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37 études critiques : littérature générale, littérature française et francophone, littérature étrangère

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Georges Cesbron

Littérature générale

Jean Rousselot, poète de l'autre, richesse de l'imaginaire

Jean Cussat-Blanc

Texte intégral

1L'imaginaire ! A peine prononcé ce mot, ce nom s'ouvre à un espace illimité où la pensée découvre la teinte, le son, le rythme, et dans l'écriture les unit. Et là se crée, ainsi se crée, symphonie le poème. L'imaginaire est le lieu de la création. Le septième jour de Dieu - oeuvrant pensée de l'homme - le premier jour du Monde. Le Temps se crée marche d'éternité ou Rien devient la chose ; et du néant de l'Origine s'élaborent Univers, les univers, de l'un à l'innombrable de l'Expansion. Avec elle sur l'inimaginable lointain, l'année-lumière se propose millimètre de la géométrie des âges.

2L'Imaginaire est ce recueillement où tout se recompose méditation de l'ineffable - cette folie où le désir s'évade de toute contrainte.

3La règle comme la vérité de l'imaginaire ne se situe que dans l'Amour, l'attention à l'autre, don de soi.

4Je me devais d'introduire par ces lignes en ces Recherches sur l'Imaginaire mon témoignage sur Jean Rousselot Poète de l'Autre - car c'est immédiatement et par toute son œuvre qu’il s'incarne comme tel ; et mon désir est de le faire découvrir par chaque page de ce témoignage. N'a-t-il pas appartenu à l'histoire entière de la poésie contemporaine. Et, pour parler comme Cadou, plus que l'écolier – au sens de Rochefort il fut l'instituteur, créateur de revues et rassembleur de talents. Créer le poème deviendra sa raison et sa condition d'existence – la nourriture existentielle de son imaginaire. Jusque par son titre Moyens d'existence qui reprend le principal de sa production poétique sur quarante ans (1934 - 1974) résume cette fidélité.

5Né à Poitiers en 1913, il est d’origine ouvrière, le revendiquera ; et, à quinze ans, douloureusement orphelin. Il en retrouve la morsure dans "Maille à partir"

Je n'avais jamais eu de mère et j'avais froid
Et ça déborde jusque sur le temps de l'école
Je me suis étonné d'être vivant. Que dis-je
De vivre envers et contre cette galopade
D'écoliers, qui perpétuait le mécanisme
De l'impensable autrui qui étouffe nos pas

6Mais s'il doit abandonner ses études pour gagner son pain, il ne renonce pas, ne peut, ne veut renoncer à la poésie. Il est déjà publié en de jeunes revues. Cependant collaborer ne lui suffit pas ; il veut créer. Il a à peine vingt ans ; et c'est Jeunesse - beau titre signifiant et qui rassemble autour de lui des noms qui, aujourd'hui, flamboient : Bousquet, Follain, Kanters, Norge, Parrot. J’ai nommé par ordre alphabétique vivants et morts. Quelques années plus tard, c'est le dernier carré surréaliste, avec Albert-Birot, Becker, de Boschere, Lacôte. Non seulement Rousselot est reconnu mais il est revendiqué chef de file.

7Il en avait pris conscience : "C'était un fait, on m'attendait. J'avais "la lettre". La “lettre” : “Sésame ouvre-toi” : la caverne offerte à l'imaginaire. Il y retrouvait même la mère perdue.

Ma mère n'avait pas pour rien saigné jadis

8Mais lui, Jean Rousselot, il se revendique d'abord comme homme. Comme homme vivant. Atteint par la tuberculose, la maladie terrible de l'époque, dont sa mère est morte, il l'a défiée jusque dans le titre de sa plaquette

Miracle

9et le poème « Miracle »

Miracle d'être en vie
Et d'avoir saigné
D'être un homme sans parents
pourvu de mots pour le dire

10Comme un homme, un homme militant de l’homme, il l'écrit à la craie.

11« à la craie »

Homme des toutes les races
Le malheur n'est pas fatal

Il vous appartient de vivre
Comme un ensemble de roses

12« Ainsi l'on rêve »

Mais manger est criminel
Tant qu’un homme a faim sur terre

Mais respirer est un vol
Tant que l'on enchaîne et tue

Mais il n'y a pas de roses
Dans un jardin sans amour

13A la craie, comme l'instituteur à l'école. Sur tableau noir, pour instruire ce pauvre enfant perdu : l'humanité.

14La poésie lui devient un journal-témoin. Il l'utilise sous toutes ses formes. Mais toujours pour l'expression d'un moment humain : impression ressentie ; question qu'il se pose, fut-elle douloureuse.

15C'est par la poésie qu’il rejoint la vérité de l’espoir. Elle se découvre dans l'espoir des autres

16« L'espoir »

Ne vous habillez pas d'espoir
C'est salissant

Ou bien portez l'espoir des autres
De tous les autres
Il a traîné partout
Il pue la femme et l'ange
C'est la saleté même
Humaine et sainte
Resplendissante

17Resplendissant tissu de contradictions. Porter l'espoir, même s'il a traîné partout, car, n'est-ce-pas, ô poètes, comment vivre

dans un jardin sans amour

18L'Amour n'est-il pas le seul salut - et plus encore en cette fin de siècle ; et uniquement, et absolument sur le proche millénaire alors que le progrès - ce qu'on dit tel et qui pourrait l'être - par une offre, un rôle que j'appellerai en quelque sorte sacramentel - somme l'entière humanité d'aimer ; de s'unir ou de périr. N'a-t-elle pas à découvrir en ses laboratoires, aussi bien économiques et politiques que scientifiques, que la science des sciences est le savoir aimer. Comme il est l'âme de tout art. Le salut offert par l'imaginaire, vérité de demain.

19Mais l’Autre. L'autre premier. Par l'amour, en l'amour : c'est la femme. En Rousselot, elle tient ce rôle premier. Le sollicitant et le tourmentant sur toute son existence. Et d'abord par celle dont son enfance est endolorie : la mère. Après la mort de son père à Verdun, elle se remarie, laisse en charge l'enfant à ses parents, le reprend à douze ans avant de mourir trois ans plus tard de la tuberculose. Sa propre entrée en sanatorium précédera de quelques mois le décès de cette grand-mère qui, malgré sa grande pauvreté, l'avait recueilli. Jean Rousselot avait 19 ans.

20Elle avait une voix de contre-alto magnifique, cette maman, que son mari jaloux avait interdite de théâtre. Son fils l'adorait et il s'est reproché de n'avoir su l'aimer. Cette présence, ces présences s'inscrivent dans Le Goût Du Pain.

Il y avait des femmes grandes et maternelles.
Mystère de leurs jupes douces à mes bras nus.

21Mystère de l'imaginaire de l'amour et de sa vérité en l'au-delà.

22Dans "Ta Main", le poème dédié à Louis Parrot, le commis de librairie devenu son vrai maître, il écrit

Ta main plus chaude que la mienne
Etait dans ces nuits blanches
Le fantôme de mes peines.

Il ne reste plus rien
Mais la mémoire continue
………………
je n'oublierai jamais le sang qui m'appelait.

23Cette, ces mères, il apparaît qu'il les identifie ici à la divinité - lui qui n'adhère guère à quelque autre dieu. Le poète par elles se recueille en l'ineffable.

24La femme, les femmes Encore Des Femmes titre-t-il - un "précieux rouage" les relie inextricablement à la souffrance de l'orphelin

portant le pubis exhaussé
Au centre de la soie
Et des douleurs d'enfance

Il fait si noir que je suis seul au monde

25écrit-il.

26La femme - celle sans nom qu'il interpelle, tutoie, au long de ses recueils - dont il dit

C'est dans le vivier de la nuit que je choisis mes amoureuses

27les méprise-t-il ? Ou bien se désole-t-il sur lui-même.

Je suis un éternel absent
Dans le chantier de mes plaisirs

28Certes il corrige

Toutes je les désire, toutes je les honore. Je suis de velours et de mousse par leurs pieds délicats ourlés de sang.

29Ourlés de sang. Comme il les caresse ourlées de sang ! Fut-elle victime, meurtrière, celle qu’il retrouve jusque dans « Les Décombres » - son passé, son présent perçus en une sorte de veille de sa mort ? La Mère encore ? Où l'Inconnue attendue ?

T'ai-je perdue ? T'ai-je gagnée
Je ne sais plus où vont tes pas

30L'Inconnue. Savourée, peut-être. S’il est vrai que "Toi, rien que toi… ferme mes chemins", c'est de "salive amère". S'il écrit : "J'ai beau faire / Je te sens là", il lui jette brutal ; "Je plonge en toi comme un forçat". S'il avoue : "On ne vit que de son amour", il se désole : "Je ne suis qu'un mur / qui regarde passer la route". S’il bluffe : "On se sauve du feu on invente un autre amour", pourtant son angoisse l'interroge : "Est-il vrai que je t'invente / Est-il vrai que tu mourras ?

31Son désarroi est si amer sur

Cette vie où chaque matin je dois réinventer
Que c’est la femme qui est belle
Non la poubelle

32qu'il chute sur soi-même

Je m'effare
De prendre pour une autre une femme que j'aime

33Et il écrit

Le lait noir de ma vie atteignait ses frontières

34et

L'amour se construit de vide

35L'amour se construit en l'illimité de la dérade du sexe et de l'esprit.

36Mais, repensant son étonnante guérison, il sourit au poète. Retrouvons le poème "Miracle".

…miracle d’être en vie
Et d'avoir saigné
D'être un homme sans parents
Pourvu de mots pour le dire

37Le poème n'est-il pas, en noce de Cana de l'imaginaire le miracle qui accorde à l'eau journalière de la phrase d'être changé en vin.

38Mais l'Autre, c'est aussi lui le Père. Celui auquel il écrit en 1973, Du Même Au Même, l'unique lettre en ses poèmes : "La Lettre au Père". Si émouvante, surtout si l'on se souvient que son fils ne l'a pas connu.

Tous les vieux meurent
……………..
Oh je dois essayer pendant que je le peux encore
De te transmettre
……………………….
Mes yeux se brouillent
Et j’ai du mal à te porter
Moi qui suis ton éternité.

39Et il lui redonne existence, le couronnant de songe

Tant que je vivrai tu seras
Enfant conscrit jeune roi

40le forgeron claironnant, qui rencontre la fille du charpentier respecté, le boute en train des repas de noces. Et elle, sa mère, la mariée

Elle est autour de toi comme le chèvrefeuille
Sur son ventre où bouge ta graine
Ta rude main est plus légère qu'une alouette

41Mais

La guerre va venir te prendre
Il me faudra te reconnaître
Sous le déguisement des morts
Moi qui suis né pour que tu vives

42Nous le retrouvons son modèle social, ce soldat de Verdun, qui fut d'abord un militant ouvrier des rudes luttes de classe du XIXe siècle.

43L'Autre c'est aussi, dans Il n'y a pas d'exil, sa fille Claude

Tu as seize ans

D'ici je te salue

44Il est en tournée de conférences

D'ici je te salue
Ma fille de seize ans
Toi qui montes la garde
A l'orée du printemps

45C'est en l'image unissant teintes et sons en éveil d'espoir, qu'il affirma près d'elle sa présence.

46Cependant Rousselot est, et peut-être d'abord - selon l'appellation de Simonomis "le copain des poètes" - ces autres lui-même. Il les recherche, les découvre par l'amitié et dans leurs ouvrages ; et parfois, en quelque sorte, les recrée, plus audibles, plus vivants - alors qu'il étend son écoute sur une sorte d'illimité, l'entière production poétique, par ses Anthologies et surtout son Larousse Dictionnaire de la Poésie Française Contemporaine.

47L'offre est si vaste, et le temps compté, que je ne m'attarderai pas sur les essais majeurs, de trop de poids pour être effleurés. Pas même avec "L'homme qui faisait penser à Dieu, à l'ombre des clochers" - Max Jacob le Protée joyeusement douloureux sous son inséparable béret, qui résuma Montmartre, avant que sa ferveur tourmentée, si chère à Jean Rousselot dans le chapitre "Pris au serieux", ne draine les jeunes ferveurs poétiques entre les murs de Saint-Benoît ; jusqu'à ce que son martyr volontaire en referme les portes. Pour un éclairage rapide des attentions multiples du Poète de l'Autre, je vais procéder par, en quelque sorte, une mise en vitrine par rayons de sensibilités et d'écritures diverses.

48Puisqu'avec Max Jacob je suis passé à l'ombre des clochers, j'y reconnaîtrai avec Rousselot : "le caractère rapsodique et hiératique du poème biblique" de Jean Grosjean ; proche de lui l'Orphée d'un Christianisme biblique, Pierre Oster-Soussouev ; cependant que celui d'André Marissel est perçu "crispé" et celui d'Yvonne Caroutch, joie de "petits éclats d'éternité", qui atteignent la chair " dans un éclairage surréel". De Jean Cayrol, l'ami du Colonel Rémy, engagé dans son réseau dès 1941. déporté en 1943 au camp de Manthausen (nacht und nebel) - d'où revint en 1945 "un grand poète qui a vaincu la mort" comme l'a écrit Pierre Emmanuel - de ce "Lazare de la mort lente" - ainsi le nomme Jean Rousselot, la pensée profonde selon lui est que chaque homme soit un Christ et qu'il n'en sache rien" ; cependant qu'il perçoit chaque autre comme "l'autre soi-même à aimer". Quittée l'ombre des clochers, le paysage devient de granit. Avec Guillevic "ce nom qui sonne dur, agressif, concentré "comme" le symbole même de cette poésie elliptique et nette, aux formules décisives, sans musique et sans réplique". Cependant que Pierre Emmanuel expose "une marée de soleils rouges en rumeurs de granit "par" un beau vers qui se mord la queue… sans avoir dit que sa propre beauté". Le tailleur breton de pierres Le Quintrec, lui, est aussi "un enlumineur".

49Cette "patrie du poète, le langage" comme dit Jean Orizet, il l'explore en son entière variété de paysages. Le message de Jean Tardieu veut passer la rampe en allant du grave au burlesque. Là, il visite les étranges paysages intérieurs de Simone Jacquemard. Laporte oscille entre "un symbolisme luno-solaire et un surréalisme rosoyant" cependant que Joseph Rouffanche a "le goût de l'anecdote rustique et légendaire". Il met en scène le "grand ballet d'images de Guy Cabanel, dont Sabatier dit qu'il faudrait mieux le connaître, comme nous le disons d'Henri Lambert, Pour qu'il demeure ce génie reconnu par Gide, agréé par la N. R. F., puis rejeté. Rousselot retrouve aussi Claude Tarnant, ce fanatique, qui fonda avec Yves Bonnefoy La Révolution La Nuit ; et ce Prevert grinçant en grand amour du pauvre, Jean L'Anselme. "Le sens du temps dans le sens du poème" n'engage-t-il pas "la responsabilité humaine", comme le pense Henry Deluy, qui a répertorié jusqu'en Rabelais et Ruteboeuf, les jeux lettristes d'avant le Lettrisme.

50Rousselot s’attache à déceler des parentés. C'est Jacques Temple, proche de Cendrars en ses "poèmes erratiques et basanés" ; Jean Verdure sous l’influence du Milocz du Cantique du Printemps ; Maurice Fombeure buvant aux siècles divers - ses sources s'étendant de Villon et Saint-Amand à Apollinaire ; Bertrand D'Astrog semant en sillon Péguyste ou Claudélien.

51Mais parce que la poésie en certains poètes s'intériorise davantage à la pensée, il écoute "les résonances philosophiques de Charles Moreau ; et "la voix tendre et sobre" de Pierre Morhange, dont les raccourcis fulgurent jusqu'en l'universel.

52L'intérêt de Jean Rousselot s'étend à l'universalité de la culture. A Nelli et l'Occitanie, avec Rouquette, Serge Bec. Mais aussi Paul-Louis Rossi penché sur les anciens textes occitans et les explats catalans, "Encor" à la poésie hongroise.

53Toutefois, si l'union de la poésie à la peinture le séduit en son ami, Roger Toulouse, peintre de la "Fête joyeuse" ; et si Rousselot, comme Bealu, illustra de ses poèmes ; par contre mettre la poésie en chanson, c'est pour Rousselot mettre de l'eau dans le vin - un authentique sacrilège. Il ajoute cependant : "Ce n'infirme en rien le pouvoir désaltérant de l'eau". A la source-poème, n’est-ce-pas.

54Cristalline est la relation, l'alliance entre ce que le Poète de L'Autre écrit des autres, et la vertu de sa propre poésie. Liées à son travail critique, des affinités se découvrent. Mais si, inévitablement, il subit des influences au long de son œuvre, elles se découvrent enrichissement. Ne dit-il pas :

La pensée elle-même est un plafond grouillant d'infiniment petits

55Et, sous l'impression d'un trop plein recueillant le vide littéraire :

Avant ? Après ? Toujours le même écusson vide.

56C'est qu'en lui l'ambition d'exprimer rejoint la volonté de vivre - et là nous rejoignons l'homme soucieux de l'homme ; elle n'est pas de tout connaître mais de tout atteindre. L'indicible avec le quotidien ; le présent en son avenir. Et le seul lieu où le mortel peu s'unir à l'éternité est la création poétique. Au mot musicien elle accorde la seule espérance d'exister en devenir. Et pourquoi pas, si elles y peuvent aider, ne pas accorder accueil aux ruses diverses que s'accorde le poète multiple ; et aux techniques multiples qu'accorde l'histoire de la poésie !

57Mais poésie ne s'abandonne au poète que dans le silence. Sabatier dit de Rousselot qu'il ne cessera jamais de s'interroger sur "l'Oiseau de la parole" ; sur les ailes miraculeuses que l'inspiration accorde à qui reçoit l'onde d'amour sous son regard. Epreuve ou félicité ? L’épreuve accordant à la félicité, l’humilité essentielle. "L'envie de dire /… c'est une étrange maladie /… et beaucoup en sont morts".

58Pour rester avec Rousselot, il faut toujours en revenir à l'Homme. Même quand il devient "passage obscur", "Il n'y a pas d'exil". Le poète est là pour créer le temps des autres. S'il n'adhère pas au "dieu visage", il en reformule charnel ce que les chrétiens appellent du Christ, le Corps Mystique.

Nous sommes tous les membres
D'un même corps de peau tendre

59Un homme, c'est toute la terre. Il est présent partout. Il agit partout. Il est responsable de tout.

60Comment un tel homme aurait-il pu être indifférent à notre défaite acceptée et au triomphe nazi. Du maquis aux Forces Françaises Libres, il s'engagea. Il fut de ceux, des rares qui sauvèrent l’honneur de la poésie et des lettres françaises, - quand la N.R.F. collaborait et que Poésie 42 en son no 10 saluait en "Ceux Qui Nous Aident", "Monsieur le Maréchal, Chef de l'Etat, pour la marque d'intérêt dont il vient de nous faire part en souscrivant cinq abonnements d'honneur personnels nominatifs à Poésie 42". Résurrection celle, la seule des publications non clandestine, qui dénonça clairement le génocide, sur la couverture de son cahier Attentes De L'homme est heureuse de lui rendre un public hommage.

61En Jean Rousselot, le Je envahissant qui parfois rassure, se retrouve toujours solidaire de ceux qu'accablent toutes les formes du destin. Et c'est à eux qu'il crie, quasi en suppliant : "Ne me haïssez jamais… N’est-ce-pas assez que je me haïsse !" Il se découvre comme un Christ par lui-même blessé. Et pourtant il a vécu

Je dis que c'est bien moi qui ai vécu
Je dis que c'est bien moi qui suis, qui pars

62Lui le Poète de l'Autre, qui restera en nous.

Auteur

Revue "Résurrection"

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