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Les personnels d’inspection

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Jean-François Condette

Deuxième partie. Regards comparés Européens (XVIIe-XXe siècle)

L’inspection générale des écoles du Brunswick : une institution entre restauration et révolution (1648-1680)

Jean-Luc Le Cam

Texte intégral

  • 1  Tout ceci a été étudié en détail dans ma thèse, soutenue en 1992 et publiée en 1996, Jean-Luc Le C(...)

1Les systèmes de contrôle et d’inspection du système scolaire se sont partout développés avec la construction d’une administration scolaire moderne, dépendant généralement de l’État. En France, elle semble indissolublement liée à la République centralisatrice et jacobine, qui dans sa version radicale, aux deux sens du terme, constituait une rupture décidée avec la tradition de contrôle ecclésiastique largement décentralisé de l’école, tel que l’Ancien Régime l’avait pratiqué. C’est pourquoi il nous est sans doute, plus qu’à d’autres Européens, difficile d’imaginer des institutions équivalentes dans leur modernité et leur caractère étatique, qui soient en même temps les produits d’une société et d’une époque marquée par les identités confessionnelles et leur affrontement. C’est pourtant d’un cas de ce type dont il sera question ici, qui est certes tout à fait extraordinaire par sa précocité, le milieu du xviie siècle, et son contexte, la sortie de la guerre de 30 ans, mais dont on peut démontrer en même temps qu’il est le produit de son époque, de son environnement, de leurs urgences, de leurs forces contradictoires, de leurs problématiques politiques, intellectuelles et religieuses. Il s’agit de l’inspection générale des écoles du duché de Brunswick-Wolfenbüttel, fondée en 1648, au moment même où s’arrêtait un conflit qui avait ravagé l’Allemagne et meurtri une bonne partie de l’Europe pendant 30 ans. Cette création institutionnelle s’insérait dans une vaste réforme scolaire, voulue par un souverain exceptionnel mais portée aussi par les différents cadres du pays et en particulier l’université, qui visait à reconstruire le système scolaire, détruit par la guerre, avec comme priorité l’homogénéisation de l’enseignement autour d’un programme de restauration de l’humanisme1.

  • 2  Ce vaste duché médiéval correspond à la plus grande partie de ce qu’on appelle la Basse-Saxe. Par (...)
  • 3  Sur l’aspect culturel de ces deux règnes, voir Jean-Luc Le Cam, « La Renaissance tardive en Allema (...)
  • 4  Richard Moderhack (dir.), Braunschweigische Landesgeschichte im Überblick. 3e éd., Braunschweig, W (...)
  • 5  C’est une bibliothèque de recherche réputée, Bibliothèque nationale pour le xviie siècle [http://w (...)
  • 6  Sammler, Fürst, Gelehrter : Herzog August zu Braunschweig und Lüneburg. 1579-1666. Niedersächsisch (...)

2L’État où prend place cette innovation est le duché de Brunswick-Wolfenbüttel, l’une des principautés issues du partage du duché de Brunswick et Lunebourg entre les diverses branches d’une même famille, les Welfes, qui portent encore tous en souvenir de cette origine commune cette même titulature2. Sur le plan religieux et culturel, ils ont en commun le luthéranisme, dans une version plus modérée que l’orthodoxie qui règne en Saxe. Toutefois, il s’est implanté plus tardivement dans cette principauté en raison de l’attachement à l’église catholique du duc Henri le Jeune (règne 1514-1568). Seule la ville hanséatique de Brunswick, indépendante dans les faits, avait d’abord sauté le pas dès 1528, mais à la mort en 1568 du duc, son fils Julius fit passer la principauté dans le camp de la confession d’Augsbourg. Le Brunswick eut dès lors une position en pointe dans la vie intellectuelle de la Basse-Saxe, en raison des ambitions culturelles particulières de ses souverains, mais aussi des moyens supérieurs que leur donnait une plus grande richesse, fondée sur les hauts rendements céréaliers de la Börde et les ressources minières du Harz. Symptomatiquement, c’est dans cette principauté que fut fondée en 1576 l’université « régionale » de Helmstedt, qui, même lorsqu’elle devint possession commune en 1635, resta de fait plus étroitement contrôlée par le Brunswick. Cette politique culturelle ambitieuse fut portée par Julius (1568-1589), le réformateur et le fondateur de l’université qui porte son nom, puis par son fils Heinrich-Julius (1589-1613), grande figure de la Renaissance tardive, ayant longtemps séjourné à la cour de Prague3. Le pays connut ensuite le déclin avec le règne du médiocre Friedrich Ulrich (1613-1634), incapable de faire face aux défis de la guerre de 30 ans, dans laquelle il fit toujours les mauvais choix. À sa mort sans enfant, qui signifiait l’extinction de la maison moyenne de Brunswick, c’est à un lointain cousin, issu d’une branche cadette du Lunebourg, Auguste le Jeune (1589-1666) de Dannenberg, qu’échut la succession de la principauté après un accord familial. Il accédait ainsi au pouvoir à 59 ans, après avait mené jusque-là une vie d’oisiveté cultivée dans son petit apanage d’Hitzacker près de l’Elbe, ce qui lui avait permis de devenir un des princes les plus lettrés de son temps4. L’accès au trône, dans les circonstances certes difficiles de la sortie de guerre de 30 ans, lui donna dès lors les moyens de passer de la réflexion à l’action et d’assouvir à haut niveau ses passions intellectuelles. C’est sous ce prince exceptionnel que la bibliothèque de Wolfenbüttel devint une des plus remarquables d’Europe5, et que se fit cette grande politique de défense et de développement de l’humanisme scolaire, qui forme le cadre de naissance de l’institution dont il va être question ici6.

La création d’une inspection générale dans son contexte et ses attributions

  • 7  Wilhelm Havemann, Geschichte der Lande Braunschweig und Lüneburg, tome II, Göttingen, Dieterich, 1 (...)
  • 8  Ibid., f° 9 r°.

3La création d’une telle institution s’inscrit dans le contexte de la reconstruction de la fin de la guerre de 30 ans, qui est espérée dès 1635, à l’arrivée du nouveau duc sur le trône, alors que son duché et sa résidence de Wolfenbüttel étaient encore occupés. Réfugié en attendant derrière les murs inviolés de Brunswick, le duc réunit en 1636 ses États provinciaux c’est-à-dire les représentants de la noblesse et du (haut) clergé et des villes7. Leurs doléances évoquent entre autres la situation préoccupante du système scolaire. Loin de se limiter à quelques mesures conjoncturelles, les états recommandent au souverain de promouvoir sans attendre une grande réforme de l’école qui rétablisse l’unité d’enseignement sur la base d’une norme définie par l’université. Ils demandent notamment que « soit rédigée une ordonnance bien fondée, après avis et consultation de l’université Julia d’Helmstedt, sur la façon d’organiser dans tout le pays les écoles et l’enseignement de la jeunesse, afin qu’elles se conforment à la susdite université dans les principes, les fondements et la méthode ; aussi que pour l’observance d’une telle ordonnance, celles-ci soient visitées au moins une fois par an par des personnes particulières ordonnées pour cela par le Consistoire princier, auxquelles pourraient se joindre quelques députés de l’université princière8 ».

Une réforme scolaire générale dans un duché en reconstruction

  • 9  Elles étaient évoquées par des érudits du xixe siècle mais avaient été perdues depuis. J’ai trouvé (...)

4Ces recommandations ont bien été suivies d’effets, notamment la consultation de l’université dont j’ai pu, grâce à une série de hasards heureux, retrouver les pièces principales datant des années 1637 et 16389. On y repère les linéaments de la réforme scolaire qui sera menée, mais aussi, très précocement, la formulation de l’idée d’une inspection générale. Ainsi donc, toute cette politique scolaire et la genèse de la nouvelle institution de son contrôle trouvent-elles leur origine dans l’université d’Helmstedt, auprès de laquelle le duc est venu chercher conseil. Nous reviendrons sur les considérations qui conduisirent les universitaires à cette proposition.

  • 10  Cette chronologie se déduit des rapports et de la correspondance ultérieure, les archives de cette (...)
  • 11  August der Jüngere (duc de Brunswick-Wolfenbüttel), Des Durchläuchtigen Hochgebornen Fürsten und H (...)
  • 12  Sur cette chronologie et les détails de ces mesures et les références d’archives, voir Jean-Luc Le(...)

5Toutefois, le maintien et même la reprise de la guerre dans la région empêchèrent une mise en œuvre immédiate de ce plan. Le gouvernement ducal dut patienter jusqu’à une paix séparée en 1644, permettant l’installation du duc dans sa véritable résidence de Wolfenbüttel, avant de pouvoir mettre en application cette politique par petites tranches, autant que les circonstances et les moyens le permettaient. Dès 1646, à l’occasion d’une ordonnance relevant très sensiblement le salaire des maîtres de l’école latine de la résidence princière, il annonce officiellement son intention de créer prochainement une inspection générale des écoles et de la confier au professeur de rhétorique Christophe Schrader. En 1647, il profite d’une ordonnance de police générale pour publier dans son article 2 le principe de l’obligation scolaire. L’inspection se met en place en 1648 avec la première lettre de nomination de Christophe Schrader, mais il faut attendre la fin de l’été 1649 pour qu’il commence à exercer effectivement ses attributions au moyen d’inspections sur le terrain10. Celles-ci donnent au pouvoir une première photographie de l’état réel du système scolaire à la sortie de la guerre, dont peuvent s’inspirer les rédacteurs de la nouvelle ordonnance scolaire générale en préparation, qui paraîtra finalement en 165111. Schrader en est l’auteur pour les parties proprement pédagogiques, généralement en latin, tandis que le chancelier Johann Schwartzkopf (1596-1658), au nom du prince, a rédigé le préambule et sans doute ce qui concerne l’organisation générale du système scolaire. En 1653, l’institution sera confortée par la nomination ès qualités de l’inspecteur général comme prieur du monastère féminin de Marienberg dans la banlieue de Helmstedt, prébende en fait destinée à améliorer son revenu et à lui assurer une certaine considération sociale. La réforme scolaire s’achèvera précisément par l’ordonnance claustrale de 1655 qui systématise et pérennise ce système de distribution des titres et revenus attachés à des places de conventuels dans les monastères au profit des responsables d’écoles urbaines et de l’inspection générale12.

6L’ordonnance scolaire générale de 1651 a comme caractéristique d’avoir une vision globale et très structurée de tout le système scolaire, où elle distingue trois types d’écoles, des petites écoles allemandes jusqu’aux grandes écoles, dites de premier rang ou du premier ordre, conduisant jusqu’à l’université, en passant par un type intermédiaire d’écoles latines « moyennes » réduites aux rudiments classiques ou au niveau des collèges humanités français. Ceci s’accompagne de considérations de carte scolaire, au moins pour les écoles de premier rang qui doivent être réparties dans les différentes parties ou circonscriptions ecclésiastiques du duché. On en prévoyait quatre : Wolfenbüttel, lieu de la résidence princière ; Schöningen – à cause de la fondation exceptionnelle d’une duchesse douairière –, Helmstedt, ville universitaire, et Gandersheim, siège d’un château ducal et d’une surintendance ecclésiastique générale. Les inspections montreront que Blankenburg, dans le comté du même nom, dans le Harz s’était développée spontanément jusqu’à ce niveau alors que Gandersheim était incapable d’assumer ce statut faute de clientèle suffisante. C’est à ce réseau supérieur que les législateurs avaient pensé en priorité en créant cette institution de contrôle.

Les attributions de l’inspecteur général selon les textes réglementaires

  • 13  C’était l’apanage d’origine du duc Auguste, situé au nord du Lunebourg près de l’Elbe, qui était g (...)
  • 14  August, Schulordnung, 1651, op. cit., p. 29-30.

7Elles sont définies à la fois dans sa lettre d’installation de 1648, malheureusement perdue, mais réitérées sans aucun doute dans les mêmes termes dans la lettre, conservée, de 1653 nécessitée par l’élargissement du ressort géographique de l’inspection au Dannenberg13, et elles concordent avec le passage de l’ordonnance scolaire de 1651 qui portait à la connaissance du plus grand nombre la création et le fonctionnement attendu de l’inspection générale14. Ses attributions sont, selon ces textes :

    • 15  Cf. ci-dessus la classification des écoles en trois types. En réalité, ces types étaient plus fluc (...)

    de visiter et d’inspecter toutes les écoles principales du pays, ainsi que les écoles moyennes15 se trouvant sur le trajet d’aller ou de retour, ordre étant donné aux autorités municipales et ecclésiastiques de bien l’accueillir, et aux fonctionnaires princiers des bailliages de fournir les moyens de transport et d’hébergement nécessaires ;

  • à cette occasion de veiller fermement à l’application de l’ordonnance et de toutes les décisions du gouvernement princier ;

  • de rendre compte ensuite au duc directement et à son Consistoire de tout ce qui a été observé sur place, en particulier ce qui doit être corrigé ;

  • de contrôler, notamment par un examen, le recrutement des maîtres principaux des écoles latines qu’on appelle ici recteurs et co-recteurs, donc de jouer le rôle d’une instance de filtre et parfois de proposition pour les nominations de maîtres ;

  • de repérer et orienter les sujets prometteurs parmi les élèves, mais de dissuader ceux qui perdent leur temps aux études ;

  • et plus largement de contrôler les passages à l’université, voire même d’orienter dans leurs études universitaires ces élèves repérés dans les écoles latines. Vaste programme donc, et tout à fait moderne, puisqu’il comprend non seulement un contrôle serré et annuel du fonctionnement des principaux établissements scolaires, mais aussi des éléments qui préfigurent ce qu’on appellera plus tard la Reifeprüfung ou Abitur, et aussi une procédure de certification des enseignants avant leur engagement définitif.

Le premier titulaire : Christophe Schrader (1601-1680)

  • 16  Voir les notices biographiques de Paul Zimmermann, Allgemeine Deutsche Biographie, tome 32, Duncke (...)
  • 17  Voir la thèse de Markus Friedrich, Die Grenzen der Vernunft. Theologie, Philosophie und gelehrte K (...)

8On se contentera ici de souligner les traits de son cursus, de sa personnalité et de sa carrière qui l’ont particulièrement prédisposé à exercer avec succès ces fonctions d’inspecteur et à donner à l’institution son caractère relativement sécularisé16. C’est pourtant un fils de pasteur, né en 1601 à Rehtmar, un village du Lunebourg, qui se destinait initialement à l’étude de la théologie et de là sans doute à son enseignement ou au clergé, mais était arrivé pour ses études à l’université d’Helmstedt au moment où elle connaissait l’apogée de l’humanisme tardif. Celui-ci s’était solidement implanté sous l’influence du brillant helléniste Johann Caselius, que les ducs avaient finalement réussi à faire venir de l’université de Rostock comme professeur de politique et précepteurs des enfants princiers. Celui-ci avait pris ses distances vis-à-vis de la direction très confessionnelle que l’université avait à ses débuts, et s’était vu attaquer avec son collègue le logicien Cornelius Martini et leurs disciples pour cette raison par les théologiens orthodoxes dans ce qu’on a appelé la « querelle d’Hoffman », dont il était ressorti vainqueur pour l’essentiel17. Parmi ses disciples, le théologien Georges Calixt (1586- 1656), inspiré par cette ouverture d’esprit, chercha dans ces temps de guerre de religion à trouver une voie de conciliation avec les catholiques sur la base d’un consensus sur l’enseignement des cinq premiers siècles de l’église, et reconnaissait à la philosophie un statut propre et une autonomie vis-à-vis de la théologie. Cette orientation iréniste ne déboucha sur rien de concret, même si elle lui a valu en revanche beaucoup d’inimitiés dans les universités luthériennes orthodoxes de Saxe. Elle fit tout de même souche dans l’université d’Helmstedt et lui a donné ce statut un peu particulier d’université plus ouverte aux idées humanistes, une vision plus séculière aussi de l’enseignement, en acceptant une autonomie relative de la philosophie vis-à-vis de la théologie.

9Or Christophe Schrader était devenu dès son arrivée à Helmstedt un des disciples protégés de Calixt, prenant pension chez lui et recevant toutes sortes d’appui pour sa carrière future. Cette appartenance au clan humaniste et iréniste, qui devait progressivement l’emporter dans l’université d’Helmstedt, fut déterminante pour la suite de sa carrière, mais il fut aussi un atout lorsqu’il s’agit de choisir l’inspecteur général soucieux de conserver ou de restaurer cette orientation de l’enseignement secondaire.

  • 18  Schrader enseignait pour le tiers de son horaire à titre privé dans sa maison, selon un usage comm (...)
  • 19  Sur son enseignement et les sources de sa reconstitution : Jean-Luc Le Cam, « Vorlesungszettel und (...)

10Les circonstances de la guerre, qui avaient entraîné la fermeture de l’université, l’avaient conduit à passer de longues années de 1625 à 1632 en Hollande, principalement à l’université de Leyde, où il s’était frotté à ce qui se faisait de mieux à l’époque dans la République des Lettres (Gerhard Vossius, Daniel Heinsius). Il en était revenu encore plus acquis aux vues de l’humanisme tardif. Il est finalement recruté en 1635 comme professeur de rhétorique à l’université d’Helmstedt alors en reconstruction, ce qui lui permet de devenir le pivot de la faculté de philosophie, par laquelle on commençait ses études, mais de préparer aussi, par son école privée d’éloquence18, les théologiens et des juristes à l’application de la rhétorique à leurs arts respectifs. Il y connaissait un très grand succès ; il a été notamment un des premiers à proposer des exercices de rhétorique en allemand. Il donnait aussi de temps à autre des enseignements sur la littérature latine19. Il était donc le mieux placé des universitaires, comme grand maître de la discipline reine qui couronnait l’enseignement secondaire, pour contrôler les écoles latines.

  • 20  On s’était servi de sa brève tentation lors de son séjour en Hollande pour l’Arminianisme, une int (...)

11Il était habituel qu’une carrière universitaire se poursuive vers les facultés supérieures, soit la théologie, soit le droit. Or il se trouve qu’en raison de son implication bien involontaire dans les controverses religieuses de l’époque20, il a été complètement dégoûté par la violence de ces querelles, et il a fait le choix, exceptionnel à son époque, de rester toute sa carrière dans le même poste, de refuser toutes les promotions qu’on lui proposait soit comme surintendant ecclésiastique, soit comme prédicateur de Cour, soit même comme professeur de théologie. Pour cette raison, il a pu devenir le spécialiste le plus réputé de sa discipline en Allemagne, et il est resté complètement ancré dans les études classiques. Comme il avait accepté d’exercer également la fonction de Bibliothécaire de l’université, il eut l’occasion d’entrer en grâce auprès du duc Auguste le jeune, bibliophile passionné avec lequel il entretenait une correspondance suivie au sujet des livres arrivant chez les libraires d’Helmstedt. Homme du bon parti, aux compétences évidentes, de caractère aussi vraisemblablement approprié à la négociation et à une certaine diplomatie avec les autorités locales, il est choisi dès 1646 pour remplir le poste d’inspecteur général que l’on veut créer. La nomination officielle date de 1648 ; la première tournée d’inspection, dont on a malheureusement perdu le rapport, de la fin de l’été 1649. Il a été évidemment requis pour rédiger la partie de l’ordonnance scolaire générale, publiée en 1651, définissant les programmes, les méthodes et les manuels ou les auteurs à employer.

12Une autre chance pour l’institution a été sa remarquable longévité, puisqu’il exerce ces fonctions jusqu’au 8 septembre 1678, jour où il est victime d’une attaque cérébrale, intervenue à l’église de Wolfenbüttel, précisément après une inspection de l’école. Il ne s’en remettra pas et finira par décéder de problèmes pulmonaires le 24 avril 1680, à 78 ans et demi. Il aura donc exercé pendant 30 ans, avec un sérieux extrême dont témoignent ses rapports, cet office en l’inscrivant durablement dans le système scolaire mais aussi dans l’équilibre fragile des autorités encadrant l’école, posant des fondations solides qui permettront ensuite à l’institution de lui survivre, malgré une interruption passagère, jusqu’en 1756.

Le contexte idéologique et politique

13Comment comprendre l’émergence de cette institution particulière, sachant que l’on considérait jusque-là l’école comme un domaine annexe de l’Église et non pas de l’Université ?

Auparavant : le contrôle ecclésiastique de l’école

14Tout savoir étant réputé à l’époque venir de Dieu, les institutions d’enseignement ont eu dès l’origine du Moyen Âge occidental un lien étroit avec l’Église et ses institutions. La licentia docendi, cette autorisation d’enseigner destinée à devenir un diplôme, était accordée avant la naissance de l’université par l’écolâtre de l’évêque, et même après le détachement (relatif) de l’enseignement « supérieur » de cette tutelle, les écoles ordinaires restaient soumises aux diocèses ou aux ordres religieux. Quelle que soit la confession à l’époque moderne, la fonction d’enseignant restait largement considérée comme une cléricature annexe, surtout dans les plus petites écoles.

  • 21  En français, voir Jean-Luc Le Cam, « École, université et affrontements religieux dans le Saint-Em (...)
  • 22  August der Jüngere, op. cit., fos 10-11 et 28-29.
  • 23  Voir le tableau de ces sources dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p.  (...)

15Certes, la Réforme allemande amena un changement substantiel du rapport entre l’Église et l’État, dans la mesure où l’autorité temporelle, qu’il s’agisse d’un prince ou d’une ville autonome, récupérait les droits de l’évêque, unifiant ainsi l’espace religieux et scolaire sur lequel s’exerçaient sa supériorité territoriale et le ressort de la circonscription épiscopale. Le fait que ce n’était pas le cas avant est illustré caricaturalement dans ce duché qui était partagé entre deux évêchés, Hildesheim et Halberstadt, en suivant la ligne de la rivière Oker qui passait au milieu même de la ville principale Brunswick. Mais cette récupération des droits épiscopaux par l’autorité civile ne change pas ce fait fondamental que, dans le protestantisme luthérien aussi, l’école reste intimement liée à l’Église. C’est dans le cadre des constitutions ecclésiastiques ou Kirchenordnungen que sont prescrits au xvie siècle les programmes et les cadres institutionnels de l’école ainsi réformée21. Bien qu’elle soit publiée désormais de façon autonome et non plus à l’intérieur d’une ordonnance ecclésiastique et qu’elle consacre la création de la nouvelle inspection générale, la nouvelle ordonnance scolaire de 1651, ne supprime pas pour autant ce contrôle local exercé par l’Église22. Mais elle en fait essentiellement un contrôle portant sur la religion, la discipline et les bonnes mœurs des élèves, et cela principalement dans leur dimension quotidienne. En revanche, dans les écoles moyennes et supérieures c’est-à-dire latines, il n’est plus question que ce contrôle s’exerce sur l’enseignement des humanités, comme c’était le cas auparavant. On a de nombreux témoignages de ce contrôle ecclésiastique au xvie siècle pour la ville de Brunswick où l’on a gardé de nombreuses traces de ce contrôle, sous forme d’emplois du temps ou de listes de leçons faites qui devaient être remises à une commission d’inspection composée des ecclésiastiques de la ville et de représentants de la municipalité, mais où le clergé jouait le rôle essentiel pour le contrôle du contenu enseigné23.

Une volonté de sécularisation liée à la défense de l’humanisme

  • 24  Elle se compose de deux parties, d’une part d’un texte allemand regroupant des considérations géné (...)
  • 25  Gerhard Michel, Die Welt als Schule. Ratke, Comenius und die didaktische Bewegung, Hannover, Schro (...)
  • 26  Hornejus, Reifliches Bedenken, op. cit., p. 32-34.

16L’expertise détaillée de l’université d’Helmstedt24, qui a servi de matrice à la nouvelle législation scolaire, est essentielle pour comprendre dans quel esprit a été conçue la nouvelle institution de contrôle de l’école. Cette expertise révèle le sentiment d’urgence des universitaires et leur conscience acérée des dangers qui menacent alors les études humanistes. Outre le fait d’avoir perdu progressivement depuis le xvie siècle l’attrait de la nouveauté, celles-ci seraient menacées désormais par diverses modes philosophiques et pédagogiques : d’abord par la « ramisterie » ; c’est sous ce vocable qu’ils brocardent la prétention des adeptes du dialecticien Petrus Ramus (Pierre de la Ramée, 1515-1576) de remplacer par sa méthode les pénibles apprentissages de la rhétorique dans Cicéron, Quintilien ou de la dialectique dans Aristote, et de donner ainsi l’illusion d’une progression facile dans ces disciplines au détriment des études littéraires sérieuses. Mais sont visés plus largement sous ce vocable tous les pédagogues réformateurs du début du xviie siècle, notamment Wolfgang Ratke, Jan Amos Comenius et leurs adeptes, qui disent détenir une méthode révolutionnaire d’enseignement25. De même, ils s’en prennent à ceux qui, parmi ces pédagogues ou les luthériens orthodoxes, prônent l’exclusion des auteurs classiques « sous le prétexte que [la jeunesse] était ainsi initiée à de la pure idolâtrie païenne, à l’immoralité et au vice26 ». Si certains de ces courants ne sont pas nouveaux, les universitaires d’Helmstedt perçoivent désormais un danger accru dans la possibilité de leur coalition contre le modèle d’un enseignement humaniste classique. Et il est vrai qu’on a observé peu avant, précisément à l’université d’Helmstedt, une superposition ou une alliance du parti orthodoxe anti humaniste et des ramistes, notamment à l’occasion de la « querelle d’Hoffman » entre philosophes et théologiens qui a déchiré l’université avant la guerre et a laissé des stigmates. Dans ce contexte, le clergé, volontiers tenté d’instrumentaliser la culture et l’enseignement au service de l’Église, devenait suspect de vouloir imposer aux écoles cette vision pédagogique anticlassique et antihumaniste. Aussi les universitaires exprimaient-ils désormais leur refus de les voir continuer à jouer les inspecteurs d’écoles :

  • 27  Ibid., p. 19.

« C’est une grande erreur que l’inspection des écoles, de leurs directeurs et des autres collègues soit confiée à ceux qui ne s’y entendent que rarement [les pasteurs et les surintendants] […] : non seulement ils prescrivent […] ce qu’il faut proposer aux enfants et de quelle manière, mais aussi ils introduisent généralement dans les écoles ce qu’ils préfèrent personnellement » ; or « c’est à peine s’ils ont une connaissance moyenne de la théologie, et ils ne sont que peu versés dans les langues latine et grecque et dans les arts libéraux27. »

17Ils proposent donc de remettre ce contrôle à l’université, préfigurant ainsi l’inspection générale des écoles. Puisqu’il s’agit par cette réforme de défendre l’humanisme littéraire, l’instance de contrôle sera confiée au spécialiste de la discipline reine des classes terminales de l’école latine, la rhétorique. Ce professeur apparaît en effet comme le plus qualifié par sa discipline, commune aux deux niveaux d’enseignement, pour faire la liaison entre les écoles latines et l’université. Il s’agissait en fait comme le rappelle l’expertise de faire en sorte que le système scolaire « secondaire » fournisse à l’enseignement supérieur les étudiants les mieux formés pour suivre avec fruit des études. Cette réforme institutionnelle très importante, qui résulte en fait de l’attachement à l’humanisme, reposait sur une conception plus sécularisée de la culture et de l’école.

  • 28  Ordo scholasticus, op. cit., p. 2.
  • 29  Ils s’appuient ce faisant sur l’opinion de Juste Scaliger et Daniel Heinsius, humanistes de Leyde. (...)

18L’Ordo scolasticus visait en effet avant tout une restauration de l’unité de l’enseignement autour de l’humanisme. Son introduction rappelle donc très simplement ce principe : « Et que si nous désirons inculquer tout d’abord les lettres latines et grecques aux enfants, il n’est pas besoin de laborieuse recherche pour savoir quels auteurs leur proposer. Car ils ne peuvent être autres que ceux qui étaient considérés par le jugement de toute l’Antiquité comme les meilleurs dans chacune des deux langues28. » Il suffit donc de choisir les meilleurs auteurs antiques dans les éditions les plus correctes et de les faire expliquer aux élèves par les enseignants les mieux imprégnés de culture classique, mais aussi « pourvus de vertu, d’endurance au labeur, et d’amour du bien public ». Ensuite suivent des propositions détaillées sur les manuels et les œuvres les plus adaptées à ce programme. On y retrouve l’expression d’un refus de la nouvelle pédagogie : ainsi la condamnation explicite de l’usage de la Janua linguarum de Comenius pour apprendre le vocabulaire latin, ou le rejet de la plupart de la littérature chrétienne de langue grecque (par ex. la paraphrase de l’évangile de Nonnos de Panopolis) au profit des auteurs classiques païens29 ; de même, un attachement aux méthodes classiques comme le fait de commencer l’apprentissage des langues anciennes par celui des préceptes grammaticaux et celui de négliger totalement l’allemand dans l’enseignement. Enfin, l’on constate tout au long de ce texte une défiance vis-à-vis de la tendance des maîtres à en rajouter et à introduire des disciplines et des exercices qui dépassent les capacités de leurs élèves en singeant l’université.

19Au-delà du bon sens, il s’agit en fait d’une critique implicite de l’évolution de l’enseignement depuis la fin du xvie siècle et d’un retour aux fondamentaux d’une formation essentiellement philologique et littéraire. D’où le titre de cette contribution qui cherche à faire ressortir ce paradoxe : c’est de cette volonté de revenir en arrière, de cette pensée réactionnaire au sens strict, qu’est née cette innovation institutionnelle.

Un contexte politique et idéologique favorable à la centralisation et modernisation administrative

  • 30  Georg Calixt, le théologien donnant le la à l’université d’Helmstedt puis ses partisans, reconnais (...)

20Cette réforme a eu aussi, et ce n’est évidemment pas par hasard, l’opportunité de s’imposer dans un contexte relativement catastrophique de sortie de guerre ; les circonstances permettaient précisément de justifier des efforts exceptionnels et un changement des habitudes. La réaction des États territoriaux montre bien que les cadres du pays étaient en attente d’un sursaut et d’une grande réforme. La barbarie de la guerre avait provoqué en contrecoup le désir d’un pouvoir fort, capable de rétablir la prospérité et la paix par l’ordre et la bonne administration. L’imposition d’une réforme ambitieuse était plus facile à ce moment où tous les pouvoirs concurrents étaient affaiblis : la noblesse, dans cette région, n’exerçait pas un contrepoids aussi fort qu’ailleurs en Allemagne, les États provinciaux étaient du coup d’un poids politique assez faible et le nouveau duc se passa d’ailleurs rapidement de leurs réunions fréquentes. Les villes, en dehors de la cité hanséatique de Brunswick, rebelle aux ducs jusqu’en 1671, constituaient une force insignifiante et se voyaient de plus en plus soumises au contrôle des prévôts de justice ducaux. Enfin, la seule institution qui aurait pu s’opposer au duc en se fondant sur son devoir de censure et de mise en garde, à savoir l’Église, n’avait plus la superbe de la fin du xvie siècle, et elle fut littéralement mise au pas sous le règne d’Auguste le Jeune. Dans sa quête de pouvoir « absolu », porté par des théologies plutôt favorables au césaro-papisme30, prenant prétexte des réformes nécessaires après la guerre, le duc acheva de démanteler le reste d’autonomie de l’Église. Cette évolution était déjà en germe dans le fait de confier aux princes et aux gouvernements des villes libres la réalisation de la Réforme, mais elle s’accéléra après la guerre de 30 ans.

  • 31  Vitus Dettmer, Das Konsistorium zu Wolfenbüttel. Braunschweig, Appelhans, 1922, p. 11. Horst Relle (...)
  • 32  Martin Heckel, « Religionsbann und Landeskirchliches Regiment »…, op. cit., p. 130-162 ; Vitus Det (...)
  • 33  Adolf Kocher, « Schwartzkopf, Johann », dans Allgemeine Deutsche Biographie, tome 33, 1891, p. 221 (...)
  • 34  Nigrini [Schwartzkopf], Consilium statisticum adversus clericum evangelicum, mss, 1657.

21Au xvie siècle s’était imposé dans l’Allemagne protestante le « système épiscopal », selon lequel le prince commande à l’Église en tant que summus episcopus ou successeur de l’évêque, déléguant toutefois le détail de l’administration religieuse à son Consistoire généralement dirigé par un théologien d’envergure31. La conséquence en était le principe « cujus regio, ejus religio ». Les traités de Westphalie (1648) admettent en revanche que les sujets puissent être d’une confession autre que celle du monarque, ce qui favorise la stabilité religieuse quelles que soient les conversions princières. Mais cette concession ne fait pas disparaître le droit des souverains à gouverner leur Église, bien au contraire. Se développe alors ce qu’on appelle le « système territorial », selon lequel l’Église est considérée tout simplement comme une des branches de l’État comme l’armée, la justice, les finances32. Cette conception a été poussée à l’extrême précisément par le chancelier du Brunswick, Johann Schwartzkopf, un des acteurs importants de cette réforme scolaire. Il l’a même théorisée et publiée en 1655 dans sa Réflexion sur l’institution du droit d’intervention dans les affaires religieuses (Bedenken von Einrichtung des Juris circa sacra), où il soulignait les dangers que courait l’État si le monarque ne tenait pas lui-même les rênes de l’Église33. Un peu plus tard, il faisait parvenir au duc un mémoire dans lequel il attaquait violemment l’action du chef de l’Église de la principauté, le Surintendant généralissime Johann Lütkemann (qui venait de mourir), l’accusant d’avoir voulu écarter du Consistoire les conseillers de la chancellerie, donner une autonomie à ce conseil et s’en approprier personnellement la direction « alors que [celui-ci] n’était originellement qu’un appendice de la Chambre du conseil princier34 ». La conclusion de cet avis était qu’il était grand temps de remettre le Consistoire à sa place, et de laisser la direction des affaires religieuses au conseil privé et en particulier au chancelier.

  • 35  Vitus Dettmer, Das Konsistorium…, op. cit., p. 39-40.
  • 36  Avec quelques allers-retours qu’il n’est pas possible de développer ici.
  • 37  Joachim Lutkemann, (1608-1655), fils d’un pharmacien de Poméranie, étudie à Greifswald, Strasbourg (...)
  • 38  Johann Beste, Geschichte…, op. cit., p. 254 ; Joachim Lutkemann, Der Vorgeschmack Göttlicher Güte… (...)

22Ces déclarations accompagnaient une politique de réduction du pouvoir et de l’indépendance du Consistoire entamée dès le début du règne, par exemple par l’abandon de son droit de censure sur les écrits et les discours de l’université35. Une politique de semi-disgrâces et de nominations orientées du personnel ecclésiastique s’était efforcée depuis le début du règne de composer un haut-clergé favorable à ces vues et à l’orientation théologique de l’université36. Le surintendant généralissime Joachim Lütkemann37, choisi cependant par la famille princière en dehors de ce cercle en raison de son orientation mystique qui annonçait le piétisme, essaya de résister et protester, notamment dans un fameux prêche tenu le 14 septembre 1655 devant la Cour, qui déchirait les ministres sans scrupules gouvernant selon les principes de Machiavel, mais sa mort peu après le 18 octobre vint à point nommé mettre fin au conflit38.

  • 39  À la façon luthérienne.
  • 40  Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 271-272.
  • 41  Ibid., p. 407-410 (nous présentons le détail de la répartition de ces bénéfices).
  • 42  Paul Zimmermann, art. cité, p. 10-11.

23Outre le passage du contrôle de l’école, du Consistoire et des surintendants, aux mains d’un inspecteur laïque directement sous les ordres du duc et la publication d’une ordonnance scolaire autonome en 1651, c’est dans le domaine des fondations monastiques qu’apparaît le plus nettement la soumission de l’Église à l’État. La Réforme avait laissé subsister dans le Brunswick, sur le modèle du Wurtemberg, un certain nombre de monastères avec la mission de célébrer les heures canoniales39, de servir de paroisse aux villages environnants et, souvent, d’entretenir une école latine ouverte à des élèves (boursiers) désireux d’entrer plus tard dans le clergé40. Jusqu’au début du xviie siècle, les membres des conventuels élisaient leur prieur ou leur abbé. Sous Auguste le Jeune, ces « prélats », qui siégeaient aux États provinciaux, furent désormais désignés et nommés par le duc lui-même. Cette pratique permettait de récompenser les mérites des serviteurs de l’Église, et bientôt de l’État. En 1655, une nouvelle Klosterordnung codifiait cette habitude récente en l’étendant même aux autres membres des conventuels : les bénéfices des cloîtres étaient désormais attribués non pas à des hommes, mais à des fonctions qu’ils contribuaient à rémunérer partiellement ou totalement41. Cette organisation détruisait toute existence autonome des monastères : les bénéficiaires de ces prébendes ne résidaient pas sur place, et les pouvoirs de gestion leur avaient été retirés pour être remis à des administrateurs laïques, eux-mêmes surveillés par deux inspecteurs spécialisés créés en 165342. Le résultat de cette réforme était que désormais toute décision de gestion et d’utilisation des biens monastiques relevait du pouvoir politique central et donc en fin de compte du prince.

  • 43  Par exemple une enquête intitulée Puncta, worauf umständlicher Bericht innerhalb 14 Tagen, nach de (...)
  • 44  LKA WO, V 733. Voir aussi un Consistorialbuch de 1636, NLA WO 2 Alt 15960, ff. 20-44.
  • 45  NLA WO 2 Alt 10502-10504 (Communiants), 10505-10513 (Capitation ou Kopfsteuerbeschreibung).
  • 46  Mattheus Merian, Topographia und eigentliche Beschreibung der vornembsten Stäte, Schlösser, auch a (...)
  • 47  Sina Rauschenbach, « Zwischen Aristoteles und Bacon. Die Begründung der akademischen Statistik an (...)
  • 48  Michael Stolleis (dir.), Staatsdenker…, op. cit., p. 153 ; Heiko Lass, « Die Amts- und Landesbesch (...)

24On peut enfin rattacher cette création à l’émergence d’une vision administrative territoriale soucieuse de mieux connaître, ordonner et contrôler l’espace administré dont témoigne aussi l’ordonnance de 1651 dans sa volonté de structurer en trois catégories d’établissement un système scolaire malgré tout assez disparate. Elle se manifeste dans d’autres domaines par la multiplication des actions d’inspection et de visites ecclésiastiques43, par la création de deux inspecteurs des monastères (1653), par une législation territoriale générale (Landesordnung de 1647) qui mélange mesures de police et réglementation religieuse en vue d’une mise en discipline sociale, par la constitution de répertoires centralisés des entités administratives et ecclésiastiques44, de listes de communiants et d’assujettis à la capitation45, de topographies (celle de Merian date précisément de 1655)46, au moment même où les sciences de l’État ou camérales, comme on les appelle bientôt en Allemagne, émergent avec la statistique et la science politique47. Un conseiller du duc de Gotha écrivait dans ces années-là un traité prônant pour une bonne administration des territoires l’instauration de visites de pays (Landesvisitationen) sur le modèle des visites ecclésiastiques48. C’est donc dans ce cadre intellectuel général qu’il faut aussi resituer l’innovation d’une inspection générale des écoles étendue à tout le territoire.

La pratique inspectorale de Christophe Schrader

25Nous avons conservé 199 témoignages d’une inspection dans des rapports s’échelonnant entre 1650 et 1669 (mais surtout 1666). Ils concernent les cinq écoles de premier rang, neuf écoles moyennes, six écoles claustrales en fait elles-mêmes de deux types, école latine moyenne ou petite école, et 13 écoles de troisième rang, c’est-à-dire essentiellement allemandes mais avec parfois une petite superstructure latine. On a conservé ainsi jusqu’à 11 à 13 années de rapports pour 9 écoles, de 6 à 9 années pour 8 écoles, et quelques rapports épisodiques pour le reste. Ce qui veut dire, au-delà de quelques lacunes des sources, que 17 écoles étaient régulièrement inspectées. Cela correspond en fait à la totalité du réseau scolaire urbain même modeste. Aucune école d’importance ou même école moyenne n’était laissée à l’écart.

Une activité régulière en lien étroit avec le prince

  • 49  Sur l’abondance relative et la nature des relations épistolaires entre l’inspecteur et Auguste le (...)
  • 50  NLA WO 45 Alt 1. La correspondance à Auguste est pour une grosse moitié à la HAB (notamment celle (...)
  • 51  Nous avons présenté en détail ces emplois du temps, dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, (...)
  • 52  Ibid., p. 516-518 (tableau).

26Cette documentation couvre essentiellement le règne du duc Auguste le Jeune qui se termine en 1666. Pour vérifier la continuité du fonctionnement de l’institution sous le règne suivant (Rodolphe Auguste), nous avons eu recours à la correspondance de Christoph Schrader aux ducs, qui, même quand ces lettres ne portent pas principalement sur les problèmes de l’inspection scolaire, y fait souvent allusion au détour d’une phrase49. Les relations étaient certes moins étroites entre le nouveau duc et l’inspecteur, mais la correspondance était désormais essentiellement centrée sur les questions de l’inspection générale ; significativement, elle a été conservée aux Archives de Wolfenbüttel dans un dossier consacré à cette institution50. Et nous disposons en complément des comptes rendus d’emplois du temps universitaires dans lesquels le professeur Schrader évoquait les motifs qui l’amenaient à interrompre momentanément son enseignement, tels ses tournées d’inspection51. Le croisement de toutes ces sources nous a permis de reconstituer avec le minimum de lacunes l’activité de l’inspecteur sur l’ensemble de sa carrière et de conclure à la grande stabilité et régularité de son fonctionnement52.

27Cette correspondance est également précieuse pour connaître les procédures suivies et le jeu des pouvoirs. On se rend compte que les destinations et les dates des tournées ne dépendent pas du bon vouloir de l’inspecteur, mais des instructions princières et de certaines contraintes, géographiques et calendaires, mais aussi professionnelles ou familiales. Il n’est pas libre d’organiser son travail à sa convenance, mais doit suivre des directives et solliciter des autorisations. Il peut toutefois demander des aménagements qu’on lui accorde volontiers. Schrader ne part jamais en tournée sans avoir, nonobstant sa lettre de commission permanente, reçu un ordre écrit du prince. La correspondance montre qu’il écrit au duc avant chaque tournée pour l’avertir de son intention de se mettre en route, obtenir son accord et éventuellement des instructions spéciales. Par exemple, le 7 août 1665 :

  • 53  Lettre du 7-08-1665, NLA WO 14 Alt Fb. 3, Nr. 35, f° 336 r°.

« Je dois annoncer à Votre Altesse en toute soumission que je suis sur le point de partir une nouvelle fois au nom de Dieu pour la visite des écoles de la principauté de Dannenberg que vous m’avez gracieusement commandée, et que j’ai décidé à cette intention d’arriver à Lüchow dans la semaine de la Saint-Bartholomée, le 22 août, avec l’aide de Dieu. Si jamais Votre Altesse avait, à propos des fonctions qui sont de mon devoir, quelque chose de particulier à commander, je veux l’attendre en toute soumission aux alentours du moment susdit. Par ailleurs, j’aurai à cœur d’exécuter ce qui est conforme à l’ordonnance scolaire avec zèle et fidélité pour le bien de la jeunesse, et de rendre ensuite sur tout cela un rapport soumis53. »

28Une semaine plus tard, il confirme par retour du courrier avoir bien reçu son ordre de départ :

  • 54  Johann Haspelmacher, abbé de Mariental et surintendant général du Dannenberg, accompagne parfois S (...)
  • 55  Lettre du 16-08-1665, NLA WO 14 Alt Fb. 3, Nr. 35, f° 338 r°-v°.

« Dans le gracieux écrit de Votre Altesse, qui a été bien livré par le cavalier porteur de la présente, je lis avec plaisir et soumission, que plaît gracieusement à Celle-ci le voyage dans la principauté de Dannenberg que j’ai prévu selon mes obligations, pour y inspecter les écoles. Je mettrai mon zèle le plus fidèle à ce que tout ceci soit exécuté pour l’honneur de Dieu et le progrès de la jeunesse, selon la teneur de l’ordonnance scolaire princière. De même que j’observerai, avec le conseil de Monsieur l’Abbé [Haspelmacher]54, ce qui est à ordonner spécialement à Hitzacker, lors de ma – que Dieu veuille – bonne arrivée55. »

  • 56  Lettre du 10-04-1676, NLA WO 45 Alt 1, f° 95 r°-96 r°.

29Schrader a donc reçu, en même temps que son ordre général, des instructions particulières pour l’école d’Hitzacker. Pour faciliter de telles instructions, il indique parfois le trajet exact qu’il va suivre : en 1676, il joint à la lettre, où il annonce sa tournée dans l’est du pays jusqu’à Blankenburg, un « diarium », c’est-à-dire un programme de ses inspections et de ses déplacements jour après jour56.

  • 57  Voir Jean-Luc Le Cam, « Vorstellungen und Kontrolle des verwalteten Raums : das Beispiel des Schul (...)

30Car cette activité d’inspection est en même temps une conquête de l’espace scolaire, destinée à le mettre sous l’œil du contrôle princier mais aussi à l’organiser et le rationaliser selon les vues de l’ordonnance de 1651. Celle-ci, avec son découpage du système scolaire en trois niveaux adaptés à la structure urbaine ou villageoise, propose en effet une rationalisation et une structuration nouvelle de cet espace, qui ne correspond pas toujours à la réalité observée par l’inspecteur. Ses rapports montreront par exemple que Gandersheim ne saurait tenir le rôle d’école de premier rang, tandis que la modeste capitale du comté de Blankenburg arrivera à se hisser à ce statut57. Mais cette conquête est d’abord une conquête physique et personnelle de l’inspecteur, compte tenu de la pénibilité des voyages à cette époque. J’ai calculé qu’il parcourait bon an mal an de 850 à 1000 km chaque année pour les besoins de sa charge. La principauté était certes de taille modeste mais elle était éclatée en plusieurs composantes parfois bien éloignées du centre, allant de la Weser dans le sud-ouest et du Harz au sud jusqu’aux rives de l’Elbe au nord (voir carte en annexe). En outre, l’inspecteur était régulièrement convoqué au siège du Consistoire et du gouvernement princier à Wolfenbüttel alors qu’il résidait à Helmstedt. Il disposait pour cela de voitures et d’attelages fournis par les bailliages (Ämter). Ceux-ci et plus souvent les municipalités avaient ordre de le recevoir gracieusement (généralement dans des auberges) et de le défrayer de ses éventuelles dépenses de route.

  • 58  On ne peut ici entrer dans ces détails. Voir ces développements dans Jean-Luc Le Cam, La politique (...)
  • 59  Comme il n’y a pas de calendrier scolaire unique pour le duché, les écoles s’adaptent sans problèm (...)
  • 60  Seule l’inspection de Schöningen a parfois lieu en hiver (fin février) car le chemin qui y conduit (...)

31On peut observer dans les premières années de l’institution quelques tâtonnements dans la mise en place progressive de tournées et d’un calendrier permettant de tenir compte de plusieurs impératifs58 : premièrement de la nécessité d’étaler la charge de travail de l’inspecteur sans trop bouleverser son travail de professeur ; deuxièmement, de situer les inspections, qui sont en même temps des examens pour les élèves, à date fixe et autant que possible à la fin ou au début d’un semestre59 ; enfin, de faciliter ces voyages en les plaçant à la belle saison60.

Graphique 1. – La répartition dans l’année des inspections (sur lesquelles on a conservé un rapport).

Graphique 1. – La répartition dans l’année des inspections (sur lesquelles on a conservé un rapport).
  • 61  Voir le détail et les références des sources dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit (...)

32Le graphique ci-dessus illustre ces réaménagements, qui conduisent essentiellement à trouver un équilibre entre le printemps et l’automne, et à rationaliser le travail de l’inspecteur. Ils ont été ordonnés par le gouvernement ducal : l’inspection de Schöningen doit être toujours faite dans la semaine d’Oculi, soit le plus souvent en mars ; celle des écoles situées à l’est de l’Oker dans la semaine de Jubilate, c’est-à-dire généralement en mai ; celle de Blankenburg, dans la semaine de Cantate, mais elle termine en fait celle de la région Est ; celle du Dannenberg fin août, dans la semaine de la Saint-Bartholomée ; celle du Sud-Ouest fin septembre ; celle de Wolfenbüttel théoriquement dans la semaine précédant Exaltatio crucis (14 septembre) et, après sa reconquête par les ducs en 1671, celle de Brunswick dans la foulée. Celle de Helmstedt se fait généralement en dernier sous le règne de Rodolphe Auguste, de septembre à novembre, et bientôt même en décembre61.

33Quelques jours après son retour, l’inspecteur envoyait directement au prince un rapport extrêmement circonstancié sur tout ce qu’il avait observé dans chaque établissement inspecté, et sur les résultats de ses délibérations avec les maîtres d’école et les autorités locales, tant laïques qu’ecclésiastiques, partageant certaines responsabilités de patronage, de financement et de contrôle local. C’est cette source extraordinaire qui nous a permis de reconstituer, avec un détail et une fiabilité inégalés pour cette période, le fonctionnement et la constitution de ce système scolaire au milieu du xviie siècle. Ces documents étaient également un moyen de connaissance intime de leur système scolaire par les gouvernants. Ils servaient aussi à l’action, comme l’indiquent des inscriptions marginales de la propre main du duc, ordonnant ici ou là des décisions à exécuter en réaction aux informations du rapport. Ces rapports annotés des années précédentes étaient emportés par l’inspecteur dans ses tournées suivantes et lui servaient de mémoire administrative. Il y fait régulièrement allusion.

L’inspection : une procédure de revue exhaustive bien réglée

  • 62  Voir le détail de cette distribution statistique dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. (...)

34L’inspection elle-même suit une procédure bien réglée dont on peut décomposer chaque élément. Elle rappelle par bien des aspects celle de la visite ecclésiastique ou pastorale, mais elle se fond avec un autre usage qui est celui de l’examen semestriel dans les écoles, en présence du clergé et des autorités locales. Une inspection, c’est d’une certaine façon la fusion des deux. On peut en tirer ce canevas simplifié, valable pour la plupart des écoles latines. On trouvera également en annexe le témoignage précieux du recteur de l’école de Helmstedt, Johann Hummel, décrivant rétrospectivement, à la fin du xviie siècle, la façon se déroulait une inspection dans une grande école latine. On a, pour une fois, le point de vue de l’inspecté et pas simplement le rapport de l’inspecteur. Certes les deux coïncident sur l’essentiel, mais l’inspecteur omet sauf exception un certain nombre de détails de procédure et de décorum qui sont inintéressants pour les augustes destinataires primitifs des rapports, mais disent cependant beaucoup aussi sur la signification sociale et culturelle de cet acte solennel. On comprendra, au nombre de rubriques listées dans ce canevas, que la visite d’une école latine d’une certaine taille dure un temps non négligeable, notamment lorsqu’elle comporte un examen systématique sur table des élèves, le contrôle des cahiers d’exercice et plusieurs entretiens avec le personnel enseignant et les autorités : les deux tiers des inspections d’école de premier rang dont on a gardé les rapports durent deux jours entiers ou plus, 20 % trois jours ou plus. À l’inverse, dans les écoles moyennes ou petites, on se contente souvent de boucler l’affaire en un jour précédé d’une conférence avec les maîtres la veille au soir62.

  • 63  Voir l’analyse de la composition de ces commissions d’inspection et des autorités présentes dans l (...)

35Le témoignage même du recteur Hummel montre que l’institution a su s’enraciner en créant un rituel, bien connu de tous les acteurs. C’est là d’ailleurs, dans cet acte au sens théâtral, que convergent, dans une unité de temps et de lieu, toutes les institutions et les forces sociales ayant part au fonctionnement de l’école. Le pouvoir princier et son gouvernement est représenté par l’inspecteur, l’Église territoriale par ses composantes et ses responsables présents sur place, pasteur ou surintendant, la municipalité par ses bourgmestres, ses marguilliers et parfois son syndic, enfin l’école elle-même avec tout le personnel enseignant et le public des élèves avec le recteur à leur tête63.

L’organisation d’une inspection
0. Réception de l’ordre ducal de partir en inspection
1. La préparation
1.1. L’information des autorités
1.1.1. Avertir les autorités locales au préalable par courrier ou messager
1.1.2. Convenir si nécessaire d’une date
1.1.3. Inviter ou convoquer les autorités à l’examen
1.2. L’entretien préalable avec les maîtres (souvent la veille)
1.2.1. Connaître les maîtres si nécessaire (identité, cursus)
1.2.2. Vérifier le catalogue des leçons faites
1.2.3. Examiner le catalogue des élèves et repérer leurs qualités
1.2.4. Évoquer les problèmes et les doléances des maîtres
2. L’examen public
2.1. L’ouverture solennelle
2.1.1. Réunion et entrée solennelle de la commission d’inspection
2.1.2. Hymne et/ou prière
2.1.3. Échange de discours
2.2. Interrogation des élèves par le maître responsable et/ou l’inspecteur Formes variables suivant la taille de l’école
2.3. Clôture de l’examen
2.3.1. Éventuellement déclamation de bons élèves
2.3.2. Discours de clôture de l’inspecteur. Exhortation aux élèves
2.3.3. Éventuellement remise de récompenses aux meilleurs
2.3.4. Chant et départ de la commission d’inspection
3. La conférence avec les autorités
3.1. Exposé des doléances des maîtres et des problèmes relevés par l’inspecteur
3.2. Réponses des autorités
4. L’examen écrit
4.1. Dictée d’un sujet de devoir par l’inspecteur, traduction ou composition en forme d’imitation
4.2. Rédaction du devoir en classe sous surveillance. Pendant ce temps, l’inspecteur peut régler certains problèmes avec les autorités, voire tenir la conférence du point 3. Il utilise aussi ce répit pour examiner les cahiers d’exercices des élèves
4.3. Correction publique des devoirs immédiatement ou remise des devoirs corrigés le lendemain. Observations de l’inspecteur
4.4. Renvoi des élèves après une dernière admonestation
5. Avant le départ de l’inspecteur (éventuellement)
- Dernières recommandations aux maîtres, parfois (au début) rédaction du programme des leçons de l’année à venir avec le recteur
- Derniers entretiens avec les autorités, parfois remise d’un mémoire aux autorités sur les points à corriger
6. Compte rendu au gouvernement princier
Envoi d’un rapport circonstancié directement au duc
Éventuellement rapport oral au Consistoire

L’action de l’inspection générale dans ses grands axes et ses résultats

  • 64  Voir une étude particulière de la façon dont a été imposé le canon des manuels et lectures prescri (...)
  • 65  Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 672-676.
  • 66  Ibid., p. 639-642. Ce sont les Cantors, maîtres de musique, qui sont plus spécialement chargés de (...)

36Quels sont, brièvement résumés, les objectifs que la nouvelle institution réussit à atteindre et les fonctions qu’elle a réellement exercées ? C’est dans le domaine des contenus d’enseignement, des manuels employés et des auteurs lus que l’inspection a atteint sans doute les résultats les plus spectaculaires en obtenant une application complète de l’ordonnance de 1651. L’unification de l’enseignement sous l’égide de cet humanisme réaffirmé, sinon restauré, est un résultat incontestable de cette réforme et de l’action de l’inspecteur64. Le meilleur exemple en est fourni par les écoles du Dannenberg, une région au nord près de l’Elbe, récemment rattachée : alors qu’elles avaient souvent d’autres manuels que celles du centre du duché (l’inspecteur y fait supprimer la Janua linguarum !), elles adoptent effectivement en quelques années les ouvrages ordonnés65. D’une façon générale, les remarques pédagogiques faites aux maîtres après l’inspection et l’examen sur table des élèves révèlent un souci constant du purisme linguistique et stylistique et de l’acquisition du meilleur latin par l’imitation et les exercices de style. Schrader veille ainsi à ce que l’enseignement de la religion se fasse désormais exclusivement en allemand, pour éviter une contamination du style des élèves, tandis que les langues anciennes ne doivent s’apprendre que dans les bons auteurs. Pour autant, il n’est pas insensible à certaines préoccupations de la pédagogie moderne. Il accorde un grand souci à la correction de l’allemand dans les devoirs, qui était souvent le parent pauvre. Et il s’efforce de développer, dans une visée utilitaire, l’enseignement des mathématiques, comme étant nécessaire à tous les emplois, notamment dans les petites écoles latines dont les élèves étaient rarement destinés aux études66. Il est enfin l’artisan d’une introduction de la géographie dans l’enseignement public des écoles latines fondé sur l’usage de cartes. Il a donc une influence véritable sur le contenu de l’enseignement et les pratiques pédagogiques.

  • 67  Ibid., p. 604-616.
  • 68  Ibid., p. 616-621.
  • 69  Voir l’exemple de l’autobiographie du futur théologien piétiste Breithaupt, qui fut inspecté par l (...)

37Même si les traces en sont moins systématiques, il apparaît que l’inspecteur a bien joué le rôle que l’ordonnance et sa lettre de nomination lui demandaient d’assurer dans la sélection et la vérification des compétences des maîtres. Nous avons eu l’occasion d’en exploiter quelques dossiers exemplaires67. Mais dans cette affaire, il devait composer avec les forces, de poids variable suivant les configurations locales, qui s’exerçaient concurremment, à commencer par celles des financeurs et patrons de l’école, généralement les municipalités, et le clergé qui voulait parfois aussi pousser ses propres candidats. En fait, il n’avait de véritable pouvoir d’influence sinon décisionnaire que tant qu’il était appuyé par le pouvoir princier qui avait le dernier mot en matière d’investiture. En revanche on n’a peu de trace notable de la sélection des meilleurs élèves pour l’université commandée par l’ordonnance, ni de l’orientation de ceux-ci dans leurs études, à l’exception des élèves bousiers de Schöningen ou des écoles claustrales, dont il devait rendre compte des progrès68. Tout au plus a-t-on l’indice qu’il a pu jouer un rôle dans la promotion de certains bons éléments, ce qui correspond au jeu de protection et de recommandation très ancré dans cette société d’Ancien Régime, y compris dans le monde universitaire, dont il n’était évidemment pas le seul acteur69.

  • 70  Sur ces deux points, Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 870-878.
  • 71  Ibid., p. 855-869.
  • 72  Ibid., p. 807-818.

38Sur le plan des conditions matérielles faites à l’institution scolaire, il avait aussi obligation de vérifier la conformité des pratiques locales avec les objectifs de la politique générale, mais dans cette matière, nécessité faisait naturellement loi, surtout dans cette période de pénurie et de reconstruction. On le voit intervenir vigoureusement pour que les maîtres soient payés de leurs arriérés de salaires, pour qu’ils reçoivent une lettre de nomination en bonne et due forme précisant clairement les rétributions attendues70, pour que soient aussi améliorées les infrastructures scolaires, souvent délabrées ou insuffisantes à la sortie de la guerre. Le relèvement de la condition matérielle des maîtres a bien eu lieu et de façon tout à fait significative (70 % en moyenne dans les écoles latines), grâce aussi au pouvoir princier qui a su abonder les salaires des maîtres principaux en puisant dans les revenus des monastères, mais cela a pris une bonne décennie après l’entrée en fonction de l’inspecteur71. C’est avec la même lenteur que s’opère la subdivision des petites classes pléthoriques en groupes de niveaux affectés à des salles particulières, ou la (re)construction de bâtiments plus grands ou plus modernes72. Mais sur ces dossiers, l’inspecteur n’est qu’un aiguillon parmi d’autres : le corps enseignant et les parents d’élèves, souvent bien représentés au conseil municipal, exercent une pression aussi importante et surtout plus constante. Toujours est-il que ses rapports contiennent pour cette raison de nombreux détails tout à fait instructifs sur les rémunérations des enseignants, leur paiement défaillant, et sur la disposition des lieux d’enseignement et d’habitation des maîtres, objets de doléances multiples.

  • 73  Voir Jean-Luc Le Cam, « Über die undeutlichen institutionellen Grenzen der Elementarbildung. Das B (...)

39Enfin, l’inspection générale est un relais pour mieux faire appliquer la politique d’obligation scolaire édictée en 1647 et plus généralement tous les règlements qui encadrent l’activité de l’école. Certes, l’objet central de l’attention de l’inspecteur étant les écoles latines, celles-ci ne sont pas concernées par cette obligation, si ce n’est dans leurs petites classes. En effet, dans la plupart des villes moyennes ou petites du Brunswick, il n’existe pas d’autres structures d’enseignement que l’école municipale dont la ou les classes inférieures servaient à l’instruction élémentaire, et la superstructure des classes supérieures à l’instruction dans les humanités73. Cependant on a l’exemple d’interventions très vigoureuses de l’inspecteur dans quelques cas récalcitrants, avec convocation des parents, admonestation, fourniture de listes de défaillants transmis à l’autorité de police locale, l’Amtmann ou bailli. Plus que d’un refus absolu d’école, il s’agit bien souvent d’absentéisme ou de réticence à payer les écolages. Dans ce cas, l’inspecteur commande de faire payer les récalcitrants, même pour les périodes d’absence à l’école, ce qui est destiné en fait à les inciter à rentabiliser cette dépense en les y envoyant. Plus généralement, il vient appuyer les maîtres face à toute dénonciation d’insubordination ou d’indiscipline, essentiellement par des menaces et des admonestations. Ses moyens concrets d’agir dans ce domaine étaient en fait limités, et à moins de livrer en dernière instance les coupables au bras séculier, ce qui était rarissime, ceux-ci se déployaient surtout dans l’ordre des représentations et du discours.

*

  • 74  Wilhelm Kahl, Zur Geschichte der Schulaufsich, Leipzig/Berlin, Teubner, 1913, p. 50-64 ; Woldemar (...)
  • 75  Wilhelm Kahl, Zur Geschichte der Schulaufsich…, op. cit., p. 82-93 ; August Ziel, Johannes Raues S (...)
  • 76  Nous avons décrit plus en détail cette évolution, Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit (...)

40L’inspection générale du Brunswick est donc née d’une volonté universitaire de défense de l’humanisme dans le contexte de la reconstruction après-guerre et d’une tendance générale à la sécularisation et à la centralisation de l’administration territoriale. Malgré une inspiration souvent réactionnaire et le recours à des modèles anciens (celui la visite pastorale), elle se constitue comme une institution d’une singulière modernité et d’une grande intensité dans le contrôle exercé sur l’école. Quelles furent, en conclusion, sa diffusion géographique et sa pérennité historique ? Nous avons inscrit sa naissance dans un mouvement général de prise de contrôle administratif des territoires, mais celui-ci pouvait prendre plusieurs modalités s’agissant de l’école. Une réforme exemplaire mais d’inspiration différente dans le petit duché de Saxe-Gotha sous le règne d’Ernst le Pieux intensifia aussi le système d’inspection, mais sans toucher à la mainmise de l’Église sur le contrôle de l’école. Car ça n’était pas une réforme humaniste, mais de mise en discipline sociale par le biais de l’Église et de l’école74. On a en revanche dans le Brandebourg, le cas d’une imitation certainement inspirée par l’exemple du Brunswick puisque la lettre d’installation de celui qui a été nommé en 1654 inspecteur général, Johann Raue, est un copier-coller de celle de Christophe Schrader75. Des liens matrimoniaux dynastiques, le partage d’une fondation commune à Schöningen, et un voisinage par le biais de l’évêché d’Halberstadt expliquent ce transfert relativement rapide. Mais cette institution n’a jamais vraiment fonctionné car elle s’est heurtée à l’opposition des États (Landstände), qui étaient nettement plus puissants dans le Brandebourg que dans le Brunswick. En fait, dès lors que les patrons de l’école, que ce soient les nobles, ou les villes, étaient assez forts pour résister à une volonté centralisatrice, ils se montraient très réticents à toute institution d’inspection générale qui les dépossède de leurs pouvoirs ou les soumet à un contrôle supérieur. De même que le clergé, qui avait été momentanément neutralisé par la politique ecclésiastique du duc de Brunswick et l’assentiment de la faculté de théologie de Helmstedt, s’était naturellement opposé ailleurs à cette dépossession de son pouvoir. Le Brunswick est donc resté seul dans son cas76.

  • 77  Gustav Moritz Redslob, « Johann Christoph Harenberg », Allgemeinde Deutsche Biographie, tome 10, p (...)
  • 78  Eugen Stech, Das Braunschweigische Schuldirektorium. Ein Beitrag zur Geschichte der Schulaufsicht, (...)

41À la mort de Schrader, on nomme à sa place le professeur de mathématiques puis de théologie Paul Heigel (1680-1690) (évoqué dans le témoignage du recteur Hummel) qui exerce la charge une dizaine d’années en s’inspirant largement de la pratique de Schrader. L’institution fait visiblement preuve de moins d’intérêt puisqu’on la laisse après sa mort 20 ans sans titulaire, avant de placer sur le poste en 1709 le théologien Johannes Fabricius, un personnage brillant mais compromis dans l’Université et l’Église pour avoir facilité la conversion au catholicisme, en vue d’un mariage dans la famille impériale, de la fille du duc Anton Ulrich. On peut se demander si l’inspection n’eût pas été définitivement abandonnée sans ces circonstances. Mais l’exercice de cette fonction par Fabricius à nouveau pendant 20 ans semble la consolider. Après la décision curieuse de dédoubler le poste entre 1733 et 1747, due au fait que les titulaires ne voulaient plus y consacrer autant de temps (Fabricius ne passait plus qu’un an sur deux dans chaque école), elle connaîtra un dernier regain d’activité avec celui qui restera finalement après 1747 seul aux commandes jusqu’en 1756 : il s’agit de Johann Christoph Harenberg (1735-1756) recteur de l’école de Gandersheim mais aussi historien érudit, qui fut nommé également pour l’extraire d’une querelle avec ses patrons, les chanoines de l’abbaye77. Sa pratique d’inspection, dont on a gardé des rapports, est tout à fait sérieuse et s’élargit désormais aussi aux petites écoles allemandes de campagne. Il propose à leur intention des réformes importantes concernant l’école d’été, la fondation d’une maison d’édition de livres scolaires ou la formation des maîtres dans un séminaire instituteurs. Il en sortit effectivement une nouvelle ordonnance pour les écoles de campagne en 1753 mais qui, paradoxalement, eut pour conséquence la suppression de l’inspection générale. Il fut nommé ensuite au nouveau collège Carolin à Brunswick, ce qui montre qu’il n’était pas tombé en disgrâce, mais qu’on voulait se débarrasser en haut lieu d’un problème. La lettre qui le limogeait faisait état des dispositions de la nouvelle ordonnance confiant surintendant la visite des écoles de l’inspection et le fait qu’on ne pouvait exiger des communautés de supporter un double coût d’inspection. En fait, c’est la volonté d’extension de l’institution au domaine réservé de l’instruction élémentaire et religieuse qui constituait le casus belli avec le clergé, dont témoignent déjà plusieurs polémiques et accusations calomnieuses ayant accompagné les tournées d’inspection d’Harenberg. Cette fin abrupte révèle par contrecoup le compromis sur lequel était fondée l’acceptation par l’Église de ce pouvoir concurrent à l’époque de Schrader : il s’agissait d’un partage des domaines de compétence, l’enseignement « savant » étant laissé à l’inspection générale, l’instruction populaire au contrôleur ecclésiastique. Mais la survie quasi séculaire de l’institution avait créé une tradition que le Brunswick ne pouvait pas totalement oublier. C’est dans cette principauté encore que fut menée l’expérience tout à fait originale d’un Directoire scolaire inspiré par les Lumières, sorte de ministère de l’éducation et d’organisme de contrôle de tout le système scolaire, détaché de l’Église78. La crainte de la contagion des flammes de la Révolution française allait toutefois rapidement en provoquer la fin.

Annexes

ANNEXE 1. Les territoires sous contrôle des ducs de Brunswick après la guerre de Trente Ans

ANNEXE 2. L’organisation des tournées d’inspection en 1663

ANNEXE 3. Portrait de Christoph Schrader, extrait de son livret funéraire (Leichenpredigt)

ANNEXE 4. Le témoignage du recteur Johannes Hummel sur le déroulement de l’inspection de son école (Helmstedt, fin xviie siècle)79

Il doit être tenu selon l’ordonnance princière deux examens par an, l’un par le Visiteur général des écoles en automne, l’autre à Pâques par M. le surintendant en poste. Le premier a certes toujours été tenu, quand il y avait un inspecteur général, mais pas à un moment fixe et à la fin, il n’a presque toujours été effectué qu’en décembre ; par contre, l’examen du surintendant n’a été tenu, dans les 38 années depuis que moi, Johann Hummel, je suis maintenant dans cette école, que 6 fois80.

Quand un examen devait être tenu, l’inspecteur général le communiquait auparavant aussi bien au surintendant du moment qu’au conseil [municipal] et ils décidaient d’un jour, ce en quoi il est souvent arrivé que, parce que l’une ou l’autre des parties était empêchée, l’examen ait été repoussé si tard. Lorsque le terme avait été fixé, il était indiqué au recteur, 8 ou même 15 jours auparavant, par l’inspecteur général ou le surintendant, afin qu’ils [les maîtres] puissent confectionner pour ce moment-là les catalogues des leçons traitées et les avoir, ainsi que les catalogues des élèves, à portée de la main dans chaque classe, avec en outre les éventuelles doléances qu’ils avaient à exprimer.

Je devais apporter le jour précédent le catalogue des élèves, et on me demandait comment se présentait l’intelligence de chacun, comment il se comportait en piété, dans ses moeurs et dans les Lettres, s’il avait aussi envie de faire quelque chose ; ce qu’ils consignaient chaque fois par certains signes auprès de leurs noms et ce dont ils se servaient pour conduire l’examen ; de même qu’à la fin de l’examen, le jour suivant ou l’après-midi, les travailleurs étaient encouragés plus avant tandis que les autres étaient exhortés selon les circonstances.

Lorsqu’enfin le jour fixé pour l’examen arrivait, l’inspecteur général y faisait inviter par l’intermédiaire du collègue inférieur [infimus] le surintendant, les deux prédicateurs et le doyen des bourgmestres régnants, et faisait demander à ceux-ci de députer pour cela quelques-uns du corps du conseil. Le surintendant en fonction faisait aussi cela par l’intermédiaire du bedeau lorsqu’il voulait tenir un examen. Ce sur quoi, ils se rassemblaient à l’Hôtel de Ville et venaient ensemble à l’école. Ils se rendaient d’abord en classe de première et à leur entrée on chantait le Veni sancte Spiritus. Après cela, celui qui organisait l’examen faisait un petit discours en latin et s’adressait à la fin au recteur, qui était sur la chaire, et à ses collègues qui se tenaient à côté de lui. Ce à quoi le recteur répondait dans un bref discours et il commençait l’examen par ses élèves. Après que le recteur avait fini son discours, Messieurs les visiteurs et les élèves s’asseyaient et les collègues des autres salles se rendaient dans leurs auditoriums.

Là-dessus l’inspecteur, et aussi M. le surintendant dans ses examens, priait les Messieurs présents de se répartir dans les autres salles, et leur donnait les catalogues des leçons à emporter dans ces auditoriums. Ce en quoi il arrivait, généralement, que, lorsque le Prieur Rittmeyer81 était présent, il examinait en troisième avec un autre des Messieurs, l’autre prédicateur le faisait dans une des salles du bas et les autres dans la pièce du Bachelier. S’il y avait suffisamment de Messieurs pour rester en première, l’inspecteur général ou le surintendant allait aussi entre-temps dans les autres pièces et, soit écoutait ce qui s’y déroulait, soit interrogeait aussi lui-même.

Quand le recteur avait mené l’examen sur ces leçons, selon les circonstances du temps soit en demandant quelque chose sur toutes celles-ci, soit seulement sur quelques-unes d’entre elles, le co-recteur recevait l’ordre de commencer son examen. Lorsqu’on était arrivé vers les 11 heures, les autres Messieurs des autres salles étaient de nouveau convoqués en première, et, après qu’on avait ordonné au co-recteur d’arrêter, l’inspecteur ou le surintendant terminait par un discours et tous les Messieurs allaient accompagnés par le chant des élèves en classe de troisième, d’où les élèves avaient été auparavant renvoyés. Le visiteur en chef [primarius Visitator]82 entendait alors le rapport des autres Messieurs sur ce qu’ils avaient trouvé dans les auditoriums, et ce qu’ils avaient éventuellement remarqué qui devait être corrigé.

Là-dessus, on faisait entrer les maîtres, d’abord le recteur tout seul, puis tous les collègues, et on écoutait ce que nous avions éventuellement comme plaintes, aussi bien au sujet de nos salaires que du reste. Sur ce qu’il y avait éventuellement à amender, seul le visiteur en chef nous entendait et nous donnait des ordres lorsqu’il revenait l’après-midi. Et ainsi s’achevaient et cette matinée, et l’examen solennel.

L’après-midi, le visiteur en chef revenait tout seul et il proposait un exercice en première et troisième83 et, pendant que les élèves le faisaient en présence de leurs maîtres (ce que devait particulièrement surveiller le recteur dans les deux pièces), il allait dans les deux salles du bas et mettait les enfants quelque peu à l’épreuve, les exhortait au zèle continu et à la crainte de Dieu, et les renvoyait ensuite. S’il restait du temps libre, il revenait en classe de première et de troisième, parcourait les exercices et après une exhortation analogue, où il avertissait sérieusement en particulier ceux dont les maîtres s’étaient plaints éventuellement, il concluait définitivement l’examen.

Si jamais il y avait l’un ou l’autre des élèves qui avait élaboré quelque chose ou appris par coeur un discours de Cicéron, on l’entendait soit lors de l’examen public lui-même en présence des autres Messieurs, soit l’après-midi ou le lendemain matin en présence de M. le Visiteur en chef et de tous les maîtres. Si cela se passait dans l’examen solennel lui-même, on ne récitait qu’une partie du discours afin qu’on puisse [juste] entendre la diction et que l’on n’occupe pas tout le temps à cela.

ANNEXE 5.

Rapport de Christoph Schrader au duc Auguste le Jeune sur l’inspection de l’école latine de Helmstedt du 30 août au 4 septembre 1650 avec, en annexe, les procès-verbaux des discussions avec les autorités municipales ayant suivi84

J’ai commencé à nouveau en cette 1650e année par l’école de Helmstedt la visite annuelle qui m’a été gracieusement commandée par le Sérénissime, Très Haut Né Prince et Seigneur, Seigneur Auguste, duc de Brunswick et Lunebourg, Mon Gracieux Prince et Seigneur. Et afin que ce qui concerne 1) l’enseignement de la jeunesse, 2) le salaire et le respect des collègues de l’école, 3) le bâtiment scolaire puisse être d’autant mieux perçu, j’ai tout d’abord entendu seul à seul chaque collègue, puis j’ai organisé un examen de trois jours à l’école, enfin j’ai laissé à mon départ vers les autres écoles le mémoire ci-dessous aux bourgmestres et au conseil.

Le recteur Nicolas Wilrichius, de Giessen, est célibataire. C’est un homme travailleur, et aussi bienveillant avec les jeunes. Il a cette année traité dans le Hutter85 les points VII De Providentia, VIII De peccato, IX De libero arbitrio et X De lege Dei et fait apprendre à cette occasion en allemand et par cœur quelques passages de l’Écriture ne se trouvant pas dans le manuel. Il a traité la Logique du début jusqu’à la doctrine des syllogismes, le Phormio de Térence du début à la fin, la première et seconde Églogue de Virgile, la Rhétorique de Vossius jusqu’aux figures du discours, les Satires d’Horace livre I, satire 9-10, livre II, satire 1 et 2, les enseignements d’Isocrate A Demonicus jusqu’au milieu, les Fables de Phèdre du premier au cinquième livre ; à côté de cela il fait écrire [les élèves] deux fois chaque semaine en latin et une semaine sur deux en grec, la plupart du temps en prose.

Il enseigne tout seul à la première et à la seconde classe, parce que, jusqu’à maintenant, on n’a pu lui adjoindre aucun co-recteur, faute de lui trouver un entretien. La disparité des élèves a pour conséquence qu’il doit dans ses leçons négliger tantôt les supérieurs, tantôt les inférieurs, lequel défaut pourrait être corrigé par la nomination d’un co-recteur. Il se plaint encore une fois de ne pas avoir de nomination écrite [Bestallung], mais un misérable entretien, sur lequel il reste pourtant actuellement encore près de 300 thlr à devoir.

Le cantor Henningus Holdefreundt, d’Helmstedt, enseigne à la troisième et quatrième classe et a cette année traité l’essentiel des deux grammaires86 du début à la fin, les Fables de Phèdre jusqu’à la 23e, les Petites Épîtres de Cicéron jusqu’à celle qui commence par « Athenas veni ad XI. Cal[endas]… » À côté de cela, il a aussi fait écrire ses élèves en langue latine toutes les semaines. Il n’a pas encore de nomination écrite, reçoit jusqu’ici seulement 28 thlr par an. Il demande que ses quatrièmes et cinquièmes puissent, pour favoriser leur attention, être séparés de la foule des cinquièmes par [l’aménagement d’] une salle particulière ; ce qui est bien nécessaire étant donné qu’il se trouve 140 élèves dans cette salle unique.

L’infimus Andreas Rubius, de Sondershausen, a près de 80 garçons dans sa classe [dont il se plaint] qu’il ne peut les entendre et les examiner tous chaque jour. Il n’a ni nomination écrite, ni engagement certain. L’année précédente, on lui a versé 12 thlr 12 ggr.

Le 3 septembre, on a tenu un examen en première et en seconde en présence des bourgmestres, du diacre et des conseillers municipaux, où l’on a trouvé :

  • 1) que quelques questions tirées du Hutter étaient au-dessus de l’entendement de ces garçons ;

  • 2) que trop peu de passages de l’Écriture étaient récités sur chaque point [de théologie] alors que c’est pourtant le seul fondement des articles de la Foi ;

  • [3)] qu’il manquait en logique d’exemples clairs ;

  • [4)] que l’analyse des Épîtres de Cicéron était trop développée.

Tout ce dont le recteur fut rappelé, de même qu’il suffisait de conduire les garçons à la bonne compréhension et au bon usage des Auteurs.

Le 4 septembre, fut instauré l’examen des classes inférieures. Les garçons réussirent assez bien dans le Donat, les deux grammaires87, les Fables de Phèdre, et les Épîtres de Cicéron. Mais ils avaient deux sortes de grammaires latines, celle de Vossius et de Rhenius, qu’il faudrait réduire dès que possible à une seule.

Pendant ce temps-là fut donné aux premières et secondes une composition à écrire à l’école et, après qu’elle fut exécutée, le recteur fit jouer le Phormio de Térence par quelques garçons bien entraînés.

Le 5 septembre, je suis retourné à l’école avec les exercices sur table qui m’avaient été livrés et j’ai montré à chaque élève ses erreurs. On ne distinguait dans ces mêmes écrits aucune imitation de Térence, Cicéron, etc. (ce qui est pourtant le seul moyen de bien apprendre le latin) ; en outre la plupart avaient fait de grossières erreurs dans les premiers éléments de la syntaxe latine. Ce par quoi on a terminé l’examen avec un sérieux avertissement.

Comme le bâtiment scolaire est non seulement très délabré, mais aussi incommode et inadapté, il faudrait réfléchir si le lieu immédiatement voisin et les ruines de l’église Saint-Augustin pourraient être utilisés pour la construction d’une autre école et d’appartements pour les collègues.

Mémoire laissé aux Bourgmestres et au Conseil de la ville de Helmstedt lors du départ pour la visite des écoles le 5 septembre 1650

1) Que les actuels collègues de l’école puissent être pourvus de nominations écrites, est ce qu’ils désirent instamment ; c’est aussi l’usage, c’est conforme à l’équité et utile pour prévenir divers inconvénients.

2) De la lettre d’installation donnée en 1628 à feu Maître Johann Heinzius, il apparaît que l’on payait au recteur de l’époque les postes suivants :

De la caisse commune de l’église Saint-Stéphane par an..................................... . 50 fl.

Du Jürgenhof............................................................................................. 9 fl.

Du livre de compte de bourgmestre Hampen.................................................... . 6 fl.

Du testament de Conrad Paul........................................................................ 9 fl.

Du testament du Bourgmestre Hering............................................................. . 9 fl.

Du testament de Mynsiger............................................................................ 5 fl.

- -----

Total...................................................................................................... 88 fl.

Mais comme le recteur actuel n’a jamais reçu depuis le début de son service les trois postes qui sont payés par le Jürgenhof, le testament de Conrad Paul et de Bourgmestre Hering, et seulement un tiers des 5 fl. du testament Mynsiger, il reste à chercher d’où vient ce manque et si celui-ci ne peut être remplacé. Les arriérés du recteur sont spécifiés dans l’annexe ci-jointe.

3) Le cantor se voyait assigner dans la lettre de nomination donnée en 1628 au cantor de l’époque David Leibius :

D’un Honorable Conseil........................................................................... 20 thlr

Du registre de Sainte-Anne tous les trimestres............................................. 1 thlr 1/4

De deux testaments.............................................................................. 3 thlr 1/4

Du troisième testament........................................................................... 25 mgr.

Mais comme les deux premiers postes ne sont pas clairement spécifiés, non seulement quant aux testaments [sur lesquels ils reposent], mais aussi sur le point de savoir s’ils sont trimestriels ou annuels, il faudrait changer ceci dans la prochaine lettre de nomination du cantor après avoir pris les renseignements.

4) On versait au co-recteur auparavant, selon les registres tenus à l’église Saint-Stéphane, 39 fl. par an. Il reste à savoir où ils sont bloqués et si ils ne peuvent pas être de nouveau apportés [à l’école] à l’avenir.

5) L’infimus n’a non seulement pas de lettre d’installation, mais aussi pas même un engagement certain. Le supplément promis lors de son arrivée n’a pas suivi. Il n’a pas reçu plus de 12 thlr 1/2 l’année dernière.

6) Parce que l’apparence atteste que les trois collègues ne peuvent plus, comme il convient, faire face à la foule des élèves d’ici, il sera très utile de penser à la nomination d’un quatrième collègue.

7) Il faudrait trouver de quelle façon changer le très négligent paiement, disons même la retenue, du faible écolage par la bourgeoisie.

8) Il faudrait exiger les rentes annuelles sur les 300 thlr de capital placés dans les maisons de M. le Bourgmestre Stuß pour l’entretien du bâtiment scolaire et les verser à la fabrique.

9) Il faudrait séparer la classe de troisième et quatrième de la cinquième et la sixième, soit par une subdivision, soit par la construction d’une salle particulière.

10) Il faudrait interdire au pharmacien qu’il déverse à nouveau des ordures à l’endroit qui en a récemment été nettoyé, et plus encore qu’il y fasse jeter du verre cassé88 au risque des enfants [qui courent] pieds nus.

11) Et pour terminer : comme les salaires des collègues sont si faibles, que même le berger qui ne garde que le bétail sans raison, et ce seulement en été, bénéficie de plus [de revenus] que maint serviteur de l’école, chaque autorité chrétienne devra à juste titre penser sérieusement, maintenant que la paix approche, à leur amélioration.

Helmstedt le 4 octobre 1650 à l’Hôtel de ville89

Un Honorable Conseil se plaint de ce que les serviteurs de l’école aient indiqué leurs doléances à l’inspecteur et pas plutôt à eux.

Réponse : si jamais ils n’avaient rien demandé, il aurait dû conformément aux instructions princières les avertir, ce à quoi ils auraient bien dû obtempérer.

Sur [le point] 1 : ils [les maîtres] doivent être pourvus de nominations écrites comme auparavant.

Sur [les points] 2, 3, 4 : ils [les conseillers] voulaient au plus vite faire le calcul avec eux en collaboration avec les responsables de l’église et des hospices, et prendre les dispositions possibles pour rattraper les arriérés démontrés.

Sur [le point] 5 : il n’était pas d’usage de donner une nomination écrite à l’infimus et pas non plus nécessaire car il avait généralement bientôt une mutation.

Sur [le point] 6 : on devra nommer le quatrième collègue après avoir fait les comptes et selon les circonstances.

Sur [le point] 7 : ils veulent faire avertir par leur employé la bourgeoisie de verser à temps l’écolage.

Le 8e point doit être appliqué ; on a d’ailleurs déjà commencé à le faire.

Sur [le point] 9 : la séparation des classes inférieures doit être appliquée de façon opportune.

Sur [le point] 10 : c’est fait.

Sur [le point] 11 : il n’est pas dans les possibilités d’un Conseil de donner une augmentation. Toutefois les collègues avaient toujours eu, même dans ces tristes temps, leur salaire et la table chez les bourgeois.

Notes

1  Tout ceci a été étudié en détail dans ma thèse, soutenue en 1992 et publiée en 1996, Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire d’Auguste le Jeune de Brunswick-Wolfenbüttel et l’inspecteur Christoph Schrader (1635-1666/1680), Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1996, 2 volumes, 1061 p.

2  Ce vaste duché médiéval correspond à la plus grande partie de ce qu’on appelle la Basse-Saxe. Par simplification, la principauté de Wolfenbüttel est souvent appelée duché de Brunswick, tandis que la partie nord est désignée comme duché de Lunebourg, mais ces princes portent tous le titre de duc de Brunswick et Lunebourg, cf. Hans Patze (dir.), Geschichte Niedersachsens, tome 3.1, Politik, Wirtschaft und Gesellschaft von der Reformation bis zum Beginn des 19. Jahrhunderts, Hannover, Hahn, 1998, p. 19-218.

3  Sur l’aspect culturel de ces deux règnes, voir Jean-Luc Le Cam, « La Renaissance tardive en Allemagne du Nord : l’exemple du duché de Brunswick-Wolfenbüttel sous les règnes de Julius et Heinrich-Julius (1568-1613) », dans Lioudmila Chvedova, Michel Deshaies, Stanislaw Fiszer, Marie-Sol Ortola (dir.), La Renaissance en Europe dans sa diversité, tome 3, Circulation des hommes, des idées et des biens, héritages, Nancy, Groupe xvie et xviie siècles en Europe, université de Lorraine, 2015 (« Europe xvie-xviie siècles », n° 22), p. 199-221.

4  Richard Moderhack (dir.), Braunschweigische Landesgeschichte im Überblick. 3e éd., Braunschweig, Waisenhaus, 1979, en particulier p. 67-81.

5  C’est une bibliothèque de recherche réputée, Bibliothèque nationale pour le xviie siècle [http://www.hab.de/].

6  Sammler, Fürst, Gelehrter : Herzog August zu Braunschweig und Lüneburg. 1579-1666. Niedersächsische Landesaustellung in Wolfenbüttel, 26. Mai bis 31. Oktober 1979, Herzog August Bibliothek, Braunschweig, Limbach, 1979.

7  Wilhelm Havemann, Geschichte der Lande Braunschweig und Lüneburg, tome II, Göttingen, Dieterich, 1855, p. 715-718. L’original : Der Landstände Bedenken und gravamina, Braunschweig, 15.9.1636, Niedersächsisches Landesarchiv Wolfenbüttel (NLA WO) 1 Landschaft VIII, 18.

8  Ibid., f° 9 r°.

9  Elles étaient évoquées par des érudits du xixe siècle mais avaient été perdues depuis. J’ai trouvé la copie de l’une d’elle dans la reliure d’une édition d’ordonnance conservée à la bibliothèque de Wolfenbüttel, et identifié l’autre partie dans une édition tardive et posthume sous forme d’un opuscule, également perdu dans la bibliothèque car à l’époque non recensé au catalogue des noms d’auteurs.

10  Cette chronologie se déduit des rapports et de la correspondance ultérieure, les archives de cette activité pour l’année 1649 sont malheureusement perdues.

11  August der Jüngere (duc de Brunswick-Wolfenbüttel), Des Durchläuchtigen Hochgebornen Fürsten und Herren, Herren Augusti, Herzogen zu Brunswyg und Lünäburg, Schulordnung, Wy es nemlich mit Institution der Jugend in S. Fürstl. Gn. Fürstentümeren, Graf- = Herrschaften und Landen, unveränderlich zu halten, Wolfenbüttel, Stern, 1651.

12  Sur cette chronologie et les détails de ces mesures et les références d’archives, voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 476-480.

13  C’était l’apanage d’origine du duc Auguste, situé au nord du Lunebourg près de l’Elbe, qui était gouverné en union dynastique avec le duché de Brunswick, sans lui appartenir.

14  August, Schulordnung, 1651, op. cit., p. 29-30.

15  Cf. ci-dessus la classification des écoles en trois types. En réalité, ces types étaient plus fluctuants, en fonction de la santé et de la performance de chacun de ces établissements. Voir le tableau et les graphiques des fluctuations de niveau des écoles observées par Schrader dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 648-656.

16  Voir les notices biographiques de Paul Zimmermann, Allgemeine Deutsche Biographie, tome 32, Duncker & Humblot, Leipzig, 1891, p. 422-425 ; les Vitae Professorum Helmstadiensium publiées en fin du tome I de la matricule de l’université d’Helmstedt : Album Academiae Helmstadiensis, Paul Zimmermann (éd.), t. I : Album Academiae Juliae. Hannover, 1926, p. 441-442, voir aussi Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, chapitre ii, p. 125-234, alimenté par de nombreuses sources d’archives dont sa correspondance.

17  Voir la thèse de Markus Friedrich, Die Grenzen der Vernunft. Theologie, Philosophie und gelehrte Konflikte am Beispiel des Helmstedter Hofmanstreits und seiner Wirkungen auf das Luthertum um 1600, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2004.

18  Schrader enseignait pour le tiers de son horaire à titre privé dans sa maison, selon un usage commun dans les universités protestantes allemandes.

19  Sur son enseignement et les sources de sa reconstitution : Jean-Luc Le Cam, « Vorlesungszettel und akademische Programme. Zur Rekonstruktion des akademischen Betriebs und Lebens jenseits der Lektionskataloge : das Beispiel des Helmstedter Rhetorikprofessors Christoph Schrader (Professur 1635-1680) », dans Marian Fussel, Jan-Hendryk de Boer, Jana Madlen Schütte (dir.), Praktiken der europaïschen Gelehrtenkultur (12-17 Jahrhundert), Berlin, Dunker et Humblot, 2016, p. 189-237.

20  On s’était servi de sa brève tentation lors de son séjour en Hollande pour l’Arminianisme, une interprétation plus ouverte au libre arbitre et donc condamnée par la plupart des églises protestantes, pour attaquer son maître. Voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 196-197.

21  En français, voir Jean-Luc Le Cam, « École, université et affrontements religieux dans le Saint-Empire », dans Les affrontements religieux en Europe du début du xvie siècle au milieu du xviie siècle, Bulletin de l’Association des historiens modernistes des universités françaises, n° 32, janvier 2009, Paris, PUPS, p. 183-230, en particulier p. 204-207 ; Hubert Hettwer, Herkunft und Zusammenhang der Schulordnungen, Hase & Koehler, Mainz, 1965.

22  August der Jüngere, op. cit., fos 10-11 et 28-29.

23  Voir le tableau de ces sources dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 935.

24  Elle se compose de deux parties, d’une part d’un texte allemand regroupant des considérations générales sur la réforme scolaire, qui a été republié 20 ans plus tard pour justifier les réformes en cours, dont certains aspects avaient été contestés par le directeur du Consistoire, et attribué de façon posthume au professeur de logique Konrad Hornejus (1590-1649), Reifliches und hochvernünftiges Bedencken über das Schulwesen, Wolfenbüttel, Conrad Buno, 1657 ; d’autre part d’un plan d’étude (latin) détaillé et argumenté pour les écoles latines intitulé Ordo scholasticus, recopié par une main anonyme avant un exemplaire de l’ordonnance scolaire de 1651 (cote J 106 Helmst. 4° [18] de la Herzog August Bibliothek de Wolfenbüttel). Sur l’identification de ces documents comme les deux volets de l’expertise originelle et leur contenu, voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 318-350.

25  Gerhard Michel, Die Welt als Schule. Ratke, Comenius und die didaktische Bewegung, Hannover, Schroedel, 1978 ; Klaus Schaller, Jan Amos Comenius. Ein pädagogisches Porträt, Weinheim, Beltz, 2004. S’ils n’ont pas réussi à appliquer eux-mêmes directement leurs programmes, ils ont plus ou moins inspiré ceux qui furent chargés de mettre en place des réformes scolaires pendant et après la guerre, notamment en Saxe (Sigismond Evenius, Johann Kromayer, Andreas Reyer). Comenius dans sa Didactica Magna, a consacré tout un chapitre à démontrer la nocivité de l’étude des auteurs païens de l’Antiquité. Voir Johann Amos Comenius, Ausgewählte Werke, t. I, Klaus Schaller (éd.), Hildesheim, New York, Olms, 1973, p. 15-119, en particulier p. 95-101. C’est la raison de son intérêt pour une méthode d’apprentissage des langues fondée non pas sur l’imitation des auteurs mais sur le lien entre les choses (figurées par des images) et les mots, qui aboutit à ses deux bestsellers, la Janua linguarum reserata (1631), et l’Orbis sensualium pictus (1658).

26  Hornejus, Reifliches Bedenken, op. cit., p. 32-34.

27  Ibid., p. 19.

28  Ordo scholasticus, op. cit., p. 2.

29  Ils s’appuient ce faisant sur l’opinion de Juste Scaliger et Daniel Heinsius, humanistes de Leyde. Voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 345 et suivantes.

30  Georg Calixt, le théologien donnant le la à l’université d’Helmstedt puis ses partisans, reconnaissaient au duc l’intégralité du jus circa sacra. Voir Ernst Ludwig Theodor Henke, Georg Calixtus und seine Zeit, 2e éd., t. II, Halle, 1860, p. 193-197.

31  Vitus Dettmer, Das Konsistorium zu Wolfenbüttel. Braunschweig, Appelhans, 1922, p. 11. Horst Reller, Vorreformatorische und reformatorische Kirchenverfassung im Fürstentum Braunschweig-Wolfenbüttel, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1959, p. 134-135. Sur les conceptions de « l‘épiscopalisme » et du « territorialisme », voir Martin Heckel, « Religionsbann und Landeskirchliches Regiment », dans Hans Christoph Rublack (dir.), Die lutherische Konfessionalisierung in Deutschland, Gütersloh, Mohn, 1992, p. 130-162.

32  Martin Heckel, « Religionsbann und Landeskirchliches Regiment »…, op. cit., p. 130-162 ; Vitus Dettmer, Das Konsistorium…, op. cit., p. 47 ; Heinrich Richard Schmidt, Konfessionalisierung im 16. Jahrhundert, München, Oldenburg, 1992, p. 88-89.

33  Adolf Kocher, « Schwartzkopf, Johann », dans Allgemeine Deutsche Biographie, tome 33, 1891, p. 221-223 ; Johann Beste, Geschichte der Braunschweigischen Landeskirche, Wolfenbüttel, Zwißler, 1889, p. 252-253 ; Johannes Wallmann, « Zwischen Reformation und Humanismus. Eigenart und Wirkungen Helmstedter Theologie unter besonderer Berücksichtigung Georg Calixts », Zeitschrift für Theologie und Kirche 74, 1977, p. 346-370 ; Hans Patze (dir.), Geschichte Niedersachsens, Bd. 3, Teil 2 : Kirche und Kultur von der Reformation bis zum Beginn des 19. Jahrhunderts, Hildesheim, Lax, 1993, p. 134-139. L’exemple récent de la Glorieuse Révolution en Angleterre n’était pas pour rien dans cette défiance.

34  Nigrini [Schwartzkopf], Consilium statisticum adversus clericum evangelicum, mss, 1657.

35  Vitus Dettmer, Das Konsistorium…, op. cit., p. 39-40.

36  Avec quelques allers-retours qu’il n’est pas possible de développer ici.

37  Joachim Lutkemann, (1608-1655), fils d’un pharmacien de Poméranie, étudie à Greifswald, Strasbourg et Rostock où il devient archidiacre et professeur de métaphysique (1639/1643). Ce luthérien de l’école mystique de Arndt connut un grand succès dans les milieux du pré-piétisme, en particulier grâce à son ouvrage Der Vorgeschmack Göttlicher Güte durch Gottes Gnade (Avant-goût de la bonté divine par la grâce de Dieu), Wolfenbüttel, J. Bismarck, 1653. Protégé par la duchesse Sophie Elisabeth qui poussa son mari à l’appeler à Wolfenbüttel ; Johann Beste, Geschichte…, op. cit., p. 248-251 ; voir aussi Heinrich Lutkemann, D. Joachim Lütkemann. Sein Leben und sein Wirken, 3e éd., Braunschweig, Wollermann, 1908 ; Wilhelm Holborn, Also sprach Joachim Lütkemann, Braunschweig, chez l’auteur, 1925.

38  Johann Beste, Geschichte…, op. cit., p. 254 ; Joachim Lutkemann, Der Vorgeschmack Göttlicher Güte…, op. cit., p. 150-155. Il est difficile de dire quelles mesures ou pratiques concrètes étaient ainsi visées par ces propos sibyllins, mais nous pensons que la réquisition des monastères et la dissolution des anciennes Klosterschulen par la nouvelle ordonnance claustrale pouvaient en faire partie. Voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 405-415.

39  À la façon luthérienne.

40  Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 271-272.

41  Ibid., p. 407-410 (nous présentons le détail de la répartition de ces bénéfices).

42  Paul Zimmermann, art. cité, p. 10-11.

43  Par exemple une enquête intitulée Puncta, worauf umständlicher Bericht innerhalb 14 Tagen, nach dem Empfang, eingeschicket werden soll (non datée mais selon le contexte de juillet 1645), NLA WO 2 Alt 14960, f° 3 r°. Idem pour le Dannenberg le 15-01-1646, Niedersächsisches Hauptstaatsarchiv Hannover Celle Br. 58, Nr. 964. Et bien sûr la grande visite ecclésiastique générale des années 1650-1653, Landeskirchliches Archiv Wolfenbüttel (LKA WO) V 1927. Voir S. Oberhey, « Die General-Visitation im Herzogthume Braunschweig unmittelbar nach dem dreissigjährigen Kriege », Braunschweigisches Magazin, n° 74, 1861, 1. Stück, p. 1-5.

44  LKA WO, V 733. Voir aussi un Consistorialbuch de 1636, NLA WO 2 Alt 15960, ff. 20-44.

45  NLA WO 2 Alt 10502-10504 (Communiants), 10505-10513 (Capitation ou Kopfsteuerbeschreibung).

46  Mattheus Merian, Topographia und eigentliche Beschreibung der vornembsten Stäte, Schlösser, auch anderer Plaätze und Örter in denen Hertzogthümer Braunschweig und Lüneburg und denen dazu gehörenden Graffschafften, Herrschafften und Landen, Frankfurt am M., Merian, 1654 ; Paul Zimmermann, « Matthaeus Merians Topographie der Herzogthümer Braunschweig und Lüneburg », Jahrbuch des Geschichtsvereins für das Herzogtum Braunschweig, n° 1, 1902, p. 38-66. Sammler, Fürst, Gelehrter (op. cit.), p. 207-209.

47  Sina Rauschenbach, « Zwischen Aristoteles und Bacon. Die Begründung der akademischen Statistik an der Helmstedter Universität », dans Jens Bruning und Ulrike Gleixner (dir.) : Das Athen der Welfen : die Reformuniversität Helmstedt 1576-1810, Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, 2010, p. 198-203. L’ouvrage fondant cette discipline est celui de Veit Ludwig von Seckendorff (1626-1692), Teutscher Fürstenstaat, Frankfurt/M, Götze & Hanau, Aubry, 1656 ; voir Michael Stolleis, « Veit Ludwig von Seckendorff », dans Michael Stolleis (dir.), Staatsdenker im 17. und 18. Jahrhundert : Reichspublizistik, Politik, Naturrecht, 2e éd., Frankfurt am Main, Metzner, 1987, p. 148-171.

48  Michael Stolleis (dir.), Staatsdenker…, op. cit., p. 153 ; Heiko Lass, « Die Amts- und Landesbeschreibungen Herzog Ernsts des Frommen », dans Roswitha Jacobsen und Hans-Jörg Ruge (dir.), Ernst der Fromme (1601- 1675) : Staatsmann und Reformer, Wissenschaftliche Beiträge und Katalog zur Ausstellung, Bucha bei Jena, 2002, p. 35-52. Voir le traité du juriste, conseiller et futur chancelier de Schwarzburg-Rudolstadt, Ahasver Fritsch (1629-1701), Tractatio de Visitationibus provincialibus utiliter instituendis, Numburg & Gera, Mullerus, 1671.

49  Sur l’abondance relative et la nature des relations épistolaires entre l’inspecteur et Auguste le Jeune, voir Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 220-224. Voir p. 221, le graphique 7 récapitulant l’état de conservation de la correspondance de Schrader aux ducs Auguste et Rodolphe Auguste. Cette correspondance est en cours d’édition.

50  NLA WO 45 Alt 1. La correspondance à Auguste est pour une grosse moitié à la HAB (notamment celle qui concerne les livres) et une autre moitié dans les archives du Consistoire déposées aux archives de Wolfenbüttel (NLA WO).

51  Nous avons présenté en détail ces emplois du temps, dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 147-149.

52  Ibid., p. 516-518 (tableau).

53  Lettre du 7-08-1665, NLA WO 14 Alt Fb. 3, Nr. 35, f° 336 r°.

54  Johann Haspelmacher, abbé de Mariental et surintendant général du Dannenberg, accompagne parfois Schrader dans les inspections de son ressort.

55  Lettre du 16-08-1665, NLA WO 14 Alt Fb. 3, Nr. 35, f° 338 r°-v°.

56  Lettre du 10-04-1676, NLA WO 45 Alt 1, f° 95 r°-96 r°.

57  Voir Jean-Luc Le Cam, « Vorstellungen und Kontrolle des verwalteten Raums : das Beispiel des Schulnetzes in den aus Wolfenbüttel regierten Territorien nach dem Dreißigjährigen Krieg », dans Karin Friedrich, Patrice Veit, Gauvin Beilay (dir.), Die Erschließung des Raumes. Konstruktion, Imagination und Darstellung von Räumen und Grenzen im Barockzeitalter, Wiesbaden, Harrassowitz, 2014, vol. 2, p. 577-600.

58  On ne peut ici entrer dans ces détails. Voir ces développements dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 526-538.

59  Comme il n’y a pas de calendrier scolaire unique pour le duché, les écoles s’adaptent sans problème aux exigences de l’inspection générale.

60  Seule l’inspection de Schöningen a parfois lieu en hiver (fin février) car le chemin qui y conduit depuis Helmstedt n’est que de 11 km et passe toujours en plaine.

61  Voir le détail et les références des sources dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 521-526.

62  Voir le détail de cette distribution statistique dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome I, p. 561-563.

63  Voir l’analyse de la composition de ces commissions d’inspection et des autorités présentes dans les différentes villes dans Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 572-577.

64  Voir une étude particulière de la façon dont a été imposé le canon des manuels et lectures prescrit par l’ordonnance, Jean-Luc Le Cam, « Schulbücher zwischen Vorschrift, Angebot und Gebrauch. Das Beispiel des braunschweigischen Gelehrtenschulwesens im 17. Jahrhundert », dans Stephanie Hellekamps, Jean-Luc Le Cam, Anne Conrad (dir.), Schulbücher in der vormodernen Unterrichtpraxis, Zeitschrift für Erziehungswissenschaft, Sonderheft, 2012, p. 121-152.

65  Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 672-676.

66  Ibid., p. 639-642. Ce sont les Cantors, maîtres de musique, qui sont plus spécialement chargés de cette tâche.

67  Ibid., p. 604-616.

68  Ibid., p. 616-621.

69  Voir l’exemple de l’autobiographie du futur théologien piétiste Breithaupt, qui fut inspecté par lui à l’école de Schöningen puis fut son élève en cours privés de rhétorique ; Jean-Luc Le Cam, « Breithaupt als Schüler Christoph Schraders und des Helmstedter Späthumanismus », dans Andreas Lindner, Reimar Lindauer-Huber (dir.), Joachim Justus Breithaupt (1658-1732) – Aspekte von Leben, Wirken und Werk im Kontext, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2011, p. 79-112.

70  Sur ces deux points, Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 870-878.

71  Ibid., p. 855-869.

72  Ibid., p. 807-818.

73  Voir Jean-Luc Le Cam, « Über die undeutlichen institutionellen Grenzen der Elementarbildung. Das Beispiel des Herzogtums Braunschweig-Wolfenbüttel im 17. Jahrhundert », dans Alwin Hanschmidt, Hans-Ulrich Musolff (dir.), Elementarbildung und Berufsausbildung 1450-1750, Köln, etc., Böhlau, 2005, p. 47-72.

74  Wilhelm Kahl, Zur Geschichte der Schulaufsich, Leipzig/Berlin, Teubner, 1913, p. 50-64 ; Woldemar Bohne, Die pädagogischen Bestrebungen Ernst des Frommen von Gotha, Gotha, Thienemann, 1888.

75  Wilhelm Kahl, Zur Geschichte der Schulaufsich…, op. cit., p. 82-93 ; August Ziel, Johannes Raues Schulverbesserung, Ein Beitrag zur Geschichte der Pädagogik des 17. Jahrunderts (Programm des Königlichen Gymnasiums zu Dresden-Neustadt 1886), Dresden, 1886. Alfred Heubaum, Geschichte des deutschen Bildungswesens seit der Mitte des 17. Jahrhunderts, t. I, Berlin, Weidmann, 1905 (reprint Aalen, 1973), p. 53-55.

76  Nous avons décrit plus en détail cette évolution, Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire…, op. cit., tome 1, p. 492-504.

77  Gustav Moritz Redslob, « Johann Christoph Harenberg », Allgemeinde Deutsche Biographie, tome 10, p. 598. Theodor Muller, « Johann Christoph Harenbergs Tätigkeit als braunschweigischer Generalschulinspector 1736-1756 », Braunschweigische Jahrbuch, n° 40, 1959, p. 88-116.

78  Eugen Stech, Das Braunschweigische Schuldirektorium. Ein Beitrag zur Geschichte der Schulaufsicht, Langensalza, 1909 ; Ulrich Herrmann, « Modell der Schulreform : Das Braunschweigische Schuldirektorium 1786-1790 », Braunschweigisches Jahrbuch, n° 52, 1971, p. 163-181 ; Ulrich Herrmann, « Der Streit zwischen Schule und Kirche im ausgehenden 18. Jahrhundert als Säkularisationsprozeß (J. H. Campes Wolfenbütteler Fragmente von 1786) », Braunschweigisches Jahrbuch, n° 62, 1981, p. 113-136 ; Hanno Schmitt, Schulreform im aufgeklärten Absolutismus. Leistungen, Widersprüche und Grenzen philantropischer Reformpraxis im Herzogtum Braunschweig-Wolfenbüttel 1785-1790, Weinheim, Basel, 1979.

79  Stadtarchiv Helmstedt B VI, 9c – 6, cahier, incomplet, où le recteur Hummel consignait tous les droits et usages des personnels de l’école.

80  Si on le prend au sens strict, cela veut dire qu’il écrit ce texte en 1698. Si on comprend : 38 ans qu’il a été à la tête de l’école comme recteur, cela nous situe en 1706. En tout cas, il écrit à un moment où la charge d’inspecteur général est vacante, avant la nomination de Johann Fabricius en 1709.

81  Johann Rittmeier, gendre de Christoph Schrader, fut archidiacre de Saint-Stephani de 1697 à 1698 et prieur de Marienberg à la mort de son beau-père en 1680. Hummel lui donne le titre qu’il a porté à la fin de sa vie mais fait référence aussi à la période précédant cette promotion.

82  Hummel emploie cette expression pour désigner indifféremment l’inspecteur général ou le surintendant, qui est chargé en son absence de mener l’examen.

83  La classe de seconde est réunie à la première dans une même salle. L’examen écrit concerne les trois plus grandes classes.

84  Niedersächisches Landesarchiv Wolfenbüttel, 14 Alt Fb. 3, Nr. 35, f° 1 r°-4 v°.

85  Manuel de théologie : Leonhard Hutter, Compendium locorum theologicorum, ex scripturis sacris et libro Concordiae, nombreuses éditions.

86  C’est-à-dire de la latine et la grecque.

87  Voir note antérieure. Cela n’a rien à voir avec l’emploi simultané de deux grammaires latines évoqué ensuite.

88  Vraisemblablement des rebuts d’instruments et de bocaux de la pharmacie.

89  Cette séance a lieu au retour de Schrader de sa tournée dans le duché. Dans d’autres écoles, elle clôt immédiatement l’inspection. Les réponses suivent les numéros du mémoire auxquelles elles se rapportent.

Table des illustrations

Titre Graphique 1. – La répartition dans l’année des inspections (sur lesquelles on a conservé un rapport).
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Auteur

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, est agrégé d’histoire, docteur en histoire moderne de l’université Paris IV-Sorbonne, membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il est maître de conférences d’histoire moderne à l’université de Bretagne occidentale (Brest) et membre du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBS, EA 4451). Spécialisé dans l’histoire culturelle, de l’éducation, des écoles et universités, en particulier de l’Allemagne moderne, il est membre du bureau de l’Arbeitskreis für die Vormoderne in der Erziehungsgeschichte (groupe de recherche allemand sur l’histoire de l’éducation avant les Lumières), du comité de rédaction de la revue Histoire de l’éducation. Il est l’auteur de très nombreux articles et contributions à des ouvrages dont : Jean-Luc Le Cam, La politique scolaire d’Auguste le Jeune de Brunswick-Wolfenbüttel et l’inspecteur Christoph Schrader (1635-1680), Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1996, 2 volumes, 1061 p ; Jean-Luc Le Cam, « L’histoire de l’éducation : discipline de recherche historique ou science auxiliaire de l’action pédagogique. Les leçons d’une comparaison franco-allemande », Histoire de l’éducation, n° 137, janvieravril 2013, p. 93-123.

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