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La stratégie des Schneider

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Jean-Philippe Passaqui

Biographies des gérants, directeurs et ingénieurs des établissements Schneider et Cie

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

1Aumont Paul – Né en juin 1813 à Lyon. Il intègre les établissements Schneider frères et Cie, en août 1841, et accède au rang d’ingénieur de la houillère du Creusot. Il quitte l’entreprise à une date inconnue, sans doute peu après 1855. Pendant la période au cours de laquelle il exerce la fonction de directeur de la houillère, il prépare la généralisation de l’application de la méthode d’exploitation par remblais complets, à partir de galeries au rocher. Il publie d’ailleurs un article consacré à cette pratique dans le premier numéro du Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, en 1855, intitulé « Note sur le système d’exploitation suivi au Creuzot ».

2Bassal Louis Laurent – Né le 19 août 1873 à Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales. Il sort 3e de l’école des Mines de Paris, en 1899 et entre, quelques jours plus tard, au laboratoire des établissements Schneider et Cie. Le 1er janvier 1900, il devient ingénieur du service des hauts fourneaux. Il est promu chef des fabrications aux aciéries, le 1er juin 1906. Il est nommé adjoint au chef du service des Hauts Fourneaux et Aciéries, le 1er février 1909. Après être devenu ingénieur principal, sans doute en 1911, lors du départ de Divary, il accède à la direction de l’usine du Creusot, le 1er mai 1915. Il reste à ce poste pendant une dizaine d’années. Ses prérogatives sont d’ailleurs beaucoup plus importantes que ne le laisse supposer son titre. C’est lui qui est chargé de préparer la reprise de la construction de l’usine de Caen et d’envisager les possibilités qu’offre la sidérurgie mosellane, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il termine sa carrière comme ingénieur conseil aux établissements Schneider et Cie.

3de Biauzat Adrien François Pierre – Né le 10 septembre 1837 à Clermont-Ferrand. Il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 20 mars 1860, comme ingénieur des mines, attaché à la houillère du Creusot dont il prend la direction en 1867. Moins déterminant qu’Aumont et Petitjean, ses deux prédécesseurs, Biauzat se contente d’entretenir le bel outil de travail qui lui est laissé. Il se signale surtout par l’exécution de travaux miniers, certes modestes, mais qui font ressortir d’indéniables qualités techniques. Il joue un rôle important dans la généralisation de l’emploi du métal, en remplacement du bois, dans les travaux souterrains.

4Busquet Marie Antoine Horace – Né le 30 septembre 1839 à Toulouse, Busquet fait ses études à l’école des mines de Saint-Étienne dont il sort en 1861. Après avoir fait un stage aux Houillères de Saint-Étienne et un long voyage en Algérie, il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 1er février 1865. Il prend la direction de la mine de La Machine, au moment de la reprise de l’exploitation, en 1869. Après le départ de Raymond, il cumule les fonctions de directeur des Houillères de Decize et d’ingénieur en Chef du département des mines de l’entreprise. À ce titre, il effectue plusieurs études d’envergure en se rendant en Espagne, au Portugal et en Algérie, afin de reconnaître les gisements susceptibles d’approvisionner l’usine de Cette.

5de Champeaux de la Boulaye Georges – Né le 15 janvier 1837 à Autun. Il est issu d’une grande lignée morvandelle au sein de laquelle les talents de géologue ont déjà été signalés. Un membre de la famille de Champeaux est ingénieur des Mines au début du xixe siècle et se fait connaître par la découverte d’un minéral appelé à avoir un rôle industriel, au cours de la seconde moitié du xxe siècle : l’Autunite, un minerai d’Uranium. L’importance de celui qui entre au sein de l’entreprise le 8 janvier 1861, comme ingénieur des minerais, poste aussi tenu par Ollier, est très relative. Elle reste cependant mémorable puisqu’elle est à l’origine de la découverte et des premiers pas vers la mise en valeur d’un important gisement de fluorine, située à la Petite-Verrière, en Saône-et-Loire. Cette matière est utilisée dans un premier temps comme fondant dans les hauts fourneaux avant d’être destinée aux aciéries. La mine de la Petite-Verrière, exploitée pendant très longtemps par la famille de Champeaux, a été une des dernières à être maintenue en activité, dans le Morvan. La présence de Georges Champeaux de la Boulaye au Creusot est brève puisqu’il quitte l’usine dès le 30 avril 1862.

6Cheysson Émile – Né le 11 mai 1836, à Nîmes. Il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 15 août 1871 où il est censé exercer la direction de l’entreprise, de concert avec les deux gérants. Émile Cheysson est un personnage paradoxal. Il jouit d’une grande renommée, notamment en raison de ses travaux consacrés à l’économie sociale, dans la continuité des principes énoncés par Frédéric le Play. Pourtant, en tant que directeur du Creusot, il se signale surtout par son incapacité à exercer réellement son rôle, écrasé qu’il est par la présence simultanée d’Eugène et de Henri Schneider. Son départ, le 1er juillet 1874, met en exergue le poids des deux gérants sur la conduite de l’entreprise. À aucun moment, Cheysson ne semble avoir été en mesure de prendre une place aussi importante que celle occupée par Alfred Deseilligny. Même dans le suivi des affaires quotidiennes, il subit un contrôle de tous les instants et ne semble avoir aucun poids dans la politique d’acquisition minière lancée, à cette époque, par l’entreprise.

7Chosson Alphonse Louis – Né le 15 mars 1838 à Romans, dans la Drôme. Ingénieur des Mines d’État, affecté au service ordinaire dans l’arrondissement minéralogique de Chalon-sur-Saône. Par conséquent, il assure la surveillance des mines des établissements Schneider. Lorsqu’à la suite de la croissance rapide du Domaine minier de l’entreprise, le besoin se fait sentir de créer un nouveau poste, pour coordonner la politique minière, Chosson semble particulièrement apte à remplir cette mission. En 1873, il quitte le Service des Mines pour intégrer les établissements Schneider et Cie, avec le titre d’ingénieur en chef des mines. Son action est surtout perceptible auprès des exploitations les plus lointaines, c’est-à-dire La Machine, pour ce qui concerne le charbon et les concessions alpines, pour le minerai de fer. Il quitte Schneider et Cie le 31 décembre 1880 alors que la politique minière n’est plus considérée comme un des maillons essentiels du développement de l’entreprise. À cette époque, les travaux de mise en valeur et de recherches ont pratiquement cessé.

8Daix Victor Louis Charles – Né le 29 mars 1836, à Puiseaux, dans le Loiret. Il intègre Schneider et Cie le 21 juillet 1860, après avoir vraisemblablement fait ses études à l’école des Mines de Paris. Il entre au laboratoire de chimie au sein duquel il se signale par des travaux qui portent sur la classification des fontes et les tentatives pour résoudre les difficultés que soulève la fabrication de l’acier Bessemer, à partir des ressources minérales disponibles au Creusot. Il quitte l’entreprise le 31 juillet 1868.

9Damour Jules André – Sa carrière est assez proche de celle de Daix. Son recrutement est d’ailleurs réalisé dans des conditions semblables. Né le 12 mars 1836 à Paris, il entre le 18 mars 1861, au sein des établissements Schneider et Cie, lui aussi au laboratoire de Chimie. Il quitte aussi l’entreprise, après l’aboutissement des recherches pour adapter la fabrication de l’acier au Creusot, le 31 mai 1870.

10Deseilligny Alfred (1828-1875) – Maître de forges. Il est directeur des usines du Creusot, de 1853 à 1866. Disciple de Frédéric le Play, il fonde, en 1856, la société d’économie sociale. Il est le neveu d’Eugène Schneider. Ingénieur de l’École Centrale, Alfred Deseilligny intègre l’entreprise au départ de Lemonnier, le directeur précédent. Il est secondé, entre autre, par son frère Gustave. Deseilligny est un des directeurs les plus actifs de l’usine du Creusot. Son arrivée coïncide avec les premières démarches en vue de transformer l’établissement et rompre, dans le domaine des approvisionnements, avec l’organisation antérieure. C’est un relais efficace d’Eugène Schneider qui se signale aussi par sa prudence. Il quitte l’entreprise en 1866, lorsque Henri Schneider, le fils d’Eugène, accède à la fonction de directeur de l’usine du Creusot.

11Divary Édouard Edme – Né le 7 avril 1859. Il sort de l’École Centrale en 1880. De 1883 à 1891, il travaille aux aciéries du Nord et de l’Est puis, de 1891 à 1892, aux forges de Montataire. Il entre chez Schneider et Cie le 1er janvier 1893, comme chef de fabrication aux aciéries. Il est nommé chef du service des Hauts Fourneaux, le 5 janvier 1901 et des Hauts Fourneaux et Aciéries, le 1er mai 1906. Il quitte l’entreprise le 16 juillet 1911. Spécialiste des missions périlleuses, il a, à plusieurs reprises, sauvé le haut fourneau de Cette. Il est aussi reconnu pour la qualité de ses compétences en 1905, lors du congrès de Liège. Divary est rappelé en 1915 par Eugène II, pour prendre la direction de l’usine de Caen.

12Gény Marie, Maurice – Né le 24 septembre 1858, à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle. Après avoir été élève à Polytechnique, il est reçu 3e à l’École des Mines de Paris, en juillet 1882. Il travaille aux cristalleries de Baccarat de 1882 à 1886 avant de partir effectuer des missions en Amérique, de 1888 à 1890. Il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 15 juillet 1891, comme ingénieur attaché au siège de Paris. Il devient ingénieur en chef le 1er janvier 1895, puis directeur de l’entreprise, le 1er janvier 1897. Il meurt dans un accident, le 9 avril 1906, au cours du baptême d’un navire, aux chantiers de Saint-Nazaire. Son arrivée à la tête de l’entreprise coïncide avec les débuts d’une politique industrielle beaucoup plus ambitieuse que celle instaurée depuis le milieu des années 1880. C’est, en effet, en 1897-1898 qu’est redéfinie la place de l’électricité dans l’entreprise. De concert sont développées les productions de matériels militaires. C’est aussi le moment du lancement de la brève aventure cettoise.

13Judey Charles – Né en mars 1809 à Aoste, dans le Piémont. Il intègre l’entreprise en avril 1844, au moment où la production de fonte connaît une hausse brutale. Il ne la quitte plus jusqu’à sa mort, le 4 juin 1875. D’après les registres du personnel, sa fonction serait limitée à un rôle de comptable, au sein du département des mines de l’entreprise. En fait, dès son entrée dans l’entreprise, il devient un des acteurs majeurs de la politique minière. Au cours des années 1840, il est chargé d’étudier les perspectives d’avenir de nouvelles exploitations de minerai de fer. Lorsqu’il n’est pas en reconnaissance sur le terrain, il occupe un bureau placé sur la plate-forme des hauts fourneaux du Creusot. Son rôle est essentiel jusqu’à sa mort, puisqu’il seconde Chosson, lorsque celui-ci établit les programmes de mise en valeur des mines de Haute-Maurienne, puis au moment où le dialogue s’amorce avec Eugène Charrière, pour prendre le contrôle des mines de fer de la région d’Allevard.

14Lagrange – Les indications concernant ce personnage sont rares. Il intègre les établissements Schneider frères et Cie, en 1838, pour prendre la place laissée vacante, à la tête de la houillère du Creusot, par le départ de l’ingénieur Quétel. Après les multiples troubles à l’ordre public commis par Quétel, l’épisode Lagrange est bref mais confirme les difficultés qui se manifestent pour recruter un ingénieur capable de surmonter tous les pièges de la houillère du Creusot. Quelques mois après son arrivée, Lagrange est tué dans un accident occasionné par une maladresse surprenante. Alors qu’il inspecte, dans une galerie, un barrage de briques destiné à confiner le grisou dans un quartier de la mine, il a le malheur d’étudier l’étanchéité de ce mur avec une lampe à feu nu. Il provoque instantanément une explosion et reçoit des projections de briques à la tête. Grièvement blessé, il meurt quelques jours plus tard.

15Ollier Pierre Hector – Né le 10 février 1827 à Thizy, dans le Rhône. Il entre au sein des établissements Schneider et Cie le 1er octobre 1857 avec le titre d’ingénieur des minerais, au moment où l’entreprise développe les capacités de production de ses exploitations de minerai calcaire de Saône-et-Loire et du Doubs. Il s’agit de mieux organiser les flux de minerais, au sortir des grandes sécheresses qui ont failli paralyser le roulement des hauts fourneaux. Le 1er décembre 1871, il remplace Poizat à la tête de la mine de Montchanin. Dès lors, commence l’important programme de travaux de reconnaissance au sein de la concession des Brosses, marqué par le fonçage du puits Saint-Vincent, le plus profond de France, à la fin des années 1870. Il reste à ce poste jusqu’à sa mort, le 31 avril 1879.

16Petitjean Denis Gustave – Né le 12 avril 1830 à Paris, il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 1er mai 1855, comme ingénieur de la houillère. Après le départ d’Aumont, il prend la direction de la mine, en 1857, jusqu’à son départ pour les houillères de Blanzy, (entre 1867 et 1870). C’est sans doute l’ingénieur de la houillère le plus marquant. Ses recherches, suivies par l’aménagement des puits Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Laurent et la généralisation de la méthode des remblais ont permis de faire de la houillère du Creusot une des clés du développement de l’entreprise au cours des années 1860. Il a transformé une mine réputée dangereuse en une exploitation qui sert de modèle dans l’ensemble des mines françaises où sont exploitées des couches de charbon puissantes. Son départ pour Blanzy ne signifie pas la disparition de son esprit innovant. Il conduit la généralisation des travaux par remblais dans l’ensemble de l’exploitation avant de réaliser, dès 1872, les premières tentatives d’abattage du charbon par havage mécanique. En 1875, il entre aux Houillères et Fonderies de l’Aveyron où il doit subir la crise de 1886, à Decazeville. (À ne pas confondre avec René Petitjean, ingénieur en chef du département des Mines, après le départ en retraite de Busquet et qui a élaboré le programme de modernisation du Domaine minier, en 1912, avant de s’occuper de la partie minière du projet d’achèvement de l’usine de Caen).

17Quétel – Il fait ses études à l’école des Mines de Paris et est déjà présent au Creusot avant la reprise de l’usine par les deux frères Schneider. Ingénieur en chef de la houillère du Creusot, son œuvre est immense. Elle est marquée par la découverte d’un important amas de houille à Montchanin et par l’élaboration du programme devant permettre la remise en état de la houillère du Creusot. Il définit également l’organisation des transports, au sein de l’usine. Cependant, Quétel ne peut assister à la mise en pratique de ses projets. Source de tourments continuels pour les deux gérants, il se brouille avec ses ouvriers et se signale par une vie pour le moins mouvementée qui le conduit parfois à négliger son travail pendant plusieurs jours. Après bien des avertissements, Adolphe Schneider est contraint de s’en séparer, en 1838.

18Raymond Antoine – Né le 28 mars 1842, à Saint-Étienne, il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 1er novembre 1862 comme ingénieur de la mine du Creusot. Il est muté à Montchanin, le 1er novembre 1869 puis, brièvement, à Aiguebelle (pour s’occuper de la mine de Saint-Georges d’Hurtières) avant de revenir à Montchanin en avril 1879. Après le départ de Chosson, il devient ingénieur en chef du Domaine minier, à partir du 1er janvier 1881, fonction qu’il occupe jusqu’à son départ de l’entreprise, en 1896.

19Saladin Édouard Émile – Né le 11 août 1856 à Nancy. Il sort 2e de l’école des Mines de Paris, en juin 1880. Après avoir exercé différentes fonctions qui l’ont notamment conduit en Amérique du Sud, il entre au sein des établissements Schneider et Cie, le 1er décembre 1898 comme ingénieur général, avant d’être nommé ingénieur principal, chef du bureau technique des mines et de la métallurgie, le 1er octobre 1913. Le poste semble créé pour combler une lacune au moment où l’entreprise se lance dans un redéploiement complet de ses activités minières et métallurgiques. Saladin est un des acteurs majeurs des projets industriels de Cette et Droitaumont. Quelques mois avant le déclenchement de la guerre, il publie d’ailleurs, dans les mémoires de la Société des Ingénieurs Civils, un article consacré aux mines du bassin de Briey, en grande partie centré sur les installations Schneider et Cie de Droitaumont. Il meurt pendant la guerre, aux États-Unis, alors qu’il est en train de mener une mission d’étude au profit des établissements Schneider et Cie.

20Salin Pierre, Marie – Né le 6 avril 1869 à Autun, en Saône-et-Loire. Il sort 13e de l’école des mines de Saint-Étienne, en août 1893. Il entre au sein de Schneider et Cie le 13 février 1894, comme ingénieur des mines de Montchanin-Longpendu puis, en 1895, de celles du Creusot. Il intègre les Houillères de Decize en 1898, avant d’en devenir le directeur, en 1904, lors du départ en retraite de Horace Busquet. À ce titre, il met en œuvre, à partir de 1912-1913, l’important programme de relance de la production établi à partir des conclusions de la commission Petitjean, en 1912. C’est au cours de la direction de Salin que sont foncés les deux importants puits des Minimes et Henri-Paul, que l’électrification de la houillère est achevée et que la mine se dote d’équipements de traitement des charbons qui la mettent en mesure de produire et de commercialiser jusqu’à 350 000 tonnes de charbon par an.

21Schneider Adolphe (1802-1845) – La carrière sidérurgique de la famille Schneider débute en 1827 lorsque les deux frères, Adolphe et Eugène, assument la direction des usines de Bazeilles, dans les Ardennes. C’est le 2 décembre 1835 qu’apparaît, pour la première fois, l’association entre le nom du Creusot et celui de la famille Schneider après que François-Antoine (Adolphe) Schneider a surenchéri sur l’offre de Ferdinand Coste, en vue de racheter les forges du Creusot. Adolphe Schneider est à la base de la première stratégie qui consiste à démarquer l’usine de son environnement minéral pour, au contraire, l’orienter en direction des marchés dynamiques de la construction mécanique.

22Schneider Eugène (1805-1875) – Il est de tradition d’affirmer qu’Eugène Schneider fut, des deux frères, celui qui possédait le plus de dispositions techniques. Les quelques documents de sa main et surtout de celle de son secrétaire, Mazerat, attestent en effet d’un degré de compétences stupéfiant. Depuis Paris, le gérant est capable, à partir des descriptions de Deseilligny, de comprendre et de résoudre certaines questions techniques particulièrement complexes. Il se distingue des autres entrepreneurs par sa capacité à programmer et à mener à leur terme des politiques industrielles, en s’appuyant sur des principes qu’il conserve pendant toute la période au cours de laquelle il est gérant de l’entreprise, tout en étant capable d’observer attentivement l’évolution des marchés et les exigences des consommateurs.

23Schneider Henri – Né en 1840. Les premiers pas d’Henri Schneider, au sein de l’entreprise, remonte à 1858, ce qui signifie que pendant 40 ans, jusqu’à sa mort, en 1898, il participe, à des degrés divers, aux grandes orientations stratégiques. Il occupe d’ailleurs rapidement des fonctions importantes puisqu’il devient secrétaire général de l’entreprise, dès la mort de Rouquayrol, en 1860. Il est directeur de l’usine dès 1866 et accède au rang de co-gérant, l’année suivante. Très présent dès le début des années 1860 pour ce qui concerne les questions minières, il semble à l’origine d’une partie des acquisitions menées au début des années 1870, au moins en ce qui concerne les mines d’Allevard. Par la suite, sous l’effet de la crise, il modifie la place des exploitations minières, les reléguant au rang de sources d’approvisionnement à bon marché. Il préfère maintenir la supériorité des machines de ses ateliers. Il s’efface à partir de 1895, après qu’il s’est mal remis d’une chute de cheval. À sa mort, en 1898, les activités minières et métallurgiques ne sont plus compétitives par rapport à la concurrence.

24Schneider Eugène II (1868-1942) – Dès son accession à la gérance unique, Eugène II mène une politique industrielle très éloignée de celle de son père. Il n’en conserve pas moins quelques principes qui ont toujours fait la singularité de l’entreprise, tout en menant une politique industrielle originale qui tente d’associer les intérêts de son entreprise et de son pays. Confronté à une entreprise dont les dimensions ne permettent plus de contrôler l’organisation par une voie très centralisée, il tente de supprimer le poste de Directeur général au profit d’un Comité d’exploitation, sorte de tétrarchie composée de quatre directeurs. Le fonctionnement de ce système n’est guère concluant. Il est modifié à plusieurs reprises entre 1906 et 1913 avant qu’Eugène II ne décide ensuite de recréer un poste de directeur général. Eugène II se singularise puisqu’il est le seul membre de la famille à consacrer différents ouvrages au charbon et à l’acier, mettant en exergue ses compétences techniques supposées.

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