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Du Teikei aux AMAP

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Hiroko Amemiya

Deuxième partie. Analyses de structurations nouvelles en France

En pays de Redon, récupération de friches : l’expérience du « transformateur »

Barbara Monbureau et Gabriel Chauvel

Texte intégral

1Les réalités et les réflexions autour de la vente directe de produits fermiers locaux montrent une multiplicité de manières de pratiquer l’agriculture et de relations avec l’agriculture. Cette multiplicité reflète la largeur de l’éventail des structurations nouvelles que peut susciter de manière immédiate ou détournée ce phénomène de vente directe. Dans ce chapitre nous explorons une expérience qui correspond au second volet dans la mesure où une forme très particulière d’agriculture, que nous présenterons dans la troisième section, n’a été mise en place qu’après de multiples interrogations sur ce que l’on pouvait faire d’un site. Ces interrogations sur l’usage du site que nous explorons dans la deuxième section viennent tout d’abord de son existence. Il se trouve en pays de Redon, mais des sites de ce type, résultant de l’abandon d’une installation industrielle, il y en a en de nombreuses régions. Pour que se développe sur un tel site, une structuration nouvelle, il faut que des « gens » s’en saisissent, des pouvoirs publics et surtout des citoyens qui s’investissent, et là ils ont fondé une association « Les Amis du Transformateur » qui est au cœur de cette expérience. Elle n’est pas achevée, où peut-elle aller ? La dernière section montrera quelques projets parmi lesquels celui de fournir des légumes et de la viande à une cantine scolaire.

Le transformateur : des lieux et des gens

2À la jonction du canal de Nantes-à-Brest et de la Vilaine, à Saint-Nicolas-de-Redon et tout contre le centre-ville de Redon, le site d’une usine abandonnée depuis 1985 est animé régulièrement par une nouvelle présence humaine, bricolant ça et là, rangeant, défaisant des murs, construisant des digues, plantant des arbres, débroussaillant, taillant. Pendant les mois d’hivers, d’autres êtres occupent les lieux : un petit troupeau de vaches nantaises, que l’on aperçoit le reste de l’année un peu plus loin, sur un pré en partie enfriché face à la zone commerciale, ou derrière la friche industrielle dans les prés-marais. Entre les prés-marais et la friche industrielle, sur une ancienne zone de dépôts, un potager est entretenu par un groupe de jardiniers. On remarque l’absence de haies de séparation et de cabanes à outils, typiques des jardins familiaux. Le dessin des planches de culture semble fantaisiste, longeant un fossé ou entourant des tipis à haricots. Au fond sous un chêne, une grande table en bois a été construite avec des matériaux de récupération, tout comme les portillons du jardin.

3Les habitants des environs sont curieux de comprendre ce qui se trame ici, surtout à cause des vaches aperçues sur des terres qui paraissent impropres au pâturage. à l’occasion d’une porte ouverte du potager, d’une promenade sur le site ou par le bouche-à-oreille, ils découvrent que toutes ces activités sont le fait d’une même association, les « Amis du Transformateur », et qu’ils peuvent eux aussi rejoindre ce groupe de bricoleurs, d’éleveurs et de jardiniers. Cette association s’est donnée pour mission de gérer des terrains inondables situés à proximité immédiate des lieux habités. Aujourd’hui cette gestion passe par des activités qui sont une manière d’entretenir un lieu, de relancer une activité agricole locale disparue, et de générer des échanges et des partages entre les habitants du voisinage. Cette activité agricole, créée sans but lucratif (quoi que la question économique ne soit jamais écartée) sur des terrains et avec des moyens atypiques est une expérience originale dont nous ne connaissons pas d’équivalent. Il est possible de rêver qu’elle serve de source d’inspiration à d’autres, en d’autres lieux et sur d’autres problématiques. Cette expérience, commencée il y a 6 ans, n’a pas cessé d’évoluer. Nous allons donc vous en présenter les premières étapes, jusqu’aux réflexions qui nous occupent actuellement. Pour commencer, il faut comprendre les différentes natures du site qui nous intéresse et les enjeux qui pèsent sur lui.

Un site d’intervention hétérogène

4L’espace géré par l’association les Amis du Transformateur est un patchwork de parcelles de différentes apparences : une friche industrielle, des terrains non bâtis mais rehaussés par un remblaiement artificiel et enfrichés, et des présmarais naturels. Leur point commun est leur sensibilité aux inondations. Pour compléter le tableau, l’association souhaiterait encore intégrer dans son domaine de gestion les peupleraies voisines, car c’est bien la diversité de ce territoire qui l’intéresse. Certains des terrains sur lesquels intervient l’association ont été acquis par le conseil général de Loire-Atlantique. D’autres appartiennent à des industriels, commerçants, agriculteurs ou particuliers. Ces terrains font partie d’une vaste ensemble de 350 hectares, situé sur un bord du département de Loire-Atlantique, tout contre les villes de Redon et de Saint-Nicolas-de-Redon. Il est délimité par la Vilaine et le canal de Nantes-à-Brest et formait autrefois un ensemble cohérent entièrement constitué de prés-marais. Depuis, l’espace au nord s’est urbanisé et des terrains ont été reconvertis, construits, remblayés, pour accueillir des habitants, des activités diverses et des plantations de peupliers. La plupart des entreprises ont aujourd’hui disparu et les derniers projets d’activités ont avorté, pour cause de risque d’inondation. à la place, la végétation spontanée s’installe et ferme peu à peu le paysage. Pour protéger les habitations présentes, il est nécessaire d’assurer la bonne circulation des eaux de crue sur tout l’espace de respiration du fleuve. Il faut empêcher toute construction nouvelle et dégager les éléments encombrants que sont les bâtiments inoccupés et la végétation colonisatrice. En 2004, pour rendre les terrains durablement inconstructibles, le Conseil général de Loire-Atlantique a préemptée toute la zone des 350 hectares pour la convertir en Espace naturel sensible (ENS). Il acquiert, en 2005, la friche industrielle, et un an plus tard, un pré-marais, qui deviennent chacun « Espace naturel sensible ». Il reste à résoudre la question des moyens à apporter pour permettre la libre circulation des eaux de crue et pour trouver une cohérence entre l’état de la friche industrielle et son statut d’ENS.

Un espace naturel sensible problématique

5L’embarras du conseil général de Loire-Atlantique face à ce site est compréhensible : rien n’est plus loin de l’idée que l’on se fait d’un ENS que cet espace encombré des débris de l’activité industrielle. La tentation est grande de tout raser. Mais plusieurs raisons s’y opposent. La question du coût de l’opération de démolition, exportation de matériaux et dépollution du site se pose d’emblée. Puis la question de l’effacement pur et simple de ce lieu de mémoire important dans l’histoire du pays de Redon. Enfin la dépollution du site suppose que l’on va enterrer ailleurs les éléments indésirables, c’est à dire aller polluer un autre site : on peut avoir des doutes quant à la légitimité de ce geste. Se posera ensuite la question de la gestion de l’ensemble de la zone inondable, que le conseil général de Loire Atlantique souhaite acquérir et transformer également en ENS.

6Sur la demande du conseil général, des paysagistes ont commencé à réfléchir sur l’ensemble de ce territoire complexe et « impur ». Quel devenir pour une friche industrielle classée ENS ? Comment faire revenir la nature sur cet espace pollué ? Comment gérer les eaux de crue ? Comment permettre l’ouverture du site au public ? Quel lien entre les prés-marais et ce lieu hétérogène ? Comment l’entretenir à moindre coût ? etc. C’est pour tenter de répondre à toutes ces questions que débuta l’expérience du Transformateur. Initiée par des paysagistes, l’expérience s’est d’abord orientée vers des préoccupations paysagères et écologiques, puis le cours des réflexions et des choix de gestion s’est infléchi vers une vision plus agricole.

Les ateliers de transformation : le début d’une expérience originale

7L’expérience du Transformateur a été initiée lors d’un atelier pédagogique organisé par l’école nationale supérieure du paysage de Versailles en 2003. L’idée des étudiants fut de jouer sur la question des délaissés de l’industrie et d’en faire la matière première de la métamorphose de la friche. La transformation du lieu en parc public commença lors d’ateliers dont le but était de tester en grandeur nature la quantité de travail nécessaire à la métamorphose du site. D’essais en essais, le site a commencé à être réellement aménagé et l’idée est apparue que l’on pouvait agir très concrètement par le biais de ces chantiers d’étudiants. En 2005, l’association des « Amis du Transformateur » a été créée pour ouvrir la porte à toutes les expériences pédagogiques qui permettraient de répondre aux demandes du conseil général : favoriser l’écoulement des eaux et conforter le rôle de cet espace pour l’expansion des crues, favoriser le retour de la nature sur la friche industrielle et enfin permettre à tous de découvrir le site. Ainsi est né un partenariat entre des bénévoles, le conseil général et des étudiants de différentes écoles (école nationale supérieure du paysage (ENSP), école d’architecture de Rennes, école d’architecture de Nantes, Centre de promotion sociale agricole (CPSA) en horticulture de Combourg, école de paysage de Blois) pour la gestion d’un site complexe et sa reconversion en parc public.

Une règle simple

8L’idée des Amis du Transformateur est de jouer sur la question des déchets et d’en faire la matière première de la métamorphose de la friche en parc public. Ce principe est résumé dans la règle principale qu’ils s’imposent : « rien ne sort, rien ne rentre » sauf les outils et les participants. Il faut donc faire avec tout ce qu’il y a sur place. Cette pensée pratique impose une connaissance des lieux, des personnes et ressources existantes. Cette manière crée et met en scène des milieux naturels nouveaux, en offrant des pratiques originales, ouvertes à tous.

Les nombreux objectifs de l’association

9Les objectifs visés par l’association répondent d’abord aux demandes du conseil général qui sont d’entretenir et d’aménager le site, de garantir la bonne circulation des eaux et de transformer les lieux en un parc naturel public. Mais les exigences des membres de l’association vont plus loin : il s’agit également d’offrir des activités collectives et créatives, un partage de savoirs, d’intégrer l’association au sein des activités locales et de travailler dans une économie de moyens. Grâce à la gestion particulière des déchets par les Amis du Transformateur, et grâce à l’idée de l’agriculture comme mode de gestion, de nombreux d’objectifs vont être atteints ou facilités.

Les moyens de l’association : les ateliers de transformation

10Aujourd’hui les adhérents, accompagnés d’étudiants et professionnels de tous bords, agissent concrètement sur le site à travers huit ateliers de transformation : « pâturage », « potager », « art », « entretien et gardiennage », « nature », « fêtes », « chantiers-écoles » et « mémoire du site ». Ils sortent peu à peu les matériaux du rebut, les organisent et les associent à la nature qui recolonise les lieux et à l’agriculture réintroduite. Le site est devenu un lieu d’observation de la nature, un lieu d’échange de savoir-faire rustiques et un lieu de production ; chaque chantier, chaque journée de jardinage est l’occasion d’un travail véritablement efficace et de grands plaisirs collectifs.

Site de rebut, site de loisir, site de production

Quelle reconnaissance pour ce chantier permanent ?

11Depuis la création de l’association « les Amis du Transformateur » en 2005, le site s’anime régulièrement et se transforme peu à peu. Ce n’est cependant pas un parc public car il n’obéit pas encore aux normes de sécurité : ce travail est en cours, guidé par les préconisations d’un bureau de contrôle mandaté par le conseil général. C’est un lieu en devenir, un lieu de projets, de travail et d’évolutions. Le site du Transformateur est un processus plutôt qu’un objet défini et stable. Mais ce qui fait l’intérêt de cette expérience est aussi sa fragilité. Car il découle de cet aspect mouvant une difficulté de visualisation de ce territoire et sans doute une certaine précarité de l’association. Sa relation de partenariat avec le conseil général est renégociée chaque année. On peut comprendre qu’il est difficile pour les pouvoirs locaux d’utiliser un site de rebut comme faire valoir. Difficile en effet de voir un parc naturel dans un site industriel envahi par des « mauvaises herbes ». Difficile d’admettre qu’un lieu de déchets puisse produire sainement. Pourtant, nous sommes persuadés que cette technique de gestion hybride du site est la plus riche qui puisse être, socialement, environnementalement et culturellement, et qu’elle est plus intéressante et moins coûteuse que l’aménagement d’un parc naturel traditionnel. Le fait même qu’elle étonne et pose questions sur notre rapport aux déchets, à la « Nature » ou sur les rapports entre l’urbain et le rural est une de ses grandes qualités.

Les délaissés de l’industrie : entre nettoyage et recyclage

12Le site de la friche industrielle rompt avec l’idée d’un parc naturel : dalle d’enrobé, halles de béton, de poutres métalliques, de tôles de fer et d’amiante, préfabriqué de bois et de laine de verre, machine à vapeur et cheminée d’acier sont les ornements des lieux. La nature se loge dans les interstices, s’accommode des irrégularités du terrain, mais ne donne pas l’image d’une nature vierge. Les bâtiments sont jugés inopportuns par le conseil général. Des démolitions ont donc eu lieu pour libérer le sol de ces obstacles à la circulation de l’eau ou à l’établissement d’une nature plus intègre. Certaines de ces démolitions ont été le fruit d’une collaboration entre le conseil général et l’association du transformateur : conception du projet par des élèves en architecture, choix des éléments à conserver sur place, suivi et accompagnement du chantier de démolition et de recomposition par les auteurs du projet et des adhérents de l’association. Ces chantiers ont ainsi transformé des anciens bureaux en un chemin à ciel ouvert, dallé de matériaux divers et parcourant une pépinière de chênes. Plus loin, un hangar sert d’abri à une jeune forêt et un autre bâtiment est comblé pour devenir un podium-belvédère. Les matériaux restants, rangés à l’abri, iront servir plus tard à d’autres aménagements du site : passerelle, bancs, barrières, panneaux, escaliers… Certains éléments sont conservés en l’état, sur place : une dalle est une surface d’accueil multi-usages, une halle est un abri pour une exposition à la belle saison et pour les vaches l’hiver. Mais d’autres démolitions ont été réalisées sans le concours de l’association. Le désamiantage d’une halle a été réalisé proprement, mais la démolition de la halle près de la Vilaine n’a pas été aussi heureuse : l’entreprise a fait subir des dégâts importants au sol et aux bâtiments proches. Elle n’a laissé sur place qu’un amas de béton et de ferrailles mêlés, sans espoir de récupération possible, et une surface imbibée d’huile. L’opération « nettoyage » fut un désastre.

13Cette expérience a démontré combien la gestion de nos déchets ne peut être réalisée de manière satisfaisante par une volonté de table rase. Déposer des éléments gênants pour les envoyer encombrer d’autres lieux n’est pas une solution, ni réduire sur place des constructions en tas de gravats. L’entreprise de recyclage amorcée par l’association est une intervention délicate, peu spectaculaire, mais toujours avec des effets enrichissants. Les efforts sont importants et les chantiers mobilisent de nombreux bénévoles ainsi que des machines, qui sont les bienvenues sur le site quand elles sont utilisées pour des actes très précis, mais ces efforts permettent de prendre la mesure de ce que laisse derrière elle notre société : on n’effacera pas ces rebuts d’un coup de baguette magique, ni à coups de tractopelle. Mieux vaut essayer de leur donner une deuxième vie, un nouvel usage.

Une économie de moyens

  • 1 Permaculture : principe ou philosophie inventés simultanément par Bill Mollison et David Holmgren (...)

14Le succès et l’efficacité de l’association reposent sur un principe : ne pas se lancer dans des actes ne visant qu’un seul objectif, d’où la quantité d’ateliers de transformation qu’elle propose. à un objectif de démolition, il faut associer des objectifs de recomposition, de création d’une nouvelle niche écologique, d’un aménagement utile aux vaches ou au potager, de mise aux normes de sécurité du site, de pédagogie, de création, de rencontre, de plaisir, etc. C’est un principe de permaculture1 qui impose une réflexion préalable à partir d’une reconnaissance du terrain et de ses usagers. En associant toutes les qualités et les richesses du site pour leur faire servir les différents objectifs de l’association, l’action du Transformateur se situe entièrement dans une démarche d’économie de moyens.

Un élevage sur des délaissés

15Bien que nous soyons dans une petite ville rurale, la présence des vaches sur la friche du Transformateur ne laisse pas de surprendre les voisins. Nous sommes à deux pas du centre-ville, dans une zone d’activités, et si cet espace est aujourd’hui désaffecté par l’industrie et à nouveau disponible pour l’agriculture, c’est uniquement en raison de son inondabilité. Pour les habitants, nous sommes en ville et la vue des vaches dans ce contexte provoque toujours étonnement et sympathie. Certains terrains qu’elles pâturent donnent sur la rue des commerces de Saint-Nicolas-de-Redon, de l’autre côté du canal, et elles prennent place naturellement dans les discussions des cafés.

16Que font ces animaux sur cette zone abîmée et délaissée ? Sont-ils là pour nous rappeler l’existence à notre porte des immenses prés-marais ? Sont-ils là pour orner le site industriel de leur présence décorative ? Non, il s’agit tout simplement d’agriculture. Et non, on ne les traie pas pour avoir du lait ou du fromage car ce sont des bêtes à viande, des bêtes que l’on mange. La réalité est difficile à accepter pour nombre de visiteurs séduits par le Transformateur. Oui, nous mangeons nos animaux domestiques. Oui, le bœuf que nous avons parfois dans notre assiette, nous l’avons connu, nous lui avons parlé, nous l’avons soigné, nous lui avons appris à aimer les betteraves, nous l’avons mené de pâturages tondus à des prés d’herbe tendre et nous lui avons couru après quand il s’évadait dans les marais. Nous sommes à peu près sûrs que cette bête là n’a pas eu une vie malheureuse. Et sa viande est bonne.

Un potager bio sur une terre impure (éloge de la pourriture)

17Établi sur l’ex-zone de dépôt des déchets verts de la ville de Redon, le potager profite d’un véritable terreau pour la croissance des légumes, nous épargnant les apports extérieurs et même l’irrigation. La générosité de notre jardin potager ne manque jamais de faire des envieux. Tout pousse, sans engrais ni eau. C’est que la terre a été enrichie pendant des années de tous les déchets verts des services techniques de la ville de Redon. Et avec ces déchets verts, bien d’autres choses encore : toutes sortes de conteneurs en plastique, d’emballages, lambeaux de matières indécomposables que l’on extrait indéfiniment du sol. La composition de la terre est loin d’être « bio », et quels que soient les efforts que l’on fournira pour purifier cette parcelle, la présence de la Vilaine à quelques mètres de là rappelle qu’à la prochaine inondation, cette terre sera polluée de tout ce que transporte le fleuve. Inutile, donc, de prétendre au label Bio. Mais nos pratiques dans le jardin sont parfaitement bio : usage de paillages, compost, rotation des cultures, association de végétaux, buttes végétales et absence d’engins à moteur. Le leitmotiv de Yves Gillen, le jardinier pilote, est : « s’attirer les auxiliaires du jardin ». Pas d’anti-limace, donc, pas de produit qui pourrait nuire à la chaîne alimentaire du hérisson ou autre sympathique bestiole. Les récoltes sont bonnes et les légumes excellents. Mais ils ne sont pas bio.

L’agriculture particulière du transformateur

18Répondre aux demandes faites par le Conseil général de gérer et d’aménager le site tout en produisant la viande et les légumes de nos repas est une vraie satisfaction. Bientôt un verger verra le jour le long d’une douve et viendra compléter cette production alimentaire. Qui sait, un jour peut-être ferons-nous aussi le sarrasin pour le Kig ha farz ?

Le potager : fonctionnement collectif et motivations multiples

19Une quinzaine de jardiniers se retrouvent tous les samedis pour cultiver sous la houlette du jardinier pilote, Yves Gillen, qui prodigue ses leçons de jardinage biologique. Ici, pas de conflit de partage pour la terre et l’eau : le terrain du potager n’est pas divisé en petites parcelles, il reste entier et il est cultivé collectivement. Les décisions sont prises en commun, lors de la visite avant le travail et pendant le déjeuner sous le conseil du jardinier pilote, ou lors de réunions exceptionnelles. Quant à l’eau, c’est celle qui vient du ciel. Le paillage pratiqué dans ce jardin évite l’assèchement de la terre et le climat limite largement les besoins. Le potager est très productif et il est également très « décoratif ». À la fois sauvage et organisé, alimentaire et esthétique, il attire au sein de l’association de nombreux visiteurs qui ont étés séduits par le charmant désordre organisé de ce jardin.

20Les motivations des jardiniers sont variées, certains cherchant à se perfectionner dans l’art du jardin, d’autres pour exercer une activité physique de plein air, d’autres encore recherchent simplement la compagnie. La question de la production est souvent annexe : c’est important de savoir que nos pratiques culturales fonctionnent, c’est divertissant de découvrir de nouveaux légumes, mais aucun jardinier du Transformateur ne compte vraiment sur le potager pour assurer une partie de ses repas. Pourtant il existe une certaine exigence de production car les jardiniers ont l’obligation de produire les repas de l’association du Transformateur qui ont lieu lors de manifestations, de chantiers ou d’assemblées générales. L’objectif n’est pas quantifié, et le procédé pour l’atteindre consiste simplement à venir jardiner chaque samedi et à partager la production à parts égales entre les jardiniers et l’association. Le potager est assez généreux, et le contrat a été rempli chaque année.

Le troupeau, les pâturages et l’équipe d’éleveurs : une relation de jardinage avec le site

21L’association possède aujourd’hui quatre vaches : un bœuf de 3 ans, deux génisses de 2 ans et un veau de 1 an. Actuellement un jeune taureau les accompagne, prêté à l’association afin qu’il féconde une des génisses. Ce sont toutes des vaches nantaises, elles sont rustiques et peuvent rester dehors toute l’année. Plutôt rare, cette race propose une autre image que celle habituelle des Holstein noires et blanches. Les Nantaises ont de jolies robes variant du roux au blond pour les vaches et les bœufs, et du gris clair au gris foncé pour les veaux et les taureaux. Les cornes surprennent : on a oublié ce qu’était une vache avant que l’agriculture productiviste ne fasse disparaître ces beaux attributs. Ce sont des bêtes à viande, seul choix possible pour l’association qui n’a pas les capacités matérielles de produire du lait. C’est ainsi que le troupeau fournit de la viande aux adhérents et pour tous les repas de l’association. Le nombre de bêtes nous permet l’autosuffisance, avec une génisse pour le renouvellement du cheptel et une bête consommée chaque année.

22En 2008, 10,7 hectares, incluant les 2,7 ha de la friche industrielle, ont été pâturés. Les plus grandes parcelles sont la propriété du Conseil général, classées ENS. D’autres parcelles appartenant à d’autres collectivités locales ou à des propriétaires privés font également partie des pâtures du Transformateur. Des conventions lient l’association des Amis du Transformateur aux différents propriétaires : conseil général de Loire-Atlantique, Institut d’aménagement de la vilaine (IAV), ville de Redon, ville de Saint-Nicolas-de-Redon, ainsi que des industriels et des commerciaux, qui voient dans cet accord une possibilité d’entretenir leurs terres sans frais, et des agriculteurs (accord en projet), avec qui il sera intéressant d’échanger des services. L’espace où évoluent les vaches du Transformateur est varié : prés-marais naturels, terrains remblayés et enfrichés, et un site industriel, essentiellement constitué d’une dalle minérale. Celui-ci offre peu d’herbe à consommer mais nous est pourtant très utile sur une petite partie de l’année, quand les champs sont trop humides.

23Cinq adhérents s’occupent du troupeau. Dans l’équipe, Laurent Chalet est paysan éleveur d’un troupeau de vaches nantaises et adhérent de l’APRBN (Association pour la promotion de la race bovine nantaise) ; il vend sa viande en direct. Laurent est précieux dans l’équipe pour ses conseils d’éleveur et dans les gros coups de main pour les déplacements difficiles. Les autres membres de l’équipe se relaient pour les nourrir, vérifier le besoin en eau, créer tous les aménagements qui leurs seront nécessaires (clôtures, râtelier, abris…) et les visiter de manière journalière.

24Élever des vaches plutôt que de passer le gyrobroyeur ou la faucheuse n’est pas un simple remplacement d’outil. L’animal demande un suivi constant, un passage fréquent pour ses besoins en eau et un apport de fourrage chaque jour de l’hiver. Comprendre ses besoins en végétaux demande de l’observation, surveiller sa santé et les moments de reproduction imposent une autre attention. Et surtout, le contact régulier entre l’animal et les personnes qui le soignent crée un lien affectif. Son bien-être devient aussi important que l’opération de ménage du site qu’il est sensé effectuer. Entretenir ce lien de plaisir quotidien avec l’animal est comparable à une attitude jardinière. Au fur et à mesure de l’évolution de leurs connaissances des pratiques d’élevage, les éleveurs novices vont mieux comprendre les conjonctions possibles entre les besoins d’entretien et de gestion du site et le bien-être des bêtes et leurs méthodes d’élevage vont, elles aussi, évoluer.

Du pâturage pour la gestion naturaliste d’un ENS vers une agriculture environnementale

  • 2 C’est à dire vierges de ligneux.

25L’objectif premier étant de réhabiliter la fonctionnalité écologique, paysagère et hydraulique de ces anciennes prairies, un contrat avait été passé entre les Amis du Transformateur et Bretagne Vivante, une association qui suit et gère des espaces et des réserves naturelles. En 2006 et 2007 un suivi scientifique a ainsi été réalisé afin « d’évaluer l’impact des mesures conservatoires et si nécessaire modifier les orientations de gestion proposées ». Certaines préconisations de l’écologue ont rejoint nos préoccupations de paysagistes, comme la suppression des ligneux et la fauche des refus, car nous cherchions à restaurer les prairies d’autrefois. Mais d’autres nous contrariaient : l’exportation des produits de coupe, qui nous demandait trop de travail n’a pas été réalisée, et la date tardive de la fauche n’a tout d’abord pas été respectée, car nous ne souhaitions pas voir des chardons ou autres adventices dans nos prés. Sans être à rechercher l’apparence impeccable des prés des agriculteurs traditionnels ou modernistes, qui partagent un goût prononcé pour le propre, nous étions loin de la gestion écologique par le pâturage qui produit un paysage hétérogène, instable. Nous souhaitions au contraire montrer de belles prairies régulières contrastant avec l’état de friche précédent. Pourtant nous avons changé d’attitude vis-à-vis de l’aspect que devaient avoir nos prés, car nous nous sommes aperçus que le menu idéal des bêtes n’était pas constitué uniquement d’herbes tendres mais qu’il pouvait aussi comporter des ligneux quand ils sont pris à un certain stade et à certaines saisons. Il semblait donc préférable de laisser les animaux profiter des ligneux avant de les couper, de ménager des chemins dans les zones enfrichées plutôt que de tout araser. Pour bien faire, il faudrait que les animaux soient extrêmement mobiles pour profiter des végétaux qui leurs sont nécessaires au moment où ils sont à point, soit en les déplaçant souvent, soit en les installant sur un territoire très vaste, comme autrefois la vaine pâture sur les prés-marais. D’autre part il faudrait adapter nos méthodes de fauchage et de débroussaillage : faucher les surfaces d’herbe non armées2 en fin de saison ; laisser repousser les ronces et les ligneux pour y faire passer les animaux quand les jeunes pousses sont à point, puis les broyer quand elles sont trop volumineuses et gênent le passage ; entretenir des couloirs de circulation entre les halliers pour faciliter la pénétration ; et lors de défrichage, laisser des arbres au sein du pré et les recéper pour leur faire produire des rejets que les bêtes adorent brouter quand ils sont tendres.

Et après : où peut bien aller le transformateur ?

26Gérer un parc agricole si près de la ville et sur des terres si atypiques nous donne une visibilité que beaucoup nous envieraient. La présence des vaches rousses et cornues force la curiosité des gens de la ville et l’aspect coloré et foisonnant du potager en fait une destination de promenade régulière pour quelques uns de nos voisins. L’équipe du potager est active, notre jardinier pilote a envie de continuer et il a de l’expérience et de l’imagination. Le groupe de pâturage aime ses animaux et apprend avec plaisir à les soigner. La production de viande et de légumes est modeste mais remplit l’objectif d’autosuffisance et la gestion de l’Espace naturel sensible est en partie effectuée par ces activités agricoles. Nous savons aujourd’hui que ces deux activités sont viables sans contradiction avec les autres objectifs de l’association, qu’au contraire elles y contribuent et que cette méthode de gestion satisfait pleinement les demandes du conseil général. La poursuite de l’activité agricole sur ce site est une évidence pour tous et elle intéresse de nouveaux partenaires, comme le Groupement d’intérêt public (GIP) du pays de Redon et Vilaine, mais des projets plus ambitieux nous font rêver.

Le jardin potager : du jardinage de dilettante au maraîchage pour une cantine scolaire

27L’idée d’un objectif de production quantifié a déjà été proposée, provoquant chez les jardiniers une réaction générale de protestation. Les jardiniers du Transformateur ne sont pas des maraîchers. Pourtant, une certaine anticipation et une tentative de programmation des récoltes en fonction d’un objectif seraient préférables à une production tous azimuts. Faire profiter le pays de Redon de la surproduction de certains légumes serait également intéressant. La mairie de Saint-Nicolas-de-Redon nous a sollicités pour en faire profiter les enfants d’une école primaire. Nous y avons répondu dans un premier temps par une offre ponctuelle de légumes correspondant aux demandes du cuisinier et dans la mesure des productions du potager. Nous souhaiterions renouveler ce don mais nous ne nous sentons pas encore capables de rentrer dans un système d’échange ou de vente, car alors il nous faudrait assurer un certain contrat : la fourniture de produits choisis à l’avance et dans la quantité souhaitée. Nous sommes encore des jardiniers du dimanche qui manquons d’expérience et d’organisation pour satisfaire une demande régulière. Nous voyons pourtant là une occasion de nous inscrire dans l’économie locale d’une manière intéressante. Imposer des objectifs trop ambitieux risquerait de faire fuir de nombreux jardiniers qui ne souhaitent que pratiquer une activité de loisir sans contrainte. Pourtant, un objectif de production, même modeste, nous obligerait à plus d’attention dans nos pratiques, à plus d’organisation, à mieux gérer notre petit terrain et notre temps.

28D’autres soutiens sont nécessaires pour notre projet de fournir la cantine de Saint Nicolas. Le savoir-faire des maraîchers paraît indispensable et viendrait enrichir un peu plus les activités du Transformateur. Mais les réticences des jardiniers sont nombreuses : la volonté d’éviter les conseils de maraîchers qui ne seraient pas « bio », le désintérêt pour une entreprise trop « sérieuse » et surtout la peur de s’engager dans quelque chose de trop vaste. Nous espérons que la confiance toujours plus grande des jardiniers dans leur savoir-faire les convaincra bientôt de se lancer dans le projet.

L’élevage : changement d’échelle et de méthode

29De même que les légumes du potager, la viande du Transformateur intéresse la cantine scolaire de Saint-Nicolas-de-Redon. Mais nous ne sommes pas habilités à la congeler pour la stocker et la mairie ne peut non plus faire de stock en congélation. La seule façon de participer aux repas de la cantine sera, le jour de l’abattage d’une bête, de vendre à la mairie la quantité de viande nécessaire à un ou deux repas qui auront lieu dans les jours qui suivent la découpe de la viande et son conditionnement sous vide. C’est peu, mais étant donné la taille de notre troupeau actuel, cela représenterait une quote-part non négligeable de notre production. Si le troupeau s’agrandit, il faudra imaginer d’autres solutions pour intégrer l’économie locale. Dans l’immédiat, nous pourrons donc proposer cette participation ponctuelle à la mairie.

30Concernant nos pratiques d’éleveur, nous devons aussi avancer : il nous faut mieux relier nos prés pour apporter plus de mobilité au troupeau et mieux tirer parti de la végétation colonisatrice. Mais nous pourrions aussi imaginer pâturer un plus vaste territoire, à la manière des vaines pâtures d’autrefois, avec une grande clôture extérieure et un pâturage libre et extensif à l’intérieur. Ceci n’empêcherait pas le public de circuler sur le contre-halage ou sur le chemin des Tonnes, moyennant la pose de passages canadiens aux différentes entrées de la zone pâturée. Mais si les surfaces de pâture s’agrandissaient à ce point, le nombre des bêtes devrait suivre. Dans ce cas, les Amis du Transformateur choisiront peut-être de partager le pâturage avec d’autres éleveurs, dans une relation d’échange de services et de terrains. Mais ce projet n’est pas encore d’actualité, de bonnes surfaces sont fauchées en foin dans le secteur qui nous intéresse et nous n’avons jamais envisagé de nous substituer à l’agriculture productive locale. Dans un avenir proche, nous espérons gérer une peupleraie que le Conseil général souhaite acquérir. Ce serait déjà un bel agrandissement du territoire, quoiqu’en saison humide, ce terrain serait impraticable, comme la plupart de nos prés. Mais il ajouterait une variété de plus à nos pâtures.

31Une réflexion reste à mener avec des chercheurs qui s’intéressent à l’élevage extensif, à l’exploitation des parcours sur des faciès hétérogènes. Nous pourrions participer à une démarche qui s’intéresse à la valeur fourragère de toutes les plantes, y compris les ligneux. Ceci donnerait une structure plus complexe à nos prairies, qui intégreraient dans les enclos des massifs boisés à rotation courte. Un nouveau partenariat nous est donc nécessaire, avec cette fois une structure scientifique orientée vers l’agro-environnemental, et pourquoi pas, avec un laboratoire de recherche de l’INRA.

Conclusion

32L’agriculture que nous menons au Transformateur est modeste, sans but lucratif, mais, nous l’avons vu, elle est viable et ses intérêts sont multiples. En premier lieu, elle nous paraît être une réponse satisfaisante pour la gestion d’un ENS. En terme d’image, la revalorisation d’une agriculture au sein de la ville, et par la même occasion la promotion d’une race bovine locale, nous semble important, au moins pour les questions que cela suscite. Le fait de faire participer une population extérieure au milieu agricole permet de recréer un lien avec cette culture qui s’éloigne de plus en plus de nos univers. L’association, créée à l’origine sous l’impulsion d’étudiants et professeurs paysagistes de Versailles, a maintenant une implication très locale : ses adhérents et ses partenaires institutionnels, associatifs et professionnels appartiennent au pays de Redon, au département de Loire-Atlantique et à la région Bretagne. Les échanges qui ont lieu entre les éleveurs, les jardiniers du Transformateur et les professionnels locaux participent à la construction de nouveaux liens sociaux. Nous souhaiterions avoir plus d’implication dans l’économie locale que les interventions ponctuelles envisagées, mais nous ne sommes pas encore prêts à sauter le pas. Pour l’instant nous cherchons encore à améliorer nos pratiques. La prochaine étape devra donc être un partenariat scientifique agro-environnemental. Les résultats de cette recherche, en plus de nous donner l’occasion d’affiner nos techniques, nous donnerait une caution scientifique sur le bien-fondé de nos pratiques et la possibilité, une fois traduites en termes objectifs, de les reproduire ailleurs.

Annexes

Les Espaces naturels sensibles (ENS)
La politique des Espaces naturels sensibles définie par la loi de décentralisation du 18 juillet 1985 vise à préserver, reconquérir et valoriser des espaces qui présentent des fonctions écologiques et/ou paysagères remarquables et/ou sont menacées.
Objectifs
– « préserver la qualité des sites, des paysages, des milieux naturels et des champs naturels d’expansion des crues et d’assurer la sauvegarde des habitats naturels » ;
– aménager ces espaces « pour être ouverts au public, sauf exception justifiée par la fragilité du milieu naturel ».
Critères
Chaque conseil général définit les critères adaptés à des sites qui ont et auront pour caractéristiques :
– de présenter un fort intérêt ou une fonction biologique et/ou paysagère ;
– d’être fragiles et/ou menacés et devant de ce fait être préservés ;
– de faire l’objet de mesures de protection et de gestion ;
– d’être des lieux de découverte des richesses naturelles ;
Moyens
Le département dispose de plusieurs dispositifs complémentaires, notamment la création de zones de préemption. Au-delà des politiques d’acquisition, ils peuvent conventionner l’entretien de ces territoires avec les collectivités, les associations et les agriculteurs. L’institution d’une taxe départementale des Espaces naturels sensibles, prélevée sur les permis de construire de l’ensemble du département, permet au Conseil général de disposer d’un budget protégé alloué exclusivement à l’acquisition et à la gestion de ces espaces.
Gestion
En ce qui concerne les espaces herbacés, les plus menacés dans un contexte de déprise agricole, la question posée est celle du mode de préservation de l’ouverture de ces milieux. À la gestion par les pratiques de l’agro-pastoralisme, visant des objectifs de production économique, doit être substituée une gestion visant des objectifs de préservation d’un écosystème, et dont le coût ne rentre plus dans un calcul de rentabilité économique. Mais une gestion purement écologique (laisser la nature faire), alors que les espèces sauvages permettant cet équilibre n’existent plus, est illusoire. Aussi une gestion « active » est obligatoire et est souvent directement inspirée des pratiques de l’agriculture : débroussaillement mécanique, brûlis, fauche, pâturage…

Les Amis du Transformateur
Statut juridique : association loi 1901
Vous avez dit « Transformateur » ? Le site où agissent les « Amis » arbore trois postes de transformateurs EDF, mais le terme de « Transformateur » fait surtout référence à l’acte de transformation sur le lieu et les matériaux présents.
Ligne directrice : transformer matériaux et sites de rebut en valeurs positives.
Credo : rien ne rentre, rien ne sort du site (sauf les outils et les participants)
Missions auprès du CG44 : gérer durablement les sites qui lui sont concédés par le Conseil général de Loire-At lantique, soit :
– favoriser l’écoulement des eaux de crues et conforter le rôle de cet espace pour l’expansion des crues,
– engager un retour à la nature pour la friche industrielle,
– permettre à tous de découvrir le site en faisant vivre ce nouvel espace public.
Missions parallèles : ouvrir l’association vers un public local, offrir un lieu de pédagogie, d’échanges de savoirs-faires et de vie sociale, faire évoluer la friche vers un parc agricole.
Nombres de membres : 83 en 2008
Rayonnement géographique : toute la France
Partenaires : le conseil général de Loire-Atlantique, les villes de Saint-Nicolas-de-Redon et de Redon, le Groupement d’intérêt du pays de Redon et de Vilaine (GIP), Bretagne Vivante-SEPNB, l’Association pour la promotion de la race bovine nantaise (APRBN).
Dates clés :
– 2003-2005 : organisation des ateliers pédagogiques pratiques de l’École nationale du paysage de Versailles sur la friche industrielle de la Digue (commandités par le conseil général de Loire-Atlantique).
– janvier 2005 : rachat du site par le conseil général de Loire Atlantique ;
– juin 2005 : réalisation d’une digue de protection des habitations contre les inondations ;
– juillet 2005 : création de l’association des Amis du Transformateur.
– 2006 : lancement du pâturage ; plantation d’un bois expérimental dans un hangar ; organisation d’une dizaine de journées pédagogiques pour entretenir les espaces.
– 2007 : création du potager du Transformateur ; construction et installation de nombreux nichoirs ; démarrage de la démarche de collecte documentaire.
– 2008 : ouverture du potager au public ; don de légumes du potager à la cantine de l’école de Saint-Nicolas-de-Redon ; préparation du terrain du futur verger ; installation d’un perchoir à cigognes ; installation des vaches sur le site de la friche industrielle pour l’hiver.

Notes

1 Permaculture : principe ou philosophie inventés simultanément par Bill Mollison et David Holmgren en Australie et par Masanobu Fukuoka au Japon, dans les années 1970. Steve Read, fondateur de l’Académie bretonne de permaculture, résume l’éthique de la permaculture en trois formules : « prendre soin de la terre » ; « prendre soin des êtres humains » ; « limiter la consommation et redonner le surplus » et propose trois principes de base : « tous les éléments dans un système doivent être interconnectés » ; « chaque élément important est soutenu par au moins trois autres éléments » ; « chaque élément doit servir à plusieurs fonctions ».

2 C’est à dire vierges de ligneux.

Auteurs

Paysagiste, Association « les Amis du Transformateur », Redon.
Jardinier-paysagiste, Association « les Amis du Transformateur », Redon.

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