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L'observatoire de Toulouse aux xviiie et xixe siècles

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Jérôme Lamy

Première partie. Le foisonnement des Lumières (1734-1789)

Chapitre 1. Genèses et constitutions des observatoires toulousains

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Géographique :

France

Texte intégral

1La construction d’espaces consacrés à l’observation astronomique à Toulouse au siècle des lumières s’inscrit d’abord dans une puissante dynamique académique. Il convient de retracer l’émergence de ce soutien ainsi que l’engagement des forces politiques locales dans ce projet. Au milieu du xviiie siècle, la logique collective cède le pas aux logiques individuelles qui conduisent les astronomes de la cité garonnaise à ériger des observatoires particuliers au-dessus de leurs propres habitations. Membres d’une élite toulousaine restreinte, les savants tentent de s’y distinguer en se consacrant à l’étude des astres. Cet examen du ciel suppose une organisation particulière des lieux d’observation, une disposition spécifique des instruments, ainsi qu’une sélection précise du matériel bibliographique.

L’observatoire de la tour des remparts

2Le premier espace d’observation toulousain au xviiie siècle, s’inscrit matériellement dans l’architecture autrefois défensive de la cité garonnaise. Surtout, il apparaît comme un projet collectif, porté par la Société des sciences locale et soutenu par les édiles municipaux.

3L’observatoire de la tour des remparts est donc inséré dans un réseau complexe de relations entre les membres d’une compagnie savante à peine établie et les représentants du pouvoir politique toulousain. Toutefois, la convergence des efforts pour maintenir un lieu consacré à l’astronomie ne résiste pas aux volontés individuelles de posséder un observatoire personnel.

L’impulsion de la Société des Sciences

  • 1 Paolo Rossi, La naissance de la science moderne en Europe [traduction de l'italien par Patrick Vig (...)
  • 2 Roger Hahn, L'anatomie d'une institution scientifique, op. cit., p. 25.

4L’Europe occidentale connaît à partir du xviie siècle un vaste mouvement académique qui s’amplifie au xviiie siècle. Ces nouveaux espaces savants de discussions, d’échanges et d’analyses, se structurent peu à peu et se dotent de règles spécifiques de fonctionnement1. Mais la circulation des idées et l’examen des expériences présentées n’ont pas été les seules réalisations des académies. Les observations astronomiques ont parfois accompagné le développement des sociétés savantes. Ainsi l’Observatoire de Paris avait été initialement conçu comme le lieu de réunion des académiciens de la capitale. Le lien entre l’académie des Sciences de Paris et son observatoire est extrêmement fort, puisque son achèvement en 1672 fut considéré « comme la preuve que l’académie était fermement établie2 ».

  • 3 Daniel Roche, Le Siècle des Lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1680-1789 (...)
  • 4 Roger Hahn, « Les observatoires en France au xviiie siècle », art. cité, p. 656.
  • 5 Jean-Michel Faidit, L'Observatoire de la Babote, op. cit., p. 21.
  • 6 Jean-Michel Faidit, Les « amateurs de sciences », op. cit., T. II, p. 235.
  • 7 Ulf Sinnerstad, « Astronomy and the first Observatory », in Tore Frängsmyr (ed.), Science in Swede (...)
  • 8 James Mc Clellan, Science Reorganized. Scientific societies in the eighteenth century, New York : (...)

5Les académies provinciales, qui se cherchent « en miroir de Paris3 », se sont parfois directement inspirées de la capitale pour la création d’un observatoire en leur sein. L’académie de Dijon, sous l’impulsion de l’abbé Fabarel se dota d’un lieu dédié aux observations dès 17394, elle fut bientôt suivie par la Société des sciences de Montpellier5, puis celle de Béziers6. L’Europe tout entière a connu ce phénomène d’association entre une académie et un observatoire. Ainsi l’académie royale des Sciences de Suède, à l’initiative de son secrétaire Petrus Elvius, érigea un espace d’observations astronomiques au milieu du xviiie siècle7 ; James Mc Clellan en répertorie onze dans toute l’Europe8.

  • 9 Archives de l'Académie des Sciences Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, (AAST), Registre d (...)
  • 10 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 14 février 1729, f° 1. Je renvoie ici, pour tout (...)

6C’est dans ce contexte général que le premier observatoire de Toulouse fut créé. Ce n’est qu’en 1729 qu’une poignée de notables de la cité garonnaise se réunissent et décident de former une société qui « a pour objet de cultiver les diverses parties de la physique »9. Dès la première assemblée, le 14 février 1729, le modèle parisien est mis en exergue et l’objectif affiché est de devenir « une véritable académie qui mérite par ses recherches d’être associée à l’académie des arts et des sciences établie à Paris10 ».

  • 11 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 3 février 1730 f° 11 v°.
  • 12 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 7 mars 1730, f° 19.
  • 13 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 23 mai 1730, f° 22.
  • 14 Ibid., séance du 22 février 1730, f° 12 v°.

7L’astronomie n’était pas négligée dans les différentes conférences qui se tenaient chaque semaine. Le Père de viviers, capucin intronisé en février 173011, lit, dès le mois suivant un « mémoire sur une comète12 ». Il multiplie ensuite les interventions pour prévenir les sociétaires du déroulement d’éclipses à venir. D’autres conférenciers abordent plus ou moins directement des thèmes astronomiques : le marquis d’aussonne fait la lecture d’un texte « sur les aurores boréales13 », M. Banière présente, lui, ses réflexions personnelles sur le système du flux et du reflux de la mer14.

8Au milieu des mémoires sur la chimie, sur les mathématiques ou l’étude des végétaux, la science des astres trouve rapidement des orateurs au sein de la jeune Société des Sciences toulousaine. Cependant, si les marques d’un intérêt certain pour l’astronomie sont discernables, on ne trouve nulle trace d’une observation astronomique relatée : il ne s’agit que de textes théoriques ou de calculs au caractère prédictif. Un jeune avocat au barreau de Toulouse, attiré par l’étude de la géométrie va permettre le passage des simples exposés explicatifs à des recherches observationnelles concrètes.

  • 15 Ibid., séance du 16 mai 1731, f° 22 v°.
  • 16 Ibid., séance du 11 décembre 1731, f 33 v°.
  • 17 Ibid., séance du 25 décembre 1732, f° 43.

9François Garipuy fait son entrée à la Société des Sciences de Toulouse le 16 mai 173115. Soutenu et encouragé par deux autres membres, le médecin Borrust et le jésuite Durranc qui avaient tous les deux supervisé ses premiers travaux mathématiques, Garipuy propose quelques mémoires. Sa première intervention reste dans la tonalité des mémoires astronomiques précédents, puisqu’il donne une explication « des parallaxes et des réfractions » avant de faire part « à l’assemblée du calcul qu’il a fait de l’éclipse de lune qui doit arriver le 1er décembre de l’année 173216 ». Mais à la différence de ses prédécesseurs, Garipuy va observer cette éclipse. On ignore tout de cette observation, si ce n’est que le jeune astronome en donne un compte rendu devant la savante assemblée le 25 décembre 1732, et que les membres de la Société des Sciences l’invitent à faire parvenir le fruit de ses recherches « à Mr. de Fontenelle, Secrétaire de l’académie des Sciences de Paris17 ».

  • 18 Ibid., séance du 14 avril 1733, f° 47.

10François Garipuy a donc franchi le pas de l’observation d’un phénomène céleste, avec des moyens probablement très réduits, et dans le même temps il en réfère à l’institution parisienne. La réponse de Jacques Cassini, lue devant l’assemblée, a été suffisamment élogieuse pour que les confrères du jeune astronome le prient de bien « vouloir continuer ses observations ». Garipuy répond alors « qu’il n’avoit point d’instrumens ». Il est immédiatement délibéré « qu’il pourroit faire faire les lunettes nécessaires pour l’observation des éclipses prochaines18 ».

11L’encouragement parisien a fait basculer l’activité académique du simple enregistrement des mémoires présentés à l’implication dans un processus d’observations actives.

  • 19 Ibid., séance du 5 mai 1733, ff° 47 v°-48.

12L’enthousiasme gagne la Société des Sciences : peu de temps après la missive de Cassini, le président de l’assemblée Jean-Baptiste d’Ouvrier souligne « qu’il y auroit bientôt une éclipse de Soleil [et] que la société n’avoit point d’instrumens pour en faire l’observation et qu’il conviendroit de faire nécessairement à un quart de cercle que l’on pourroit perfectionner dans les suittes19 ».

  • 20 Archives Municipales de Toulouse, (AMT), BB 59, Registre des délibérations du Conseil de Bourgeois (...)
  • 21 AMT, BB 59, Registre des délibérations du Conseil de Bourgeoisie, séance du 23 juillet 1734, f° 21 (...)

13Mais l’acquisition d’outils astronomiques n’était certainement pas suffisante. Pour que leur usage soit le plus pertinent possible, il était nécessaire de les installer dans un lieu approprié. Le 13 juillet 1734, les membres de la Société des Sciences formulent un souhait devant le conseil de Bourgeoisie : « que la ville leur baille une tour pour y former un observatoire20 ». L’assemblée municipale désigne des commissaires pour examiner cette question, et dans sa séance du 23 juillet suivant, la ville accorde à la société savante « une tour qui est à la descente du rempart aux Pénitens noirs […] pour y faire leur observatoire21 ».

14On mesure donc ici l’importance de la Société des Sciences, comme intermédiaire avec le pouvoir municipal. L’observatoire n’est pas l’affaire de quelques-uns de ses membres, mais il concerne le collectif savant, c’est donc lui qui négocie avec la ville l’obtention d’une tour pour faire des observations.

  • 22 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 21 février 1737, f° 60.
  • 23 Ibid., séance du 10 avril 1736, f° 8.

15Dans le fonctionnement même de cet observatoire on retrouve le caractère plus individuel des initiatives. Ainsi François Garipuy a-t-il lui même avancé des fonds pour effectuer d’indispensables réfections dans la tour ; il en demande ensuite le remboursement à la Société22. Cependant lorsque les sommes investies sont trop importantes, l’assemblée savante dégage des subsides. Le 10 avril 1736, il est délibéré « qu’on employeroit à [d]es réparations la somme des trois cents livres ». La Société souligne à cette occasion l’abnégation dont elle fait preuve et les motivations d’un tel sacrifice, car quoiqu’elle « n’ait point de grands fonds, elle a cru cependant qu’il n’y eu point d’efforts qu’elle ne dut faire pour seconder le zèle de M. Garipuy et Luy faciliter tous les moyens de continuer ses observations astronomiques23 ».

  • 24 Ibid., séance du 20 août 1743, f 279.

16Dans la genèse de l’observatoire de la tour des remparts, les rapports entre la décision collective et les désirs individuels sont permanents. Il s’agit même parfois de convaincre individuellement les membres d’apporter leur contribution à la mise en place de l’observatoire. François Garipuy se charge en août 1743 « de faire une vizite de Mrs. Les associés qui avoient promis de contribuer aux réparations de l’Observatoire, pour savoir s’ils voulaient exécuter leur promesse24 ». Pour les membres de la compagnie savante, éloignés des préoccupations de l’astronome, l’inspection des ouvrages faits et à faire est destinée à emporter leur adhésion et à les impliquer financièrement.

17Ainsi le projet d’observatoire s’il ne concerne qu’une poignée d’observateurs, se place aussi, par la part active qu’y prennent ses membres, au cœur des préoccupations de la Société des sciences.

18Cet engagement est d’ailleurs ensuite présenté comme un argument en faveur de l’obtention des lettres patentes du roi, marquant la reconnaissance officielle de l’assemblée savante. Le secrétaire de la séance du 20 janvier 1746 souligne « que

  • 25 Ibid., T. IV, séance du 20 janvier 1746, f 46.

19Les associés pour fournir aux frais courants de la société, [et] à la construction de partie de l’Observatoire […] ont fait des dépenses considérables25 », justifiant amplement l’impétration du document consacrant leur compagnie.

20Évidemment un tel investissement n’est pas sans contre partie, et un contrôle s’exerce sur ce lieu d’observation.

  • 26 Ibid., séance du 12 août 1745, f 37.
  • 27 Ibid., T. V, séance du jeudi 1er septembre 1746, ff° 42-43.
  • 28 Ibid., séance du jeudi 1er septembre 1746, f° 43.

21On envisage d’abord « de nommer des commissaires pour l’Observatoire26 », finalement un intendant est désigné, non seulement pour « veiller à [son] entretien », mais également pour que les astronomes lui exposent les « projets qu’ils pourroient avoir pour [le] perfectionner27 ». C’est sur son avis que le bureau économique de la Société « pourra déterminer de faire des changements28 ». La gestion de l’observatoire n’est donc pas laissée aux seuls utilisateurs du lieu, et des structures d’administration se mettent en place.

  • 29 Ibid., T. III, séance du 3 juillet 1736, f° 46.

22Ce contrôle n’est pas la seule contrepartie exigée par la Société des sciences. En effet, cette dernière investit physiquement l’observatoire de la tour des remparts, pour parfois y tenir ses assemblées. Le 3 juillet 1736, la séance hebdomadaire s’y déroule, « dans la chambre qui est au rez-de-chaussée et qui avoit été mise en état par les Soins de Mr. Garipuy29 ».

  • 30 Ibid., séance du 30 mars 1744.
  • 31 Ibid., séance du 16 avril 1744, f° 328.
  • 32 Ibid., séance du 16 juillet 1744, f 369.

23À partir de 1744, à la recherche d’un lieu de réunion, la Société insiste pour que ses séances se déroulent désormais systématiquement à l’intérieur de l’observatoire30. Mais des réparations en cours l’obligent à « s’assembler aux carmes31 ». Devant la multiplication des difficultés, la Société renonce : « les Délibérations prises de tenir les assemblées dans la tour de l’Observatoire ne pouvant avoir leur exécution […] on a déterminé de cherché un autre logement32. »

24Cette détermination à installer les conférences hebdomadaires dans une salle du lieu d’observation astronomique témoigne de l’intérêt que la Société porte à cet espace spécifique de recherche, et illustre la prise de possession concrète qu’elle entend y avoir. L’observatoire est une conquête de la Société des Sciences, il doit son existence à la ténacité de ses membres, et aux efforts qu’ils lui ont consacrés, la compagnie savante indique clairement qu’il n’est pas un territoire à part, au statut flou. Au besoin, la Société l’utilise comme emblème ou symbole.

  • 33 Ibid., T. IV, séance du 29 août 1744, f° 7.

25En août 1744, l’assemblée est convoquée pour savoir quels moyens ses membres souhaitent mettre en œuvre « pour donner des marques publiques de sa Joyë à l’occasion de la convalescence du Roy », louis xv. Outre le chant d’un « Tedeum en Musique et Simphonie dans la chapelle des Pénitens bleus », il est décidé « de faire des illuminations à l’Observatoire ». L’éclairage est somptueux et « les deux façades qui regardent la ville étoit ornée de quantité de lanternes et de lampions qui représentaient plusieurs figures ». L’éclat de ces réjouissances utilise l’observatoire comme support des marques de « zelle respectueux que la Société des Sciences a Pour l’auguste Personne du Roy33 ».

26La compagnie prend non seulement possession de la tour des remparts, mais elle en fait un décor pour les manifestations publiques de déférence au souverain, un monument d’expression politique.

  • 34 La Société des sciences a également créé un jardin botanique et utilisé une tour des remparts pour (...)

27Le rôle de la Société des sciences de Toulouse dans la fondation d’un observatoire est décisif34 : elle soutient l’initiative d’un de ses membres, elle est l’interlocuteur privilégié du conseil de Bourgeoisie de la ville, et nombre de ses membres se sont financièrement impliqués dans son aménagement. Mais la démarche n’est pas désintéressée et la Société multiplie les marques d’appropriation de l’observatoire. Elle vérifie que la gestion de cette espace ne lui échappe pas, et elle l’investit – ou tente de le faire – pour ses assemblées hebdomadaires, sans négliger d’en faire parfois un emblème visible.

28Cependant, si l’impulsion de la compagnie savante est considérable, elle s’avère rapidement insuffisante et les ressources publiques locales sont indispensables pour le maintien de l’observatoire.

Les recours à la puissance publique et l’abandon de la tour des remparts

  • 35 Eric G. Forbes, « The foundation of the first Gôttingen Observatory : a study in politics and pers (...)
  • 36 John S. Reid, « The Castelhill Observatory, Aberdeen », Journal for the History of Astronomy, vol. (...)

29Comme nous l’avons vu, la Société des Sciences de Toulouse a fait appel à la ville pour lui octroyer la tour des remparts. Au xviiie siècle en Europe, les municipalités ou les autorités locales ont été parfois sollicitées pour la création d’observatoires. Le gouvernement de Hanovre a ainsi activement participé à la construction d’un tel monument à Göttingen en 174835. Les édiles de la ville D’aberdeen contribuèrent, eux, en 1780 à l’érection de l’Observatoire de Castelhill36.

  • 37 Philippe Nelidoff, La municipalité de Toulouse au début de la Révolution, Toulouse : Presses de l' (...)
  • 38 Sur les compétences des Capitouls, cf. Grégory Barbusse, Les familles Capitulaires au xviiie siècl (...)

30L’autorité municipale à Toulouse au xviiie siècle est particulièrement puissante. Elle se compose d’un corps de ville et de conseils, parmi lesquels le conseil de Bourgeoisie qui veille au maintien des privilèges de la cité. Cependant, comme le note Philippe Nelidoff, « ce sont les capitouls qui ont la haute main sur toutes les affaires locales37 ». Les magistrats capitulaires, avec à leur tête le chef du consistoire, ont toute compétence en ce qui concerne les affaires de police, l’application des règlements et la régulation de la vie économique locale38. L’effort municipal concerne également la Société des sciences, dès sa création et tout au long du xviiie siècle.

  • 39 ASST, Registre des délibérations, T. I, séance du 23 mai 1730, f° 22.
  • 40 AMT, GG 933, pièce A, cité par Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-L (...)
  • 41 Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, op. cit., T (...)
  • 42 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 17 décembre 1745, f° 26.

31Dès sa fondation, la compagnie avait averti les capitouls de son existence et les interpellait sur la « nécessité […] d’avoir un logement plus convenable39 », que leur lieu initial de réunion. La réponse du chef du consistoire témoigne d’une indéniable sympathie : « nous vous promettons d’avance tous nos soins et tous nos secours40 ». La Société des Sciences n’a eu de cesse d’intéresser le pouvoir municipal à son développement, à ses recherches et à ses travaux. À partir de 1746, elle organise deux fois par an des assemblées publiques qui lui permettent d’élargir son audience et surtout « de justifier son existence aux yeux des autorités41 ». En effet, les capitouls sont systématiquement invités et leur venue fait l’objet d’un cérémonial pointilleux qui les convie aux premières places42.

  • 43 Ibid., T. XIII, séance du 25 août 1771, f° 28.
  • 44 Ibid., T. VI, séance du 25 août 1750, f° 227.

32À plusieurs reprises les membres de la compagnie se félicitent de leurs rapports avec les autorités municipales. Ils insistent sur le caractère actif des aides apportées, en soulignant qu’ils ont fait « bon usage […] des libéralités de la ville à [leur] égard43 ». En 1750, un académicien donne « à la Ville de Toulouze Les Eloges dus au zele quelle témoigne pour le progrès des Sciences, des lettres et des arts44 ».

33On mesure donc la très importante implication de la municipalité dans la vie académique et le soutien constant qu’elle a apporté. La qualité des relations entretenues pousse les sociétaires à faire appel au pouvoir local, en particulier lorsqu’il s’agit de l’observatoire.

  • 45 Ibid., T. III, séance du 13 juillet 1736, f° 34.

34L’insuffisance des moyens de la compagnie devant les coûteux aménagements que réclame la tour, la contraint à demander de l’aide. Rapidement il appert que les sommes engagées ont davantage « montré ce qu’il y a à faire pour mettre ce bâtiment en estat qu’elles n’ont servi à conduire l’ouvrage à sa perfection ». On juge alors convenable « de solliciter MM. Les capitouls et MM. Les Bourgeois45 ».

  • 46 AMT, BB 49, Registre des délibérations du Conseil de Ville, séance du 23 juillet 1734, f° 218.
  • 47 Ibid., séance du 15 janvier 1735, f° 246 v°.
  • 48 AAST, Registre des délibérations, T. IV, séance du 13 janvier 1746, f° 42.
  • 49 Ibid., T. V, séance du 21 juillet 1746, f° 6.
  • 50 Le versement total était de 1 000 livres, la moitié pour décerner un prix, et l'autre pour l'obser (...)

35Ces derniers, après s’être initialement acquittés d’une obole de 450 livres46, ont accordé une somme supplémentaire de 90 livres, afin de parachever l’observatoire47. Surtout la municipalité répond le plus souvent positivement aux secours que réclame sans cesse l’aménagement de la tour. En juillet 1736, elle accorde à cette fin « quinze cents livres à Messieurs de l’académie des Sciences48 ». Dix ans plus tard, les capitouls promettent à la Société une somme de 500 livres, notamment destinée à « l’entretien de l’Observatoire », si elle obtient les lettres patentes la consacrant. Lorsqu’enfin, elle conquiert les précieuses missives en 1746, devenant par la même l’« académie royale des Sciences, inscriptions et Belles-lettres à Toulouse »49, les magistrats capitulaires lui accordent la somme prévue50. Les membres de la Société des Sciences profitent de toutes les occasions pour exhorter les édiles à poursuivre leurs investissements en faveur de l’observatoire.

  • 51 AAST, Registre des délibérations, T. III, Assemblée publique du 4 juin 1737, f° 83.

36Dans cette perspective, les assemblées publiques auxquelles ils assistent sont une tribune privilégiée. L’art oratoire permet d’y déployer une rhétorique convaincante. François Garipuy, l’astronome à l’origine de la création de l’observatoire, s’attache bien sûr à rendre compte de ses différentes recherches, mais aussi à « exciter en même tems » le zèle des capitouls « pour nous aider à porter cet édifice à la perfection51 ». L’argumentaire tend à montrer que les subsides accordés n’ont pas été dilapidés avec inconséquence, et Garipuy veut persuader les magistrats municipaux de renouveler leur geste.

  • 52 Ibid., séance du 13 juillet 1736, f 34.

37Si l’éloquence verbale est un outil précieux pour s’assurer le soutien de la puissance publique, il est parfois nécessaire d’utiliser d’autres moyens. Ainsi les membres de la Société des sciences s’interrogent sur la possibilité de pousser « la ville à contribuer à la construction d’un Édifice qui pourra un jour contribuer luy même à son ornement et sa gloire52 ». L’adjuration s’appuie sur une rhétorique anticipant les éventuels profits symboliques que pourrait faire la municipalité en acceptant de porter secours à l’observatoire. La Société des sciences traduit sa demande en gains potentiels pour la ville.

  • 53 François Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de To (...)
  • 54 Ibid., p. 3.

38La mise en place de l’observatoire dans la tour des remparts exige des subsides sans cesse plus importants. François Garipuy adopte alors une autre stratégie. Il publie un Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l’Observatoire de Toulouse, les raisons qu’il y a à finir cet Édifice, & devis estimatif de ce qui reste à faire53. Dans ce cours texte l’astronome souligne le rôle décisif de la ville dans la création de l’espace d’observation, il rappelle l’ampleur des travaux engagés par la Société des sciences et détaille les améliorations à apporter pour lui donner « la dernière perfection54 ».

  • 55 Ibid., p. 8.
  • 56 Ibid., p. 5.

39Le total des dépenses projetées est de 10 200 livres55, somme que la compagnie ne peut supporter seule. C’est pourquoi Garipuy, « sûr de l’affection [de] cette ville », s’adresse à elle. Pour forcer la décision, il n’hésite pas à faire jouer une éventuelle compétition entre cités, et tente, tout en les flagornant, de piquer au vif l’amour-propre des édiles. Ainsi ne doute-t-il pas « que, tandis que des villes moins considérables multiplient leurs dépenses pour de pareils établissemens, celle qui continue de leur servir d’exemple, ne conserve ses droits, en mettant la dernière main à un ouvrage digne d’elle56 ».

  • 57 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 28 mai 1738, f° 128.
  • 58 Ibid., f 129.
  • 59 Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, op. cit., T (...)

40Très certainement consciente des limites de cet argumentaire au regard des subsides désirés, la Société des sciences décide de faire appel à l’archevêque d’Albi, Monseigneur de Castries. Elle engage ce dernier « à appuyer de son autorité et de son crédit auprès du conseil de ville le mémoire qu’on luy a présenté au Sujet de l’observatoire et de la demande qu’on luy fait de dix milles livres57 ». Le prélat, flatté d’avoir été invité en 1737 à une assemblée publique de la Société, soutient sa démarche et se dit prêt à user de toutes ses « sollicitations auprès du conseil58 ». Mais les capitouls rejetèrent la demande de crédit59.

41Ce refus ne doit cependant pas occulter l’engagement permanent de la ville dans l’édification d’un observatoire à la tour des remparts. Les capitouls se montrent plutôt sensibles aux arguments de la Société des sciences.

42Pour autant les aides et les secours alloués ne sont pas des blancs seings que la ville accorderait sans discuter. Les édiles toulousains n’oublient pas que la tour est une propriété municipale et que la Société des sciences n’en est que locataire par l’intermédiaire d’un bail.

  • 60 AMT, BB 50, Registre des délibérations du Conseil de ville, séance du 25 août 1741, ff° 251-251 v°
  • 61 Ibid., f 252 v°.
  • 62 François Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de To (...)

43En août 1741, la savante assemblée soumet au conseil de la ville un projet d’aménagement visant à « démolir la montée des ramparts qui est près de [l’]observatoire […] pour faire une entrée sous-terraine jusque au pied de cette tour60 ». Dans leur délibération les magistrats capitulaires consentent à cet agencement, mais ils posent des conditions précises. Ils exigent d’abord que les frais occasionnés par les travaux soient supportés par la seule Société des sciences. Ensuite ses membres « rendront ladite tour dans le cas que la ville en avoit besoin pour les deffenses de ses murailles61 ». Il est ici fermement rappelé que l’observatoire occupe un espace particulier de l’architecture urbaine et que la cité en reste détentrice. François Garipuy reconnaît sans ambage que ce monument « lui apparteneoit » et qu’à ce titre « c’étoit un Édifice public62 ».

44Cette remarque est particulièrement importante car elle fixe le statut de l’observatoire. Si la tour n’est utilisée que par un nombre restreint de membres de la Société des Sciences, elle n’en demeure pas moins un bien commun de la ville et à ce titre conserve un caractère public.

  • 63 AMT, BB 50, Registre des délibérations du Conseil de ville, séance du 13 juillet 1736, f° 33.

45La municipalité s’inquiète également de la manière dont l’argent qu’elle dispense est utilisé. Lorsqu’en 1736 les édiles accordent 1 500 livres pour achever la construction de l’observatoire, ils ajoutent dans le même temps qu’ils nomment des commissaires « pour que les 1500 livres soient employés utilement et suivant l’objet que la ville s’est proposée63 ».

46Le soutien de la puissance publique à la fondation d’un observatoire toulousain est soumis à des règles précises. L’exercice d’un contrôle gestionnaire n’est qu’une des contreparties à l’investissement municipal.

47Les liens noués entre la ville et la Société des Sciences, lors de la création de l’observatoire, laissent apparaître un régime de reconnaissance réciproque, offrant des conditions optimales de travail aux astronomes, et un certain prestige à la cité toulousaine. Pour convaincre les édiles d’œuvrer en faveur de l’observatoire, la Société des sciences déploie une palette d’arguments très large : des retombées symboliques pour la ville à son positionnement par rapport à d’autres cités. Usant de l’art oratoire ou de ses relations avec les autorités ecclésiastiques, elle fonde sa rhétorique sur un enrôlement de la municipalité dans son projet d’observatoire. Celle-ci accède le plus souvent aux désirs de la savante assemblée, tout en contrôlant ses investissements. Les édiles et les académiciens appartiennent à la même sphère sociale et culturelle et se cotoîent dans les différents cercles élitaires de la cité garonnaise. Le soutien de la municipalité à l’observatoire de la tour des remparts peut donc être interprété comme une marque de reconnaissance et un échange de bons procédés entre membres de la haute société toulousaine.

48Il convient de noter qu’une fois encore, le rapport complexe entre l’individuel et le collectif est ici à l’œuvre. La Société des sciences s’adresse parfois directement au conseil de ville, mais François Garipuy rédige seul un mémoire destiné à impliquer davantage la ville dans l’édification de l’observatoire.

49C'est dans cette tension qu'il faut notamment rechercher les raison de l'abandon de la tour des remparts comme lieu d’observation.

50La désertion de l’observatoire de la tour des remparts n’a pas une seule et unique cause. Plusieurs facteurs expliquent le retrait des astronomes de ce bâtiment.

  • 64 Archives de l'Observatoire de Paris, (AOP), B 1-6, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XI, n° 82 (...)
  • 65 AAST, Registre des mémoires copiés, T. IV, François Garipuy, Mémoire sur Les Parallaxes de la Lune (...)
  • 66 AAST, Registre des délibérations, T. VII, séance du 11 mars 1751, ff° 72-73.
  • 67 Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, Avignon : chez J. Aubert, 1777, p. (...)

51La Société des sciences projetait de tenir ses séances hebdomadaires à l’observatoire. Mais après s’être fixée dans l’hôtel de la Sénéchaussée en 1751, l’académie reconnaît que la tour des remparts ne lui est plus nécessaire64. François Garipuy reconnaît quant à lui, que l’observatoire ne peut servir aux astronomes : « cette tour ou il n’y a point de logement est trop Éloignée du notre pour que nous puissions nous y rendre à toutes les heures de la nuit65. » Garipuy préfère mener ses travaux d’examen céleste depuis sa propre demeure66. Un astronome toulousain, que nous n’avons pas encore évoqué, profite de cette occasion pour lui aussi, délaisser la tour des remparts et mettre en place son propre espace de recherche67. Il s’agit d’Antoine Darquier, élève de Garipuy, entré à la Société des Science en 1739.

  • 68 AAST, Registre des délibérations, T. II, séance du 26 juin 1742, f° 233.
  • 69 AMT, DD 109, Devis instructif pour la destruction de la Tour de l'Observatoire, 3 mai 1758.

52Les deux principaux astronomes de Toulouse, les plus assidus et les plus productifs, délaissent l’observatoire académique de la tour des remparts. Il subit, de plus, l’injure du temps68. Le bâtiment est donc abandonné puis démantelé à la fin des années 175069.

53La tour des remparts, choisie comme lieu d’observations astronomiques, peut être considérée comme une conquête collective par l’académie des Sciences. Peu à peu, cependant, les individualités les plus fortes s’expriment et s’extraient du cadre académique pour pratiquer l’astronomie.

54Il convient de mieux saisir, par une approche biographique, les parcours et les sociabilités de ces fondateurs d’observatoires particuliers, sans oublier cette entêtante volonté de l’académie toulousaine de posséder le sien.

L’ère des fondateurs d’observatoires particuliers

  • 70 Jean Marie Homet, Astronomie et astronomes en Provence, 1680-1730, Aix-en-Provence : Édisud, 1982, (...)
  • 71 Jean-Michel Faidit, Les « amateurs de sciences » d'une province et le ciel au xviiie siècle, op. c (...)

55De nombreuses études ont proposé une approche biographique des astronomes dans un espace géographique limité. Jean Marie Homet a analysé la famille des astronomes Provençaux à la charnière du xviie et du xviiie siècles, « avec ses filiations, ses parentés, ses conflits, ses ententes, ses connivences70 ». Dans sa thèse, Jean Michel Faidit se propose de « mieux cerner les générations de languedociens qui manifestent un intérêt pour l’étude scientifique du ciel71 » au siècle des lumières.

56Notre analyse si elle tient compte de ses approches biographiques, s’en démarque également. Nous portons notre attention, non pas sur les astronomes toulousains, mais sur ceux qui ont érigé un observatoire. Nous distinguerons, en outre, les premiers bâtisseurs d’établissements fixes, Garipuy et Darquier, des autres fondateurs. Enfin, au-delà des individus, il convient de ne pas perdre de vue le rôle de l’académie des Sciences de Toulouse et des pouvoirs politiques locaux dans le maintien d’un monument astronomique.

François Garipuy, Antoine Darquier et la communauté astronomique toulousaine

57Après la tour des remparts et son usage collectif, une nouvelle ère s’ouvre à Toulouse au milieu du xviiie siècle. Les deux principaux astronomes érigent leurs propres lieux d’observation. Ils marquent leur souci d’avoir une pratique assidue et régulière de la science des astres.

  • 72 Vincent Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 251.

58Tenter de tracer les portraits croisés des deux savants toulousains, à travers leurs caractères sociaux, professionnels et culturels, c’est aussi, en contrepoint, cerner ces hommes de science à l’époque des lumières. Il s’agit d’une étape fondamentale, car c’est, pour Vincent Ferrone, à ce moment-là que l’homme de science devient « l’un des protagonistes absolus de l’histoire humaine72 ».

  • 73 Antoine Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », Histoire et Mémoire de l'Académie Royales des Scie (...)
  • 74 Etienne Hyacinthe de Ratte, Eloge de M. Garipuy, lu à l'assemblée publique de la Société Royale de (...)
  • 75 Ibid., p. 1.

59François Philippe Antoine de Garipuy est né à Toulouse le 16 avril 1711. Antoine Darquier, qui se fait son biographe, précise qu’il fait ses études « de collège & d’Université73 », probablement à Toulouse sans qu’il soit permis de l’assurer. Il s’initie aux « Humanités & à la Philosophie74 », avant de s’astreindre à l’apprentissage du droit. Poussé par ses parents, il embrasse à contrecœur la carrière d’avocat. Son nécrologue à Montpellier, Etienne Hyacinthe de ratte, note que « plus il s’appliquoit à l’étude des lois, plus il étoit rebuté par leurs contrariétés apparentes75 ».

  • 76 « Éloge d'Antoine Darquier », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences Inscriptions (...)
  • 77 Antonella Romano, « Entre collèges et académies. Esquisse de la place des jésuites dans les réseau (...)

60Antoine Darquier de Pellepoix, plus jeune que Garipuy est né le 23 novembre 1718, également à Toulouse. Il est envoyé par son père au « collège des Jésuites à Paris », où il est initié à l’étude « de la physique et de l’astronomie76 ». Antonella romano a souligné le rôle fondamental des jésuites « comme animateurs de la vie scientifique, par leurs contributions à la production et aux formes de cette vie scientifique ». Les membres de la compagnie de Jésus on procuré à leurs « étudiants les outils intellectuels et culturels nécessaire à la compréhension de la production académique77 ».

61Si Darquier semble en contact, au cours de ses études avec les sciences, ce n’est visiblement pas le cas de son aîné Garipuy. Ce dernier se serait découvert tardivement, et de manière fortuite, un irrépressible goût pour les mathématiques.

  • 78 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 134.
  • 79 Ibid., p. 135. Jacques Cujas était un jurisconsulte toulousain du xvie siècle. Il s'est illustré p (...)
  • 80 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 6.
  • 81 Bernard Lamy, Traité de la grandeur en général, Paris : A. Pralard, 1680, xxxi-414 p. Sur l'œuvre (...)
  • 82 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 135.
  • 83 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 11.

62Les jeunes plaideurs toulousains se réunissaient au sein d’une « société frivole & légère », baptisée la « Calote78 ». Garipuy y fait la connaissance de l’ingénieur chevalier. Les deux hommes se lient d’amitié et l’avocat lui empreinte un livre négligemment posé sur une table : le Traité de la Grandeur du Père Lamy. Darquier décrit la fièvre qui s’empare de Garipuy alors qu’il commence le déchiffrement de l’ouvrage : « rentré chez lui il continue avidement sa lecture, dit adieu pour toujours à Cujas et Barthole, & se consacre tout entier à la Science dont il vient d’entrevoir l’importance & l’étendue79. » il prend alors conscience « qu’il était né pour les sciences ». On pourrait douter de la véracité de cet épisode, s’il n’était corroboré par celui de de ratte, qui parle d’un homme « frappé comme d’une lumière nouvelle80 » à la lecture de l’opuscule du père Lamy. Ce Traité de la grandeur en général, rédigé en 1680 a été réimprimé à de multiples reprises jusqu’en 176581. Darquier estime que ce recueil est davantage « fait pour donner une idée nette de l’objet des Mathématiques que pour rendre Géomètre82 ». Mais le jeune Garipuy ne se contente pas d’étudier les mathématiques dans un médiocre manuel, et se tourne vers des ouvrages beaucoup complexes : « il avoit lu d’un bout à l’autre les neufs livres du grand traité de la Hire sur les Sections coniques83 », dont D’Alembert reconnaissait la complexité et l’aridité.

  • 84 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 136.
  • 85 ULM Sinnerstard, « Astronomy and the First Observatory », art. cité, p. 9.

63Garipuy s’oriente peu à peu vers l’astronomie qui devient sa discipline de « prédilection84 ». Il s’agit là d’un topos classique dans les récits des savants relatant leur soudaine vocation. Ulf Sinnerstad et n. Nordenmark rapportent ainsi la manière dont l’astronome suédois Pehr Wargentin décrit son engagement dans la recherche astronomique. Troublé par une éclipse de soleil que son père venait de lui montrer alors qu’il avait onze ans, le jeune garçon « sought most urgently every opportunity to gain a comprehension of the course of the heavens85 ».

  • 86 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. i.

64On retrouve chez Antoine Darquier ce goût prononcé pour le calcul et la géométrie. Il explique qu’il a passé « plusieurs années dans l’étude générale des mathématiques, incertain à quel objet particulier de cette science [il s’] attacherai[t] de préférence ». De la même manière que Garipuy, Darquier est soudain saisi d’une grande émotion lorsqu’il entend parler d’astronomie à la Société des sciences : « des observations particulières, dont on fit lecture dans une de nos séances réveillèrent une inclination naturelle dont je ne me doutais pas ». Il est bouleversé à l’évocation de « ces globes innombrables qui roulent sur nos têtes86 ».

  • 87 Roger Hahn, Le système du monde. Pierre Simon Laplace. Un itinéraire dans la science, Paris : Gall (...)

65Pour les deux astronomes toulousains, la découverte des sciences s’accompagne d’un bouleversement intérieur profond, éveillant en eux une tendance préexistante. Une pratique mathématique assidue précède celle de l’astronomie. Cette dernière n’est qu’un choix secondaire. Roger Hahn a montré qu’au xviiie siècle, Laplace, Condorcet ou Marin considèrent cette science comme « un instrument » et non comme « un objet de plaisir esthétique »87. La géométrie et le calcul sont donc des outils qui permettent d’aborder d’autres disciplines, d’autres domaines.

  • 88 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 7.

66Les formations de Garipuy et de Darquier sont très semblables et peuvent être examinées parallèlement. Sans appuis et sans méthode pour étudier les mathématiques, François Garipuy consulte alors le Père Durranc, qui enseigne cette discipline au collège des Jésuites et le médecin Bourrust, versé dans la géométrie. Ses deux mentors lui prodiguent tous les conseils nécessaires « sur l’ordre et la marche des études88 ». Bourrust et Durranc sont membres de la Société des sciences de Toulouse, ils œuvrent donc pour y faire entrer leur protégé. Garipuy y est reçu le 16 mai 1731.

  • 89 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, Lettre d'Antoine Darquier à Nicolas Delisle (...)

67Darquier, quant à lui, songe à trouver une semblable protection pour accompagner son étude de l’astronomie : « j’avois formé le projet si vous aviez voulû y consentir, écrit-il à l’astronome parisien Nicolas Delisle, de passer observer un tems sous vous, mais devenu désormais le seul soutien d’un père sexagénaire, il m’est impossible d’exécuter au moins sitôt ce projet89. »

68Si aucun cursus n’est organisé pour devenir astronome ou mathématicien au xviiie siècle, le parcours de François Garipuy et Antoine Darquier montre toutefois qu’existent des modes de formation particuliers, fondés sur l’aide et le soutien de savants déjà reconnus.

  • 90 R. A. Schneider, op. cit., p. 331.

69Robert Schneider a souligné l’émergence à Toulouse au siècle des lumières, d’une élite locale resserrée et active. L’historien souligne que « the sociability fostered by the enlightenment was restricted in comparison with the social mixing that often characterized associational life under the Counter-reformation90 ». Les parcours professionnels autant que les fortunes personnelles constituent bien sûr les critères essentiels pour intégrer la haute société toulousaine au xviiie siècle. Le réseau de relations tissé par François Garipuy au cours de ses différentes observations astronomiques lui permet de dépasser les seules sociabilités savantes pour nouer des liens professionnels.

  • 91 Sur ce point et sur la vie de Clapiès, cf. J.-M. Faidit, L'observatoire de la Babote, op. cit., p. (...)

70Jean de Clapiès, professeur royal à la chaire de mathématiques et d’hydrographie de Montpellier et directeur des travaux publics en Languedoc, au début du xviiie siècle, est également un astronome prolifique. Il est en partie à l’origine de la fondation de l’observatoire de la cité héraultaise91.

  • 92 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 137.
  • 93 Archives Départementales de la Haute Garonne (ADHG), C 2385, Procès Verbaux des séances des États (...)

71Les activités de Clapiès l’amènent inévitablement à Toulouse, où il « eut l’occasion de connoître le jeune Garipuy », d’apprécier sont goût pour la science des astres et de le conseiller dans sa pratique de la géométrie. Darquier rapporte que Clapiès « lui laissa même entrevoir qu’en suivant cette route il pourroit un jour lui succéder dans sa place92 ». La protection de l’astronome montpelliérain ne fut pas inutile, puisqu’à sa mort en 1740, la direction des travaux publics de la province du Languedoc est divisée en trois, selon les sénéchaussées. La circonscription de Carcassonne échoit au « Sieur de Carney », celle de Beaucaire et Nîmes « au Sieur Pitot » et enfin, « la sénéchaussée de Toulouse93 » à François Garipuy.

  • 94 Hélène Vérin, La gloire des ingénieurs. L'intelligence technique du xvi et xviiie siècles, Paris : (...)
  • 95 Sur ce point, cf. Jean Petot, Histoire de l'administration des Ponts et Chaussées, 1595-1815, Pari (...)

72Hélène vérin note, concernant les ingénieurs, que le siècle des lumières se distingue par « l’importance croissante accordée, à travers bien des aléas et des contradictions, à l’administration des choses94 ». Les États du languedoc, comme ceux de Bretagne, de Bourgogne ou de Provence, échappent, jusqu’en 1747, à l’administration des Ponts et chaussées chargée dans le reste du royaume de l’entretien des routes95, et recrutent eux-mêmes leur personnel.

  • 96 Étienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 9.
  • 97 Jean Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscripti (...)
  • 98 Archives Départementales de l'Ariège, (AD Ariège), 1C 14144, Lettre de Mafaing à l'évêque de Pamie (...)
  • 99 J. Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », art. cité, p. 175.
  • 100 Archives Municipales de Narbonne, (AMN), BB 47, Registre des délibérations des Conseils de la vill (...)
  • 101 AMN, BB 49, Registre des délibérations des Conseils de la ville, séance du 9 août 1767, f 14 v°.

73À la mort de Carney en 1752, Garipuy lui succède dans la sénéchaussée de Carcassonne96. La tâche des directeurs des travaux publics est alors immense. La mise en place et les aménagements du réseau routier restent un impératif pour les États du Languedoc. Garipuy participe ainsi à la « réfection du grand chemin de poste de la province de Montauban à Pont Saint esprit97 ». Dans la sénéchaussée de Carcassonne, il devra concevoir une dizaine de routes. Sans surveiller personnellement l’ensemble des travaux, il doit répondre aux moindres sollicitations, comme pour régler l’empierrement d’un chemin près de Pamiers en 174698. L’aménagement des cours d’eau fait également partie des attributions du directeur des travaux. François Garipuy supervise les travaux de redressement de l’Hers, affluent de la Garonne99. Il intervient également lorsque surviennent des inondations ou des débordements fluviaux comme à Narbonne en 1757100 et 1767101.

  • 102 F. de Dartein, Ponts français du xviiie siècle, Languedoc, vol. III : Etudes sur les ponts en pier (...)
  • 103 J. Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », art. cité, p. 176. C'est en 1768 que les États d (...)
  • 104 ADHG, C 331, Intendance de Languedoc. Subdélégation de Toulouse, Lettre de Garipuy à l'intendant d (...)

74De la même manière, il revient au directeur des travaux publics de concevoir l’architecture, l’emplacement et la construction des ponts, comme ceux du Sormail, de Rieucros, de Mirepoix et de Gignac102. L’extension des domaines de compétence est croissante pour Garipuy, puisqu’il doit bientôt inspecter le canal royal de Languedoc, et même en dresser un plan complet et précis103. Enfin, l’astronome a œuvré dans le domaine de l’urbanisme en proposant un vaste projet « pour les embellissements de la ville de Toulouse »104.

75Notre intention n’est pas de décrire ou d’inventorier l’ensemble des travaux de François Garipuy dans ses fonctions de Directeur des travaux publics, mais plus modestement de donner un aperçu de l’étendue de ses missions et des compétences requises.

76Il n’existe aucune formation particulière pour être ingénieur des travaux publics de la province, et la bienveillante influence de Clapiès semble avoir été suffisante pour permettre à François Garipuy d’entrer au service des États du Languedoc.

  • 105 L'éloge de Darquier, paru en 1827, précise que l'astronome était non seulement « receveur des impo (...)

77Le parcours professionnel D’Antoine Darquier est assez différent, même s’il occupe lui aussi une fonction administrative105.

  • 106 Archives Départementales du Gers (ADG), C 430, Registre des enregistrements des édits, ordonnances (...)
  • 107 Ibid., avril 1716.
  • 108 ADG, C 438, Ibid., 8 mai 1727.
  • 109 ADG, C 438, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, qui (...)
  • 110 Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux xvii et xviiie siècles, Paris, New Y (...)
  • 111 ADG, C 438, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, qui (...)

78Son grand-père, Enemond Darquier, avait acquis la charge de « receveur ancien des tailles de l’Élection de Lomagne106 ». Un édit royal d’avril 1716 fonde à Auch un Bureau des Finances et crée en même temps deux offices de receveur des finances, « l’un […] ancien et l’autre alternatif107 ». Cette charge est héréditaire et après l’avoir cédée en 1727108, à Jean Darquier, son fils, elle obvit à Antoine Darquier le 17 janvier 1757109. Comme ses aïeux, celui-ci est chargé de percevoir « les deniers des impositions directes et après le prélèvement de leurs taxations » de transmettre « les deniers de leur recette aux receveurs généraux110 ». Darquier, en 1781, réunit les offices de receveur alternatif et de receveur ancien pour se parer du titre de « receveur des impositions de [l’] élection de Lomagne111 ».

  • 112 Jean Sentou, Fortunes et groupes sociaux à Toulouse sous la Révolution, 1789-1799, Essai d'histoir (...)
  • 113 ADHG, 187 Q 17, Registre des déclarations des successions, 14 messidor an 10.
  • 114 J. Sentou, op. cit., p. 117.

79Malgré tout, cette charge n’est pas aussi prestigieuse que celle de receveur général, et le prélèvement sur la taille ne permet pas d’expliquer la considérable fortune D’Antoine Darquier. En effet, Jean Sentou le place parmi les toutes premières fortunes toulousaines à la fin du xviiie siècle112. À sa mort, en 1802, son capital, principalement immobilier, comprend une maison à Toulouse, d’un revenu de 500 francs, et estimée à 10 000 francs. Le domaine qu’il possède près de Toulouse, « faubourg Saint Michel » est lui évalué à 16 000 francs113. Enfin, sa propriété de Beaumont-sur-lèze, au sud de la cité garonnaise, « comprenant maison, écurie, jardin, quatre métairies, un moulin à vent et un moulin à eau » représente une somme de 82 600 francs114.

  • 115 ADHG, C 2385, Procès Verbaux des séances des États du Languedoc, séance du 18 janvier 1741, f° 74.
  • 116 ADHG, C 2415, ibid., séance du 1er décembre 1773, f° 157.
  • 117 Michel Taillefer rappelle que l'avocat Gez et le chirurgien Bacquié « disposaient d'un revenu de 1 (...)

80Outre l’office qu’il a hérité de son père, Antoine Darquier est donc à la tête d’un patrimoine considérable. La fortune de François Garipuy, probablement moindre, est difficile à évaluer, et les seuls indices dont nous disposons sont ses revenus annuels de directeur des travaux publics. Lorsqu’il entre en fonction en 1741, ses appointements sont fixés à 1 500 livres115. Garipuy se retire en 1772, au profit de son fils Bertrand ; les États lui accordent alors « la continuation pendant sa vie des appointements de 2500 livres116 » dont il jouissait jusque-là. Même si cette rétribution ne lui permet certainement pas de bâtir un domaine comme celui de Darquier, elle est supérieure au revenu d’un avocat ou d’un chirurgien toulousain à la même époque117.

  • 118 Jérôme Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astrono (...)

81La disponibilité de ressources financières importantes est un critère décisif pour la pratique de l’astronomie en province au siècle des lumières. Jérôme Lalande rend hommage à Darquier en signalant qu’il a « acquis des instrumens à ses frais, [qu’] il a établi un observatoire dans sa maison […] [et qu’] il a fait des sacrifices qu’aucun particulier n’avoit encore faits118 ».

  • 119 Vincent Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 237.
  • 120 Il est très difficile d'évaluer l'implication de Darquier et Garipuy dans l'exercice de leurs prof (...)
  • 121 Daniel Roche, Le siècle des Lumières en province, op. cit., T. I, p. 224.
  • 122 S'il est difficile de mesurer l'importance que Darquier accorde à son appartenance à la noblesse, (...)

82Convenons avec Vincent Ferrone qu’à Toulouse comme ailleurs, la question de la professionnalisation de la science au xviiie siècle est vaine. La pratique de l’astronomie n’est pas un métier et la plupart des hommes de sciences des lumières « travaillent pratiquement part-time119 ». Les activités professionnelles de Garipuy et Darquier120, sans compter les fortunes personnelles, leur permettent d’ériger des espaces d’observation, de les meubler et d’effectuer des recherches. Leur identité savante ne se confond pas avec les sources de leurs revenus, ni avec les professions exercées. En revanche, ces deux paramètres situent Garipuy et Darquier dans l’élite urbaine. Daniel roche a noté qu’au xviiie siècle, « les académies toulousaines recrutent une aristocratie culturelle de privilégiés de la fortune121 ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les deux astronomes académiciens et fondateurs d’observatoires correspondent à ce profil. D’autant qu’ils sont tous les deux membres du second ordre122.

  • 123 Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain. Inventaire des titres probants de noblesse et de dignité (...)
  • 124 Sur cette catégorie particulière, Guy Chaussinand-Nogaret note que si elle est « à la fois raillée (...)

83La famille Darquier appartient à la noblesse depuis 1636. L’arrière-grand-père D’Antoine Darquier, alors bourgeois, devient capitoul123. L’accès à cette charge municipale permet d’intégrer une catégorie socioprofessionnelle spécifique : la noblesse de cloche124.

  • 125 AMT, BB 251, Notes et mémoires sur l'administration capitulaire, 19 juin 1764, f° 413.
  • 126 AMT, BB 186, Lettres adressées aux Capitouls, aux Syndics, à M. Castilhon, 17 novembre 1774, f° 59 (...)

84François Garipuy ne naît pas noble, mais c’est la charge municipale qui lui permet de le devenir. Il est en effet nommé, pour l’année 1765, capitoul par le comte de Saint-Florentin125. Très critique à l’égard du fonctionnement des instances toulousaines, Garipuy souhaite mettre en œuvre une réforme, soulignant que la plupart des édiles « manquent totalement de lumière126 ». L’astronome toulousain prend donc une part active dans la vie publique et s’implique dans ses mutations.

  • 127 Guy Chaussinand-Nogaret, Une histoire des élites, 1700-1848 [recueil de textes présentés et commen (...)
  • 128 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 146.

85Cette accession de Garipuy à la noblesse par le capitoulat atteste de cette mobilité sociale de l’ancien régime, entre bourgeoisie et noblesse, qui conduit à ce que Guy Chaussinand-Nogaret appelle la « fusion des élites127 ». Ajoutons que l’exercice de la direction des travaux publics permet à François Garipuy d’étendre encore son réseau de relations. Darquier révèle ainsi que, dans le cadre de cette activité circonscrite à la Sénéchaussée de Carcassonne, l’archevêque de Narbonne « lui a accordé l’intimité la plus honorable & la plus flatteuse128 ».

  • 129 C'est Jeanne Darquier, la sœur d'Antoine, qui a épousé le baron de Puymaurin. Cf. J. Villain, La F (...)
  • 130 Alexandre du Mège, op. cit, p. 213.

86Antoine Darquier est, lui, à l’égard de la vie publique davantage en retrait, même si ses liens familiaux le mettent en contact avec un acteur politique majeur de la Province. Son beau-frère129, Nicolas Joseph de Marcassus, baron de Puymuarin, occupe les fonctions de syndic général de la province du Languedoc130 dont l’influence est considérable.

  • 131 Sur l'intendant d'Etigny, on consultera la monumentale thèse de Maurice Bordes, D'Etigny et l'admi (...)

87Comme receveur des impositions de la généralité D’Auch, Darquier entretient des rapports privilégiés avec l’intendant de cette même généralité : Antoine Mégret D’Etigny131. L’ouvrage de vulgarisation astronomique, intitulé uranographie ou la contemplation du ciel à la portée de tout le monde, que le savant rédige à l’intention de l’épouse de l’intendant, témoigne de l’étroitesse des liens noués.

  • 132 R. A. Schneider, op. cit., p. 339.
  • 133 Ibid., p. 331.
  • 134 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 31 mai 1739, f° 170.
  • 135 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 264.
  • 136 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 10 février 1774, f° 95.

88La fortune et les activités professionnelles de François Garipuy et Antoine Darquier leur permettent de figurer parmi l’élite toulousaine. Toutefois, robert Schneider note qu’il s’agit là de conditions nécessaires mais insuffisantes : « cultivation and learning were now the calling card of some elites132 ». L’historien remarque que la haute société garonnaise se retrouve parmi les « members of learned academies, Freemasons, and habitués of cultivated salons133 ». François Garipuy est, comme nous l’avons vu, entré très jeune à la Société des sciences, Darquier est nommé « élève dans la classe de Mathématiques134 » et travaille avec Garipuy. Leurs parcours académiques sont linéaires : Garipuy devient associé libre de la classe d’astronomie le 25 juin 1778135, Darquier demande, et obtient, ce titre le 10 février 1774136. Ils restent donc fidèles à l’académie toulousaine et exposent régulièrement leurs travaux au sein de cette assemblée. L’enracinement académique des deux astronomes est incontestable, même s’ils prennent leurs distances quant à la fondation d’observatoires personnels.

  • 137 Michel Taillefer, La franc-maçonnerie toulousaine sous l'Ancien Régime et la révolution, 1741-1799 (...)
  • 138 Pierre Calas, Histoire de la R. Loge l'Encyclopédique de Toulouse, depuis sa création jusqu'à ce j (...)

89Notons Qu’Antoine Darquier est secrétaire de la loge maçonnique française137. François Garipuy n’était probablement pas autant impliqué. On ignore s’il a vraiment été initié138.

  • 139 R. A. Schneider, op. cit., p. 336.
  • 140 Voltaire, Correspondance, T. IX : juillet 1767-septembre 1769, Paris : Gallimard, 1985, Bibliothèq (...)
  • 141 Ibid., Lettre 11343 à Antoine Darquier, 5 août 1769, p. 1022.

90Robert Schneider souligne que « beyond new cultural associations, eighteenth-century Toulouse developed other novel contexts exclusively for the entertainment and edification of the elite. The most conspicuous of these was the Théatre du Capitole, constructed in the Hôtel de ville in 1740139 ». Darquier s’est particulièrement impliqué dans la vie de cet espace culturel toulousain. L’astronome écrit à voltaire en 1769 afin que ce dernier souscrive au projet de « former une bonne troupe de comédiens » et de « faire représenter des pièces tragiques avec des chœurs140 » dans le théâtre de la cité garonnaise. Le défenseur de calas se montre enthousiaste et propose de « contribuer à la perfection [du] spectacle » en donnant quelques conseils aux acteurs. Dans sa réponse, voltaire ne manque pas de souligner le double intérêt de Darquier pour l’art dramatique et l’astronomie : « quoique Uranie soit votre favorite, il paraît que vous ne négligez pas Melpomène141 », écrit-il avec une pointe d’admiration. L’observateur toulousain s’illustre donc dans un cercle aristocratique local restreint en déployant à la fois une intense activité savante et en participant à la vie culturelle de la cité. De son implication dans ces deux sphères dépend sa position dans l’élite garonnaise.

91Les portraits esquissés seraient incomplets s’ils n’évoquaient pas les sensibilités artistiques de Garipuy et de Darquier. Le premier est un mélomane averti.

  • 142 AMT, 5 S 392, Inventaire des tableaux, Estampes, thermomètres, outils d'horlogerie, s.d.
  • 143 Les deux ouvrages de Jean-Philippe Rameau sont : Démonstrations du principe de l'harmonie, Paris : (...)
  • 144 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 20 juin 1741, f° 219.

92L’inventaire de ses biens nous apprend qu’il est en possession de deux violons, un alto, trois guitares et de « divers recueils de musique142 ». Sa bibliothèque renferme, en outre, deux ouvrages de Jean-Philippe rameau, dont l’un porte un ex-dono autographe du musicien143. Darquier montre, lui aussi, un intérêt pour l’art musical, puisqu’il signe en 1741 un mémoire sur « le tempérament de la musique144 ». Rien n’indique cependant qu’il pratiquait lui-même d’un instrument.

  • 145 V. Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 221.
  • 146 R. A. Schneider, op. cit., p. 340.
  • 147 M. Biagioli, op. cit., p. 156.
  • 148 Ce terme est employé au sujet de l'astronome montpelliérain Jean-Baptiste Romieu, dans l'éloge que (...)

93Au terme de ces biographies croisées, le parcours mimétique des deux fondateurs d’observatoires toulousains, les similitudes socioculturelles, et la parenté des réseaux de sociabilité sont remarquables. vincent Ferrone note que la reconnaissance du savant au xviiie siècle a « de solides racines sociales et économiques, ouvertement reconnues145 ». Les liens sociaux et les codes culturels de Darquier et Garipuy renforcent effectivement leur identité élitaire. Robert Schneider assure que « the tone of eighteenth-century Toulouse had changed in the last decades of the Old regime. In part it was more aristocratic than before ; in part upper-class life had become more refined and cultivated146 ». Le cercle élitaire de la cité garonnaise se réduit donc considérablement au siècle des lumières. Mario Biagioli a montré qu’au xviie siècle la culture absolutiste imposait une civilité particulière aux savants à la cour147. Toulouse témoigne, au xviiie siècle, d’un véritable renversement des valeurs aristocratiques. Au sein de la cité garonnaise, le goût de la connaissance et l’attrait pour les pratiques savantes font partie intégrante de la culture élitaire. Il est impossible d’accéder aux rangs les plus élevés de la haute société locale sans appartenir à une loge maçonnique, sans faire montre d’une solide culture artistique et surtout sans signaler son intérêt pour les sciences. Dans le microcosme aristocratique toulousain restreint du xviiie siècle, l’engagement plus important dans une activité savante participe à l’intégration élitaire et accentue le degré de reconnaissance sociale. Être astronome est une « qualité148 » qui permet d’être distingué et de se singulariser dans cette économie des valeurs aristocratiques locales.

94La fortune et les revenus de Darquier et Garipuy leur permettent d’ériger des observatoires et de les équiper correctement.

95Au-delà des premiers fondateurs d’observatoires, il est possible d’examiner les ferments annonciateurs de ces édifications, ainsi que les effets d’une émulation savante.

96François Garipuy n’est pas le premier toulousain, au xviiie siècle, à avoir fait des observations astronomiques.

  • 149 Le père Emmanuel est né à Viviers-les-Montagnes en 1666.
  • 150 Par exemple au palais épiscopal de Nîmes en 1729 : AAST, 8008830, Emmanuel de Viviers, Observation (...)
  • 151 AAST, Registre des délibérations, T. II, 7 mars 1730, f° 19.

97Le père Emmanuel de viviers149, capucin de la cité garonnaise, l’avait précédé dans les années 1730. Il ne semble pas avoir construit d’observatoire et s’est contenté d’être un astronome nomade examinant le ciel au gré de ses déplacements pastoraux150. Il n’est pas non plus en contact avec les observateurs de la tour des remparts. Même s’il est membre de la Société des sciences, ses interprétations sur les comètes mêlant astronomie et astrologie le marginalisent151.

  • 152 Caroline Pétris, Jean-Gabriel Riquet (1709-1791), mémoire de maîtrise d'histoire moderne, sous la (...)
  • 153 Dans un contexte d'intolérance religieuse à Toulouse, Jean Calas, négociant calviniste est accusé (...)
  • 154 Sa fortune s'élève à plus d'un million de francs au moment de son décès en 1791 (J. Sentou, op. ci (...)
  • 155 Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, (...)
  • 156 Ibid., p. 193-194.
  • 157 François Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », Histoire et Mémoires de l'Académie des (...)

98La tour des remparts et les observatoires de François Garipuy et Antoine Darquier contribuent, par une émulation savante, à la constitution d’autres observatoires à Toulouse mais aussi bien plus loin. Jean-Gabriel Riquet de Bonrepos est le premier à suivre leur exemple. Ce petit-fils de Pierre-Paul Riquet, concepteur du canal du Midi, et premier seigneur de Bonrepos, a exercé la charge de Procureur Général au parlement de Toulouse de 1750 à 1771152. Il s’est notamment illustré dans sa carrière de magistrat en prononçant le réquisitoire dans l’affaire calas153. Riquet de Bonrepos appartient à l’élite urbaine aristocratique154, comme Antoine Darquier et François Garipuy. Il est membre de l’académie des Sciences de Toulouse et construit un observatoire « dans une des tours de son château155 », situé à Bonrepos près de Toulouse. Proche de Garipuy et Darquier, Riquet de Bonrepos collabore avec eux pour plusieurs observations156. L’ancien procureur ne se contente pas de faire lui-même des observations. Plus qu’un astronome, Riquet de Bonrepos est un mécène, il a en effet pris « pour aide dans ses observations, M. Vidal157 ».

  • 158 H. Duclos, Histoire des Ariégeois, T. IV, Toulouse : Éditions Milan, 1984, p. 721 infra.
  • 159 ADHG 3E 2127, Second registre d'Antoine Campmas, notaire à Toulouse, 30 juin 1791, f 82. Guillaume (...)
  • 160 Richard S. Westfall, « Science and Patronage. Galileo and the Telescope », ISIS, mars 1985, vol. 7 (...)

99Jacques Vidal est entré en 1770 dans le corps des ingénieurs du Languedoc. Dépourvu de moyens, mais souhaitant ardemment se livrer à des observations astronomiques, il approche Garipuy qui « l’admet dans son intimité et lui [fait] partager ses travaux158 ». Riquet assure ensuite à Vidal une confortable protection. À la mort du magistrat, son testament précise qu’il lègue à « son ingénieur astronome […] touts [s]es instruments d’astronomie comme quart de cercle, lunettes de quelque taille qu’elles soient […] »159. La relation qui s’instaure entre Riquet et Vidal se rattache à une tradition clientéliste héritée du siècle précédent160.

  • 161 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (...)
  • 162 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (...)
  • 163 Archives de l'Académie des Sciences de Paris (AASP), Procès-verbaux des séances, T. 99, séance du (...)
  • 164 AOP, B4 9-12, Lettre de Foulquier à Cassini, le 12 mai 1782.
  • 165 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (...)

100L’émulation astronomique à Toulouse s’étend parfois très loin. François Foulquier est lui aussi un fondateur d’observatoire. Né à Toulouse en 1744, ce négociant et capitoul s’implique dans la vie académique161 et se lie d’amitié avec Antoine Darquier. Lorsqu’il est nommé « à l’intendance de la Guadeloupe162 », il demande à l’académie des Sciences de Paris de lui indiquer les observations qu’elle souhaiterait qu’il fasse163. Sur l’île caribéenne Foulquer établit en 1782, un observatoire164 muni d’instruments et s’adjoint les services de « M. Tondu, savant astronome165 ».

  • 166 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. vii.

101Des espaces d’observation ont probablement vu le jour à Toulouse au xviiie siècle dans le sillage des observatoires particuliers de Garipuy et de Darquier. Le secrétaire perpétuel de l’académie des sciences de Toulouse, l’abbé de Sapte, pourrait bien avoir conçu un observatoire dans son hôtel particulier, dont il avait lui-même dressé les plans. De même « M. vassal, trésorier de France de Toulouse » a fait l’achat en janvier 1775 d’un « instrument des passages166 ».

  • 167 François Prêtre constate toutefois que l'engouement pour les sciences des parlementaires toulousai (...)

102La construction d’un observatoire permet, pour une élite urbaine de plus en plus réduite, de se singulariser et d’espérer une plus grande reconnaissance sociale167. Pour la ville, cette myriade d’établissements savants est un motif d’orgueil et de prestige qui a pu inciter les autorités locales à soutenir l’activité astronomique.

Les États du Languedoc et l’observatoire académique

  • 168 Affiches, annonces & avis divers de Toulouse et du Haut Languedoc, 29 mai 1792, p. 86.

103François Garipuy décède le 1er avril 1782 des suites de la suette. Il est victime d’une épidémie qui affecte alors Castelnaudary et Toulouse168. Son fils est emporté par la même maladie quelques jours plus tard. Les héritiers de l’astronome, dépourvus de moyens, sont condamnés à « vendre la maison et par conséquent l’observatoire qui en fait partie ».

  • 169 AAST, 80015 III 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale (...)
  • 170 AMT, AA 288, Procès verbaux de l'assemblée de Nos Seigneurs des États-Généraux de la Province de L (...)

104L’académie des Sciences de la cité garonnaise s’alarme immédiatement de la situation. Elle assure que l’observatoire établi par l’astronome au sommet de son domicile « réunit à l’avantage et au mérite de la position, la distribution et le service les plus commodes et les plus avantageux169 ». La savante assemblée s’interroge également sur le devenir de ce monument. La maison est mise en vente et « il étoit fort à craindre que l’Observatoire ne reçut d’un nouveau propriétaire une destination toute différente170 ». L’académie redoute également une dissémination des instruments.

105Devant cette pressante menace d’une disparition de l’observatoire de Garipuy, les académiciens décident alors de solliciter les États du Languedoc.

106Au sein du royaume de France, les pays d’État constituent une particularité. Ces provinces disposant d’assemblées représentatives interviennent dans l’administration générale et fiscale. Elles ne sont plus que quatre au xviiie siècle, dont les États du Languedoc.

  • 171 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 155.
  • 172 AAST, Registre des délibérations, T. XII, séance du 31 janvier 1782, f 372.

107Il peut paraître surprenant que l’académie des Sciences s’adresse à cette structure politique. Michel Taillefer remarque que, si la sollicitude des États « allait surtout à la Société royale de Montpellier et l’académie des arts de Toulouse, leurs rapports avec l’académie des Sciences demeurèrent longtemps presque inexistants171 ». Des contacts existent cependant et les faibles relations entretenues sont empreintes d’une reconnaissance respectueuse. En janvier 1782, François Garipuyest chargé de présenter aux États les premiers volumes des Mémoires de l’académie de Toulouse. À son retour, il insiste sur « la manière flatteuse dont ils avoient été reçus172 ». Il n’est pas anodin que ce soit à Garipuy qu’incombe la tâche de soumettre à la Province les publications de la compagnie : celui-ci est, en effet, directeur des travaux publics de cette même Province. À ce titre, il est au service des États.

108La démarche de l’académie est, dès lors, naturelle : la Province concernée par les travaux de Garipuy est un interlocuteur privilégié, aussi bien pour faire connaître les Mémoires, que pour sauver son observatoire.

109Les académiciens toulousains rédigent un « projet pour l’acquisition de la Maison de feu Mr Garipuy », à l’intention des États du Languedoc, dans lequel ils déploient une rhétorique très proche de celle utilisée pour persuader la ville de porter secours à l’observatoire de la tour des remparts, cinquante ans plus tôt.

110L’argumentaire s’appuie d’abord sur l’ancienneté des travaux astronomiques de l’académie. Elle rappelle qu’elle cultive cette science « depuis 1746, époque de son érection. Elle peut même datter de plusieurs années auparavant, lorsqu’elle n’étoit encore que Simple société ». Les observations de Darquier, Garipuy, Bonrepos et Vidal, effectuées au sein des établissements particuliers sont présentées comme la preuve que « les habitants [de Toulouse] par leur inclination naturelle concourent […] à promouvoir les progrès de cette partie la plus intéressante sans doute des hautes sciences ». Ce tableau flatteur d’une pratique florissante de l’astronomie pourrait toutefois être terni, si l’observatoire de Garipuy venait à disparaître.

111Les académiciens arguent ensuite de la faiblesse de leurs moyens et du prix du monument, « au-dessus des sacrifices que peut se permettre la générosité des simples citoyens ». Les membres de la savante assemblée avouent, avec un sens un peu outré de la dramatisation, qu’il en va de leur survie, puisque les lourdes menaces qui pèsent sur l’observatoire sont les signes avant coureurs « d’une décadence prochaine et inévitable [de] sa propre célébrité ».

  • 173 AAST, 80015 111 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale (...)
  • 174 Jean-Sylvain Bailly écrit ainsi en 1795, dans son Histoire de l'astronomie ancienne : « Un avantag (...)
  • 175 B. Latour, La science en action, op. cit., p. 284.

112Les académiciens tentent également de montrer aux États que leurs intérêts sont liés à celui du développement de la science des astres. Ils assurent que le premier rôle de l’astronomie est de seconder « la navigation dont elle écarte les dangers et assure la marche ». Le commerce maritime est ensuite présenté comme « le plus puissant des moyens pour accroître la fortune des nations, et la force des empires173 ». L’enchaînement qui mène de l’observatoire à la prospérité des pays est classique et se retrouve à de nombreuses reprises sous la plume des astronomes du siècle des lumières174. Il illustre une nouvelle fois cette traduction des intérêts évoquée par Bruno Latour. Ce dernier a montré que dans ce type de processus des « questions particulières » ont « leur sort solidement lié à celui des questions plus larges175 ». Dans cette perspective, les académiciens placent la survie de l’observatoire parmi « les objets de bien public », à même d’intéresser des États provinciaux.

113Si la Société des sciences avait sollicité l’amour-propre de la municipalité toulousaine lors de l’érection de l’observatoire de la tour, le registre argumentaire s’étend désormais à la culpabilité. L’académie rappelle aux États du Languedoc qu’ils ont établi des cours de chimie et de physique, dotés d’instruments et menés par des « savans distingués ». « l’astronomie présume telle trop d’elle-même en espérant de la générosité éclairée de cette auguste assemblée des secours à peu près pareils à ceux que la chimie docimastique et la physique expérimentale viennent d’en obtenir », s’interrogent les académiciens, suggérant que la science des astres serait méprisée si la province ignorait leur requête.

114Une fois encore la rhétorique employée pour emporter la conviction des autorités politiques ne repose pas sur un type d’argument, mais s’appuie au contraire sur une multitude de raisonnements : on y retrouve aussi bien la faiblesse des subsides académiques, les avantages potentiels pour les États, ou bien encore l’inégal traitement des disciplines savantes. La démonstration de l’académie ne s’enferme donc pas dans une logique unique, mais joue davantage sur la prolifération des raisons visant à maintenir le bâtiment de Garipuy.

  • 176 AAST, 80015 III 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale (...)

115Le projet proposé, détaillé en cinq points, comprend l’achat de la « Maison observatoire » de l’astronome décédé, ainsi que tous les instruments qui s’y trouvent « sans rien excepter ni réserver ». L’académie exige, en outre, d’obtenir « la jouissance pure et simple, sans limite de temps, de la Maison Observatoire176 », sous réserve toutefois que les États lui en retire la propriété selon leurs besoins.

116Si la savante assemblée souhaite pouvoir louer ladite demeure, et verser le loyer à la Province, elle s’engage à ce que le monument astronomique ne puisse « être destiné à d’autre usage qu’à des observations astronomiques ».

  • 177 AMT, AA 288, Procès verbaux de l'assemblée de Nos Seigneurs des États-Généraux de la Province de L (...)

117Les États du Languedoc, présidés par Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, ouvrent leur assemblée en novembre 1782. La question du rachat de l’observatoire de Garipuy est abordée dans la séance du 28 décembre suivant. Après avoir pris connaissance des propositions avancées par l’académie des sciences, les États délibèrent et accèdent à sa demande. Ils font l’acquisition de la maison pour une somme de « vingt quatre mille livres, et les instruments au prix de douze milles livres177 ».

  • 178 Ibid., p. 460.
  • 179 Ibid., p. 458.

118Les représentants de la Province soulignent que le motif principal de leur achat est « de conserver aux Sciences des moyens et des secours utiles et nécessaires à leurs progrès178 ». L’académie des sciences ne s’adresse pas à la ville pour acheter la maison et l’observatoire de François Garipuy, mais aux États du Languedoc. Ce glissement de la municipalité à la Province est à rapprocher de la trajectoire personnelle de l’astronome. Celui-ci est devenu, en 1741, représentant de l’administration du Languedoc, en occupant les fonctions de directeurs des travaux publics. Les États souhaitent donner à la veuve de l’astronome « un témoignage de leur satisfaction179 », et lui accordent le paiement de ce que Garipuy aurait dû percevoir s’il n’était pas décédé en cours d’année.

  • 180 Ibid., p. 460.

119La Province marque ici son souci de rendre hommage à un de ses serviteurs en préservant sa famille de l’indigence. L’achat de l’observatoire permet également aux États d’en convertir le montant en une « rente viagère annuelle et sans retenue, de 3 600 livres, laquelle sera divisée et établie par têtes, sur la Dame de Garipuy veuve, et quinze cents livres sur la tête de chacune desdites deux Demoiselles Garipuy ses filles, pour en jouir dans leur vie durant180 ».

120En subodorant la sollicitude des États à l’égard d’un membre de son administration, l’académie des Sciences de Toulouse a judicieusement choisi son interlocuteur pour conserver l’observatoire.

121Comme pour la transaction avec la ville, au sujet de la tour des remparts, cette libéralité accordée par la puissance publique n’est pas sans contrepartie. La délibération des États stipule en effet, que l’académie est tenue « de faire et continuer sans interruption tout autant que le temps le permettra, dans ledit observatoire des observations astronomiques ».

  • 181 Ibid., p. 461.

122Les États entendent exercer un rôle actif sur leur bien. Les commissaires des travaux publics sont donc chargés d’effectuer une visite annuelle de « vérification des bâtiments de la maison & observatoire, pour en constater l’état & l’entretien ». Outre cette inspection, le Syndic Général du Département fera, lui aussi chaque année, « une visite de l’observatoire & vérification d’icelui ». Il prendra notamment un « relevé des observations qui y auront été faites181 ».

123La surveillance envisagée est donc particulièrement sévère et repose sur une discipline imposée à l’académie dans la gestion de l’observatoire, mais aussi dans l’activité astronomique déployée.

124De la même manière que la compagnie savante toulousaine se devait de répondre par des observations nombreuses à la munificence de la municipalité qui avait octroyé des fonds pour la tour des remparts, l’académie doit désormais répliquer à la générosité des États par une poursuite des travaux astronomiques minutieusement examinés. La Société savante cherche également à institutionnaliser ses rapports avec la Province.

  • 182 Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II (...)

125Après la délibération des États, le secrétaire perpétuel de l’académie toulousaine rédige une missive adressée aux représentants de la Province pour leur « témoigner la sensibilité dont elle étoit pénétrée », mais « en même temps, comme il importait à l’académie de s’attacher par les liens les plus étroits, ceux des Membres des États de la Province, avec lesquels elle auroit nécessairement des rapports ». Pour cela elle propose deux places d’associés honoraires pour « l’Évêque Président de la commission des travaux Publics du haut Languedoc et le Baron des États, Membre de cette commission ». Elle attribue aussi « une place d’associé libre au Syndic Général du département182 ».

  • 183 Ibid., p. 3.

126L’académie se propose enfin de dépêcher une délégation de quelques-uns de ses membres « pour lui offrir de nouveaux témoignages de reconnaissance de la délibération des États […] concernant le projet de faire jouir l’académie de la maison Observatoire & instruments de feu M. Garipuy183 ».

  • 184 AAST, Registre des délibérations, T. XIV, Bureau économique des 25 et 27 février 1787, f° 173.
  • 185 Ibid., f° 175.
  • 186 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 22 août 1782, f 398.
  • 187 L'abbé de Rey verse 1 000 livres à l'année pour « le loyer de la Maison de Mr. Garipuy », AAST, Re (...)
  • 188 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 22 août 1782, f 398.

127Si l’ensemble des textes produits lors du rachat du bâtiment astronomique sont empreints de cette ambition d’en discipliner l’usage et d’établir par un système d’échanges symboliques des connexions entre les États et l’académie, il est permis de douter que ces intentions se soient réellement matérialisées. On ne trouve, en effet, nulle trace d’inventaires ou de visites des commissaires des travaux publics dans les années qui suivent l’acquisition des observatoires. On discerne en revanche une activité astronomique dans cet édifice et plusieurs académiciens y font des observations. Lorsque l’acte d’achat de l’observatoire arrive à terme en février 1787, le syndic général de la Province propose à l’académie de reconduire les dispositions prises en 1782. Si la compagnie savante obtient « la jouissance de ladite maison observatoire et instrumens184 », les exigences des États sont en revanche largement réduites au regard de celles initialement prévues. La question du bail sera négociée entre les commissaires de l’académie et ceux de la Province. Ni les visites, ni les rapports ne sont évoqués, seul subsiste « l’inventaire qui sera fait des instruments ». Le recul des exigences peut sembler surprenant. Il n’est en fait que le résultat d’une patiente appropriation de l’observatoire par l’académie. Cette dernière a installé, dans l’édifice, un quart de cercle et un compteur, « à elle appartenant185 ». Un membre de la compagnie, l’abbé de Rey, a proposé aux États de devenir propriétaire ou locataire du lieu. Dans le premier cas, l’académie constate « qu’elle pourroit le regarder comme à elle », dans le second cas, « la jouissance que M. L’abbé de Rey demande ne pourra jamais être nuisible, […] à cause du pouvoir que se donne l’académie de faire fermer la porte en cas d’abus186 ». Le prêtre obtient finalement la location de l’observatoire187 et s’engage à donner un lit à l’astronome « qui voudra consacrer des nuits à l’observation188 ».

  • 189 Abbé de Rey, « Observation de l'Éclipse totale de Lune Du 18 mars 1783, faite à l'Observatoire de (...)
  • 190 Marquis de Chalvet, Jacques Vidal, « Observation du passage de Mercure sur le Soleil, faite à l'Ob (...)

128En plaçant un académicien en permanence dans l’édifice, la compagnie renoue avec son désir de posséder un espace dévolu à la pratique astronomique. Il s’agit de la résurgence d’une volonté tenace, que nous avons évoquée au moment de l’abandon de la tour des remparts. Si la propriété légale revient aux États, la présence constante d’un membre de l’académie entretient cependant une confusion. Les intitulés des comptes rendus d’observations témoignent de cette incertitude flottante. L’abbé de Rey indique qu’il a effectué ses travaux dans « l’Observatoire de la Province189 », quand Vidal signale qu’il a fait les siens à « l’Observatoire de l’académie190 ».

129Cette démarche de l’académie ne doit toutefois pas occulter le rôle des États, sollicités, comme la ville en son temps, pour venir en aide au monument astronomique.

130Bien qu’une ère d’observatoires particuliers drainant une myriade hétérogène de lieux d’observation se soit ouverte à Toulouse au milieu du xviiie siècle, la puissance publique demeure un recours privilégié.

131Au-delà des modes de constitution ou de préservation des bâtiments dédiés à la science des astres, il convient d’en cerner l’agencement et l’aménagement, ainsi que l’équipement instrumental et les ressources bibliographiques.

Aperçu des lieux d’observation

  • 191 Affiches, annonces de Toulouse & du Haut Languedoc, 29 mai 1782, p. 86.

132À la mort de François Garipuy, en 1782, le compte rendu nécrologique des Affiches & annonces de Toulouse, précise que l’observatoire du défunt « est un des plus curieux et mieux fournis de toutes sorte de livres, et d’instruments d’astronomie les plus rares191 ». Cette remarque rappelle opportunément que l’espace destiné à l’examen du ciel ne se limite pas à un simple ensemble architectural et qu’il convient d’étendre la définition de l’observatoire à toutes les ressources qu’il enveloppe et contient.

133Dans cette perspective, il convient de porter notre attention sur les dispositions, les structures, le capital technique et les ouvrages des trois principaux observatoires, ceux de Garipuy, Darquier et Bonrepos. L’absence de sources nous prive de détails sur les autres espaces d’observation.

Situation et topographie des observatoires

  • 192 Emmanuel Le Roy-Ladurie, « Baroque et Lumières », in Emmanuel Le Roy-Ladurie (dir.), La ville des (...)

134La cession par la ville d’une tour située sur les remparts pour en faire un observatoire indique clairement la désuétude de cette architecture urbaine. Emmanuel le Roy-Ladurie souligne même que le siècle des lumières « qui se complait dans l’ouverture, voit la destruction quasi universelle des remparts192 ». À Toulouse, s’ils ne sont pas détruits, les tours qu’ils portent servent de refuge aux activités savantes : près de l’observatoire, un autre monument, lui aussi emprunté à la ville, a accueilli un cours d’anatomie.

135L’éloignement de la tour destinée aux observations, joint à sa dégradation, ont poussé Garipuy et Darquier à organiser leurs observatoires au-dessus de leurs demeures. Les logements respectifs des deux astronomes sont en fait très proches l’un de l’autre. Celui de Darquier se situe rue Latomie, et celui de Garipuy dans une rue perpendiculaire à cette dernière, rue des Fleurs. Parallèlement à l’aménagement des observatoires, nous avons vu que les membres de l’académie cherchaient, dans la première moitié du siècle, un lieu permanent pour y fixer leurs activités.

  • 193 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 10 avril 1750, f° 194.
  • 194 Ibid., T. VII, séance du 11 mars 1751, f° 73.

136Le comte de Caraman avait souligné l’importance d’un bâtiment « à Portée de la plupart des académiciens193 ». Or l’hôtel de la Sénéchaussée, finalement plébiscité, est voisin de la maison de François Garipuy, et donc très proche de celle D’Antoine Darquier. La promiscuité est même très grande, puisque Garipuy demande, alors qu’il aménage son observatoire, si l’académie accepte qu’il pratique une ouverture dans le mur séparant son logement de l’hôtel de la compagnie, « pour son uzage particulier194 ».

  • 195 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56. Le château de Bonrepos est (...)
  • 196 C. Pétris, op. cit., p. 27-28.

137Jean-Gabriel Riquet de Bonrepos n’a pas élevé son espace d’observation dans l’hôtel particulier qu’il possédait à Toulouse, mais à l’intérieur de son château, sur la propriété de Bonrepos, à quelques distances de la cité garonnaise195. Cette situation géographique excentrée de la ville traduit une approche particulière de la pratique astronomique. Si Garipuy et Darquier ont choisi d’établir leurs observatoires au sommet de leurs demeures, c’est pour effectuer des recherches suivies et quotidiennes. L’éloignement de l’édifice de Riquet signale une activité différente, moins soutenue et moins systématique. En effet, Riquet ne réside à la campagne qu’une partie de l’année, passant l’hiver à Toulouse196.

138L’implantation des observatoires distingue clairement les conduites savantes du magistrat en retraite et des astronomes assidus.

139L’organisation même de l’édifice astronomique, au-delà de son emplacement répond à des exigences précises induites par la pratique.

  • 197 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, Paris : Didot fils, Joubert jeune, 1786, p. 4.
  • 198 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.
  • 199 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 54.

140« La position la plus avantageuse, pour un observatoire, écrit Antoine Darquier, seroit sans contredit d’être situé au rez-de-chaussée, isolé de toute parts, & ayant un ciel découvert de tous les côtés jusqu’à l’horizon ». Lorsque François Garipuy quitte la tour des remparts, il s’installe effectivement au rez-de-chaussée de sa maison. Darquier reste toutefois sceptique sur cette disposition car, expose-t-il, « il est extrêmement rare, pour ne pas dire impossible de se trouver dans ce cas là dans les villes197 ». Lui-même a installé son lieu d’observation au sommet de sa résidence, dans « une tour qui domine sur toute la ville198 ». Garipuy, en 1770, alors qu’il rebâtit son logis, adopte la même stratégie et établit un observatoire « plus élevé199 ».

  • 200 Ibid., p. 56.

141L’environnement urbain semble contraindre les observateurs à rehausser leur lieu de travail. Cependant l’édifice astronomique de Bonrepos, bien que situé en dehors de la ville, est lui aussi en élévation, dans une tour du château200.

  • 201 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

142Qu’ils s’agissent des remparts ou des résidences des astronomes, aucun observatoire toulousain n’est créé ex nihilo, en dehors de toute structure architecturale préexistante. L’implantation d’un espace d’observation dans un lieu de vie nécessite des aménagements et des réorganisations spécifiques. L’étage de la tour au faîte de la maison D’Antoine Darquier est constitué d’un « assez mauvais planché qu’il a fait démolir201 » pour le remplacer par des voûtes.

143La pratique astronomique imprime aux lieux d’observation des paramètres contraignants, elle modèle l’architecture et configure jusqu’aux soubassements des édifices. L’espace d’observation discipline la structure dans laquelle il s’inscrit.

  • 202 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4.
  • 203 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.
  • 204 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 54.

144La dimension de l’observatoire est un critère décisif pour son fonctionnement. Dans ses Lettres sur l’astronomie pratique, Darquier prévient que « l’espace intérieur ne doit pas avoir moins de douze pieds dans la plus petite dimension202 ». Le sien n’est pourtant qu’un rectangle de « vingt quatre pieds sur dix203 ». Celui de François Garipuy est un cercle « de 20 pieds de diamètre204 ».

  • 205 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4.
  • 206 F. Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse (...)
  • 207 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

145Pour Darquier, « la stabilité & la solidité complète d’un observatoire sont les premières qualités qu’on doit lui procurer205 ». La tour des remparts ne répond pas à ces normes : sa partie inférieure ayant « servi autrefois de Porte de ville […] il y avoit un vuide considérable à la hauteur du terre-plein […] & une grande partie de ce mur n’[était] bâtie qu’à mortier de terre206 ». De la même manière, Antoine Darquier assure avoir substitué aux anciens supports de son observatoire « deux voûtes en brique platte qui se buttent l’une l’autre207 ».

  • 208 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5.
  • 209 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.
  • 210 Ibid., p. iii.

146Outre l’assise générale du bâtiment, il convient pour les astronomes de prévoir la stabilité de leurs outils techniques. Darquier martèle à ce propos qu’« on ne doit compter sur les observations, qu’autant qu’on est sûr de l’immobilité de ses instruments208 ». Le même Darquier à la réception de son quart de cercle conçoit un dispositif complexe : il le place « sur une pierre quarrée […] posée sur deux forts madriers de bois de chêne, portés eux-mêmes par le mur méridional, dans lequel ils étoient encastrés, & par le mur d’échiffre209 ». L’objectif de ces divers montages est d’isoler le quart de cercle des voûtes de soubassement de manière à ce qu’il ne puisse « participer à leur mouvement, supposé qu’elles en éprouvent210 ».

147La recherche d’une plus grande stabilité impose donc des solutions techniques privilégiant l’appui sur la substructure.

148On mesure donc combien les instruments dictent de minutieux arrangements, déterminent l’organisation de la pièce les accueillant et sont en fait les éléments architecturaux autour desquels se conçoit la structure.

  • 211 Ibid., p. 4.
  • 212 F Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse, (...)
  • 213 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4-5.

149Les matériaux de la construction sont eux aussi méticuleusement choisis en fonction des objets techniques. Ils emploient un crépi extérieur « à chaux & à sable […] pour éviter l’humidité intérieure, très nuisible aux instrumens, surtout à ceux de cuivre qu’elle dégrade et dévore très promptement211 ». L’enduit intérieur doit être « bien dressé & sans aucun ornement, afin que dans la suite on puisse y mettre avec plus de facilité, les peintures nécessaires212 » à l’usage des instruments. Le plafond doit être recouvert de plâtre « pour diminuer l’effet de la poussière, inévitable avec les planchers213 ».

  • 214 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.
  • 215 Ibid., p. 56.
  • 216 Jean Baptiste Delambre, Histoire de l'astronomie au dix-huitième siècle, Paris : Bachelier, 1827, (...)
  • 217 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.
  • 218 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5.

150Les astronomes toulousains conçoivent leurs observatoires en intégrant les multiples paramètres qui influent ensuite sur les recherches. L’ensemble repose sur l’optimisation du dispositif observationnel. Les ouvertures sont pratiquées pour dégager le plus vaste horizon possible et étendre au maximum le champ visuel. Dans son observatoire rebâti en 1770, Garipuy a conçu une pièce « circulaire en dedans et octogone en dehors, percé de huit ouvertures214 ». Riquet de Bonrepos, quant à lui, a opté pour une tour Godine215. Louis Godin a présenté en 1732 à l’académie des Sciences de Paris une « tour commode pour des observations astronomiques216 ». Le dispositif repose en fait sur un toit tournant permettant « de viser de tous les côtés & de suivre un astre pendant tout le temps qu’il est sur l’horizon217 ». Le système d’ouverture préconisé par Darquier est plus rudimentaire, mais il poursuit le même but : « pouvoir apercevoir les astres & y pointer les instrumens à la plus grande hauteur possible218 ». Il s’agit d’une croisée à chaque face de la tour. L’observateur reprend en fait l’aménagement effectué à la tour des remparts.

  • 219 Ibid., p. 5.
  • 220 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 5.

151Les astronomes toulousains ne sont pas totalement cloîtrés dans leurs tours, et pour s’affranchir des éléments de la structure qui obstruent inévitablement le champ de vision, ils ont tous conçu des terrasses découvertes. Darquier souhaite qu’elle soit « assez large pour y placer une machine parallactique219 ». L’observatoire de Garipuy cultivant un certain raffinement dans la recherche de la commodité, comprend « quatre terrasses découvertes220 ».

152Les impératifs techniques qui président à la construction des observatoires toulousains laissent entrevoir, au-delà des particularités, une certaine similitude dans les choix opérés, et par là une forme standardisée d’édifice, centrée sur les contraintes instrumentales et visuelles.

  • 221 Robert Halleux, « Observatoires, laboratoires et cabinets », in Michel Blay, Robert Halleux (dir.) (...)

153Robert Halleux souligne que « l’observatoire moderne est un produit du xvie siècle221 » et l’Uraniborg de tycho Brahé en est l’archétype, à partir duquel se sont déclinés, au siècle suivant, nombre d’édifices astronomiques.

  • 222 Owen Hannaway, « Laboratory design and the aim of science. Andreas Libavius versus Tycho Brahe », (...)
  • 223 Jole Shackelford, « Tycho Brahe, Laboratory design and the aim of science. Reading plans in contex (...)
  • 224 Charles Gillispie affirme que « originally, the Observatory was imagined as a house of all science (...)

154Dans leurs articles contradictoires, Owen Hannaway222 et Jole Shackelford223 sont revenus sur le plan et l’organisation spatiale de l’observatoire de l’astronome danois. L’ensemble comprend à la fois un espace d’habitation pour l’observateur, sa famille et ses assistants, des terrasses pour les travaux astronomiques, ainsi qu’un laboratoire comprenant plusieurs fours. L’observatoire de Paris a lui-même été imaginé comme un complexe savant, calqué sur la matrice d’Uraniborg224.

155L’observatoire de la tour des remparts, qui est assez éloigné de cette description, a été délaissé, précisément parce qu’il était trop éloigné des lieux de vie des astronomes. Les observatoires particuliers, érigés au sommet des maisons de ces derniers, correspondent eux, à l’espace d’observation construit par Tycho Brahé sur l’île de Hven.

  • 225 AMT, 4D 19/9, Observatoire royal de Toulouse, tel qu'il a été bâti par M. de Garipuy, 7 septembre (...)

156Les documents rapportant la réorganisation de la demeure de François Garipuy, ainsi qu’un plan de la salle d’observation dressé en 1826225, nous permettent une description assez précise des lieux.

  • 226 AMT, 5S non coté. Acquisition de la maison de Toulouse située à la vue des fleuves, paroisse Saint (...)
  • 227 Cette description minutieuse de la distribution des pièces dans la maison de Garipuy nous est conn (...)

157La maison, qui a été achetée en 1660 par le grand-père de Garipuy226, comporte un rez-de-chaussée et quatre étages. Au rez-de-chaussée se trouvent « un salon à manger », l’office, la cuisine, et un « laboratoire » dont nous ignorons totalement l’équipement et l’usage. Le premier étage comprend, trois chambres et le palier supérieur deux autres. Le troisième étage est constitué d’une chambre pour les domestiques et de la bibliothèque. Enfin le dernier niveau est celui de l’observatoire227.

158La distribution des pièces est savamment étudiée. L’espace d’observation circulaire s’ouvre sur deux cabinets, dont un est réservé à l’horlogerie. On remarque que les pièces consacrées à la pratique scientifique sont regroupées dans les deux derniers étages. Seul le laboratoire situé au rez-de-chaussée, semble faire exception. Cependant, un mémoire récapitulant les travaux de peinture, daté du 19 mai 1775 indique l’existence d’un « petit laboratoire », sous la « salle d’observation ». Peut-être a-t-il finalement été rapproché du centre de travail de l’observateur.

  • 228 Steven Shapin, « The House of Experiment in Seventeenth-Century England », ISIS, vol. 79, 1988, p. (...)
  • 229 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.
  • 230 F. Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages, op. cit., p. 8.

159Steven Shapin a montré combien la fonctionnalité des pièces et les conditions de leur accès étaient importantes dans le laboratoire anglais du xviie siècle228. L’observatoire de Garipuy perpétue cette séparation entre l’espace de production savante et le lieu de vie. Nous ne disposons pas de descriptions aussi précises pour les autres observatoires toulousains. Cependant, la salle d’observation de Riquet Bonrepos s’ouvre sur un cabinet renfermant les instruments229. De même, l’édifice adjacent à la tour des remparts devait être remis en état « de façon qu’on puisse y placer des Globes et des instruments230 ».

160Les observatoires de la cité garonnaise ne se limitent pas à une simple salle d’observation. Les pièces satellites, bibliothèques, cabinets de travail ou d’horlogerie, salle des instruments, tous ces lieux s’ordonnent et s’organisent autour de l’espace d’observation à proprement parler. Cette distribution harmonieuse impose une relative séparation avec le reste de la maison. Elle signale également la recherche d’une souplesse et d’une aisance dans la pratique astronomique, qui, au vu de cette organisation spatiale ne se restreint pas à la seule observation du ciel.

161Les ressources instrumentales, nous l’avons vu, sont déterminantes dans la construction des observatoires. La constitution du capital technique revêt une importance d’autant plus considérable qu’elle révèle le degré de proximité des astronomes toulousains avec l’art instrumental.

Constituer et perfectionner un arsenal technique

  • 231 AAST, 8008856, François Garipuy, Mémoire sur l'application qui a été faite de l'héliomètre de Mr. (...)
  • 232 S. Shapin, S. Schaffer, Léviathan et la pompe à air, op. cit, p. 40.

162François Garipuy, dans l’introduction de son mémoire sur l’usage de l’héliomètre, affirme que « Dez l’invention des lunettes d’aproche les astronomes découvrirent des astres qui leur étoient inconnus et ils distinguèrent dans les autres des phénomènes qui ne peuvent être aperçus à la simple vüe231 ». L’astronome toulousain rappelait ainsi que les nouveaux instruments optiques construits au xviie siècle suppléent l’insuffisance visuelle des observateurs. Steven Shapin et Simon Schaffer soulignent que la puissance de ces innovations tenait précisément « à leur capacité d’améliorer la perception et d’introduire de nouveaux objets dans le champ de celle-ci232 ».

163La pratique de l’astronomie suppose la constitution d’un capital instrumental particulier. Antoine Darquier décrit soigneusement ce que l’observateur doit rassembler :

  • 233 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5-7. Darquier décrit dans la préface (...)

1° Un quart de cercle de cuivre, au moins de 30 pouces de rayon […] 2° un bon instrument des passages de deux pieds […] 3° une bonne pendule à secondes […] 4° Un compteur […] 5° une lunette ordinaire de deux pieds […] 6° un petit quart de cercle de 18 à 20 pouces de rayon […] 7° une lunette de 7 à 8 pieds, ou un télescope à réflexion de 18 pouces au moins233.

  • 234 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.

164Cet équipement reflète un équilibre proportionné entre les instruments d’optique, les mécanismes d’horlogerie et les quarts de cercle. Les arsenaux de François Garipuy et Riquet Bonrepos respectent ces proportions. Le premier, pléthorique, comprend deux pendules, un compteur, deux quarts de cercle, un télescope et quatre lunettes234. L’observatoire de l’ancien procureur du Parlement de Toulouse renferme modestement une pendule, un régulateur, deux quarts de cercle munis de lunettes.

  • 235 G. Bigourdan, « Coordonnées, instruments et travaux de l'Observatoire du Collège de France », Comp (...)
  • 236 G. Bigourdan, « L'observatoire de Le Monnier dans la rue Saint-Honoré », Compte rendu de l'Académi (...)

165De manière générale, la répartition entre les pendules, les quarts de cercle et les instruments d’optique semble être respectée dans de nombreux observatoires français du xviiie siècle. L’établissement astronomique établi à Paris au collège royal dispose de quatre lunettes, de cinq quarts de cercle et de trois pendules235. Le Monnier possède quant à lui, dans son observatoire de la rue Saint-Honoré, quatre lunettes, cinq quarts de cercle et quatre pendules236.

166Il s’agit d’outils conçus aux siècles précédents et qui sont continuellement améliorés tout au long du siècle des lumières.

  • 237 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 7.
  • 238 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55
  • 239 Ibid., p. 56.

167Cependant les innovations ne sont pas absentes des observatoires toulousains, car à sa liste liminaire d’outils techniques, Darquier ajoute « une lunette achromatique […] garnie d’un héliomètre », ainsi qu’un « instrument des passages237 ». François Garipuy possède lui aussi un instrument des passages, ainsi qu’une « lunette achromatique238 ». Le capital instrumental de Riquet comprend également ce type de lunette, ainsi qu’un instrument des passages, mais il ne comporte pas d’héliomètre239.

  • 240 Maurice Daumas, Les Instruments scientifiques aux xviie et xviiie siècles, Paris : Presses univers (...)
  • 241 Danielle Fauque, « Les origines de l'héliomètre », Revue d'Histoire des Sciences, 1983, T. XXXVI/2 (...)
  • 242 M. Daumas, op. cit., p. 233.

168Ces trois objets sont plus récents que les précédents. La première lunette supprimant l’aberration chromatique, a été présentée à la royal Society de Londres en 1758240. Danielle Fauque a étudié la genèse de l’héliomètre dont Pierre Bouguer est l’inventeur en 1748241. Enfin Maurice Daumas a rappelé que l’instrument des passages connaît au xviiie siècle une évolution rapide qui contribue à son succès auprès des observateurs242.

169Le capital technique des astronomes toulousains, s’il est largement marqué par la tradition d’instruments ayant fait leurs preuves, à l’image du quart de cercle, reste ouvert aux innovations les plus récentes.

170Le patrimoine instrumental des astronomes toulousains, ainsi présenté, ne doit pas cacher un processus d’acquisition progressive.

  • 243 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 49.

171François Garipuy relate ses débuts modestes lors de l’observation de l’éclipse de lune de décembre 1732. Il n’avait comme moyen « qu’une petite lunette, une Montre & une Méridienne tracée à la hâte243 ». La faiblesse du capital technique de Garipuy se prolonge même longtemps, puisqu’en 1751 il explique à Nicolas

  • 244 AOP, B 1-5, Correspondance de Nicolas Delisle, T. X, n° 82, Lettre de François Garipuy à Nicolas D (...)
  • 245 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. i-ii.

172Delisle que « le défaut d’instrumens est cause [qu’il n’a] pu jusqu’à présent faire qu’un très petit nombre d’observations244 ». Les « premiers moyens » d’Antoine Darquier se résumaient à une lunette de sept pieds et une pendule245.

173Le principal mode d’acquisition des instruments, au xviiie siècle à Toulouse, reste l’achat à des artisans ou à des ingénieurs spécialisés. Autour de ce système commercial, se dessine une économie spécifique des outils scientifiques, qui révèle également les rapports entretenus par les astronomes avec leurs instruments d’observation.

  • 246 J.-M. Faidit, Les « amateurs de sciences » dune province et le ciel au xviiie siècle, op. cit., T. (...)
  • 247 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.
  • 248 Histoire et Mémoire de l'Académie Royale des Sciences, 1779, p. 363.
  • 249 AAST, 8008832, F. Garipuy, Mémoire lu dans une assemblée publique, s.d. [1738].

174Jean-Michel Faidit a montré dans sa thèse que les séjours des observateurs provinciaux dans la capitale sont très souvent consacrés à superviser la construction d’un instrument246. Ce suivi n’est évidemment ni permanent ni total. Toutefois, les astronomes garonnais ne manquent pas de souligner, en usant d’une métonymie, que l’objet, dont ils ont surveillé au moins partiellement l’élaboration, a été fait « sous leurs yeux ». Antoine Darquier, lorsqu’il se rend à Paris en 1756, en profite pour faire « construire sous [s]es yeux, par M. Canivet, un instrument des passages247 ». Le même astronome rend compte en 1779 de l’observation d’une comète, en précisant qu’il adapte à sa lunette, « un réticule rhomboïde, fait par Lenel, sous [s]es yeux248 ». Garipuy insiste également sur ce point en notant que pour les instruments acquis afin d’équiper la tour des remparts, « tout fut fait sous ses yeux249 ».

  • 250 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

175En indiquant qu’ils ont été témoins de la construction de leurs instruments, les astronomes toulousains souhaitent signaler la complète fiabilité de leur arsenal et des observations qu’il leur permet de faire. Garipuy et Darquier tiennent également à mettre en avant leurs compétences d’astronomes, capables d’apprécier et de comprendre le processus technique de fabrication des instruments. Lorsqu’ils n’ont pu être physiquement présents dans l’atelier du concepteur, c’est l’œil d’une autorité reconnue qui surveille les étapes de construction et atteste l’exactitude de l’outil. Antoine Darquier a chargé l’abbé la caille, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, avec qui il était « fort lié », de lui trouver un quart de cercle. L’astronome parisien « voulut bien se charger d’en faire construire un sous ses yeux250 ».

  • 251 AOP, B 1-5, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 241a, Lettre de Nicolas Delisle à Antoin (...)

176L’achat d’un instrument instaure ou renforce des rapports de confiance entre les astronomes, et favorise une reconnaissance mutuelle. Dans une missive adressée à Delisle en 1753, Darquier lui détaille les caractéristiques du télescope qu’il souhaite acquérir. L’observateur toulousain lui confie la tâche de faire construire l’objet et précise : « quant à la perfection de l’instrument Je n’en parle pas parce que votre habileté et votre amitié pour moy m’en répondent251 ».

  • 252 Dominique Vinck, « Les objets intermédiaires dans les réseaux de coopération scientifique. Contrib (...)

177Dominique Vinck souligne l’importance de l’objet dans les réseaux scientifiques et soutient qu’ils « participe à la structuration des réseaux et leur donne stabilité et consistance252 ». Les instruments sont donc des objets de cognition autour desquels se nouent des relations particulières : les échanges scientifiques se confondent peu à peu avec des rapports amicaux. L’acquisition des outils astronomiques au siècle des lumières met également à jour une hiérarchie entre les astronomes parisiens et les astronomes provinciaux.

  • 253 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XIII, n° 60, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine (...)

178La correspondance de Darquier et Delisle révèle comment l’observateur de la capitale guide et conseil son homologue toulousain en lui indiquant les choix qu’il doit préférer. Antoine Darquier désire se procurer un sextant ou un octant de petite taille. Delisle lui conseille « de préférer un quart-de-cercle d’un médiocre raïon garni d’un micromètre ». Il certifie qu’il en connaît un « qui sera parfait dans toutes ses parties253 ».

  • 254 AOP, B 1-6, Ibid., T. XI, n° 86, Lettre de Nicolas Delisle à François Garipuy, 13 mars 1751.

179Cette subordination provinciale aux recommandations parisiennes se mue parfois en véritable dirigisme. Garipuy a confié au même Delisle le soin de faire exécuter une lunette. L’astronome parisien s’apercevant que l’image obtenue est trop grande, lui « fait faire deux autres plus petits oculaires »254.

180Si l’autorité de l’observateur parisien et la reconnaissance de ses compétences induisent un assujettissement des savants toulousains, elle traduit aussi une inégale distribution des ressources techniques.

  • 255 M. Daumas, op. cit., p. 339-385.
  • 256 AOP, B 1-6, Ibid., T. XI, n° 88, Lettre de Nicolas Delisle à François Garipuy, 13 mars 1751.

181Les ateliers français de fabrication d’instruments au xviiie siècle, répertoriés par Maurice Daumas sont exclusivement parisiens255. Et Delisle indique à Garipuy qu’il lui a trouvé un micromètre « tout fait, chez le meilleur ouvrier qu[’ils aient] à Paris, en sorte que cet instrument est aussi bien que l’on puisse l’avoir256 ».

  • 257 AOP, B 1-6, Ibid., n° 86, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 14 avril 1753.
  • 258 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Nicolas Delisle, T. XIII, n° 41, Lettre de Nicolas De (...)

182L’astronome parisien vante fréquemment les mérites des artisans de la capitale. Il décrit Langlois comme « le plus habile ouvrier que nous aïons dans le genre257 ». À Garipuy qui ne sait qui choisir entre les trois constructeurs parisiens, Paris, Dom noël et Passement, Delisle indique « le premier, comme celui qui est le plus accommodant », mais précise immédiatement que « les deux autres artistes sont […] aussi bons ouvriers258 ».

  • 259 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 9 juillet 1737, f 92.
  • 260 Ibid., T. VII, séance du 11 mars 1751, f° 74.

183L’abondance de concepteurs d’instruments à Paris contraste singulièrement avec les carences de l’offre toulousaine. Alors que les astronomes de la tour des remparts tentent de rassembler quelques outils d’observation, Garipuy constate qu’il est impossible de faire construire sur place un micromètre. Il s’adresse alors à la compagnie toulousaine et espère que « la société donne non seulement des Sçavans à Toulouse, mais quelle luy forme encore d’habiles ouvriers259 ». Pourtant quelques années plus tard cette absence de ressources techniques est toujours pointée comme un sévère handicap par les astronomes : « les artisans de cette ville étaient si éloignés de l’idée même de la précision nécessaire à ces sortes d’ouvrages que les observateurs ne trouvaient guère plus de secours à Toulouse qu’ils en eurent pu espérer au milieu d’un pays barbare260 ».

  • 261 C. C. Gillispie, op. cit., p. 119.
  • 262 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

184Les astronomes provinciaux ont donc recours aux techniciens de la capitale et même aux artistes étrangers. Charles Gillispie a montré la supériorité des instruments anglais en soulignant que « the best telescopes in Paris come from London261 ». Au xviiie siècle, les observateurs toulousains vont donc puiser une partie de leur équipement en Angleterre. Darquier, immédiatement après avoir construit son observatoire au-dessus de son logis, fait « venir de Londres […] un télescope à réflexion de Mr Short de 18 pouces de foyer262 ».

185Cependant, le paysage instrumental français qui reste dominé par la centralisation parisienne délimite un espace marchand aux règles tacites mais précises.

  • 263 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 29 août 1748, f 227.
  • 264 AAST, ibid., T. VI, séance du 14 novembre 1748, f 5.

186En août 1748, Garipuy est prié par l’académie des Sciences « d’écrire à Langlois au sujet d’un quart-de-cercle » et de « régler avec lui le marché et les conditions263 ». L’astronome avait demandé « un devis détaillé de la forme, de la mattière et du jeu de chaque pièces ». La réponse de Langlois indique « qu’il n’est pas dans l’usage de donner des devis de ses ouvrages : mais qu’étant inventeur de plusieurs pièces qui ont beaucoup contribué à perfectionner le quart de cercle, il se ferait un honneur de ne rien négliger dans l’exécution de celuy que l’académie luy demandoit264 ».

  • 265 Albert Van Helden, « Telescopes and Autority from Galileo to Cassini », OSIRIS, Vol 9, 1994, p. 25

187Albert van Helden a montré combien après Galilée, l’autorité des fabricants d’instruments était importante265. Langlois s’appuie sur les perfectionnements qu’il a déjà mis au point, et le soin qu’il compte apporter à la réalisation du quart de cercle. Il n’est donc pas nécessaire de dresser un devis, son autorité personnelle est suffisante.

  • 266 Jérôme Lalande, Astronomie, 3e éd., T. II., Paris, 1792, p. 654.
  • 267 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 126, Lettre d'Antoine Darquier à Nicolas (...)
  • 268 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Delisle, T. VII, n° 79. Antoine Darquier à Nicolas De (...)

188L’économie instrumentale instaure également la fixation des prix. Jérôme Lalande, à la fin du xviiie siècle, estime la dépense nécessaire à « 20 000 livres en instruments […] pour établir un observatoire266 ». Darquier écrit à Delisle en 1753 pour lui annoncer son intention d’acheter le télescope dont l’astronome parisien lui a vanté les mérites. Il se dit tenté « mais le prix [l’]en effraye267 ». L’observateur toulousain écrit au constructeur, Dom noël, pour lui annoncer qu’il ne pourra pas aller au-delà de 1 500 livres pour son télescope bien loin des 5 000 livres initialement prévues268.

  • 269 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Delisle, T. VII, n° 126a, Antoine Darquier à Nicolas (...)
  • 270 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 207, Nicolas Delisle à Antoine Darquier, (...)

189Finalement, Darquier déboursera 1 200 livres pour, dit-il, « avoir eu une fantaisie269 ». Le marché des instruments astronomiques semble, au xviiie siècle, gagné par une inflation des prix. Delisle explique à son correspondant toulousain qu’un quart de cercle de Langlois ne peut s’obtenir à moins de 1 500 livres. « Depuis quelques années, ajoute-t-il, le prix de toutes choses est si fort augmenté que le Sieur Langlois ne le veut point donner à moins270. » les astronomes toulousains, pour constituer leurs arsenaux techniques, sont contraints de s’insérer dans une économie instrumentale centralisée et codifiée. Ils ne peuvent se passer du relais de leurs homologues parisiens, qui occupent une position médiane entre les observateurs provinciaux et les fabricants de la capitale.

190L’achat direct d’un instrument spécialement conçu pour un astronome ne constitue pas l’unique mode d’acquisition des instruments astronomiques. Le commerce technique s’étend aussi aux objets de seconde main récupérés de multiples manières.

  • 271 Jean Bernoulli, Lettres sur différens sujets, écrites pendant le cours d'un voyage par l'Allemagne (...)

191Lors de la suppression de l’ordre des Jésuites en 1762, François Garipuy a racheté à l’astronome marseillais, membre de la compagnie le père Pezenas, un quart de cercle pour 50 louis ainsi qu’une « lunette achromatique de laquelle Mr de Garipuy […] a payé 24 louis271 ».

  • 272 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.
  • 273 AAST, Registre des mémoires copiés, T. IV, François Garipuy, Mémoire sur la hauteur du Pôle de Tou (...)

192En 1750, l’académie des sciences de Toulouse récupère de la succession d’un astronome d’alès, l’abbé de Ribaute, un « quart de cercle de deux pieds et demi de rayon272 ». Garipuy précise, de la même manière que pour les instruments de première main, que l’observateur décédé, « fort bon mécanicien », avait fait « faire cet instrument sous ses yeux dans un voyage qu’il fit à Paris en 1746273 ».

  • 274 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

193Darquier affirme qu’un des quarts de cercle qu’il a en sa possession « a appartenu successivement à Messieurs Delisle, Messier, Zannori274 ». Cette liste des précédents utilisateurs de l’instrument, atteste de sa viabilité. Le prestige et l’autorité des astronomes ayant observé avec le quart de cercle, signalent la qualité et la précision des mesures que l’on peut en espérer.

194L’ultime moyen de posséder un instrument est le don désintéressé. C’est de cette manière que Darquier a reçu une lunette achromatique de Dollond.

195En juin 1768, lord Butte, un aristocrate anglais venu prendre les eaux à Barèges, exprime le désir, en passant dans la cité garonnaise, de visiter l’observatoire de Darquier. visiblement satisfait, l’hôte expose les multiples avantages qu’aurait l’astronome toulousain à avoir une lunette achromatique de Dollond. Darquier lui expose son intention d’effectuer un voyage à Londres et d’y faire le précieux achat

  • 275 Ibid., p. iv.
  • 276 Ibid., p. v.

196à cette occasion. Dix-huit mois après le départ de l’aristocrate anglais, Darquier reçoit « une caisse contenant une lunette qu’on lui avoit adressée de Londres275 ». Il fait immédiatement parvenir à lord Butte une lettre « pour lui témoigner [s]a sensibilité & [s]a reconnaissance », mais il ne reçut « point de réponse276 ».

197Si l’acquisition d’un instrument directement auprès d’un artiste spécialisé constitue une pratique dominante dans la constitution des arsenaux techniques des astronomes toulousains, il n’est toutefois pas le seul moyen d’équiper son observatoire. L’achat d’outils ayant déjà servi et le don sont les autres voies possibles pour compléter un équipement.

  • 277 AAST, Registre des délibérations, séance du 10 avril 1736, ff° 6-7.
  • 278 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.

198Le plus souvent, les astronomes toulousains ont perfectionné et amélioré ces outils. Garipuy propose à l’académie un long mémoire sur la « rectification du quart-de-cercle astronomique277 » destiné à faciliter son usage. Il a également porté son attention sur les pendules et les horloges et explique que « sur [s]es deux à secondes, l’une de Berthoud […], l’autre de Julien le roi, [il] a adapté un nouveau régulateur de son invention ». Grâce à ces améliorations techniques, ses pendules ne varient pas en « 24 heures de plus d’une demi-seconde278 ».

  • 279 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy, père », art. cité, p. 138.
  • 280 A. Darquier, « Détermination de la différence en longitude de Greenwich, Paris, Montpelli au moyen (...)
  • 281 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

199Des disparités au sein des astronomes toulousains apparaissent quant à leurs capacités à modifier les instruments. Darquier reconnaît que Garipuy était « très fertile en ressource dans un art où ce besoin se répète souvent ; il connaissoit d’ailleurs & se servoit supérieurement des instrumens279 ». Lui-même avoue les limites de ses compétences, en se déclarant « peu versé dans l’art de l’Horlogerie280 ». Lorsqu’il entre en possession de la lunette généreusement offerte par lord Butte, Darquier a l’idée de « la mettre à volonté parallactiquement ». S’il est à l’origine du perfectionnement, il admet toutefois qu’il a « fait ajouter un quatrième mobile qui la supporte lorsqu’on rend son axe parallèle à celui du monde281 ».

200Les instruments ne constituent pas les seules ressources auxquelles les observateurs de la cité garonnaise ont recours. Les ouvrages et les périodiques qui enrichissent leurs bibliothèques sont également d’indispensables outils pour la pratique de l’astronomie.

Bibliothèques savantes

  • 282 Ibid., p. i.

201Antoine Darquier, évoquant ses premières années d’astronome à Toulouse, explique qu’il était « dans une ville très-éloignée de la capitale où dans ce temps-là, on n’avoit presque d’autre secours que ses livres282 ». Il souligne ici l’importance des ouvrages dans la formation de l’observateur et la place prépondérante des livres dans les diverses ressources dont dispose un astronome provincial au siècle des lumières.

  • 283 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 21.
  • 284 Ibid., p. 2.

202Le même Darquier, dans ses Lettres sur l’astronomie pratique soutient qu’il ne faut pas se contenter d’observer, mais qu’il est indispensable d’avoir recours à « la théorie, qu’il faut toujours faire marcher de front283 ». À cet égard, il assure à son interlocuteur béotien « vous avez dans ma bibliothèque tout ce que vous pouvez désirer à cet égard : les ouvrages de la caille, le Monnier, de la lande &tc… » ces auteurs, qui sont les principaux astronomes du xviiie siècle, constituent des « secours […] puissants284 » pour un savant travaillant dans son observatoire.

203Le maniement des instruments techniques ne signifie pas qu’il faille négliger la lecture d’ouvrages spécialisés dans ce domaine.

  • 285 Ibid, p. 13.

204Dans ses explications pour placer et vérifier les instruments, Antoine Darquier renvoie « sur cela à l’astronomie de Mr de la lande, à la mesure du méridien de picard, au voyage de M. Bouguer au Pérou &c285… » la lecture des expériences accumulées par les observateurs, rassemblées et décrites dans les livres, fait partie de l’activité des astronomes, et ne se dissocie pas de l’examen du ciel.

  • 286 Daniel Roche, Les Républicains des Lettres. Gens de culture et Lumière au xviiie siècle, Paris, Fa (...)
  • 287 AAST, Registre de la correspondance, Lettre n° 29, de François Garipuy à Antoine Darquier, 10 févr (...)

205Les ressources d’une bibliothèque sont donc indispensables pour les observateurs toulousains. La constitution du capital bibliographique, ce « cheminement286 » des ouvrages évoqué par Daniel roche, révèle les modes de circulation et d’appropriation des livres astronomiques pour des savants provinciaux. La position géographique des lecteurs, loin de Paris, constitue un réel handicap pour se procurer des ouvrages. En 1762 Garipuy explique qu’il a reçu de Clairaut « son manuscrit d’un ouvrage qu’il a fait sur les moyens de perfectionner les lunettes dioptiques par l’usage de plusieurs objectifs ». L’astronome toulousain admet qu’il « y en a pour quelque tems avant que l’édition de cet ouvrage [leur] parvienne », c’est pourquoi il en « fait tirer une copie avant de renvoyer l’original »287.

  • 288 Ibid.

206Le livre savant est un objet qui ne se dissémine que très lentement en province. Par la copie et l’édition, c’est une économie parallèle du livre qui se met en place. Garipuy ne se contente pas de se fabriquer une version de l’ouvrage de Clairaut, il le communique aux autres académiciens de la cité garonnaise. « Je vous l’enverray, écrit-il, à son ami Darquier, dès que je l’auray lû pour la présenter à l’académie ». Il souhaite en outre, y ajouter « un petit écrit » qui « traite le même sujet288 ».

207Le texte initial est enrichi d’un provignement inédit et personnel et circule dans la communauté savante toulousaine, alors qu’aucune édition imprimée n’existe encore. Les astronomes toulousains suppléent l’inconfort d’un éloignement géographique des centres de production d’ouvrage par une stratégie alternative d’appropriation des textes, fondée sur les rapports personnels qu’ils entretiennent avec les auteurs et sur une diffusion rapide aux cercles savants locaux.

  • 289 AAST, ibid., Lettre n° 1, de de Ratte au secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Toulou (...)

208Les astronomes toulousains participent eux-mêmes activement à la circulation des livres par leurs voyages et leurs pérégrinations. Garipuy doit, par ses fonctions de directeur des travaux Publics se rendre fréquemment à Montpellier, siège des États de la province qui l’emploient. L’observateur de la cité garonnaise entre en contact avec les académiciens et les astronomes héraultais et il profite de ses déplacements pour transporter des ouvrages. Le secrétaire perpétuel de la compagnie de Montpellier révèle ainsi qu’en 1746, Garipuy « a la bonté de se charger […] de quelques exemplaires des recueils de [leurs] dernières assemblées publiques289 ».

209L’acquisition de livres publiés à Paris ou en province, pour complexe et lente qu’elle puisse paraître n’est en rien comparable aux insurmontables difficultés qui surgissent lorsqu’il s’agit d’imprimés étrangers. La correspondance d’Antoine Darquier avec le savant polygraphe Bâlois Jean Bernoulli, révèle à quel point l’entreprise s’avère hasardeuse.

  • 290 Bibliothèque universitaire de Bâle, BUB, La 686, Lettre d'Antoine Darquier à Jean III Bernoulli, 1 (...)

210Darquier, en juillet 1785 accuse réception de « deux ballots de livres290 » qui lui sont destinés, mais lorsqu’il détaille les ouvrages reçus, il s’aperçoit qu’il manque des feuilles à certains volumes et même que le lot n’est pas complet. Il rassure son correspondant : « il y a du temps pour réparer ce vuide ».

  • 291 BUB, La 686, Lettre d'Antoine Darquier à Jean III Bernoulli, 17 avril 1784, f 1075.

211Les circonstances les plus diverses aggravent encore ces médiocres conditions d’accès aux livres venant de l’étranger. Darquier se plaint en avril 1784 de ne pas avoir reçu deux colis que Bernoulli lui aurait fait parvenir. Il apprend qu’un « ballot est encore à Genève ». L’astronome toulousain a mobilisé ses connaissances dans la capitale « qui ont sollicité pour [lui] à Paris l’envoy direct icy de ces livres291 ».

  • 292 Ibid., 19 mai 1780, f° 1005.
  • 293 Ibid., 12 février 1784, f° 1071.

212Les échanges d’ouvrages sont en effet intégrés dans le système diplomatique entre nations. Lorsque Darquier veut envoyer une de ces productions à Bernoulli, il doit passer par le « Baron de Golz […] ambassadeur à Paris292 ». De la même manière l’observateur de la cité garonnaise doit présenter le catalogue des imprimés qu’il souhaite acquérir, « au Garde des Sceaux pour demander […] une permission pour les faire venir directement à Toulouse293 ».

  • 294 Ibid., 17 avril 1784, f° 1077.
  • 295 Ibid., 1er septembre 1780, f° 1017.

213Les aléas des politiques étrangères conditionnent la circulation et les échanges de livres. Antoine Darquier, ne parvenant pas à récupérer des ouvrages retenus à la frontière, en 1784, se dit « honteux pour [s]a patrie de l’embargo […] sur l’entrée en France des livres étrangers ». Il s’en remet à la complaisance des responsables politiques et attend « patiament qu’il plaise au Ministre de [lui] faire réintégrer [les] deux envois » prévus. Derrière ces difficultés diplomatiques, Darquier discerne d’autres responsables et vilipende les intermédiaires dans les échanges de livres. Pour lui, ce blocage « n’est vraisemblablement que l’effet des monopoles de nos libraires qui sont les premiers corsaires de l’Univers294 ». Darquier a lui recours au « Sieur Simon, imprimeur à Paris […] qui S’etoit chargé de faire venir des livres d’Allemagne295 ».

214De Toulouse, l’économie des livres savants paraît fragile et peu fiable : les frontières du royaume et les agents médiateurs ralentissent les échanges. Cette situation est telle que certains périodiques étrangers ne parviennent jamais dans la cité garonnaise.

  • 296 Ibid., 15 juillet 1785, f° 1088.
  • 297 AAST, Registre des Mémoires Copiés, T. III, A. Darquier, Traduction d'un mémoire de la Société Roy (...)

215Darquier avoue qu’il a appris la découverte d’Uranus par l’astronome anglais Herschel, dans les éphémérides de Bernoulli, « ne recevant pas ici les transactions Philosophiques296 » de la royal Society de Londres. Il s’indigne de cette situation qui prive les académiciens « de l’avantage de partager les richesses de toute espece consignées dans ce recueil297 ». Le désir d’un partage des connaissances achoppe ici sur les défauts d’un système d’échange négligeant largement la province.

216Au-delà des modes de constitution des bibliothèques des astronomes toulousains, il convient d’examiner leur contenu. Nous ne disposons pas de la liste d’ouvrages en la possession d’Antoine Darquier, ni de ceux de Riquet Bonrepos. En revanche les éléments de la bibliothèque de François Garipuy nous sont parvenus.

  • 298 BMT, Br Fa D414, Jean Castilhon, Mémoire concernant la bibliothèque du ci-devant Collège de Toulou (...)

217En 1790, Jean Castilhon, chargé « de la bibliothèque publique du collège royal » de Toulouse présente à l’administration de la Haute-Garonne un mémoire sur l’état des fonds dans le département. Le cabinet de Garipuy, acquis par le collège royal « contenoit plusieurs ouvrages d’algèbre, de géométrie et d’astronome, quelques bons livres concernant la physique, et les arts, très peu d’histoire naturelle, de botanique et de minéralogie298 ».

218Même imprécises, ces indications permettent de situer les lectures de Garipuy, centrées sur les sciences et plus particulièrement les mathématiques et l’astronomie. Cinq ouvrages du fonds ancien de la bibliothèque municipale de Toulouse portent une mention manuscrite prouvant leur appartenance à François Garipuy : un ouvrage de l’humaniste Nicolas Clenard sur la langue grecque, deux ouvrages de Jean-Philippe rameau, que nous avons déjà évoqués, une édition de l’Histoire des recherches sur la quadrature du cercle du mathématicien Jean-Étienne Montucla, et un exemplaire du périodique astronomique La Connaissance des Temps, pour l’année 1746, envoyé par l’académicien parisien le Monnier.

219Ces fragments permettent d’affiner le portrait de Garipuy ébauché précédemment, qui, au-delà d’une culture mathématique et astronomique affirmée, apparaît comme un homme initié à la musique et pratiquant le grec.

  • 299 Yannick Menez, Les bibliothèques toulousaines aux xviie et xviiie siècles, mémoire de maîtrise d'h (...)
  • 300 Ibid., f° 10.

220Le contexte culturel toulousain permet de situer localement Garipuy dans la constellation des possesseurs de livres. Au xviiie siècle, à Toulouse, ces derniers représentent, d’après Yannick Menez, 23,9 % de la population299. Garipuy appartient à la catégorie des bibliophiles, dont les ressources leur permettent de « consacrer des sommes d’argent très importantes à l’achat de nouveaux livres300 ».

  • 301 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 71.

221Michel Taillefer a analysé la composition des bibliothèques de trois académiciens toulousains, l’abbé Legris, l’abbé Magi et M. De Cambon. Il constate, en se refusant à toute généralisation abusive, que ces corpus d’ouvrages placent « les membres de l’académie des Sciences dans la minorité la plus éclairée de l’élite toulousaine301 ».

  • 302 ADHG, 1L 1025, Remis au Citoyen Vidal astronome Le 3 floréal an second de la République française (...)
  • 303 AAST, 80015III -27, Catalogue des Livres appartenant à l'Académie des Sciences, Inscriptions et Be (...)
  • 304 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 89.
  • 305 Ibid., p. 90.

222S’il nous est impossible de reconstituer, avec exhaustivité, la bibliothèque de François Garipuy, il est en revanche possible de connaître précisément le fonds d’ouvrages astronomiques auquel il avait recours. En 1794, une liste manuscrite de 263 volumes lui appartenant est dressée pour être remis à l’astronome nommé à la tête de l’observatoire302. La concordance entre une partie de cette liste et un « catalogue des livres, dressé en 1771 à l’académie des Sciences de Toulouse303 » pose la question de la propriété de ces ouvrages. Michel Taillefer a souligné la faiblesse de la bibliothèque de la compagnie savante, qui comptait « 200 ouvrages en 1771, et moins de 300 en 1793304 ». Ce sont les membres qui, par leurs dons, ont constitué l’essentiel de la bibliothèque académique305. On peut penser que cette insuffisance des ressources livresques, conjuguée à la main mise de l’académie sur l’observatoire de Garipuy après 1782, ont contribué à assimiler les ouvrages appartenant à l’astronome à ceux de la savante assemblée.

223Le fonds comporte 152 volumes de périodiques, dont 128 sont les Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris. Le reste des périodiques se répartit entre les productions des sociétés savantes de Montpellier, Dijon, mais aussi Turin, Berlin et Londres. Douze volumes de la Connaissance des Tems complètent les ressources en périodiques. L’attention portée aux dernières évolutions de la science, aux débats parisiens et étrangers, est manifeste dans les titres possédés par Garipuy.

  • 306 D. Roche, Les Républicains des Lettres, op. cit., p. 75.
  • 307 Il s'agit d'un ouvrage, probablement manuscrit, sur parchemin : Tycho Brahe, Opera Omnia, sineAstr (...)
  • 308 Isaac Newton, Opuscula, Genève, 1744 ; Philosophia Naturalis principia mathematica, Genève, 1739-1 (...)

224La bibliothèque de ce dernier renferme également 50 ouvrages, représentant 71 volumes. Onze titres sur cinquante ont été édités avant 1700 et seize sont rédigés en latin. Daniel roche a montré que la bibliothèque de l’académicien parisien Jean Jacques Dortous de Mairan tenait « compte des héritages306 ». Quoique bien plus modeste, la collection de Garipuy respecte cet impératif. Les ouvrages de Tycho Brahé307 et de newton308 indiquent clairement la volonté de s’inscrire dans une tradition astronomique consciente de son histoire.

  • 309 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l'Histoire de l'astronomie depuis 1781 jusqu'à 180 (...)
  • 310 Pierre Bouguer, Lettre dans laquelle on discute divers points sur le supplément au Journal du voya (...)
  • 311 Garipuy possède La figure de la Terre de Pierre Bouguer, parue en 1749, ainsi que La mesure du mér (...)

225Les éclats des débats savants les plus récents ne sont pas absents. L’observateur toulousain dispose du Journal de La Condamine relatant « l’histoire et les détails de la mesure faite au Pérou309 », violemment critiqué par un autre membre de l’expédition, Pierre Bouguer310. Les résultats de ce voyage en améRique du Sud semblent avoir particulièrement intéressé Garipuy, puisqu’il ne possède pas moins de sept volumes sur le sujet311.

226L’ancrage dans la république des astronomes est également assuré par la réception du recueil pour les astronomes et des Lettres astronomiques de Bernoulli, qui en retranscrivent les échos.

  • 312 Bernard Le Bouyer De Fontenelle, Éléments de la géométrie de l'infini, Paris, 1727.

227La bibliothèque de Garipuy révèle quelques grands axes d’intérêt, et en premier lieu les mathématiques, même si l’ouvrage le plus récent, les Éléments de la géométrie de l’infini de Fontenelle, date tout de même de 1727312.

  • 313 P. Bouguer, Nouveau traité de navigation, contenant la théorie et la pratique du pilotage, Paris, (...)
  • 314 P. Bouguer, Traité du navire, Paris, 1746.
  • 315 Pierre Louis Moreau De Maupertuis, Astronomie nautique, Paris, 1743.

228La navigation préoccupe l’astronome toulousain puisqu’il possède le Traité de navigation313, le Traité du navire314 de Pierre Bouguer et l’Astronomie nautique315 de Maupertuis.

  • 316 Philippe La Hire, Tabulae astronomicae planetarum omnium, Ludovic XIV, regis Galliae, jussu etmuni (...)
  • 317 Patrick Murdoch, Nouvelles tables loxodromiques, traduit de l'anglais par M. de Brémon, Paris, 174 (...)
  • 318 Philippe Desplaces, Éphémérides des mouvements célestes pour les années 1715 jusqu'en 1725, Paris, (...)
  • 319 Andréa Argoli, Éphémérides de l'année 1640 à 1700, Padoue, 1648.

229Les tables de la Hire316, Murdoch317 et les éphémérides de Deplaces318 ou d’Argoli319, complètent la collection de la Connaissance des Tems pour la pratique de l’astronomie et le repérage des astres.

  • 320 M. Passement, Construction d'un télescope de seize pouces par réflexion de M. Newton, Amsterdam, 1 (...)
  • 321 J. H. Magellan, Descriptions des octans et sextans anglois ou quart de cercle à réflexion, avec la (...)
  • 322 Reaumur, Explication des principes établis par M. de Réaumur pour la construction des thermomètres (...)

230Enfin, la présence dans la bibliothèque de Garipuy de l’ouvrage de Passement320 sur la construction du télescope, des Descriptions des octans et sextans anglois de J. H. Magellan321 ainsi que l’essai de Réaumur322 sur le thermomètre signalent le désir de joindre au corpus théorique des opus techniques et pratiques sur l’usage des instruments.

  • 323 D. Roche, Les Républicains des Lettres, op. cit., p. 75.

231Réconciliant tradition et modernité, la bibliothèque astronomique de Garipuy tente de rassembler « la culture scientifique du siècle323 ». Les ouvrages théoriques, les discussions, les spéculations se mêlent au matériel bibliographique quotidien de l’observateur du ciel : tables et éphémérides.

232Les livres, autant que les instruments, sont d’indispensables ressources pour les astronomes toulousains du xviiie siècle. Le choix de ces outils est guidé par l’objectif d’une pratique intense de l’astronomie.

Notes

1 Paolo Rossi, La naissance de la science moderne en Europe [traduction de l'italien par Patrick Vighetti], Paris : Le Seuil, 1999, p. 314.

2 Roger Hahn, L'anatomie d'une institution scientifique, op. cit., p. 25.

3 Daniel Roche, Le Siècle des Lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1680-1789, Paris, La Haye : Mouton Éditeur, 1978, T. I, p. 19.

4 Roger Hahn, « Les observatoires en France au xviiie siècle », art. cité, p. 656.

5 Jean-Michel Faidit, L'Observatoire de la Babote, op. cit., p. 21.

6 Jean-Michel Faidit, Les « amateurs de sciences », op. cit., T. II, p. 235.

7 Ulf Sinnerstad, « Astronomy and the first Observatory », in Tore Frängsmyr (ed.), Science in Sweden. The Royal Swedish Academy of Sciences 1739-1989, Canton : Science History Publications, 1989, p. 48.

8 James Mc Clellan, Science Reorganized. Scientific societies in the eighteenth century, New York : Columbia University Press, 1985, p. 262-291.

9 Archives de l'Académie des Sciences Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, (AAST), Registre des délibérations, T. I, f° 1.

10 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 14 février 1729, f° 1. Je renvoie ici, pour tout ce qui concerne la création et le développement de la Société des Sciences, à la thèse de Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse au xviiie siècle, thèse pour le doctorat de troisième cycle, sous la dir. de Jacques Godechot, Université de Toulouse-Le Mirail, 1975, T. I, 519 f° et T. II 150 f°, et à son ouvrage intitulé Une académie interprète des Lumières. L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse au xviiie siècle, Paris : Éditions du CNRS, 1984, 323 p., ainsi qu'à la thèse de Wayne Edward Permenter, The Academy of Science at Toulouse in the eighteenth century, PhD. Modern History, Université du Texas, Austin, 1964, 318 p.

11 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 3 février 1730 f° 11 v°.

12 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 7 mars 1730, f° 19.

13 AAST, Registre des délibérations, T. I, séance du 23 mai 1730, f° 22.

14 Ibid., séance du 22 février 1730, f° 12 v°.

15 Ibid., séance du 16 mai 1731, f° 22 v°.

16 Ibid., séance du 11 décembre 1731, f 33 v°.

17 Ibid., séance du 25 décembre 1732, f° 43.

18 Ibid., séance du 14 avril 1733, f° 47.

19 Ibid., séance du 5 mai 1733, ff° 47 v°-48.

20 Archives Municipales de Toulouse, (AMT), BB 59, Registre des délibérations du Conseil de Bourgeoisie, séance du 13 juillet 1734, f° 216.

21 AMT, BB 59, Registre des délibérations du Conseil de Bourgeoisie, séance du 23 juillet 1734, f° 218 v°.

22 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 21 février 1737, f° 60.

23 Ibid., séance du 10 avril 1736, f° 8.

24 Ibid., séance du 20 août 1743, f 279.

25 Ibid., T. IV, séance du 20 janvier 1746, f 46.

26 Ibid., séance du 12 août 1745, f 37.

27 Ibid., T. V, séance du jeudi 1er septembre 1746, ff° 42-43.

28 Ibid., séance du jeudi 1er septembre 1746, f° 43.

29 Ibid., T. III, séance du 3 juillet 1736, f° 46.

30 Ibid., séance du 30 mars 1744.

31 Ibid., séance du 16 avril 1744, f° 328.

32 Ibid., séance du 16 juillet 1744, f 369.

33 Ibid., T. IV, séance du 29 août 1744, f° 7.

34 La Société des sciences a également créé un jardin botanique et utilisé une tour des remparts pour les démonstrations anatomiques (W. E. Permenter, op. cit., p. 133).

35 Eric G. Forbes, « The foundation of the first Gôttingen Observatory : a study in politics and personalities », Journal for the History of Astronomy, vol. 5, part. 1, n° 12, février 1974, p. 22.

36 John S. Reid, « The Castelhill Observatory, Aberdeen », Journal for the History of Astronomy, vol. 13, part. 2, n° 36, juin 1982, p. 84.

37 Philippe Nelidoff, La municipalité de Toulouse au début de la Révolution, Toulouse : Presses de l'Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1996, p. 14.

38 Sur les compétences des Capitouls, cf. Grégory Barbusse, Les familles Capitulaires au xviiie siècle (17001789). Origines politiques et typologie de carrière d'un groupe nobiliaire sous l'Ancien Régime, mémoire de DEA, sous la dir. de Jean Amalric, université Toulouse II-Le Mirail, 1993, p. 5, mais également Christine Daraud, La puissance Capitulaire à Toulouse pendant la seconde moitié du xviiie siècle, mémoire de maîtrise, sous la dir. de Michel Taillefer, université Toulouse II-Le Mirail, p. 19. Sur le renouvellement de la fonction capitulaire au xviiie siècle, cf. Robert A. Schneider, Public life in Toulouse, 1463-1789. From municipal Républic to cosmopolitan city, Ithaca, Londres : Cornell University Press, 1989, p. 282-284.

39 ASST, Registre des délibérations, T. I, séance du 23 mai 1730, f° 22.

40 AMT, GG 933, pièce A, cité par Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, op. cit., T. I, f° 173.

41 Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, op. cit., T. I, f° 173.

42 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 17 décembre 1745, f° 26.

43 Ibid., T. XIII, séance du 25 août 1771, f° 28.

44 Ibid., T. VI, séance du 25 août 1750, f° 227.

45 Ibid., T. III, séance du 13 juillet 1736, f° 34.

46 AMT, BB 49, Registre des délibérations du Conseil de Ville, séance du 23 juillet 1734, f° 218.

47 Ibid., séance du 15 janvier 1735, f° 246 v°.

48 AAST, Registre des délibérations, T. IV, séance du 13 janvier 1746, f° 42.

49 Ibid., T. V, séance du 21 juillet 1746, f° 6.

50 Le versement total était de 1 000 livres, la moitié pour décerner un prix, et l'autre pour l'observatoire et le jardin des plantes. Les Capitouls continueront à s'acquitter de cette somme bien après la destruction de la tour des remparts. On retrouve l'évocation d'une possible suspension de ce crédit en 1772, lorsque la ville s'inquiète de ne pas voir l'Académie s'occuper des « Annales de la ville [...] » (AMT, BB 56, Registre des délibérations du Conseil de Ville, séance du 24 septembre 1772, f° 9).

51 AAST, Registre des délibérations, T. III, Assemblée publique du 4 juin 1737, f° 83.

52 Ibid., séance du 13 juillet 1736, f 34.

53 François Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse, les raisons qu'il y a à finir cet Édifice, & devis estimatif de ce qui reste à faire, s.l.n.d., 8 p.

54 Ibid., p. 3.

55 Ibid., p. 8.

56 Ibid., p. 5.

57 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 28 mai 1738, f° 128.

58 Ibid., f 129.

59 Michel Taillefer, L'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, op. cit., T. I, f° 146.

60 AMT, BB 50, Registre des délibérations du Conseil de ville, séance du 25 août 1741, ff° 251-251 v°.

61 Ibid., f 252 v°.

62 François Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse, op. cit., p. 3.

63 AMT, BB 50, Registre des délibérations du Conseil de ville, séance du 13 juillet 1736, f° 33.

64 Archives de l'Observatoire de Paris, (AOP), B 1-6, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XI, n° 82, Lettre de François Garipuy à Nicolas Delisle, 16 février 1751.

65 AAST, Registre des mémoires copiés, T. IV, François Garipuy, Mémoire sur Les Parallaxes de la Lune, de Mars et de Vénus déterminées par les observations faites par ordre du Roy En 1751 et 1752 au Cap de Bonne Espérance Par Mr Lacaille Et à Toulouse par MM. Darquier et Garipuy, lu en séance le 25 avril 1754, f° 346.

66 AAST, Registre des délibérations, T. VII, séance du 11 mars 1751, ff° 72-73.

67 Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, Avignon : chez J. Aubert, 1777, p. 2.

68 AAST, Registre des délibérations, T. II, séance du 26 juin 1742, f° 233.

69 AMT, DD 109, Devis instructif pour la destruction de la Tour de l'Observatoire, 3 mai 1758.

70 Jean Marie Homet, Astronomie et astronomes en Provence, 1680-1730, Aix-en-Provence : Édisud, 1982, p. 54.

71 Jean-Michel Faidit, Les « amateurs de sciences » d'une province et le ciel au xviiie siècle, op. cit., T. I, f° 210.

72 Vincent Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 251.

73 Antoine Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », Histoire et Mémoire de l'Académie Royales des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II, 1784, p. 134.

74 Etienne Hyacinthe de Ratte, Eloge de M. Garipuy, lu à l'assemblée publique de la Société Royale des Sciences, le 10 octobre 1783, s.l.n.d. [Montpellier 1783], p. 5.

75 Ibid., p. 1.

76 « Éloge d'Antoine Darquier », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 303.

77 Antonella Romano, « Entre collèges et académies. Esquisse de la place des jésuites dans les réseaux de la production scientifique (xvie-xviiie siècle) », in Daniel-Odon Hurel et Gérard Laudin (textes réunis par), Académies et sociétés savantes en Europe (1650-1800), Paris : Honoré Champion, 2000, p. 394.

78 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 134.

79 Ibid., p. 135. Jacques Cujas était un jurisconsulte toulousain du xvie siècle. Il s'est illustré par son interprétation très dogmatique du droit romain. Barthole est un jurisconsulte italien du xive siècle.

80 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 6.

81 Bernard Lamy, Traité de la grandeur en général, Paris : A. Pralard, 1680, xxxi-414 p. Sur l'œuvre du père Lamy, cf. l'étude très complète de François Girbal, Bernard Lamy, Étude biographique et bibliographique, Paris : Presses Universitaires de France, 1964, Le Mouvement des idées au xviie siècle, 194 p.

82 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 135.

83 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 11.

84 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 136.

85 ULM Sinnerstard, « Astronomy and the First Observatory », art. cité, p. 9.

86 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. i.

87 Roger Hahn, Le système du monde. Pierre Simon Laplace. Un itinéraire dans la science, Paris : Gallimard, 2004, Bibliothèque des histoires, p. 50.

88 Etienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 7.

89 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, Lettre d'Antoine Darquier à Nicolas Delisle, 22 novembre 1752.

90 R. A. Schneider, op. cit., p. 331.

91 Sur ce point et sur la vie de Clapiès, cf. J.-M. Faidit, L'observatoire de la Babote, op. cit., p. 19-25.

92 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 137.

93 Archives Départementales de la Haute Garonne (ADHG), C 2385, Procès Verbaux des séances des États du Languedoc, séance du 18 janvier 1741, f° 74.

94 Hélène Vérin, La gloire des ingénieurs. L'intelligence technique du xvi et xviiie siècles, Paris : Albin Michel, 1993, L'évolution de l'humanité, p. 185.

95 Sur ce point, cf. Jean Petot, Histoire de l'administration des Ponts et Chaussées, 1595-1815, Paris, 1958, 522 p.

96 Étienne Hyacinthe de Ratte, op. cit., p. 9.

97 Jean Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, vol. 144, 16e série, T. III, 1982, p. 174.

98 Archives Départementales de l'Ariège, (AD Ariège), 1C 14144, Lettre de Mafaing à l'évêque de Pamiers, 11 avril 1746.

99 J. Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », art. cité, p. 175.

100 Archives Municipales de Narbonne, (AMN), BB 47, Registre des délibérations des Conseils de la ville, séance du 6 mars 1757, f° 13.

101 AMN, BB 49, Registre des délibérations des Conseils de la ville, séance du 9 août 1767, f 14 v°.

102 F. de Dartein, Ponts français du xviiie siècle, Languedoc, vol. III : Etudes sur les ponts en pierre remarquables par leur décoration antérieure au xxe siècle, Paris : Librairie Polytechnique, Ch. Béranger, 1908, p. 10.

103 J. Coppolani, « Garipuy urbaniste et ingénieur », art. cité, p. 176. C'est en 1768 que les États demandent à François Garipuy d'établir le plan du Canal du Midi. Cette « Carte Générale du Canal Royal de Languedoc » est achevée en 1771.

104 ADHG, C 331, Intendance de Languedoc. Subdélégation de Toulouse, Lettre de Garipuy à l'intendant du Languedoc, 25 janvier 1749.

105 L'éloge de Darquier, paru en 1827, précise que l'astronome était non seulement « receveur des impositions de la généralité d'Auch », mais également « receveur provincial du clergé » (« Éloge d'Antoine Darquier », art. cité, p. 305). Nous n'avons pu trouver dans les archives la trace de l'exercice de cette fonction par Darquier.

106 Archives Départementales du Gers (ADG), C 430, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, quittances, 4 janvier 1718.

107 Ibid., avril 1716.

108 ADG, C 438, Ibid., 8 mai 1727.

109 ADG, C 438, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, quittances, 17 janvier 1757.

110 Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux xvii et xviiie siècles, Paris, New York : Burt Franklin, 1923, p. 471.

111 ADG, C 438, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, quittances, 24 janvier 1781.

112 Jean Sentou, Fortunes et groupes sociaux à Toulouse sous la Révolution, 1789-1799, Essai d'histoire statistique, Toulouse : E. Privat, 1965, p. 116.

113 ADHG, 187 Q 17, Registre des déclarations des successions, 14 messidor an 10.

114 J. Sentou, op. cit., p. 117.

115 ADHG, C 2385, Procès Verbaux des séances des États du Languedoc, séance du 18 janvier 1741, f° 74.

116 ADHG, C 2415, ibid., séance du 1er décembre 1773, f° 157.

117 Michel Taillefer rappelle que l'avocat Gez et le chirurgien Bacquié « disposaient d'un revenu de 1000 Livres environ » (Michel Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 63).

118 Jérôme Lalande, Histoire céleste française contenant les observations faites par plusieurs astronomes français, Paris : De l'imprimerie de la République, An 9 [1801], p. 394.

119 Vincent Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 237.

120 Il est très difficile d'évaluer l'implication de Darquier et Garipuy dans l'exercice de leurs professions respectives. Quelques indices laissent à penser qu'ils exercent leurs fonctions avec rigueur. L'épouse du Président à Mortier, Madame Niquet de Roquefort, se plaint de l'empressement de Darquier à faire recouvrir les dettes. « Mrs. les receveurs des tailles ne s'écartent point des règles les plus strictes », écrit-elle en 1778 (Lettre de Madame Niquet de Roquefort, 16 octobre 1778, cité par l'abbé S. Daugé, « Lettres du Président et de la Présidente de Niquet, Seigneur et dame de Roquefort, 1772-1778 », Bulletin de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers, 4e trimestre 1907, p. 339). Darquier dépeint Garipuy comme le « Modèle des Directeurs des Travaux Publics, par son zèle, ses connaissances, son génie, ses talens » (A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 143).

121 Daniel Roche, Le siècle des Lumières en province, op. cit., T. I, p. 224.

122 S'il est difficile de mesurer l'importance que Darquier accorde à son appartenance à la noblesse, on sait en revanche, qu'il portait l'épée. Michel Tailler rapporte qu'en 1771, l'astronome, revenant fort tard du théâtre, a dû abandonner « sa montre, sa bourse et son épée » à deux voleurs (M. Taillefer, Vivre à Toulouse sous l'Ancien Régime, Paris : Librairie Pernin, 2000, p. 304).

123 Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain. Inventaire des titres probants de noblesse et de dignité nobiliaire, T. I, Toulouse : Bonnal et Gibrac Imprimeurs-éditeurs. Cf. Grégory Barbuse, Les familles capitulaires au xviiie siècle (1700-1789). Origines politiques, matrimoniales et typologie de carrières d'un groupe nobiliaire sous l'Ancien Régime, mémoire de DEA, sous la dir. de Jean-Pierre Amalric, université de Toulouse-Le Mirail, 1997, p. 5. La noblesse est « conférée aux Capitouls, immédiatement après la confirmation de l'élection » (Alphonse Brémond, Nobiliaire toulousain. Inventaire des titres probants de noblesse et de dignité nobiliaire, T. I, Toulouse : Bonnal et Gibrac Imprimeurs-éditeurs, p. xxxix).

124 Sur cette catégorie particulière, Guy Chaussinand-Nogaret note que si elle est « à la fois raillée et enviée », elle eut un certain succès, puisqu'il y eut à Toulouse, « au cours du xviiie siècle sept cents capitouls » (Guy Chaussinand-Nogaret, La noblesse au xviiie siècle. De la féodalité aux Lumières, Paris : Éditions Complexes, 2000, p. 45).

125 AMT, BB 251, Notes et mémoires sur l'administration capitulaire, 19 juin 1764, f° 413.

126 AMT, BB 186, Lettres adressées aux Capitouls, aux Syndics, à M. Castilhon, 17 novembre 1774, f° 595.

127 Guy Chaussinand-Nogaret, Une histoire des élites, 1700-1848 [recueil de textes présentés et commentés], Paris, La Haye : Mouton éditeur, 1975, p. 17.

128 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy père », art. cité, p. 146.

129 C'est Jeanne Darquier, la sœur d'Antoine, qui a épousé le baron de Puymaurin. Cf. J. Villain, La France moderne, T. III : Haute-Garonne, Ariège, Montpellier : Imprimerie et Librairie Firmin, 1911, p. 194.

130 Alexandre du Mège, op. cit, p. 213.

131 Sur l'intendant d'Etigny, on consultera la monumentale thèse de Maurice Bordes, D'Etigny et l'administration de l'intendance d'Auch (1751-1767), Auch : Cocharaux, 1957, 2 vol., 1034 p.

132 R. A. Schneider, op. cit., p. 339.

133 Ibid., p. 331.

134 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 31 mai 1739, f° 170.

135 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 264.

136 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 10 février 1774, f° 95.

137 Michel Taillefer, La franc-maçonnerie toulousaine sous l'Ancien Régime et la révolution, 1741-1799, Paris : ENSB-CTHS, 1984, p. 28.

138 Pierre Calas, Histoire de la R. Loge l'Encyclopédique de Toulouse, depuis sa création jusqu'à ce jour, Toulouse : Viallele, 1887, p. 30-31. Cf. également M. Taillefer, La franc-maçonnerie toulousaine, op. cit., p. 227.

139 R. A. Schneider, op. cit., p. 336.

140 Voltaire, Correspondance, T. IX : juillet 1767-septembre 1769, Paris : Gallimard, 1985, Bibliothèque de la Pléiade, Lettre 11353 à Joseph Andra, 10 août 1769, p. 1033.

141 Ibid., Lettre 11343 à Antoine Darquier, 5 août 1769, p. 1022.

142 AMT, 5 S 392, Inventaire des tableaux, Estampes, thermomètres, outils d'horlogerie, s.d.

143 Les deux ouvrages de Jean-Philippe Rameau sont : Démonstrations du principe de l'harmonie, Paris : Durand, 1750 (exemplaire de la Bibliothèque municipale de Toulouse (BMT), Res D XVIII 87), et Nouvelles Réflexions de M. Rameau, Paris : Durand, 1752 (exemplaire de la BMT, Res Mus [220]).

144 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 20 juin 1741, f° 219.

145 V. Ferrone, « L'homme de science », art. cité, p. 221.

146 R. A. Schneider, op. cit., p. 340.

147 M. Biagioli, op. cit., p. 156.

148 Ce terme est employé au sujet de l'astronome montpelliérain Jean-Baptiste Romieu, dans l'éloge que lui consacre l'Académie héraultaise : « M. Romieu étoit un Astronome et nous ne devons pas négliger de le considérer plus particulièrement sous cette qualité » (ADH, 2Mi 336 R1 [D200], Éloge de M. Romieu, f° 143).

149 Le père Emmanuel est né à Viviers-les-Montagnes en 1666.

150 Par exemple au palais épiscopal de Nîmes en 1729 : AAST, 8008830, Emmanuel de Viviers, Observations du RP Emmanuel de Viviers, lu en séance en 1729.

151 AAST, Registre des délibérations, T. II, 7 mars 1730, f° 19.

152 Caroline Pétris, Jean-Gabriel Riquet (1709-1791), mémoire de maîtrise d'histoire moderne, sous la dir. de Michel Taillefer, Université de Toulouse-Le Mirail, 1996, p. 109.

153 Dans un contexte d'intolérance religieuse à Toulouse, Jean Calas, négociant calviniste est accusé d'avoir tué son fils Marc-Antoine soupçonné de s'être converti au catholicisme. Jean Gabriel Riquet de Bonrepos réclame la condamnation de Calas et obtient qu'il soit rompu vif et brûlé (BMT, Ms 1152, Copie de la procédure édifiée contre Calas par le parlement de Toulouse, 1761 p. 515). Voltaire s'empare de l'affaire, rédige notamment son Traité sur la tolérance en 1763 et obtient la réhabilitation de Jean Calas. Sur l'affaire Calas, voir David Bien, L'affaire Calas. Hérésie, persécution et tolérance au xviiie siècle, Toulouse : Eché, 1987, 220 p.

154 Sa fortune s'élève à plus d'un million de francs au moment de son décès en 1791 (J. Sentou, op. cit., p. 86). Très précisément, Jean Sentou a calculé que la fortune totale de Riquet de Bonrepos se monte à 1 278 993 francs, « seules trois successions toulousaines sous la Révolution, note-t-il, dépassent le million ».

155 Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1782, p. 56.

156 Ibid., p. 193-194.

157 François Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1782, p. 56.

158 H. Duclos, Histoire des Ariégeois, T. IV, Toulouse : Éditions Milan, 1984, p. 721 infra.

159 ADHG 3E 2127, Second registre d'Antoine Campmas, notaire à Toulouse, 30 juin 1791, f 82. Guillaume Bigourdan prétend que Riquet aurait laissé à Vidal « une rente viagère et annuelle de 100 louis (2 400 livres) ». Il ne nous a pas été possible de retrouver cette assertion dans le testament de Riquet Bonrepos (Guillaume Bigourdan, « Histoire de l'astronomie à Toulouse de l'origine à la fondation de l'observatoire actuel », art. cité, p. 7).

160 Richard S. Westfall, « Science and Patronage. Galileo and the Telescope », ISIS, mars 1985, vol. 76, p. 30. Voir également : M. Biagioli, op. cit, p. 85.

161 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. IV, 1792, p. 7.

162 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. IV, 1792, p. 11.

163 Archives de l'Académie des Sciences de Paris (AASP), Procès-verbaux des séances, T. 99, séance du 5 août 1780, f 199.

164 AOP, B4 9-12, Lettre de Foulquier à Cassini, le 12 mai 1782.

165 Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. IV, 1792, p. 14.

166 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. vii.

167 François Prêtre constate toutefois que l'engouement pour les sciences des parlementaires toulousains doit être modéré. Les inventaires qu'il a dépouillés n'indiquent que des instruments épars et médiocres (François Prêtre, Mode de vie et culture des parlementaires à la fin de l'Ancien Régime, mémoire de maîtrise d'histoire moderne, sous la dir. de Michel Taillefer, université de Toulouse-Le Mirail, 1991, f° 239).

168 Affiches, annonces & avis divers de Toulouse et du Haut Languedoc, 29 mai 1792, p. 86.

169 AAST, 80015 III 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 20 novembre 1782.

170 AMT, AA 288, Procès verbaux de l'assemblée de Nos Seigneurs des États-Généraux de la Province de Languedoc, séance du 18 décembre 1782, Montpellier : Jean de Martel Aîné, 1783, p. 458-459.

171 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 155.

172 AAST, Registre des délibérations, T. XII, séance du 31 janvier 1782, f 372.

173 AAST, 80015 111 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 20 novembre 1782.

174 Jean-Sylvain Bailly écrit ainsi en 1795, dans son Histoire de l'astronomie ancienne : « Un avantage plus grand, plus intéressant pour nous est celui qui résulte de l'Astronomie pour la Géographie, & pour la navigation. Ce n'est pas un objet de pure curiosité que la connaissance des différents pays sur la surface de la Terre. Cette connaissance est devenue indispensable, depuis que des communications ont été ouvertes entre les Peuples, par la politique qui réunit les uns pour les opposer aux autres ; par le commerce qui lie entre elles les contrées les plus éloignées » (Jean-Sylvain Bailly, Histoire de l'astronomie ancienne depuis son origine jusqu'à l'établissement de l'école d'Alexandrie, Vannes : Éditions Burillier, 1997 [1re éd. 1795], p. 23.)

175 B. Latour, La science en action, op. cit., p. 284.

176 AAST, 80015 III 9, Projet pour l'acquisition de la Maison de feu Mr. Garipuy que L'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 20 novembre 1782.

177 AMT, AA 288, Procès verbaux de l'assemblée de Nos Seigneurs des États-Généraux de la Province de Languedoc, séance du 18 décembre 1782, Montpellier : Jean de Martel Aîné, 1783, p. 459.

178 Ibid., p. 460.

179 Ibid., p. 458.

180 Ibid., p. 460.

181 Ibid., p. 461.

182 Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II, 1782, p. 2.

183 Ibid., p. 3.

184 AAST, Registre des délibérations, T. XIV, Bureau économique des 25 et 27 février 1787, f° 173.

185 Ibid., f° 175.

186 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 22 août 1782, f 398.

187 L'abbé de Rey verse 1 000 livres à l'année pour « le loyer de la Maison de Mr. Garipuy », AAST, Registre des recettes et dépenses, séance du 27 juillet 1787, f 256.

188 AAST, Registre des délibérations, T. XIII, séance du 22 août 1782, f 398.

189 Abbé de Rey, « Observation de l'Éclipse totale de Lune Du 18 mars 1783, faite à l'Observatoire de la Province », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. III, 1788, p. 177.

190 Marquis de Chalvet, Jacques Vidal, « Observation du passage de Mercure sur le Soleil, faite à l'Observatoire de l'Académie le 4 mai 1786 », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. III, 1788, p. 371.

191 Affiches, annonces de Toulouse & du Haut Languedoc, 29 mai 1782, p. 86.

192 Emmanuel Le Roy-Ladurie, « Baroque et Lumières », in Emmanuel Le Roy-Ladurie (dir.), La ville des temps modernes de la Renaissance aux Révolutions, Paris : Le Seuil, 1998, Points Histoire, p. 452.

193 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 10 avril 1750, f° 194.

194 Ibid., T. VII, séance du 11 mars 1751, f° 73.

195 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56. Le château de Bonrepos est situé à une vingtaine de kilomètres de Toulouse.

196 C. Pétris, op. cit., p. 27-28.

197 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, Paris : Didot fils, Joubert jeune, 1786, p. 4.

198 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

199 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 54.

200 Ibid., p. 56.

201 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

202 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4.

203 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

204 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 54.

205 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4.

206 F. Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse, op. cit., p. 3.

207 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

208 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5.

209 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

210 Ibid., p. iii.

211 Ibid., p. 4.

212 F Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages faits à l'Observatoire de Toulouse, op. cit., p. 7-8.

213 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 4-5.

214 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.

215 Ibid., p. 56.

216 Jean Baptiste Delambre, Histoire de l'astronomie au dix-huitième siècle, Paris : Bachelier, 1827, p. 335.

217 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.

218 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5.

219 Ibid., p. 5.

220 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 5.

221 Robert Halleux, « Observatoires, laboratoires et cabinets », in Michel Blay, Robert Halleux (dir.), La science classique xve-xvie siècles. Dictionnaire critique, Paris : Flammarion, 1998, p. 120.

222 Owen Hannaway, « Laboratory design and the aim of science. Andreas Libavius versus Tycho Brahe », ISIS, vol. 77, n° 289, décembre 1986, p. 585-610.

223 Jole Shackelford, « Tycho Brahe, Laboratory design and the aim of science. Reading plans in context », ISIS, vol. 83, n° 2, juin 1993, p. 211-230.

224 Charles Gillispie affirme que « originally, the Observatory was imagined as a house of all science, accommodating the Academy in its prospective requirements for a chemical laboratory, an anatomical theater, a repository for apparatus and instruments, a library, a public meeting hall, and lodgings for the members ». Charles Coulston Gillispie, Science and Polity in France at the end of the Old Regime, Princeton : Princeton University Press, 1980, p. 100.

225 AMT, 4D 19/9, Observatoire royal de Toulouse, tel qu'il a été bâti par M. de Garipuy, 7 septembre 1826.

226 AMT, 5S non coté. Acquisition de la maison de Toulouse située à la vue des fleuves, paroisse Saint Etienne, Capitulat de Saint Barthélemy, par Philippe Garipuy, 21 novembre 1660.

227 Cette description minutieuse de la distribution des pièces dans la maison de Garipuy nous est connue grâce à plusieurs mémoires de travaux de la série 5S non cotée. Les deux principaux sont : Mémoire de L'ouvrage que jay fait pour Monsieur Garipui, M. Ferran, menuisier, septembre 1775, et Compte de L'ouvrage Et fournitures fait à la maison de Mr. Garipui, s.d.

228 Steven Shapin, « The House of Experiment in Seventeenth-Century England », ISIS, vol. 79, 1988, p. 373-404.

229 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 56.

230 F. Garipuy, Mémoire contenant le détail et le prix des ouvrages, op. cit., p. 8.

231 AAST, 8008856, François Garipuy, Mémoire sur l'application qui a été faite de l'héliomètre de Mr. Bouguer aux Télescopes à réflexion, lu en séance le 25 juin 1761.

232 S. Shapin, S. Schaffer, Léviathan et la pompe à air, op. cit, p. 40.

233 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 5-7. Darquier décrit dans la préface de ses Observations astronomiques l'équipement dont il dispose : un télescope à réflexion, une lunette de sept pieds et demi, un instrument des passages, un quart de cercle de deux pieds, une lunette achromatique, un héliomètre (Antoine Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii-vi.).

234 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.

235 G. Bigourdan, « Coordonnées, instruments et travaux de l'Observatoire du Collège de France », Compte rendu de l'Académie des Sciences, T. CLXX, séance du 16 février 1920, p. 360-361.

236 G. Bigourdan, « L'observatoire de Le Monnier dans la rue Saint-Honoré », Compte rendu de l'Académie des Sciences, T. CLXVIII, séance du 31 mars 1919, p. 645-647.

237 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 7.

238 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55

239 Ibid., p. 56.

240 Maurice Daumas, Les Instruments scientifiques aux xviie et xviiie siècles, Paris : Presses universitaires de France, 1953, p. 203.

241 Danielle Fauque, « Les origines de l'héliomètre », Revue d'Histoire des Sciences, 1983, T. XXXVI/2, p. 153.

242 M. Daumas, op. cit., p. 233.

243 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 49.

244 AOP, B 1-5, Correspondance de Nicolas Delisle, T. X, n° 82, Lettre de François Garipuy à Nicolas Delisle, 16 février 1751.

245 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. i-ii.

246 J.-M. Faidit, Les « amateurs de sciences » dune province et le ciel au xviiie siècle, op. cit., T. I, f° 76.

247 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

248 Histoire et Mémoire de l'Académie Royale des Sciences, 1779, p. 363.

249 AAST, 8008832, F. Garipuy, Mémoire lu dans une assemblée publique, s.d. [1738].

250 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

251 AOP, B 1-5, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 241a, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 1er novembre 1753.

252 Dominique Vinck, « Les objets intermédiaires dans les réseaux de coopération scientifique. Contribution à la prise en compte des objets dans les dynamiques sociales », Revue Française de Sociologie, T. XL/2, avril-juin 1999, p. 410.

253 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XIII, n° 60, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 3 mars 1753.

254 AOP, B 1-6, Ibid., T. XI, n° 86, Lettre de Nicolas Delisle à François Garipuy, 13 mars 1751.

255 M. Daumas, op. cit., p. 339-385.

256 AOP, B 1-6, Ibid., T. XI, n° 88, Lettre de Nicolas Delisle à François Garipuy, 13 mars 1751.

257 AOP, B 1-6, Ibid., n° 86, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 14 avril 1753.

258 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Nicolas Delisle, T. XIII, n° 41, Lettre de Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 14 octobre 1755.

259 AAST, Registre des délibérations, T. III, séance du 9 juillet 1737, f 92.

260 Ibid., T. VII, séance du 11 mars 1751, f° 74.

261 C. C. Gillispie, op. cit., p. 119.

262 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. ii.

263 AAST, Registre des délibérations, T. V, séance du 29 août 1748, f 227.

264 AAST, ibid., T. VI, séance du 14 novembre 1748, f 5.

265 Albert Van Helden, « Telescopes and Autority from Galileo to Cassini », OSIRIS, Vol 9, 1994, p. 25.

266 Jérôme Lalande, Astronomie, 3e éd., T. II., Paris, 1792, p. 654.

267 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 126, Lettre d'Antoine Darquier à Nicolas Delisle 17 mai 1753.

268 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Delisle, T. VII, n° 79. Antoine Darquier à Nicolas Delisle, 6-11 novembre 1754.

269 AOP, Ms 1029a, Copie de la correspondance de Delisle, T. VII, n° 126a, Antoine Darquier à Nicolas Delisle, 30 Juillet-8 août 1754.

270 AOP, B 1-7, Correspondance de Nicolas Delisle, T. XII, n° 207, Nicolas Delisle à Antoine Darquier, 24 septembre 1753.

271 Jean Bernoulli, Lettres sur différens sujets, écrites pendant le cours d'un voyage par l'Allemagne, la Suisse, la France méridionale et l'Italie, en 1774 et 1775, T. II., Berlin : chez G. J. Decker, 1777, Lettre V.

272 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.

273 AAST, Registre des mémoires copiés, T. IV, François Garipuy, Mémoire sur la hauteur du Pôle de Toulouze, lu en séance le 15 février 1753, f° 106.

274 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

275 Ibid., p. iv.

276 Ibid., p. v.

277 AAST, Registre des délibérations, séance du 10 avril 1736, ff° 6-7.

278 F. Garipuy, « Histoire de l'astronomie à Toulouse », art. cité, p. 55.

279 A. Darquier, « Éloge de M. Garipuy, père », art. cité, p. 138.

280 A. Darquier, « Détermination de la différence en longitude de Greenwich, Paris, Montpelli au moyen d'une montre marine de M. John Arnold, Horloger Anglois », ibid., T. IV, 1792, p. 285

281 A. Darquier, Observations astronomiques faites à Toulouse, op. cit., p. iii.

282 Ibid., p. i.

283 A. Darquier, Lettres sur l'astronomie pratique, op. cit., p. 21.

284 Ibid., p. 2.

285 Ibid, p. 13.

286 Daniel Roche, Les Républicains des Lettres. Gens de culture et Lumière au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988, p. 47.

287 AAST, Registre de la correspondance, Lettre n° 29, de François Garipuy à Antoine Darquier, 10 février 1762.

288 Ibid.

289 AAST, ibid., Lettre n° 1, de de Ratte au secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences de Toulouse, 29 décembre 1746.

290 Bibliothèque universitaire de Bâle, BUB, La 686, Lettre d'Antoine Darquier à Jean III Bernoulli, 15 juillet 1786, f 1087.

291 BUB, La 686, Lettre d'Antoine Darquier à Jean III Bernoulli, 17 avril 1784, f 1075.

292 Ibid., 19 mai 1780, f° 1005.

293 Ibid., 12 février 1784, f° 1071.

294 Ibid., 17 avril 1784, f° 1077.

295 Ibid., 1er septembre 1780, f° 1017.

296 Ibid., 15 juillet 1785, f° 1088.

297 AAST, Registre des Mémoires Copiés, T. III, A. Darquier, Traduction d'un mémoire de la Société Royale de Londres, lu en séance le 15 juillet 1751, f 342.

298 BMT, Br Fa D414, Jean Castilhon, Mémoire concernant la bibliothèque du ci-devant Collège de Toulouse, en particulier, et la Bibliothèque nationale en général, présenté aux administrateurs de la Haute-Garonne et du district de la commune, les 5 octobre 1790 et 26 janvier 1791.

299 Yannick Menez, Les bibliothèques toulousaines aux xviie et xviiie siècles, mémoire de maîtrise d'histoire moderne, sous la dir. de Michel Taillefer, université de Toulouse-Le Mirail, 1996, f° 5.

300 Ibid., f° 10.

301 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 71.

302 ADHG, 1L 1025, Remis au Citoyen Vidal astronome Le 3 floréal an second de la République française une et indivisible pour mettre à l'observatoire séante la dite maison de Garipuy près le Salin.

303 AAST, 80015III -27, Catalogue des Livres appartenant à l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, fait le mois de novembre 1771 par MM. Dubernard et Saget cadet.

304 M. Taillefer, Une académie interprète des Lumières, op. cit., p. 89.

305 Ibid., p. 90.

306 D. Roche, Les Républicains des Lettres, op. cit., p. 75.

307 Il s'agit d'un ouvrage, probablement manuscrit, sur parchemin : Tycho Brahe, Opera Omnia, sineAstronomiae instauratae Progymansmaia et Tractarusde mundi oetherei recentioribusphaenomenis, Francfort, 1648.

308 Isaac Newton, Opuscula, Genève, 1744 ; Philosophia Naturalis principia mathematica, Genève, 1739-1742 ; Arithmetica universalis, Leyde, 1752.

309 Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique avec l'Histoire de l'astronomie depuis 1781 jusqu'à 1802, Paris : Imprimerie de la République, 1803, p. 444.

310 Pierre Bouguer, Lettre dans laquelle on discute divers points sur le supplément au Journal du voyage de M de la Condamine, Paris, 1754.

311 Garipuy possède La figure de la Terre de Pierre Bouguer, parue en 1749, ainsi que La mesure du méridien et le Journal de voyage de La Condamine.

312 Bernard Le Bouyer De Fontenelle, Éléments de la géométrie de l'infini, Paris, 1727.

313 P. Bouguer, Nouveau traité de navigation, contenant la théorie et la pratique du pilotage, Paris, 1753.

314 P. Bouguer, Traité du navire, Paris, 1746.

315 Pierre Louis Moreau De Maupertuis, Astronomie nautique, Paris, 1743.

316 Philippe La Hire, Tabulae astronomicae planetarum omnium, Ludovic XIV, regis Galliae, jussu etmunificentia exaratae à Philippo de la Hire, regio mathéseosprofessore, anno 1702, munc vero in commodum astronomiae cultorum denuo in lucem editae : addentur in fine Tabulae Cassinianae reformatae motus satellitsprimi Jovis, Ingolstadii, 1722.

317 Patrick Murdoch, Nouvelles tables loxodromiques, traduit de l'anglais par M. de Brémon, Paris, 1742.

318 Philippe Desplaces, Éphémérides des mouvements célestes pour les années 1715 jusqu'en 1725, Paris, 1726.

319 Andréa Argoli, Éphémérides de l'année 1640 à 1700, Padoue, 1648.

320 M. Passement, Construction d'un télescope de seize pouces par réflexion de M. Newton, Amsterdam, 1741.

321 J. H. Magellan, Descriptions des octans et sextans anglois ou quart de cercle à réflexion, avec la manière de s'en servir et de les construire, Paris, 1775.

322 Reaumur, Explication des principes établis par M. de Réaumur pour la construction des thermomètres dont les degrés sont comparables, Paris, 1725.

323 D. Roche, Les Républicains des Lettres, op. cit., p. 75.

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