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Gaullistes dans l’Ouest atlantique

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Laurent Jalabert

Le gaullisme dans les Pays de la Loire, introduction

Laurent Jalabert

Texte intégral

1La région des Pays de la Loire ne constitue pas un ensemble géographique homogène résultant d’une formation historique ancienne. Elle se compose de cinq départements très hétérogènes dans leurs compositions géographiques qui sont loin de former une unité territoriale. À l’ouest, la Loire-Atlantique regarde vers la Bretagne voisine. La rivalité entre les deux villes capitales, Rennes et Nantes, l’a quelque peu artificiellement détachée de son territoire historique. Au sud, la Vendée, dans laquelle l’identité est particulièrement marquée, se situe à l’est des marches de Bretagne et dispose d’une continuité géographique avec le Poitou. Au nord, la Mayenne, par sa structure très rurale, tournée vers l’élevage bovin, scrute les bocages normands. Au nord-est, la Sarthe regarde vers le bassin parisien, tant par sa géographie que par ses transformations industrielles récentes autour de la ville du Mans. Enfin, le Maine-et-Loire, au centre, affirme une identité propre, mais sans unité interne, entre un Anjou rural autour de la ville d’Angers et une région des Mauges au tissu industriel disséminé en zone rurale… Bref, l’unité ligérienne n’existe pas quand sont créées les régions à la fin de la Quatrième République !

2Quand sont désignés les premiers Établissements publics régionaux en 1972, c’est un gaulliste, Vincent Ansquer, député de Vendée, qui en assure la présidence. Lui succède, après un an de mandat, Olivier Guichard, baron du gaullisme, député de la Loire-Atlantique, qui sera le premier président de la région élu au suffrage universel direct en 1986. Lui-même cède son siège à François Fillon en 1998, le député de la Sarthe ayant eu le privilège d’être benjamin du Palais Bourbon en 1981. Est-ce à dire que la région des Pays de Loire et ses cinq départements, se sont convertis au gaullisme au fil des années 1960-1970 ?

  • 1 Seule la Mayenne n’est pas étudiée. Dans les trois circonscriptions, le département a élu durant t (...)
  • 2 Pendant la période 1958-1981, trois départements n’envoient aucun député de gauche à Paris, la May (...)

3Quatre des cinq départements sont présentés dans les textes qui suivent et montrent qu’il n’en est rien de façon uniforme1. La région des Pays de la Loire, qui se caractérise au début des années 1960 comme un bastion des droites2, n’envoie en 1958 alors à Paris que 10 députés gaullistes, contre 15 MRP et indépendants. La conversion au gaullisme est donc plus difficile qu’il n’y paraît. La région accueillera cependant bien des figures majeures du gaullisme, Olivier Guichard, Jean Foyer, Vincent Ansquer, Pierre Buron, ou Joël Le Theule, pour se contenter de ne citer qu’un nom par département. Ces hommes permettent aux gaullistes de devenir majoritaires dans la région pendant la période étudiée sans toutefois qu’ils ne deviennent hégémoniques, à la différence de la Normandie par exemple.

Tableau des députés de la région des Pays de la Loire entre 1958 et 1981.

  • 3 La Vendée compte même un député PS en 1981 !
  • 4 La réalité géographique de la région détermine aussi certaines attitudes, on trouvera des traits c (...)

4La présence des députés gaullistes est cependant croissante dans la région : 15 députés sur 26 en 1962 (57 % des élus), 16 en 1967 (61 %) et 17 en 1968 (65 %) après les événements de mai. Le gaullisme est hégémonique en Maine-et-Loire, département où il réalise le grand chelem tout au long de ces années. La décrue commence en 1973 (14 élus, 53 %) et s’accélère en 1978 (12 élus, 46 %). L’UDF de Valéry Giscard d’Estaing (10 élus en 1978 avec les non-inscrits) en profite, ainsi que la gauche, qui commence sa percée en Loire-Atlantique (où elle fait jeu égal avec les droites en 1981). Celle-ci gagne un député lors de chacune des législatures depuis 1968. Les Pays de la Loire sont bien des terres de droite jusqu’en 1981, même si les basculements des villes-capitales à gauche en 1977, Angers, Laval, La Roche-sur-Yon et Nantes, confirment des tendances lentes de rééquilibrages politiques3. C’est donc, au travers de l’histoire électorale de quatre départements de culture de droite, que l’implantation d’un gaullisme majoritaire sera ici étudiée. Il s’agira de discuter le caractère de l’ancrage électoral4.

Notes

1 Seule la Mayenne n’est pas étudiée. Dans les trois circonscriptions, le département a élu durant toutes ces années des députés de droite, notamment deux gaullistes Pierre Buron (1967, 1968, 1973) et Henri de Gastines (1968, 1973, 1978, 1981). Entre 1968 et 1978, pendant dix ans, la Mayenne est donc représentée par deux gaullistes. Les électeurs ne désignent un député de gauche, selon le scrutin par arrondissement, qu’en 2007, dans la première circonscription. Le RPF était bien représenté en Mayenne avec deux élus en 1951.

2 Pendant la période 1958-1981, trois départements n’envoient aucun député de gauche à Paris, la Mayenne, le Maine-et-Loire et la Vendée…

3 La Vendée compte même un député PS en 1981 !

4 La réalité géographique de la région détermine aussi certaines attitudes, on trouvera des traits communs entre la Mayenne et la Normandie, entre la Vendée et la région Poitou-Charentes ou entre la Loire-Atlantique et la Bretagne, signe d’une région en manque d’identité politique… et qui regarde vers ses marges immédiates.

Table des illustrations

URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/133698/img-1.jpg
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Légende Tableau des députés de la région des Pays de la Loire entre 1958 et 1981.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/133698/img-2.jpg
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Auteur

Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Pau, chercheur au laboratoire ITEM (EA3022) et chercheur associé au CRHIA, a coordonné le programme de l’ANR Gaulhore dans la région des Pays de la Loire (2008-2010). Il vient de diriger aux PUR avec Christophe Patillon, Mouvements paysans, PAC, OMC (1957-2011), coll. Enquêtes et documents, 2013 et Le PSU, Histoire et modernité (avec N. Castagnez, M. Lazar, G. Morin, J.-F. Sirinelli), Coll. Histoire (2013).

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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