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Les fronts intérieurs européens

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Stéphane Le Bras
, 
Laurent Dornel

Avant-propos

Laurent Jalabert

Texte intégral

1À quelques exceptions près, la question de l’arrière a été relativement peu mobilisée par une historiographie de la Grande Guerre longtemps assez indifférente à cet « autre front » en dépit de quelques études fondatrices. Pour la France, où se concentrent la majorité des combats sur le front occidental, l’arrière correspond à la « zone de l’Intérieur » : un espace hors de la « zone des Armées », dans lequel il n’y a pas d’opérations militaires contre l’ennemi mais toutefois pris dans la logique totalisatrice de la guerre. L’arrière est donc un vaste espace relié symboliquement, politiquement, affectivement ou économiquement aux territoires où se déroulent les combats et qui sont parfois occupés par l’ennemi. Lieu de refuge et de réparation, de deuil et de ressourcement, l’arrière participe ainsi pleinement à la guerre mais sous des modalités et des temporalités spécifiques.

2Si les mobilisations militaires ont été largement étudiées, les mobilisations propres aux sociétés civiles européennes traversées par la guerre constituent en revanche encore un champ à la fois très vaste et partiellement défriché. Le colloque qui a eu lieu à Pau les 20 et 21 novembre 2015 a soulevé plusieurs questionnements, tout d’abord sur la notion même « d’arrière ». Quels furent, sur les fronts intérieurs européens, les formes et les espaces de mobilisations ? Dans quelle mesure le conflit redéfinit-il, par exemple, la dialectique entre identités locales et identités nationales ? Si l’arrière fait corps avec le front et se mobilise pour participer à la guerre, n’est-il pas pour autant touché par des formes de résistance voire d’opposition à cette guerre ? Au-delà des représentations, le colloque s’est notamment interrogé, à l’échelle du continent européen, sur les circulations entre le front et l’arrière, à l’arrière même et sur les différentes formes de mobilisations, sur les transformations des sociétés et des relations sociales ou encore sur les pratiques culturelles et sportives. Les communications présentées dans ce volume, augmenté de chapitres inédits, retracent au mieux la richesse des débats. L’ensemble donne un ouvrage collectif aux dimensions européennes, répondant à de nombreuses problématiques et ouvrant plusieurs champs de réflexion.

3 Ce colloque a participé au programme des commémorations de la Grande Guerre, labellisé et financé par le GIP Centenaire de la Grande Guerre. Il a aussi bénéficié de l’appui de la Communauté d’agglomération Pau-Pyrénées, du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, de l’ONAC-VG des Pyrénées-Atlantiques, de l’Union départementale des anciens combattants (UDAC 64) et des laboratoires de recherche ITEM (EA 3002) de l’université de Pau et des pays de l’Adour et CHEC (EA1001) de l’université Clermont-Auvergne.

4Il s’est inclus au sein d’un programme de recherche plus vaste du laboratoire ITEM (UPPA) portant sur « Guerres et société dans le Midi aquitain au xxe siècle », ayant donné lieu à diverses manifestations scientifiques annuelles depuis 2011 autour des guerres mondiales, notamment sur le premier conflit mondial : Jalabert L. (dir.), La mémoire de la Grande Guerre dans les Pyrénées-Atlantiques, Pau, Cairn, 2014 ; Guinle-Lorinet S. (dir.), Tarbes dans la Grande Guerre, Pau, Cairn, 2017.

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