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Lequinio

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Claudy Valin

Première partie. Du chef-lieu de la communauté de ville de Rhuis à la capitale de la Bretagne. Les années de jeunesse et de formation (1755-1778)

Chapitre II. Les années de jeunesse et de formation

Texte intégral

Du sein maternel à la « cabane du pauvre »

1Orphelin d’un père qu’il n’aura donc jamais connu ou, pis encore, dont l’image lui sera restituée par le souvenir que celui-ci aura laissé aux uns et aux autres, mais peu gratifiante, d’où peut-être ce silence total qu’il observe à son sujet dans ses nombreux écrits, Joseph-Marie est élevé et éduqué par sa mère. Parce que c’est le dernier d’une grande fratrie, parce qu’il porte ce prénom tant désiré d’elle et parce que c’est son tempérament naturel, Julienne Lequinio l’aura choyé. Habituellement d’une grande discrétion sur son propre vécu, Joseph-Marie Lequinio laisse entrevoir ce que fut le rapport à sa mère, et ce dans son écrit le plus connu, Les préjugés détruits, alors qu’il approche la quarantaine et qu’à Paris où il réside, la Révolution bat son plein en cet été 1792. Au chapitre XXVII, « des tombeaux », on lit :

  • 1 J.-M. Lequinio, Préjugés détruits, Paris, Imprimerie nationale, 1792, p. 273. Les mêmes lignes fig (...)

« Tu ne seras plus, tendre et respectable mère, qui formas mon cœur à l’affection et qui me donnas le jour moral après m’avoir donné l’être ; ô mère chérie ! Par qui j’ai vécu ; toi qui semblais n’exister que pour moi ; toi qui suffisais à mon bonheur, tu ne revivras jamais. Je ne recevrai plus tes tendres embrassements, et tu ne recevras plus les miens1… »

2Cet hommage filial assez émouvant montre combien cette mère, toujours si présente à sa mémoire, aura marqué ses années de jeunesse et contribué à façonner sa personnalité.

  • 2 G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques, Paris, Cerf, 1994, t. II. « Les décrets de Trente à (...)

3Dévote à n’en pas douter, Julienne Lequinio aura certainement éduqué le dernier de ses enfants dans les principes de la religion catholique, apostolique et romaine y mêlant sa propre conception de la morale où le libre arbitre trouve sa place. Car l’Église, dans le diocèse de Vannes, fortement empreinte de jansénisme a tendance à tenir les esprits sous son empire-dès le plus jeune âge, ne serait-ce que par le catéchisme certes partout enseigné. Le Concile de Trente a réservé ce sujet à l’autorité papale2 qui, à son tour, l’a confié aux évêques pour qu’il soit tenu compte des particularismes locaux. Les évêques ont pris des mandements pour concevoir un catéchisme en fonction « des capacités des âges et des esprits ». Dans le diocèse de Vannes, comme dans ceux de La Rochelle et de Luçon, très certainement, la parole divine était enseignée graduellement par le moyens de trois catéchismes :

  • 3 Catéchisme ou doctrine chrétienne, 1676, p. 8, médiathèque de Poitiers, DP. Mandement précédant le (...)

« Le premier et le plus petit (est destiné) aux petits enfants aussitôt qu’ils commencent à parler ; le second à ceux qui ont atteint l’âge de sept à huit ans et qui se disposent à faire leur première communion ; le troisième aux personnes qui seront capables d’une plus grande instruction3. »

  • 4 J.-M. Lequinio, Arrêté de l’assemblée municipale et des communes de la ville de Rhuis, 11 janvier (...)
  • 5 Arch. évêché de Vannes, AA23.1, Catalogue des recteurs et prestres du diocèse de Vannes. Sont ment (...)

4Pour mieux pénétrer les esprits, les textes sont écrits en langue bretonne, exclusivement, ce contre quoi Lequinio s’insurgera en un temps où la parole est devenue plus libre4. Les régents, les maîtres et maîtresses d’école, « toutes autres personnes qui seront chargées de l’instruction » doivent recourir au catéchisme dans l’exercice de leurs fonctions ainsi que « tout chef de famille » prescrivent les mandements épiscopaux. Julienne Lequinio n’aura pas manqué à ce devoir tandis que les élèves du catéchisme sont périodiquement réunis dans la chapelle Saint-Vincent, dédiée à cette fin. Joseph-Marie reçoit cet enseignement avec assiduité, à n’en pas douter, outre qu’un environnement institutionnel très prégnant marque ses jeunes années au sein d’une famille qui, à des degrés de parenté divers, compte plusieurs ecclésiastiques. Ils sont du clergé séculier, comme Antoine Lequinio « prêtre », et du clergé régulier comme François Louis, cistercien, tandis que Jean, qui précède de quelques années Joseph-Marie, rejoindra les Trinitaires ; d’autres ont des statuts moins bien définis5.

  • 6 Nous n’avons pu trouver de procès-verbal de liquidation-partage de sa succession.
  • 7 Arch. dép. Morbihan, 21C575, Rôles de capitation pour la paroisse de Sarzeau, 2e et 3e cahiers.
  • 8 Id.
  • 9 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 36.
  • 10 M. Capul, Abandon et marginalité. Les enfants placés sous l’Ancien Régime, Paris, Privat, 1989.
  • 11 Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 36.
  • 12 J. H. M Le Méné, Communautés situées hors de Vannes, Vannes, Galles, 1905, p. 21, paragraphe 2, «  (...)
  • 13 Id., p. 3.

5Gildas Lequinio, hormis la résidence familiale, rue de la Trinité dans le bourg de Sarzeau, et le domaine de Kerblay, semble n’avoir laissé qu’une maigre fortune à sa veuve, à tout le moins en numéraire6 au point qu’elle sombre dans un état proche de l’indigence, ce que semble indiquer une imposition réduite à deux livres pour les années 1757 et 17587. La solidarité familiale est probablement à l’origine d’un léger redressement de sa situation : en 1759, elle est imposée à dix livres pour elle-même et « trois livres pour ses enfants mineurs8 ». L’injustice du système fiscal en vigueur veut en effet que chaque tête soit imposée, peu importe la condition sociale de chacun. Mais l’aide reçue ne dure qu’un temps. Julienne Lequinio doit se résoudre à se séparer de Joseph-Marie. « À sept ans on me fit quitter mon séjour natal9… » Abandon ou plus sûrement placement sous la pression de l’indigence10, le jeune garçon en éprouve cependant une grande « affliction11 » mais sans pour autant en tenir rigueur à celle pour laquelle il éprouve une tendresse infinie. Aux soins de qui fut-il confié ? Sa discrétion sur cet épisode douloureux oblige à raisonner par hypothèse pour reconstituer ce moment de vie crucial. On peut imaginer un placement chez les Trinitaires. Son frère Jean s’y trouve déjà depuis huit ans12 ; il est en mesure d’exercer une sorte de tutelle morale sur le benjamin de la fratrie tout en lui assurant un confort matériel. En effet, les Trinitaires ont une vocation religieuse double : exercices religieux et secours aux indigents et aux malades13. Aussi le concours d’un jeune garçon pour les tâches domestiques contre le clos et lecouvert a pu paraître une bonne convention.

  • 14 Arch. dép. Morbihan, B4700, Fonds des juridictions laïques de la sénéchaussée de Rhuis : « Cent vo (...)
  • 15 A. Croix, A. Lespagnol, G. Prevost (textes réunis par), Église, éducation, lumières… Histoire cult (...)
  • 16 Id., p. 38.

6C’est peut-être le lieu où Joseph-Marie, désormais à l’abri du besoin, a pu acquérir, en tout cas approfondir, sa culture religieuse tout en élargissant le domaine de son savoir. La bibliothèque renferme en effet pas moins de huit cents volumes14, ce qui la situe dans la haute moyenne de celles dont ce type d’établissement est pourvu15. La grande majorité est certainement constituée par des livres saints, la bible en ses différentes versions y figurant en bonne place, outre ses commentaires, mais il est sans doute possible d’y trouver des ouvrages d’érudition religieuse ou profane dont des inventaires plus précis révèlent l’existence et les matières auxquelles ils se rapportent : théologie, histoire, sciences et arts, belles lettres, philologie sacrée par exemple16. Parallèlement Joseph-Marie suit les enseignements dispensés à tout un chacun tant il n’est pas envisageable que le chef-lieu d’une communauté de villes soit dépourvu de maîtres et de maîtresses d’école. Élève attentif, avide de connaissances comme le révèleront ses nombreux écrits, Joseph-Marie intègre en lui, le savoir religieux appris jusqu’à en reproduire plus ou moins consciemment la forme. À la tribune du Club des jacobins, à la barre de l’Assemblée et en d’autres lieux où il prendra la parole. Il n’est pas rare que se glisse dans son propos ou sous sa plume des termes du vocabulaire religieux. Il ne pourra s’en déprendre, même au temps où sévit « la déchristianisation », évoquant ses « prônes », envoyant ses auxiliaires « vicarier », etc. Sur le fond, ses analyses, celle de la crise religieuse de 1792 par exemple, montrent qu’il connaît de l’intérieur le système et la mentalité de ceux qui en sont les acteurs.

7Entré dans l’adolescence, Joseph-Marie vit une nouvelle rupture. Si doit être retenue l’hypothèse de son hébergement chez les Trinitaires, il semble avoir quitté plus ou moins volontairement cet univers plutôt rassurant et confortable pour une existence plus rustique.

« Depuis l’âge de quinze ans, il a vécu au milieu des agriculteurs les moins instruits de la France entière, en Basse-Bretagne, tenant plus souvent le rateau que la plume, travaillant avec les hommes de peine et, comme eux, vivant avec eux dans le plus grand dépouillement… »

  • 17 Le Moniteur universel, 8 mars 1791, t. VII, p. 561.
  • 18 Arch. nat., ADXXA341, Le breton ou journal des laboureurs, parution à compter du milieu de l’année (...)
  • 19 Bib. nat., LB39.2606, J.-M. Lequino, Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, Rennes, Blouet (...)
  • 20 A. Young, Voyage en France en 1787, 1788 et 1789, op. cit., t. I, p. 233.
  • 21 T. J. A. Le Goff, Vannes et sa région. Villes et campagnes dans la France du XVIIIe siècle, op. ci (...)
  • 22 Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, op. cit., p. 31.
  • 23 Arthur Young décrit ainsi les gens du petit peuple du Morbihan : « Les hommes portent des pantalon (...)

8Cette présentation, parue dans le Moniteur universel17, pour faire connaître une publication, Le breton ou le journal des laboureurs18, dont Lequinio est tout à la fois le chroniqueur et l’éditeur, n’a pu être réalisée que sur la foi de ses propres dires. Dans quelles circonstances un fils de notable se trouve-t-il ainsi immergé dans le petit peuple de la campagne ? Toujours aussi discret sur ses moments de vie, Lequinio ne donne pas le moindre indice. Toujours en retenant l’hypothèse d’un séjour chez les Trinitaires, faut-il conjecturer un refus de l’institution ou de lui-même d’y être admis comme profès ? Un souffle de liberté l’aurait poussé hors des murs du couvent, un saut dans l’inconnu en quelque sorte ? Plus vraisemblablement s’agit-il d’un second placement, celui-là d’un autre type, sur recommandation, pour apprendre à gagner son pain, sans pour autant être exploité et mal vivre. C’est le temps où il découvre « la cabane du pauvre19 ». Loin d’être péjorative dans son esprit, l’expression correspond trop bien à la réalité d’un voyageur attentif comme Arthur Young qui ne manque pas de saisir le moindre détail de ce qu’il découvre et, entre autres, « les habitations de la classe pauvre » dans le Morbihan : « Ce sont de misérables huttes de boue, sans vitre, presque sans lumière. Elles ont une cheminée de terre20… » L’auteur ajoute : « Des cabanes presque aussi mauvaises que les pires d’Irlande. » Quelques bancs, des lits clos, voire une simple couchette, quelques coffres ou armoires constituent le patrimoine mobilier du laboureur21. Joseph-Marie apprend ce qu’est la condition du paysan. Il ne pouvait en soupçonner la dureté. « Je voyais le laboureur écrasé sous le poids des fatigues et de la misère […] pour qui le jour de la prière est le seul jour de son repos22. » Cette condition sociale induit une mentalité : « Il déteste les habitants de la ville dont il se croit méprisé. » La besogne éprouvante et l’indigence des moyens s’allient pour enfermer l’esprit dans les préjugés. Le regard du citadin, même à l’échelon du bourg de Sarzeau, est perçu comme nécessairement dédaigneux, sentiment suggéré, ne serait-ce que par le contraste des apparences physiques et vestimentaires23. Plus grave encore, aux yeux de l’adolescent :

  • 24 Bib. hist. ville de Paris, cote 152.187, J.-M. Lequinio, Discours sur l’éducation commune, Paris, (...)

« Je voyais le pauvre habitant des campagnes, dont la fortune la plus assurée consiste dans le nombre de ses enfants parce que dès l’âge de cinq ou six ans ils lui sont utiles […], je le voyais soumis à l’emprise désastreuse de l’habitude et des préjugés, réclamer contre cette éducation qui lui enlève des bras24. »

9Joseph-Marie vit, à n’en pas douter, une expérience unique, s’imprègne de l’univers du paysan, l’observe pour mieux comprendre sa mentalité, enregistre un savoir social. Ces gens simples « sont bons […], toujours vrais, toujours avec de la droiture et francs par besoin. Là le mensonge et la dissimulation sont inconnus… » Ces jugements de valeur procèdent d’un regard mémorisé qui les projette dans ses écrits. Toutefois, entre cet épisode de vie et le moment où il en donne une version, se sont intercalés des événements d’une forte intensité, ceux liés à la question religieuse et ses suites funestes qui ont fait du paysan breton le bras armé du clergé réfractaire. Apparaît alors un personnage, qui, toutefois, n’efface pas l’autre.

  • 25 Bib. nat., L1002KL, J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, Paris, Caillot, 15 frimaire an IX (5 déce (...)

« Le morbihanais n’est point stupide, il s’en faut. C’est un homme de feu, l’étincelle est dans ses yeux quand il naît. La fougue est dans ses mouvements. Mais hélas ! il est encore plus de flamme dans son cœur et c’est avec son cœur que l’on étouffa son esprit ; c’est en allumant dans son âme tous les feux de la superstition que, par génération et par siècle, on le dégoûta du bien présent. C’est enfin sous l’égide sacrée qu’on lui met la torche de la guerre civile et le poignard dans la main25… »

10La religion a instrumentalisé cet être jadis juste et bon, mais prisonnier d’un héritage mental aux lointaines origines.

  • 26 Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, op. cit., p. 34.

« C’est en Bretagne surtout qu’à l’abri de l’ignorance sont restées les mœurs sauvages et dures, une langue barbare qui conserve encore un mur de séparation entre les habitants des campagnes et le peuple des cités, interdit entre eux presque toute communication et maintient les premiers dans un caractère de rudesse qui n’échappe aux yeux d’aucun voyageur26. »

  • 27 A. Young, Voyage en France…, op. cit. p. 234. « À première vue on s’aperçoit que ce sont des gens (...)
  • 28 R. Chartier, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Éditions du Seuil, 2000, (...)

11Il ne sera pas démenti par Arthur Young27. Même assorti de circonstances atténuantes, le jugement est sévère. « L’ignorance » est partout dans la paysannerie française. Même chez l’agriculteur évolué, sorti de l’analphabétisme. L’enquête initiée par l’abbé Grégoire entre 1790 et 1792 relative « au patois et aux mœurs des gens des campagnes » n’a trouvé chez lui que « des livres d’heures, des ouvrages de piété, almanachs et des livres de sorcellerie28 ».

12L’adolescent comprend que l’indigence mentale et intellectuelle du paysan, avec laquelle il partage son pain, peut avoir quelque chose de contagieux. Aussi, tente-t-il de conjurer ce mal de deux façons. Il s’évade par des sorties, quand la besogne est faite.

  • 29 Les préjugés détruits, op. cit., p. 200.

« Ô rivages de l’océan qui m’avez vu naître, sur lesquels j’ai si longtemps vécu ! Rochers solitaires et majestueux d’où mes regards se promenaient en liberté sur l’immense étendue des eaux ! Sables unis que j’ai tant de fois parcourus dans l’admiration et la joie ! […]. Cavernes sombres et profondes où j’allais me dérober aux yeux de mes concitoyens, apprendre à réfléchir et à trouver le repos29. »

  • 30 J.-M. Lequinio, Philosophie du peuple, op. cit., p. 81-82. Joseph-Marie Lequinio prend à témoin ce (...)
  • 31 Il faut lire plutôt « adolescence ».
  • 32 Les préjugés détruits, op. cit., p. 241.
  • 33 J.-M. Lequinio, L’École des laboureurs, op. cit., p. 66.

13Bien que non datés, ces moments de plénitude paraissent se rattacher à cette période, et ceci d’autant qu’ils font intervenir un événement qui met en scène un autre adolescent dans des circonstances tragiques. Alors que tous deux goûtent les joies de la baignade, un chien les rejoint, s’agrippe à son compagnon, l’affolement du baigneur se communique à l’animal et en quelques instants les flots engloutissent le maître30. La seconde façon d’échapper à la vie rude et rustique du laboureur c’est encore la lecture. « Élevé dans ce séjour paisible et partagé dès mon enfance31 entre les plaisirs de l’agriculteur et les soins de l’instruction, je parcourus les livres de l’Antiquité pour prendre connaissance des hommes, j’étudiai l’histoire des peuples et des lois, les mœurs des nations et les révolutions des empires32. » Joseph-Marie n’a pu trouver chez le laboureur ce vivier de connaissances ; il n’a donc pas complètement rompu mentalement avec la société. C’est vers une bibliothèque beaucoup mieux pourvue que celle de l’école du bourg de Sarzeau qu’il s’est orienté : ce ne peut être que celle des Trinitaires. De ce séjour chez le laboureur, Lequinio tire une conclusion qu’il érige, pour le monde paysan, en règle de vie : « Instruisez-vous donc sans quitter vos champs et sans abandonner votre état33. »

  • 34 Ainsi en fait-il état pour obtenir de Bonaparte, alors premier consul, une place dans la nouvelle (...)

14De cette connaissance du petit peuple de la campagne, Joseph-Marie Lequinio saura tirer parti durant le cours de sa vie publique34. Instructif, cet épisode n’a toutefois rempli qu’un faible espace de la vie du personnage, un an tout au plus. Le retour à un mode de vie plus conforme à son milieu social eut lieu probablement autour de ses seize ans.

Du collège Saint-Yves de Vannes à la faculté de droit de Rennes

  • 35 H. Marsille, L. Marsille, Les établissements jésuites en France depuis quatre siècles. 1630-1901 e (...)
  • 36 Nos recherches aux archives départementales du Morbihan, dans le dossier de cet établissement, pou (...)
  • 37 C. Valin, « Les années de jeunesse et de formation de Joseph-Marie Lequinio », Bulletin et mémoire (...)

15Louis et Henri Marsille citent parmi les personnalités ayant fréquenté le collège des ex-jésuites de Vannes, autrement nommé collège Saint-Yves, « le conventionnel Joseph-Marie Lequinio35 ». Aucune source n’est donnée pour étayer cette indication36. Dans un article paru dans une revue d’histoire locale37, nous avions opté pour un enseignement du type secondaire suivi dans la capitale, et ce sur le fondement d’un indice, certes fragile : une des rares confidences de Lequinio sur ses états d’âme. Dans un ouvrage écrit tardivement, il se remémore qu’

  • 38 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 34.

« arrivé pour la première fois à Paris, je me vis seul au sein de cette multitude immense qui parcourt sans cesse les rues et les quais, et au milieu de ce tourbillon, me trouvant comme dans un désert, à défaut de connaissances, mon isolement m’arracha des émois et des pleurs38 ».

  • 39 Un épisode sur lequel bien entendu nous reviendrons.

16Nous imaginions volontiers le désarroi d’un adolescent de seize ou dix-sept ans, coupé de sa Bretagne natale où la vie coule paisiblement, puis tout à coup jeté dans une foule d’anonymes, de gens indifférents et affairés ; il serait venu pour former et enrichir son esprit dans quelque établissement prestigieux de la capitale, où il aurait acquis le savoir déployé dans ses nombreux écrits. Quoi qu’il en soit une évidence s’impose : Joseph-Marie Lequinio n’a pu franchir culturellement d’un seul trait l’espace séparant l’apprentissage en autodidacte chez les Trinitaires et « dans la cabane du pauvre » des enseignements à la faculté de droit de Rennes ; il est nécessairement passé par un stade intermédiaire. La deuxième hypothèse, celle émise par Louis et Henri Marsille nous semble la plus crédible car finalement situé dans le diocèse de Vannes qui enveloppe la paroisse de Sarzeau, le plus proche établissement secondaire de son lieu de vie, c’est le collège Saint-Yves. Il a certainement eu la préférence de notre personnage, ou plutôt de son entourage, pour élever le niveau de son savoir et le préparer aux études supérieures. L’instant d’émotion que Lequinio dit avoir éprouvé lors de son premier contact avec la capitale, nous paraît correspondre à l’épisode de sa délégation auprès de l’Assemblée constituante, en janvier 1790, comme député extraordinaire du Morbihan39.

  • 40 Arch. dép. Morbihan, série D. 5, 1419-XVIIIe siècle bibliothèque, Instruction publique avant 1790, (...)
  • 41 J. Mahuas, Le diocèse de Vannes et le jansénisme, op. cit., t. I, p. 5.
  • 42 C’est en 1622, à l’occasion de la venue à Vannes d’un père jésuite pour l’Avent et le Carême de l’ (...)
  • 43 Arch. dép. Morbihan, D. 9, Solemnes premorium distributions, 1732-1788.
  • 44 Arch. dép. Morbihan, D. 24, professeurs, Instruction publique avant 1790, 1762-1787.
  • 45 Alain-René Lesage (Sarzeau, 1668-Boulogne-sur-Mer, 1747), fils unique d’un notaire royal, est mis (...)
  • 46 Pierre Bouquer (Le Croizic, 1698-Paris, 1758), acquiert de la célébrité comme mathématicien, physi (...)

17L’esprit qui préside à la fondation du collège Saint-Yves tient dans un énoncé : « Enseigner la jeunesse de Vannes en la langue latine40. » Le latin, langue universelle, est la clé qui permet d’accéder à la connaissance par les livres savants, tous ou presque écrits dans cette langue jusqu’au XVIIIe siècle compris. C’est avec cette clé que Joseph-Marie Lequinio a pu accéder à ceux des grands auteurs qu’il cite ou auxquels il se réfère implicitement qui ont guidé sa pensée et sa prose. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le collège Saint-Yves est réputé « pour former les futurs cadres du pays, laïcs et religieux41 ». Des mains des jésuites, fer de lance de la Contre-Réforme, qui en avaient fait la réputation42, le collège Saint-Yves est passé entre les mains du clergé séculier lors de la dissolution de l’ordre en 1762. Les cours sont gratuits, financés sur des fonds particuliers, dont ceux des administrateurs laïcs et, parmi ces généreux donateurs, les sieurs Kero Joseph et Keran Paul qui contribuèrent de leurs deniers à la création d’une « chaire de philosophie et une autre de conscience43 ». Les professeurs sont rémunérés au quadrimestre, entre cent cinquante et deux cent vingt cinq livres, sauf le principal qui émarge à trois cents livres44. Le taux de fréquentation de l’établissement décrit une parabole : de quatre cents élèves en 1636, il passe à mille deux cents en 1681, mais à l’époque où Joseph-Marie y est élève, dans les années 1760, il tombe à cinq cents. On compte parmi ceux qui le fréquentèrent l’écrivain Lesage45, le mathématicien Pierre Bouquer46, le poète Des Forges Maillard et d’autres célébrités toutefois moins connues.

  • 47 Les préjugés détruits, chapitre IV, « De la vérité », p. 21. « Jésus a eu recours aux paraboles, E (...)
  • 48 Gilbert Rome (Riom, 26 mars 1750-Paris, 16 juin 1795). De 1779 à 1790, il est précepteur du fils d (...)
  • 49 D. Julia, « Une communauté de prêtres séculiers à la fin de l’Ancien Régime : le collège de Dole v (...)

18Les enseignements sont dispensés sur trois ans, répartis en classes de cinquième, quatrième et troisième. Ce sont donc trois années que Joseph-Marie passe dans ce lieu de savoir. Il lui doit une grande part de son érudition. Il fait l’apprentissage du latin, il découvre la philosophie à laquelle il est initié par les professeurs Bonel et Le Pasco. La rhétorique est enseignée par les professeurs de Pautremat et Herviant. L’histoire et la géographie le sont par les professeurs Gremine et Guilleric. Plus tard, ce capital de connaissances viendra enrichir ses écrits en remettant en scène les personnages qui ont marqué l’Histoire, tels Alexandre, Tamerlan, Charles XII et quelques autres. Pour soutenir ses points de vue il pourra s’appuyer sur l’économie, les arts et autres sciences humaines. La philosophie l’a marqué à travers Esope et Elvétius, Voltaire et Rousseau47. Les œuvres de Rousseau trouvent effectivement asile dans les bibliothèques de collège ; Gilbert Rome, aux côtés duquel Lequinio siègera à la Législative, admet qu’il les a découvertes lors de l’enseignement dispensé dans le collège des oratoriens de Riom48. Celles de Voltaire circulent volontiers dans les collèges ex-jésuites tenus par le clergé séculier49. Quant à la rhétorique, elle constitue la matière d’un cours entier divisé en trois parties : la préparation du discours, lui-même divisé en « invention », « disposition » et « élocution » ; la prononciation et la mémorisation. Elle a sans doute joué un rôle non négligeable dans le choix de sa profession et dans sa destinée politique.

19Qui a pu l’inciter à quitter Sarzeau pour Vannes – puis bientôt pour Rennes –, à abandonner une vie libre pour une existence encadrée ? Autre interrogation : qui a financé l’hébergement au chef-lieu du diocèse, car si les cours sont gratuits à Saint-Yves l’hébergement est à la charge de l’élève ? On devine les bienveillantes recommandations et le soutien de proches, dont les positions sociales les mettent en devoir de jouer ce rôle.

  • 50 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-1792), Rennes, Caillère, 1890, p. 100.
  • 51 Id., p. 101.
  • 52 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D11, Registre des inscriptions des étudiants en droit civil et en dro (...)
  • 53 C. J. Verger, Histoire des universités, Paris, PUF, 1994, p. 47-48. « Le recrutement des universit (...)
  • 54 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-3792), op. cit., p. 100.
  • 55 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D5, Inscriptions en droit français pour l’année 1775. L’orthographe d (...)

20Joseph-Marie est admis à la faculté de droit de Rennes en novembre 1774, après avoir passé avec succès « un examen particulier » et obtenu « l’acte public50 ». Il court alors sur ses vingt ans. Selon une règle édictée par un arrêt du parlement de Bretagne le 23 février 1736, l’inscription est réalisée par l’étudiant en personne, de sa propre main, à peine de déchéance du trimestre51, les inscriptions ayant lieu selon cette périodicité. Le choix des professeurs détermine celui des matières dont l’étudiant désire suivre l’enseignement. Ainsi Joseph-Marie écrit-il sur le registre destiné à recueillir ce choix : « Ego Josephus-Maria Quinio Kerblay dolesnis ridouisque deguens perge studer in utroque jure sub dominis Leon et Le Bigot die ultimo novembis anno 177452. » Le latin est d’expression obligée en faculté de droit, exercice toujours laborieux, même après son apprentissage au collège Saint-Yves. L’ajout de « Kerblay » au patronyme amputé de la première syllable signifie-t-il que l’étudiant a souhaité effacer toute référence au père tragiquement disparu et masquer ses origines roturières dans un milieu où se rencontrent plutôt les fils de l’aristocratie53 tant il est vrai que le titre et la fortune tamisent socialement les candidats à l’entrée en faculté de droit. À Rennes, les droits d’inscription sont fixés à huit livres par trimestre54, auxquels s’ajoutent les droits d’inscription aux examens, les droits de délivrance de l’acte public, de délivrance des attestations chaque fin de trimestre, outre que la résidence à Rennes étant réglementairement obligatoire pour une question d’assiduité, l’étudiant doit donc trouver les moyens de se loger. De la même promotion que Joseph-Marie sont Claude Louis de Latouche de l’Amérique, Honoré Le Besche de la Rallage, Louis-Marie Delesmois de Bagio, Nicolas Fretaud de la Marchandais55 et d’autres, dont la particule, qui orne le patronyme, fleure bon la noblesse bretonne, du hobereau de campagne aux grands noms de la province. C’est donc moins par sentiment de vanité que par souci de se fondre dans la collectivité estudiantine que Joseph-Marie use de cet artifice.

  • 56 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-1792), op. cit., p. 100.
  • 57 La faculté de droit a été transférée de Nantes, où elle a été fondée initialement en 1460, à Renne (...)
  • 58 D. Julia, H. Bertrand, S. Bonin, A. Laclau, L’enseignement 1760-1815. Atlas de la Révolution franç (...)
  • 59 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, Registre des inscriptions…, p. 5. « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de (...)
  • 60 Id., p. 18. « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de l’évêché de Vannes demeurant à Rennes je continue (...)
  • 61 Id., « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de Vannes demeurant à Rennes je continue d’étudier sous M. d (...)
  • 62 A. Chatel, Étude historique et critique de l’enseignement du droit à la faculté de Rennes avant 17 (...)
  • 63 Rennes, Vatard, 1759, 372 pages. Sur Poullain du Parc, voir J. Portemer, « La politique royale dan (...)
  • 64 E. Chenon, Les anciennes facultés de Rennes…, op. cit., p. 22.

21La faculté de droit de Rennes rayonne sur toute la Bretagne. Le prestige des enseignements et des professeurs qui les dispensent attire à elle les jeunes hommes des diocèses de Vannes, de Saint-Malo, de Léon, de Quimper, de Tréguier, d’Avranches, de Saint-Brieuc, de Nantes, de Tours et même d’en deçà de la Loire ; des diocèses de Luçon et de La Rochelle. Certains viennent de la capitale du royaume56. Sur les quinze facultés de droit de France, et alors qu’elle n’a pas même un demi-siècle d’existence57, celle de Rennes se place en sixième position pour le nombre d’étudiants inscrits sur la période 1760-1789, à peu de distance de Paris mais elle devance Nancy et Poitiers qui, elles-aussi, jouissent d’une solide réputation58. Joseph-Marie y reçoit l’enseignement d’un éminent professeur de droit civil, Poullain du Parc, aux cours duquel il s’inscrit durant les années universitaires 177559, 177660 et 177761. Titulaire de la chaire de droit français depuis 174362, Poullain du Parc est l’auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité dans le monde des juristes dont Principe du droit français où il expose et analyse ce qui se rattache tant au droit général qu’au droit coutumier en Bretagne. Sous ce second aspect, il consacre un livre entier à La coutume et la jurisprudence coutumière de Bretagne dans leur ordre naturel63. À la différence de leurs confrères des autres facultés du royaume, les professeurs de la faculté de droit de Rennes bénéficient d’une totale liberté dans le choix de leurs sujets de cours. Poullain du Parc use de ce privilège comme à plaisir. Il traite de maints sujets selon ses propres goûts. Ainsi s’intéresse-t-il aux questions touchant tant au régime juridique des fiefs qu’à l’organisation judiciaire, au mariage et au droit des successions, au statut des mineurs, sans pour autant délaisser la procédure civile et la procédure criminelle et sans négliger « la jurisprudence coutumière de Bretagne64 ».

  • 65 Arch. dép. Morbihan, B7702, Juridictions de l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuis.
  • 66 Lanjuinais (Jean-Denis) né à Rennes le 12 mars 1755, avocat, professeur de droit ecclésiastique à (...)
  • 67 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D. 11, Registre, p. 9. « Ego Josephus-Maria Quinio Kerblay ceretensis (...)
  • 68 E. Chenon, op. cit., p. 18.

22Que Joseph-Marie s’inscrive en droit français se conçoit naturellement lorsqu’on est susceptible de se destiner à l’un des états que recouvre cette matière. Énigmatique, par contre, est son inscription en droit canonique. Il est toujours possible d’émettre une idée qu’à ce tournant de son existence, il envisage l’état de clerc ; après tout, indépendamment de toute vocation spirituelle, c’est un état qui offre une certaine sécurité et l’opportunité d’une carrière dans le premier « ordre » du régime. Plus vraisemblablement, le choix de cette matière, que font bien d’autres étudiants, est guidé par la place qu’occupe le « premier ordre », particulièrement en Bretagne, ce qui amène tout juriste à plaider devant les juridictions ecclésiastiques, celle de l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuis, par exemple65. Dans ce grand pan du droit, Joseph-Marie choisit les enseignements professés par Lanjuinais, son aîné de quelques jours, qu’il retrouvera sur les bancs de l’Assemblée nationale66, et de Loncle67. Ainsi enrichit-il son savoir de toute une série de sujets qui ressortent tant de la fiscalité ecclésiastique que des fondements et de l’organisation de l’Église : la dîme, les oblations, les prémices, les institutes, les décrétales de Grégoire IX et bien d’autres sujets68.

  • 69 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 348.
  • 70 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D1.24, faculté de droit de Rennes.
  • 71 A. Chatel, Étude historique et critique de l’enseignement du droit à la faculté de droit de Rennes (...)
  • 72 Id., p. 12.

23Les cours commencent chaque année à la Saint-Martin et finissent début août, mois consacré aux examens. L’année académique se termine dans les premiers jours de septembre, entrecoupée de quinze jours de vacances à Noël et quinze jours à Pâques. L’emploi du temps, réparti en trois leçons, est enseigné le matin de 9 heures à midi et le soir de 14 heures à 16 heures trente. Il est permis d’imaginer que Joseph-Marie est studieux et appliqué dans la connaissance de ce rude savoir, mais il n’en trouve pas moins quelques moments pour se divertir à peu de frais. Ainsi se plaît-il, avec un ami, à découvrir la région qui environne la capitale de la Bretagne, visitant notamment « les ruines du château d’Hédé, entre Rennes et Saint-Malo, bâti en polygone elliptique » de telle sorte que « étant deux, on se plaçait aux deux faces de l’ellipse en même temps, quand l’un parlait à haute voix, après sa phrase finie, l’écho se répétait69 … » Le cycle des enseignements se clôt par un examen que réussit Joseph-Marie, lui permettant ainsi d’obtenir le baccalauréat de droit, décerné comme il se doit en latin « baccalaureteu rehedonis in publicis jurium scholis70 ». Mais, au-delà des connaissances ainsi consacrées par un titre lui donnant vocation à exercer l’état de juriste, Joseph-Marie Lequinio n’a-t-il pas forgé, parallèlement, au fil de ces trois années universitaires ses premières convictions politiques ? L’association des étudiants de la faculté de Rennes est réputée pour avoir toujours fait preuve d’un grand dynamisme critique à l’égard des pouvoirs établis, et ce malgré l’origine sociale des étudiants. Fondée en 1756, elle est dissoute le 22 août 1772 pour cause d’impertinence envers les autorités71. Reconstituée dès 1775, elle devient alors « un véritable corps politique avec ses assemblées générales, ses officiers, ses registres et sa caisse ». Elle exerce une influence telle sur le Parlement que, par un arrêt du 10 mai 1775, il est contraint de rétablir les privilèges des étudiants qu’il avait supprimés par un arrêt du 30 avril 1773 les jugeant « abusifs et intolérables72 ». Ce foyer de contestation n’a pu laisser Joseph-Marie indifférent de même qu’il n’a pu s’en tenir complètement à l’écart.

  • 73 Arch. dép. Morbihan, 4E240, Registre des BMS, 1776-1778. « Le 22 may mil sept cent soixante dix se (...)

24Alors même qu’il termine honorablement son cursus universitaire, Joseph-Marie apprend le décès de sa mère73.

  • 74 B. Spinoza, L’éthique, 5e partie « De la puissance de l’entendement ou de la liberté humaine », pr (...)

25À l’aube d’une vie sociale qui s’ouvre devant lui, quel est l’état d’esprit de Joseph-Marie Lequinio ? Comment perçoit-il l’avenir ? Mieux vaut laisser l’interrogation en l’état et établir un bilan des éléments recueillis en se disant qu’ils ont pu concourir à former sa personnalité. « La puissance de l’esprit se définit par la seule connaissance74. » La proposition est intéressante à examiner en la confrontant au personnage de Lequinio lui qui, plus tard, sera si prolifique en écrits. En quatre étapes, cinq en ajoutant celle de sa petite enfance durant laquelle il a acquis de sa mère le « jour moral », il a accumulé un fort capital de savoir. Chez les Trinitaires, le savoir acquis a été double : religieux, évidemment, approfondi dans les écrits théologiques, les interprétations et controverses dogmatiques sur les Écritures, et profane, semblable à l’enseignement classique dispensé dans les écoles catholiques, celui-là déterminant une démarche personnelle, une envie de connaître l’univers sans Dieu, et ce d’une manière quasi-encyclopédique, d’où les références à l’histoire et à la géographie pour appuyer ses raisonnements, notamment dans Préjugés détruits. Il semble avoir prolongé cette évasion hors de la religion au cours d’une troisième étape : quand il travaille la terre et, en autodidacte, complète et affine ses connaissances. Le séjour au collège, trois années durant, lui permet d’élargir davantage encore le champ de son savoir, jusqu’à l’érudition et, plus encore, au sommet de la connaissance : la science philosophique. Enfin, cinquième temps de cette quête culturelle : la faculté de droit qui, toutefois, impose un encadrement à l’appétit de connaître, afin d’être utile socialement. « Être utile est mon but » proclamera-t-il plus tard, en l’an II, alors représentant du peuple à La Rochelle pour indiquer le sens de sa mission.

  • 75 Id., 4e partie. « De la servitude humaine ou des forces des sentiments », proposition VIII. Le phil (...)
  • 76 Nous ne parlons par de l’imposture littéraire de Gaudet de Lestard, mais d’un ouvrage beaucoup plu (...)

26Quand Spinoza parle de « la connaissance » il n’entend pas, par là, la seule connaissance livresque, c’est aussi la connaissance de soi, le discernement du bon et du mauvais75. Le philosophe, qui fut de ceux qui ont largement inspiré la pensée de Lequinio, nous conduit à examiner sa personnalité sous un autre angle. Sans se fourvoyer dans les méandres d’une science dont les applications à son cas ont été tentées avec plus ou moins de bonheur76, un bilan s’impose. Le sort n’a pas été très clément tant pour l’enfant que pour l’adolescent : à chaque fois il a frappé de manière radicale et cruelle. Des confidences aussi discrètes que tardives révèleront que la mort a laissé une forte empreinte dans son esprit : mort mystérieuse du père qu’il n’aura jamais connu ; mort d’une mère adulée alors qu’il est au seuil de la vie sociale ; mort de l’ami sous ses yeux, emporté dans les flots. Le chapitre VIII des Préjugés détruits intitulé « Des tombeaux » révèle que la mort a laissé une profonde empreinte dans son être sensible. De cette existence meurtrie par les épreuves, il faut aussi retenir les ruptures. Joseph-Marie passe brutalement de la petite enfance vécue dans le sein maternel à une enfance qui s’achèvera dans un lieu austère, la Maison des trinitaires, puis, adolescent dans la « cabane du pauvre », lieu où l’indigence côtoie la rudesse, où il découvre le labeur et le menu frugal du petit peuple de la campagne, mais avec une certaine liberté de soi. Cette liberté prend fin avec une vie studieuse, bien réglée, tournée vers le seul effort de l’esprit, le savoir qui doit rendre savant. C’est enfin l’ultime étape de la connaissance au niveau supérieur, mais dans un environnement où il se sent comme un étranger.

Notes

1 J.-M. Lequinio, Préjugés détruits, Paris, Imprimerie nationale, 1792, p. 273. Les mêmes lignes figurent dans les trois rééditions de l’imprimerie du Cercle social, « 1er janvier de l’an II (1793) », La Rochelle, Cappon, 1er nivôse an II (21 décembre 1793).

2 G. Alberigo (dir.), Les conciles œcuméniques, Paris, Cerf, 1994, t. II. « Les décrets de Trente à Vatican II », p. 1 397. Session XXV, décret du 4 décembre 1563. Le Concile confie expressément la question du catéchisme « au souverain pontife » avec celle du bréviaire, du missel et de l’index.

3 Catéchisme ou doctrine chrétienne, 1676, p. 8, médiathèque de Poitiers, DP. Mandement précédant le corps de l’ouvrage. Ce mandement est signé « Henri de Laval évêque de La Rochelle et Henri évêque de Luçon », p. 12.

4 J.-M. Lequinio, Arrêté de l’assemblée municipale et des communes de la ville de Rhuis, 11 janvier 1790. « M. Le Quinio de Kerblay, maire, a dit : “[…] concourez donc à cette instruction, MM. les prêtres, de faire le catéchisme en breton et en français et de faire un fonds pour distribuer des prix aux enfants qui apprendront le mieux leur catéchisme en français et pour récompenser MM. les prêtres de la peine qu’ils auront pendant longtemps où ils seront tenus de faire cette instruction dans ces deux langues”… », p. 6.

5 Arch. évêché de Vannes, AA23.1, Catalogue des recteurs et prestres du diocèse de Vannes. Sont mentionnés, p. 153 et 154, avec le patronyme Lequinio : Gabriel, Guillaume, Jacques, Jean (qui n’est pas le trinitaire), Jeanne, Marguerite Thérèse, Marie, Nicolas, Perrine, Pierre et René.

6 Nous n’avons pu trouver de procès-verbal de liquidation-partage de sa succession.

7 Arch. dép. Morbihan, 21C575, Rôles de capitation pour la paroisse de Sarzeau, 2e et 3e cahiers.

8 Id.

9 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 36.

10 M. Capul, Abandon et marginalité. Les enfants placés sous l’Ancien Régime, Paris, Privat, 1989.

11 Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 36.

12 J. H. M Le Méné, Communautés situées hors de Vannes, Vannes, Galles, 1905, p. 21, paragraphe 2, « Les religieux ». » Jean Lequinio profés du 9 novembre 1757. »

13 Id., p. 3.

14 Arch. dép. Morbihan, B4700, Fonds des juridictions laïques de la sénéchaussée de Rhuis : « Cent volumes in-folio ; cent cinquante in-quarto ; quarante in-octavo et quatre à cinq cents in-douze. »

15 A. Croix, A. Lespagnol, G. Prevost (textes réunis par), Église, éducation, lumières… Histoire culturelle de la France (1500-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1999. À Toulon, par exemple, si la bibliothèque des Capucins compte mille titres, celle des Dominicains n’atteint pas trois cents titres. M.-H. Froeschle-Chopard, « Bibles et commentaires de la bible dans quelques bibliothèques ecclésiastiques du XVIIIe siècle », p. 37-38.

16 Id., p. 38.

17 Le Moniteur universel, 8 mars 1791, t. VII, p. 561.

18 Arch. nat., ADXXA341, Le breton ou journal des laboureurs, parution à compter du milieu de l’année 1790.

19 Bib. nat., LB39.2606, J.-M. Lequino, Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, Rennes, Blouet, novembre 1789.

20 A. Young, Voyage en France en 1787, 1788 et 1789, op. cit., t. I, p. 233.

21 T. J. A. Le Goff, Vannes et sa région. Villes et campagnes dans la France du XVIIIe siècle, op. cit., p. 245.

22 Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, op. cit., p. 31.

23 Arthur Young décrit ainsi les gens du petit peuple du Morbihan : « Les hommes portent des pantalons larges mais qui s’arrêtent au genou, comme des culottes ; ils ont en effet les jambes nues et la plupart sont chaussés de sabots. Ils ont des traits accentués comme les Gallois, avec la même attitude à la fois énergique et nonchalante. Leurs corps sont forts, larges, carrés d’épaules. Les femmes sont ridées par le travail, avant l’âge, au point qu’elles ont perdu toute la grâce de leur sexe… » Cf. Voyage en France, op. cit., p. 234.

24 Bib. hist. ville de Paris, cote 152.187, J.-M. Lequinio, Discours sur l’éducation commune, Paris, Imprimerie nationale, 1793, p. 4.

25 Bib. nat., L1002KL, J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, Paris, Caillot, 15 frimaire an IX (5 décembre 1800), t. II, p. 269.

26 Les trois chapitres ou la voix du patriotisme, op. cit., p. 34.

27 A. Young, Voyage en France…, op. cit. p. 234. « À première vue on s’aperçoit que ce sont des gens absolument distincts des Français. Il est étonnant qu’on les trouve ainsi, avec un langage, des coutumes et des vêtements distincts, après un séjour de treize cents ans en ce pays. »

28 R. Chartier, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 223-246, paragraphe « Représentations et pratiques : lectures paysannes au XVIIIe siècle », chapitre « Lectures et lecteurs dans la France de l’Ancien Régime ».

29 Les préjugés détruits, op. cit., p. 200.

30 J.-M. Lequinio, Philosophie du peuple, op. cit., p. 81-82. Joseph-Marie Lequinio prend à témoin cet accident afin d’appuyer sa démonstration sur la nécessité de « bien réfléchir » en toutes circonstances.

31 Il faut lire plutôt « adolescence ».

32 Les préjugés détruits, op. cit., p. 241.

33 J.-M. Lequinio, L’École des laboureurs, op. cit., p. 66.

34 Ainsi en fait-il état pour obtenir de Bonaparte, alors premier consul, une place dans la nouvelle administration. Arch. nat., AA63, pièce 104, De Lequinio à premier consul, 24 pluviôse an VIII (12 février 1800) : « Citoyen consul, vous m’avez demandé hier quelle réputation j’avais dans le pays chouanné, voici la vérité : j’y étais adoré des paysans du Morbihan au milieu desquels je vivais, dont la langue m’est familière. »

35 H. Marsille, L. Marsille, Les établissements jésuites en France depuis quatre siècles. 1630-1901 et le tiré-à-part Les jésuites à Vannes, 1957.

36 Nos recherches aux archives départementales du Morbihan, dans le dossier de cet établissement, pour en vérifier l’exactitude se sont révélées infructueuses.

37 C. Valin, « Les années de jeunesse et de formation de Joseph-Marie Lequinio », Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, 2002, t. CXXVIII, p. 89-157.

38 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 34.

39 Un épisode sur lequel bien entendu nous reviendrons.

40 Arch. dép. Morbihan, série D. 5, 1419-XVIIIe siècle bibliothèque, Instruction publique avant 1790, collège de Vannes.

41 J. Mahuas, Le diocèse de Vannes et le jansénisme, op. cit., t. I, p. 5.

42 C’est en 1622, à l’occasion de la venue à Vannes d’un père jésuite pour l’Avent et le Carême de l’année liturgique 1621-1622 « qu’il fut question de confier la direction du collège à ces religieux avec l’espoir de les voir ajouter l’enseignement de la philosophie aux autres classes », une seule en bénéficiant jusqu’alors. Mais c’est seulement en 1629 que l’évêque de Vannes, Monseigneur Rosimade, leur en remettait les clés. Louis XIII sanctionne alors cette décision par lettre patente donnée à Lyon au mois d’août 1630.

43 Arch. dép. Morbihan, D. 9, Solemnes premorium distributions, 1732-1788.

44 Arch. dép. Morbihan, D. 24, professeurs, Instruction publique avant 1790, 1762-1787.

45 Alain-René Lesage (Sarzeau, 1668-Boulogne-sur-Mer, 1747), fils unique d’un notaire royal, est mis en pension à l’âge de quatorze ans chez les jésuites à Vannes au décès de son père. Il fait de bonnes études alors que son tuteur dissipe sa fortune. Il étudie la philosophie, puis le droit à Paris. Alors qu’il sombre dans l’indigence, il trouve en la personne de l’abbé de l’Yonne, un protecteur et un guide qui l’initie aux œuvres de la littérature espagnole. Il réalise plusieurs traductions, fait jouer plusieurs pièces de théâtre, écrit des romans, les plus connus étant Le diable boiteux, Gil Blas, Turcaret ou le financier.

46 Pierre Bouquer (Le Croizic, 1698-Paris, 1758), acquiert de la célébrité comme mathématicien, physicien et hydrographe. En 1727, il obtient plusieurs prix de l’Académie des sciences notamment pour sa présentation Sur la meilleure manière de former et distribuer les mâts de bateaux, et une dissertation Sur la meilleure méthode pour observer l’altitude des étoiles en mer. Pour une biographie complète, voir R. Lamontagne, La vie et l’œuvre de Pierre Bouquer, Paris, Fayard, 1964.

47 Les préjugés détruits, chapitre IV, « De la vérité », p. 21. « Jésus a eu recours aux paraboles, Esope ainsi que La Fontaine aux fables, Voltaire aux contes et Rousseau lui-même aux romans… »

48 Gilbert Rome (Riom, 26 mars 1750-Paris, 16 juin 1795). De 1779 à 1790, il est précepteur du fils du comte russe Alexandre Strogonow à Saint-Pétersbourg. En janvier 1790, il crée à Paris le Club des Amis de la Loi. Le 10 septembre 1790, il est élu à l’Assemblée législative où il participe avec Condorcet au Comité d’instruction publique. Le 6 septembre 1792 il est élu à la Convention nationale. Pour une biographie complète sur le personnage, voir A.-G. Garonne, Gilbert Rome, histoire d’un révolutionnaire. 1750-1795, Paris, Flammarion, 1971.

49 D. Julia, « Une communauté de prêtres séculiers à la fin de l’Ancien Régime : le collège de Dole vu par l’abbé Jantet, professeur de philosophie (1178-1781) », Église, éducation, lumières… Histoire culturelle de la France (1500-1830), op. cit., p. 151.

50 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-1792), Rennes, Caillère, 1890, p. 100.

51 Id., p. 101.

52 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D11, Registre des inscriptions des étudiants en droit civil et en droit canonique pour les années 1774 à 1779, faculté de droit de Rennes, p. 2 verso.

53 C. J. Verger, Histoire des universités, Paris, PUF, 1994, p. 47-48. « Le recrutement des universités du XVIe au XVIIIe siècle a évolué dans le sens d’un rétrécissement de l’éventail social. Alors que les fils de plébéiens avaient largement investi les universités au XVIe siècle, au XVIIe le recrutement populaire semble tari ou du moins résiduel. Dans certaines facultés de droit français, les fils d’artisans et de paysans ne sont plus que 3 %… »

54 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-3792), op. cit., p. 100.

55 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D5, Inscriptions en droit français pour l’année 1775. L’orthographe des patronymes est susceptible de comporter des erreurs en raison d’une écriture difficilement lisible.

56 E. Chenon, Les anciennes facultés de droit de Rennes (1735-1792), op. cit., p. 100.

57 La faculté de droit a été transférée de Nantes, où elle a été fondée initialement en 1460, à Rennes, en 1735. Cf. arch. dép. Ille-et-Vilaine, Répertoire de la série D. Présentation des fonds.

58 D. Julia, H. Bertrand, S. Bonin, A. Laclau, L’enseignement 1760-1815. Atlas de la Révolution française tome II, Paris, édition de l’École des hautes études en sciences sociales, 1992, chapitre II « Les universités », p. 73. Voir aussi le graphique « Facultés de droit 1760-1813 ».

59 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, Registre des inscriptions…, p. 5. « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de l’évêché de Vannes et demeurant à Rennes je commence à étudier en droit français sous M. du Parc Poulain (sic) professeur ce 30 novembre 1775 » signé « Quinio Kerblay ».

60 Id., p. 18. « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de l’évêché de Vannes demeurant à Rennes je continue d’étudier en droit français et sous M. du Parc Poulain. 15 avril 1776. »

61 Id., « Moi Joseph-Marie Quinio Kerblay de Vannes demeurant à Rennes je continue d’étudier sous M. du Parc Poulain professeur en droit français. 9 avril 1777. »

62 A. Chatel, Étude historique et critique de l’enseignement du droit à la faculté de Rennes avant 1789, Rennes, 1888, p. 13.

63 Rennes, Vatard, 1759, 372 pages. Sur Poullain du Parc, voir J. Portemer, « La politique royale dans l’enseignement du droit en France au XVIIIe siècle. Ses survivances dans le régime moderne », Revue d’histoire des facultés de droit et de la science juridique, no 27, 1988. Voir aussi A. Castaldo, Introduction historique au droit, Paris, Dalloz, 2003, p. 390 et G. Saulnier de la Pinelais, Le barreau du parlement de Bretagne. 1553-1790, Rennes, Hervé, 1896, p. 226. « De tous les professeurs de l’ancienne faculté de droit de Rennes, le plus illustre fut sans contredit Poullain du Parc. »

64 E. Chenon, Les anciennes facultés de Rennes…, op. cit., p. 22.

65 Arch. dép. Morbihan, B7702, Juridictions de l’abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuis.

66 Lanjuinais (Jean-Denis) né à Rennes le 12 mars 1755, avocat, professeur de droit ecclésiastique à Rennes, est d’abord élu aux États généraux de la sénéchaussée de Rennes, puis à l’Assemblée constituante où il prendra une part prépondérante à l’élaboration de la Constitution civile du clergé. Il sera ensuite élu à la Convention en septembre 1792. Cf. R. Caratini, Dictionnaire des personnages de la Révolution, Paris, Le Pré aux Clercs, 1988, p. 364.

67 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D. 11, Registre, p. 9. « Ego Josephus-Maria Quinio Kerblay ceretensis […] dominis Loncle et Lanjuinais, Dieu non a relis (sic). » 1777.

68 E. Chenon, op. cit., p. 18.

69 J.-M. Lequinio, Voyage dans le Jura, op. cit., t. I, p. 348.

70 Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 1D1.24, faculté de droit de Rennes.

71 A. Chatel, Étude historique et critique de l’enseignement du droit à la faculté de droit de Rennes, op. cit., p. 10.

72 Id., p. 12.

73 Arch. dép. Morbihan, 4E240, Registre des BMS, 1776-1778. « Le 22 may mil sept cent soixante dix sept est inhumé le corps de Julienne Vallé, originaire de la paroisse de Massenac, évêché de Nantes, veuve du sieur Gildas Nicolas Quinio… » La présence des enfants à la sépulture est ainsi notée : « Jean Quinio aîné chanoine régulier de la très sainte Trinité de la maison de Sarzeau, les sieurs Marie Nicolas Quinio maître en chirurgie en cette ville, Joseph-Marie Quinio, ce dernier étudiant en droit tous deux non mariés… »

74 B. Spinoza, L’éthique, 5e partie « De la puissance de l’entendement ou de la liberté humaine », proposition XX, scolie.

75 Id., 4e partie. « De la servitude humaine ou des forces des sentiments », proposition VIII. Le philosophe ajoute : « Qu’il n’est rien d’autre qu’un sentiment de joie ou de tristesse en tant que nous en sommes conscients. »

76 Nous ne parlons par de l’imposture littéraire de Gaudet de Lestard, mais d’un ouvrage beaucoup plus sérieux : J. Artarit, Joseph Lequinio. Guerre de la Vendée et des Chouans, op. cit.

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