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Gaullistes dans l’Ouest atlantique

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Laurent Jalabert

Les gaullistes dans les élections législatives en Aquitaine, 1958-1981

Bernard Lachaise

Texte intégral

  • 1 Sous la Quatrième République, la Dordogne élisait 5 députés (soit + 1), la Gironde 10 (=), les Lan (...)

1L’Aquitaine, composée en tant que région, compte cinq départements (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques). Avec le nouveau mode de scrutin et le découpage électoral mis en place en 1958, elle envoie à l’Assemblée nationale 24 députés (dix pour la Gironde, quatre pour la Dordogne, quatre pour les Pyrénées-Atlantiques, trois pour les Landes et trois pour le Lot-et-Garonne) soit cinq de moins que sous la Quatrième République1. Le nom de Jacques Chaban-Delmas, député-maire de Bordeaux, depuis 1946/1947 et jusqu’en 1993/1995, auquel chacun pense à propos de l’Aquitaine politique sous la Cinquième République (n’est-il pas souvent qualifié de « duc d’Aquitaine » ?) est pourtant l’arbre qui cache la forêt : l’Aquitaine n’est pas un fief gaulliste, même si le gaullisme y progresse, de façon parfois remarquable, en particulier en Dordogne sous la houlette d’Yves Guéna.

2Citer ainsi les deux noms de Chaban-Delmas et d’Yves Guéna pour évoquer le gaullisme et les gaullistes d’Aquitaine sous la Cinquième République est très significatif d’au moins deux choses, liées :

3– le rôle des personnalités dans l’essor, l’implantation et le succès du gaullisme. Les fonctions gouvernementales exercées par quelques Aquitains rajoutent à cette personnalisation : Robert Boulin au gouvernement entre 1961 et 1973 puis 1976-1978 ; Yves Guéna et Michel Inchauspé ministres à plusieurs reprises à compter de 1967-1968 et bien-sûr, Jacques Chaban-Delmas Premier ministre entre 1969 et 1972 ;

  • 2 La Dordogne n’a élu aucun gaulliste sous la Quatièmre République. En 1958, elle élit deux députés (...)

4– la continuité ou la discontinuité entre Quatrième et Cinquième Républiques : avec Jacques Chaban-Delmas, en Gironde, il est clair que c’est la continuité totale d’un système, d’une équipe mis en place avec bonheur au moment du RPF et ayant tant bien que mal survécu avec les Républicains sociaux ; avec Yves Guéna, en Dordogne, la Cinquième République correspond pour le gaullisme à une rupture des hommes et surtout à une rupture des résultats, le département ayant été peu gaulliste avant 19582.

5Deux questions se posent donc : quelle place occupent les gaullistes dans la représentation parlementaire des départements d’Aquitaine à l’Assemblée nationale, en essayant d’en expliquer les raisons, les différences selon les départements et les évolutions ? ; qui sont ces gaullistes qui ont représenté les électeurs aquitains au Palais Bourbon ?

Des gaullistes minoritaires dans « un damier versatile »3

L’Aquitaine, à l’exception de la Gironde, n’appartient pas à la France gaulliste

Tableau 1 : le vote gaulliste au 1er tour en % des suffrages exprimés.

6Les gaullistes (cf. tableau 1) oscillent entre 31,9 % et 41,1 % au premier tour, entre 1958 et 1978. Ces chiffres ne sont toutefois pas complètement significatifs car ils ne tiennent pas compte des alliés (Républicains indépendants puis plus tard centristes et UDF) qui, au deuxième tour, peuvent les faire élire par le report de voix et ils ne montrent pas les vides gaullistes, c’est-à-dire les circonscriptions où il n’y a pas de candidat gaulliste. Or celles-ci sont nombreuses :

  • 20 en vingt ans dont cinq en Dordogne et cinq dans les Landes, quatre en Gironde et quatre en Lot-Garonne, un dans les Pyrénées-Atlantiques ;
  • cinq en 1958 (troisième et quatrième circonscriptions en Dordogne, huitième en Gironde, deuxième dans le Lot-Garonne, deuxième dans les Pyrénées-Atlantiques), cinq en 1962, un en 1967 (cinquième en Gironde), un en 1968 (première dans le Lot-et-Garonne), six en 1973 (cinquième et huitième en Gironde, les deuxièmes et troisièmes des Landes, la première dans le Lot-et-Garonne, la première des Pyrénées-Atlantiques).

7Cependant, le tableau montre une relative stabilité autour de 32 à 33 % des voix – ce qui n’est pas négligeable – avec un apogée en 1968 – exceptionnel – et une décroissance ultérieure qui ramène à la moyenne. Seule l’analyse du rapport de forces explique les résultats gaullistes, loin d’être majoritaires. Seuls huit députés gaullistes entre 1958 et 1978 sont élus au premier tour ce qui est peu : trois fois Jacques Chaban-Delmas (1962-1968-1978), une fois Yves Guéna, Robert Boulin, André Mirtin, Michel Inchauspé (1968), une fois Bernard Marie (1978).

  • 4 Les 28 gaullistes sont : Bégué, Besson, Beylot, Boulin, Camino, Capelle, Chaban, Dalbos, de Gracia (...)

8Les gaullistes représentent moins de la moitié des élus mais constituent la famille politique la plus forte devant les socialistes. Sur les 64 personnalités qui ont représenté la région au Palais-Bourbon entre 1958 et 1981, 28 seulement sont gaullistes soit moins de moitié (44 %), les autres étant 19 socialistes (30 %), sept radicaux (11 %), quatre indépendants (6 %), quatre centristes (6 %) et deux communistes (3 %)4.

9La place des gaullistes est extrêmement inégale selon les départements et selon les élections dans cette Aquitaine qui a pu être qualifiée de « damier versatile ».

10Les disparités sont grandes quant à la place des gaullistes dans l’espace aquitain. La Gironde « chabaniste » représente un bastion du gaullisme aquitain avec un tiers des élus. Ainsi, sur les 28 élus gaullistes, 11 sont des députés de Gironde ; six de Dordogne ; cinq des Pyrénées-Atlantiques ; trois des Landes ; trois de Lot-et-Garonne. Les disparités sont aussi grandes quant à la place des gaullistes au cours des deux premières décennies de la Cinquième République : la région envoie une moyenne d’un député sur trois avec deux pics exceptionnels mais non spécifiques : 1958 et 1968.

  • 5 Dans la première circonscription des Landes en 1973, nous avons considéré Mirtin (UDR) comme battu (...)

11Les gaullistes sont pourtant dominants (16 UNR sur 24 députés en Aquitaine, soit les deux tiers sont élus) en 1958. C’est un début très réussi pour le gaullisme dans la région mais c’est aussi l’apogée… En 1962, sept gaullistes sur 24 seulement, soit moins d’un tiers. En 1967, six soit encore un recul. Certes, 1968 amène 14 élus UDR aquitains au Palais-Bourbon mais la chute intervient aux élections suivantes et en 1973 comme en 1978, les élus gaullistes sont au nombre de huit soit un tiers5. Et en 1981 – en sortant de la chronologie d’aujourd’hui –, seuls trois gaullistes l’emportent en Aquitaine (Jacques Chaban-Delmas et Jean Valleix en Gironde et Michel Inchauspé dans les Pyrénées-Atlantiques) tandis que d’anciens élus, figures emblématiques, sont battus, à l’image de Bernard Marie dans les Pyrénées-Atlantiques et plus encore d’Yves Guéna en Dordogne, battu par Roland Dumas.

12Une autre preuve de l’essoufflement gaulliste est fournie par le renouvellement des élus gaullistes. Si en 1958, neuf des 16 députés UNR sont de nouveaux élus, par la suite – et à l’exception de 1968, année… exceptionnelle et dont les effets sont à courte durée puisqu’un seul des huit nouveaux élus de l’année, Maurice Plantier, a été réélu cinq ans plus tard, le renouvellement est faible et émerge, à chaque élection : un gaulliste en 1962 (Yves Guéna) et en 1978 (Pierre Lataillade) et au maximum, trois en 1967 (Jean Valleix, Michel Inchauspé et Bernard Marie). 1967 confirme, ici comme ailleurs, comme un tournant dans l’histoire du gaullisme électoral.

Les explications

  • 6 Bernard Lachaise, Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF, Talence, FHSO, 1997.

13Un rappel : le fait n’est pas nouveau car à l’époque du RPF, la situation était identique6. Si, dès 1951, la Gironde appartient aux départements les plus gaullistes de France (27,1 % des inscrits dans la première circonscription et 13,9 % dans la seconde, soit trois élus dans l’une et deux dans l’autre, au total cinq députés sur dix), le Lot-et-Garonne figure parmi les plus hostiles (7,4 % et 0 député bien sûr). Dans les autres départements, le gaullisme est faible (inférieur à sa moyenne nationale = 16,8 %) : soit 13,8 % dans les Landes, 10,9 % dans les Basses-Pyrénées et 10,1 % en Dordogne, ce qui ne permet l’élection que d’un seul député, dans les Basses-Pyrénées, Joseph Goislard de Monsabert. Ainsi, en 1951, l’Aquitaine avait envoyé six élus RPF au Palais-Bourbon sur 29 soit un sur cinq seulement. Et au temps des Républicains sociaux, l’effondrement est total sauf en Gironde qui, au contraire, constitue un l’un de leurs bastions.

14Deux raisons interviennent ici pour comprendre l’accueil mitigé réservé par l’Aquitaine au gaullisme : les cultures politiques, d’une part ; le déficit de leaders gaullistes, d’autre part. Il est préférable de parler de cultures politiques au pluriel pour l’Aquitaine tant les tempéraments départementaux voire d’arrondissements sont différents. Ainsi, l’image d’une Aquitaine « radicale » – sans doute trop tirée vers Toulouse ! – est excessive. Certes, cette culture y est forte et a été historiquement longtemps dominante en Dordogne et dans les Landes et non négligeable dans les Basses-Pyrénées. Mais ce n’est pas la sensibilité majeure des Basses-Pyrénées où dominent les cultures démocrate-chrétienne et indépendante. De plus, il serait fâcheux d’assimiler trop systématiquement culture radicale à antigaullisme. L’origine radicale de plus d’un tiers des cadres et élus gaullistes au temps du RPF prouve le contraire et des itinéraires comme ceux de Chaban, bien sûr, mais aussi de Robert Besson dans les Landes – pour ne prendre que deux cas de parlementaires – l’illustrent. Le socialisme a pris son envol au sortir de la Seconde Guerre mondiale dans cette région où il a tendance à se substituer au radicalisme, en Dordogne et dans les Landes en particulier, où les figures de Robert Lacoste et de Charles Lamarque-Cando prennent les places de Georges Bonnet et Robert Lassalle. Enfin, il ne faut pas négliger en Aquitaine une culture politique communiste ancienne et forte dans deux départements : la Dordogne et le Lot-et-Garonne, là où quatre députés PCF avaient été élus en 1936 (Saussot et Loubradou en Dordogne et Renaud Jean et Philippot dans le Lot-et-Garonne). Déjà en 1948, Olivier Guichard, natif de Néac en Gironde, jeune délégué régional du RPF qui sillonne la région, a compris et décrit avec justesse la situation :

  • 7 Fondation Charles de Gaulle. RPF 572-d. Rapport d’Olivier Guichard (novembre 1948).

« dans les départements du Sud-Ouest (excepté en Gironde et dans les Basses-Pyrénées), l’appareil considérable des partis politiques socialiste et radical est basé sur les réseaux d’instituteurs, de conseillers généraux et les préfectures. Il a notamment son plein effet dans les élections au 2e tour7 ».

15La question du leader ou de la « locomotive » locale n’en est pas moins essentielle et constitue une faiblesse pour le gaullisme. Encore une fois, l’exemple de Chaban ne doit pas cacher les réalités des autres départements :

  • ailleurs, avant 1958, les gaullistes n’ont pas de véritable leader, même si Raoul Rousseau en Dordogne et Robert Besson dans les Landes ont pu s’en approcher ;
  • sous la Cinquième République, si Jacques Chaban-Delmas reste le « patron » naturel et incontesté en Gironde (ce qui n’exclut pas certaines tensions ou volonté d’autonomie du côté de Robert Boulin par exemple), si Yves Guéna devient leader en Dordogne, ailleurs, les gaullistes ne trouvent pas la même tête pour les entraîner et les unir sous son autorité. C’est dans les Pyrénées-Atlantiques que des personnalités émergent et s’imposent le plus durablement : Michel Inchauspé, Bernard Marie et Maurice Plantier. Mais le département est si cloisonné, avec sa dichotomie basco-béarnaise, qu’en réalité, aucun n’a d’autorité départementale : Inchauspé « règne » sur le pays basque intérieur ; Marie sur la Côte basque et Plantier sur le Béarn occidental.

Portrait des députés gaullistes d’Aquitaine : une majorité d’hommes de la Quatrième République et quelques belles exceptions…

Un monde masculin

16Aucune femme ne figure parmi les élus gaullistes et à peine plus de candidates (aucune titulaire) et de suppléantes, trois seulement dont :

  • Simone Noailles, en Gironde, en 1978 : adjointe au maire de Bordeaux, très proche collaboratrice, en charge de la politique sociale et conseiller général de Bordeaux nord… d’où son choix comme suppléante de Jean Valleix, député sortant afin de gagner des voix dans la partie de la première circonscription la plus ouvrière et à gauche !
  • Michèle Alliot, dans les Pyrénées-Atlantiques en 1978 aussi : suppléante de son père, Bernard Marie… Opération réussie car Marie est élu au premier tour et le père a mis le pied à l’étrier à sa fille, candidate et élue en 1986.

Des hommes enracinés dans le terroir aquitain… à l’exception d’Yves Guéna

17Tous les députés gaullistes ont des attaches locales plus ou moins fortes et plus ou moins directes. Si une majorité d’entre eux y vit ou y a vécu avant son élection, pour d’autres le lien est surtout familial et l’Aquitaine a davantage été un lieu de vacances qu’une résidence. Parfois, l’héritage local est si fort qu’il n’est guère besoin de le cultiver : c’est le cas de Jacques Raphaël-Leygues, candidat en 1958 en Lot-et-Garonne dans une terre où nul n’ignore le nom de son grand-père, Georges Leygues. Pour Guy Bégué, le lien à ce même Lot-et-Garonne qui l’élit en 1968 est inexistant, mais la famille Bégué a pour berceau le village de Larrazet, à l’extrême nord du Tarn-et-Garonne dont son père, Camille, a été élu député en 1958. Les seuls véritables parachutés sont Jacques Chaban-Delmas et Yves Guéna. Mais, en 1958, Chaban – élu depuis 1946 – ne passe plus pour un candidat extérieur grâce à ses réélections successives à la députation en Gironde et à la mairie de Bordeaux depuis 1947. Pour Guéna le Breton – né à Brest –, l’élection en Dordogne en 1962 est un vrai parachutage : le seul lien qui unit le nouveau député à ce département est son épouse, Oriane de La Bourdonnaye et le château qu’elle y possède à Chantérac.

Le poids de la génération du RPF/Républicains sociaux

  • 8 1958 : 50 ans ; 1962 : 51 ans ; 1967 ; 46 ans ; 1968 : 49 ans ; 1973 : 54 ans ; 1978 : 56 ans.

18Au fil des deux premières décennies de la Cinquième République, le vieillissement caractérise les élus, malgré un léger rajeunissement dû à de nouvelles têtes en 1967 (trois sur six) et 1968 (sept sur 14)… De 1958 à 1978, la moyenne d’âge des élus gaullistes passe de 50 ans à 56 ans8. Ces chiffres soulignent le poids de la génération du RPF et des Républicains sociaux en 1958 (d’où la moyenne d’âge assez élevée 50 ans) et le maintien durable de cette génération en Aquitaine. En 1958 : 11 des 16 députés sont des anciens élus et cadres du RPF (dont quatre députés) ; en 1962, six sur huit ; en 1967, trois sur six seulement : une relève générationnelle s’annonce avec Inchauspé et Marie. En 1968 : sept nouveaux seulement sur 14 (Capelle, Beylot, Janot, Grondeau, Mirtin, Bégué, Plantier) mais… deux appartiennent toujours à la génération RPF (Grondeau et Plantier), d’où la place de celle-ci qui se stabilise (six sur 14). Elle n’est plus dominante mais reste très forte. En 1973 : aucun nouveau et… cinq sur huit pour la génération du RPF. En 1978 : un seul nouveau (Lataillade) et… quatre sur huit pour la génération du RPF. Ainsi, jusqu’en 1981, ces hommes de la Quatrième République auront été majoritaires parmi les élus d’Aquitaine et en particulier ceux de Gironde, autour de Jacques Chaban-Delmas. Parmi les « nouveaux », les plus belles réussites sont celles de :

  • Yves Guéna « parachuté » en terre de gauche, mais son gaullisme, son passé (gaulliste de guerre… de juin 1940, FFL), ses fonctions ministérielles, sa conquête de la mairie de Périgueux en 1971 et sa « complicité » avec le PCF après des débuts difficiles constituent les clés de son succès. Il construit aussi sa place sur la chute de « la maison RPF » en Dordogne avec la rupture Rousseau/gaullisme sur l’Algérie9.
  • Michel Inschauspé, venu tardivement en gaullisme… mais héritier d’une famille politique et d’une famille notabiliaire de Saint-Jean-Pied-de-Port, est servi aussi par ses fonctions ministérielles10.
  • Bernard Marie, « tombé » brutalement en politique – mais non en gaullisme – en 1967… grâce au rugby, à Christian Fouchet, Roger Frey et Jacques Chaban-Delmas est servi par l’orientation de la Côte basque traditionnellement à droite.

19Pour les autres députés non issus de la génération RPF, force est de constater que deux types de parcours se distinguent :

  • celui des hommes de cabinet, ce qui n’exclut pas des attaches locales. C’est le cas de : Capelle, Beylot, Janot (Dordogne), Raphaël-Leygues, Bégué (Lot-et-Garonne)… Mais leur « carrière » n’a pas duré plus d’un mandat ;
  • celui des « notables locaux » qui ne durent pas très longtemps cependant : Lapeyrusse, cas original car passé de la SFIO à l’UNR11 ; Mirtin (Landes), Lataillade (Gironde), Camino (Pyrénées-Atlantiques), élus locaux choisis pour porter la Croix de Lorraine au Palais Bourbon grâce à leur implantation locale : le premier était maire et conseiller général de Parentis ; le deuxième, « pilier » aux côtés de Lucien de Gracia de la mairie d’Arcachon depuis 1959 ; le troisième, conseiller général d’Espelette. Un cas s’avère totalement original, celui de Thomazo qui doit son investiture et son élection en novembre 1958 dans les Pyrénées-Atlantiques à son rôle à Alger en mai12.

20Après une « petite » relève, la vraie relève n’intervient que plus tard, après 1981. Mais elle est esquissée en 1978 avec les candidatures d’Alain Juppé, dont l’échec est honorable sur une terre hostile au gaullisme – les Landes – et de Michèle Alliot-Marie, suppléante de son père, Bernard Marie, réélu pour la quatrième fois.

*

21Quatre conclusions peuvent être tirées de cette étude des gaullistes aux élections législatives en Aquitaine entre 1958 et 1978.

  • Le « duc d’Aquitaine » mérite bien son nom : le gaullisme en Aquitaine durant les premières décennies de la Cinquième République doit beaucoup au poids de Jacques Chaban-Delmas et de ce qu’il a contribué à construire sous la Quatrième République avec le RPF et plus encore avec les Républicains sociaux.
  • Mais l’implantation des gaullistes est très inégale : forte en Gironde et dans les Pyrénées-Atlantiques, elle est chaotique ailleurs, avec des hauts et des bas, et à cet égard, l’image de Chaban ne correspond pas à la réalité aquitaine.
  • Le gaullisme en Aquitaine sous la Cinquième République s’est développé autour de quelques personnalités de poids : Chaban-Delmas surtout, Guéna, Boulin, Marie, Inchauspé, Plantier… qui tous ont représenté l’Aquitaine au gouvernement. Pour certains – Chaban, Boulin, Guéna – l’assise locale a largement bénéficié de la carrière gouvernementale13.
  • Le gaullisme aquitain s’est affaibli par manque de relève et un épuisement à partir de 1978 (ex : la défaite de Deliaune élu en 1951 pour la première fois), d’autant plus perceptible que dans les années 1970, la relève de gauche, socialiste surtout, est assurée (les Madrelle et Sainte-Marie en Gironde ; Henri Emmanuelli dans les Landes ; Daniel Laurissergues et Marcel Garrouste en Lot-et-Garonne ; André Labarrère dans les Pyrénées-Atlantiques ; Alain Bonnet en Dordogne).

ANNEXE 1

Les députés en Aquitaine (1958-1981)

Tableau 2 : les députés élus en Aquitaine entre 1958 et 1978 dans l’ordre des circonscriptions.
* nombre de députés par département, en gras les députés gaullistes.
ANNEXE 2

Brèves notices biographiques des députés gaullistes d’Aquitaine (1958-1978)

Bégué (Guy)

22Né en 1932 à Angoulême (Charente), professeur agrégé de Lettres, fils du député Camille Bégué, élu UNR en Tarn-et-Garonne de 1958 à 1962, il appartient à divers cabinets ministériels de ministres gaullistes entre 1961 et 1965. Élu député UDR de la deuxième circonscription de Lot-et-Garonne (Marmande) en 1968, il ne conserve pas son siège en 1973. Mais au moment où il quitte le Palais-Bourbon, il est élu conseiller général de Marmande-ouest (1973-1976). Il se retire ensuite de la vie politique.

Besson (Robert)

23Né en Algérie en 1903, ingénieur, radical, il adhère au RPF en 1947 et incarne la double appartenance (ou « bigamie » politique) dans les Landes. Élu maire de Mont-de-Marsan en 1947 (il le reste jusqu’en 1962), puis conseiller général de Mont-de-Marsan de 1949 à 1961, il dirige la liste RPF aux élections législatives de 1951 dans les Landes. Élu député en 1956 sous l’étiquette RGR, il est réélu dans la première circonscription (Mont-de-Marsan) sous l’étiquette UNR en 1958, puis battu en 1962 par le socialiste Charles Lamarque-Cando qui lui a ravi entre-temps, la mairie du chef-lieu départemental. Ces échecs marquent la fin de sa carrière politique. Besson meurt en 1978.

Beylot (Pierre)

24Né en 1920 à Thiviers (Dordogne), avocat à Paris puis exploitant agricole, adjoint au maire de Thiviers (1959-1983) il appartient à des cabinets ministériels entre 1963 et 1968 (notamment celui d’Edgar Faure à l’agriculture) avant d’être élu député UDR de la troisième circonscription de Dordogne (Nontron) en 1968 et conseiller général de Thiviers (1968-1973). Il ne conserve pas son siège de député en 1973 et les tentatives ultérieures pour le reconquérir sont un échec. Il meurt en 1984.

Boulin (Robert)

25Né en 1920 à Villandraut (Gironde), avocat, il adhère au RPF en 1947 et en devient l’animateur à Libourne où il exerce sa profession. Il appartient aux cadres du Centre national des Républicains sociaux à la fin de la Quatrième République. Élu député UNR de la neuvième circonscription de la Gironde (Libourne) en 1958, il y est constamment réélu tout comme au fauteuil de maire de Libourne conquis en 1959. Appelé au gouvernement en 1961 comme secrétaire d’État aux rapatriés, il y reste durant quatorze ans avec une seule interruption entre 1973 et 1976, soit un record sous la Cinquième République pour la durée totale. Parmi les postes occupés, le Budget (1961-1967), la Santé publique (1969-1972), le Travail et la Participation (1978-79). Sa mort brutale, le 30 octobre 1979, dans des circonstances jamais complètement expliquées (suicide ? assassinat ?) interrompt une brillante carrière à un moment où Valéry Giscard d’Estaing envisageait de le nommer à Matignon.

Camino (Alexandre)

26Né à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) en 1897, médecin, entré en politique chez les indépendants au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, élu conseiller général d’Espelette en 1951, réélu en 1958. Rallié à de Gaulle, il est élu député UNR de la troisième circonscription des Pyrénées-Atlantiques (Côte basque) en 1958. Il quitte le groupe UNR en décembre 1960 pour devenir non inscrit puis membre du groupe IPAS (Indépendants et paysans d’action sociale) en avril 1962. Sa rupture avec le gaullisme et son retour à sa famille politique d’origine est due au refus d’accepter l’évolution de la politique algérienne du général de Gaulle. Devenu maire de Cambo en 1960, Camino se présente aux législatives de 1962, sous l’étiquette indépendant mais il est battu. En 1965, il perd la mairie et meurt en 1972.

Capelle (Jean)

27Né en 1909 à Calès (Dordogne), universitaire – professeur de mécanique – devenu recteur de l’académie de Nancy, il occupe d’importantes fonctions au ministère de l’Éducation nationale dans les années 1960 et il est un des principaux artisans de la création des Collèges d’enseignement Secondaire en 1963. Maire de Saint-Avit-Sénieur (1965-1983), il est élu député UDR de la deuxième circonscription de Dordogne (Bergerac) en 1968. Il ne se représente pas en 1973. Il meurt en 1983.

Chaban-Delmas (Jacques)

28Né en 1915 à Paris, inspecteur des finances, il s’illustre dans la Résistance comme délégué militaire national, notamment dans la Libération de Paris. Le jeune « général Chaban » entre alors en politique au parti radical, se fait élire député de la Gironde en novembre 1946. C’est le début d’un remarquable parcours de parlementaire : les électeurs lui ont renouvelé leur confiance en Gironde sous la Quatrième République puis dans la deuxième circonscription (Bordeaux centre) sans interruption jusqu’à sa dernière réélection en 1993. Quand de Gaulle fonde le RPF, Chaban y adhère tout en restant fidèle au parti radical jusqu’en 1951. En 1947, il gagne la mairie de Bordeaux et reste le premier magistrat de la métropole girondine jusqu’en 1995 soit un record dans l’histoire des maires des grandes villes au vingtième siècle. Après le retrait du RPF de la vie politique, il est un des responsables du Centre national des Républicains sociaux jusqu’en 1958 et participe pleinement à la vie politique de la Quatrième République comme ministre de Mendès-France (Travaux publics, transports et tourisme) puis de Guy Mollet (ministre d’État) et enfin de Félix Gaillard (Défense nationale). Avec le retour du général de Gaulle au pouvoir, il devient président de l’Assemblée nationale (1958-1969). Georges Pompidou devenu président de la République le choisit comme Premier ministre en 1969 mais les divergences entre les deux hommes conduisent Chaban à la démission en 1972. Deux ans plus tard, Chaban est battu à l’élection présidentielle. Il retrouve le « perchoir » entre 1978 et 1981 puis entre 1986 et 1988. Affaibli par de graves soucis de santé, il se retire de la vie publique à compter de 1997 et meurt à Paris en 2000.

Dalbos (Jean-Claude)

29Né en 1928 à Bordeaux, médecin, adhérent du RPF dès 1947 et responsable des étudiants gaullistes de Bordeaux, il est élu député UNR de la sixième circonscription (Mérignac-Pessac) de Gironde en 1958 – il est alors un des plus jeunes membres de l’Assemblée – puis élu maire de Pessac en 1959. S’il garde la mairie jusqu’en 1977, il est battu aux législatives de 1962. Cependant, il retrouve le Palais-Bourbon pour un bref mandat interrompu par la dissolution (1986-1988). Il a aussi été conseiller général du canton de Pessac de 1964 à 1976.

De Gracia (Lucien)

30Né en 1896 à Arcachon, représentant en produits pharmaceutiques, socialiste indépendant, il entre dans la vie politique locale comme conseiller municipal d’Arcachon en 1938 puis maire et conseiller général d’Arcachon en 1945, sièges qu’il conserve l’un jusqu’en 1977 et l’autre jusqu’en 1967. Adhérent du RPF dès 1947, il est élu conseiller de la République en Gironde en 1948 puis député RPF de Gironde en 1951, réélu en 1956 sous l’étiquette républicain social. En 1958, il conserve son fauteuil au Palais-Bourbon comme député UNR de la septième circonscription de la Gironde (Arcachon) mais il est battu en 1962. Il meurt en 1985.

Deliaune (Gérard)

31Né en 1906 à Caudéran (Gironde), militaire puis exploitant viticole, il entre en politique en 1947 en adhérant au RPF. La même année, il est élu maire de son village, Saint-Ciers-de-Canesse, fonction qu’il conserve jusqu’en 1983. Élu député RPF de Gironde en 1951, battu en 1956, il est réélu comme député UNR de la 10e circonscription (Blaye) en 1958 puis en 1962 avant d’échouer en 1967 puis de retrouver son fauteuil en 1968 et 1973 et d’échouer à nouveau en 1978. Sous la Cinquième République, son assise locale a été renforcée par son élection comme conseiller général de Blaye (1958-1976). Il meurt en 2004.

Grondeau (Jacques)

32Né en 1909 à Bordeaux, médecin, il entre en politique avec le RPF en 1947. Élu conseiller général du Cinquième canton de Bordeaux (1951-1988), conseiller municipal (1959-1971) et adjoint au maire de Bordeaux (1971-1989), il porte à plusieurs reprises les couleurs gaullistes aux sénatoriales de 1955 et aux législatives de 1956 avant d’être élu député UDR de la troisième circonscription (Talence) de la Gironde en 1968. Il ne conserve pas son siège en 1973. Il meurt en 2002.

Guéna (Yves)

33Né en 1922 à Brest (Finistère), engagé dans la France Libre en juin 1940, diplômé de l’ENA, il n’adhère pas au RPF mais s’engage en politique en 1958-1959, comme directeur de cabinet de Michel Debré, garde des Sceaux. Élu député UNR-UDT de la première circonscription de la Dordogne (Périgueux) en 1962, il est réélu jusqu’en 1981, revient au Palais-Bourbon en 1986 puis 1988 avant d’être élu au Sénat en 1989. Entre-temps, il est conseiller général de Périgueux (1970-1989). En 1971, il devient maire de Périgueux. Entre 1967 et 1974, Yves Guéna occupe plusieurs portefeuilles ministériels (Postes et Télécommunications, Information, Transports) dans les gouvernements Pompidou, Couve de Murville et Messmer. Il quitte la Haute Assemblée et son fauteuil de maire en 1997 quand Jacques Chirac le nomme au Conseil constitutionnel qu’il préside un peu plus tard entre 2000 et 2004.

Janot (Pierre)

34Né en 1925 à Sarlat (Dordogne), chargé de mission au ministère de l’Économie et des Finances, membre de cabinets ministériels dans les années 1960, il s’engage dans la vie politique en 1967 comme candidat gaulliste aux législatives en Dordogne, dans la Quatrième circonscription (Sarlat). Il échoue mais il est élu député UDR dans cette même circonscription en 1968. Battu en 1973 et en 1978, il conserve des mandats locaux : conseiller général de Belvès (1970-1976) et conseiller municipal de Sarlat (1971-1983). Il meurt en 1994.

Lapeyrusse (Gabriel)

35Né en 1907 à Nérac (Lot-et-Garonne), maraîcher dans sa ville natale, il entre en politique comme conseiller municipal radical-socialiste de Nérac. Après une belle Résistance, le « colonel Gabriel » est nommé maire de Nérac et membre du CDL de Lot-et-Garonne en 1944. L’année suivante, il adhère à la SFIO et il est confirmé par les électeurs maire et conseiller général de Nérac. Après avoir été candidat aux élections nationales en 1946 sur la liste SFIO, Lapeyrusse s’éloigne, principalement par anticommunisme, de son parti et se rapproche du RPF auquel il adhère discrètement en 1952. En 1958, il s’engage activement pour le retour du général de Gaulle au pouvoir et il est investi par l’UNR dans la première circonscription de Lot-et-Garonne (Nérac) où il est élu. Réélu en 1962, il n’achève pas son mandat car il meurt en 1966.

Lataillade (Pierre)

36Né en 1933 à Arcachon (Gironde), professeur d’anglais, il entre au conseil municipal d’Arcachon en 1959 ; devenu en 1968 adjoint du gaulliste L. de Gracia, il est élu maire de la ville en 1985 et le reste jusqu’en 2001. Élu député RPR de la septième circonscription de la Gironde (Arcachon) en 1978, il est battu en 1979. Sa carrière politique se poursuit localement au conseil général de la Gironde où il représente de canton d’Arcachon (1979-1985) et au Parlement européen où il siège de 1986 à 1994 et de 1997 à 1999.

Lavigne (Jacques)

37Né en 1920 au Bouscat (Gironde), avocat à Bordeaux, il entre en politique avec le RPF en 1947. Il occupe d’importantes responsabilités dans le mouvement gaulliste girondin sous la Quatrième République. Élu conseiller municipal de Bordeaux (1947-1965), il devient, dès son élection, adjoint à Jacques Chaban-Delmas. Son assise locale s’accroît en 1949 quand il est élu conseiller général du quatrième canton de Bordeaux (1949-1967). En 1958, Lavigne est élu député UNR de la troisième circonscription de la Gironde (Talence), réélu en 1962 mais battu en 1967. Il meurt en 1982.

Liquard (Émile)

38Né en 1905 à Saint-Germain-d’Esteuil (Gironde), viticulteur, il est élu pour la première fois en 1935 conseiller municipal et maire (jusqu’en 1941 puis de 1945 à 1971) de sa commune natale puis conseiller d’arrondissement en 1937 sous l’étiquette Fédération républicaine. Après la guerre, il adhère au MRP, devient conseiller général de Lesparre (1945-1964) et député de la Gironde en 1946. Quand de Gaulle fonde le RPF en 1947, il y adhère. En 1951, il est réélu au Palais Bourbon sous l’étiquette RPF et il y reste jusqu’en 1962, membre du groupe des Républicains sociaux en 1956 et de l’UNR en 1958. Il meurt en 1984.

Marie (Bernard)

39Né en 1918 à Toulouse (Haute-Garonne), cadre à la Banque de France, arbitre international de rugby, il entre en politique tardivement et brillamment comme député UD-Ve République de la quatrième circonscription des Pyrénées-Atlantiques (Côte basque) en 1967 et il conserve le siège jusqu’en 1981. En 1977, il est élu maire de Biarritz et il le reste jusqu’en 1991.

Mirtin (André)

40Né en 1925 à Parentis-en-Born (Landes), médecin, il est élu maire de sa commune natale en 1963 et le reste jusqu’en 1989. En 1964, il devient conseiller général UNR-UDT du canton de Parentis-en-Born, fauteuil qu’il conserve jusqu’en 1992. Élu suppléant du sénateur des Landes Pierre Bouneau (indépendant) en 1965, il échoue aux législatives de 1967 dans la première circonscription des Landes (Mont-de-Marsan) mais il emporte le siège avec l’étiquette UDR en 1968. Réélu en 1973, son élection est invalidée et il est battu lors du nouveau scrutin.

Moras (Max)

41Né en 1907 à Dax, avocat, il est nommé membre du conseil municipal de sa ville natale en juin 1941. Après la Libération, il adhère au RPF en 1947, est élu conseiller municipal de Dax, ville dont il devient maire plus tard (1959-1977). Candidat en deuxième position aux élections législatives de 1951 sur la liste radicale-RPF dans les Landes, il est battu mais il entre au Palais-Bourbon en 1958 investi par l’UNR dans la deuxième circonscription des Landes (Dax). Il ne conserve pas son siège en 1962. Il meurt en 1984.

Plantier (Maurice)

42Né en 1921 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), médecin, il entre en politique en adhérant au RPF. Élu député du Cameroun (1956-1958), il commence une carrière en France métropolitaine par des mandats locaux, dans son département natal, comme maire d’Artix (1960-1989) puis conseiller général d’Arthez-de-Béarn (1961-1979). Il est élu député UDR de la deuxième circonscription des PyrénéesAtlantiques (Oloron-Orthez) en 1968 et conserve le siège jusqu’en 1981. Il est appelé au gouvernement en 1978 comme secrétaire d’État aux Anciens combattants et il y reste jusqu’en 1981. Il meurt en 2006.

Raphaël-Leygues (Jacques)

43Né en 1913 à Paris, petit-fils de Georges Leygues, commissaire principal de la Marine, il entre en politique comme gaulliste au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et siège au Conseil de l’Union française sous la Quatrième République. Il est élu maire de Villeneuve-sur-Lot, berceau des Leygues, en 1955 et le reste jusqu’en 1974. En 1958, il est élu député UNR de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne (Villeneuve-sur-Lot) mais ne conserve pas le siège en 1962. Il est nommé ambassadeur de France en Côte d’Ivoire (1963-1979). Il meurt en 1994.

Richards (Arthur)

44Né en 1890 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), militaire puis cadre dans l’industrie, il s’engage en politique après une belle Résistance, au MRP d’abord puis au RPF en 1947. Élu conseiller municipal de Bordeaux (1947-1959) puis conseiller général du premier canton de Bordeaux (1951-1964), il figure sur la liste des Républicains sociaux aux législatives de 1956 mais il lui faut attendre 1958 pour entrer au Palais Bourbon comme député UNR de la première circonscription de la Gironde. Il conserve son siège en 1962 mais n’obtient pas l’investiture en 1967 ce qu’il vit très mal et le conduit à se présenter – en vain – « sans étiquette ». Il meurt en 1972.

Rousseau (Raoul)

45Né en 1915 à Orléans (Loiret), médecin à Périgueux, il adhère au RPF en 1947 et dirige le mouvement gaulliste en Dordogne de 1949 à 1955. Au temps du RPF, ses diverses candidatures aux cantonales (1949) puis comme tête de liste aux législatives de 1951 sont un échec à l’exception des municipales de 1953 qui lui permettent d’entrer au conseil municipal de Périgueux (il y siège jusqu’en 1965). En 1958, il est élu conseiller général de Périgueux. Après le retour de Gaulle au pouvoir, il est élu député UNR de la première circonscription de la Dordogne (Périgueux) en 1958. Mais en désaccord avec la politique algérienne du Général, il rompt avec l’UNR dont il est exclu. Aux législatives de 1962, il tente de garder son siège sous l’étiquette « Rassemblement démocratique » mais il est battu par Yves Guéna. Il ne revient plus au Parlement malgré diverses tentatives sous l’étiquette FGDS (1967), UDF (1980 lors d’une élection partielle et aux sénatoriales. Il exerce la fonction de maire de La Chapelle-Gonaguet à compter de 1971 jusqu’à sa mort en 1993.

Sicard (Henri)

46Né en 1914 à Saint-Sauveur de Bergerac (Dordogne), professeur de philosophie, il est élu député UNR de la deuxième circonscription de la Dordogne (Bergerac) en 1958 puis maire de Bergerac en 1959. Il rompt avec le général de Gaulle sur la politique algérienne et il est exclu de l’UNR. Candidat aux législatives de 1962 puis de 1967 comme « indépendant », il ne parvient pas à retrouver son siège. Il quitte la mairie de Bergerac en 1967 et devient, plus tard, entre 1977 et 1983, maire de Loubejac. Il meurt en 1995.

Thomazo (Jean)

47Né en 1904 à Dax (Landes), il fait une carrière dans l’armée. Colonel en 1958, surnommé « Nez de cuir », il est un des activistes les plus importants à Alger en mai 1958 et participe à tous les complots contre la Quatrième République pour maintenir l’Algérie française. Après le retour de Gaulle au pouvoir, il est élu député UNR dans la quatrième circonscription des Basses-Pyrénées (Côte basque) en 1958. Il rompt avec le gaullisme en 1959, en désaccord avec la politique algérienne du chef de l’État. Il ne se représente pas aux législatives de 1962 mais s’engage aux côtés de Tixier-Vignancour en 1964-1965. Son ultime engagement politique fut une candidature – vaine – en 1973 aux législatives dans les Pyrénées-Orientales. Il meurt à la fin de l’année 1973.

Valleix (Jean)

48Né en 1928 à Chartres (Eure-et-Loir), cadre de banque, il adhère au gaullisme au temps des Républicains sociaux aux côtés de Jacques Chaban-Delmas en Gironde. Chargé de mission au cabinet de Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux puis à l’Assemblée nationale depuis la fin des années 1950, il est élu député UD-Ve République de la première circonscription de la Gironde (Bordeaux-Le Bouscat-Caudéran) en 1967 et garde le siège sans interruption jusqu’en 2002. Élu conseiller municipal du Bouscat en 1971, il en devient maire en 1983 et le reste jusqu’en 2001.

Notes

1 Sous la Quatrième République, la Dordogne élisait 5 députés (soit + 1), la Gironde 10 (=), les Landes 4 (+1), le Lot-et-Garonne 4 (+1) et les Basses-Pyrénées 6 (+2). Avec le nouveau mode de scrutin, la Gironde – de Jacques Chaban-Delmas – garde sa place tandis que les autres départements perdent du « poids », en particulier les Basses-Pyrénées.

2 La Dordogne n’a élu aucun gaulliste sous la Quatièmre République. En 1958, elle élit deux députés UNR dont Raoul Rousseau, le dynamique délégué départemental de l’ancien RPF.

3 L’expression est de Pierre Guillaume dans « La trace girondine ou la culture politique d’Aquitaine », Vingtième siècle. Revue d’histoire, No 44, octobre-décembre 1994, p. 95-102.

4 Les 28 gaullistes sont : Bégué, Besson, Beylot, Boulin, Camino, Capelle, Chaban, Dalbos, de Gracia, Deliaune, Grondeau, Guéna, Inchauspé, Janot, Lapeyrusse, Lataillade, Lavigne, Liquard, Marie, Mirtin, Moras, Plantier, Raphaël-Leygues, Richards, Rousseau, Sicard, Thomazo, Valleix. Ne sont pas pris en compte les neuf suppléants devenus députés quand le titulaire devient membre du gouvernement ou décède :

  • Jean Lovato en Dordogne en 1973 ;
  • Jacques Chabrat en Gironde en 1969 puis Jacques Valade en 1970 dans la deuxième circonscription, André Lathière en 1961, Bertrand de Garnier des Garets en 1968 puis Gérard César en 1976 dans la neuvième circonscription de la Gironde ;
  • Jean Deltimple en 1966 dans la première circonscription de Lot-et-Garonne, à la mort de Lapeyrusse ;
  • Franz Duboscq dans la troisième circonscription des Pyrénées-Atlantiques en 1968, Auguste Cazalet en 1978, dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Atlantiques

Quatre d’entre eux, Jacques Valade, Gérard César, Franz Duboscq et Auguste Cazalet ont fait ensuite « carrière » au Sénat où ils entrent en 1980 (Valade), 1983 (Duboscq et Cazalet), 1989 (César)… et ce dernier y siège toujours.
Les 19 socialistes sont : Brettes, Cassagne, Deschamps, Duroure, Dussarthou, Emmanuelli, Garrouste, Labarrère, Lacoste, Lagorce, Lamarque-Cando, Laurissergues, Lavielle, Madrelle B., Madrelle Ph., Manet, Maugein, Pimont, Sainte-Marie.
Les sept radicaux sont : Bonnet A., Bonnet G., Bordeneuve, Dieras, Ebrard, Grenet, Schloesing.
Les quatre indépendants sont : Caillau, Sallenave, Sourbet, Turroques. NB : à compter de 1962, Sallenave est centriste.
Les quatre centristes sont : Achille-Fould, Cazenave, Commenay, Labèguerie.
Les deux communistes sont : Dutard et Ruffe.

5 Dans la première circonscription des Landes en 1973, nous avons considéré Mirtin (UDR) comme battu car son élection a été invalidée et c’est le socialiste Duroure qui le remplace.

6 Bernard Lachaise, Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF, Talence, FHSO, 1997.

7 Fondation Charles de Gaulle. RPF 572-d. Rapport d’Olivier Guichard (novembre 1948).

8 1958 : 50 ans ; 1962 : 51 ans ; 1967 ; 46 ans ; 1968 : 49 ans ; 1973 : 54 ans ; 1978 : 56 ans.

9 Sur l’implantation et la carrière d’Yves Guéna en Dordogne, voir Bernard Lachaise, « De 1945 à la fin du siècle : l’empreinte des années Guéna », dans Anne-Marie Cocula (dir.), Histoire de Périgueux, Périgueux, Fanlac, 2011, p. 277-285.

10 Michel Inchauspé est le fils de Louis Inchauspé, président du Conseil général des Basses-Pyrénées (indépendant) de 1949 à 1960. Il est entré au gouvernement en juillet 1968, peu après son élection au Palais Bourbon en 1967.

11 Sur Lapeyrusse, voir Nicolas Lacombe, « La vie politique à Nérac au temps de Gabriel Lapeyrusse (1944-1966) », dans Hubert Delpont, Jean-Pierre Koscielniak et Bernard Lachaise (dir.), Le Lot-et-Garonne au XXe siècle, Les Amis du Vieux Nérac, 1998, p. 305-314.

12 Sur Thomazo à Alger, voir Jean-Paul Thomas, Gilles Le Béguec et Bernard Lachaise (dir.), Mai 1958. Le retour du général de Gaulle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010.

13 Sur Robert Boulin, voir Hubert Bonin, Bernard Lachaise, Christophe-Luc Robin (dir.), Robert Bulin. Itinéraires d’un gaulliste (Libourne, Paris), Bruxelles, PIELang, 2011.

Table des illustrations

Légende Tableau 1 : le vote gaulliste au 1er tour en % des suffrages exprimés.
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Légende Tableau 2 : les députés élus en Aquitaine entre 1958 et 1978 dans l’ordre des circonscriptions.* nombre de députés par département, en gras les députés gaullistes.ANNEXE 2
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Auteur

Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bordeaux 3. Membre du CEMMC, il est aussi chercheur au Centre d’Histoire de Sciences Po Paris. Responsable du projet ANR Gaulhore entre 2008 et 2012, il a publié récemment en collaboration avec François Audigier et Sébastien Laurent, Les gaullistes. Hommes et réseaux, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2013.

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