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Photogénie du désir

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Natacha Thiéry

1. Photogénie et invention d'un monde

Chapitre II. Images spéculaires

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Extrait du texte

Obsession du regard, regard obsessionnel

Malgré son éclectisme, la filmographie de Powell, qui avait d’abord pensé donner à ses mémoires le titre I Am an Eye, présente continûment une singulière obsession du regard. Non seulement mis en évidence, voire exhibé à l’image, celui-ci devient aussi un véritable enjeu dramatique1. Le fait de voir et d’être vu, les personnages de voyeur et de voyant, mais aussi l’aveuglement ou la cécité sont des motifs centraux des films.

Le nom même de la compagnie de production de Powell et Pressburger place leurs films sous le signe fort du regard. Le logo des Archers précédant chaque générique à partir de 1942 représente une cible colorée au centre de laquelle, en un bruit mat, vient se ficher une flèche lancée depuis le lieu de la caméra et du spectateur. Le cœur de la cible, c’est à la fois l’objet visé par un regard aigu et le centre de l’œil, l’iris dont la blessure rappelle l’œil tranché au rasoir d’Un chien andalou (Buñuel, 1928), injonction inaugu...

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