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Gens de mer

 | 
Gérard Le Bouëdec
, 
Guerber Éric

Troisième partie. L'accession des marins et des marchands aux fonctions de gouvernement à l'époque médiévale

Commerce maritime et échevinage rochelais à la fin du Moyen Âge

Mathias Tranchant

Texte intégral

1La naissance de La Rochelle, inscrite dans le vaste mouvement des créations urbaines du XIIe siècle, relève d’une double ambition, politique d’abord, économique ensuite. Elle fut initiée à l’issue de l’écrasement, par le duc d’Aquitaine en 1130-1131, de son turbulent vassal, le seigneur de Châtelaillon, alors détenteur de la place forte majeure du littoral d’entre Sèvre et Charente. Le prince, décidé à ériger un centre urbain et portuaire susceptible de lui offrir à la fois un appui solide face à l’agitation féodale et les nouveaux dividendes d’un commerce maritime en plein essor, initia, en un lieu qui n’était jusque-là qu’un simple village de pêcheurs, une véritable entreprise de peuplement. Poursuivie et amplifiée par les Plantagenêts, qui à partir de 1152 firent entrer l’Aquitaine dans leur giron, cette stratégie aboutit, une quarantaine d’années plus tard, en 1175, à la création de la première commune du Centre-Ouest. Toutefois, des préoccupations économiques, celles de la population neuve qui avait migré vers ce nouveau foyer pour y faire fortune, s’imposèrent bientôt sur les motivations politiques originelles. Les Rochelais saisirent l’occasion du grand essor des marchés du sel et surtout du vin pour orienter la presque totalité des productions aunisiennes vers ces denrées commerciales et lucratives. Si bien que rapidement, l’existence et le développement de La Rochelle reposèrent sur un pari ambitieux : concentrer l’essentiel des moyens humains et financiers des bourgeois dans la filière viticole, quitte à dépendre de l’extérieur pour combler les carences céréalières. Ces motivations marchandes ont eu un impact considérable sur tous les secteurs d’activité de la ville. En particulier, elles ont donné un caractère très particulier à l’organisation municipale de La Rochelle.

  • 1 Je m’appuierai pour cela sur des conclusions déjà publiées dans Tranchant M., Le commerce maritime (...)

2Au regard des multiples bienveillances et privilèges qu’obtinrent ses bourgeois au cours des XIVe et XVe siècles, il apparaît clairement que La Rochelle occupa une place singulière dans le paysage urbain de la France médiévale. Ainsi, peu de communes semblent avoir été si complètement mobilisées par la préservation des intérêts économiques de leurs bourgeois. Les Rochelais ont très tôt saisi les avantages qu’ils pouvaient tirer de leur institution communale : à l’image des associations de marchands, et en particulier des guildes des villes du Nord de l’Europe, elle offrait le moyen de limiter l’insécurité inhérente aux compétitions commerciales. Dans cette perspective, l’échevinage fut chargé d’entreprendre une politique globale dont les grandes lignes furent dessinées au cours du XIIIe siècle puis précisées et développées pendant la fin du Moyen Âge. Son action était d’abord offensive. La ville devait être capable d’attirer et de fidéliser le client en lui procurant des conditions de négoce avantageuses : assurance d’y trouver de bons produits au meilleur prix et en abondance, protection des marchands étrangers et de leurs biens, qualité des moyens portuaires et urbains, avantages fiscaux. Quant aux négociants rochelais eux-mêmes, le dynamisme de leurs trafics tenait pour beaucoup à l’obtention de privilèges commerciaux auprès des monarques français et des autres puissances. Mais la politique échevinale était par ailleurs fondamentalement défensive, c’est-à-dire protectionniste. Entre Loire et Gironde, la sauvegarde des productions et des échanges rochelais passait par la capacité de l’institution urbaine à contrôler les régions voisines, à profiter de leurs ressources et de leur demande tout en contenant leur potentielle concurrence. Le corps de ville – expression si opportune s’agissant de La Rochelle – s’y employa sans relâche, à tel point que l’entreprise collective paraît dépasser les initiatives individuelles. La politique commerciale rochelaise, défendue bec et ongle par la commune, constitue le contexte de cette étude. Travaillant sur les annales de la ville ainsi que sur les quelques registres de notaires conservés, je me propose d’étudier les décisions, les activités et les intérêts des élites échevinales afin de mettre en évidence l’originalité que l’économie maritime conféra à la « gouvernance » urbaine de La Rochelle1.

Nature de la commune rochelaise : une association de marchands

  • 2 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 243, 255.
  • 3 Favreau R., « Commune et gens du roi à La Rochelle (début XIIIe-début XVe siècle) », dans Coulet N (...)
  • 4 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 265, 267, 271, 411-412. Favreau R., « Commune et gens du ro (...)

3Les bourgeois de La Rochelle firent preuve d’un esprit de corps remarquable à la fin du Moyen Âge. Leur attitude contraste avec les querelles intestines qui ébranlèrent si souvent les élites urbaines de l’époque2. Cette situation tenait pour partie à la qualité de leurs statuts communaux. Accordés dès 1175 par Henri II, et par la suite perfectionnés, ils garantissaient une forte cohésion à leur assemblée représentative. Ainsi qu’il était prévu dans les établissements de Rouen, auxquels ceux de La Rochelle servirent vraisemblablement de modèle, le corps de ville se composait de cent jurés. À sa tête, le maire, renommé chaque année, exerçait personnellement la plus grande partie des pouvoirs dévolus à la commune, et était assisté pour cela du conseil de l’échevinage. S’y tenaient douze conseillers et douze échevins chargés de l’épauler dans l’accomplissement de ses tâches. Enfin, soixante-quinze pairs siégeaient à leurs côtés aux assemblées plénières réunies tous les quinze jours pour délibérer des affaires courantes3. Élus à vie selon des principes de cooptation familiale4, les membres du corps de ville constituaient une oligarchie de privilégiés dont les intérêts ne semblent néanmoins pas s’être, comme souvent ailleurs, éloignés des préoccupations du reste de la bourgeoisie.

  • 5 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 379-380, 445, 703.
  • 6 Ibidem, p. 435. Cette décision fut confirmée par l’échevinage en 1401.
  • 7 Ibidem, p. 355-356, 551, 670, 739.

4Ils paraissent avoir été, en effet, très attentifs à la représentativité des différentes instances urbaines. Au moyen d’amendements apportés aux premiers statuts communaux, ils prirent soin d’assurer la présence des principales composantes socioéconomiques de la ville dans les assemblées et organes de gouvernement. Par décision du 31 mars 1382, on établit selon leur qualité une égale répartition entre les membres du conseil des vingt-quatre : huit bourgeois, huit marchands et huit clercs (c’est-à-dire des juristes). Cette composition fut étendue à l’ensemble des pairs en 1401-1402 et réaffirmée en 14875. Remarquons, en définitive, qu’elle interdisait aux membres du monde seigneurial et ecclésiastique l’accès au collège des cents. Cela d’autant plus qu’en 1399, le maire Jehan Cheillon décida que dès lors aucun prêtre ni religieux ne pourrait prétendre à la qualité de bourgeois6. Quant à l’aristocratie, elle n’était représentée dans l’assemblée communale que par la noblesse de cloche. Depuis l’octroi de Charles V du 8 janvier 1373, les maires, échevins et conseillers rochelais étaient en effet systématiquement anoblis. Ils jouissaient donc des droits et privilèges inhérents à cet ordre, disposaient notamment de la capacité de tenir des fiefs et des seigneuries, tout en conservant leur privilège d’exemption du devoir de ban et d’arrière-ban et en pratique leur droit de commercer7. Cette noblesse « roturière », la seule qui semble avoir pu cumuler activités commerciales et qualité nobiliaire – des notions théoriquement inconciliables – était donc la seule capable d’intégrer un des trois groupes composant le corps de ville.

5Au final, les Rochelais se préservaient ainsi des influences conservatrices des sphères aristocratiques et cléricales, si peu compatibles avec l’esprit d’entreprise de la bourgeoisie, ainsi que d’intérêts seigneuriaux divergents, habituellement porteurs de vifs conflits au sein des gouvernements urbains. Le producteur, le marchand et le notaire, voilà les trois piliers de l’édifice communal ; ils l’étaient aussi de l’activité marchande. Aussi existait-il une intime relation entre les capacités commerciales de La Rochelle et son institution communale.

Commune et privilèges rochelais

6En toutes circonstances, les autorités rochelaises s’employèrent à défendre leurs privilèges et, si possible, à obtenir l’élargissement de leurs droits. Il n’est pas question ici de reprendre point par point les actions échevinales. Chaque année ou presque des XIVe et XVe siècles fut l’occasion d’une confirmation d’octroi ou d’une nouvelle décision en faveur des intérêts des Rochelais ou de leurs partenaires. Plus globalement, remarquons que l’échevinage veilla sans relâche au respect de ses prérogatives et de sa juridiction. Les attaques des agents seigneuriaux et royaux se multiplièrent en effet au cours de la fin du Moyen Âge, cela d’autant plus que la commune accumulait les concessions en sa faveur au détriment des officiers locaux. Parfois, les conflits ne portaient que sur certains points particuliers. Entre 1307 et 1405, il s’agissait de défendre contre l’évêque de Saintes l’exemption des dîmes ecclésiastiques accordées aux habitants de la banlieue par Philippe IV.

  • 8 BnF, ms. fr. 18 970, fol. 131-134 vo.
  • 9 BnF, ms. fr. 16 906, fol. 118-139 vo (1408) ; ms. fr. 18 970, fol. 45-59 (1460). Archives départem (...)
  • 10 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 23, 624, 681.

7À d’autres reprises, ce sont les droits de justice du maire qui étaient contestés ou certaines concessions fiscales8. Mais le plus souvent, les foudres administratives frappaient dans son ensemble la juridiction communale, dont les compétences ne manquaient pas d’être contestées. La liste des enquêtes, des plaintes et des règlements s’allongea, depuis 1398 jusqu’en 1499, donnant, pour l’essentiel, raison aux Rochelais9. La pression était telle qu’en dépit des multiples précautions prises par l’échevinage pour assurer la conservation de ses privilèges – depuis 1209, des membres du corps de ville étaient chargés de la garde des coffres dans lesquels étaient conservées les archives communales – il dut faire procéder en 1462, 1467 et 1478 à leur vérification par la Chambre des Comptes à Paris. Cette dernière année, le maire, maître Pierre Pierre, en profita pour commander leur rédaction en deux exemplaires, sur de beaux livres de parchemin, l’un déposé au trésor de la ville dans la tour de Moureilles, l’autre placé sous la responsabilité du maire10.

  • 11 Ibidem, p. 181, 450.

8L’échevinage procurait aussi à ses bourgeois, à l’image de toute association de marchands, une mutualisation des risques commerciaux dont on a dit le poids qu’ils faisaient peser sur les marchés à la fin du Moyen Âge. Ainsi, à partir 1294, il décida d’assurer sur ses propres deniers un répit aux Rochelais endettés. En particulier, un fonds de 200 livres tournois par an était réservé aux membres du corps de ville, afin de leur venir en aide lorsqu’ils se trouvaient incapables d’honorer leurs créanciers. En 1407, la mesure fut renouvelée, précisée et même augmentée. Cette garantie ne s’appliquait pas, bien entendu, aux banqueroutes causées par les jeux de dés, la vie luxueuse ou des dépenses excessives. Par contre, l’assistance apportée aux pairs en cas de faillite s’étendit aux pertes causées par fortune de mer11. Est-ce pour cela que les contrats de parsonnerie ou d’assurance maritime n’apparaissent que peu ou très tardivement à La Rochelle ? Sans en être la seule raison, ce facteur a pu y contribuer. Au final, investie de responsabilités fondamentales à tous les niveaux des activités marchandes, l’institution urbaine remplissait un rôle essentiel de protectrice des intérêts rochelais. Sur ces questions, comme en matière fiscale, elle se comportait si l’on peut dire en « commune providence ».

Fiscalité et politique commerciale rochelaise

9Les communautés marchandes des ports du Ponant se livraient une vive concurrence, notamment dans les secteurs du vin et du sel. Le poids des taxes sur les échanges déterminait alors pour une bonne part leur niveau de compétitivité. C’est pourquoi l’échevinage rochelais plaçait cette question au centre de sa politique économique. Il fut attentif à l’entretien des privilèges fiscaux des bourgeois et des forains étrangers, tout en cherchant à modérer les devoirs appliqués au trafic des marchandises.

  • 12 Ibidem, p. 3, 13, 53, 57, 75, 245, 328, 463, 471, 555, 588, 589, 699. BnF, ms. fr. 16 906, fol. 1 (...)
  • 13 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 595.
  • 14 Tranchant M., Le commerce maritime…, op. cit., p. 195-197.
  • 15 Barbot A., Histoire de La Rochelle, op. cit., p. 389.

10L’augmentation générale en France de la pression fiscale indirecte semble n’avoir affecté que de façon marginale le régime d’exemption rochelais. Le 24 août 1200, renouvelant sans doute un privilège Plantagenêt, Philippe Auguste décréta que les bourgeois de La Rochelle étaient totalement déchargés des impôts indirects pesant sur le commerce, dans leur ville et dans l’ensemble du royaume. Jusqu’à la fin du XVe siècle, cette immunité fut confirmée au moins à quatorze reprises12. Selon une ratification de leurs franchises de novembre 1461, ils étaient également libérés de l’essentiel des taxes portuaires et urbaines portant sur la circulation des marchandises13. Il faut cependant relativiser la portée de cette concession. Elle ne touchait pas la totalité du spectre fiscal dévolu à la prévôté. Il semble ainsi que les coustumes anciennes résistèrent assez longtemps au régime d’exemption des Rochelais, jusqu’à ce que Charles VII déchargeât définitivement les bourgeois des deux deniers obole appliqués sur le vin entrant dans la ville14. Par ailleurs, elle ne s’appliquait pas de façon systématique aux traites ni aux aides nouvellement instituées. Dans le même temps, chaque innovation fiscale fut l’occasion de pressions échevinales à l’égard du pouvoir afin que les habitants de La Rochelle, voire de la banlieue, en soient exonérés. Nous sommes incapables toutefois de connaître toutes les concessions royales, car comme l’indiquait la confirmation des privilèges adressée par Charles de France, les franchises accordées étaient « escriptes ou non15 ». Les Rochelais, nantis d’une immunité fiscale très étendue, se trouvaient en position de force à l’égard de la concurrence, tant sur les marchés français que sur les places internationales.

  • 16 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 403, 591, 592.

11Les marchands forains n’étaient pas en reste. La santé commerciale de La Rochelle reposait aussi sur le dynamisme de leurs activités dans la ville, dynamisme que des avantages fiscaux étaient susceptibles d’entretenir ou d’accentuer. Chaque nation bénéficiait de privilèges propres selon les accords passés entre son prince et le roi de France. En plus des protections accordées aux étrangers et à leurs biens, furent établies quelques dispenses générales d’impôts. Elles tendaient pour l’essentiel à favoriser les importations de denrées et d’articles peu ou pas disponibles dans le Centre-Ouest. Par lettres patentes du 6 octobre 1390, Charles VI accorda à tous les marchands venant de l’extérieur du royaume exemption de toute imposition sur la première vente de leurs marchandises à La Rochelle. On en trouve par la suite confirmation en 1461. Cette même année, il fut aussi rappelé que les négociants amenant des céréales dans la ville, par mer ou par terre, étaient déchargés du paiement des douze deniers pour livre. Et pour favoriser les exportations des productions rochelaises, les vins produits à l’intérieur du gouvernement de La Rochelle n’étaient pas soumis à la taxe d’un écu par tonneau qui frappait habituellement les crus exportés hors du royaume par des marchands étrangers16.

Carrières individuelles et intérêts communs

  • 17 Ibidem, p. 109, 141, 191, 259, 280, 349, 410.

12Afin d’assurer, en toutes circonstances, la défense des intérêts de sa communauté, l’échevinage prenait à sa charge l’ensemble des frais inhérents aux actions de ses émissaires. En 1258, 1274, 1299, 1340 et 1399, plusieurs décisions visèrent ainsi à fournir aux maire, échevin, conseiller ou pair envoyés en mission pour le « négoce de la ville » des chevaux pour eux-mêmes et leur suite. Le premier magistrat disposait même depuis 1370 de 125 livres par an pour subvenir à ses frais de déplacement. Quant aux membres du collège qui refuseraient d’accomplir leur députation, comme ce fut le cas en 1331 lorsque la ville envoya ses représentants plaider la cause de sire Jean Poussard dont les vins avaient été défoncés, ils étaient soumis à l’amende dissuasive de 200 livres17.

  • 18 Jean Mérichon fut maire en 1419 et 1426. Il est signalé en tant que receveur de Saintonge et de La (...)
  • 19 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 466, 631.
  • 20 Jean Doriole fut coélu en 1403, 1413 et 1419. Il exerça la mairie en 1409, en 1413 après que Renaul (...)
  • 21 Jean Bérard fut maire en 1461.
  • 22 Mathieu Boutin fut maire en 1420. Il était bourgeois et échevin de La Rochelle. Son nom apparaît d (...)
  • 23 Jean Bureau fut coélu en 1434 et maire en 1448. Cette dernière année, il était également conseille (...)
  • 24 Jean Champdenier fut maire en 1438. Dans un acte du 3 mars 1431, il est dit bourgeois et pair de L (...)
  • 25 Laurent Desnorp fut maire en 1439.
    Jean Desnorp fut maire en 1459. Il est alors licencié en lois, s (...)
  • 26 Renault Girard fut maire en 1407 et 1413 et coélu en 1435. Il fut emprisonné par les Anglais à deux (...)
  • 27 Jean Langlois fut maire en 1470. En 1425, le 23 mai, il est fait mention d’un certain sire Jean La (...)
  • 28 Jean Le Bourcier fut coélu en 1418, et maire en 1423, 1428 et 1450. Le 22 décembre 1423, dans un d (...)

13Au sein du collège des cents, certaines personnalités exceptionnelles, celles qui avaient accédé à de hautes charges de l’administration royale, étaient susceptibles d’augmenter l’audience de la ville auprès du souverain. On faisait donc autant que possible appel à leurs services pour appuyer la cause rochelaise. André Marchand, juriste et échevin, était aussi au début du XVe siècle conseiller du roi au Parlement et prévôt de Paris. Pour cette raison, en 1413, l’échevinage considéra exceptionnellement qu’il ne pouvait être soumis aux règles strictes de résidence. Il ajouta dans ses délibérations que « par le moyen desdictz offices […] il a peu et pourra tousjours faire plaisir et service à ladicte ville et commune d’icelle autant et plus que s’il faisoyt sa residance en ladicte ville ». Durant le XVe siècle, les Mérichon, qui sur trois générations se succédèrent de père en fils à la tête de la mairie, occupèrent eux aussi des postes administratifs dont l’influence était susceptible de servir les affaires rochelaises. Tous les trois furent nommés à un moment de leur carrière gouverneur de la ville. Et ils obtinrent également tout ou partie des charges de sénéchal de l’île de Ré, de bailli du Grand Fief d’Aunis, de receveur général des aides en Saintonge et Aunis, de conseiller, de maître de la Chambre des Comptes et surtout de chambellan du roi18. Les Annales rochelaises relatent qu’en 1468, envoyé en ambassade auprès du souverain à Tours pour plaider les intérêts de la ville, Jean Mérichon y « besougna grandement19 ». Les Doriole présentent des carrières similaires, avec dans le cas de Pierre l’obtention en juin 1472 de la prestigieuse charge de chancelier de France20. En tout, plus d’une trentaine de familles rochelaises comme celle des Bérard21, des Boutin22, des Bureau23, des Champdenier24, des Desnorp25, des Girard26, des Langlois27 ou des Le Bourcier28 eurent elles aussi à jouer un rôle au sein de l’administration royale au cours du XVe siècle. Investis au niveau local ou auprès du roi de missions tant diplomatiques, qu’économiques ou judiciaires, leurs membres eurent par la même occasion la possibilité de faire entendre la voix et les intérêts de leur ville. Les ascensions individuelles, si brillantes furent-elles, relevaient pour partie des moyens et de la protection garantis par l’institution communale. En retour, il était naturel qu’elles servent la réussite de la cause collective.

Institution communale et intérêts marchands

14Les échanges commerciaux transitant par La Rochelle, par sa banlieue et au sein des provinces d’Aunis et de Saintonge, généraient d’importants revenus fiscaux dont une partie substantielle alimentait les caisses de la ville. Mais que devenait le produit de ces droits portuaires et urbains ? Cette question du rendement et de l’évasion de l’impôt occupa l’échevinage durant toute la fin du Moyen Âge. Afin de réduire les abus, les détournements et les fraudes, il prit de nombreuses mesures à l’endroit des officiers communaux, et tout spécialement des trésoriers. Je relève dans les annales de La Rochelle, au cours des XIVe et XVe siècles, une soixantaine de décisions échevinales dont l’objet était de clarifier la rémunération des agents, de préciser les devoirs et les limites de leurs fonctions, de spécifier les règles d’exercice de leurs charges. Ces dispositions visaient clairement à protéger les deniers communs de la ville.

  • 29 Archives départementales de Loire-Atlantique, E 19 (2 Mi 785 R5), no 10.
  • 30 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 327, 328, 407, 437, 487, 491, 592, 629-630, 684. Barbot, Hi (...)
  • 31 Barbot, Histoire de La Rochelle, op. cit., p. 286-287. Par ailleurs, lorsque la commune envisageai (...)
  • 32 BnF, ms. fr. 18 970, fol. 48 vo à 49 vo.
  • 33 Ibidem, fol. 131 vo-132.
  • 34 BnF, Coll. Clair. 963, no 19.

15Néanmoins, la fiscalité communale resta considérée par une partie des élites urbaines comme une source de profits individuels. Une portion des recettes, dont nous ne pouvons évaluer l’étendue, finissait directement dans les bourses de dirigeants qui avaient fini par se croire protégés par une totale impunité. À la fin du XVe siècle, les accusations de l’administration royale étaient claires à ce sujet : « sont dix-huit ou vingt qui prennent et desrobbent tous les deniers communs de ladite ville ; et nulle reparacion n’y est faicte comme l’en pourra veoir a l’ueil29 ». Serait-ce là une des motivations qui conduisirent le corps de ville, par des démarches répétées, à obtenir d’une part l’intégration des traites et des aides à son domaine et d’autre part la soustraction de ses comptes du contrôle des receveurs royaux30 ? Afin de lutter contre les fraudes, Charles VII fit interdire en 1422 aux maire, échevins et pairs rochelais, de « mettre sus aulcunes aides, tailles et imposts ainsi que de prendre à prix aulcune fermes de ladite ville, ny estre compagnons ou parsonniers pour ycelles31 ». Il ne fut pas longtemps écouté. Le 3 septembre 1444, il dut les condamner à payer 2 500 francs, en sanction de plusieurs taxes qu’ils avaient sans son accord créées ou usurpées32. En juin 1478, Louis XI prononçait une autre sentence contre les Rochelais qui en dit long sur le comportement de ces derniers à l’égard des finances communales. Ils reconnurent non seulement avoir commis des exactions lors « des distributions des deniers de ladite ville », mais aussi avoir « levé plusieurs deniers par lectres par nous [le roi] a eulx octroyees qu’on pourroit dire n’avoir esté deuement expediees par notre chambre des compte ou autrement33 ». Rompus aux techniques de « l’abus de biens sociaux » comme de « l’écriture et usage de faux », certains membres de l’échevinage avaient estimé qu’il était plus fructueux et moins dangereux de s’adonner au détournement de l’argent issu de la fiscalité sur l’activité maritime qu’à un commerce toujours risqué et évidemment moins rentable. Pourquoi d’ailleurs s’en priver ? La sentence fut collective et la condamnation à 3 000 livres de dédommagement n’était pas de taille à les dissuader. Au XVIe siècle encore, un enquêteur dénonçait « les allienacions faictes par lesd. maire et eschevins de leur commaine et revenu, venduz et allienez puys quarante ans en ca sans cause ». Malgré 6 000 livres disponibles chaque année pour entretenir et fortifier la ville, rien n’était fait, car « les deniers ne sont employez comme ilz doibvent34 ».

Conclusion

  • 35 Tranchant Mathias, « La “culture” du risque chez les populations usagères des mers et littoraux du (...)

16La place centrale que tenait le commerce maritime dans les activités de La Rochelle et de son hinterland détermina en grande partie l’organisation et la politique de l’institution municipale. Ville neuve, son salut ne pouvait pas reposer sur la dynamique des cités anciennes, qui cumulaient les fonctions de centres administratifs, religieux et culturels. Aussi, c’est le commerce tout entier, et de surcroît celui du vin – par nature accessoire, aléatoire et aventureux – qui disposait de son existence. Plus que tout autre ville portuaire d’Europe atlantique, La Rochelle s’érigea durant la fin du Moyen Âge en véritable association de marchands. Son histoire apparaît comme une aventure résolument collective, parce que les fondements de la réussite rochelaise procédaient d’abord de résolutions économiques collégiales plutôt qu’individuelles. Il est vrai que, par nature, les annales et recueils de privilèges, sur lesquels sont en grande partie établies les conclusions de cette étude, tendent à gommer les intérêts particuliers. Mais est-ce vraiment un hasard si ce type de sources échappa davantage que les autres aux destructions ? L’esprit de corps y est affirmé avec force. Une culture marchande rochelaise, indissociable d’une culture politique, nécessaires au profit de chacun, y supplantent les simples considérations sur les profits de l’individu. Il me paraît indéniable que les dirigeants rochelais eurent conscience des nécessités d’une stratégie globale, même si sa mise en œuvre fut entreprise par vagues de générations successives, au coup par coup et au gré des circonstances. Nous l’avons souligné, l’oligarchie rochelaise, malgré l’accumulation de privilèges propres, ne se détourna pas des intérêts du reste de la bourgeoisie. S’appuyant sur les statuts communaux et le pouvoir de délibération, elle fit prendre à l’institution municipale la forme d’un groupement mutualiste. La recherche de sécurité, d’équilibre et de stabilité, sans lesquels le commerce maritime international n’aurait pu se déployer, eut donc une répercussion majeure sur son organisation politique et sociale35.

Notes

1 Je m’appuierai pour cela sur des conclusions déjà publiées dans Tranchant M., Le commerce maritime de La Rochelle à la fin du Moyen Âge, Rennes, PUR, 2003.

2 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 243, 255.

3 Favreau R., « Commune et gens du roi à La Rochelle (début XIIIe-début XVe siècle) », dans Coulet N. et Guyotjeannin O. (éd.), La ville au Moyen Âge, Paris, Éditions du CTHS, 1998, p. 108, 113-119.

4 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 265, 267, 271, 411-412. Favreau R., « Commune et gens du roi… », p. 118.

5 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 379-380, 445, 703.

6 Ibidem, p. 435. Cette décision fut confirmée par l’échevinage en 1401.

7 Ibidem, p. 355-356, 551, 670, 739.

8 BnF, ms. fr. 18 970, fol. 131-134 vo.

9 BnF, ms. fr. 16 906, fol. 118-139 vo (1408) ; ms. fr. 18 970, fol. 45-59 (1460). Archives départementales de Loire-Atlantique, E 19, no 10 (1499). Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 419 (1397), 445-446 (1406), 455 (1408), 487 (1422), 585-602 (1461), 715 (1491), 742 (1499). Favreau R., « Commune et gens du roi… », p. 123-126.

10 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 23, 624, 681.

11 Ibidem, p. 181, 450.

12 Ibidem, p. 3, 13, 53, 57, 75, 245, 328, 463, 471, 555, 588, 589, 699. BnF, ms. fr. 16 906, fol. 1 vo. Barbot A., Histoire de La Rochelle, Paris/Saintes, éd. Denys-d’Aussy, 1886, p. 210, 231, 389. Les confirmations eurent lieu en 1200, 1205, 1225, 1227, 1241, 1324, 1360, 1372, 1380, 1412, 1416, 1455, 1461, 1485.

13 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 595.

14 Tranchant M., Le commerce maritime…, op. cit., p. 195-197.

15 Barbot A., Histoire de La Rochelle, op. cit., p. 389.

16 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 403, 591, 592.

17 Ibidem, p. 109, 141, 191, 259, 280, 349, 410.

18 Jean Mérichon fut maire en 1419 et 1426. Il est signalé en tant que receveur de Saintonge et de La Rochelle, entre 1411 et 1415 :
– 1411 : 17 avril (AHSA, t. 26, 1897, p. 319) ; décembre (BnF, ms. fr. 32 511, fol. 5).
– 1412 : 3 et 10 février, 9 mars (Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis (AHSA), t. 26, 1897, p. 334, 337, 338) ; septembre (BnF, ms. fr. 32 511, fol. 6).
– 1413 : septembre (ibidem,fol. 11).
– 1414 : septembre (ibidem,fol. 15).
– 1415 : septembre (ibidem, fol. 19). Il est remplacé au cours de cette année.
Dans une quittance rédigée le 30 novembre 1440, Jean Mérichon se présente comme conseiller et maître des comptes du roi et commissaire « a mectre sus et imposer es pais de Xainctonge, ville et gouvernement de La Rochelle » (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], no 5).
Dans un acte de mars 1474, il est précisé que dès 1448, feu maître Jean Mérichon, conseiller et maître des comptes, bourgeois et échevin de La Rochelle, fonda en l’église Saint Barthélemi, dont il était paroissien, une palette de quatre clergeons et un maître. Il a également fait bâtir une chapelle Sainte-Madeleine. Après sa mort, son fils Jean Mérichon, conseiller et chambellan du roi, seigneur d’Uré et gouverneur de La Rochelle, augmenta la dotation (AN, JJ 195, no 1395, fol. 104).
Un document de juillet 1455 évoque la venue, vers la Toussaint, à la requête de Jean Mérichon le jeune, de Pierre Besly, afin qu’il demeure et serve dans l’hôtel de feu maître Jean Mérichon, père du précédent. Il est décédé il y a quelque temps, entre la Toussaint 1454 et juillet 1455 (AN, JJ 191, no 117, fol. 62).
Jean Mérichon le jeune fut coélu en 1441 et maire en 1443, 1457, 1460, 1463 et 1468. Un document du 19 juillet 1437 le signale conseiller du roi, bourgeois et échevin (Archives départementales Vienne, 3H1/825). Le 6 janvier 1451 et le 14 novembre 1468, il apparaît en tant qu’élu en Saintonge et gouvernement de La Rochelle sur le fait des aides (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], doss. 44 476, no 9 ; ms. fr. 26 091, no 756). Il est dit conseiller du roi et lieutenant général du gouverneur de La Rochelle dans des pièces du 28 juin et du 29 octobre 1459 (Archives départementales Vienne, 3H1/943 et 946), du 24 février 1462 (AN, P 554, no 119), du 19 avril 1464 (Archives départementales Vienne, 3H1/943) et du 19 mai 1466 (BnF, PO 1849 [ms. fr. 28 333], doss. 42690, no 33). Dans trois quittances rédigées le 20 mai 1469, le 5 mai et le 15 juillet 1471, il se présente comme seigneur d’Uré et de Lagort, bailli du Grand Fief d’Aunis et procureur des chanoines de l’église Saint-Jacques-de-Compostelle (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28417], nos 15, 17, 18). Il se dit de surcroit seigneur du Breuil-Bertin et d’Auzance à partir de 1472 (ibidem, no 20), et il occupait encore la charge de bailli en 1480 (ibidem, no 38). Le 5 mai 1471 et le 4 janvier 1472, il apparaît comme président des comptes du duc de Guyenne (ibidem, nos 17, 19). Puis dans une quittance du 14 juillet 1472, il est dit conseiller et chambellan du roi, gouverneur et capitaine de La Rochelle (ibidem, no 20). L’on retrouve la qualification de conseiller et chambellan du roi jusqu’en 1486 (ibidem, no 50). Quant à celle de gouverneur de La Rochelle et capitaine de la ville, elle figure dans des documents du 17 octobre et du 26 décembre 1472 (AN, P 5542, no 304 ; BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], no 23), du 29 juin 1473, du 3 février et du 4 mai 1474 (BnF, PO 1933 (ms. fr. 28 417), nos 25, 28, 30), du 1er octobre 1477 (Archives départementales Charente-Maritime, 1J161/30, fol. 31), du 14 janvier et du 1er août 1478 (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], no 33 ; ms. fr. 26091, no 717), du 12 novembre 1479 (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], no 37) et du 15 septembre 1480 (ibidem, no 39). Selon une quittance du 23 mai 1484, il n’occupait alors plus la charge de gouverneur et capitaine de La Rochelle (ibidem, no 43). Dans deux documents du 3 février et du 4 mai 1474 (ibidem, nos 28, 30), et encore en 1478 (BnF, Clairambault 963, no 12), il est aussi qualifié de sénéchal de l’île de Ré. Des aveux du 15 janvier 1478, du 10 et du 18 décembre 1483, le présentent comme écuyer, seigneur d’Uré, du Breuil-Bertin, de Lagord, d’Auzance, de la Caillière (en Poitou) et de Lanneré (en Aunis) (AN, P 5522, nos 200, 225, 226). Il acheta cette dernière terre le 1er octobre 1477 à Guyot Villiers pour la somme de 623 l. 15 s (Archives départementales Charente-Maritime, 1J161/30, fol. 31).
Dans trois quittances du 6 janvier et du 7 août 1474, et du 12 juillet 1476, Olivier Mérichon se présente en tant que chevalier, conseiller et chambellan du roi, et bailli du Grand Fief d’Aunis (BnF, PO 1933 (ms. fr. 28 417), nos 26, 31, 32). L’on ajoute seigneur des Halles à partir du 8 avril 1480 (ibidem, no 38), et l’ensemble de ces qualifications continue d’apparaître dans divers documents jusqu’au 14 novembre 1486 (ibidem, nos 44, 45, 47, 48, 52, 53). Dans une quittance du 9 décembre 1491, il apparaît comme gouverneur et capitaine de la ville de La Rochelle (ibidem, no 54). Et le 11 septembre 1498, il se dit seigneur d’Uré et d’Auzance (ibidem, no 46).

19 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 466, 631.

20 Jean Doriole fut coélu en 1403, 1413 et 1419. Il exerça la mairie en 1409, en 1413 après que Renault Girard fut fait prisonnier à Bordeaux, puis à nouveau en 1415 et 1421. Il figure également dans divers autres documents, notamment dans un acte du 21 décembre 1407 à côté de sa femme, Colette du Gué-Charroux (Archives départementales Vienne, 3H1/951). En 1425 il est dit bourgeois et échevin (AN, X1C 130, no 17). L’année suivante, il apparaît en tant qu’élu pour le roi sur le fait des aides (BnF, PO 1016, doss. 23 200, no 2).
En 1430, Jean Doriole, dit « le jeune », obtint la charge de maire.
Pierre Doriole fut maire en 1451 et 1456. Il est présenté comme avocat pour le roi en Saintonge et gouvernement de La Rochelle dans un document daté du 26 août 1451 (BnF, PO 1016, doss. 23 200, no 6). Voir également à son sujet : Favier, Lucie, « La fortune d’un Rochelais du XVe siècle : Pierre Doriole », Revue de la Saintonge et de l’Aunis, t. III, 1977, p. 49-66.

21 Jean Bérard fut maire en 1461.

22 Mathieu Boutin fut maire en 1420. Il était bourgeois et échevin de La Rochelle. Son nom apparaît dans deux documents relatifs à la tutelle exercée par son frère, Martial Boutin, à l’égard de son fils, Jean Boutin. En 1433, ce dernier avait 22 ans et était apprenti-marchand (AN, X1C 151, no 18). En 1436, une décision relative à la reddition des comptes de tutelle obligea son oncle à lui payer 200 écus ou royaux d’or de reste (AN, X1C 151, no 17).
François Boutin fut coélu en 1421 et 1433.
Pierre Boutin fut coélu en 1438 et maire en 1446. Il participa à l’assemblée des États réunie autour de Charles VII en 1456 (BnF, ms. fr. 21 428, no 22).
Mathieu Boutin était juge de la Traite en 1460.

23 Jean Bureau fut coélu en 1434 et maire en 1448. Cette dernière année, il était également conseiller du Roi et trésorier de France.

24 Jean Champdenier fut maire en 1438. Dans un acte du 3 mars 1431, il est dit bourgeois et pair de La Rochelle (AN, X1C 141, no 39). Son fils, Jean de Champdenier le jeune, bourgeois, pair et échevin de La Rochelle, apparaît dans des contrats commerciaux du 23 mai, du 24 juin et du 14 novembre 1468 (Médiathèque La Rochelle, ms. 200, fol. 53, 58, 88). Il reconnut devoir, le 25 juillet 1469, 400 écus d’or pour la vente de l’office de la recette ordinaire en Saintonge, ville et gouvernement de La Rochelle (ibidem, fol. 150 vo). Il détenait encore cet office en 1471, selon des pièces du 5 mai, du 15 et du 22 juillet (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], nos 17, 18 ; Clairanbault 180, no 97).

25 Laurent Desnorp fut maire en 1439.
Jean Desnorp fut maire en 1459. Il est alors licencié en lois, selon un document du 24 octobre 1459 (AN, X1C 200, no 111 bis). Il est dit échevin en 1462 (BnF, PO 996 [ms. fr. 27 480], doss. 22 454) ; chevalier, seigneur de Rullet, conseiller du roi, trésorier de France en 1487 (ibidem, no 5), dans deux quittances du 20 mars et du 29 avril 1488 (Biblioth. Municip. Saintes, fonds Joursanvault 519, no 53, 56) et dans un aveu du 4 mai 1488 (AN, P 5543, no 386).

26 Renault Girard fut maire en 1407 et 1413 et coélu en 1435. Il fut emprisonné par les Anglais à deux reprises : à Bordeaux en 1413 (cf. infra) et à Calais en 1423 (Médiathèque La Rochelle, ms. 199, fol. 21 vo, 26, 31 vo). Il est cité comme chevalier, conseiller, maître d’hôtel du roi et bailli du Grand Fief d’Aunis, dans deux documents datés du 4 juillet 1444 et du 1er juin 1446 (BnF, PO 1329 [ms. fr. 27 813], doss. 30 086, nos 6 et 8). Dans un acte du 15 avril 1451, Renaud Girard, seigneur de Moricq, impulsa la création d’un marché pour attirer, entre autres, les marchands de La Rochelle (AHSA, t. XXXII, p. 218-220). Messire Regnault Girard rédigea pour Charles VII, entre juin 1451 et octobre 1452, un mémoire sur le commerce de Bordeaux (Archives Historiques de la Gironde, t. LVI, 1925-1926, no 10, p. 34-42).
Jean Girard fut coélu en 1431 et 1463, et en 1433 et 1447. Le 8 février 1425, il est cité comme bachelier en lois et garde de la prévôté de La Rochelle (BnF, ms. fr. 26 047, no 381). En 1473, l’on signale un Jean Girard, écuyer, seigneur de Bazoges, fils de feu Joachim Girard, chevalier (BnF, PO 1329 [ms. fr. 27 813], doss. 30 086, no 10).
Jouachim Girard fut maire en 1453. On le désigne, dans un document du 25 novembre 1446, comme écuyer, bailli du Grand Fief d’Aunis (BnF, ms. fr. 26 075, no 5610). Dans un autre acte du 23 mars 1450, il est ajouté qu’il était alors écuyer d’écurie de la reine (BnF, PO 1329 (ms. fr. 27 813), doss. 30 086, no 10). Le 21 mars 1460, il était encore écuyer, bailli du Grand Fief d’Aunis, et de surcroît seigneur de Mere et maître d’hôtel de la reine (ibidem, no 12). En 1474, l’on signale sa veuve, Catherine de Monbérer (ibidem, no 17).

27 Jean Langlois fut maire en 1470. En 1425, le 23 mai, il est fait mention d’un certain sire Jean Langlois, bourgeois et échevin (AN, X1C 130, no 17). Deux actes de 1452 évoquent maître Jean Langlois, licencié en lois. L’un, du 25 mai, précise qu’il épousa Andrée Brun, fille de maître Étienne Brun, échevin de La Rochelle, et de Catherine Porchier (AN, X1C 181B, nos 122 et 235). Il est dit licencié en lois, juge commis en la cour de la prévôté de Châtelaillon dans un acte du 23 novembre 1455 (Arch. mun. La Rochelle, H suppl. 72, no 14). En 1456, le 26 juillet, on le sait juge de la mairie de La Rochelle (AN, X1C 190, no 63). Il fut coélu en 1469. La même année, le 18 juillet, il apparaît en tant que procureur du comté de Saintonge pour Charles, duc de Guyenne (AN, P 554, no 186). Son mandat de maire et capitaine de la ville est évoqué dans un acte du 26 juin 1470 (BnF, PO 1643 [ms. fr. 28 127], doss. 38 164, no 4). Et l’année suivante, le 15 juin, il est dit conseiller du duc de Guyenne et son procureur en Saintonge, ville et gouvernement de La Rochelle (ibidem, no 5).
Notons également l’existence d’un certain sire Colin Langlois, élu pour le roi en Saintonge et gouvernement de La Rochelle, selon un document du 2 novembre 1442 (AN, X1C 167, no 54). Ce dernier établit ses procureurs le 8 juillet 1423 (Médiathèque La Rochelle, ms. 199, fol. 26 vo). Quant à Robin Langlois, receveur ordinaire du roi en Saintonge et à La Rochelle, il figure dans une quittance du 20 mai 1469 (BnF, PO 1933 [ms. fr. 28 417], no 15).
Pierre Langlois fut maire en 1492. Il apparait dans un document du 23 juin 1488 comme licencié en lois, conseiller du roi, lieutenant général du gouverneur de La Rochelle (BnF, ms. fr. 26 101, no 385). En 1491 sa situation avait évolué puisque, mentionné le 2 juillet, on le désigne maître, licencié en lois, procureur du roi en Saintonge et gouvernement de La Rochelle (BnF, ms. fr. 26 102, no 674). Coélu en 1495, il acheva la mairie de Georges Geoffroy, mort durant son mandat. Il fut installé gouverneur de l’aumônerie Saint-Barthélemy en 1495 (Delmas, op. cit., p. 51). Le 10 février 1496, il est dit également procureur du roi (AN, P 553, no 540). Et le 13 février 1499, alors chevalier et conseiller du roi, il résigna son office de procureur du roi en faveur de son frère Étienne (BnF, PO 1643 [ms. fr. 28 127], doss. 38 164, no 6).
Étienne Langlois fut maire en 1498. Dans un document du 10 février 1496, il est mentionné licencié en lois, assesseur de la cour du gouvernement de La Rochelle (AN, P 553, no 540). Selon des lettres royaux du 13 février 1499, il obtint l’office de procureur du roi en la ville et gouvernement de La Rochelle, à la place de son frère Pierre Langlois qui l’a résigné (BnF, PO 1643 [ms. fr. 28 127], doss. 38 164, no 6).

28 Jean Le Bourcier fut coélu en 1418, et maire en 1423, 1428 et 1450. Le 22 décembre 1423, dans un don fait à l’église Saint-Sauveur, il est présenté comme noble homme sire Jean Le Boursier, écuyer et maire de La Rochelle (Médiathèque La Rochelle, ms. 199, fol. 60 vo). En 1437, sa signature apparaît sur un document relatif à l’assiette d’une aide (BnF, ms. fr. 23 913, fol. 26). Le 14 juin 1442 et le 4 mars 1459, il est dit chevalier, conseiller et chambellan du roi, lieutenant général du gouverneur de La Rochelle (Archives départementales Vienne, 3H1/945 ; BnF, ms. fr. 20 584, no 2).

29 Archives départementales de Loire-Atlantique, E 19 (2 Mi 785 R5), no 10.

30 Médiathèque La Rochelle, ms. 45-46, p. 327, 328, 407, 437, 487, 491, 592, 629-630, 684. Barbot, Histoire de La Rochelle, op. cit., p. 255-256, 331. C’est en 1360 que les Rochelais obtinrent, d’Édouard III puis de Jean le Bon, exemption de faire vérifier leurs comptes auprès de l’administration royale. La décision fut régulièrement renouvelée sous Charles VI (1392, 1403, 1421), sous Charles VII (1423), Louis XI (1461, 1468, 1478).

31 Barbot, Histoire de La Rochelle, op. cit., p. 286-287. Par ailleurs, lorsque la commune envisageait de créer une nouvelle taxe, elle devait pour cela concerter les représentants de la ville (dix bourgeois et communs de chaque paroisse) et obtenir leur assentiment.

32 BnF, ms. fr. 18 970, fol. 48 vo à 49 vo.

33 Ibidem, fol. 131 vo-132.

34 BnF, Coll. Clair. 963, no 19.

35 Tranchant Mathias, « La “culture” du risque chez les populations usagères des mers et littoraux du Ponant (XIe-XVIe siècles) : première approche d’une histoire à construire », Risque, sécurité et sécurisation maritimes depuis le Moyen Âge, Revue d’Histoire Maritime, no 9, 2008, p. 9-45.

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