Le recueil littéraire
|3. Acteurs du recueil
Du texte de circonstance au recueil de Situations
L’économie de l’écriture engagée chez Jean-Paul Sartre
Texte intégral
1En tant qu’il désigne le dispositif général permettant de rassembler et d’organiser au sein d’un volume des textes jusque-là dispersés, le recueil a vocation à agréger des écrits relevant de genres a priori très différents (poésie, textes narratifs, essais, etc.). À l’évidence, la constitution d’un recueil, dans ses modalités pratiques et concrètes, dépend dans une large mesure de la logique spécifique du genre choisi, qui représente le premier critère d’unification de ces volumes — même si on peut aussi bien imaginer un recueil se présentant comme un pot-pourri générique (les Littérature et philosophie mêlées de Hugo), dont la cohérence se donne alors dans l’affirmation d’une nécessité dépassant la stricte logique des genres. Le présent article, en se penchant sur les Situations de Jean-Paul Sartre, se centrera sur des volumes qu’on pourra considérer, en première instance, comme doublement excentrés : d’abord, par leur statut de recueils, qui laisse entendre que nous avons affaire ici à une production secondaire ; par leur appartenance ensuite à ce qu’il est convenu de nommer la littérature d’idées, ou l’essayistique, dont on sait combien elle s’accorde mal à la conception moderne du littéraire, resserrée autour des trois genres canoniques que sont la poésie, le roman et le théâtre. Ce faisant, à travers la question du recueil, c’est plus généralement la problématique de ce que l’on appellera les « écritures intellectuelles » qui affleurera ici. De ce point de vue, le cas de Sartre est d’autant plus exemplaire qu’il a précisément voulu faire des Situations le noyau d’une production multiforme, dont l’unité et la cohérence sont constamment menacées par le disparate des genres dont elle relève, du roman au traité philosophique en passant par la nouvelle, le théâtre, l’essai ou la biographie.
2Dans « Autoportrait à soixante-dix ans », interrogé par Michel Contat qui lui demandait quelle partie de son œuvre il souhaitait « voir reprise par la nouvelle génération », Sartre répondait :
Les Situations, Saint Genet, la Critique de la raison dialectique et Le Diable et le Bon
Dieu. Les Situations, c’est, si vous voulez, la partie non philosophique la plus
proche de la philosophie : critique et politique. Ça, j’aimerais bien que ça reste,
et qu’on le lise. Et puis La Nausée aussi. Je considère que, du point de vue proprement littéraire, c’est ce que j’ai fait de mieux (1976 : 155).
3Cette interview fut réalisée en 1975, à un moment où l’auteur était atteint de cécité et considérait dès lors son œuvre comme achevée. Elle constitue de ce fait un bon point de départ pour une réflexion concernant la place et la fonction des recueils de Situations dans l’entreprise intellectuelle de Sartre.
- 1 On signalera également que d’autres recueils de textes paraîtront après la mort de Sartre, tel le v (...)
4Entre 1947 et 1976, 10 volumes de Situations ont été publiés. Ils rassemblent quelque 125 textes très différents par leurs sujets comme par le genre dont ils relèvent : du côté des contenus, on trouve, pêle-mêle, de la critique littéraire et artistique, des portraits ou des essais biographiques, des textes polémiques ou des analyses politiques ; quant à la forme, nous avons affaire à des articles, à des préfaces, à des reportages, à des interviews et même à de véritables essais, dont certains connaîtront ensuite une publication séparée (Qu’est-ce que la littérature ?([1947] 1985), qui représente la majeure partie de Situations, II) 1.
5Comme on le voit, les recueils de Situations répondent en première apparence au principe des « mélanges », selon lequel un écrivain est amené à périodiquement rassembler en volume des textes dispersés ; ceux-ci représentent généralement un « à côté » de son œuvre principale et restent, le plus souvent, subordonnés à celleci : les mélanges recueillent une production toujours secondaire, faite de « restes » et de « surplus », et qui ne vaut que par rapport aux « grands textes » — essais philosophiques et romans dans le cas de Sartre — qui justifient la conservation en volume de ces écrits de moindre importance et assurent leur passage à la postérité.
6D’emblée, il faut noter ici que la prédilection affichée par Sartre pour les Situations s’oppose à la logique centrifuge du genre des mélanges : tout le propos de Sartre tend au contraire à conférer à ces volumes une forme de centralité dans son œuvre, au point qu’il les place sur le même pied qu’un roman comme La Nausée, qui est en effet son œuvre sans doute la plus achevée et la mieux faite pour prétendre à la durée.
7La vocation paradoxale de cette série de recueils s’explique dans une large mesure par la situation de Sartre après la Libération : la position hégémonique qu’il a acquise dans le champ intellectuel de l’après-guerre tient en effet au cumul inédit des fonctions et des postures d’écriture qu’il réalise : il se présente simultanément comme philosophe, romancier, dramaturge, critique, essayiste, etc., et son succès tient au fait qu’il est alors le seul à conjoindre aussi visiblement des activités habituellement séparées (voir Anna Boschetti, 1985). La contrepartie de cette pratique polygraphique est la production de textes au genre incertain, parce qu’ils se situent à la croisée de ces domaines d’écriture et ne rentrent qu’avec peine dans les catégories constituées. Les Situations ont précisément pour fonction de rassembler cette production éclatée et disparate et de manifester en quoi consiste l’activité proprement intellectuelle de Sartre, qu’il faut ici entendre au double sens du terme : au sens où elle se situe à l’intersection du philosophique et du littéraire, et au sens plus restreint et spécifique où elle ressortit de l’engagement intellectuel. Dès lors, les textes recueillis dans les Situations participent de deux logiques intellectuelles : la critique et l’analyse d’une part, l’intervention engagée et la prise de position politique et sociale de l’autre. On voit ainsi que la fonction des Situations est d’unifier pratiquement et matériellement toute une production difficile à classer, jusqu’à en faire la manifestation spécifique et identifiable de la fonction d’intellectuel que Sartre s’est donnée dans l’après-guerre.
- 2 À la différence des Variétés de Paul Valéry ou des Répertoires de Butor, où l’affirmation d’éclecti (...)
- 3 On trouvera la marque de cette interrogation dans l’article « Un nouveau mystique » (Situation, I) (...)
8Cependant, l’unification produite par la mise en recueil n’est pas seulement pratique, mais aussi conceptuelle, ainsi que l’indique le titre générique de la série 2. À l’origine, en 1945, Sartre envisageait en effet d’intituler Significations le premier volume de ses futures Situations (voir Michel Contat et Michel Rybalka, 1980 : 155) : le titre mettait l’accent sur la dimension d’explicitation et d’élucidation qui caractérisait les lectures réunies dans ce volume (des critiques littéraires). Le report de cette publication, sans doute dû au contingentement du papier à la Libération, a donc amené Sartre à reformuler son projet, en lui donnant une extension plus large et un caractère plus volontariste : la notion de « situation » est en effet théorisée dans l’Être et le Néant, « essai d’ontologie phénoménologique » qu’il avait publié en 1943 et qui représentait l’armature philosophique de l’intellectuel engagé que Sartre était devenu dans l’après-guerre. Philosophiquement, la « situation » se définit comme un ensemble complexe de conditions concrètes d’existence qui déterminent à chaque moment la totalité de l’être-aumonde du sujet ; néanmoins, si la situation relève du donné, elle n’existe qu’en tant qu’elle est réinvestie par un projet, c’est-à-dire par une action visant à dépasser le donné vers une fin librement choisie. La situation est donc un composé de contrainte et de liberté : elle est à la fois acceptation du donné et dépassement de celui-ci par sa négation ou par son refus, c’est-à-dire par ce qui constitue pour Sartre l’essence même de la liberté et, corrélativement, de l’engagement. Utiliser ce concept comme titre de ses recueils revient donc pour Sartre à les définir comme le lieu où se donnent à lire concrètement ses engagements et son projet intellectuel, tels qu’ils s’appliquent dans les contextes successifs de sa trajectoire : le texte repris en recueil devient une « situation », c’est-à-dire la manifestation singulière, localisée et momentanée de l’engagement sartrien, ou encore, si l’on veut, une appropriation particulière du donné qui renvoie cependant à l’unité d’un projet (la démarche d’engagement). De la sorte, le concept de situation permet de subsumer dans une catégorie unique la grande diversité des objets qui ont retenu l’attention de l’intellectuel Sartre. Et l’on peut ainsi formuler l’hypothèse que la conception de ces recueils est pour partie une réponse à l’aporie de la condition de l’intellectuel, qui est de ne pas posséder de lieu scriptural qui lui soit propre et à travers lequel son activité puisse s’institutionnaliser en s’incarnant dans une classe textuelle stable3.
- 4 Titre d’un fragment de Qu’est-ce que la littérature ? qui n’a jamais été repris en volume et qui fu (...)
9Il n’en reste pas moins que cette démarche ne laisse pas d’être paradoxale, dans la mesure où elle modifie le statut de textes qui sont, dans leur quasi-totalité, des textes de circonstances, produits d’un moment précis et d’un certain état, daté, de la réflexion de l’auteur. Sartre lui-même, lorsqu’il définissait dans Qu’est-ce que la littérature ?les tâches de l’écrivain engagé, insistait sur la nécessité de renoncer au souci de la postérité : soulignant que « les bananes ont meilleur goût quand on vient de les cueillir » (1985 : 82), il invitait les écrivains à « écrire pour leur époque 4 », en acceptant que leurs livres ne vivent que pour le temps dans lequel ils avaient été écrits. Produite dans l’urgence de la circonstance, la littérature engagée selon Sartre était ainsi vouée à une obsolescence rapide, les textes se périmant au même rythme que se modifiait la situation qui les avait générés. À ce vieillissement inéluctable du texte engagé devait correspondre chez l’écrivain le refus de « se penser posthume » :
Nous ne souhaitons pas gagner notre procès en appel et nous n’avons que faire d’une réhabilitation posthume : c’est ici même et de notre vivant que les procès se gagnent ou se perdent (1948 : 14-15).
N’est-il pas offensant que le secret de notre époque et l’exacte estimation de nos fautes appartiennent à des gens qui ne sont pas encore nés et à qui nos fils et petitsfils donneront des fessées longtemps encore après notre mort. Nous voulons couper l’herbe sous le pied de ces morveux et nous désirons établir tout de suite et pour toujours ce qu’il faudra qu’ils pensent de nous (1948 : 41).
10Dans ces conditions, la singularité de la série des Situations tient au fait qu’elle assure la reprise en volume de textes inscrits, par les modes mêmes de leur publication (la presse, les revues, la fonction de préface, le statut d’interview, etc.), dans cette temporalité limitée et fragile de l’engagement et qu’elle leur confère cette forme de permanence et de stabilité qui s’attache plus ou moins fortement à l’image du livre. Et lorsque Sartre affirmait souhaiter que la jeune génération lise les Situations, il ne disait somme toute rien d’autre que cette accession à la durée qui caractérise le passage du texte de circonstance au recueil de situations. Il convient donc de cerner la logique qui préside à la constitution de ces recueils, afin de saisir le mouvement par lequel s’institue la pratique scripturale de l’intellectuel engagé.
11En première instance, on fera remarquer qu’à la différence des Actuelles de Camus, les Situations ne sont accompagnées d’aucun dispositif discursif — les « préfaces de circonstance » — visant à justifier la reprise de ces textes ou l’organisation des volumes ; le matériau de base est reproduit sans modification ni commentaire, si ce n’est la mention de la date et du lieu de la première publication du texte. Selon les cas, le volume est divisé en parties, qui ne portent pas nécessairement un titre ; à partir de Situations, V, les recueils portent systématiquement un sous-titre, qui précise la problématique d’ensemble du volume. De façon générale, seules les Situations, III, IVet IX sont des volumes de « mélanges », les autres étant caractérisées par une forte cohérence thématique. On peut en déduire qu’il ne s’agit pas pour Sartre de témoigner de son activité intellectuelle dans son tout-venant et dans son disparate, mais au contraire de l’organiser autour de quelques grandes configurations critiques ou politiques susceptibles de la structurer fortement. Les Situations sont donc une manière d’attester de ce que furent les grandes problématiques auxquelles l’intellectuel Sartre s’est affronté et d’indiquer à l’intérieur de chacune l’évolution de sa réflexion et de ses prises de position.
12Cette première remarque se confirme lorsqu’on observe le rythme de publication des volumes : contrairement à ce qu’on pourrait attendre, la parution des Situations ne s’étale pas selon un rythme régulier et constant, mais se produit par à-coups, déterminant en fait trois moments de publication.
13Le premier se situe entre 1947 et 1949 (Situations, I, IIet III) et correspond au moment où la domination de Sartre dans le champ intellectuel atteint son apogée, grâce notamment à la doctrine de la littérature engagée, que Situations, IIa pour fonction d’expliciter. Les tomes I et III, eux, s’attachent respectivement à défendre le programme romanesque mis en œuvre dans Les chemins de la liberté et à dessiner les coordonnées idéologiques et politiques de la Guerre froide qui débute alors.
14Le second moment de publication s’articule autour des années 1964-1965 (Situations, IV, V, VIet VII), soit quinze ans après la parution du tome III, période qui a vu Sartre s’engager successivement dans un compagnonnage étroit avec le communisme stalinien et dans la lutte pour la décolonisation. La publication groupée de ces volumes représente une véritable offensive, contemporaine de la sortie des Mots en avril 1964. Alors que la critique habituellement la plus réfractaire à Sartre accueillait avec enthousiasme son autobiographie, y voyant à tort une autocritique de ses engagements antérieurs, les Situations avaient pour but de contrer cette « récupération bourgeoise » que l’auteur pressentait et qui lui fit refuser la même année le Nobel : cette série regroupe en effet les textes les plus radicaux de Sartre, où il affirme avec force ses engagements anticolonialistes (la fin de la guerre d’Algérie était toute récente) et procommunistes ; mais le lecteur y trouvera aussi le rappel de la rupture violente avec Camus ou des différends avec Maurice Merleau-Ponty. Façon pour Sartre d’indiquer qu’il ne rentrait pas dans le rang et qu’il restait au contraire l’intellectuel radical et scandaleux qu’il était depuis la Libération.
15Enfin, la troisième période, qui court de 1972 à 1976 (Situations, VIII, IXet X), s’inscrit dans le prolongement de mai 68 : il s’agit ici pour Sartre de défendre la nouvelle conception de l’intellectuel qu’il s’est forgée à la suite des événements de mai et au contact des maoïstes : l’auteur entend à renoncer à l’image classique de l’intellectuel bourgeois qui guiderait le peuple au nom des principes universels et abstraits dont il se sentirait le dépositaire et il plaide au contraire pour que l’intellectuel se fonde dans les masses et en partage l’expérience.
16On voit ainsi que chaque « rafale » de Situations — on utilisera à dessein un lexique militaire — s’inscrit ainsi dans un contexte particulier, qui éclaire et justifie la campagne de publication. D’où il résulte un nouveau paradoxe apparent, qui réside dans le fait que la parution des volumes de Situations est encore le produit des circonstances : tout indique, à commencer par la parution en « tir groupé », qu’il s’agit de « faire événement », en faisant de ces recueils une manière d’intervenir dans le débat contemporain de leur publication. Enfin, ces trois campagnes de publication sont aussi une manière de scander la trajectoire de l’intellectuel Sartre, en y introduisant des solutions de continuité : la première série défend les principes de l’écrivain engagé ; la seconde illustre les engagements de l’intellectuel partisan, procommuniste et anticolonialiste ; la dernière témoigne de la conversion maoïste de l’auteur.
17Il en résulte un troisième constat : republiés dans les circonstances nouvelles qu’on vient d’évoquer, les textes concernés connaissent une « seconde vie », au sens où ils doivent désormais « signifier » dans un contexte autre que celui qui les a générés : la publication en recueil n’a pas seulement pour effet d’arracher ces textes à la circonstance pour les constituer en « situations » ; elle vise aussi à les constituer collectivement en une nouvelle prise de position répondant à l’urgence d’un contexte différent. Comme le soulignait Geneviève Idt (1980) à propos de la littérature engagée en général, il y a donc ici une logique quasi manifestaire des Situations, qui ne se donnent pas comme le témoignage d’un certain état, passé, de l’engagement sartrien, mais qui tendent au contraire à réaffirmer celui-ci, jusque et y compris dans la republication de textes hautement polémiques ou contestés (« Réponse à Albert Camus », texte de rupture très dur, qui reparaît après la mort de l’intéressé ; « Les communistes et la paix », essai dans lequel Sartre manifeste son adhésion la plus forte et la moins lucide au communisme stalinien, republié en Situations après la dénonciation des crimes de Staline par Krouchtchev et après la répression de l’insurrection de Budapest).
18Dès lors, il semble que le principe de sélection qui guide la composition des recueils réponde à des impératifs stratégiques très concertés. On prendra ici l’exemple des trois premiers volumes de Situations et de la période 1947-1949, dont la dimension littéraire est plus marquée et intéressera davantage notre propos. Lorsqu’on passe en revue les textes de la période qui n’ont pas été retenus, on s’aperçoit en effet que Sartre a abandonné bon nombre d’articles qui auraient facilement trouvé place dans Situations, I(au titre de la critique littéraire) ou dans Situations, III(au titre des réflexions sur la période d’occupation). Il s’agit : 1) de trois articles publiés dans les Lettres françaises clandestines (« Drieu la Rochelle ou la haine de soi », avril 1943 ; « La littérature, cette liberté », avril 1944 ; « L’espoir fait homme », juillet 1944) ; 2) deux articles publiés dans Comœdia (« Moby Dick d’Herman Melville », 21 juin 1941 et « Hommage à Jean Giraudoux », 5 février 1944).
19La non-sélection de ces deux derniers textes s’explique aisément : par son attitude ambiguë vis-à-vis de l’occupant, la revue Comœdia était devenue suspecte à la résistance littéraire, qui avait donné le mot d’ordre de ne pas y publier (voir Contat et Rybalka, 1980 : 82). Dans la période très tendue de l’épuration, il n’était certes pas opportun pour Sartre de laisser reparaître des textes entachés par leur première publication dans une revue à la réputation incertaine. On pourrait en revanche s’étonner de l’absence des textes publiés dans les Lettres françaises, dans la mesure où Sartre aurait pu chercher à profiter du prestige d’avoir participé à l’organe clandestin de la résistance littéraire. Néanmoins, en 1947, les Lettres françaises étaient passées sous le contrôle exclusif des communistes, dont Sartre était alors occupé à se démarquer à tous les niveaux, tandis que les intellectuels communistes se déchaînaient sur le petit groupe existentialiste. Il importait sans doute pour Sartre, face à un Parti qui entendait légitimer sa politique culturelle (le réalisme socialiste) en s’identifiant à la littérature résistante, de ne pas renchérir dans cette stratégie et de minorer sa participation à l’organe littéraire par lequel le PCF établissait cette équivalence entre résistance et communisme.
20Une autre explication vient sans doute s’ajouter à celle-ci : les trois articles des Lettres françaises traitent, en des termes très critiques, de la collaboration littéraire. Tout l’argumentaire de Sartre, bâti à partir de l’exemple de Drieu, consiste à montrer que les écrivains collaborateurs sont mus par le mépris et la détestation d’eux-mêmes et que leur adhésion au fascisme ou à la révolution nationale, parce qu’elle nie toutes les valeurs de la culture, est une forme de suicide symbolique, où la fascination pour le chef, l’ordre et la violence est en fait une manière de supprimer en eux l’intellectuel et de nier les droits de la pensée. Dans les années d’occupation, où les écrivains collaborateurs triomphaient à Paris et étaient couverts d’honneur, cet argumentaire pouvait certes être efficace ; dans la période d’épuration, où le champ littéraire se réorganisait selon le principe binaire collaboration-résistance, cette explication psychologique aurait pu passer pour une attitude compréhensive, qui risquait de rapprocher Sartre des Paulhan ou des Mauriac, promptement marginalisés dans les organes littéraires issus de la résistance. Ces textes de circonstances avaient donc perdu la pertinence qui était la leur à l’origine.
21Ne sont donc conservés, dans Situations, I, que les articles tirés des Cahiers du Sud, revue publiée pendant la Guerre en zone sud, qui avait certes publié des écrivains condamnés par Vichy et l’occupant, mais qui bénéficiait de l’image neutre d’une revue avant tout littéraire : on ne s’étonnera donc pas que les articles que Sartre y a publiés (sur Camus, Bataille, Blanchot ou Brice Parain) relèvent de la critique littéraire « pure » (comme on parle de littérature pure). On constate ainsi que Sartre a cherché à gommer dans Situations, Itout ce qui pouvait témoigner des enjeux politiques de ses prises de position littéraires durant l’Occupation : sur ce terrain, il ne pouvait se mesurer efficacement aux communistes ; de plus, contre la littérature politique prônée après la guerre par le Parti, il lui fallait aussi affirmer les droits de la littérature : l’authentique engagement de l’écrivain procède des exigences de la littérature elle-même, non des mots d’ordre imposés de l’extérieur par un parti ou une doctrine politiques.
22De ce rapide parcours, on tirera trois conclusions, qui ont avant tout valeur d’hypothèses.
23La première est que les recueils de Situations visent à constituer un lieu propre où se donne à voir et à lire l’activité intellectuelle du Sartre de l’après-guerre. Ce serait donc là une tentative pour instituer un espace générique spécifique susceptible d’accueillir une production qui ne relève plus de la stricte logique littéraire, mais de celle du champ intellectuel élargi que Sartre dominait alors.
24Ensuite, en sélectionnant et en réorganisant une matière antérieure, faite de ce que l’on peut appeler des textes de circonstances, les Situations ne cherchent pas seulement à inscrire ces textes dans la longue durée de la mémoire. Ils tendent aussi et surtout à opérer des regroupements autour de thématiques relativement stables et à constituer collectivement ces textes en une nouvelle prise de position, répondant en cela à une logique quasi manifestaire. C’est, au sens strict, ce que Sartre appelle « établir tout de suite et pour toujours ce qu’il faudra que [les générations futures] pensent de nous ». En d’autres termes, il appartient à l’auteur de faire, ici et maintenant, le tri dans ce que la postérité retiendra de lui.
25Tout cela conduit à poser enfin qu’on ne peut à proprement parler de « poétique du recueil » s’agissant de Sartre. Si l’on entend par là la capacité d’un ensemble à générer sa cohérence par un système de relations uniquement internes indiquant son autosuffisance, il est en effet patent qu’il n’y a pas de « poétique des Situations ». On devrait plutôt évoquer ici une « économie » du recueil, pour marquer combien ces volumes, conformément à la notion qui leur donne leur titre, prennent sens en fonction d’une série de déterminations externes qui relèvent de la logique de l’engagement intellectuel et des impératifs spécifiques qu’elle introduit dans la politique de publication de l’auteur.
Bibliographie
Ouvrages cités
Boschetti, Anna (1985), Sartre et les « Temps Modernes ». Une entreprise intellectuelle, Paris, Minuit. (Coll. « Le sens commun ».)
Contat, Michel, et, Michel Rybalka (1980), Les écrits de Sartre, Paris, Gallimard.
Idt, Geneviève (1980), « La « littérature engagée », manifeste permanent », Littérature, n° 39 (octobre), p. 61-71.
Sartre, Jean-Paul ([1943] 1994), L’Être et le Néant. Essai d’ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard. (Coll. « Tel ».)
Sartre, Jean-Paul (1947), Situations, I, Paris, Gallimard [réédité : Sartre, 1993].
Sartre, Jean-Paul (1948), Situations, II, Paris, Gallimard [contient : Sartre, 1985].
Sartre, Jean-Paul (1949), Situations, III, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1964a), Situations, IV, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1964b), Situations, V, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1964c), Situations, VI, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1965), Situations, VII, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1972), Situations, VIII, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1972b), Situations, IX, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul (1976), Situations, X, Paris, Gallimard.
Sartre, Jean-Paul ([1947] 1985), Qu’est-ce que la littérature ?,Paris, Gallimard. (Coll. « Folio essais ».)
Sartre, Jean-Paul (1990), Situations philosophiques, Paris, Gallimard. (Coll. « Tel ».)
Sartre, Jean-Paul (1993), Critiques littéraires, Paris, Gallimard. (Coll. « Folio essais ».)
Annexes
Annexe.
Jean-Paul Sartre – Situations
Tables des matières et premières publications des articles
Situations, I – 1947
1 Sartoris par W. Faulkner |
Nouvelle revue française |
fév-38 |
2 À propos de John Dos Passos et de 1919 |
Nouvelle revue française |
août-38 |
3 La Conspiration par Paul Nizan |
Nouvelle revue française |
nov-38 |
4 Une idée fondamentale de phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité |
Nouvelle revue française |
jan-39 |
5 M. François Mauriac et la liberté |
Nouvelle revue française |
fév-39 |
6 Vladimir Nabokov : La Méprise |
Europe |
15-juin-39 |
7 Denis de Rougemont : L’Amour et l’Occident |
Europe |
15-juin-39 |
8 À propos de Le Bruit et La Fureur : la temporalité chez Faulkner |
Nouvelle revue française |
juin-39 |
9 M. Jean Giraudoux et la philosophie d’Aristote : à propos de Choix des élues |
Nouvelle revue française |
mars-40 |
10 Explication de L’Étranger |
Cahiers du Sud |
fév-43 |
11 Aminabab ou du fantastique considéré comme un langage [Blanchot] |
Cahiers du Sud |
avril-43 |
12 Un nouveau mystique [Bataille] |
Cahiers du Sud |
oct-43 |
13 Aller et retour [Brice Parain] |
Cahiers du Sud |
fév-44 |
14 L’homme et les choses [Ponge] |
Poésie 44 |
oct-44 |
15 L’homme ligoté. Notes sur le Journal de Jules Renard |
Messages, II |
1944 |
16 La liberté cartésienne |
Labyrinthe |
15-nov-45 |
Situations, II – 1948
1 Présentation des Temps Modernes |
Les Temps modernes |
01-oct-45 |
2 La nationalisation de la littérature |
Les Temps modernes |
01-nov-45 |
3 Qu’est-ce que la littérature ? |
Les Temps modernes |
fév-juil-47 |
Situations, III – 1949
I. (Sur la Guerre et l’Occupation) |
||
1 La République du silence 44 |
Lettres françaises |
09-sept- |
2 Paris sous l’occupation |
La France libre |
15/11/44 |
3 Qu’est-ce qu’un collaborateur ? |
La République française |
août-45 |
4 La fin de la Guerre |
Les Temps modernes |
oct-45 |
II. (sur les États-Unis)
5 Individualisme et conformisme aux États-Unis [reportage] |
Figaro |
mars-45 |
6 Villes d’Amérique [reportage] |
Figaro |
avril-45 |
7 New York, ville coloniale |
Spectateur |
juil-46 |
8 Présentation |
Les Temps modernes |
sept-46 |
III. 9 Matérialisme et révolution |
Les Temps modernes |
juin-46 |
IV. 10 Orphée noir |
Préface |
1948 |
V. 11 La recherche de l’absolu [Giacometti] |
Catalogue expo |
jan-48 |
12 Les mobiles de Calder |
Catalogue expo |
nov-46 |
Situations, IV – 1964
I. 1 Portrait d’un inconnu [Sarraute] |
Préface |
1948 |
2 L’artiste et sa conscience [Leibowitz] |
Préface |
1950 |
3 Des rats et des hommes [André Gorz] |
Préface |
1958 |
II. (« Tombeaux littéraires ») |
||
4 Gide vivant |
Les Temps modernes |
mars-51 |
5 Réponse à Albert Camus |
Les Temps modernes |
août-52 |
6 Albert Camus |
France-Observateur |
07-jan-60 |
7 Paul Nizan |
Préface |
1960 |
8 Merleau-Ponty |
Les Temps modernes |
oct-61 |
III. (sur la peinture) |
||
9 Le séquestré de Venise [Tintoret] |
Les Temps modernes |
nov-57 |
10 Les peintures de Giacometti |
Derrière le miroir |
mai-54 |
11 Le peintre sans privilège [Lapoujade] |
Catalogue expo |
mars-61 |
12 Masson |
Texte pour album du peintre |
1960 |
13 Doigts et non-doigts [Wols] |
Texte pour album du peintre |
1963 |
14 Un parterre de capucines |
L’Observateur |
juil-52 |
15 Venise, de ma fenêtre |
Verve |
jan-53 |
Situations, V – Colonialisme et néo-colonialisme – 1964
1 D’une chine à l’autre [Cartier-Bresson] |
Préface |
1954 |
2 Le colonialisme est un système |
Les Temps modernes |
mars-56 |
3 Portrait du colonisé, précédé du Portrait du colonisateur [Albert Memmi] |
Les Temps modernes |
juil-57 |
4 Vous êtes formidables |
Les Temps modernes |
mai-57 |
5 Nous sommes tous des assassins |
Les Temps modernes |
mars-58 |
6 Une victoire [Henri Alleg] |
L’Express |
06-mars-58 |
7 Le Prétendant |
L’Express |
22-mai-58 |
8 La Constitution du mépris |
L’Express |
11-sept-58 |
9 Les grenouilles qui demandent un roi |
L’Express |
25-sept-58 |
10 L’analyse du référendum [interview] |
L’Express |
04-jan-61 |
11 Les somnambules |
Les Temps modernes |
avril-62 |
12 Les Damnés de la terre [Franz Fanon] |
Préface |
1961 |
13 La pensée politique de Patrice Lumumba |
Présence africaine |
sept-63 |
Situations, VI – Problèmes du marxisme, 1 – 1964
1 Portrait de l’aventurier [Roger Stéphane] |
Préface |
1950 |
2 Faux savants ou faux lièvres [Louis Dalmas] |
Préface |
1950 |
3 Sommes-nous en démocratie ? |
Les Temps modernes |
avril-52 |
4 La fin de l’espoir [Juan Hermanos] |
Préface |
1950 |
5 Les Communistes et la Paix, I et II |
Les Temps modernes |
juil-52 |
Les Communistes et la Paix, III |
Les Temps modernes |
avril-54 |
Situations, VII – Problèmes du marxisme, 2 – 1965
1 Réponse à Claude Lefort |
Les Temps modernes |
avr-53 |
2 Opération « Kanapa » |
Les Temps modernes |
mars-54 |
3 Le réformisme et les fétiches [Pierre Hervé] |
Les Temps modernes |
fév-56 |
4 Réponse à Pierre Naville |
Les Temps modernes |
mar-avr-56 |
5 Le Fantôme de Staline |
Les Temps modernes |
nov-56 |
6 Quand la police frappe les trois coups… [Brasillach] |
France-Observateur |
05-déc-57 |
7 La démilitarisation de la culture [discours] |
France-Observateur |
17-juin-62 |
8 Discussion sur la critique à propos de L’Enfance d’Ivan |
Les Lettres françaises |
26-déc-63 |
Situations, VIII – Autour de 68 – 1972
I. Viêt-Nam : le Tribunal Russel |
||
1 « Il n’y a plus de dialogue possible » |
Le Nouvel Observateur |
01-avril-65 |
2 Un Américain écrit à Sartre |
Le Nouvel Observateur |
08-avril-65 |
3 Sartre répond |
Le Nouvel Observateur |
08-avril-65 |
4 Le Crime |
Le Nouvel Observateur |
30-nov-66 |
5 Lettre au Président de la République et réponse |
Le Monde |
25-avril-67 |
6 Sartre à de Gaulle |
Le Nouvel Observateur |
26-avril-67 |
7 Douze hommes sans colère |
Le Nouvel Observateur |
24-mai-67 |
8 Tribunal Russel. Discours inaugural |
Gallimard |
02-mai-67 |
9 De Nuremberg à Stockholm |
Tricontinental |
03-déc-67 |
10 Le génocide |
Les Temps modernes |
01-déc-67 |
II. La France |
||
11 L’alibi |
Le Nouvel Observateur |
19-nov-64 |
12 « Refusons le chantage » |
Le Nouvel Observateur |
17-juin-65 |
13 Achever la gauche ou la guérir ? |
Le Nouvel Observateur |
24-juin-65 |
14 Le choc en retour |
Le Nouvel Observateur |
08-déc-65 |
15 Les bastilles de Raymond Aron |
Le Nouvel Observateur |
19-juin-68 |
16 L’idée neuve de Mai 1968 |
Le Nouvel Observateur |
26-juin-68 |
17 Les communistes ont peur de la révolution |
Éditions John Didier |
année 1968 |
18 Il n’y a pas de bon gaullisme… |
Le Nouvel Observateur |
04-nov-68 |
19 Le Mur au lycée |
Le Monde |
18-jan-69 |
20 La jeunesse piégée |
Le Nouvel Observateur |
17-mars-69 |
21 Masses, spontanéité, parti |
Il Manifesto |
04-sept-69 |
22 Le peuple brésilien sous le feu croisé des bourgeois |
Témoignage chrétien |
29-jan-70 |
23 L’affaire Geismar |
Préface |
année 1970 |
24 « Le tiers monde commence en banlieue » |
Tricontinental |
année 1970 |
25 Toute la vérité |
Le Monde |
27-mai-70 |
26 Intervention à la conférence de presse du Comité, le 27 janvier 1970 |
Rouge |
02-fév-70 |
27 Premier procès populaire à Lens |
Intervention orale |
14-déc-70 |
III. Israël – le monde arabe |
||
28 Interview |
Le Fait public |
01-fév-69 |
29 Israël, la gauche et les arabes |
L’Arche |
25-oct-69 |
IV. Les intellectuels |
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30 Note |
||
31 Playdoyer pour les intellectuels |
Conférences au Japon |
sept-oct-65 |
32 L’ami du peuple |
L’Idiot international |
01-oct-70 |
Situations, IX – Mélanges – 1972
I. Sur moi-même |
||
1 Les écrivains en personnes |
Interview à M. Chapsal |
1960 |
2 L’écrivain et sa langue |
Revue d’esthétique |
juin-65 |
3 L’anthropologie |
Cahiers de philosophie |
fév-66 |
4 Sartre par Sartre |
Nouvel Observateur |
jan-70 |
II. Textes |
||
5 Palmiro Togliatti |
Les Temps modernes |
oct-64 |
6 L’universel singulier |
Communication colloque |
1966 |
7 Mallarmé (1842-1898) |
Préface |
1966 |
8 Saint Georges et le dragon [Tintoret] |
L’Arc |
oct-66 |
9 Le socialisme qui venait du froid |
Préface |
1970 |
10 Je - Tu - Il [André Puig] |
Préface |
1970 |
11 « Coexistences » [Paul Reyberolles] |
Préface |
oct-70 |
III. (Controverse sur la psychanalyse dans Les |
Temps modernes ) |
|
12 L’homme au magnétophone |
Les Temps modernes |
avr-69 |
13 Dialogue psychanalytique |
Les Temps modernes |
avr-69 |
14 Réponse à Sartre, par J.-B. Pontalis |
Les Temps modernes |
avr-69 |
15 Réponse à Sartre, par Bernard Pingaud |
Les Temps modernes |
avr-69 |
Situations, X – Politique et autobiographie, X – 1976
I. Textes politiques |
||
1 Le procès de Burgos [Gisèle Halimi] |
Préface |
1971 |
2 Les maos en France [Michèle Manceaux] |
Préface |
1972 |
3 Justice et État |
Conférence |
25-fév-72 |
4 Élections, piège à cons |
Les Temps modernes |
jan-73 |
II. Entretiens sur moi-même |
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5 Sur L’Idiot de la famille71 |
Le Monde |
14-mai- |
6 Simone de Beauvoir interroge Jean-Paul Sartre |
L’Arc |
1975 |
7 Autoportrait à soixante-dix ans |
Nouvel Observateur |
juin-75 |
Notes
1 On signalera également que d’autres recueils de textes paraîtront après la mort de Sartre, tel le volume de Situations philosophiques (1990), qui opère un autre type de tri dans la production déjà rassemblée dans les Situations ; on y verra le signe que le mode d’organisation de ces volumes répond à une logique spécifique, que les recueils posthumes abandonneront au profit d’un regroupement plus « lisible » en termes génériques. Voir aussi la reprise de Situations, I (1947) en collection de poche sous le titre Critiques littéraires (1993).
2 À la différence des Variétés de Paul Valéry ou des Répertoires de Butor, où l’affirmation d’éclectisme domine, à la différence aussi des Actuelles de Camus, où c’est le facteur de la proximité temporelle qui est gage d’unité, les Situations de Sartre jouent sur un autre registre, beaucoup plus volontariste et assertif (qui peut être rapproché, par exemple, du registre présent dans les volumes de Questions de principe de Bernard-Henri Lévy).
3 On trouvera la marque de cette interrogation dans l’article « Un nouveau mystique » (Situation, I) que Sartre consacre en 1943 à Georges Bataille et où il postule que l’on assiste à une renaissance de l’essai, renaissance qu’il connecte à la problématiqur des écritures intellectueles.
4 Titre d’un fragment de Qu’est-ce que la littérature ? qui n’a jamais été repris en volume et qui fut publié en français dans la revue Valeurs (nos 7-8, octobre 1946-janvier 1947). Voir Contat et Rybalka (1980 : 153-153 et 670-676).
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