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École et familles populaires

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Pierre Périer

Deuxième partie. Le partenariat à l'épreuve des relations familles populaires-école

Introduction de la deuxième partie

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Géographique :

France

Texte intégral

1Devenue de plus en plus nécessaire et encouragée à durer, la scolarité s’est accompagnée d’une conversion progressive des familles populaires à la « raison scolaire », à ses normes et à ses exigences. Les promesses de la démocratisation scolaire sur fond de chômage endémique ont précipité leur adhésion à l’école puisque de la scolarisation dépendent l’insertion et la promotion de leur progéniture et, par conséquent, l’avenir de la lignée. Si les parents des classes moyennes se distinguent par des comportements volontaristes les conduisant à faire pression sur l’école, à user de façon stratégique des moyens qu’elle leur offre afin de faire valoir leurs intérêts, les familles populaires adoptent quant à elles des attitudes plus en retrait et qui sont perçues et interprétées à travers le modèle du partenariat.

2Or, les connotations spontanément positives et égalitaires associées à ce modèle de relations pourraient faire oublier les conditions et dispositions requises pour se constituer partenaire. Ce que nous analyserons ici comme l’impensé du partenariat montre que le rapport des familles populaires à l’école ne se coule pas aisément dans les formes instituées et codifiées de la relation. Les incompréhensions mutuelles et jugements stigmatisant les parents les moins présents posent la question des effets du partenariat. Le préjugé de la « démission » parentale participe du regard culpabilisant ou compassionnel porté sur les classes populaires là où la dualité d’attitudes entre confiance et défiance, entre investissement et distance, entre reconnaissance et critique montre avant tout le caractère complexe, ambivalent, en partie souterrain, du rapport que les familles populaires entretiennent à l’école et à ses agents.

3Appréhendée sous cet angle, la distance à l’école ne procède pas nécessairement d’une incapacité ou d’une « peur » sans fondement, mais peut s’interpréter comme une manière de se protéger et de ne pas s’exposer, soi et les siens. De même, les griefs parfois virulents et injustes à l’encontre des acteurs de l’école témoignent certes, d’un différend scolaire, mais indiquent également que les familles populaires ne sont pas désinvesties et sans réaction face à l’enjeu de la scolarité.

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