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Henri Queffélec, écrivain humaniste

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Pierre Dufief

Intervention d’Yves La Prairie

Texte intégral

1À l’évidence, aucun lieu ne pouvait mieux convenir à un colloque sur Henri Queffélec que SA ville de Brest. La ville de sa naissance, de son enfance, de ses souvenirs, parmi les plus marquants, la ville qui fait intimement partie de son immense cœur. Ville à laquelle il a consacré l’hommage émouvant de son tout dernier livre.

2Le Finistère, cette pointe de l’extrême occident, cette porte océane qu’il aimait baptiser en souriant parfois, je m’en souviens, non pas Le Finistère, mais le « commence-mer ». Ça a été le royaume enchanté imprégné de sel et d’iode, il est vrai, de ses vertes années. Les côtes d’Armorique, il n’a jamais cessé de revenir s’y ressourcer, s’y retremper (dans tous les sens du terme) tant il aimait s’immerger par tous les temps dans ces eaux fraîches, remuantes et toniques.

3À peine deux ans après qu’Henri Queffélec nous ait quitté pour l’autre rive, j’ai tenté dans un livre d’aborder plusieurs aspects de sa personnalité, conscient que cette étude ne pouvait être déjà une biographie exhaustive. Mon premier titre était « L’histoire d’une amitié », mais l’éditeur préférant le simple titre « Henri Queffélec », j’ai voulu ajouter une post-face, dans laquelle je précisais qu’un seul ouvrage ne pouvait évidemment faire le tour d’un homme aussi secret, aussi intérieur, d’une aussi grande retenue qu’Henri Queffélec. Aussi ai-je conclu ce livre par cette dernière phrase : « D’autres écrivains et chercheurs viendront, je l’espère, combler ces lacunes ». Cet espoir que partageaient avec moi les proches et les amis d’Henri Queffélec, que nous appelions « le grand Kef », mais aussi ses innombrables lecteurs et lectrices de par le monde, cet espoir devient une très prometteuse réalité grâce à ce colloque qui s’ouvre à Brest aujourd’hui. Ceux qui sont réunis ici aspirent à mieux connaître l’étonnant écrivain de la mer et des marins, le romancier fécond et subtil, le chantre de la Bretagne, l’homme de foi, l’humaniste, mais aussi et encore le voyageur, le poète, le mélomane, le marcheur infatigable (j’en sais quelque chose). Mais encore je dirais, puisque nous sommes ici, le « lagadec » et le « scouarnec » comme disent les Bretons, c’est-à-dire « celui qui sait regarder », « celui qui sait écouter ». L’homme à la fois inclassable, atypique, et pourtant universel. Et non pas régional ! Et comme l’a écrit Maurice Schumann dans une préface, l’écrivain dont le style maîtrise les ouragans intérieurs.

4Les sujets qui vont être traités aujourd’hui et demain couvrent une grande étendue. Il semble bien qu’ils ne laisseront pas grand-chose dans l’ombre et je remercie d’avance les conférenciers dont les titres des communications proposées révèlent combien vont s’éclairer pour nous toutes les facettes diverses d’un auteur d’exception. Il est particulièrement remarquable qu’aient pu être réunis autour des intervenants venant des quatre coins de France, plusieurs éminents conférenciers étrangers qui nous arrivent tout exprès d’Angleterre, d’Italie, de Roumanie, de Grèce... Grâce à tous ces concours, qui déjà témoignent du rayonnement de Queffélec à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières, nous allons être appelés à approfondir ce qu’ont pu représenter pour l’homme et pour l’écrivain les îles, les phares, les femmes, les prêtres, la musique, les convictions chrétiennes, la mort. Seront aussi évoqués la guerre et les souffrances de Brest, l’imaginaire et l’écriture du romancier, son culte de la mer, son amie héréditaire. Il est certain que, le talent, la culture et l’indépendance d’esprit d’Henri Queffélec ne pouvaient se trouver à l’aise dans des cadres étroits, ni dans des approches limitées à des opinions toutes faites. C’est pourquoi nous attendons beaucoup de ce qui va être dit, qui résulte des travaux et des recherches des personnalités si diverses réunies pour deux jours dans cette belle université. Votre point commun à tous et à toutes, nous le devinons déjà réside dans le puissant intérêt et j’oserais dire le fort attachement que vous portez tous à l’un des écrivains les plus marquants de notre siècle.

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