p. 2.

40 Ibid.

41 « L’aviation aux Sables », 31 août 1913, p. 1.

42 « Le meeting d’aviation », 3 août 1913, p. 2.

43 « Foot-ball », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 19, 27 avril 1913, p. 2.

44 « Les courses de la Roche », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 39, 17 mai 1903, p. 2.

45 « L’aviation aux Sables », Journal des Sables et Courrier de la Vendée réunis, no 37, 31 août 1913, p. 1.

46 Ibid., p. 2.

47 Ibid.

48 Sur ce point voir J.-P. Callède, Les Politiques sportives en France. Éléments de sociologie historique, Paris, Economica, 2000.

49 Pour la région Pays de Loire, le salaire moyen masculin industriel est de 1,88 francs entre 1839 et 1845, et 2,34 francs entre 1860-1865. Concernant les salaires masculins agricoles en « morte saison », le salaire moyen s’élève en 1852 à 1,28. D’après J.-M. Chanut, J. Heffer, J. Mairesse, G. Postel-vinay, « Les disparités de salaires en France au XIXe siècle », Histoire & Mesure, vol. 10, no 3-4. 1995, p. 381-409.

50 Le Sablais, no 21, 21 mai 1852, p. 2.

51 Pour mesurer cette somme, rappelons qu’en 1912, le salaire moyen par jour d’un ouvrier est de 4.81 francs. Cf. M. Leymarie, La France contemporaine. De la Belle Époque à la Grande Guerre. 1893-1918. Le triomphe de la République, Paris, Le Livre de poche, 1999, p. 60.

52 « Fête d’aviation », 1er juin 1913, p. 2.

53 Elle en fait de même concernant la colombophilie.

54 « Les Sables », 2 avril 1863, p. 1.

55 « Allocation pour les régates », 16 avril 1893, p. 2.

56 « Courses de véloces », 30 juillet 1893, p. 2.

Table des illustrations

Légende Tableau 2. – Hiérarchie des thématiques sportives dans Le Journal des Sables (en %).
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Auteur

Maître de conférences, université du Maine, Laboratoire Violences, Identités, Politiques & Sports – EA 4636 (Rennes 2).

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