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L’Union démocratique bretonne

 | 
Tudi Kernalegenn
, 
Romain Pasquier

Deuxième partie. L’UDB dans l’espace politique breton

Les relations entre l’UDB et les socialismes bretons

François Prigent

Texte intégral

  • 1 Prigent F., « La mutation des milieux socialistes dans l’Ouest breton (1967-1973) : réseaux, trajec (...)

1Objet atypique pour les chercheurs en histoire politique à l’échelle nationale, l’Union démocratique bretonne (UDB) peut clairement être définie comme un parti régionaliste ancré à gauche, occupant une place singulière, qu’il faut s’attacher à évaluer, dans le paysage politique breton. L’intégration limitée au sein des gauches bretonnes depuis la fondation du parti en 1964 repose néanmoins sur des liens étroits et ambivalents avec les milieux socialistes, dont l’émergence en tant que force politique pivot du système partisan régional caractérise la séquence électorale 1973-19811.

  • 2 Cf. la contribution de Guiffan J. dans ce volume ; Pasquier R., « L’UDB ou les limites de l’expres (...)

2Ce travail vise à déconstruire l’image des relations nouées par l’UDB avec la pluralité des socialismes bretons. Il convient de nuancer l’empreinte du rejet du régionalisme à la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Largement à revisiter, la proximité idéologique de l’UDB avec la culture politique portée par le Parti socialiste unifié (PSU) symbolisée par le slogan « vivre et travailler au pays », contraste avec la « force des liens faibles » entre les deux formations partisanes. La réalité du développement à gauche, qui place l’UDB dans une obligation de liens politiques avec le PS, nécessite d’établir les modalités et les temporalités de ces nouvelles relations partisanes. La périodisation de l’implantation de l’UDB2 révèle la pertinence de l’étude des rythmes et des formes des relations complexes entretenues avec les filières socialistes. À la déconnexion des réseaux militants, avérée avant 1981, succède un phénomène de passerelles militantes durant les années 1980, avant une oscillation entre une ligne politique d’opposition et des stratégies d’association, voire de partenariat à diverses échelles en fonction des réalités locales et des moments politiques.

3Limite de taille dans cette étude, les sources mobilisées dans ces analyses se fondent sur une vision proposée à partir des archives dépouillées lors de notre thèse sur les réseaux socialistes en Bretagne au XXe siècle : presse locale et militante ; documents relatifs aux organisations socialistes ; entretiens oraux menés avec des élus socialistes passés par l’UDB, mais sans avoir été conçus dans cette optique au moment où ils ont été réalisés. En outre, l’approche retenue pour saisir les relations entre l’UDB et les socialismes bretons, celle de l’analyse historique d’un parti politique, ne se place pas dans la perspective de l’étude de l’idéologie ou des pratiques militantes qui caractérisent ce type de modèles partisans régionalistes. Se limiter à retranscrire les évolutions uniquement d’un point de vue électoral, à évaluer l’enracinement politique, en termes d’audience et d’implantation militante, aurait un sens limité pour ce type de « petit parti ».

Une absence de relations entre l’UDB et les gauches socialistes avant 1981 ?

4Réalité qui étonne, la déconnexion entre les réseaux militants de l’UDB et des gauches socialistes (SFIO, PSU, PS) puise ses racines dans divers facteurs historiques.

Socialisme/régionalisme, une approche historique sur le temps long

5Vue du versant socialiste, la question bretonne constitue un débat brûlant, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Le rejet global des thématiques régionalistes par un socialisme universaliste et laïque, caractérisé par une coloration jacobine de refus des particularismes, mérite d’être grandement nuancé. À plusieurs reprises, les moments de rapprochement entre socialisme et régionalisme réactivent une des spécificités des réseaux socialistes bretons.

  • 3 La création du BREIS donne lieu à de vifs échanges dans l’enceinte de l’Assemblée nationale entre (...)
  • 4 La forme du BREIS sert de modèle aux unions régionales du PS, qui se généralisent en 1994. Après 1 (...)
  • 5 Originaire de la région parisienne, Michel Phlipponneau (1921-2008), agrégé de géographie, fréquen (...)

6L’empreinte des origines révèle la pertinence du cadre régional. Entre 1900 et 1907, la singularité de la naissance du socialisme en Bretagne, au fil de l’aventure militante de la Fédération socialiste bretonne (FSB), insiste sur la marque de fabrication régionale des filières et milieux militants qui font le choix de se détourner de la structuration départementale pour adopter un cadre régional d’organisation. La cassure de ce modèle socialiste régional, imposée par l’entrée – retardée de deux années par rapport au schéma national – dans le processus d’unification socialiste, la SFIO, est réaffirmée lors des différents cycles de la croissance des espaces socialistes (Front populaire, 1944-1947, années 1968). Cependant, la réactivation de ce modèle resurgit lors de la fondation (11 septembre 1973) puis l’affirmation (1979) du Bureau régional d’études et d’informations socialiste (BREIS3). Jusqu’en 1981, les porte-parole successifs de l’union régionale du PS4 affichent dans l’espace public leur fibre régionaliste : Michel Phlipponneau5, Pierre Bernard, Louis Le Pensec.

  • 6 Son fils, Michel Masson (1914-1993), agent général d’assurances, est conseiller municipal (1953-19 (...)
  • 7 Membre du bureau de la section SNI des Côtes-du-Nord (1960-1971) et président de la section MGEN, (...)
  • 8 Oncle de Simone Darcel (1918-2008), maire PSU puis PS de Plessala (1959-1989) et conseillère régio (...)
  • 9 Arch. de l’OURS, fonds Maurice Deixonne, 1 APO 37. Ce fonds rassemble principalement trois types d (...)

7Les voix étouffées ou oubliées des penseurs socialistes de la question bretonne ne sont pas rares à la SFIO. Pensons à un des pionniers fondateurs, Émile Masson, intellectuel socialiste breton s’il en est6, dont les articles dans Le Rappel du Morbihan au début du siècle poussent à prendre en compte cette dimension de l’identité régionale dans la perspective d’un développement politique du socialisme dans une région dominée par le bloc conservateur. Il existe également des terreaux militants qui portent une idéologie régionaliste, à l’instar de Sylvain Loguillard7 ou Alain Le Diuzet dans les Côtes-du-Nord. Les colonnes de La Charrue rouge diffusent les articles en breton de François Danno8 ou Philippe Le Maux, petit paysan, premier député SFIO des Côtes-du-Nord en 1936. Les difficultés liées à la langue bretonne restent la question épineuse qui entrave les relations entre les milieux régionalistes et les gauches socialiste et communiste en Bretagne. De nouvelles sources permettent de retranscrire finement l’histoire de l’échec de la loi Deixonne, mettant à jour le poids des interventions des parlementaires bretons comme la réalité des relations des élus9.

Le paradoxe des années 1960 : faible interpénétration et contacts médiatisés

8En dépit de grilles d’analyse politique de la société partiellement similaires, l’absence de rencontre politique entre l’UDB et le PSU constitue une des causes de la fondation d’une structure partisane régionaliste à gauche en 1964.

  • 10 Prigent F., « Les réseaux socialistes PSU en Bretagne (1959-1981) : milieux partisans, passerelles (...)
  • 11 Engagé à Ar Falz, au club des Bonnets rouges (CIR) puis au PSU, Yves Person, proche des réseaux mi (...)
  • 12 Médecin, Guy Caro, né en 1937, est conseiller général PSU (1970-1973) puis indépendant (1973-1976) (...)

9Dans la seconde moitié des années 1960, la faiblesse des liens UDB/milieu socialiste surprend dans la mesure où ce moment laboratoire des nouveaux réseaux socialistes se construit aussi sur la question régionale, un levier puissant de la mobilisation militante du PSU. Les fichiers PSU dépouillés font apparaître plus de 3 000 militants10, parmi lesquels on ne retrouve que très peu de traces de trajectoires de responsables UDB, ce qui semble paradoxal par rapport à la proximité idéologique entre les deux partis. La question laïque constitue certainement une clé d’explication de ces distances. Certes, dans le premier cercle des fondateurs historiques de l’UDB en 1964, on retrouve Corentin Canévet, universitaire, géographe spécialiste du « modèle agricole breton », qui a été durant un temps très bref adhérent du PSU à Rennes en mars 1962. La rareté des parcours de futurs militants UDB dans le second PSU, après 1968, s’explique aussi par les choix différents opérés par les militants régionalistes du PSU comme Yves Person11, Alain Le Dilosquer, voire Guy Caro12.

10Lors du colloque Décoloniser la province, tenu à Saint-Brieuc les 26-27 novembre 1966, la prépondérance du PSU s’exprime au sujet de ces thématiques politiques régionalistes. Grand organisateur de ces rencontres intellectuelles et militantes rassemblant une multiplicité d’acteurs, Jean Bars initie les contacts entre le PSU et l’UDB, qui est partie prenante de l’histoire de la renaissance du socialisme à la fin des années 1960. La proximité politique s’avère plus forte avec la FGDS, surtout après les rencontres de Lorient, autour de Yves Guélard, mais l’UDB demeure un interlocuteur parmi d’autres, bien moins influent dans les cercles socialistes que le noyau militant d’Ar Falz, polarisé par Armand Keravel.

L’UDB dans le schéma de l’union de la gauche, le temps du rapprochement avec le PS ?

  • 13 Arch. de l’OURS, dossiers Ille-et-Vilaine. Parmi ses étudiants figurent plusieurs futurs responsab (...)

11Le regard porté depuis le versant des archives socialistes témoigne du peu de traces laissées par les rapports directs entre les organisations. L’absence de négociations partisanes est la règle, en dehors du soutien apporté par l’UDB à la candidature de Michel Phlipponneau lors des législatives de mars 1967 à Rennes13. Les signes de rapprochement entre le milieu socialiste et l’UDB sont plutôt à rechercher auprès de certaines figures ou domaines de médiatisation : cet espace socialiste et régionaliste demeure en grande partie extérieur à l’UDB, et à ce titre contesté par l’UDB.

  • 14 Arch. du groupe parlementaire socialiste, centre d’histoire de Sciences Po.

12Le fait marquant de cette période réside dans le retournement du rapport socialisme/régionalisme, véritable inversion des cultures politiques. La conversion du socialisme au régionalisme se concrétise par les discours théoriques prononcés par Charles Josselin ou Louis Le Pensec, dont le rôle est national pour la construction d’un programme politique de décentralisation14. À ce processus correspond conjointement une acculturation au socialisme du courant régionaliste, dont le glissement à gauche, politiquement, tend à rompre avec la séquence trouble de l’Occupation.

  • 15 Autour de Pierre Bernard, la JEB agrège divers milieux, plus précoces dans leur engagement régiona (...)
  • 16 Commerçant vannetais né en 1941, Philippe Meyer, conseiller régional (1986-1998) est en lien avec (...)
  • 17 La richesse du fonds Keravel déposé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) procède des (...)
  • 18 Arch. du CHT de Nantes, fonds Lambert. Ses échanges avec Bernard Lambert en 1967 portent sur les e (...)
  • 19 Lors de la venue de François Mitterrand à Lorient le 14 mars 1981, il prononce une conférence sur (...)
  • 20 Militant CFDT-FEP, Pierre-Yvon Trémel (1946-2006) est maire de Cavan (1971-2006), conseiller génér (...)
  • 21 Né en 1949, Jean-Pierre Thomin, permanent du PS finistérien en 1978, est maire (1989-2008) et cons (...)
  • 22 Proche de Pierre-Yvon Trémel, Paul Houée, sociologue et prêtre, est maire socialiste de Saint-Gill (...)
  • 23 De la JEB au PSU en passant par le cercle de réflexion Corentin Le Floc’h, Yves Guilloux, né en 19 (...)
  • 24 Sonneur de biniou en duo avec Jean Baron depuis 1973, Christian Anneix, né en 1950, est élu munici (...)

13Les liens indirects dominent dans la relation qui se tisse avec les milieux socialistes. Quelle typologie peut-on établir des lieux et figures qui portent la question régionale ? Quels sont ces réseaux régionalistes du PS, qui s’inscrivent depuis les années 1968 dans une nouvelle histoire, renouvelant le schéma d’implantation ? Le rôle joué par les médiateurs encartés au PS, autant de passeurs d’idées et de passerelles entre les filières, se vérifie dans les échanges, les contacts et les discussions. Issu de la Jeunesse étudiante bretonne (JEB15), Philippe Meyer est reconnu comme une figure active au sein de Kendalc’h16. Point de confluence de ces différents milieux militants de la question bretonne, Armand Keravel s’avère sans nul doute la figure principale de ces mises en relation17. Conseiller municipal de Brest et conseiller régional en 1977, Armand Keravel (1910-1999), un des animateurs d’Ar Falz, appartient à la direction de la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS) en 1968, au titre de la Convention des institutions républicaines (CIR) en compagnie de Francis Le Blé. Lieu et cadre de rencontres et de relations18, les colloques régionaux, notamment à Lorient, regroupent l’ensemble des réseaux de gauche et Armand Keravel y joue un rôle déterminant, comme le prouve le texte de son intervention lors du colloque « Décoloniser la province » à Saint-Brieuc en novembre 1966. Secrétaire adjoint du BREIS en charge du manifeste régional des socialistes en 1977, son action militante, concentrée sur la période 1977-1988, au-delà de ses interventions auprès d’Alain Savary au sujet de la reconnaissance des langues et des identités régionales, prend notamment la forme de coordination d’actions, comme en témoignent les courriers d’élus et pétitions (260 signatures d’élus) remis à Mitterrand via Charles Josselin, responsable du BREIS, en 1983. En plus de la liaison avec certains parlementaires (Yves Le Foll puis Yves Dollo, Pierre Jagoret, Charles Josselin et Louis Le Pensec), ce travail d’influence mobilise des élus locaux comme Pierre-Yvon Trémel, Jean-Pierre Thomin, Philippe Meyer ou Michel Masson19. Autre catégorie, les réseaux de défense de la culture bretonne concernent principalement Pierre-Yvon Trémel20, Jean-Pierre Thomin21, Paul Houée22, Yves Guilloux23 ou Philippe Meyer. La question du bilinguisme et des filières Diwan met en jeu différents acteurs socialistes comme Didier Le Buhan, Andrew Lincoln ou Michel Cojean. Plus tardifs dans leurs engagements au PS qui datent de la seconde moitié des années 1980, les acteurs culturels ont aussi une part non négligeable, à l’instar de Jean-Louis Jossic, François Budet ou Christian Anneix24. Dans ces réseaux, les passages ou liens avec l’UDB restent un phénomène très marginal. Seules les trajectoires militantes de Didier Le Buhan, Jean-Louis Jossic et Pierre Bernard font une brève excursion au sein de l’UDB.

  • 25 Prigent F., « Génération 1977. La révolution des réseaux PS en Bretagne », Place Publique, no 30, p (...)
  • 26 Les cas particuliers de Saint-Brieuc, Pontivy, Rezé, Morlaix et Lannion sont à prendre en compte. (...)
  • 27 Ingénieur né en 1952, Daniel Gilles est adjoint à Lorient depuis 1989 et vice-président du conseil (...)

14Les élections municipales de mars 1977 positionnent l’UDB en force politique minoritaire à l’intérieur de l’union de la gauche. Il s’agit bien d’un tournant dans l’histoire politique du parti régionaliste de gauche. Les accords politiques passés avec le PS, notamment dans les grandes villes, ont pour conséquence de donner naissance un corpus de 35 conseillers municipaux environ, qui mériterait d’être analysé en suivant la méthode prosopographique (portrait collectif des trajectoires militantes). Un tiers de ces élus siègent dans des grandes villes tenues par des maires PS depuis le basculement de la métropolisation du socialisme en Bretagne25. C’est le cas dans les municipalités de Francis Le Blé à Brest (3), Edmond Hervé à Rennes (2), Louis Chopier à Saint-Malo (1), Jean Lagarde à Lorient (2), Alain Chenard à Nantes (1) et Etienne Caux à Saint-Nazaire (1). En raison de la prégnance des liens avec des édiles plutôt issus de l’ancienne SFIO, l’UDB peut ainsi être interprétée comme un moyen, pour les socialistes, de contrer aussi le poids du PCF, voire du PSU26. Les municipales de mars 1983, qui permettent à l’UDB de revendiquer environ 80 élus municipaux, s’apparentent à une généralisation du modèle d’union de la gauche, dont l’UDB est une composante minoritaire mais représentée, c’est-à-dire reconnue, respectée par un PS en position hégémonique. Les relations sont beaucoup plus complexes avec le PCF (en raison des enjeux de mémoire autour de la Résistance et de la Collaboration), même s’il existe aussi des transferts de l’UDB vers le PCF, à l’image du parcours de Daniel Gilles27.

Les passerelles de l’UDB au PS (années 1980), étude de trajectoires et de réseaux

  • 28 La campagne de Louis Le Pensec lors de la législative partielle de 1983, après le refus de la relé (...)
  • 29 Voire avec des liens indirects pour les conseillers régionaux Gildas Dréan et Georgette Bréard.

15Le 10 mai 1981, la victoire de François Mitterrand ouvre une nouvelle période dans l’histoire des relations entre l’UDB et le PS. Les propos prêtés à Louis Le Pensec, s’interrogeant sur l’utilité de l’existence de l’UDB, qui « n’a plus lieu d’être maintenant que le PS applique son programme », sont révélateurs du changement de regard et de problématique des questions régionales à gauche. Parallèlement, le marqueur régional s’affirme comme une composante indissociable du cœur de l’identité socialiste bretonne28. Une dizaine de trajectoires a été repérée, ce qui révèle une circulation entre les deux espaces militants UDB/PS, exclusivement dans le sens des départs vers le pôle socialiste29.

Quelles propriétés militantes à l’UDB ?

16Ces passerelles UDB/PS peuvent être mises en lumière par une analyse croisée à partir de l’étude d’une dizaine de trajectoires. L’appartenance géographique, de façon assez logique, fait ressurgir la ligne Saint-Brieuc/Vannes de définition linguistique de la Basse-Bretagne, correspondant aussi et surtout aux terres traditionnelles d’adhésion aux idées de la gauche, d’enracinement socialiste que communiste. Certaines zones de forces de l’UDB, les espaces du gallo comme la diaspora bretonne urbaine sont donc peu concernées par ces transferts.

  • 30 Cadre territorial, sa nièce Gaëlle Andro, animatrice fédérale du MJS (1997-1999), est conseillère (...)

17Les trajectoires concernent principalement des élus du Finistère. Maître de conférences né en 1939, Ronan Leprohon, un des membres fondateurs de l’UDB en 1964, est conseiller régional (1981-1992) et adjoint au maire de Brest. Adhérent du PSU en 1979 puis militant UDB en 1981, Yvon Abiven, professeur né en 1948, est conseiller général (1985-2011), maire (depuis 1989) de Saint-Thégonnec, siégeant à l’Assemblée nationale en tant que député-suppléant de Morlaix entre 1997 et 2002. Universitaire, Jean-Michel Le Boulanger, né en 1956, est adjoint PS de Douarnenez et candidat PS aux cantonales de Douarnenez en 1994, il est assistant parlementaire de Jean Peuziat (1981-1988), son beau-père. Président des fêtes maritimes de Douarnenez, il milite à l’UDB entre 1974 et 1981, avant de rejoindre le PS. Élu apparenté socialiste dans le Morbihan depuis 2010, il est vice-président du conseil régional, en charge de la culture et des pratiques culturelles. Ancien responsable UDB-Verts passé au PS en 2004, Marc Andro est une figure de la gauche quimpéroise, adjoint dans l’équipe de Bernard Poignant (économiste et géographe spécialiste de la pêche, proche de la mouvance Paysans travailleurs30).

18Ces transferts politiques touchent aussi les Côtes d’Armor. Ingénieur né en 1946, Joël Le Jeune, lecteur du journal de la JEB, adhère à l’UDB en 1975, militant à Paris puis à Nantes en 1979. Militant CFDT, passé au PS en 1985, il est maire de Trédrez depuis 1989. Loïc Le Guillouzer est maire de Trégastel (2001-2008). Responsable CFDT à la chambre d’agriculture durant une décennie, Jean David milite à l’UDB (1975-1980), avant de rejoindre le PS en 1985. Né en 1955, ce fils de militants SNI-PCF est maire de Belle-Isle-en-Terre depuis 2001. Ancien leader de la CFDT né en 1953, Loïc Cauret est maire de Lamballe depuis 1995. Agrégé d’histoire, Didier Le Buhan, né en 1957, est conseiller municipal (1989-1992) puis adjoint (1992-2008) de Saint-Brieuc et conseiller régional (1998-2010). Très actif au sein des réseaux Diwan, ce militant SNES tendance UID, est adhérent de l’UDB (1975-1978) avant de rejoindre le PS en 1981.

  • 31 Militant CFDT-FEP né en 1946, Bertrand Frélaut, adhérent UDB sur Rennes (1969-1974), rejoint le PS (...)
  • 32 Professeur agrégé, responsable du SNES, Pierre Bernard (1931-2011), militant MNEF et président de (...)
  • 33 Fils d’un expert-comptable et d’une institutrice, Jean-Louis Jossic, sympathisant UDB dès la fin d (...)

19Les parcours sont moins fréquents dans le Morbihan, avec Bertrand Frélaut31 et Pierre Bernard32. Ce type de transferts est même exceptionnel en Loire-Atlantique, en dehors du chanteur de Tri Yann, Jean-Louis Jossic, militant CGT, conseiller municipal à Orvault (1977-1989) et adjoint à Nantes depuis 198933.

Temporalités des départs vers le PS

  • 34 Arch. de la Fondation Jean Jaurès (FJJ), secrétariat aux élections (1970-1990). Les tensions se fo (...)

20Les vagues de départ expriment des réalités politiques, dont le sens est à rapprocher des pulsations de l’histoire interne de l’UDB d’une part, des inflexions de l’histoire globale de la gauche bretonne d’autre part. Ces transferts s’échelonnent dans le temps selon 3 moments. Les départs avant 1981 concernent, pour des motifs divers Bertrand Frélaut (en 1974), Didier Le Buhan (en 1978), Jean David (en 1980). Le moment de passage le plus fréquent vers le PS reste l’été 1981 pour Ronan Leprohon, Yvon Abiven, Loïc Cauret et Jean-Michel Le Boulanger34. Ce pic de 1981, qui apparaît nettement dans les parcours de l’UDB vers le PS, doit être interprété comme le signe d’un espoir d’une régionalisation du PS (politique de décentralisation, reconnaissance des langues et cultures minoritaires) et d’une reprise programmatique des noyaux fondateurs de l’UDB. Au contraire, les départs plus tardifs, à l’instar du choix de Jean-Louis Jossic en 1988 avant les échéances municipales de 1989, sont plus isolés.

Caractéristiques collectives des devenirs militants

  • 35 À l’exception de Ronan Leprohon, les retours vers l’UDB, voire la perpétuation des liens avec ces (...)

21La réussite du départ vers le PS35 met en lumière des trajectoires ascendantes, fait assez marquant puisqu’on décompte 2 parlementaires (1 député, 1 député européen), 3 conseillers régionaux, 5 maires et 6 adjoints élus dans les métropoles bretonnes. Une fois au PS, la spécialisation relative sur les questions régionales est limitée par la préexistence de réseaux socialistes régionalistes, à l’instar du travail parlementaire effectué par Yves Dollo, député de Saint-Brieuc (1981-1986, 1988-1993). La sociologie étroite, voire monocolore, est frappante tant ces milieux sont formés de professeurs, disposant plutôt d’une forte qualification et d’une formation intellectuelle élevée. La part du capital familial au plan militant s’avère un trait commun. L’engagement dans le militantisme syndical, principalement au sein des filières CFDT, moindre que dans les autres partis de la gauche en Bretagne, reste à souligner. La continuité générationnelle, peu surprenante, caractérise ces figures politiques nées durant la séquence 1945-1955.

22Une prévention de méthode, en raison de l’étroitesse du corpus, impose une certaine méfiance vis-à-vis des effets de loupe. Il ne faut pas tirer de conclusions trop générales de l’étude des itinéraires au sein de ce petit groupe, dont les trajectoires collectives seraient à analyser à l’aune d’une réelle prosopographie des adhérents, militants et responsables de l’UDB.

Entre distanciation et partenariat depuis les années 1980

23Les évolutions de la position de l’UDB dans le champ partisan régional depuis les années 1980 mettent en lumière un parti, résolument ancré à gauche, qui noue par intermittence des relations étroites avec le PS.

Les effets de la croissance des réseaux d’élus socialistes (1973-1997)

24Respectant la règle du désistement républicain, les candidats UDB participent à l’émergence politique des élus PS, qui bénéficient au second tour des maigres reports de voix des candidats régionalistes. La faible dynamique de l’UDB lors des législatives constitue parfois des facteurs explicatifs du glissement vers la gauche de certains territoires. Dans le Finistère en 1981, Charles Miossec (22 624 voix) devance largement au premier tour Marcel Laot, candidat PS (14 451 voix). Au second tour, ce dernier rassemble 19 166 voix, soit 38 %, bénéficiant des désistements d’André Le Gac (communiste, 1 836 voix, futur conseiller général apparenté socialiste de Daoulas entre 1992 et 2001, en charge de la promotion du breton au conseil général à partir de 1998) et Yvon Abiven (UDB, futur élu apparenté socialiste, 1 385 voix). Lors de scrutins éminemment serrés, la part de l’UDB n’est pas négligeable, à l’instar des cantonales de 1976 dans le canton de Rennes 5, qui voit la défaite d’Henri Fréville (2 133 voix) face à Jean-Michel Boucheron (1 907 voix), futur conseiller général (1976-1994) et député (1981-2012). Le maire centriste de Rennes entre 1953 et 1977 bénéficie des réserves de voix de l’UJP (363 voix), tandis que le jeune socialiste capte les suffrages des électeurs communistes (841 voix) comme de l’UDB (447 voix). Plus que les législatives, les élections cantonales permettent de saisir, par le nombre de candidats UDB, la fragilité de l’inscription du parti régionaliste de gauche dans un système partisan dont les recompositions profitent à la gauche socialiste.

Entre tensions et partenariat (depuis 1998)

  • 36 À Saint-Hernin, un maire SFIO succède à la dynastie Com en 1947. À Trégrom, le maire SFIO entre 19 (...)
  • 37 Dont le journaliste sportif né en 1951, Georges Cadiou qui anime le réseau des élus UDB. Issu d’un (...)
  • 38 À Saint-Yvi, la succession des maires socialistes est très ancrée depuis la Libération, avec Louis (...)

25À l’échelle des municipales, l’UDB dispose de quelques maires, des édiles étiquetés UDB mais élus dans une majorité de gauche plus large, dont Yves Rémond à Saint-Hernin ou Gildas Le Troadec à Trégrom36. Auteurs d’articles en breton, Fañch Peru, professeur né en 1940, maire de Berhet entre 1983 et 2001, prenant la suite de l’oncle de Jean-Michel Le Boulanger. Dans un contexte de division de la gauche socialiste, sur fonds de conflit entre René Régnault et Claude Saunier, il se porte candidat aux sénatoriales en 1989. La constance du nombre d’élus UDB (88 en 2001, 78 en 2008) révèle la correspondance de l’implantation locale à gauche. Paradoxalement, la défense des questions régionales par l’UDB procède d’un enracinement à partir des grandes villes, où le parti compte une vingtaine d’adjoints, notamment en 2001 à Nantes, Saint-Nazaire et Orvault en Loire-Atlantique, voire dans des zones très peu concernées historiquement par l’influence du breton, comme Rennes, Saint-Malo, Lorient ou Lanester. L’UDB revendique des adjoints à Carhaix, Saint-Nolff, Quimper37, Quimperlé, Saint-Yvi38, Douarnenez, Lannion et Paimpol. S’il était cartographié, le tableau des résultats de l’UDB aux législatives, établi par Romain Pasquier (voir annexe III), à compléter par les dépouillements de Jean Guiffan (voir annexe IV), illustrerait le lien direct avec l’implantation des gauches. À l’échelle des élections régionales, le choix de l’UDB de se présenter sur des listes séparées jusqu’en 1998 aboutit à de faibles scores électoraux, dont il est difficile de mesurer la portée (un maximum de 4,1 % dans les Côtes d’Armor et de 3,9 % dans le Morbihan en 1998 ; un minimum de 0,4 % en Loire-Atlantique en 1986).

Alliances et concurrences au conseil régional (depuis 2004)

  • 39 Professeur né en 1964, Christian Guyonvarc’h, adhérent UDB depuis novembre 1983, fait son service (...)
  • 40 Figure de l’UDB, Yann-Ber Piriou est aussi le beau-frère de Marylise Lebranchu (renseignement four (...)
  • 41 L’absence de sources reste un problème pour écrire l’histoire de cette séquence politique, depuis (...)
  • 42 Professeur né en 1962, Paul Molac, président du conseil culturel de Bretagne (2009-2012), un espac (...)

26À partir de 2004, l’UDB dispose de plusieurs élus, dont Christian Guyonvarc’h39, Mona Bras et Naig Le Gars, passée par Emgann. Mais le choix des alliances avec les écologistes d’Europe écologie Les Verts (EELV) en mars 2010 contribue à tendre les relations avec la majorité socialiste menée par Jean-Yves Le Drian. Depuis juillet 2012, le retour du groupe UDB dans la majorité régionale s’explique par la croyance dans le soutien de l’acte III de la décentralisation, réforme qui doit être portée par Marylise Lebranchu40. Les contours incertains de ces dispositions, ajoutés à la position délicate de l’UDB à côté des partenaires faibles d’un groupe hégémonique du PS (PCF, tiraillé par les stratégies de front de gauche et marqué par l’empreinte de la culture de la gauche plurielle ; Bretagne Écologie résultant des cassures dans les milieux écologistes en 2010 ; radicaux de gauche) mais toujours en lien avec l’opposition de gauche portée par EELV41. Ainsi, les relations entre l’UDB et le PS oscillent entre tensions et coopérations. La question des limites administratives de la Bretagne témoigne de cette dualité, symbolisée par les blocages idéologiques existant par exemple avec les réseaux de Jean-Marc Ayrault (maire de Nantes entre 1989 et 2012) au contraire de la volonté politique de rapprochement administratif exprimée par Jean-Yves Le Drian (président du conseil régional entre 2004 et 2012), Jean-Louis Tourenne (président du conseil général d’Ille-et-Vilaine depuis 2004) ou Patrick Mareschal (président du conseil général de Loire-Atlantique entre 2004 et 2001). L’élection de Paul Molac42, député de Ploërmel depuis 2012, témoigne également de l’intensité des liens tissés entre l’UDB et le PS. Le rôle de certains réseaux institutionnels comme lieu de fabrication des relations politiques est indéniable dans le cas de l’Institut Culturel de Bretagne, où Yvon Abiven, qui siège au Palais-Bourbon de 1997 à 2002, avait déjà œuvré en substitution/relais de son travail parlementaire. La perpétuation des traditions d’alliance, d’association politique, puise ses racines dans le temps long dans le Morbihan, du soutien apporté à la candidature d’un acteur culturel régionaliste, Sten Kidna, à Auray aux cantonales de 1970, au choix revendiqué par Gwendal Rouillard, secrétaire fédéral du PS (2003-2012) et député de Lorient depuis 2011, de réserver lors des cantonales de 2008 des candidatures uniques de la gauche à des partenaires minoritaires comme l’UDB (18,5 % pour Richard Gironnay à Plouay).

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27L’intérêt de l’étude de ce type de formation partisane pour l’analyse du système des partis en Bretagne réside dans la capacité à l’inscrire dans une histoire comparée, à la fois sur les formes partisanes (micro-partis, parti-mouvements, parti-réseaux) et sur les thématiques portées dans le débat politique (lieux communs à déconstruire et à réévaluer). La mise à jour de la périodisation des relations entre l’UDB et le PS fait apparaître des ruptures qui donnent du sens à l’analyse globale de l’histoire politique en Bretagne.

28Écueil important dans l’approche choisie, en raison de l’accès aux sources (du dépouillement de Peuple breton aux rapports préfectoraux qui fondent la richesse des analyses des partis), plusieurs aspects centraux de l’histoire du parti UDB demeurent encore largement à écrire : enracinement électoral et militant, prosopographie et études de trajectoires (sociologie militante), histoire partisane interne.

Notes

1 Prigent F., « La mutation des milieux socialistes dans l’Ouest breton (1967-1973) : réseaux, trajectoires, identités », dans Bougeard Ch., Porhel V., Richard G., Sainclivier J. (dir.), L’Ouest dans les années 1968, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 211-223 ; Prigent F., « L’expérience de l’union de la gauche en Bretagne (1967-1978) », dans Bergounioux A., Tartakowsky D. (dir.), L’union sans l’unité. Le programme commun de la gauche (1963-1978), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 175-187 ; Prigent F., « Le cycle d’Epinay en Bretagne (1971-1981) », dans Bergounioux A., Lazar M., Morin G., Pigenet M., Sirinelli J.-F. (dir.), Les socialistes d’Épinay au Panthéon, une décennie d’exception (1971-1981), Rennes, Presses universitaires de Rennes, à paraître.

2 Cf. la contribution de Guiffan J. dans ce volume ; Pasquier R., « L’UDB ou les limites de l’expression partisane autonomiste en Bretagne », Pôle Sud, no 20, 2004, p. 113-132 ; Monnier J.-J., Histoire de l’Union démocratique bretonne, Lannion, Presses populaires de Bretagne, 1998.

3 La création du BREIS donne lieu à de vifs échanges dans l’enceinte de l’Assemblée nationale entre l’abbé Laudrin et Louis Le Pensec, portant sur le sens de l’acronyme en référence aux sympathies douteuses de certains militants régionalistes durant la Seconde Guerre mondiale.

4 La forme du BREIS sert de modèle aux unions régionales du PS, qui se généralisent en 1994. Après 1981, les responsables successifs du BREIS sont Charles Josselin (1981-1991), Michel Morin (1994-1997), Jean-Yves Le Drian (1997-2006), Ronan Kerdraon (2004-2006), Bernard Poignant (2006-2013) et Mickaël Quernez (depuis 2013).

5 Originaire de la région parisienne, Michel Phlipponneau (1921-2008), agrégé de géographie, fréquente l’ENS avant de devenir assistant à la faculté de lettres de Rennes en octobre 1950, puis professeur d’université, militant au SGEN. En 1952, il est chargé par le CELIB d’élaborer le rapport de synthèse du premier plan breton, puis de rédiger l’inventaire des implantations industrielles en Bretagne en 1956. Il reçoit un prix du ministère de l’Agriculture en 1956 pour son ouvrage sur la vie rurale dans la banlieue parisienne. Fondateur d’une école géographique, il impulse des recherches portant sur la géographie appliquée dans la perspective d’une action politique de transformation des espaces. En 1960, il devient président de la Commission régionale d’expansion économique du CELIB, regroupant des élus de tous bords autour de l’idée d’un progrès global de la Bretagne par la régionalisation. En 1962, il est sollicité pour construire la loi-programme de décentralisation de la région. Expert de renommée internationale, auprès de la Turquie (Thrace), du Canada (Québec) et de l’ONU, il ne présente aucun engagement politique avant 1964. Un rapport des RG de septembre 1972 le présente comme le « créateur régional des comités Horizon 80, liés à Defferre pour sa campagne présidentielle en 1965, qui entraîne après l’échec du député des Bouches-du-Rhône, sa transformation en club Bretagne et démocratie, affilié à la CIR ». Secrétaire général du CELIB fin 1966, il s’oppose à René Pleven et prend la présidence du CELIB. Il dispose d’une « incontestable audience » dans les milieux régionalistes et agricoles, dont il fréquente les réseaux militants. Président de la FGDS d’Ille-et-Vilaine en 1966-1967, à la tête du mensuel Le Fédéré Bretagne et démocratie et membre du groupe permanent de la CIR au plan national, il est candidat aux législatives de 1967 et de 1968. Partie prenante du colloque « Décoloniser la province » fin 1966 à Saint-Brieuc, il participe au congrès constitutif du PS à Alfortville en mai 1969, malgré la désapprobation de la direction nationale de la CIR. Conseiller général (1973-1985) et responsable du BREIS, il est désigné par ses pairs pour représenter le conseil général au conseil régional. En conflit générationnel avec les nouveaux adhérents du PS, son alliance avec les ex-PSU, dont Pierre-Yves Heurtin, contre les jeunes partisans du CERES (Edmond Hervé, Jean-Michel Boucheron), aboutit à sa défaite pour la désignation interne de la tête de liste aux municipales de 1977. Son livre Changer la vie, changer la ville a un écho national à gauche. Premier adjoint et porte-parole du groupe socialiste au conseil général, la diffusion de sa pensée influence la régionalisation du socialisme et la conversion au socialisme du régionalisme en Bretagne. Candidat dissident en 1986 avec Louis Chopier, ses divergences de vues avec Edmond Hervé culminent lors des débats sur le VAL, aboutissant au soutien apporté au candidat UDF aux municipales de 2001.

6 Son fils, Michel Masson (1914-1993), agent général d’assurances, est conseiller municipal (1953-1971, 1983-1989), puis maire socialiste de Pontivy (1971-1983). Entre 1948 et 1990, il est responsable des réseaux UFOLEA et de l’AEL dans le Morbihan.

7 Membre du bureau de la section SNI des Côtes-du-Nord (1960-1971) et président de la section MGEN, Sylvain Loguillard (1914-2009), militant SFIO-PSU-PS et fervent défenseur de la culture bretonne, est adjoint à Saint-Brieuc (1977-1983) et conseiller régional (1981-1986).

8 Oncle de Simone Darcel (1918-2008), maire PSU puis PS de Plessala (1959-1989) et conseillère régionale (1981-1992).

9 Arch. de l’OURS, fonds Maurice Deixonne, 1 APO 37. Ce fonds rassemble principalement trois types de sources : l’ensemble des propositions de loi et des éléments relatifs au travail parlementaire ; la correspondance échangée par les différents acteurs du processus législatif ; des coupures de presse relatives à l’avancée du projet de loi et du rapport. Prigent F., « Les gauches communiste et socialiste face à l’identité culturelle. Retour sur la loi Deixonne sur les langues régionales (1951) », Archaïsmes et modernités, congrès de la SHAB, Nantes, 5-7 septembre 2013.

10 Prigent F., « Les réseaux socialistes PSU en Bretagne (1959-1981) : milieux partisans, passerelles vers le PS, rôle des chrétiens de gauche », dans Kernalegenn T., Prigent F., Richard G., Sainclivier J.(dir.), Le PSU vu d’en bas : réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 1950-années 1980), Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 71-90.

11 Engagé à Ar Falz, au club des Bonnets rouges (CIR) puis au PSU, Yves Person, proche des réseaux militants de l’UDB, dispose d’un accès direct à François Mitterrand, depuis son passage au ministère de l’Outre-mer. « Yves Person (1925-1982), un historien de l’Afrique engagé dans son temps », colloque Paris I, 20-21 juin 2013.

12 Médecin, Guy Caro, né en 1937, est conseiller général PSU (1970-1973) puis indépendant (1973-1976) de Plouguenast. Candidat PSU aux législatives à Loudéac (1968, 1973) et candidat aux cantonales en 1976 à Collinée, ce membre de la DPN du PSU, tendance GR (1971-1973) est issu de la CIR (1966-1968). Régionaliste et penseur du mouvement antialcoolique, il effectue un bref passage par l’UDB, dont il est exclu, après son départ du PSU en 1973.

13 Arch. de l’OURS, dossiers Ille-et-Vilaine. Parmi ses étudiants figurent plusieurs futurs responsables de l’UDB, dont Jean-Jacques Monnier, conseiller municipal à Lannion ou Yves Rémond, maire de Saint-Hernin.

14 Arch. du groupe parlementaire socialiste, centre d’histoire de Sciences Po.

15 Autour de Pierre Bernard, la JEB agrège divers milieux, plus précoces dans leur engagement régionaliste et en partie extérieurs à la région bretonne (poids du pôle parisien).

16 Commerçant vannetais né en 1941, Philippe Meyer, conseiller régional (1986-1998) est en lien avec Pierre Bernard bien sûr, mais aussi Tugdual Calvez, professeur de philosophie et écrivain de Vannes engagé à l’UDB.

17 La richesse du fonds Keravel déposé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) procède des courriers échangés, mettant à jour un réseau égocentré de relations multiniveaux. Outre la correspondance avec la fille de Tanguy Prigent, ce fonds comporte des boîtes « coupure de presse » (1), « relations avec les partis de gauche » (1), « démarches auprès des élus » (1), « PS » (7), « CELIB » (1).

18 Arch. du CHT de Nantes, fonds Lambert. Ses échanges avec Bernard Lambert en 1967 portent sur les enjeux du syndicalisme agricole.

19 Lors de la venue de François Mitterrand à Lorient le 14 mars 1981, il prononce une conférence sur Émile Masson.

20 Militant CFDT-FEP, Pierre-Yvon Trémel (1946-2006) est maire de Cavan (1971-2006), conseiller général PS de La Roche-Derrien (1979-2004), député de Lannion (1988-1993) et sénateur des Côtes d’Armor (1998-2006).

21 Né en 1949, Jean-Pierre Thomin, permanent du PS finistérien en 1978, est maire (1989-2008) et conseiller général (1987-1994) de Landerneau. Conseiller régional (1992-2010), ce défenseur de la langue et la culture bretonne s’avère particulièrement actif au sein du Bleun-Brug et du festival celtique de Landerneau par exemple.

22 Proche de Pierre-Yvon Trémel, Paul Houée, sociologue et prêtre, est maire socialiste de Saint-Gilles-du-Méné (1995-2001).

23 De la JEB au PSU en passant par le cercle de réflexion Corentin Le Floc’h, Yves Guilloux, né en 1929, s’enracine en pays Pourlet, devenant maire de Ploërdut (1979-1995) et conseiller régional (1986-1992) sous l’étiquette PS.

24 Sonneur de biniou en duo avec Jean Baron depuis 1973, Christian Anneix, né en 1950, est élu municipal de Cesson-Sévigné depuis 1995 et conseiller régional depuis 2010. Secrétaire de la section PS, il est un des responsables CGT en Bretagne lors du mouvement des intermittents du spectacle.

25 Prigent F., « Génération 1977. La révolution des réseaux PS en Bretagne », Place Publique, no 30, p. 12-19.

26 Les cas particuliers de Saint-Brieuc, Pontivy, Rezé, Morlaix et Lannion sont à prendre en compte. L’UDB prend place sur les listes d’union de la gauche, défaites, à Quimper et Vannes.

27 Ingénieur né en 1952, Daniel Gilles est adjoint à Lorient depuis 1989 et vice-président du conseil régional depuis 2004.

28 La campagne de Louis Le Pensec lors de la législative partielle de 1983, après le refus de la relégation du premier ministre de la Mer au rang de secrétaire d’État, intègre (et joue à plein sur) les thématiques régionales. Ce fonds idéologique, avivé par la teneur des mouvements sociaux comme Plogoff, est activé lors des différentes venues de François Mitterrand en Bretagne, en 1978 au moment de la marée noire de l’Amoco Cadiz comme lors de la tournée de 1985.

29 Voire avec des liens indirects pour les conseillers régionaux Gildas Dréan et Georgette Bréard.

30 Cadre territorial, sa nièce Gaëlle Andro, animatrice fédérale du MJS (1997-1999), est conseillère générale depuis 2010 et 1re adjointe à Rennes depuis 2012. Enseignant à l’UBS à Lorient, son père Marcel Andro, militant SGEN, est adhérent socialiste à partir de 2002 et adjoint à Penmarc’h dans l’équipe de Jacqueline Lazard (2008-2010). Sa mère, Jacqueline Drévès est engagée dans la corporation de sciences à l’UNEF (1967-1968), avant de s’investir dans l’ACO.

31 Militant CFDT-FEP né en 1946, Bertrand Frélaut, adhérent UDB sur Rennes (1969-1974), rejoint le PS lors des Assises du socialisme, en compagnie de Philippe Meyer, avant d’être conseiller municipal de Vannes (1984-1995).

32 Professeur agrégé, responsable du SNES, Pierre Bernard (1931-2011), militant MNEF et président de la JEB, adhère à la SFIO en 1964. Conseiller municipal de Lorient (1971-1983), conseiller régional (1973-1986) et député européen (1983-1986), son entrée en dissidence du PS le conduit dans les années 1980-1990 vers les mouvances centriste (CDS), écologiste (Génération Écologie, Les Verts) et régionaliste (UDB).

33 Fils d’un expert-comptable et d’une institutrice, Jean-Louis Jossic, sympathisant UDB dès la fin des années 1960, devient conseiller municipal UDB d’Orvault (1977-1989), par l’entremise de Jean Renaud. Né en 1947, il est exclu puis réintégré en 1979-1980 suite à l’annulation d’une tournée de soutien de Tri Yann à l’UDB. Il rejoint le PS en 1988, après des contacts dès 1987 avec Yannick Guin, ancien responsable UNEF, devenu adjoint à Nantes depuis 1989 et conseiller régional (1998-2004), responsable à la FNSER national du secteur de la culture.

34 Arch. de la Fondation Jean Jaurès (FJJ), secrétariat aux élections (1970-1990). Les tensions se font jour entre Maurice Lucas, secrétaire de section, et Jean Peuziat fraîchement devenu député en 1981, en raison du choix de son assistant parlementaire, son gendre Jean-Michel Le Boulanger, alors à l’UDB.

35 À l’exception de Ronan Leprohon, les retours vers l’UDB, voire la perpétuation des liens avec ces milieux militants, s’avèrent inexistants.

36 À Saint-Hernin, un maire SFIO succède à la dynastie Com en 1947. À Trégrom, le maire SFIO entre 1947 et 1953, Tassel, perd la mairie au profit de la droite puis du PCF avec Francis Le Guen entre 1965 et 1977.

37 Dont le journaliste sportif né en 1951, Georges Cadiou qui anime le réseau des élus UDB. Issu d’une famille de cheminots du Huelgoat, il effectue des études de droit à Rennes, avant de s’engager au SNJ-CGT et au PCF en Martinique jusqu’en 1979.

38 À Saint-Yvi, la succession des maires socialistes est très ancrée depuis la Libération, avec Louis Huitric (1947-1983), Jean Pouliquen (1983-1989), Francis Rozé (1989-2008) et Jacques François (depuis 2008).

39 Professeur né en 1964, Christian Guyonvarc’h, adhérent UDB depuis novembre 1983, fait son service civil à Ar Falz. Conseiller municipal puis adjoint à Lorient (1989-2008) et assistant parlementaire à Bruxelles de Max Siméoni (1989-1994), il est vice-président du conseil régional (2004-2010) et rapporteur général du budget en 2012.

40 Figure de l’UDB, Yann-Ber Piriou est aussi le beau-frère de Marylise Lebranchu (renseignement fourni par Francis Favereau).

41 L’absence de sources reste un problème pour écrire l’histoire de cette séquence politique, depuis le basculement historique de la Bretagne à gauche en 2004.

42 Professeur né en 1962, Paul Molac, président du conseil culturel de Bretagne (2009-2012), un espace de contact des milieux régionalistes et socialistes, milite dans les milieux associatifs (FCPE, bagad) et culturels (défense de la langue, de la culture).

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